Aller au contenu

Forme foliaire

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Douze formes de feuilles avec des marges (bord du limbe) différentes. Chromolithographie, vers 1850

La forme foliaire, ou forme des feuilles, est une part de la morphologie végétale souvent utilisée dans la systématique ou classification des espèces. En effet, la forme des feuilles, qui comprend de nombreuses variantes, est souvent une des caractéristiques les plus visibles pouvant servir à identifier une espèce végétale. Leur forme, leur taille et leur surface (mesurée par l'indice foliaire), leur angle d'insertion, ainsi que leur distribution spatiale au sein de la couronne d'un arbre et sur les axes végétatifs (phyllotaxie) sont les déterminants structurels[1] de l'interception lumineuse et donc du rendement de la photosynthèse[2],[3].

Les feuilles peuvent être simples (un seul limbe foliaire) ou composées (c'est-à-dire composées de plusieurs limbes nommés folioles), à bordure entière ou plus ou moins échancrée, lisse ou porteuse de poils, d’épines, etc. La disposition des folioles (dans le cas des feuilles composées), la forme des limbes ainsi que l'aspect de leur bordure sont des caractéristiques qui participent à la forme foliaire, de même que la disposition des nervures.

Composition des folioles (Foliorum compositio)

[modifier | modifier le code]

Différentes compositions

[modifier | modifier le code]

Compositions pennées

[modifier | modifier le code]
Forme Composition Latin Description
- pennée Compositio
pinnata
Deux rangs de folioles disposés le long de la nervure primaire
imparipennée imparipinnata Pennée avec foliole terminale
paripennée paripinnata Pennée sans foliole terminale
bipennée bipinnata Pennée deux fois (chaque foliole étant elle-même pennée)
tripennée tripinnata Pennée trois fois (chaque foliole étant elle-même bipennée)

Autres types de composition

[modifier | modifier le code]
Forme Composition Latin Description
unifoliée Compositio
unifoliata
Une seule foliole par feuille
alterne alterna Folioles rattachées en alternance à différents niveaux
opposée abrupta Paires de folioles rattachées aux mêmes niveaux
trifoliée, trifoliolée trifoliata Divisée en trois folioles
digitée
(ou palmée)
digitata Divisée en folioles ressemblant aux doigts d'une main
verticillée verticillata
aut
stellata
Au moins trois folioles rattachées à un même niveau
rosette Foliorum rosula Feuilles étalées en cercle au niveau du collet

Forme des feuilles (Foliorum forma)

[modifier | modifier le code]

Le développement de la forme foliaire (en latin Foliorum forma) en relation avec l'environnement a été étudiée par le botaniste Thomas J. Givnish (en) qui propose des modèles mathématiques pour déduire l'investissement énergétique de la plante dans les supports de l'ensemble de son feuillage (tiges, pétioles et nervures) par rapport au gain apporté par le parenchyme assimilateur. Selon ces modèles, les plantes des sous-bois (milieu à faible niveau d'énergie, ce qui entraîne une faible vitesse de croissance des végétaux) ont une grande diversité de formes foliaires qui rentabilisent au mieux l'énergie investie dans le feuillage. Elles sont généralement plus larges et à nervation réticulée, avec une couche de feuillage unique, ce qui évite un recouvrement des feuilles (auto-ombrage). Les plantes des milieux ouverts ont des feuilles plus étroites à nervation parallèle, ou des limbes plus découpés, afin de réduire la transpiration par unité de surface foliaire et d'optimiser le comportement hydrique (potentiel hydrique foliaire). Elles présentent plusieurs couches de feuillage qui permettent de résister à un ensoleillement trop fort par l'auto-ombrage[4]. Ces études sont confirmées par l'influence de la forme du limbe (ratio longueur/largeur) des feuilles simples[5] et des feuilles composées[6] sur l'interception lumineuse. Selon le principe de l'allocation des ressources, les relations entre différents traits foliaires (forme, nervation, longueur du pétiole) reflètent l'existence de compromis évolutifs associés à des contraintes structurales et fonctionnelles des plantes en relation avec leur écologie[7].

Différentes formes

[modifier | modifier le code]
Forme Type Latin Description
ensiforme Forma
ensiformis
Longue et pointue, en forme d'épée
trulliforme trulada En forme de truelle
aciculaire acicularis En forme d'aiguille, mince et pointue
subulée subulata En forme d'alêne
linéaire linearis Longue et très étroite
oblongue oblonga Forme allongée, aux bords sensiblement parallèles et aux coins arrondis
lancéolée lanceolata En forme de fer de lance et plus large côté pétiole que côté apex
oblancéolée oblanceolata En forme de fer de lance et plus large côté apex que côté pétiole
falquée, falciforme falcata En forme de faux
aristée aristata Pourvue d'une arête
elliptique elliptica De forme ovale, et de largeur quasiment égale côté apex et côté pétiole
orbiculaire orbicularis De forme arrondie
ovale ovata De forme ovale comme un œuf, avec partie étroite côté apex
obovale obovata De forme ovale comme un œuf, avec partie étroite côté pétiole
spatulée spathulata En forme de spatule, le limbe se transformant progressivement en pétiole
cunée cuneata Base du limbe en forme de coin
sagittée sagittata En forme de fer de lance, avec des oreillettes dirigées vers le bas
hastée hastata En forme de fer de lance avec des oreillettes étalées horizontalement
peltée peltata De forme arrondie, avec le pétiole attaché au milieu du limbe, le limbe entourant le pétiole
acuminée acuminata Terminaison en fine pointe
obtus obtusus Apex du limbe arrondi
tronquée truncata Apex du limbe semblant coupé
réniforme reniformis Arrondie et en forme de rein
deltoïde deltoidea Triangulaire, le pétiole étant attaché à un côté
flabellée flabellata Semi-circulaire, en forme d'éventail
cordée cordata En forme de cœur, avec la pointe côté apex
obcordée obcordata En forme de cœur, avec la pointe côté pétiole
rhomboïdale rhomboidalis En forme de losange
lobée lobata Divisée en plusieurs lobes (parties arrondies séparées par des sillons ou des sinus)
pédalée pedata Palmée, avec les lobes latéraux unis à la base
multifide multifida Divisée en lanières
perfoliée perfoliata Limbe semblant transpercé par la tige
palmée
(ou digitée)
palmata Divisée en segments (ou lobes) rayonnant, disposés comme les doigts de la main
palmati- lat. palma paume de la main Morphème de tête de la désignation d'une feuille dont le limbe est divisé en segments divergents, ressemblant à une main ouverte
palmatilobée lat. palma paume
gr. lobos lobe
Palmée en segments séparés par des sinus (découpures) qui n'atteignent pas le milieu du limbe, tout en étant assez marqués
palmatifide lat. palma paume
findere fendre
Palmée en segments séparés par des sinus (découpures) atteignant environ le milieu des segments
palmatipartite lat. palma paume
partiri partagé
Palmée en segments séparés par des sinus dépassant nettement le milieu des segments
palmatiséquée lat. palma paume
secare couper
Palmée en segments séparés par des sinus profondément enfoncés presque jusqu'à la nervure médiane
pennati- lat. penna plume Morphème de tête de la désignation d'une feuille dont le limbe est divisé en segments disposés symétriquement par rapport à l'axe du pétiole et de la nervure médiane
pennatilobée lat. penna plume,
gr. lobos lobe
Pennée en segments dont les sinus (découpures séparant les segments) n'atteignent pas le milieu de chaque demi-limbe[8]
pennatifide lat. pinna plume, findere fendre Pennée en segments avec des sinus (séparant les segments) atteignant environ le milieu de la largeur de chaque demi-limbe[8]
pennatipartite lat. penna plume, partiri partager Pennée en segments dont les sinus dépassent nettement le milieu de chaque demi-limbe[8]
pennatiséquée lat. penna plume
secare couper
Pennée en segments dont les sinus atteignent, ou peu s'en faut, la nervure médiane
décurrente Le limbe se prolonge sur la tige par des ailes


Bord des feuilles (Foliorum margo)

[modifier | modifier le code]

Différentes formes

[modifier | modifier le code]
Forme Type Latin Description
entier Forma
integra
Aucune crénelure ni échancrure
cilié ciliata Cils fins
crénelé crenata Dents larges et arrondies
denté (ou dentelé) dentata Dents plus ou moins larges
doublement denté duplicato-dentata
denticulé denticulata Finement denté
denté en scie, serreté serrata Dents pointées vers l'avant de la feuille
serrulé serrulata Finement denté en scie
sinué sinuosa Échancrures arrondies et très ouvertes
lobé lobata En forme de lobes (de forme arrondie)
ondulé undulata Sinuosités arrondies
épineux spiculata Bordé d'épines

Nervure (Nervus)

[modifier | modifier le code]

Différentes formes

[modifier | modifier le code]
Forme Nervation Latin : Nervus Type de feuille Description
pennée -- Penninerve Nervure secondaire opposée par paires
arquée -- - Nervure secondaire arquée vers l'apex
transverse -- - Nervure tertiaire reliant les nervures secondaires
réticulée reticulatus - Réseau de petites nervures
parallèle -- Parallélinerve Nervure orientée axialement et sans intersection
dichotome -- - Nervure divisée par paires égales
longitudinale -- - Nervure essentiellement parallèle à la nervure primaire
palmée -- Palmatinerve Nervures primaires bifurquant depuis un seul point[9]
rayonnante -- - Nervure rayonnante des feuilles peltées

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. D'autres déterminants existent : nombre de chloroplastes par cellule, teneur en chlorophylle
  2. (en) Fernando Valladares & Daniela Brites, « Leaf phyllotaxis: Does it really affect light capture? », Plant Ecology, vol. 174, no 1,‎ , p. 11-17 (DOI 10.1023/B:VEGE.0000046053.23576.6b)
  3. (en) Daniel Falster & Mark Westoby, « Leaf size and angle vary widely across species: What consequences for light interception? », New Phytologist, vol. 158, no 3,‎ , p. 509-525 (DOI 10.1046/j.1469-8137.2003.00765.x)
  4. (en) Thomas J. Givnish, « Ecological aspects of plant morphology : leaf form in relation to environment », Acta Biotheor, 27, 1978, p. 83-142
  5. (en) Akio Takenaka, « Effects of leaf blade narrowness and petiole length on the light capture efficiency of a shoot », Ecological Research, vol. 9, no 1,‎ , p. 109-114 (DOI 10.1007/BF02347485)
  6. (en) Ülo Niinements, « Are compound-leaved woody species inherently shade-tolerant? An analysis of species ecological requirements and foliar support costs », Plant Ecology, vol. 134, no 1,‎ , p. 1-11 (DOI 10.1023/A:1009773704558)
  7. (en) S. Lavorel et E. Garnier, « Predicting changes in community composition and ecosystem functioning from plant traits: revisiting the Holy Grail. Functional Ecology », British Ecological Society, vol. 16, no 5,‎ , p. 545-556 (DOI 10.1046/j.1365-2435.2002.00664.x)
  8. a b et c Bernard Boullard, Dictionnaire, Plantes & Champignons, ESTEM, , 875 p.
  9. Lorsque toutes ces nervures sont de même épaisseur, on distingue la nervure médiane et les nervures latérales.