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Conte de Sinouhé

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Conte de Sinoué
Genre Conte
Date de parution XIIe dynastie
Pierre en grès clair avec des images gravées et peintes montrant deux femmes, un dieu à tête de faucon, un homme aux cheveux noirs avec une longue barbiche, un dieu à tête de chacal et des hiéroglyphes égyptiens inscrits au-dessus.
Une pierre levée décrivant Amenemhat Ier accompagné par des dieux. Le meurtre d’Amenemhat Ier est rapporté par son fils Sésostris Ier dans l’Histoire de Sinouhé.

Le Conte de Sinouhé ou Roman de Sinouhé est l'une des plus anciennes œuvres littéraires de l'Égypte jamais retrouvée. Son origine est estimée au règne du pharaon Amenemhat Ier, fondateur de la XIIe dynastie d'Égypte antique, 20 siècles avant notre ère.

On ne connaît pas avec précision les circonstances de la première découverte de ce texte, mais il en existe deux exemplaires sur papyrus, le premier faisait partie de la collection de Giovanni d'Athanasi, consul général suédois-norvégien en Égypte de 1828 à 1860, papyrus vendu au British Museum en 1843, le second a été découvert à Thèbes en 1896 par James Edward Quibell « dans une tombe anonyme située sous les magasins du Ramesséum »[1].

Description

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Il semble que cette histoire soit basée sur des événements réels, bien que cette hypothèse ne fasse pas l'unanimité chez les égyptologues. On pense qu'elle a été composée peu de temps après le règne d'Amenemhat Ier, même si les fragments les plus anciens des manuscrits datent d'Amenemhat III, c'est-à-dire vers —1800[2], et le débat n'est pas clos : s'agit-il ou non d'une histoire basée sur des événements authentiques, vécus par une personne réelle nommée Sinouhé[3], bien que le consensus soit que vraisemblablement il s'agisse en partie d'une fiction[4],[5]. Du fait de la nature universelle des thèmes explorés dans cette histoire, comprenant en particulier celui de la providence divine et de la miséricorde, son auteur, par ailleurs anonyme, a été considéré comme le « Shakespeare égyptien » dont les idées ont des parallèles dans les textes de la Bible. Sinouhé est considéré comme un travail écrit en vers et peut être joué au théâtre[6]. La grande popularité de cette œuvre est attestée par le nombre de fragments qui persistent[7],[8]. Ce qui en fait une œuvre classique de la littérature égyptienne du Moyen Empire[9].

Le conte débute à la mort d'Amenemhat Ier, et raconte les aventures de Sinouhé. Ce dernier tente d'enrayer une tentative de meurtre visant à empêcher le successeur légitime d'Aménemhat, Sésostris Ier, d'arriver sur le trône. Sinouhé, qui revient d'une campagne militaire en Libye avec Sésostris, n'arrive pas à dénoncer le complot et trahit le futur pharaon en s'enfuyant. Arrivant en Syrie, il se marie à la fille d'un chef du sud, qui l'adopte. Sinouhé prend progressivement du pouvoir : il y combat les tribus rebelles au nom d'Ammunenshi. Et alors qu'il est déjà âgé, à la suite de la défaite d'un opposant puissant qu'il a vaincu en combat singulier, il prie pour son retour chez lui, dans son pays[6] : « Que Dieu ait pitié de moi. Qu'il écoute la prière de son serviteur si éloigné de chez lui ! Puisse le roi m'accorder miséricorde. Puissé-je être conduit jusqu'à la cité de l'éternité [7] ! »

Et après une invitation de Sésostris — qui a survécu à la tentative d'assassinat, il retourne en Égypte. Sésostris lui pardonne et fait entrer Sinouhé à son service. Il y vit le reste de sa vie dans les faveurs royales et est admis au repos dans la nécropole dans une tombe somptueuse[6].

Interprétations

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L'histoire de Sinouhé a donné lieu à de nombreux débats dans la littérature explorant les thèmes qu'elle contient avec des perspectives multiples. L'étendue et la variété de ses matériaux sont à relier à l'analyse de Hamlet et à d'autres travaux notables de cette littérature[6]. Les universitaires débattent de la raison pour laquelle Sinouhé fuit l'Égypte, la majorité y voyant une réponse de type panique devant la crainte d'un danger perçu[6].

L'histoire est remplie d'allusions symboliques. Le nom de Sinuhe (= « fils du sycomore ») y est vu comme fournissant un lien important avec la signification de l'histoire. Le sycomore est, dans l'ancienne Égypte, l'arbre de vie[10] et est associé à Hathor, la déesse de la fertilité qui renaît et patronne les contrées étrangères, thème qui est un trait marquant de toute l’œuvre[6].

Sinouhé est sous l'orbite protectrice des pouvoirs divins, sous la forme du roi, qu'il essaie initialement de fuir, et celui de la reine, une manifestation de Hathor. En s'enfuyant d'Égypte, Sinouhé franchit des voies navigables associées à la déesse Maât, le principe de la vérité, de l'ordre et de la justice dans l'Ancienne Égypte, que l'on trouve à proximité du sycomore[6].

Les anciens Égyptiens croyaient à la libre volonté, implicite dans le code de Maât, mais toujours accordée par la grâce divine pour travailler et s'y exprimer à travers l'individu, et dominée par la divine providence que l'on voit dans l'envol de Sinouhé puis son retour au pays. Incapable d'échapper à l'influence des pouvoirs divins et de la miséricorde, Sinouhé s'exclame : « Que je sois dans la Résidence, ou que je sois ici, c'est vous qui masquez cet horizon[6]. »

Un parallèle a été fait avec la description de Joseph dans la Bible hébraïque. Le séjour en Égypte de Joseph le « Syro-Canaanique », où il devient un membre de l'élite dirigeante, où il acquiert une femme et une famille avant de retrouver sa famille d'origine hébraïque, a été considéré comme un signe de la Divine Providence. De même, Sinouhé l’Égyptien fuyant vers les territoires syro-canéens et devenant un membre de l'élite dirigeante, en y acquérant femme et famille, avant de revenir dans son pays, semble le fait de la Divine Providence[6]. Des parallèles ont aussi été tracés avec d'autres textes bibliques : la tentative infructueuse de Sinouhé de s'échapper de la sphère d'influence du pouvoir divin, celle du roi, est reliée à celle du prophète hébreu Jonas qui fait de même[11]. Cet envol avec un prétendant puissant, par qui il est tué avec un simple souffle, est comparé à la bataille entre David et Goliath et son retour au domicile et mis en relation avec la parabole de l'enfant prodigue[12].

Influences dans la culture moderne

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Naguib Mahfouz, l'écrivain égyptien Prix Nobel de littérature, a publié en 1941 une nouvelle titrée Awdat Sinuhi traduite en anglais par Raymond Stock (en) en 2003 sous le titre The Return of Sinue (Le Retour de Sinouhé) dans le recueil de contes de Mahfouz intitulé Voices from the Other World (Voix de l'autre monde). Cette nouvelle est basée directement sur le conte de Sinouhé, bien que Mahfouz y ait ajouté les détails d'une histoire d'amour qui n'existait pas dans la version antique.

Le conte a inspiré le roman de Mika Waltari, Sinouhé l'Égyptien (1949), dont est issue l'adaptation hollywoodienne L'Égyptien (1954). Tous deux racontent l'histoire d'un certain Sinouhé (joué par Edmund Purdom dans le film) qui au cours de la XVIIIe dynastie, fuit l'Égypte puis y revient pour demander le pardon.

Elizabeth Peters (de son vrai nom Barbara Mertz) y fait référence dans son roman policier historique The Falcon at the Portal (article en anglais), en français La Pyramide oubliée, publié en 1999.

Article connexe

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Bibliographie

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  • Wolfgang Kosack, Berliner Hefte zur ägyptischen Literatur 1 - 12, Teil I. 1 - 6/ Teil II. 7 - 12 (2 Bände). Paralleltexte in Hieroglyphen mit Einführungen und Übersetzung. Heft 1: Die Geschichte von Sinuhe. Verlag Christoph Brunner, Basel 2015. (ISBN 978-3-906206-11-0).

Notes et références

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  1. Patrice Le Guilloux, Les aventures de Sinouhé : Texte hiéroglyphique, translittération et traduction commentée, Angers, 2, coll. « Cahiers de l'association d'égyptologie Isis » (no 4), , PDF (lire en ligne), p. 5
  2. R. B. Parkinson, The Tale of Sinuhe and Other Ancient Egyptian Poems, coll. « Oxford World's Classics », , p. 21.
  3. James Karl Hoffmeier, Ancient Israel In Sinai: The Evidence for the Authenticity of the Wilderness Tradition, Oxford University Press 2005, p. 256.
  4. James Peter Allen, Middle Egyptian: An Introduction to the Language and Culture of Hieroglyphs, Cambridge University Press 2000, p. 281.
  5. Byron Esely Shafer, John b., Leonard H. Lesko, David P. Silverman, « The best tale begins with the death of King Amenemhat, who was the first king of the 12th dynasty. In Taylor & Francis, Instructions of Amenemhat the king describes, from beyond the grave, how he was the victim of an assassination. » Religion in ancient Egypt, p. 160, 1991, (ISBN 0-415-07030-9).
  6. a b c d e f g h et i « In search of Sinuhe: “What's in a Name?”«, Edmund S. Meltzer, Paper presented at The 58th Annual Meeting of the American Research Center in Egypt, Wyndham Toledo Hotel, Toledo, Ohio, Apr 20, 2007 [1]
  7. a et b M. Lichtheim, Ancient Egyptian Literature, Volume I: The Old and Middle Kingdoms, 1973, p. 222, (ISBN 0520028996).
  8. http://www.bbc.co.uk/programmes/b041ybj3 , « In Our Time: The Tale of Sinuhe »: discussion de Melvyn Bragg avec ses invités, durée : 43 minutes.
  9. Laurent Coulon, « Cour, courtisans et modèles éducatifs au Moyen Empire », Égypte Afrique & Orient, n° 26,‎ , p. 9-20.
  10. Jan Assmann, David Lorton, Translated by David Lorton, Death and salvation in ancient Egypt, p. 171, Cornell University Press, 2005, (ISBN 0-8014-4241-9).
  11. Simon John De Vries, Edmund S. Meltzer, J. Harold Ellens, Deborah L. Ellens, Rolf P. Knierim, Isaac Kalimi, « God's Word for Our World: Theological and cultural studies in honor of Simon John De Vries », p. 79, Continuum International Publishing Group, 2004 (ISBN 0-8264-6975-2).
  12. Joyce Anne Tyldesley, Tales From Ancient Egypt, p. 88, Rutherford, 2004, (ISBN 0-9547622-0-7).

Liens externes

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