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Jacques Derrida

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Jacques Derrida
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Ris-Orangis (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Influencé par
Conjoint
Marguerite Derrida (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Pierre Alferi
Daniel Agacinski (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Prix Theodor-W.-Adorno ()
Harry Oppenheimer Fellowship Award (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Jacques Derrida, né Jackie Derrida le à El Biar (Algérie française) et mort le à Paris, est un philosophe français qui a initié puis développé la déconstruction. À la suite de Heidegger, Derrida cherche à dépasser la métaphysique traditionnelle et ses résonances dans les autres disciplines.

Toute son œuvre consiste à interroger et à « déconstruire » inlassablement les couples d'oppositions telles que parole et écriture dans la linguistique, raison et folie dans la psychanalyse, sens propre et sens figuré dans la littérature, masculin et féminin dans la théorie des genres ; oppositions qui correspondent au couple ontologique premier[1] sensible et intelligible, et ses multiples déclinaisons : intérieur et extérieur, rationnel et irrationnel, sens et non-sens, fondateur et fondé.

L'origine de toutes ces différences conceptuelles, mais qui n'est pas véritablement une origine (sans quoi on retrouverait l'opposition origine et dérivation, tributaire des couples d'oppositions citées précédemment), est la différance avec un a, concept sur lequel Derrida s'explique dans une conférence introductive au recueil d'articles Marges – de la philosophie (1972). La différance est le jeu qui produit les différences particulières.

Biographie

Jacques Derrida est le troisième fils d’Aimé Derrida et de Georgette Sultana Esther Safar[2], une famille juive d'Algérie dont les aïeux établis depuis des siècles en Algérie avaient reçu la nationalité française lors de la promulgation du décret Crémieux en 1870[3].

Il grandit en Algérie et subit les lois de Vichy en 1940 lorsque sa famille est déchue pendant deux ans de la nationalité française[4]. De 1935 à 1941, il va à l'école maternelle et primaire d'El-Biar. Les enfants sont obligés de manifester leur attachement au Maréchal de multiples manières. Derrida en qualité de juif doit laisser au deuxième de la classe sa place pour le lever de drapeau. Son frère et sa sœur ont été exclus de l'école pour la même raison[5]. En 1941, il est lui-même exclu du lycée Ben Aknoun et il est inscrit jusqu'en 1943 au lycée Émile-Maupas, mais il ne supporte pas l'atmosphère communautaire. Il retourne au lycée Ben Aknoun en 1944.

Derrida connaît ainsi, durant sa jeunesse, une scolarité mouvementée. Il voit les métropolitains comme oppresseurs et normatifs, normalisateurs et moralisateurs. Sportif, il participe à de nombreuses compétitions sportives et rêve de devenir footballeur professionnel. Mais c'est aussi à cette époque qu'il découvre et lit des philosophes et écrivains comme Jean-Jacques Rousseau, Friedrich Nietzsche, André Gide et Albert Camus. Il commence à écrire un « journal intime ». En 1947-1948, en classe de philosophie au lycée Gauthier d'Alger, il lit Bergson et Sartre. En 1948, inscrit en lettres supérieures au lycée Bugeaud, il est marqué par la lecture de Kierkegaard et Heidegger[6].

En 1949, il vient en France pour étudier en classe de première supérieure au lycée Louis-le-Grand à Paris, où il se lie d'amitié avec Pierre Bourdieu, Michel Deguy ou Louis Marin. Son professeur de philosophie Etienne Borne trouve que ses dissertations sont « plotiniennes[6] ». Il entre – après deux échecs – à l'École normale supérieure en 1952. Il y fait la rencontre de Louis Althusser, qui exerce comme « caïman ». Derrida milite dans des groupes d'extrême gauche non communiste.

Après sa licence ès lettres à l'université de Paris, il part aux Archives Husserl de Louvain en 1953-1954. Il obtient le diplôme d'études supérieures en philosophie avec un mémoire concernant Le Problème de la genèse dans la philosophie de Husserl[7], influencé par les travaux de Jean Hyppolite, Jean Cavaillès et Tran Duc Thao[8]. Il suit les cours de Michel Foucault.

Reçu au concours d'agrégation de philosophie de 1956, après un échec en 1955, il part à l'université Harvard comme special auditor. Il commence la traduction et l'introduction de L'Origine de la géométrie de Husserl. Il se marie en juin 1957 avec Marguerite Aucouturier, une psychanalyste qu'il a rencontrée en 1953 par l'intermédiaire de son frère qui étudiait avec lui à l'École normale.

Il effectue son service militaire de 1957 à 1959 (en pleine guerre d'Algérie) comme enseignant dans une école d'enfants de troupe près d'Alger[7]. Leur premier fils naît six ans plus tard. Il rencontre souvent Pierre Bourdieu à Alger. Il condamne la politique coloniale de la France et espère une forme d'indépendance pour l'Algérie où pourraient coexister les Algériens et les Français d'Algérie[9].

En 1959, Derrida est affecté au lycée Montesquieu du Mans en classe de lettres supérieures et est invité à la première décade de Cerisy-la-Salle (cycle de conférences auquel il sera invité quatre fois). Il fait son premier voyage à Prague pour rendre visite à la famille de son épouse.

L'année suivante il devient assistant à la faculté des lettres de l'université de Paris. Il enseigne à la Sorbonne jusqu'en 1964 ("philosophie générale et logique"). Il publie à cette époque dans les revues Critique et Tel Quel et se lie d'amitié avec Philippe Sollers. Il fréquente également Robert Antelme, Pierre Boulez, Jean Genet, Pierre Klossowski, Francis Ponge et Nathalie Sarraute.

En 1961, il obtient le prix Jean-Cavaillès (prix d'épistémologie) pour son livre sur l' Origine de la géométrie d'Edmund Husserl.

En 1963, il donne une conférence au Collège philosophique sur Michel Foucault en sa présence et critique sa thèse sur la folie à propos de Descartes[10].

En 1964 il est nommé maître-assistant d'histoire de la philosophie à l'École normale supérieure sur recommandation d'Althusser et Jean Hyppolite[11]. Il conserve ce poste pendant vingt ans.

Sa participation au colloque de Baltimore à l'université Johns Hopkins marque le début de ses fréquents voyages aux États-Unis et de l'introduction de la nouvelle pensée française sur le continent américain. La polémique débute en Amérique entre les partisans et les adversaires de la "déconstruction". Derrida rencontre à cette occasion Jacques Lacan et Paul de Man.

En 1967, ses trois premiers livres sont publiés (c'est aussi l'année de la naissance de son deuxième fils Jean). Il prononce une conférence à la Société française de philosophie sur "La différance" et publie ses trois grands livres : De la grammatologie, L'écriture et la différence, La voix et le phénomène. Il côtoie régulièrement Edmond Jabès, Gabriel Bounoure ou Maurice Blanchot et s'associe progressivement à Jean-Luc Nancy, Philippe Lacoue-Labarthe et Sarah Kofman. Les éditions Galilée sont fondées à cette époque et deviennent la « voix » de la déconstruction.

Derrida participe aux défilés de Mai 1968 et organise la première assemblée générale à l'Ecole normale supérieure.

Il est accueilli avec une grande hospitalité aux États-Unis, il enseigne dans des dizaines d'universités tandis que son travail se heurte en France à une opposition massive[12].

En 1971, il revient en Algérie après neuf ans d'absence. Il y donne cours et conférence.

En 1974, il met en place un Groupe de recherches sur l'enseignement supérieur philosophique (GREPH) et s'engage contre la Loi Haby de 1975.

En 1975, il devient professeur invité à l'université Yale puis à l'université Cornell comme A. D. White Professor-at-large.

En 1978, Jacques Derrida prend l'initiative de lancer les États généraux de la philosophie à la Sorbonne. Il s'implique de plus en plus dans des actions politiques, domaine qu'il avait apparemment écarté de sa vie professionnelle (il est resté en retrait par rapport aux événements de mai 1968). Ainsi, il soutient toute sa vie la cause démocratique en Afrique du Sud, ce qu'il nomme "l'admiration" de Nelson Mandela; un de ses ultimes textes, in articulo mortis, est consacré au sujet de la réconciliation (Commission de la vérité et de la réconciliation).

En 1980, en vue de poser sa candidature au poste de professeur laissé vacant par Paul Ricoeur à l'université Paris-X, Derrida soutient à l'université Paris-I une thèse[13] pour le doctorat d'État sur la base d'un ensemble d'anciens travaux des années 1967 et 1972[14]. Le poste à Paris-X fut cependant supprimé par la ministre Alice Saunier-Séïté.

En 1981, il fonde l'association Jean-Hus avec Jean-Pierre Vernant qui aide les intellectuels tchèques dissidents. Il sera arrêté et brièvement emprisonné à Prague (des agents des services tchèques ont dissimulé de la drogue dans ses bagages) à la suite d'un séminaire clandestin. C'est François Mitterrand qui le fera libérer.

Il fonde le Collège international de philosophie en 1983 avec François Chatelet, Jean Pierre Faye et Dominique Lecourt. L'une des traces les plus visibles dans son travail de ce que certains ont considéré comme sa "politisation" aura été la publication en 1993 de Spectres de Marx.

En 1984, alors toujours maître-assistant, il devient directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. En 1984, un enfant naît de sa relation hors mariage avec Sylviane Agacinski.

Il est Distinguished Professor en philosophie, français et littérature comparée à l'Université de Californie à Irvine aux États-Unis à partir de 1986.

En 1995, Jacques Derrida est membre du comité de soutien à Lionel Jospin. Mais il refuse de l'être en 2002, en raison notamment du jugement qu'il porte sur la politique du gouvernement socialiste sur l'immigration. Sylviane Agacinski écrit dans son Journal interrompu, publié après la défaite de Jospin : « Je lis le 23 mai dans Libération que Jacques Derrida n'a pas voté au premier tour "par mauvaise humeur contre tous les candidats" ».

À partir de 2003, Jacques Derrida souffre d'un cancer du pancréas et réduit considérablement ses conférences et ses déplacements. Il meurt le dans un hôpital parisien, à l'âge de 74 ans.

Philosophie

La différance

Le mot "différance" apparaît probablement pour la première fois sous la plume de Derrida dans le texte d'une conférence intitulée "Genèse et structure" et la phénoménologie, prononcée à Cerisy-la-Salle en 1959, reprise ensuite dans L'écriture et la différence (Ed. du Seuil 1967), p. 239. Mais surtout, La différance est le titre d'une conférence prononcée par Derrida le 27 janvier 1968, publiée ensuite dans le Bulletin de la société française de philosophie (juillet-septembre 1968) et dans Théorie d'ensemble (collection Tel Quel) Editions du Seuil 1968, puis republiée dans Marges – de la philosophie (Editions de minuit, Paris, 1972, pp.1-29) Dès l'ouverture, Derrida prévient que ce néo-graphisme (la différance) n'est, à la lettre, ni un mot ni un concept, et que l'intervention graphique qui consiste à remplacer le e par un a, "a été calculée dans le procès écrit d'une question sur l'écriture" (p.4). Si elle concerne bien deux voyelles, elle crée une différence qui "s'écrit ou se lit, mais [...] ne s'entend pas."(p.4) Ainsi s'ouvre une série de questions au sujet de l'écriture : "Il n'y a pas d'écriture purement et rigoureusement phonétique" (p.5) Sous toute écriture dite phonétique prétendant pouvoir dire le sens idéalement et ainsi se passer de l'écriture au sens courant, celle-ci ayant toujours été secondarisée par la métaphysique, il y a un jeu silencieux (donc non-phonétique) de différences (par espacement-temporisation) qui déjà la travaille. Autrement dit, il y a déjà une écriture dans la parole. Il s'agit donc moins pour Derrida de reconduire l'opposition écriture/parole que de montrer que celle-ci inclut (tout en la refoulant) celle-là.

Plus loin, insistant sur le fait que la différance n'est ni un mot ni un concept, Derrida fait remarquer que le verbe différer dit aussi bien ne pas être identique que remettre à plus tard. Mais le nom de différence, lui, n'évoque pas la temporisation, le délai, le détour du remettre à plus tard. Différance au contraire "devrait compenser cette déperdition de sens" (p.8), le a "provenant immédiatement du participe présent (différant) et nous rapprochant de l'action en cours du différer, avant même qu'elle ait produit un effet constitué en différent ou en différence." (pp.8-9) Derrida souligne qu'en français, la terminaison en ance "reste indécise entre l'actif et le passif" (p.9) Ainsi, ajoute-t-il, "ce qui se laisse désigner par "différance" n'est ni simplement actif ni simplement passif" (p.9)

La problématique du signe et de l'écriture se précise : c'est parce que la "structure classiquement déterminée du signe [...] présuppose que le signe, différant la présence, n'est pensable qu'à partir de la présence qu'il diffère et en vue de la présence différée qu'on vise à se réapproprier" (p.9), que Derrida interroge ce "caractère de secondarité provisoire du substitut [le signe]" (p.10) et lui oppose une différance "originaire" [guillemets nécessaires, faute de quoi le mot dénote encore une présence], laquelle remet en question l'autorité de la présence ou de son simple contraire symétrique, l'absence ou le manque" (p.10)

Derrida rappelle deux motifs que Saussure estimait inséparables et corrélatifs : l'arbitraire du signe et son caractère différentiel. "Il ne peut y avoir d'arbitraire que parce que le système des signes est constitué par des différences, non par le plein des termes." (p. 11) La signification ne s'annonce qu'à partir du fonctionnement d'un réseau d'oppositions et de distinctions; c'est-à-dire de différences "sans termes positifs" (p.11) Les mots ne sont pas des noyaux compacts. Par conséquent, "le concept signifié n'est jamais présent en lui-même, dans une présence suffisante qui ne renverrait qu'à elle-même." (p. 11) Tout concept s'inscrit nécessairement dans une chaîne, dans un jeu de différences. La différance est "le mouvement de jeu qui "produit" [...] ces différences, ces effets de différence" (p. 12)

La différance est le mouvement "producteur" des différences : elle est le "processus" par lequel les signifiants se substituent à l'infini, entrainant le besoin d'un idéal qui porterait son sens au langage. [réf. nécessaire]. Contemporain du structuralisme, Derrida a repensé la différence qui, chez Ferdinand de Saussure (Cours de linguistique générale), donne sens aux éléments signifiants, par rapport à la répétition de la trace durable de l'institution d'un signifié, comme absence au cœur de la présence. Aussi, la « trace »[réf. nécessaire] ne permet pas de remonter à une quelconque origine : les concepts diffèrent, ne sont jamais pleinement en eux-mêmes et sont intriqués malgré leurs apparentes oppositions : il n'y a aucune vérité première externe puisque le supplément constitue l'origine, il n'y a aucune différence transcendantale à poursuivre[réf. nécessaire].

La déconstruction

Derrida a la réputation d'être un écrivain difficile, exigeant pour son lecteur, même pour des philosophes. Son style est dense, il pratique de nombreux jeux de mots et affectionne les allusions. Sa lecture, souvent déconcertante et nécessitant de nombreuses relectures, révèle des ouvertures sur l'avenir de la philosophie. Sa remise en cause d'Husserl et plus largement de la philosophie occidentale le conduit à déconstruire l'approche phénoménologique : pour lui, l'écrit a longtemps été négligé au profit de la parole. Il fait alors la chasse aux impasses méthodologiques. Ce travail prend place dans l'introduction de l'Origine de la Géométrie.

De Platon (Phèdre) à Rousseau et Lévi-Strauss, il dénonce la primauté traditionnelle de la parole, conçue comme « vie » et « présence », sur l’écriture[réf. nécessaire]. Il désigne ce système métaphysique comme logocentrisme, voire phallogocentrisme[réf. nécessaire]. Il « déconstruit » donc la métaphysique occidentale, fondée sur la détermination de l’être en tant que présence, en mettant à jour les présupposés qui la sous-tendent et les apories auxquelles elle mène.

En particulier, il s'agit de découvrir, dans les textes de la tradition, l'articulation binaire de concepts que la métaphysique prétend distinguer dans leur pureté :

Chacune de ces oppositions est complice des autres et constitue un ensemble de valeurs qui dépassent le cadre philosophique : cette binarité est proprement politique[réf. nécessaire] et dévalorise systématiquement l'un des termes, pensé comme « accident », « parasite », « excrément ».

Or, le langage, même oral, ne signifie qu’en impliquant mort ou absence du référent[15] : l'itérabilité qui fonde la possibilité du signe inscrit à même celui-ci la coupure de son « origine », la décontextualisation, l'absence du locuteur. Le sens suppose en son cœur absence de référent et de la conscience, car il se déploie dans l’intervalle qui les sépare, dans la convention linguistique qui rend tout signe par définition détachable de son contexte.

Cependant, le travail de la déconstruction assume de ne jamais se libérer pleinement de ce qu’elle démystifie[réf. nécessaire] : elle travaille à même les concepts, en joue pour les jouer contre eux-mêmes, cherche à déplacer les oppositions sans prétendre les anéantir.

Le désir de présence qui habite le désir de sens (que la chose visée soit donnée en tant que telle dans la visée) est contradictoire, puisque le sens n'émerge que dans sa « mortifère »[réf. nécessaire] itérabilité.

Derrida éprouve un cœur d’opacité au cœur du rationnel, identifié comme défaut nécessaire et originaire de présence, comme écart originaire.

Il s’agit, selon François-David Sebbah[réf. nécessaire], d’éprouver et non de produire des résultats positifs.

La trace

Du fait que dans la langue il n'y a que des différences, un jeu de différences (cf. La différance, in Marges – de la philosophie, Editions de Minuit, 1972, p. 11), et non des termes positifs, qui seraient "pleins", pleinement présents à eux-mêmes, sortes de noyaux stables autonomes, Derrida propose d'appeler "trace" ce qui permet le procès de la signification, à savoir le fait pour un élément de la langue de garder "en lui la marque de l'élément passé" et de se laisser "déjà creuser par la marque de son rapport à l'élément futur". (Ibid. p. 13)

Illustrant le jeu de la différance, la trace n'est ni l'absence ni la présence : "La trace n'[est] pas une présence mais le simulacre d'une présence qui se disloque, se déplace, se renvoie, n'a proprement pas lieu, l'effacement appartient à sa structure [...]". (Ibid. p. 25) Le présent "devient une fonction dans une structure de renvoi généralisé". (Ibid.)

Plus généralement, le concept de trace tel que Derrida l'élabore permet de contester d'une certaine façon (déconstruire) l'autorité du présent, de la conscience pleine, du comme tel (auquel la philosophie a toujours cru et sur lequel elle s'est fondée), l'autorité de l'essence, du signifié transcendantal, etc. (Cf. Ibid. p. 27)

La dissémination

La dissémination est un essai paru d'abord en 1969 dans la revue Critique et qui a ensuite pris place à la fin d'un ouvrage auquel il a donné son nom, en 1972 aux Editions du Seuil (Paris). Cet essai (p. 319 à 407) s'appuie notamment sur certains textes de Mallarmé et des romans de Philippe Sollers (Drame, Nombres...) pour développer un "concept" inscrit, comme le dit Derrida dans la "chaîne ouverte de la différance, du "supplément", de l' "écriture", du "gramme", du "pharmakon" [...] Dissémination ne veut rien dire en dernière instance et ne peut se rassembler dans une définition [...] Si on ne peut résumer la dissémination, la différance séminale, dans sa teneur conceptuelle, c'est que la force et la forme de sa disruption crèvent l'horizon sémantique[16].

Autrement dit, la dissémination excède la polysémie, car celle-ci "s'organise dans l'horizon implicite d'une résumption unitaire du sens, voire d'une dialectique" [16] "La dissémination, au contraire, pour produire un nombre non-fini d'effets sémantiques, ne se laisse reconduire ni à un présent d'origine simple [...], ni à une présence eschatologique. Elle marque une multiplicité irréductible et générative."[16] La dissémination est le jeu de ce qui empêche la formalisation sans reste de la signification prétendue d'un texte. C'est le nom d'un "régime moteur du surplus (et du) manque" [16] de sens d'un texte (qu'on a toujours tendance à supposer fini, même s'il y a polysémie). La dissémination, c'est ce qui interrompt la totalisation : "la série des valences sémantiques ne peut plus se fermer ou se rassembler"[17]. Cela dit, le jeu de la dissémination ne promet pas davantage l'ouverture "sur une richesse inépuisable du sens ou sur la transcendance d'un excès sémantique"[17].

Plus simplement, on peut dire de la dissémination qu'elle est, qu'elle porte ou permet une "critique" du sémantisme (naïf ou non), une "critique" du thématisme, une "critique" du simple contenu.[18] .

Le don

L'événement

La question de l'« animal »

L'« animalité » est pour le philosophe une question sensible et centrale de la déconstruction et de son œuvre [19], ne serait-ce parce qu'elle met en jeu l'hypothétique « propre de l'homme » [19] construit par la métaphysique et la théologie occidentales au cours des derniers siècles ; le terme « animal », au singulier, est rejeté par Derrida dans sa généralité, – parce qu'il est une « simplification conceptuelle » vue comme un premier geste de « répression violente » à l'égard des animaux de la part des hommes, et qui consiste à faire une césure totale entre l'humanité et l'animalité, et un regroupement tout aussi injustifié entre des animaux qui demeurent des vivants radicalements différents les uns des autres, d'une espèce à une autre [19] :

« Chaque fois que « on » dit « L'Animal », chaque fois que le philosophe, ou n'importe qui, dit au singulier et sans plus « L'Animal », en prétendant désigner ainsi tout vivant qui ne serait pas l'homme (...), eh bien, chaque fois, le sujet de cette phrase, ce « on », ce « je » dit une bêtise. Il avoue sans avouer, il déclare, comme un mal se déclare à travers un symptôme, il donne à diagnostiquer un « je dis une bêtise ». Et ce « je dis une bêtise » devrait confirmer non seulement l'animalité qu'il dénie mais sa participation engagée, continuée, organisée à une véritable guerre des espèces. »

— L'animal que donc je suis, Jacques Derrida.

L'animal que donc je suis est d'ailleurs le dernier ouvrage de Jacques Derrida, publié à titre posthume et édité par Marie Louise Mallet à partir de textes, d’enregistrements de conférences. Il y conduit une critique de la pensée de Descartes, de Kant, Lévinas, Lacan et Heidegger, et y rappelle la question du philosophe anglais Jeremy Bentham, qu'il considère essentielle, au sujet des animaux : « peuvent-ils souffrir ? » (qui revient à dire, pour Derrida « Peuvent-ils ne pas pouvoir ? (...) Pouvoir souffrir n'est plus un pouvoir, c'est une possibilité sans pouvoir, une possibilité de l'impossible »[20])  :

« « Can they suffer ? », la réponse ne fait aucun doute. Elle n'a d'ailleurs jamais laissé aucun doute ; c'est pourquoi l'expérience que nous en avons n'est pas même indubitable : elle précède l'indubitable, elle est plus vieille que lui. Point de doute, non plus, pour la possibilité, alors, en nous, d'un élan de compassion, même s'il est ensuite méconnu, refoulé ou dénié, tenu en respect. Devant l' indéniable de cette réponse, (oui, ils souffrent, comme nous qui souffrons pour eux et avec eux), devant cette réponse qui précède toute autre question, la problématique change de sol et socle.(...) Les deux siècles auxquels je me réfère un peu grossièrement pour situer notre présent à cet égard, ce sont les deux siècles d'une lutte inégale, d'une guerre en cours et dont l'inégalité pourrait un jour s'inverser, entre, d'une part, ceux qui violent non seulement la vie animale mais jusqu'à ce sentiment de compassion et, d'autre part, ceux qui en appellent au témoignage irrécusable de cette pitié.[20] »

— L'animal que donc je suis, Jacques Derrida.

Derrida voit dans les rapports de l'homme avec l'animal une « guerre » qu'il faut désormais penser [20], du fait même des « proportions sans précédent de cet assujettissement de l'animal » [20] né « de la violence industrielle, mécanique, chimique, hormonale, génétique, à laquelle l'homme soumet depuis deux siècles la vie animale » [20], violence à l'encontre des animaux comparée par le philosophe à la Shoah, même si :

« De la figure du génocide il ne faudrait ni abuser ni s'acquitter trop vite. Car elle se complique ici : l'anéantissement des espèces, certes, serait à l'œuvre, mais il passerait par l'organisation et l'exploitation d'une survie artificielle, infernale, virtuellement interminable, dans des conditions que des hommes du passé auraient jugées monstrueuses, hors de toutes les normes supposées de la vie propre aux animaux ainsi exterminés dans leur survivance ou dans leur surpeuplement même.[20] »

— L'animal que donc je suis, Jacques Derrida.

Le philosophe affirme que cet « assujettissement sans précédent de l'animal » a été finalisé conceptuellement par l'idéalisme transcendantal qui désire la maîtrise totale de la nature et de l'« animal » par l'homme et à ses seuls fins, et, s'appuyant sur l'œuvre de Theodor W. Adorno, fait valoir la « fascisation du sujet » par la haine ontologique de l'« animal » kantien :

« Pour un système idéaliste, les animaux jouent virtuellement le même rôle que les Juifs pour un système fasciste, dit-il [Adorno]. Les animaux seraient les Juifs des idéalistes qui ne seraient ainsi que des fascistes virtuels. Et ce fascisme commence quand on insulte un animal, voire l'animal dans l'homme. L'idéalisme authentique consiste à insulter l'animal dans l'homme ou à traiter un homme d'animal. (...) Adorno ne va pas jusqu'à dire que l'idéaliste insulte l'animal, mais il insulte le matérialiste ou il insulte l'homme en le traitant d'animal, ce qui implique que « animal » est une insulte. »

— L'animal que donc je suis, Jacques Derrida.

La haine idéaliste à l'encontre des animaux (ou plutôt de l'« animal »), correspond pour Derrida au schème d'une même logique, celle de la « haine du Juif (...) haine de la féminité, voire de l'enfance [20] ». Prenant appui sur ce dévoilement de la haine de l'« animal » par l'idéalisme, Kant, Jacques Derrida critique d'ailleurs tous les sous-entendus qui attaque « la remise en cause de l'axiomatique humaniste au sujet de l'animal », citant la philosophe Elisabeth de Fontenay (préface aux Trois traités pour les animaux de Plutarque ) :

« Manque de chance pour ceux qui n'évoquent la Summa Injuria [allusion à une improbable zoophilie nazie et au soi-disant végétarianisme hitlérien] que pour mieux se moquer de la pitié envers la souffrance anonyme et muette, il se trouve que de très grands écrivains et penseurs juifs de ce siècle auront été obsédés par la question animale : Kafka, Singer, Canetti, Horkheimer, Adorno. Ils auront, par l'insistance de son inscription dans leurs œuvres, contribué à interroger l'humanisme rationaliste et le bien-fondé de sa décision. Des victimes de catastrophes historiques ont en effet pressenti dans les animaux d'autres victimes, comparables jusqu'à un certain point à eux-mêmes et aux leurs. »

— L'animal que donc je suis, Jacques Derrida.

Enfin, si Jacques Derrida conçoit la question de l'« animal » comme une réponse à la question du propre de l'« homme », il met ainsi en doute la capacité à ce dernier d'être en droit de se faire valoir toujours aux dépens de l'« animal », alors qu'il semble bien que ce réflexe conceptuel soit, par essence, un préjugé, et non le fruit d'un raisonnement philosophique garant de ce droit :

« Il ne s'agit pas seulement de demander si on a le droit de refuser tel ou tel pouvoir à l'animal (parole, raison, expérience de la mort, deuil, culture, institution, technique, vêtement, mensonge, feinte de la feinte, effacement de la trace, don, rire, pleur, respect, etc. – la liste est nécessairement indéfinie, et la plus puissante tradition philosophique dans laquelle nous vivons a refusé tout cela à l'« animal »), il s'agit aussi de se demander si ce qui s'appelle l'homme a le droit d'attribuer en toute rigueur à l'homme, de s'attribuer, donc, ce qu'il refuse à l'animal, et s'il en a jamais le concept pur, rigoureux, indivisible, en tant que tel. »

— L'animal que donc je suis (p. 185), Jacques Derrida.

La philosophe développe la nécessité philosophique d'un nouveau genre en son sein, « la philosophie animalière », considérant que si la question de l'« animal » a été fuie (ou ignorée) pendant des siècles par les philosophes, elle doit devenir centrale et incontournable, afin que le discours philosophique puisse encore se revendiquer du domaine de la pensée humaine :

« L'animal nous regarde et nous sommes nus devant lui. Et penser commence peut-être là. »

— L'animal que donc je suis (p. 50), Jacques Derrida.

Critiques et postérité

Derrida a consacré ses premiers travaux à la pensée de Husserl : En 1954, encore étudiant de philosophie à l'Ecole Normale Supérieure, il rédige un "mémoire pour le diplôme d'études supérieures" intitulé : Le problème de la genèse dans la philosophie de Husserl (mais qui ne sera publié qu'en 1990, aux PUF). En 1959, il prononce une conférence : "Genèse et structure" et la phénoménologie, qui sera reprise dans L'écriture et la différence (Editions du Seuil, 1967). En 1962 il écrit une très longue introduction à un écrit tardif de Husserl; L'origine de la géométrie (PUF). En 1966, il livre une introduction à la pensée de Husserl intitulée : La phénoménologie et la clôture de la métaphysique (texte paru en langue grecque, qui ne sera publié en français qu'en 2000 dans la revue Alter. En 1967, un volume paraît, qui est consacré au problème du signe dans la phénoménologie de Husserl, et qui a pour titre : La voix et le phénomène (PUF), ainsi qu'un essai : La forme et le vouloir-dire, sous-titré : note sur la phénoménologie du langage, sur le même sujet, repris plus tard dans Marges – de la philosophie aux Editions de Minuit, en 1972.

Réception américaine

« Héros culturel » aux États-Unis selon Jean-Louis Hue du Magazine Littéraire, il a reçu 21 fois un doctorat Honoris causa, de plusieurs universités. Derrida déclarait avant sa mort au journal L'Humanité : « Je n'ai jamais fait de longs séjours aux États-Unis, le plus clair de mon temps ne se passe pas là-bas. Cela dit, la réception de mon travail y a été effectivement plus généreuse, plus attentive, j'y ai rencontré moins de censure, de barrages, de conflits qu'en France. »[21]. Son œuvre constitue l'un des piliers de la French Theory.

Derrida bénéficie d'une reconnaissance qui va au-delà du monde universitaire. Par exemple, le film de Woody Allen Deconstructing Harry (en 1997, traduit en français par Harry dans tous ses états) est une référence directe aux travaux de cet auteur — « référence » que Derrida jugera d'ailleurs pauvre et décevante au regard de la complexité de ce « concept ».

Derrida est un philosophe rejeté par la très grande partie de la tradition analytique. Ses premiers travaux de portée internationale sont vivement critiqués. Dans son essai sur le philosophe anglais John L. Austin et sa théorie des actes de langage[22], Derrida est accusé de s'entêter à énoncer d'évidentes contre-vérités, notamment par le philosophe américain John Searle[23] et d'autres[24]. Nombreux sont les philosophes qui se sont élevés contre le doctorat honoris causa que lui a décerné l'université de Cambridge en 1992, reprochant aux travaux de Derrida « leur inadéquation aux standards de clarté et de rigueur ».

Œuvres

Jacques Derrida est l'auteur de plus de 80 ouvrages.

  • Introduction (et traduction) à L'origine de la géométrie de E. Husserl, PUF, 1962.
  • Le Problème de la genèse dans la philosophie de Husserl, Paris, coll. «Epiméthée», PUF, 1990. Rééd. 2010.
Mémoire pour son diplôme d'études supérieures en philosophie à l'École normale supérieure, en 1953-1954.
  • De la grammatologie, 1967, Les Éditions de Minuit. ISBN 2707300128
  • La Voix et le phénomène, 1967, Presses universitaires de France. ISBN 2130539580
  • L'Écriture et la différence, 1967, Seuil. ISBN 2020051826
  • Marges – de la philosophie, 1972, Les Éditions de Minuit. ISBN 2707300535
  • Positions, 1972, Les Éditions de Minuit. ISBN 2707302511
  • La dissémination, 1972, Seuil. ISBN 2020019582
  • Éperons. Les styles de Nietzsche, 1972, Champs Flammarion (Voir Friedrich Nietzsche).
  • L'archéologie du frivole, Galilée, 1973.
  • Glas, 1974, Galilée. ISBN 2718600152
  • La vérité en peinture, 1978, Champs Flammarion.
  • La carte postale. De Socrate à Freud et au-delà, 1980, Flammarion (Voir Socrate et Sigmund Freud).
  • D'un ton apocalyptique adopté naguère en philosophie, Galilée, 1983.
  • Otobiographies. L'enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre, Galilée, 1984.
  • Schibboleth : pour Paul Celan, 1986, Galilée. ISBN 2718602961
  • Parages, Galilée, 1986.
  • Ulysse gramophone, Galilée, 1987.
  • Mémoires – Pour Paul de Man, Galilée, 1988.
  • Signéponge, 1988, Seuil.
  • Limited Inc., Galilée, 1990.
  • Heidegger et la question, 1990, Flammarion. ISBN 2080812351 (Voir Martin Heidegger).
  • De l'esprit, 1990, Galilée. ISBN 2718603232
  • Mémoires d'aveugle. L'autoportrait et autres ruines, 1990, Réunion des musées nationaux.
  • Du droit à la philosophie, 1990, Galilée. ISBN 2718603828
  • Donner le temps. 1. La fausse monnaie, 1991, Galilée.
  • Donner la mort, 1992, Galilée. ISBN 2718605146
  • Points de suspension, Entretiens, Galilée, 1992.
  • Passions, 1993, Galilée. ISBN 2718604212
  • Khôra, Galilée, 1993.
  • Sauf le nom, Galilée, 1993.
  • Prégnances, Brandes, 1993.
  • Spectres de Marx, 1993, Galilée. ISBN 2718604298. (Voir Karl Marx).
  • Force de loi, Galilée, 1994.
  • Politiques de l'amitié, 1994, Galilée. ISBN 2718604387
  • Moscou aller-retour, L'Aube, 1995.
  • Mal d'archive, Galilée, 1995.
  • Apories, 1996, Galilée. ISBN 2718604611
  • Résistances – de la psychanalyse, 1996, Galilée. ISBN 2718604697
  • Le monolinguisme de l'autre, 1996, Galilée.
  • Echographies – de la télévision, Galilée, 1996.
  • Adieu à Emmanuel Lévinas, 1997, Galilée. ISBN 2718604859 (Voir Emmanuel Lévinas).
  • Cosmopolites de tous les pays, encore un effort, 1997, Galilée. ISBN 2718604840
  • Le droit à la philosophie du point de vue cosmopolitique, Unesco/Verdier, 1997.
  • Marx en jeu (avec Marc Guillaume), 1997, Descartes & Cie. ISBN 2910301842
  • De l'hospitalité (avec Anne Dufourmantelle), 1997, Calmann-Lévy. ISBN 2702127959
  • Demeure, Maurice Blanchot, 1998, Galilée. ISBN 2718604972 (Voir Maurice Blanchot).
  • Voiles (avec Hélène Cixous), 1998, Galilée. ISBN 2718605049
  • Le toucher, Jean-Luc Nancy, 1998, Galilée.
  • Psyché: Inventions de l'autre, 1998, Galilée.
  • Feu la cendre, 1999, Éditions des femmes. ISBN 2721004808
  • Sur parole, 1999, Éditions de l'Aube, transcriptions de plusieurs entretiens donnés sur France Culture.
  • États d'âme de la psychanalyse, Galilée, 2000.
  • Tourner les mots. Au bord d'un film, Galilée/ Arte 2001.
  • Foi et Savoir, Seuil, 2001.
  • Papier machine, Galilée, 2001.
  • L'université sans condition, Galilée, 2001.
  • Le siècle et le pardon, entretien avec Michel Wieviorka, Seuil, 2001 ISBN 2020479869.
  • Le concept du 11 septembre, dialogues à New York avec Giovanna Borradori, Jacques Derrida et Jürgen Habermas, 2002.
  • Au-delà des apparences, conversations avec Antoine Spire, Ed. Le Bord De L'eau, 2002
  • Artaud le Moma, Galilée, 2002.
  • Fichus, Galilée, 2002.
  • H.C. pour la vie, c'est à dire..., Galilée, 2002.
  • Marx & Sons, Puf/Galilée, 2002.
  • Chaque fois unique, la fin du monde, Galilée, 2003.
  • De quoi demain..., entretiens de Jacques Derrida et Élisabeth Roudinesco, 2003.
  • Voyous, Galilée, 2003.
  • Béliers, Galilée, 2003.
  • Genèses, généalogies, genres et le génie, Galilée 2003.
  • Le concept du 11 septembre. Dialogues à New York avec Jürgen Habermas, Galilée, 2004.
  • Apprendre à vivre enfin. Entretiens avec Jean Birnbaum, Galilée / Le Monde, 2005. (posthume)
  • L'animal que donc je suis, Galilée, 2006.
  • Séminaire : La bête et le souverain, vol. 1 : 2001-2002, Galilée, 2008. (ISBN 9782718607757)
  • Demeure, Athènes, Galilée, 2009.
  • Séminaire : La bête et le souverain, vol. 2 : 2003-2004, Galilée, 2010. (ISBN 978-2718608105)

Filmographie

Jacques Derrida a fait des apparitions dans deux films :

Deux films lui sont consacrés :

  • D'ailleurs Derrida de Safaa Fathy, en 2000
  • Derrida de Kirby Dick et Amy Ziering Kofman[25], en 2002

Un film s'est inspiré de sa philosophie :

Références

  • (en) Leslie Hill, The Cambridge Introduction to Jacques Derrida, Cambridge University Press, coll. « Cambridge Introductions to Literature », .
  • (en) Marian Hobson, Jacques Derrida, Taylor and Francis, .
  • (en) John Sallis, Deconstruction and Philosophy : The Texts of Jacques Derrida, University of Chicago Press, .

Sur Derrida et son œuvre

Essais

  • Manola Antonioli (dir.), Abécédaire de Jacques Derrida, Sils Maria, 2007 (ISBN 2-930242-56-6).
  • Geoffrey Bennington et Jacques Derrida, Jacques Derrida, Seuil, 1991.
  • Grégoire Biyogo, Adieu à Jacques Derrida : Enjeux et perspectives de la déconstruction, Paris, l'Harmattan, 2005.
  • Mireille Calle-Gruber, Jacques Derrida, la distance généreuse, La Différence, 2009.
  • Mustapha Cherif et Jacques Derrida, L'Islam et l'Occident : Rencontre avec Jacques Derrida, Odile Jacob, 2006.
  • Pierre Daviot, A Jacques Derrida, Les carnets de psychanalyse, Errata, 1998.
  • Thomas Dutoit, Philippe Romanski et Collectif, Derrida d'ici, Derrida de là, Galilée, 2009.
  • Marc Goldschmit, Jacques Derrida, une introduction, Pocket, 2003.
  • Marc Goldschmit, Une langue à venir. Derrida, l'écriture hyperbolique, Lignes-Manifestes, 2006.
  • Sarah Kofman, Lectures de Derrida, Paris, Galilée, « Débats », 1984. (ISBN 2-7186-0251-1)
  • René Major, Lacan avec Derrida, Flammarion (Champs-Sciences), 2001.
  • Raoul Moati, Derrida/Searle, Déconstruction et langage ordinaire, Paris, PUF, "Philosophies", 2009
  • François Nault, Derrida et la théologie. Dire Dieu après la déconstruction, Paris, Cerf, 2000.
  • Benoît Peeters, Trois ans avec Derrida, les carnets d'un biographe, Flammarion, 2010.
  • Fred Poché, Penser avec Jacques Derrida : Comprendre la déconstruction, Chronique Sociale, 2007.
  • Charles Ramond, Vocabulaire de Derrida, Ellipses, 2001.
  • Charles Ramond, Derrida : la déconstruction, PUF, 2008.
  • Philippe Sergeant, Deleuze, Derrida : Du danger de penser, La Différence, 2009.
  • Peter Sloterdijk, Derrida, un Égyptien : Le problème de la pyramide juive, Maren Sell, 2006.
  • Ginette Michaud, Battements – du secret littéraire. Lire Jacques Derrida et Hélène Cixous. Volume 1 et 2 , collection Le Bel Aujourd'hui, Éditions Hermann, 2010.
  • Coll. "Jacques Derrida" Europe, n°901, Mai 2004

Colloques

  • Les fins de l'homme, Colloque de Cerisy-la Salle (1980) Editions Galilée
  • Jacques Derrida et l'Algérie, (Alger, 2006), sous la direction de Mustapha Cherif, Bibliothèque nationale d'Alger, 2006.
  • L'Éthique du don. Jacques Derrida et la pensée du don, (Royaumont 1990), sous la direction de Jean-Michel Rabaté et Michael Wetzel, Métailié-Transition, 1992.
  • Le Passage des frontières - autour du travail de Jacques Derrida, (Cerisy-la-Salle, 1992), sous la direction de Marie-Louise Mallet, Galilée, 1994.
  • L'Animal autobiographique - autour de Jacques Derrida, (Cerisy-la-Salle, 1997), sous la direction de Marie-Louise Mallet, Galilée, 1999.
  • Judéités - questions pour Jacques Derrida, (Paris, 2000), sous la direction de Joseph Cohen et Raphael Zagury-Orly, Galilée, 2003.
  • Ghostly Demarcations. A Symposium on Jacques Derrida's Specters of Marx (New York, 1998), sous la direction de Michael Sprinker, éditions Verso, 1999.
  • La Démocratie à venir - autour de Jacques Derrida, (Cerisy-la-Salle, 2002), sous la direction de Marie-Louise Mallet, Galilée, 2004.
  • Derrida, la tradition de la philosophie, Colloque d'octobre 2005 organisé par Jean-François Courtine, Francis Wolff et Frédéric Worms. Galilée, 2008.
  • Déconstruire, dit-il... Autour de Jacques Derrida, (Maison de la Recherche de l'université de Paris IV, 20-23 mai 2009) Comité scientifique: Joseph Cohen, Werner Hamacher, Felix Heidenreich, Jean-Luc Nancy, Raphael Zagury-Orly
  • Derrida par une trace itérable [en arabe], (ministère de la Culture, Royaume du Bahreïn, 10-13 août 2009), comité scientifique : Mohammad Ahmad Al Banki, Safaa Fathy.

Biographie

  • Benoît Peeters, Derrida, Paris, Flammarion, coll. "Grandes Biographies", 2010.

Articles en ligne

Notes et références

  1. Premier signifie ici : ouvrant l'histoire de l'être, histoire destinale, c'est-à-dire ni chronologique, ni logique. Cf. Heidegger, Être et temps, 1927.
  2. Geoffrey Bennington, Jacques Derrida, University of Chicago Press, 1999
  3. « J’ai participé à une transformation extraordinaire du judaïsme français d’Algérie: mes arrière-grands-parents étaient encore très proches des Arabes par la langue, les coutumes, etc. Après le décret Crémieux (1870), à la fin du XIXe siècle, la génération suivante s’est embourgeoisée », «Je suis en guerre contre moi-même», Jacques Derrida, Le Monde, 19.08.2004
  4. "Moi, l’Algérien" de Jacques Derrida, Le Nouvel Observateur, n°2192
  5. Marc Goldschmidt, Jacques Derrida : une introduction, 2003, p. 230
  6. a et b Goldschmidt (2003), p. 231
  7. a et b « Biographie », sur Site Jacques Derrida (consulté le )
  8. Alan D. Schrift, Twentieth-Century French Philosophy (Key Themes and Thinkers)
  9. Goldschmidt (2003), P. 233
  10. Derrida, "Cogito et Histoire de la Folie", dans L'Écriture et la différence, Seuil, 1967, p. 51-97. Le texte est publié d'abord dans la Revue de métaphysique et de morale en 1964
  11. Jacques Derrida par Jason Powell
  12. Goldschmidt (2003), P. 234
  13. L'Inscription de la philosophie : recherches sur l'interprétation de l'écriture : thèses soutenue sur un ensemble de travaux
  14. Jason Powell, Jacques Derrida: A Biography, Continuum, 2006.
  15. Cf. notamment la lecture du séminaire de la Lettre volée de Lacan, dans La Carte postale, de Socrate à Freud et au-delà, Flammarion, 1980.
  16. a b c et d cf.Positions, Editions de minuit, Paris, 1972, p. 61
  17. a et b cf.Positions, Editions de minuit, Paris, 1972, p. 63
  18. Le passage le plus éclairant pour comprendre le jeu et l'enjeu de ce "concept" se trouve probablement aux pages 389 à 391 de La dissémination
  19. a b et c http://www.youtube.com/watch?v=Ry49Jr0TFjk
  20. a b c d e f et g l'animal que donc je suis, Jacques Derrida, éd. Galilée
  21. Jérôme-Alexandre Nielsberg, "Entretien avec Jacques Derrida - Penseur de l’événement", L'Humanité, 28 janvier 2004
  22. « Signature, événement, contexte », dans Marges - de la philosophie, 1972.
  23. John Searle, Pour réitérer les différences, réponse à Derrida, 1991, éd. L'éclat.
  24. « Il faut se résoudre à admettre que les positions de Derrida, quelle que soit leur célébrité et quel qu'ait été leur impact intellectuel, sont totalement inconsistantes. Non seulement nous n'avons pas besoin de pseudo-concepts comme ceux de différance ou d'archi-écriture, mais leur utilisation conduit à de graves errements. » précisent notamment Sylvain Auroux, Jacques Deschamps, Djamel Kouloughi, La philosophie du langage, PUF, coll. « Quadrige », 2004, p. 80.
  25. Site internet du film Derrida

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes