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Forest Yeo-Thomas

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F.F.E. Yeo-Thomas, (1901 - 1964) est un agent secret du Special Operations Executive (SOE) pendant la Seconde Guerre mondiale. Au sein du réseau ASYMPTOTE de la section RF, en liaison avec la France libre, il effectue trois importantes missions clandestines en France, est arrêté par les Allemands, emprisonné, torturé et déporté en camp de concentration, dont il réchappe.

Noms de guerre : « Shelley ».
Surnom : Le Lapin blanc.

Généalogie

Son père : John Yeo Thomas, marchand de charbon.
Sa mère : Daisy Ethel Thomas, née Burrows.

Biographie

  • 1901. – Le 17 juin, Forest Frederick Edward Yeo-Thomas naît à Londres.
  • Pendant son enfance, sa famille déménage à Dieppe. Grâce à cela, il parlera parfaitement le français et l’anglais.
  • 1917. – Il s’engage dans la Légion américaine.
  • 1919-1920. – Il connaît l’action pour la première fois pendant la guerre soviéto-polonaise, en combattant les bolcheviques aux côtés des Polonais. Capturé par les Soviétiques, il réussit à s’échapper et à éviter ainsi l’exécution.
  • 1922. – Mécanicien chez Rolls-Royce.
  • Années suivantes : il travaille dans une agence de voyages, dans plusieurs banques et dans une compagnie pétrolière.
  • 1932. - Yeo-Thomas est directeur de la célèbre maison de couture parisienne Molyneux.
  • 1939. – Pendant la drôle de guerre, il est officier de liaison auprès des forces françaises.
  • 1940. – Après la défaite de la France et à la veille des évacuations cahotiques de Dunkerque, il s’échappe et retourne en Angleterre où il commence par travailler comme interprète pour la France libre du général de Gaulle.
  • 1942. - Ses talents sont remarqués par le SOE. Le 3 février, il rejoint la section RF comme officier de liaison entre le SOE et le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), agence de renseignements de la France libre. Yeo-Thomas établit rapidement des liens avec le Major Pierre Brossolette et André Dewavrin (plus connu sous son nom de code Colonel Passy). Ils conviennent d’une stratégie pour contrecarrer l’occupation de la France par les Allemands. Pendant qu’il travaille pour le SOE, il se rend en France clandestinement plusieurs fois. Il est consterné par la pénurie du support logistique et matériel reçu par les mouvements de résistance français, tels que les maquis, au point qu’il mendie cinq minutes d’entretien à Winston Churchill, le premier ministre. Churchill, d’abord réticent, puis fasciné par ce que lui raconte Yeo-Thomas, accepte de l’aider à obtenir des ressources.
  • 1943.
Première mission en France : il accompagne Pierre Brossolette et le colonel Passy dans leur mission ARQUEBUSE-BRUMAIRE. Il enquête sur la Résistance, ses capacités paramilitaires, ses projets politiques et sa position vis-à-vis du Général de Gaulle, ainsi que sur l’état d’esprit des Français.
25 février. Il est parachuté en France. Il fait preuve de courage et d’initiative durant sa mission, notamment en permettant à un officier français qui était suivi par un agent de la Gestapo à Paris de se retrouver en sûreté et de reprendre son activité clandestine ailleurs. Il prend aussi en charge un officier de l’USAF dont l’avion avait été descendu et qui, ne parlant pas français, courait le risque d’être capturé.
15 avril. Il retourne en Angleterre par avion, en ramenant avec lui l’officier américain.
Bilan de la mission : ses rapports sur les forces résistantes et sur les sentiments gaullistes nourris par nombre de Résistants et de Français confortent ceux qui s’opposent à ce que Churchill cède aux Américains et lâche de Gaulle.
Deuxième mission en France : il recense les moyens de l’action armée en France et les besoins en armes des maquis. Avec Brossolette, il travaille à renforcer l’organisation paramilitaire de la Résistance.
17 septembre. Il retourne en France. Peu après son arrivée, de nombreux patriotes sont arrêtés. Sans se laisser décourager, il continue ses enquêtes et obtient des renseignements qui permettent de rectifier la situation. En six occasions, il manque d’être arrêté.
6 octobre. Avec Pierre Brossolette, il reunit à Paris les responsables des mouvements et ceux du Bureau des opérations aériennes en zone nord pour une séance de conciliation.
26 et 27 octobre. Lui et Pierre Brossolette, réunissent les chefs régionaux de zone sud du Service national maquis, puis le Comité militaire de zone nord.
15 novembre. Il retourne en Angleterre, en apportant des archives du Renseignement britannique qu’il sauve d’une maison surveillée par la Gestapo.
Bilan de la mission : jalon dans le développement des forces paramilitaires clandestines et dans leur coopération avec les Alliés.
  • 1944.
Troisième mission en France : tentative de faire évader Pierre Brossolette.
Février. Il est de nouveau parachuté en France. Mais en dépit des précautions de sécurité, il est trahi.
21 mars. Il est capturé par la Gestapo à la station de métro Passy à Paris. Il est emmené par la Gestapo au quartier général du 84 Avenue Foch, et soumis pendant quatre jours à la torture brutale qui ponctue son interrogatoire : immersion dans l’eau glacée (qui exige ensuite une respiration artificielle), pieds et bras enchaînés, électrocution des parties génitales, innombrables passages à tabac. L’interrogatoire se poursuit pendant deux mois. Les Allemands lui proposent la liberté contre des renseignements sur le chef du secrétariat de la Résistance. Ayant été blessé par les chaînes qui lui liaient les poignets, il contracte une gangrène qui manque de lui faire perdre le bras gauche. Il fait deux tentatives d’évasion, osées mais infructueuses.
Il est envoyé à la prison de Fresnes en isolement, dont quatre semaines au mitard.
17 juillet. N’ayant fourni aucune information, il est transféré à la prison de Compiègne, d’où il cherche à s’échapper à deux reprises.
8 août. Lui et 36 autres sont déportés au camp de concentration de Buchenwald. Sur le chemin, ils s’arrêtent à Saarbrücken, où on les bat et on les garde dans une minuscule cabane, avant de repartir vers Buchenwald.
16 août. Ils arrivent au camp. Malgré la perspective d’être exécuté et de finir au four crématoire, et ce sera le cas pour seize d’entre eux le 10 septembre, Yeo-Thomas commence à organiser la résistance à l’intérieur du camp et tente une nouvelle fois de s’évader. Repris, il prend l’identité d’un Français mort. Il est aidé par l’Anglais Harry Peulevé et le Français Stéphane Hessel.
  • 1945.
Janvier. Il est transféré au camp de Rehmsdorf. En tentant de s’échapper, il est intercepté par une patrouille allemande. Proclamant sa nationalité française, il est transféré dans un camp pour prisonniers de guerre français près de Marienburg.
Le 16 avril, il conduit un groupe de 20 dans une tentative d’évasion extrêmement courageuse, en plein jour. 10 sont tués par les gardiens. Les autres se dispersent en petits groupes. Yeo-Thomas se sépare de ses compagnons après trois jours sans nourriture. Il continue seul pendant une semaine. Il est repris à 800 yards des lignes américaines. Quelques jours plus tard, il s’échappe avec un groupe de dix prisonniers de guerre français, qu’il conduit au milieu des patrouilles allemandes jusqu’aux lignes américaines.
  • Après la guerre, Yeo-Thomas est un témoin important au procès de Nuremberg pour identifier les responsables de Buchenwald et pour la défense du commando allemand Otto Skorzeny.
  • Yeo-Thomas est délégué pour la France de la Federation of British Industries.
  • 1964. – Le 26 février, âgé de 62 ans, il meurt dans son appartement parisien des suites d’une hémorrhagie.

Reconnaissance

Liens externes

Références

  • Bruce Marshall, The White Rabbit by .
  • Leo Marks, Between Silk and Cyanide: A Codemaker's Story 1941-1945
  • Brigitte Friang, Parachutes and Petticoats.
  • Kenneth More portrayed Yeo-Thomas in the BBC made for television 'The White Rabbit' (1967) *IMDB 'The White Rabbit'.

Sources

  • article de langue anglaise.
  • Sous la direction de françois marcot, Dictionnaire historique de la Résistance, coll. Bouquins, Robert Laffont.