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Enfouissement (christianisme)

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L’enfouissement est une doctrine et une pratique de la pastorale chrétienne [réf. nécessaire].

L'Évangile des talents

Dans l’Antiquité, le talent était un lingot d'or. Matthieu (25.14-26) rapporte la parabole des intendants dont l'un se borne à enfouir dans la terre le lingot confié par son maître alors que les deux autres ont fait fructifier le dépôt.

Cette parabole est expliquée de plusieurs façons mais qui tournent toutes autour de la mauvaise utilisation par un homme de ses connaissances, de sa richesse, de sa foi, etc. L'enfouissement d'un trésor spécialement spirituel est condamné par le christianisme.

Ainsi la parabole illustre l'obligation pour les chrétiens de ne pas gâcher leurs dons reçus de Dieu et de s'engager, même s'il y a risque, à faire grandir le royaume de Dieu. Le mot de talent a pris son sens figuré depuis cette parabole.

Un prêtre, le Frère Élie, décrit ce que cette parabole ne cache qu'à demi-mot : « un jugement sera… prononcé, un jugement de salut sur ceux à qui le Seigneur a confié dons et talents à faire fructifier durant son absence. Cette parabole de Jésus oriente donc notre attention sur le temps qui s’étend entre son ascension au ciel et son retour dans la gloire, temps où l’homme a à s’investir pour recevoir au jour du jugement la couronne du salut.» C'est donc à chacun de donner selon ses aptitudes afin d'aider son prochain. Cependant, Frère Élie va plus loin : pour lui l'homme de haute naissance est bel et bien le Christ lui-même, son retour sera alors le temps du jugement dernier, le temps du salut des âmes.

Selon saint Jean Chrysostome, il faut par ce mot de talent « entendre tout ce par quoi chacun peut contribuer à l'avantage de son frère, soit en le soutenant de son autorité, soit en l'aidant de son argent, soit en l'assistant de ses conseils, soit en lui rendant tous les autres services qu'il est capable de lui rendre. » Il ajoute : « Rien n'est si agréable à Dieu que de sacrifier sa vie à l'utilité publique de tous ses frères. C'est pour cela que Dieu nous a honorés de la raison… »

Cette parabole sera reprise par Jean Calvin, au XVIe siècle, pour revaloriser l'usure dans la croyance protestante.

Pastorale de l'enfouissement

Le mot a été employé dans un sens différent, peu après le concile Vatican II : suivant la parabole du levain (Matthieu 13.33), il s'agissait pour les chrétiens, d’être comme le levain enfoui discrètement et sagement dans la pâte, et de la faire lever[1] :

Il leur dit cette autre parabole : Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme a pris et mis dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée.

Cet enfouissement des années 1960-1970 portait la conviction que le monde allait nécessairement dans le bon sens et qu’il fallait précisément se laisser porter pour le bonifier[2].

Dès le pontificat de Jean-Paul II, cette pastorale a été corrigée[3], en invitant notamment les écoles à faire une annonce explicite de l’Évangile[4]. Ainsi, en 2013, Mgr Castet, évêque de Luçon, déclare : « Le temps de l’enfouissement est dépassé. La foi des chrétiens doit savoir se faire entendre et participer au débat public. »[5].

Notes et références