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« Imbert de Batarnay » : différence entre les versions

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'''Imbert de Batarnay''' (prénom et nom sont parfois orthographiés '''Ymbert''' ou '''Humbert''' et '''Bastarnay'''), également connu comme {{citation|Monsieur du [[Le Bouchage (Isère)|Bouchage]]}} du nom de l'un de ses nombreux domaines, dans le [[Dauphiné]], est un [[homme d'État]] [[France|français]] du [[Moyen Âge tardif]] et de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]]. Il est né vers 1438, probablement à [[Bathernay]] dans la [[Drôme (département)|Drôme]], et il est mort le {{date de décès|12|mai|1523}} à [[Montrésor]] ([[Indre-et-Loire]]).
'''Imbert de Batarnay''' (prénom et nom sont parfois orthographiés '''Ymbert''' ou '''Humbert''' et '''Bastarnay'''), également connu comme {{citation|Monsieur [[Le Bouchage (Isère)|du Bouchage]]}} du nom de l'un de ses nombreux domaines, dans le [[Dauphiné]], est un [[homme d'État]] [[France|français]] du [[Moyen Âge tardif]] et de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]]. Il est né vers 1438, probablement à [[Bathernay]] dans la [[Drôme (département)|Drôme]], et mort le {{date de décès|12|mai|1523}} à [[Montrésor]] ([[Indre-et-Loire]])<ref>{{lien web |titre=Collegiale montresor 3 |url=http://www.campiello-venise.com/chateaux-de-la-loire/montresor/collegiale-montresor-3.htm |site=campiello-venise.com |consulté le=06-05-2023}}.</ref>.


Issu de la [[noblesse|petite noblesse]] [[Dauphiné|dauphinoise]], remarqué par le futur [[Louis XI de France|{{nobr|Louis {{XI}}}}]] alors qu'il est adolescent, il devient son [[chambellan]] puis l'un de ses [[Conseiller du roi|conseillers]] les plus écoutés ; il conserve les mêmes fonctions sous les règnes de [[Charles VIII de France|{{nobr|Charles {{VIII}}}}]], [[Louis XII de France|{{nobr|Louis {{XII}}}}]] et [[François Ier (roi de France)|{{nobr|François {{Ier}}}}]]. Tous ces rois le consultent sur les affaires importantes du royaume, lui confient des [[diplomatie|missions diplomatiques]] en France comme à l'étranger, le mandatent pour négocier leurs mariages successifs ou le chargent de superviser l'éducation des enfants royaux.
Issu de la [[noblesse|petite noblesse]] [[Dauphiné|dauphinoise]], remarqué par le futur [[Louis XI de France|{{nobr|Louis {{XI}}}}]] alors qu'il est adolescent, il devient son [[chambellan]] puis l'un de ses [[Conseiller du roi|conseillers]] les plus écoutés ; il conserve les mêmes fonctions sous les règnes de [[Charles VIII de France|{{nobr|Charles {{VIII}}}}]], [[Louis XII de France|{{nobr|Louis {{XII}}}}]] et [[François Ier (roi de France)|{{nobr|François {{Ier}}}}]]. Tous ces rois le consultent sur les affaires importantes du royaume, lui confient des [[diplomatie|missions diplomatiques]] en France comme à l'étranger, le mandatent pour négocier leurs mariages successifs ou le chargent de superviser l'éducation des enfants royaux.


En échange de cette fidélité sans faille, ils en font le propriétaire ou le régisseur de [[seigneurie]]s et [[châtellenie]]s dans de nombreuses [[Territoires du royaume de France#Liste des anciennes provinces de France|provinces]] ([[Auvergne]], [[Berry]], [[Dauphiné]], [[Guyenne]], [[Languedoc]], [[Normandie]], [[Picardie]], [[Rouergue]] et [[Touraine]]), avec à la clé des revenus importants que Batarnay sait faire fructifier en les plaçant habilement. Imbert de Batarnay devient ainsi, à la fin du {{s-|XV}} et au début du {{s-|XVI}}, une grande fortune du royaume, au point de compter le roi {{nobr|François {{Ier}}}} parmi ses [[débiteur]]s.
En échange de cette fidélité sans faille, ils en font le propriétaire ou le régisseur de [[seigneurie]]s et [[châtellenie]]s dans de nombreuses [[Territoires du royaume de France#Listes|provinces]] ([[Auvergne]], [[Berry]], [[Dauphiné]], [[Guyenne]], [[Languedoc]], [[Normandie]], [[Picardie (province de France)|Picardie]], [[Rouergue]] et [[Touraine]]), avec à la clé des revenus importants que Batarnay sait faire fructifier en les plaçant habilement. Imbert de Batarnay devient ainsi, à la fin du {{s-|XV}} et au début du {{s-|XVI}}, l'un des hommes les plus riches du royaume, au point de compter le roi {{nobr|François {{Ier}}}} parmi ses [[débiteur]]s.


Marié à Georgette de [[Montchenu]], père de trois enfants qui meurent avant lui, grand-père maternel de la [[maîtresse royale|favorite]] [[Diane de Poitiers]], Imbert de Batarnay finit sa vie dans son [[château de Montrésor]], à l'âge de {{nobr|85 ans}}.
Marié à Georgette de [[Montchenu]], père de trois enfants qui meurent avant lui, il est le grand-père maternel de la [[maîtresse royale|favorite]] [[Diane de Poitiers]] et le trisaïeul d'[[Anne de Joyeuse]] et de ses frères et sœurs, dont certains sont inhumés à [[Église Saint-Jean-Baptiste de Montrésor|Montrésor]]. Imbert de Batarnay finit sa vie dans son [[château de Montrésor]], à l'âge de {{nobr|85 ans}}.
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== Biographie ==
== Biographie ==
Issu d'une famille de la petite noblesse [[Dauphiné|dauphinoise]] dont le premier membre connu est Girard de Batarnay, vivant au milieu du {{s-|XIII}}<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|2}}}}.</ref>, Imbert de Batarnay naît vers 1438, probablement au château de [[Bathernay]] ([[Drôme (département)|Drôme]]), d'Arthaud de Batarnay et de Catherine de Gaste<ref group=MR name="MR-49">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=49}}.</ref> ; il compte au moins dix frères et sœurs<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Ses origines - sa rencontre avec le dauphin Louis''|p=9}}.</ref>.
Issu d'une famille de la petite noblesse [[Dauphiné|dauphinoise]] dont le premier membre connu est Girard de Batarnay, vivant au milieu du {{s-|XIII}}<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|2}}}}.</ref>, Imbert de Batarnay naît vers 1438, probablement au château de [[Bathernay]] ([[Drôme (département)|Drôme]]), d'Arthaud de Batarnay et de Catherine de Gaste<ref group=MR name="MR-49">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=49}}.</ref> ; il compte au moins dix frères et sœurs<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Ses origines - sa rencontre avec le dauphin Louis''|p=9}}.</ref>.


[[Fichier:Bathernay Presbytère.JPG|vignette|gauche|alt=Vue du vestige d'un ancien château réaménagé en habitation.|Le presbytère de Bathernay, vestige remanié du château médiéval.]]
[[Fichier:Bathernay Presbytère.JPG|vignette|gauche|alt=Vue du vestige d'un ancien château réaménagé en habitation.|Le presbytère de Bathernay, vestige remanié du château médiéval.]]
[[Fichier:Blason ville fr Roquevidal (Tarn).svg|vignette|upright=0.45|alt=Vue d'un blason découpé en deux quadrants jaunes et deux bleus. |Blason des Batarnay.<br>''Écartelé d'or et d'azur''<ref>{{ouvrage|auteur=E. Jouffroy d'Eschavannes |titre=Armorial universel |année=1844 |lieu=Paris |éditeur=L. Curmer |pages totales=487 |passage=44}}.</ref>.]]
[[Fichier:Blason-écartelé-or-azur.svg|vignette|upright=0.7|alt=Vue d'un blason découpé en deux quadrants jaunes et deux bleus. |Blason des Batarnay.<br>''Écartelé d'or et d'azur''<ref>{{Ouvrage|auteur1=E. Jouffroy d'Eschavannes|titre=Armorial universel|lieu=Paris|éditeur=L. Curmer|année=1844|pages totales=487|passage=44}}.</ref>.]] [[Fichier:Chateau CHARMES.jpg|vignette|gauche|alt=Vue d’un château avec une tour carrée dans un parc arboré.|Le château de Charmes-sur-Herbasse.]]


Élevé au château de Bathernay, il y pratique le sport et la chasse au faucon comme beaucoup de jeunes nobles de son époque mais ne semble pas se consacrer assidument à l'étude ; c'est peut-être lors d'une de ces chasses, au château de [[Charmes-sur-l'Herbasse|Charmes]] chez son grand-père maternel, qu'il est remarqué, vers 1455, par le [[Dauphin (titre)|dauphin]] [[Louis XI|Louis]] <ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|4-5}}}}.</ref>, lui-même passionné de [[vénerie]]<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''Portrait d'un homme''|p=52-53}}.</ref>. Le jeune Imbert s'attache au dauphin<ref group=MR name="MR-49"/> et le suit au château de [[Genappe]] où Louis s'est réfugié avant son accession au trône<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|6}}}}.</ref>, car ses relations avec son père, le roi [[Charles VII (roi de France)|{{nobr|Charles {{VII}}}}]], sont alors très difficiles<ref>{{lien web|auteur=[[Jean Favier]] |titre=Avènement de Louis XI |site=[[Service interministériel des Archives de France|Archives de France]] |éditeur=[[Ministère de la Culture (France)|Ministère de la Culture et de la Communication]] |url=http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/recueil-2011/institutions-et-vie-politique/avenement-de-louis-xi |consulté le=4 août 2015}}.</ref>. Toute la vie d'Imbert de Batarnay va désormais se passer aux côtés des rois [[Louis XI|{{nobr|Louis {{XI}}}}]], [[Charles VII (roi de France)|{{nobr|Charles {{VIII}}}}]], [[Louis XII|{{nobr|Louis {{XII}}}}]] et [[François Ier (roi de France)|{{nobr|François {{Ier}}}}]].
Élevé au château de Bathernay, il y pratique le sport et la chasse au faucon comme beaucoup de jeunes nobles de son époque mais ne semble pas se consacrer assidûment à l'étude ; c'est peut-être lors d'une de ces chasses, au château de [[Charmes-sur-l'Herbasse|Charmes-sur-L'Herbasse]] , chez son grand-père maternel, qu'il est remarqué, vers 1455, par le [[Dauphin (titre)|dauphin]] [[Louis XI|Louis]]<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|4-5}}}}.</ref>, lui-même passionné de [[vénerie]]<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''Portrait d'un homme''|p=52-53}}.</ref>. Le jeune Imbert s'attache au dauphin<ref group=MR name="MR-49"/> et le suit au château de [[Genappe]] où Louis s'est réfugié avant son accession au trône<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|6}}}}.</ref>, car ses relations avec son père, le roi [[Charles VII (roi de France)|{{nobr|Charles {{VII}}}}]], sont alors très difficiles<ref>{{lien web|auteur=[[Jean Favier]] |titre=Avènement de Louis XI |site=[[Service interministériel des Archives de France|Archives de France]] |éditeur=[[Ministère de la Culture (France)|Ministère de la Culture et de la Communication]] |url=http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/recueil-2011/institutions-et-vie-politique/avenement-de-louis-xi |consulté le=4 août 2015}}.</ref>. Toute la vie d'Imbert de Batarnay va désormais se passer aux côtés des rois [[Louis XI|{{nobr|Louis {{XI}}}}]], [[Charles VII (roi de France)|{{nobr|Charles {{VIII}}}}]], [[Louis XII|{{nobr|Louis {{XII}}}}]] et [[François Ier (roi de France)|{{nobr|François {{Ier}}}}]].


En 1463, il épouse Georgette de [[Montchenu]] malgré la farouche opposition du père de celle-ci {{incise|cette opposition vaudra à M. de Montchenu ruine et exil<ref group=MR name="MR-51"/>}}, obtient le titre de [[seigneurie|seigneur]] du Bouchage ; il se fait dès lors appeler {{citation|Monsieur du Bouchage}}<ref group=MR name="MR-51">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=51}}.</ref>. Du mariage d'Imbert et de Georgette naissent trois enfants : [[Jeanne de Batarnay|Jeanne]] (vers 1460), Jean (vers 1474) et François (vers 1489)<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte=''Arbre généalogique des Batarnay'', planche hors-texte}}.</ref>. L'aîné de ses fils meurt en 1490<ref group=MR name="MR-53">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=53}}.</ref>. Jeanne épouse, en 1489, [[Jean de Poitiers]] et [[Diane de Poitiers]] est leur fille<ref group=LAB name="LAB-56">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=56}}.</ref> ; elle meurt en 1505. En 1511, Imbert perd sa femme Georgette puis, deux ans plus tard, son second fils François, blessé lors du [[Bataille de Guinegatte (1513)#Le siège de Thérouanne|siège de Thérouanne]]<ref group=MR name="MR-54">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=54}}.</ref>.
En 1463, il épouse Georgette de [[Montchenu]] malgré la farouche opposition du père de celle-ci {{incise|cette opposition vaudra à M. de Montchenu ruine et exil<ref group=MR name="MR-51"/>}}, obtient le titre de [[seigneurie|seigneur]] [[Le Bouchage (Isère)|du Bouchage]] ; il se fait dès lors appeler {{citation|Monsieur du Bouchage}}<ref group=MR name="MR-51">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=51}}.</ref>. Du mariage d'Imbert et de Georgette naissent trois enfants : Jean (vers 1474), [[Jeanne de Batarnay|Jeanne]] (vers 1480) et François (vers 1489)<ref group=Mt name="Arb">{{harvsp|Mandrot|texte=''Arbre généalogique des Batarnay'', planche hors-texte}}.</ref>. L'aîné de ses fils meurt en 1490<ref group=MR name="MR-53">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=53}}.</ref>. Jeanne épouse, vers 1494, [[Jean de Poitiers (noble)|Jean de Poitiers]] : [[Diane de Poitiers]] est une de leurs cinq enfants<ref group=LAB name="LAB-56">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=56}}.</ref> ; elle meurt en 1516. En 1511, Imbert perd sa femme Georgette puis, deux ans plus tard, son second fils François, blessé lors du [[Bataille de Guinegatte (1513)#Préliminaires : le siège de Thérouanne|siège de Thérouanne]]<ref group=MR name="MR-54">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=54}}.</ref>.


Imbert ne devient seigneur de Batarnay que par héritage en 1492, à la mort de son frère aîné qui en détient jusqu'alors le titre<ref group=MR name="MR-53"/>.
Imbert ne devient seigneur de Batarnay que par héritage en 1492, à la mort de son frère aîné qui en détient jusqu'alors le titre<ref group=MR name="MR-53"/>.


Après la mort de {{nobr|Louis {{XII}}}}, Imbert de Batarnay, âgé de {{nobr|77 ans}}, vieillissant et de santé fragile {{incise|il souffre depuis de nombreuses années de [[lithiase urinaire|gravelle]], de [[goutte (maladie)|goutte]] et de [[Lombosciatique|sciatique]]<ref group=LAB name="LAB-52">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=52}}.</ref>}}, s'éloigne de moins en moins de sa résidence du [[château de Montrésor]]<ref group=MR name="MR-54"/>. C'est là que, malade depuis le début du {{nobr|printemps 1523}}, il meurt le {{date-|12 mai 1523-}} de la même année<ref group=LAB name="LAB-61">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=61}}.</ref>, alors que la [[église Saint-Jean-Baptiste de Montrésor|collégiale]] dont il a commandé l'édification, deux ans plus tôt, n'est pas encore en mesure d'accueillir son tombeau<ref name="C-551">{{ouvrage|prénom1=Jean-Mary |nom1=Couderc |directeur=oui |titre=Dictionnaire des communes de Touraine |pages totales=967|lieu=Chambray-lès-Tours|édition=C.L.D. |année=1987 |ISBN= 2-85443-136-7|passage=551}}.</ref>. Malgré sa santé fragile, il atteint l'âge de {{nobr|85 ans}} à une époque où l'espérance de vie, difficile à mesurer, peut être évaluée à {{nobr|30 ans}}<ref>{{lien web|titre=Moyen Âge|site=le site de l'encyclopédie Larousse en ligne |url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Moyen_%C3%82ge/71867 |consulté le=10 août 2015}}.</ref>.
Après la mort de {{nobr|Louis {{XII}}}}, Imbert de Batarnay, âgé de {{nobr|77 ans}}, vieillissant et de santé fragile {{incise|il souffre depuis de nombreuses années de [[lithiase urinaire|gravelle]], de [[goutte (maladie)|goutte]] et de [[Lombosciatique|sciatique]]<ref group=LAB name="LAB-52">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=52}}.</ref>}}, s'éloigne de moins en moins de sa résidence du [[château de Montrésor]]<ref group=MR name="MR-54"/>. C'est là que, malade depuis le début du {{nobr|printemps 1523}}, il meurt le {{date-|12 mai 1523-}} de la même année<ref group=LAB name="LAB-61">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=61}}.</ref>, alors que la [[église Saint-Jean-Baptiste de Montrésor|collégiale]] dont il a commandé l'édification, deux ans plus tôt, n'est pas encore en mesure d'accueillir son tombeau<ref name="C-551">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Mary|nom1=Couderc|directeur1=oui|titre=Dictionnaire des communes de Touraine|lieu=Chambray-lès-Tours|éditeur=C.L.D.|année=1987|pages totales=967|passage=551|isbn=2-85443-136-7}}.</ref>. Malgré sa santé fragile, il atteint l'âge de {{nobr|85 ans}}<ref>{{lien web|titre=Moyen Âge|site=le site de l'encyclopédie Larousse en ligne |url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Moyen_%C3%82ge/71867 |consulté le=10 août 2015}}.</ref>.


Imbert de Batarnay n'a pas rédigé ses mémoires, mais sa nombreuse correspondance, bien que largement disparue, recueillie par [[Philippe de Béthune]] et son fils [[Hippolyte de Béthune (1603-1665)|Hippolyte]] permet de retracer les grandes lignes de ses multiples activités et de ses principaux déplacements<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte=Préface|p=VII}}.</ref>. Ces documents font partie de ceux qu'Hippolyte de Béthune a donné à [[Louis XIV|{{nobr|Louis {{XIV}}}}]] et qui constituent<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte=Préface|p=VIII}}.</ref>, à la [[Bibliothèque nationale de France]], le ''fonds de Béthune''.
Imbert de Batarnay n'a pas rédigé ses mémoires, mais sa nombreuse correspondance, bien que largement disparue, recueillie par [[Philippe de Béthune]] et son fils [[Hippolyte de Béthune (1603-1665)|Hippolyte]], permet de retracer les grandes lignes de ses multiples activités et de ses principaux déplacements<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte=Préface|p=VII}}.</ref>. Ces documents font partie de ceux qu'Hippolyte de Béthune a donnés à [[Louis XIV|{{nobr|Louis {{XIV}}}}]] et qui constituent<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte=Préface|p=VIII}}.</ref>, à la [[Bibliothèque nationale de France]], le ''fonds de Béthune''.


== Au service des rois de France ==
== Au service des rois de France ==
=== Louis {{XI}} ===
=== Louis {{XI}} ===
[[Fichier:Louis XI of France.jpg|vignette|upright=0.5|alt=Portrait d'un homme de profil droit. |Louis XI,<br>anonyme ([[Brooklyn Museum]], [[New York]]).]]
[[Fichier:Louis XI of France.jpg|vignette|upright=0.6|alt=Portrait d'un homme de profil droit. |Louis XI,<br>anonyme ([[Brooklyn Museum]], [[New York]]).]]


Depuis 1455 environ, le futur {{nobr|Louis {{XI}}}} s'est attaché le jeune Imbert de Batarnay à son service, en tant que [[gentilhomme de la Chambre]], puis comme [[chambellan]]<ref group=Dx name="Dx-16">{{harvsp|Deroux|texte=''Ses origines - sa rencontre avec le dauphin Louis''|p=16}}.</ref>. Au même titre que [[Philippe de Commynes]] ou [[Jean Bourré]], Batarnay fait partie des conseillers les plus proches et influents auprès du roi ; les trois hommes sont présents lors des réceptions des [[ambassadeur#En France sous l'Ancien Régime|ambassadeurs]]<ref group=LAB name="LAB-42"/>. Si, comme ces autres personnes, Imbert de Batarnay a su gagner mais surtout conserver la confiance du roi, c'est que, comme eux, il a toujours agi comme l'aurait fait {{nobr|Louis {{XI}}}}, alternant flatteries et menaces, sanctions et récompenses<ref>{{ouvrage|auteur=Amable Sablon du Corail |titre=Louis XI, le joueur inquiet |année=2015 |lieu=Paris |éditeur=Belin |pages totales=597 |isbn=978-2-701-18943-7 |passage=533}}.</ref>. Il arrive fréquemment qu'Imbert de Batarnay écrive des courriers à la place du roi, ce dernier se contentant de les signer<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''Le roi au travail'' |p=258}}.</ref>.
Depuis 1455 environ, le futur {{nobr|Louis {{XI}}}} a pris le jeune Imbert de Batarnay à son service, en tant que [[gentilhomme de la Chambre]], puis comme [[chambellan]]<ref group=Dx name="Dx-16">{{harvsp|Deroux|texte=''Ses origines - sa rencontre avec le dauphin Louis''|p=16}}.</ref>. Au même titre que [[Philippe de Commynes]] ou [[Jean Bourré]], Batarnay fait partie des conseillers les plus proches et influents auprès du roi ; les trois hommes sont présents lors des réceptions des [[ambassadeur#En France sous l'Ancien Régime|ambassadeurs]]<ref group=LAB name="LAB-42"/>. Si, comme ces autres personnes, Imbert de Batarnay a su gagner mais surtout conserver la confiance du roi, c'est que, comme elles, il a toujours agi comme l'aurait fait {{nobr|Louis {{XI}}}}, alternant flatteries et menaces, sanctions et récompenses<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Amable Sablon du Corail|titre=Louis XI, le joueur inquiet|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|année=2015|pages totales=597|passage=533|isbn=978-2-7011-8943-7}}.</ref>. Il arrive fréquemment qu'Imbert de Batarnay écrive des courriers à la place du roi, ce dernier se contentant de les signer<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''Le roi au travail'' |p=258}}.</ref>.


==== Les opérations de sécurité intérieure ====
==== Les opérations de sécurité intérieure ====
L'une des premières décisions de [[Louis XI|{{nobr|Louis {{XI}}}}]], devenu roi en 1461, est de nommer Imbert de Batarnay [[capitaine (ville)|capitaine]] de [[Blaye]] et de [[Dax]]<ref group=MR name="MR-50"/>{{,}}{{Note|Dans le courrier signé par {{nobr|Louis {{XI}}}} qui donne les capitaineries de Blaye et Dax à Imbert de Batarnay, celui-ci est cité comme « seigneur du Bouchage», titre dont il ne pourra pourtant se prévaloir que bien plus tard, en 1492, à mort de son frère aîné<ref group=Dx name="Dx-16"/>.|groupe=Note}} ; il est aussi visiteur des [[gabelle du sel|gabelles]] de la [[sénéchaussée]] de [[Lyon]]<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''La couronne''|p=223}}.</ref>. Il a également la charge d’organiser le [[guet royal|guet]] et la garde sur l’ensemble du royaume<ref name="L-62"/>. Batarnay, en 1465, s'engage auprès de {{nobr|Louis {{XI}}}} dans la [[Ligue du Bien public#Guerre du Bien public|guerre du Bien public]] ; c'est ainsi qu'il assure la communication entre le roi et les troupes du Dauphiné lors de la [[bataille de Monthléry]]<ref group=MR name="MR-50"/>. Le rôle politique d'Imbert de Batarnay s'affirme encore plus lorsque, le {{date-|1|juin|1468}}, il est nommé membre du [[conseil du roi]]<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|26}}}}.</ref>. En 1469, Batarnay est envoyé surveiller les intrigues du [[Charles de France (1446-1472)|duc de Guyenne]], soumis aux influences de conseillers hostiles à {{nobr|Louis {{XI}}}}, comme le cardinal [[Jean de la Balue]]<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|28-29}}}}.</ref>. Ce dernier est finalement emprisonné en 1468 mais en 1480, sur intervention du [[Légat apostolique|légat]] [[Jules II|Giuliano della Rovere]] et de plusieurs conseillers du roi, dont Philippe de Commynes et Imbert de Batarnay, {{nobr|Louis {{XI}}}} se laisse fléchir et libère la Balue<ref>{{ouvrage|auteur=Edmond Gautier |titre=Histoire du donjon de Loches |année première édition=1881 |réimpression=1988 |lieu=Roanne |éditeur=Horvath |pages totales=221 |isbn=2-717-10535-2 |passage=89}}.</ref>. Une grave émeute éclate à [[Bourges]] en 1474 ; Imbert de Batarnay est envoyé sur place pour ramener le calme et l'ordre, et s'acquitte de sa mission avec beaucoup de zèle et une extrême sévérité<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|51-53}}}}.</ref>. Il est nommé [[lieutenant-général#Lieutenant-général de province|lieutenant-général]] du [[Roussillon (géographie)|Roussillon]] en 1475, avec pour mission de superviser [[Boffille de Juge]] qui gère la province<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''La fin de la guerre de Cent Ans'' |p=669}}.</ref> et de ramener à la [[domaine de la Couronne|Couronne]] cette province qu'un soulèvement de ses habitants a, deux ans plus tôt, remis entre les mains de [[Jean II d'Aragon]] ; il y parvient en n'appliquant qu'avec modération les instructions du roi qui souhaite une reprise en main féroce et exemplaire<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|59-65}}}}.</ref>.
L'une des premières décisions de [[Louis XI|{{nobr|Louis {{XI}}}}]], devenu roi en 1461, est de nommer Imbert de Batarnay [[capitaine (ville)|capitaine]] de [[Blaye]] et de [[Dax]]<ref group=MR name="MR-50"/>{{,}}{{Note|Dans le courrier signé par {{nobr|Louis {{XI}}}} qui donne les capitaineries de Blaye et Dax à Imbert de Batarnay, celui-ci est cité comme « seigneur du Bouchage», titre dont il ne pourra pourtant se prévaloir que bien plus tard, en 1492, à la mort de son frère aîné<ref group=Dx name="Dx-16"/>.|groupe=Note}} ; il est aussi visiteur des [[gabelle du sel|gabelles]] de la [[sénéchaussée]] de [[Lyon]]<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''La couronne''|p=223}}.</ref>. Il a également la charge d’organiser le [[guet royal|guet]] et la garde sur l’ensemble du royaume<ref name="L-62"/>. Batarnay, en 1465, s'engage auprès de {{nobr|Louis {{XI}}}} dans la [[Ligue du Bien public#La guerre du Bien public (mai-octobre 1465)|guerre du Bien public]] ; c'est ainsi qu'il assure la communication entre le roi et les troupes du Dauphiné lors de la [[bataille de Monthléry]]<ref group=MR name="MR-50"/>. Le rôle politique d'Imbert de Batarnay s'affirme encore davantage lorsque, le {{date-|1|juin|1468}}, il est nommé membre du [[conseil du roi]]<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|26}}}}.</ref>. En 1469, Batarnay est envoyé surveiller les intrigues du [[Charles de France (1446-1472)|duc de Guyenne]], soumis aux influences de conseillers hostiles à {{nobr|Louis {{XI}}}}, comme le cardinal [[Jean de la Balue]]<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|28-29}}}}.</ref>. Ce dernier est finalement emprisonné en 1468 mais en 1480, sur intervention du [[Légat apostolique|légat]] [[Jules II|Giuliano della Rovere]] et de plusieurs conseillers du roi, dont Philippe de Commynes et Imbert de Batarnay, {{nobr|Louis {{XI}}}} se laisse fléchir et libère la Balue<ref>{{Ouvrage|auteur1=Edmond Gautier|titre=Histoire du donjon de Loches|lieu=Roanne|éditeur=Horvath|année=|année première édition=1881|réimpression=1988|pages totales=221|passage=89|isbn=978-2-7171-0535-3|isbn2=2-7171-0535-2}}.</ref>. Une grave émeute éclate à [[Bourges]] en 1474 ; Imbert de Batarnay est envoyé sur place pour ramener le calme et l'ordre, et s'acquitte de sa mission avec beaucoup de zèle et une extrême sévérité<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|51-53}}}}.</ref>. Il est nommé [[Lieutenant général#Lieutenant général de province|lieutenant-général]] du [[Roussillon (géographie)|Roussillon]] en 1475, avec pour mission de surveiller [[Boffille de Juge]] qui gère la province<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''La fin de la guerre de Cent Ans'' |p=669}}.</ref> et de ramener à la [[domaine de la Couronne|Couronne]] cette province qu'un soulèvement de ses habitants a, deux ans plus tôt, remis entre les mains de [[Jean II d'Aragon]] ; il y parvient en n'appliquant qu'avec modération les instructions du roi qui souhaite une reprise en main féroce et exemplaire<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|59-65}}}}.</ref>.


==== Les missions diplomatiques à l'étranger ====
==== Les missions diplomatiques à l'étranger ====
Imbert de Batarnay est également chargé de missions diplomatiques auprès d'autres souverains. C'est ainsi qu'en 1475 il assiste à la rencontre entre {{nobr|Louis {{XI}}}} et [[Édouard IV|{{nobr|Édouard {{IV}} d'Angleterre}}]] à [[Picquigny]]{{Note|Philippe de Commynes et Imbert de Batarnay avaient été chargés par {{nobr|Louis {{XI}}}} de trouver un terrain favorable à cette rencontre entre les deux souverains et, de son côté, {{nobr|Édouard {{IV}}}} avait mandaté [[Thomas Howard (2e duc de Norfolk)|Thomas Howard]] et un dénommé Chalenger ; leur choix commun s'était porté sur Picquigny<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''La fin de la guerre de Cent Ans'' |p=684}}.</ref>.|groupe=Note}}, à l'issue de laquelle {{nobr|Édouard {{IV}}}} renonce à soutenir [[Charles le Téméraire]]<ref group=MR name="MR-51"/> ; cette rencontre se conclut par le [[traité de Picquigny]] qui met définitivement fin à la [[guerre de Cent Ans]]. Du Bouchage et Commynes sont les premiers à informer le roi de la victoire capitale des troupes suisses et françaises sur [[Charles le Téméraire]] lors de la [[bataille de Morat]]<ref name="L-62">{{ouvrage|auteur=Michel Laurencin|titre=Dictionnaire biographique de Touraine|lieu=Chambray-lès-Tours|édition=CLD|année=1990|pages totales=607|isbn=2 854 43210 X|passage=62}}.</ref>.
Imbert de Batarnay est également chargé de missions diplomatiques auprès d'autres souverains. C'est ainsi qu'en 1475 il assiste à la rencontre entre {{nobr|Louis {{XI}}}} et [[Édouard IV|{{nobr|Édouard {{IV}} d'Angleterre}}]] à [[Picquigny]]{{Note|Philippe de Commynes et Imbert de Batarnay avaient été chargés par {{nobr|Louis {{XI}}}} de trouver un terrain favorable à cette rencontre entre les deux souverains et, de son côté, {{nobr|Édouard {{IV}}}} avait mandaté [[Thomas Howard (2e duc de Norfolk)|Thomas Howard]] et un dénommé Chalenger ; leur choix commun s'était porté sur Picquigny<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''La fin de la guerre de Cent Ans'' |p=684}}.</ref>.|groupe=Note}}, à l'issue de laquelle {{nobr|Édouard {{IV}}}} renonce à soutenir [[Charles le Téméraire]]<ref group=MR name="MR-51"/> ; cette rencontre se conclut par le [[traité de Picquigny]] qui met définitivement fin à la [[guerre de Cent Ans]]. Du Bouchage et Commynes sont les premiers à informer le roi de la victoire capitale des troupes suisses et françaises sur [[Charles le Téméraire]] lors de la [[bataille de Morat]]<ref name="L-62">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Michel Laurencin]]|titre=Dictionnaire biographique de Touraine|lieu=Chambray-lès-Tours|éditeur=CLD|année=1990|pages totales=607|passage=62|isbn=2-85443-210-X}}.</ref>.


==== Les distinctions honorifiques et les marques de confiance ====
==== Les distinctions honorifiques et les marques de confiance ====
[[Fichier:ClerySaintAndre02.jpg|vignette|gauche|upright=0.7 |Basilique Notre-Dame de Cléry|alt=Vue d'un édifice religieux au toit couvert d'ardoise.]]
[[Fichier:ClerySaintAndre02.jpg|vignette|gauche|upright=0.8 |Basilique Notre-Dame de Cléry.|alt=Vue d'un édifice religieux au toit couvert d'ardoise.]]
En 1469, {{nobr|Louis {{XI}}}} crée l’[[ordre de Saint-Michel]]<ref>{{ouvrage|auteur=[[Jean-Louis Chalmel]]|titre=Tablettes chronologiques de l'histoire civile et ecclésiastique de Touraine |année première édition=1818 |réimpression=1973 |éditeur=CLD Normand |pages totales=236|passage=152}}.</ref> ; c'est probablement lui qui, à une date inconnue, fait d'Imbert de Batarnay un [[Liste des chevaliers de l'ordre de Saint-Michel|chevalier de cet ordre]] comme en témoigne le gisant représenté orné d’un collier de coquilles Saint-Jacques, emblème de l'ordre de Saint-Michel. C'est à l'intention d'Imbert de Batarnay que {{nobr|Louis {{XI}}}} élève, en 1478, la seigneurie du Bouchage en [[baronnie]] ; à compter de ce moment, Imbert de Batarnay sera appelé {{citation|Monsieur du Bouchage}}<ref group=LAB name="LAB-41">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Les Batarnay''|p=41}}.</ref>.
En 1469, {{nobr|Louis {{XI}}}} crée l’[[ordre de Saint-Michel]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jean-Louis Chalmel]]|titre=Tablettes chronologiques de l'histoire civile et ecclésiastique de Touraine|éditeur=CLD Normand|année=|année première édition=1818|réimpression=1973|pages totales=236|passage=152|isbn=}}.</ref> ; c'est probablement lui qui, à une date inconnue, fait d'Imbert de Batarnay un [[Liste des chevaliers de l'ordre de Saint-Michel|chevalier de cet ordre]] comme en témoigne le gisant représenté orné d’un collier de coquilles Saint-Jacques, emblème de l'ordre de Saint-Michel. C'est à l'intention d'Imbert de Batarnay que {{nobr|Louis {{XI}}}} élève, en 1478, la seigneurie du Bouchage en [[baronnie]] ; à compter de ce moment, Imbert de Batarnay sera appelé {{citation|Monsieur du Bouchage}}<ref group=LAB name="LAB-41">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Les Batarnay''|p=41}}.</ref>.


{{nobr|Louis {{XI}}}} manifeste le désir d'être inhumé dans la [[basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André]]<ref>{{ouvrage|auteur=Pierre Choinet |titre=Le livre des trois âges |sous-titre=fac-similé du manuscrit |lieu=Le Havre |éditeur=Publications universitaires de Rouen |année=2009 |pages totales=266 |isbn=2-877-75815-X |passage=77 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=bEKztQINSHUC&pg=PA77&lpg=PA77&dq=louis+xi+volont%C3%A9+cl%C3%A9ry&source=bl&ots=aCM1Ps5-YC&sig=m2vsSwlFL8DE1GYsMIzjx0h92Mg&hl=fr&sa=X&ved=0CDwQ6AEwBWoVChMIy6v2vYSoxwIVhbQaCh2SbQUx#v=onepage&q=louis%20xi%20volont%C3%A9%20cl%C3%A9ry&f=false}}.</ref> plutôt que dans la [[basilique Saint-Denis]]. Il la fait donc reconstruire sur un plan plus large et Batarnay est étroitement associé aux décisions royales en ce domaine<ref group=LAB name="LAB-42">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Les Batarnay''|p=42}}.</ref>. En {{date-|septembre 1482}}, {{nobr|Louis {{XI}}}}, voyant sa santé décliner, rédige à l'attention du dauphin une série d'instructions sur la bonne gestion du royaume. Ce document est contresigné par Imbert de Batarnay<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|114}}}}.</ref>.
{{nobr|Louis {{XI}}}} manifeste le désir d'être inhumé dans la [[basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Choinet|titre=Le livre des trois âges|sous-titre=fac-similé du manuscrit|lieu=Le Havre|éditeur=Publications universitaires de Rouen|année=2009|pages totales=266|passage=77|isbn=978-2-87775-815-4|isbn2=2-87775-815-X|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=bEKztQINSHUC&pg=PA77&dq=louis+xi+volont%C3%A9+cl%C3%A9ry}}.</ref> plutôt que dans la [[basilique Saint-Denis]]. Il la fait donc reconstruire avec de plus grandes dimensions et Batarnay est étroitement associé aux décisions royales en ce domaine<ref group=LAB name="LAB-42">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Les Batarnay''|p=42}}.</ref>. En {{date-|septembre 1482}}, {{nobr|Louis {{XI}}}}, voyant sa santé décliner, rédige à l'attention du dauphin une série d'instructions sur la bonne gestion du royaume. Ce document est contresigné par Imbert de Batarnay<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|114}}}}.</ref>.
{{clr}}


=== Charles {{VIII}} ===
=== Charles {{VIII}} ===
==== Prudence au début de la Régence ====
==== Prudence au début de la Régence ====
[[Fichier:Charles VIII Ecole Francaise 16th century Musee de Conde Chantilly.jpg|vignette|upright=0.5|gauche|alt=Portrait d'un homme de trois-quarts. |Charles VIII,<br> anonyme ([[musée Condé]], [[Chantilly]]).]]
[[Fichier:Charles VIII Ecole Francaise 16th century Musee de Conde Chantilly.jpg|vignette|upright=0.5|gauche|alt=Portrait d'un homme de trois-quarts. |Charles VIII,<br> anonyme ([[musée Condé]], [[Chantilly]]).]]
[[Fichier:Anne Beaujeu.jpg|vignette|upright=0.5 |Anne de France, triptyque de [[Jean Hey]], détail.|alt=Portrait d'une femme couronnée, de trois-quarts, les mains jointes.]]
[[Fichier:Anne Beaujeu.jpg|vignette|upright=0.6 |Anne de France, triptyque de [[Jean Hey]], détail.|alt=Portrait d'une femme couronnée, de trois-quarts, les mains jointes.]]
Dans les premiers mois qui suivent la mort de {{nobr|Louis {{XI}}}} et dans l’incertitude de l’orientation politique du royaume, différentes factions se disputant le pouvoir, Imbert de Batarnay se tient en retrait sur ses terres du Dauphiné<ref group=Dx name="Dx-57">{{harvsp|Deroux|texte=''Ymbert entre à la cour de Charles VIII''|p=57-59}}.</ref> : au contraire de Philippe de Commynes, il ne fait pas partie du conseil provisoire constitué en {{date-|septembre 1483}}, il n’assiste pas aux [[états généraux (France)|états généraux]] de [[Tours]] qui débattent, début 1484, des dispositions de la [[régence]]<ref>{{article|auteur=Pierre Audin|titre=Les états généraux réunis à Tours après la mort de Louis XI (5 janvier-14 mars 1484)|périodique=bulletin de la [[société archéologique de Touraine]]|tome=LX|année=2014|issn=1149-4670|page=231}}.</ref>. Ce n’est que dans le courant de 1484 qu’il se rapproche de la régente [[Anne de France|Anne de Beaujeu]] et de [[Charles VIII (roi de France)|{{nobr|Charles {{VIII}}}}]] {{incise|ce dernier a alors atteint {{nobr|14 ans}}, âge de la majorité pour un roi de France{{Note|Une ordonnance de {{nobr|Charles V}} a fixé, en 1374, la majorité du roi de France à {{nobr|14 ans}} et organisé la régence<ref>{{Base Archim|03849}}.</ref>.|groupe=Note}} ; il accède donc officiellement au trône}} et assiste à d’importantes réunions du [[Conseil du roi de France]]<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Ymbert s’attache à {{nobr|Charles {{VIII}}}} et aux Beaujeu''|p=61}}.</ref> car son nom, ainsi que celui d'une cinquantaine d'autres personnalités, a été rajouté à la liste des membres du Conseil par les Beaujeu<ref name="Aud-241">{{article|auteur=Pierre Audin|titre=Les états généraux réunis à Tours après la mort de Louis XI (5 janvier-14 mars 1484)|périodique=bulletin de la [[société archéologique de Touraine]]|tome=LX|année=2014|issn=1149-4670|page=241}}.</ref>{{,}}{{Note|Le Conseil du roi de France compte, dès l'été 1484, plus d'une centaine de membres mais seule trente d'entre eux environ, dont Imbert de Batarnay, assistent régulièrement aux séances<ref name="Aud-241"/>.|groupe=Note}}. Conformément aux recommandations de son père, {{nobr|Charles {{VIII}}}} devenu roi garde le seigneur du Bouchage à son service privé<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|119}}}}.</ref>.
Dans les premiers mois qui suivent la mort de {{nobr|Louis {{XI}}}} et dans l’incertitude de l’orientation politique du royaume, différentes factions se disputant le pouvoir, Imbert de Batarnay se tient en retrait sur ses terres du Dauphiné<ref group=Dx name="Dx-57">{{harvsp|Deroux|texte=''Ymbert entre à la cour de Charles VIII''|p=57-59}}.</ref> : au contraire de Philippe de Commynes, il ne fait pas partie du conseil provisoire constitué en {{date-|septembre 1483}}, il n’assiste pas aux [[états généraux (France)|états généraux]] [[États généraux de Tours|de Tours]] qui débattent, début 1484, des dispositions de la [[régence]]<ref>{{article|auteur=Pierre Audin|titre=Les états généraux réunis à Tours après la mort de Louis XI (5 janvier-14 mars 1484)|périodique=bulletin de la [[société archéologique de Touraine]]|tome=LX|année=2014|issn=1149-4670|page=231}}.</ref>. Ce n’est que dans le courant de 1484 qu’il se rapproche de la régente [[Anne de France|Anne de Beaujeu]] et de [[Charles VIII (roi de France)|{{nobr|Charles {{VIII}}}}]] {{incise|ce dernier a alors atteint {{nobr|14 ans}}, âge de la majorité pour un roi de France{{Note|Une ordonnance de {{nobr|Charles V}} a fixé, en 1374, la majorité du roi de France à {{nobr|14 ans}} et organisé la régence<ref>{{Base Archim|03849}}.</ref>.|groupe=Note}} ; il accède donc officiellement au pouvoir}} et assiste à d’importantes réunions du [[Conseil du roi de France]]<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Ymbert s’attache à {{nobr|Charles {{VIII}}}} et aux Beaujeu''|p=61}}.</ref> car son nom, ainsi que celui d'une cinquantaine d'autres personnalités, a été rajouté à la liste des membres du Conseil par les Beaujeu<ref name="Aud-241">{{article|auteur=Pierre Audin|titre=Les états généraux réunis à Tours après la mort de Louis XI (5 janvier-14 mars 1484)|périodique=bulletin de la [[société archéologique de Touraine]]|tome=LX|année=2014|issn=1149-4670|page=241}}.</ref>{{,}}{{Note|Le Conseil du roi de France compte, dès l'été 1484, plus d'une centaine de membres mais seuls trente d'entre eux environ, dont Imbert de Batarnay, assistent régulièrement aux séances<ref name="Aud-241"/>.|groupe=Note}}. Conformément aux recommandations de son père, {{nobr|Charles {{VIII}}}} devenu roi garde le seigneur du Bouchage à son service privé<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|119}}}}.</ref>.


Pendant la [[guerre folle]] opposant la régente Anne de Beaujeu et les [[duc d'Orléans|ducs d'Orléans]], de [[Liste des souverains de Bretagne|Bretagne]] et d'[[Liste des comtes puis ducs d'Alençon|Alençon]], Imbert de Batarnay obtient que les habitants d'Orléans, où {{nobr|Louis {{II}}}} d'Orléans s'est réfugié en 1485 après une tentative infructueuse pour renverser la régence, restent fidèles au roi<ref group=MR name="MR-53"/>.
Pendant la [[Guerre folle]] opposant la régente [[Anne de France|Anne de Beaujeu]] et les [[Louis XII|ducs d'Orléans]], de [[François II de Bretagne|Bretagne]] et d'[[René d'Alençon|Alençon]], Imbert de Batarnay obtient que les habitants d'[[Orléans]], où {{nobr|Louis {{II}}}} d'Orléans s'est réfugié en 1485 après une tentative infructueuse pour renverser la régence, restent fidèles au roi<ref group=MR name="MR-53"/>.


==== Activité diplomatique soutenue pendant les guerres d'Italie ====
==== Activité diplomatique soutenue pendant les guerres d'Italie ====
Entre 1487 et 1490, il se rend à plusieurs reprises en Italie plaider la cause du [[marquisat de Saluces]], allié de la France, que [[Charles Ier de Savoie|Charles {{Ier}} de Savoie]] a temporairement annexé<ref group=MR name="MR-53"/>. En 1495, pendant la [[guerres d'Italie#Première guerre d'Italie (1494-1497)|première guerre d'Italie]] qui mobilise la majeure partie de l'armée française, il fait en sorte que [[Maximilien Ier (empereur des Romains)|Maximilien d'Autriche]] n'en profite pas pour organiser une expédition et reprendre la Picardie<ref group=Mt>{{harvsp|texte={{p|194-196}}}}.</ref>. L’[[Espagne]], engagée dans la [[ligue de Venise]], violant ainsi le [[Traité de Barcelone (1493)|traité de Barcelone]], attaque le [[Languedoc]] en 1496 ; Imbert est dépêché pour négocier une paix séparée avec [[Ferdinand le Catholique]]<ref>{{ouvrage |auteur1=Jacques-Xavier Carré de Busserolle |titre=Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine |éditeur=Société archéologique de Touraine <!--|année=1878-1884--> |tome=I |année=1878 |pages totales=480 |page=149 |url texte=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2100400/f156.image }}.</ref>, mais ces tractations semble-t-il infructueuses ne paraissent pas directement liées à la trêve d’Alcalá de Henares conclue en 1497<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|205}}}}.</ref>.
Entre 1487 et 1490, il se rend à plusieurs reprises en Italie plaider la cause du [[marquisat de Saluces]], allié de la France, que [[Charles Ier de Savoie|Charles {{Ier}} de Savoie]] a temporairement annexé<ref group=MR name="MR-53"/>. En 1495, pendant la [[guerres d'Italie#Première guerre d'Italie (1494-1497)|première guerre d'Italie]] qui mobilise la majeure partie de l'armée française, il fait en sorte que [[Maximilien Ier (empereur des Romains)|Maximilien d'Autriche]] n'en profite pas pour organiser une expédition et reprendre la Picardie<ref group=Mt>{{harvsp|texte={{p.|194-196}}}}.</ref>. L’[[Espagne]], engagée dans la [[ligue de Venise]], violant ainsi le [[Traité de Barcelone (1493)|traité de Barcelone]], attaque le [[Languedoc]] en 1496 ; Imbert est dépêché pour négocier une paix séparée avec [[Ferdinand le Catholique]]<ref>{{ouvrage |auteur1=[[Jacques-Xavier Carré de Busserolle]] |titre=Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine |éditeur=Société archéologique de Touraine <!--|année=1878-1884--> |tome=I |année=1878 |pages totales=480 |page=149 |url texte=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2100400/f156.image }}.</ref>, mais ces tractations semble-t-il infructueuses ne paraissent pas directement liées à la trêve d’Alcalá de Henares conclue en 1497<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|205}}}}.</ref>.


==== Gouverneur du dauphin et témoin de la mort du roi ====
==== Gouverneur du dauphin et témoin de la mort du roi ====
C'est juste avant de partir en expédition en Italie, en {{date-|août 1494}}, que {{nobr|Charles {{VIII}}}} nomme Imbert de Batarnay gouverneur du dauphin [[Charles-Orland de France]], qui meurt à la fin de l'{{nobr|année 1495}}<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|152}}}}.</ref>. Monsieur du Bouchage est présent dans la suite du roi, au [[château d'Amboise]], lorsque celui-ci se heurte la tête dans le [[linteau (architecture)|linteau]] d'une porte, causant un [[traumatisme crânien]] qui lui est fatal<ref group=MR name="MR-53"/>.
C'est juste avant de partir en expédition en Italie, en {{date-|août 1494}}, que {{nobr|Charles {{VIII}}}} nomme Imbert de Batarnay gouverneur du dauphin [[Charles-Orland de France]], qui meurt à la fin de l'{{nobr|année 1495}}<ref group="Mt">{{harvsp|Mandrot||texte={{p.|182}}}}.</ref>. Monsieur du Bouchage est présent dans la suite du roi, au [[château d'Amboise]], lorsque celui-ci se heurte la tête dans le [[linteau (architecture)|linteau]] d'une porte, causant un [[traumatisme crânien]] qui lui est fatal<ref group=MR name="MR-53"/>.


=== Louis {{XII}} ===
=== Louis {{XII}} ===
==== Un rang conservé, à l'intérieur comme sur la scène internationale ====
==== Un rang conservé, à l'intérieur comme sur la scène internationale ====
[[Fichier:Ludwig XII. von Frankreich.jpg|vignette|upright=0.5|alt=Portrait d'un homme de trois-quarts. |Louis XII,<br>[[Jehan Perréal]] ([[château de Windsor]]).]]
[[Fichier:Ludwig XII. von Frankreich.jpg|vignette|upright=0.6|alt=Portrait d'un homme de trois-quarts. |Louis XII,<br>[[Jehan Perréal]] ([[château de Windsor]]).]]
Le premier acte d'Imbert de Batarnay sous le règne de [[Louis XII|{{nobr|Louis {{XII}}}}]] témoigne de son rang protocolaire : lors des obsèques de {{nobr|Charles {{VIII}}}}, il est l'une des quatre personnes qui, marchant derrière le cercueil, soutiennent le drap d'or qui le recouvre<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Funérailles de {{nobr|Charles {{VIII}}}}. Conseiller de Louis XII''|p=86}}.</ref>. C'est ainsi que le cortège, parti d'[[Amboise]], arrive à Paris le {{date-|29|avril|1498}}, trois semaines après la mort du roi<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|209-210}}}}.</ref>.
Le premier acte d'Imbert de Batarnay sous le règne de [[Louis XII|{{nobr|Louis {{XII}}}}]] témoigne de son rang protocolaire : lors des obsèques de {{nobr|Charles {{VIII}}}}, il est l'une des quatre personnes qui, marchant derrière le cercueil, soutiennent le drap d'or qui le recouvre<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Funérailles de {{nobr|Charles {{VIII}}}}. Conseiller de Louis XII''|p=86}}.</ref>. C'est ainsi que le cortège, parti d'[[Amboise]], arrive à Paris le {{date-|29|avril|1498}}, trois semaines après la mort du roi<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|209-210}}}}.</ref>.


Le nouveau roi s'empresse de confirmer Imbert de Batarnay dans ses fonctions ; en compagnie de [[Louis II d'Amboise]], [[évêque]] d'[[Albi]], il intervient le {{date-|17|mai|1498}} auprès du [[Parlement (Royaume de France)|Parlement]] pour exposer les nouvelles orientations de la politique royale<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Funérailles de {{nobr|Charles {{VIII}}}}. Conseiller de Louis XII''|p=87}}.</ref>. Il prend également part aux [[guerres d'Italie]], en 1507 puis en 1509 où il organise la traversée des Alpes par l'armée française<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|234-235}}}}.</ref>, même s'il semble peu probable qu'il ait lui-même franchi la frontière : son âge et sa santé précaire le contraignent à réduire ses activités et ses déplacements<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Mariage de François, son fils ; mort de Georgette, sa femme''|p=91}}.</ref>. Son fils François, par contre, fait partie de l’expédition et participe à la [[bataille d’Agnadel]]<ref name="L-62"/>.
Le nouveau roi s'empresse de confirmer Imbert de Batarnay dans ses fonctions ; en compagnie de [[Louis II d'Amboise]], [[évêque]] d'[[Albi]], il intervient le {{date-|17|mai|1498}} auprès du [[Parlement (Royaume de France)|Parlement]] pour exposer les nouvelles orientations de la politique royale<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Funérailles de {{nobr|Charles {{VIII}}}}. Conseiller de Louis XII''|p=87}}.</ref>. Il prend également part aux [[guerres d'Italie]], en 1507 puis en 1509 où il organise la traversée des Alpes par l'armée française<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|234-235}}}}.</ref>, même s'il semble peu probable qu'il ait lui-même franchi la frontière : son âge et sa santé précaire le contraignent à réduire ses activités et ses déplacements<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Mariage de François, son fils ; mort de Georgette, sa femme''|p=91}}.</ref>. Son fils François, par contre, fait partie de l’expédition et participe à la [[bataille d’Agnadel]]<ref name="L-62"/>.


==== Les affaires matrimoniales royales ====
==== Les affaires matrimoniales royales ====
Son rôle dans les projets matrimoniaux du roi est capital. Il intervient dans la procédure d'annulation du premier mariage de {{nobr|Louis {{XII}}}} avec [[Jeanne de France (1464-1505)|Jeanne de France]], à titre de témoin cité par le roi, et il comparaît devant le [[tribunal ecclésiastique]] d'Amboise en {{date-|septembre 1498}}<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|223-224}}}}.</ref>. Avant même la décision acquise, Imbert œuvre pour le remariage du roi avec [[Anne de Bretagne]], se rendant à [[Nantes]], contribuant ainsi au maintien de la [[Duché de Bretagne|Bretagne]] dans la [[Couronne de France]] et il est nommé gouverneur de leurs enfants<ref group=MR name="MR-54"/>. C'est encore lui qui, quelques mois après la mort d'Anne, va accueillir à [[Boulogne-sur-Mer]] la jeune [[Marie d'Angleterre (1496-1533)|Marie d'Angleterre]] et l'accompagne jusqu'à [[Abbeville]] où le roi l'épouse en troisièmes noces<ref group=MR name="MR-54"/>. Enfin, {{nobr|Louis {{XII}}}} lui confie la difficile mission de faire savoir aux envoyés de [[Philippe le Beau]] que le roi de France, après lui avoir promis la main de sa fille [[Claude de France (1499-1524)|Claude]], préfère en définitive unir celle-ci à François de Valois, futur {{nobr|François {{Ier}}}}<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|234}}}}.</ref>.
Son rôle dans les projets matrimoniaux du roi est capital. Il intervient dans la procédure d'annulation du premier mariage de {{nobr|Louis {{XII}}}} avec [[Jeanne de France (1464-1505)|Jeanne de France]], à titre de témoin cité par le roi, et il comparaît devant le [[tribunal ecclésiastique]] d'Amboise en {{date-|septembre 1498}}<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|223-224}}}}.</ref>. Avant même la décision acquise, Imbert œuvre pour le remariage du roi avec [[Anne de Bretagne]], se rendant à [[Nantes]], contribuant ainsi au maintien de la [[Duché de Bretagne|Bretagne]] dans la [[Couronne de France]] et il est nommé gouverneur de leurs enfants<ref group=MR name="MR-54"/>. C'est encore lui qui, quelques mois après la mort d'Anne, va accueillir à [[Boulogne-sur-Mer]] la jeune [[Marie Tudor (1496-1533)|Marie Tudor]] et l'accompagne jusqu'à [[Abbeville]] où le roi l'épouse en troisièmes noces en octobre 1514<ref group=MR name="MR-54"/>. Enfin, {{nobr|Louis {{XII}}}} lui confie la difficile mission de faire savoir aux envoyés de [[Philippe le Beau]] que le roi de France, après lui avoir promis la main de sa fille [[Claude de France (1499-1524)|Claude]], préfère en définitive unir celle-ci à François de Valois, futur {{nobr|François {{Ier}}}}<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|234}}}}.</ref>.


=== François {{Ier}} ===
=== François {{Ier}} ===
==== L'âge venant, une activité réduite ====
==== L'âge venant, une activité réduite ====
[[Fichier:Francis1-1.jpg|vignette|gauche|upright=0.5|alt=Portrait d'un homme en buste de face. |François {{Ier}},<br>[[Jean Clouet]] ([[musée du Louvre|Le Louvre]], [[Paris]]).]]
[[Fichier:Francis1-1.jpg|vignette|gauche|upright=0.5|alt=Portrait d'un homme en buste de face. |François {{Ier}},<br>[[Jean Clouet]] ([[musée du Louvre|Le Louvre]], [[Paris]]).]]
Bien qu'après la mort de {{nobr|Louis {{XII}}}}, Imbert de Batarnay, vieillissant, se voie contraint de limiter ses activités et ses déplacements, [[François Ier (roi de France)|{{nobr|François {{Ier}}}}]] le charge de négocier le mariage entre [[Renée de France]] et Charles d'Autriche, qui va règner sous le nom de [[Charles Quint]]<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|249}}}}.</ref> ; ce projet devient caduc après la conclusion du [[traité de Noyon]] en 1516<ref>{{article|auteur=Gabriel Braun|titre=Le mariage de Renée de France avec Hercule d'Esté : une inutile mesalliance. 28 juin 1528 |périodique=Histoire, économie et société |année=1988 |numéro=2, septième année |page=147 |doi=10.3406/hes.1988.1510}}.</ref>. {{nobr|François {{Ier}}}} mandate Imbert de Batarnay, en 1511, auprès d'une réunion des [[États provinciaux (Ancien Régime)|États]] de [[Normandie]] à [[Évreux]] pour formuler une demande d'aide financière<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|240-241}}}}.</ref>. Sur le point de franchir les Alpes pour la [[Guerres d'Italie#Cinquième guerre d'Italie (1515-1516)|cinquième guerre d'Italie]], le souverain confie l'administration du royaume à [[Louise de Savoie|sa mère]], lui recommandant de s'entourer de conseillers dont Imbert de Batarnay<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|252}}}}.</ref>.
Bien qu'après la mort de {{nobr|Louis {{XII}}}}, Imbert de Batarnay, vieillissant, se voit contraint de limiter ses activités et ses déplacements, [[François Ier (roi de France)|{{nobr|François {{Ier}}}}]] le charge de négocier le mariage entre [[Renée de France]] et Charles d'Autriche, qui va régner sous le nom de [[Charles Quint]]<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|249}}}}.</ref> ; ce projet devient caduc après la conclusion du [[traité de Noyon]] en 1516<ref>{{article|auteur=Gabriel Braun|titre=Le mariage de Renée de France avec Hercule d'Esté : une inutile mésalliance. 28 juin 1528 |périodique=Histoire, économie et société |année=1988 |numéro=2, septième année |page=147 |doi=10.3406/hes.1988.1510}}.</ref>. {{nobr|François {{Ier}}}} mandate Imbert de Batarnay, en 1511, auprès d'une réunion des [[États provinciaux (Ancien Régime)|États]] de [[Normandie]] à [[Évreux]] pour formuler une demande d'aide financière<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|240-241}}}}.</ref>. Sur le point de franchir les Alpes pour la [[Guerres d'Italie#Cinquième guerre d'Italie (1515-1516)|cinquième guerre d'Italie]], le souverain confie l'administration du royaume à [[Louise de Savoie|sa mère]], lui recommandant de s'entourer de conseillers dont Imbert de Batarnay<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|252}}}}.</ref>.


Le roi le nomme également gouverneur de son fils le dauphin [[François de France (1518-1536)|François]] dès la naissance de celui-ci en 1518 ; c'est ainsi que Batarnay fait de fréquents séjours au [[château de Blois]]<ref group=Dx name="Dx-99">{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=99}}.</ref>. Malgré la confiance qu'il lui accorde, {{nobr|François {{Ier}}}} exerce un contrôle sur l'activité de Batarnay, puisqu'il lui reproche, dans une lettre de 1519, de laisser trop facilement les visiteurs pénétrer au château et approcher le dauphin, l'exposant ainsi à une contagion par la [[rougeole]] et la [[variole]], qui menacent alors<ref group=Dx name="Dx-107">{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=107}}.</ref>.
Le roi le nomme également gouverneur de son fils le dauphin [[François de France (1518-1536)|François]] dès la naissance de celui-ci en 1518 ; c'est ainsi que Batarnay fait de fréquents séjours au [[château de Blois]]<ref group=Dx name="Dx-99">{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=99}}.</ref>. Malgré la confiance qu'il lui accorde, {{nobr|François {{Ier}}}} exerce un contrôle sur l'activité de Batarnay, puisqu'il lui reproche, dans une lettre de 1519, de laisser trop facilement les visiteurs pénétrer au château et approcher le dauphin, l'exposant ainsi à une contagion par la [[rougeole]] et la [[variole]], qui menacent alors<ref group=Dx name="Dx-107">{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=107}}.</ref>.
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==== Créancier du roi ====
==== Créancier du roi ====
Face aux difficultés financières rencontrées par le royaume, Imbert consent deux prêts successifs à {{nobr|François {{Ier}}}} : {{unité|12000|livres}} en 1515 (avec un intérêt de {{nobr|600 livres/an}}) puis {{unité|8000|livres}} l'année suivante<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=100}}.</ref>. Imbert de Batarnay confie même au roi l'argenterie de ses châteaux tourangeaux de Bridoré et Montrésor pour un poids de {{nobr|239 [[marc (unité)|marcs]]}}<ref group=LAB name="LAB-55">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=55}}.</ref> (soit une valeur de plus de {{unité|4000|livres}}<ref group=MR name="MR-54"/>{{,}}{{Note|Cette action n'est pas isolée et plusieurs nobles ont prêté vaisselle ou argenterie au roi pour financer le coût des campagnes militaires en Italie<ref>{{ouvrage|auteur=[[Jean-Baptiste Honoré Raymond Capefigue|Jean-Baptiste Capefigue]]|titre=François Ier et la Renaissance |tome=1 |lieu=Bruxelles |éditeur=Wouters| année=1843 |pages totales=179 |passage=88}}.</ref>.|groupe=Note}}), selon l’inventaire détaillé rédigé par [[Philibert Babou]], [[surintendant des finances]], à l’attention du roi<ref group=Dx name="Dx-101">{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=101}}.</ref> ; assiettes, plats et autres récipients ainsi collectés sont fondus et transformés en monnaie.
Face aux difficultés financières rencontrées par le royaume, Imbert consent deux prêts successifs à {{nobr|François {{Ier}}}} : {{unité|12000|livres}} en 1515 (avec un intérêt de {{nobr|600 livres/an}}) puis {{unité|8000|livres}} l'année suivante<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=100}}.</ref>. Imbert de Batarnay confie même au roi l'argenterie de ses châteaux tourangeaux de Bridoré et Montrésor pour un poids de {{nobr|239 [[marc (unité)|marcs]]}}<ref group=LAB name="LAB-55">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=55}}.</ref> (soit une valeur de plus de {{unité|4000|livres}}<ref group=MR name="MR-54"/>{{,}}{{Note|Cette action n'est pas isolée et plusieurs nobles ont prêté vaisselle ou argenterie au roi pour financer le coût des campagnes militaires en Italie<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jean-Baptiste Honoré Raymond Capefigue|Jean-Baptiste Capefigue]]|titre=François Ier et la Renaissance|tome=1|lieu=Bruxelles|éditeur=Wouters|année=1843|pages totales=179|passage=88}}.</ref>.|groupe=Note}}), selon l’inventaire détaillé rédigé par [[Philibert Babou]], [[surintendant des finances]], à l’attention du roi<ref group=Dx name="Dx-101">{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=101}}.</ref> ; assiettes, plats et autres récipients ainsi collectés sont fondus et transformés en monnaie.


== D'immenses biens fonciers et des revenus conséquents ==
== D'immenses biens fonciers et des revenus importants ==
=== Un serviteur fidèle mais « intéressé » ===
=== Un serviteur fidèle mais « intéressé » ===
{{Encadré
{{Encadré
| fond =
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| titre = Les possessions d'Imbert de Batarnay<ref group=Note>Cette carte a été élaborée à partir des données recueillies dans les ouvrages de Louis-Auguste Bossebœuf, Didier Deroux et Bernard de Mandrot cités en bibliographie de cette page. En raison de l'absence de sources concordantes ou d'erreurs possibles de retranscription dans les ouvrages de référence cités pour quelques toponymes, certaines possessions d'Imbert de Batarnay n'ont pu être localisées.</ref>.
| titre = Les possessions d'Imbert de Batarnay<ref group=Note>Cette carte a été élaborée à partir des données recueillies dans les ouvrages de Louis-Auguste Bossebœuf, Denis Deroux et Bernard de Mandrot cités en bibliographie de cette page. En raison de l'absence de sources concordantes ou d'erreurs possibles de retranscription dans les ouvrages de référence cités pour quelques toponymes, certaines possessions d'Imbert de Batarnay n'ont pu être localisées.</ref>.
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{{G|France|43.70|-1.06||5}}
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{{G|France|48.64|-1.51|Mont Saint-Michel|Ville|6|s}}
{{G|France|48.64|-1.51|Mont Saint-Michel|Ville|6|s}}
{{G|France|45.67|5.53|Le Bouchage (Isère)|Ville|6|n}}
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<small>Chaque point représente une commune dans laquelle Imbert de Batarnay a possédé ou géré un ou plusieurs domaines à un moment ou à un autre de sa vie, les quelques points rouges légendés signalant des possessions auxquelles il était plus particulièrement attaché. Cette carte, basée sur les limites du royaume de France en 1477, ne prétend pas être une photographie instantanée de la fortune foncière d'Imbert de Batarnay.</small>
<small>Chaque point représente une commune dans laquelle Imbert de Batarnay a possédé ou géré un ou plusieurs domaines à un moment ou à un autre de sa vie, les quelques points rouges légendés signalant des possessions auxquelles il était plus particulièrement attaché. Cette carte, basée sur les limites du royaume de France en 1477, ne prétend pas être une photographie instantanée de la fortune foncière d'Imbert de Batarnay.</small>
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}}
Imbert de Batarnay sert toujours avec application les rois qui lui accordent leur confiance. Ce zèle n'est toutefois pas dénué d'intérêt, comme le lui fait remarquer en plaisantant {{nobr|Louis {{XI}}}} : {{citation|Je vous donnerai la chose que vous aimez le mieux, qui est argent<ref>{{ouvrage|auteur=M. Godefroy |titre=Mémoires de messire Philippe de Commines, édition revue et augmentée |tome=1 |année=1747 |lieu=Paris|éditeur=Rollin |passage=préface, page 49 |url=https://books.google.fr/books?id=zNhAAAAAcAAJ&pg=PR69&lpg=PR69&dq=louis+XI+je+vous+donnerai+la+chose+que+vous+aimez+le+mieux&source=bl&ots=-Yms3L8S2A&sig=c7XOe7ughc4M5-Fg1I8HX4E7MWI&hl=fr&sa=X&ved=0CCEQ6AEwAGoVChMI453g65j9xgIVw1gUCh1QmgAf#v=onepage&q=louis%20XI%20je%20vous%20donnerai%20la%20chose%20que%20vous%20aimez%20le%20mieux&f=false}}.</ref>}} ; le roi l'appelle d'ailleurs parfois {{citation|le riche comte}}<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''Portrait d'un homme''|p=60}}.</ref>. Imbert est toujours là quand il s'agit de récolter les fruits de sa fidélité, notamment sous forme de territoires ou de [[capitaine (ville)|capitaineries]] confisqués par les rois (au premier rang desquels {{nobr|Louis {{XI}}}}) à leurs ennemis ou simplement à ceux qui avaient le malheur de leur déplaire<ref group=MR name="MR-52"/>. Imbert de Batarnay bénéficie des revenus de ces territoires, ou bien il les échange ou les revend peu après être rentré en leur possession<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|220-221}}}}.</ref>. Toutefois, les activités multiples d'Imbert de Batarnay et ses nombreux déplacements ne lui permettant pas d'assurer lui-même la gestion de ses nombreux domaines, il délègue cette charge à ses plus fidèles serviteurs<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|32}}}}.</ref>.
Imbert de Batarnay sert toujours avec application les rois qui lui accordent leur confiance. Ce zèle n'est toutefois pas dénué d'intérêt, comme le lui fait remarquer en plaisantant {{nobr|Louis {{XI}}}} : {{citation|Je vous donnerai la chose que vous aimez le mieux, qui est argent<ref>{{Ouvrage|auteur1=M. Godefroy|titre=Mémoires de messire Philippe de Commines, édition revue et augmentée|tome=1|lieu=Paris|éditeur=Rollin|année=1747|passage=préface, page 49|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=zNhAAAAAcAAJ&pg=PR69&dq=louis+XI+je+vous+donnerai+la+chose+que+vous+aimez+le+mieux}}.</ref>}} ; le roi l'appelle d'ailleurs parfois {{citation|le riche comte}}<ref group=Fav>{{harvsp|Favier|texte=''Portrait d'un homme''|p=60}}.</ref>. Imbert est toujours là quand il s'agit de récolter les fruits de sa fidélité, notamment sous forme de territoires ou de [[capitaine (ville)|capitaineries]] confisqués par les rois (au premier rang desquels {{nobr|Louis {{XI}}}}) à leurs ennemis ou simplement à ceux qui ont le malheur de leur déplaire<ref group=MR name="MR-52"/>. Imbert de Batarnay bénéficie des revenus de ces territoires, ou bien il les échange ou les revend peu après être entré en leur possession<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|220-221}}}}.</ref>. Toutefois, les activités multiples d'Imbert de Batarnay et ses nombreux déplacements ne lui permettant pas d'assurer lui-même la gestion de ses nombreux domaines, il délègue cette charge à ses plus fidèles serviteurs<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|32}}}}.</ref>.


=== Un énorme patrimoine foncier ===
=== Un énorme patrimoine foncier ===
Dès le début de son règne, {{nobr|Louis {{XI}}}} s'est vengé des proches de son père en confisquant leurs biens et en les redistribuant à ses fidèles, dont Imbert de Batarnay. C'est ainsi que ce dernier « hérite » des possessions dauphinoises de Gabriel de Roussillon, dont le Bouchage<ref group=MR name="MR-50">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=50}}.</ref>. Ce dernier domaine pourrait revenir par héritage à Monsieur de Montchenu, père de Georgette, qu'Imbert de Batarnay convoite. Le marché est lors mis entre les mains de Montchenu : en échange de la main de Georgette, Batarnay s'engage à intercéder auprès du roi pour que le Bouchage revienne à Montchenu, qui refuse cet arrangement. Batarnay déclare alors qu'il se contentera de Georgette et que le roi fera ce qu'il veut des terres. Montchenu est contraint d'accepter cette proposition et {{nobr|Louis {{XI}}}} octroie définitivement les terres à Imbert de Batarnay ; Monsieur de Montchenu, perdant sa fille, dépouillé de son héritage, est emprisonné puis exilé<ref group=MR name="MR-51"/>, même si cette dernière sentence est levée au bout de quelques années<ref group=Mt name="Mt-16">{{harvsp|Mandrot|texte={{p|16-17}}}}.</ref>.
Dès le début de son règne, {{nobr|Louis {{XI}}}} s'est vengé des proches de son père en confisquant leurs biens et en les redistribuant à ses fidèles, dont Imbert de Batarnay. C'est ainsi que ce dernier « hérite » des possessions dauphinoises de Gabriel de Roussillon, dont [[Le Bouchage (Isère)|le Bouchage]] et [[Brangues]]<ref group=MR name="MR-50">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=50}}.</ref>{{,}}<ref>Gabriel [[Famille de Roussillon|de Ro(u)ssillon]] [[Le Bouchage (Isère)|du Bouchage]], aussi [[Château de Brangues|seigneur de Brangues]] et de [[Morestel]] (jusqu'en 1449 pour cette dernière terre), fils de Guillaume de Roussillon et mari sans postérité de [[Maison de Poitiers-Valentinois|Béatrix de Poitiers]]-[[Saint-Vallier (Drôme)|Saint-Vallier]] (fille de Louis de Poitiers et Polissena/Polissiane/Polyxène [[Famille Ruffo di Calabria|Ruffo]] [[Crotone|di Crotone]]), fut spolié de ses terres par [[Louis XI]] en 1461 au profit d'Imbert de Batarnay, aussi doté de Morestel. Mais son neveu maternel Falco [[Montchenu|de Montchenu]] [[Châteauneuf-de-Galaure|de Galaure]], fils d'Hugues de Montchenu et de Claude de Roussillon ''(l'une des sœurs de Gabriel, l'autre étant Catherine, femme de [[Jean II de Toulongeon|Jean de Toulongeon]])'', père de Georgette de Montchenu (mariée de force à Imbert de Batarnay), restait un héritier possible ; cf. les sites [https://books.google.fr/books?id=6MVX-GdQOMoC&pg=PA155&dq=imbert+de+batarnay+georgette+de+montchenu&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjw7r35ubSAAxWQUKQEHcb_DroQ6AF6BAgIEAI#v=onepage&q=imbert%20de%20batarnay%20georgette%20de%20montchenu&f=false Dictionnaire de la Noblesse, t. XIV, p. 155-156] par [[François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois|La Chesnaye]] (édition Schlesinger de 1869) ; [https://brionnais.fr/pm/site/Roussillon_RB.htm Roussillon], d'après Gustave de Rivoire de la Bâtie (1867) ; [https://books.google.fr/books?id=CzNNAAAAMAAJ&pg=PA8&dq=gabriel+de+roussillon+bouchage&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwilodbkn7SAAxXeUKQEHc_SBgAQ6AF6BAgMEAI#v=onepage&q=gabriel%20de%20roussillon%20bouchage&f=false Ymbert de Batarnay, p. 7-17], par Bernard de Mandrot (1886) ; [https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=guillaume&n=de+roussillon&oc=2 Geneanet Pierfit : Guillaume de Roussillon].</ref>. Mais ce dernier domaine pouvait revenir par héritage à Foulques (Falco(n), Falque(s)) [[Montchenu|de Montchenu]], père de Georgette de Montchenu, qu'Imbert de Batarnay convoite. Le marché est alors mis entre les mains de Montchenu : en échange de la main de Georgette, Batarnay s'engage à intercéder auprès du roi pour que le Bouchage revienne à Montchenu, qui refuse cet arrangement. Batarnay déclare alors qu'il se contentera de Georgette et que le roi fera ce qu'il veut des terres. Montchenu est contraint d'accepter cette proposition et {{nobr|Louis {{XI}}}} octroie définitivement les terres à Imbert de Batarnay ; Monsieur de Montchenu, perdant sa fille, dépouillé de son héritage, est emprisonné puis exilé<ref group=MR name="MR-51"/>, même si cette dernière sentence est levée au bout de quelques années<ref group=Mt name="Mt-16">{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|16-17}}}}.</ref>. Imbert obtient de plus [[Morestel]] en 1478, terre qui avait aussi appartenu aux [[Liste des comtes d'Albon puis dauphins de Viennois|Dauphins]] et aux Roussillon du Bouchage. Il acquit [[Faramans (Isère)|Faramans]] en 1476.


Dans le sud de la France et notamment le [[Gers (département)|Gers]], de le même façon, Imbert se voit confier fin 1469 la gestion d'un grand nombre de domaines confisqués par {{nobr|Louis {{XI}}}} à [[Jean V d'Armagnac]], avant que la déclaration de confiscation ne soit officiellement enregistrée et n'en fasse le propriétaire légal<ref group=Mt name="Mt-40">{{harvsp|Mandrot|texte={{p|40}}}}.</ref>.
Dans le sud de la France et notamment le [[Gers (département)|Gers]], de la même façon, Imbert se voit confier fin 1469 la gestion d'un grand nombre de domaines confisqués par {{nobr|Louis {{XI}}}} à [[Jean V d'Armagnac]], avant que la déclaration de confiscation ne soit officiellement enregistrée et n'en fasse le propriétaire légal<ref group=Mt name="Mt-40">{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|40}}}}.</ref>.


Depuis l'exécution, en 1477, de [[Jacques d'Armagnac]], {{nobr|Louis {{XI}}}} se trouve à la tête d'importants domaines en [[Picardie]] et dans le [[Rouergue]]. Beaucoup reviennent en don à Imbert de Batarnay<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|70}}}}.</ref>, qui augmente par ailleurs son patrimoine foncier par l'achat de domaines [[Touraine|tourangeaux]] : seigneurie de [[Bridoré]] vers 1475 et châtellenie de [[Montrésor]] en 1493<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|81 et 185}}}}.</ref>. Pour ce dernier domaine, il fait jouer une forme de [[droit de préemption]], car il se trouve au nombre des créanciers de l'ancien propriétaire fortement endetté<ref>{{ouvrage|auteur=Abbé Buchet|titre=Le château et l'église collégiale de Montrésor |lieu=Tours|éditeur=Paul Bouserez |année=1876 |pages totales=35 |passage=17-18}}.</ref>. Ces acquisitions en Touraine montrent la volonté d'Imbert de Batarnay de séjourner non loin de Tours et de la vallée de la Loire<ref group=Dx name="DX-47"/> qui constituent alors pour les rois de France, et comme le déclare {{nobr|Louis {{XI}}}} en 1482 : {{citation|nostre principalle et plus continuelle résidence<ref>{{ouvrage |auteur1=Bernard Chevalier |directeur=oui |titre=Histoire de Tours |année=1985 |lieu=Toulouse |éditeur=Privat |collection=Univers de la France et des pays francophones |pages totales=415 |passage=127 |isbn=2-708-98224-9}}.</ref>}}.
Depuis l'exécution, en 1477, de [[Jacques d'Armagnac]], {{nobr|Louis {{XI}}}} se trouve à la tête d'importants domaines en [[Picardie (province de France)|Picardie]] ([[Dargies]], [[Clairy-Saulchoix|Clairy]], la [[Ailly-sur-Somme|forêt d'Ailly]]) et dans le [[Rouergue]] ([[Bozouls]]<ref name=":0" />). Beaucoup reviennent en don à Imbert de Batarnay<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|70}}}}.</ref>, qui est aussi dit ''[[Comté de Fezensac|comte de Fézensac]]'', et augmente par ailleurs son patrimoine foncier par l'achat de domaines [[Touraine|tourangeaux]] : seigneurie de [[Bridoré]] vers 1475 et châtellenie de [[Montrésor]] en 1493<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|81 et 185}}}}.</ref>. Pour ce dernier domaine, il fait jouer une forme de [[droit de préemption]], car il se trouve au nombre des créanciers de l'ancien propriétaire fortement endetté<ref>{{Ouvrage|auteur1=Abbé Buchet|titre=Le château et l'église collégiale de Montrésor|lieu=Tours|éditeur=Paul Bouserez|année=1876|pages totales=35|passage=17-18}}.</ref>. Ces acquisitions en Touraine montrent la volonté d'Imbert de Batarnay de séjourner non loin de [[Tours]] et de la [[Val de Loire|vallée de la Loire]]<ref group=Dx name="DX-47"/> qui constituent alors pour les rois de France, et comme le déclare {{nobr|Louis {{XI}}}} en 1482 : {{citation|nostre principalle et plus continuelle résidence<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Bernard Chevalier]] |directeur1=oui |titre=Histoire de Tours |lieu=Toulouse |éditeur=[[Éditions Privat|Privat]] |collection=Univers de la France et des pays francophones |année=1985 |pages totales=415 |passage=127 |isbn=2-7089-8224-9}}.</ref>}}. En Haut-Berry/Bourbonnais, il guigne en vain, en 1481-1483, [[Château de Culan|Culan]], [[Châteauneuf-sur-Cher|Châteauneuf]] et [[Saint-Désiré]] aux dépens des fils de [[Charles de Culant|Charles de Culan]]<ref name=":0">{{Lien web |titre=Les biens d'Imbert de Batarnay |url=https://books.google.fr/books?id=CzNNAAAAMAAJ&pg=PA130&dq=auberives+batarnay&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwiDvOOV-7SAAxWkTaQEHWDVDn8Q6AF6BAgKEAI#v=onepage&q=auberives%20batarnay&f=false |site=Ymbert de Batarnay du Bouchage, par Bernard de Mandrot, chez Alphonse Picard, à Paris, 1886}}</ref>. En octobre 1477, il obtient de Louis XI [[Saint-Quentin-Fallavier|Falaviers]], [[Anthon]], [[Auberives-sur-Varèze|Auberive]], confisqués au [[Principauté d'Orange|prince d'Orange]], [[Jean IV de Chalon-Arlay|Jean de Chalon-Arlay]] (déjà son grand-père [[Louis II de Chalon-Arlay|Louis de Chalon]] était vaincu à la [[bataille d'Anthon]], en 1430) (<ref name=":0" />, p. 130). En 1481/1482, il reçoit de Louis XI des biens spoliés aux [[Maison de Luxembourg|Luxembourg]]-[[Liste des comtes de Saint-Pol|Saint-Pol]] ([[Louis de Luxembourg-Saint-Pol|Louis]] et [[Jean de Luxembourg (1400-1466)|Jean]]) : [[Ailly-sur-Noye|Ailly]], [[Bray-sur-Somme|Bray]], [[Sourdon|Sorden]], [[Villers-Tournelle|Villiers]] etc. (<ref name=":0" />, p. 103).


=== Des revenus importants habilement placés ===
=== Des revenus importants habilement placés ===
[[Fichier:Mont Saint Michel bordercropped.jpg|vignette|gauche|alt=Vue générale d'un îlot construit et surmonté d'une église. |Le Mont Saint-Michel, capitainerie d'Imbert de Batarnay.]]
[[Fichier:Mont Saint Michel bordercropped.jpg|vignette|gauche|alt=Vue générale d'un îlot construit et surmonté d'une église. |Le Mont Saint-Michel, capitainerie d'Imbert de Batarnay.]]
Le montant des revenus de toutes les possessions d'Imbert de Batarnay et des capitaineries qu'il détient est difficile à évaluer, mais à titre d'exemple, le revenu annuel de ses terres [[Gers (département)|gersoises]] est estimé à {{unité|5000|[[livre tournois|livres tournois]]}}<ref group=Mt name="Mt-40"/>, celui de la capitainerie du Mont-Saint-Michel à {{unité|1200|livres}}<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|25}}}}.</ref>, ces revenus substantiels servant cependant, pour partie, à financer les imposantes dépenses d'entretien de tous ces domaines. Imbert de Batarnay touche en outre une rente annuelle de {{unité|5000|livres}} pour sa fonction de chambellan<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|241}}}}.</ref>. [[Fichier:Écu d'or au soleil sous Louis XI le Prudent.jpg|vignette|upright|alt=Vue, avers et revers, d'une pièce en or du règne de Louis XI. |Écu d'or au soleil sous {{nobr|Louis {{XI}}}}.]]Il ne se contente pas d'amasser un capital : il le fait fructifier ; c'est en 1478 qu'il décide de confier une partie de ses fonds à l'[[agence bancaire|agence]] lyonnaise de la [[banque des Médicis]], pour un montant de {{unité|10000|[[Écu (monnaie)#Description de l'écu d'or au soleil de Louis XI (1461 à 1483)|écus d'or au soleil]]}}<ref group=Dx name="DX-47">{{harvsp|Deroux|texte=''De nombreuses autres acquisitions : en Dauphiné''|p=47}}.</ref> (environ {{unité|16500|livres tournois}}) mais, investisseur prudent, il retire son avoir lorsque capital et intérêts se montent à {{unité|13175|écus}}<ref group=LAB name="LAB-53">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=53}}.</ref> (environ {{unité|21700|livres tournois}}) avant que {{nobr|Charles VIII}} n'ordonne, en 1494, l'expulsion de la banque des Médicis de Lyon vers la [[Duché de Savoie|Savoie]]<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p|188}}}}.</ref>. Par la suite, Imbert de Batarnay se lie d'amitié avec la [[famille de Beaune]], auprès de laquelle il investit<ref group=Dx name="Dx-99"/> et dont la banque semble fonctionner comme une annexe du trésor public plutôt que comme une banque indépendante<ref>{{ouvrage|auteur=Bernard Chevalier |titre=Tours, ville royale - 1356-1520 |lieu=Chambray-lès-Tours |année=1983 |édition=CLD |pages totales=343 |isbn=2-854-43047-6 |passage=167-169}}.</ref>.
Le montant des revenus de toutes les possessions d'Imbert de Batarnay et des capitaineries qu'il détient est difficile à évaluer, mais à titre d'exemple, le revenu annuel de ses terres [[Gers (département)|gersoises]] est estimé à {{unité|5000|[[livre tournois|livres tournois]]}}<ref group=Mt name="Mt-40"/>, celui de la capitainerie du Mont-Saint-Michel à {{unité|1200|livres}}<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|25}}}}.</ref>, ces revenus substantiels servant cependant, pour partie, à financer les imposantes dépenses d'entretien de tous ces domaines. Imbert de Batarnay touche en outre une rente annuelle de {{unité|5000|livres}} pour sa fonction de chambellan<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|241}}}}.</ref>. [[Fichier:Écu d'or au soleil sous Louis XI le Prudent.jpg|vignette|upright|alt=Vue, avers et revers, d'une pièce en or du règne de Louis XI. |Écu d'or au soleil sous {{nobr|Louis {{XI}}}}.]]Il ne se contente pas d'amasser un capital : il le fait fructifier ; c'est en 1478 qu'il décide de confier une partie de ses fonds à l'[[agence bancaire|agence]] lyonnaise de la [[banque des Médicis]], pour un montant de {{unité|10000|[[Écu (monnaie)#Description de l'écu d'or au soleil de Louis XI (1461 à 1483)|écus d'or au soleil]]}}<ref group=Dx name="DX-47">{{harvsp|Deroux|texte=''De nombreuses autres acquisitions : en Dauphiné''|p=47}}.</ref> (environ {{unité|16500|livres tournois}}) mais, investisseur prudent, il retire son avoir lorsque capital et intérêts se montent à {{unité|13175|écus}}<ref group=LAB name="LAB-53">{{harvsp|Bosseboeuf|texte=''Imbert et sa famille''|p=53}}.</ref> (environ {{unité|21700|livres tournois}}) avant que {{nobr|Charles VIII}} n'ordonne, en 1494, l'expulsion de la banque des Médicis de Lyon vers la [[Duché de Savoie|Savoie]]<ref group=Mt>{{harvsp|Mandrot|texte={{p.|188}}}}.</ref>. Par la suite, Imbert de Batarnay se lie d'amitié avec la [[famille de Beaune]], auprès de laquelle il investit<ref group=Dx name="Dx-99"/> et dont la banque semble fonctionner comme une annexe du [[Trésor royal]] plutôt que comme une banque indépendante<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Bernard Chevalier|titre=Tours, ville royale - 1356-1520|lieu=Chambray-lès-Tours|éditeur=CLD|année=1983|pages totales=343|passage=167-169|isbn=2-85443-047-6}}.</ref>.


=== Une fortune âprement acquise malgré l'adversité ===
=== Une fortune âprement acquise malgré l'adversité ===
Imbert de Batarnay n'hésite jamais à employer tous les moyens légaux, même les plus contraignants, pour entrer en possession des biens qu'il achète ou qui lui sont donnés, comme lorsqu'en 1493 il s'assure du soutien des forces de l'ordre, mandatées par le roi, pour obtenir que l'ancienne châtelaine de Montrésor lui cède la place<ref group=MR>{{harvsp|raconte|texte=''Le temps des courtisans''|p=48-49}}.</ref>.
Imbert de Batarnay n'hésite jamais à employer tous les moyens légaux, même les plus contraignants, pour entrer en possession des biens qu'il achète ou qui lui sont donnés, comme lorsqu'en 1493 il s'assure du soutien des forces de l'ordre, mandatées par le roi, pour obtenir que l'ancienne [[Château de Montrésor|châtelaine de Montrésor]] lui cède la place<ref group=MR>{{harvsp|raconte|texte=''Le temps des courtisans''|p=48-49}}.</ref>.


Malgré tout, conserver toutes ces possessions, acquises pour certaines au terme d’une justice royale expéditive, ne va pas de soi. Dans les premiers mois qui suivent la mort de {{nobr|Louis {{XI}}}}, l’influence d’Imbert de Batarnay auprès de la [[cour (palais)|cour]] diminue<ref group=MR name="MR-52">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=52}}.</ref> ; de plus, des propriétaires spoliés par {{nobr|Louis {{XI}}}}, ou leurs descendants, demandent et obtiennent de rentrer dans leurs droits. C’est ainsi qu’Imbert de Batarnay doit rendre à la [[maison d'Armagnac|famille d’Armagnac]] la plupart de ses possessions du [[Rouergue]], mais il s’en console facilement : des indemnités substantielles compensent la perte des territoires<ref group=Dx name="Dx-57"/>. En arrivant sur le trône, {{nobr|François {{Ier}}}} annule toutes les décisions de ses prédécesseurs relatives aux [[aliénation#domaine juridique|aliénations]] de domaines, dont les possessions dauphinoises d'Imbert. Monsieur du Bouchage n'a pas le temps de s'en ouvrir au roi que ses amis à la cour ont déjà intercédé en sa faveur et qu'il est rétabli dans ses droits ; ses titres de propriétés sont définitivement acquis en 1519<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=105}}.</ref>.
Malgré tout, conserver toutes ces possessions, acquises pour certaines au terme d’une justice royale expéditive, ne va pas de soi. Dans les premiers mois qui suivent la mort de {{nobr|Louis {{XI}}}}, l’influence d’Imbert de Batarnay auprès de la [[cour (palais)|cour]] diminue<ref group=MR name="MR-52">{{harvsp|raconte|texte=''Imbert de Batarnay''|p=52}}.</ref> ; de plus, des propriétaires spoliés par {{nobr|Louis {{XI}}}}, ou leurs descendants, demandent et obtiennent de rentrer dans leurs droits. C’est ainsi qu’Imbert de Batarnay doit rendre à la [[maison d'Armagnac|famille d’Armagnac]] la plupart de ses possessions du [[Rouergue]], mais il s’en console facilement : des indemnités substantielles compensent la perte des territoires<ref group=Dx name="Dx-57"/>. En arrivant sur le trône, {{nobr|François {{Ier}}}} annule toutes les décisions de ses prédécesseurs relatives aux [[Aliénation juridique|aliénations]] de domaines, dont les possessions dauphinoises d'Imbert. Monsieur du Bouchage n'a pas le temps de s'en ouvrir au roi que ses amis à la cour ont déjà intercédé en sa faveur et qu'il est rétabli dans ses droits ; ses titres de propriétés sont définitivement acquis en 1519<ref group=Dx>{{harvsp|Deroux|texte=''Conseiller de François Ier''|p=105}}.</ref>.
=== Descendance ===
Imbert de Batarnay et Georgette de Montchenu ont trois enfants :

* [[Jeanne de Batarnay]] (né vers 1470), qui épouse en 1489 [[Jean de Poitiers (noble)|Jean de Poitiers]]-[[Saint-Vallier (Drôme)|Saint-Vallier]] (1475-1539). Elle est la mère de [[Diane de Poitiers]], qui, par les [[Liste des seigneurs puis ducs d'Aumale|ducs d'Aumale]]-[[Savoie-Nemours]] issus de sa fille cadette [[Louise de Brézé]], est une ancêtre de [[Louis XV]] et des rois d'Espagne, des [[Liste des rois d'Italie|rois d'Italie]] de la [[Maison de Savoie]], des [[Henri de Lorraine-Chaligny|Lorraine-Chaligny]]-[[Claude-Lamoral Ier de Ligne|Ligne]], des [[François-Henri de Montmorency-Luxembourg|Montmorency]]-[[Liste des ducs de Piney-Luxembourg|Piney-Luxembourg]], des ([[Louis-Henri de Bourbon-Soissons|Soissons]])-[[Duc de Luynes|d'Albert de Luynes]]<ref group="Mt" name="Arb" /> ; et par sa fille aînée [[Françoise de Brézé]], Diane de Poitiers est une ancêtre des [[Charles d'Angoulême (1573-1650)|ducs d'Angoulême]], des [[Anne de Lévis|Lévis]]-[[Liste des vicomtes, comtes et ducs de Ventadour|Ventadour]], des [[Famille de Loménie|Loménie de Brienne]]. Par les deux autres filles de Jeanne de Batarnay, Anne et Françoise de Poitiers, postérité notamment chez les [[Maison de Beauvilliers|Beauvilliers]]-[[Saint-Aignan (Loir-et-Cher)|Saint-Aignan]], les [[Maison de Clermont-Tonnerre|Clermont-Tonnerre]], les [[Maison de Polignac|Chalencon-Polignac]], les [[Maison de Crussol|Crussol]] [[Liste des seigneurs, vicomtes et ducs d'Uzès|d'Uzès]], les [[Maison de Pérusse des Cars|D'Escars]] [[Liste des seigneurs puis princes de Carency|de Carency]] [[Château de Lavauguyon|de La Vauguyon]]...
* Jean de Batarnay (vers 1465-vers 1490), qui épouse en 1490 Françoise Dauphine [[Saint-Forgeux-Lespinasse|de l'Espinasse]] (1475-1540).
* François de Batarnay (il meurt prédécédé en 1513, en l'[[Abbaye Saint-Pierre de Corbie|abbaye de Corbie]]), qui épouse Françoise ''la Jeune'' [[Maison de Maillé|de Maillé]] (1496-1516 ; une des filles de François de Maillé et petites-filles d'Hardouin IX de Maillé) :
** leur fils René de Batarnay († v. ou ap. 1580 ; cf.<ref name=":0" />, p. 281-291), capitaine du [[Le Mont-Saint-Michel|Mont-Saint-Michel]], [[Liste des chevaliers de l'ordre de Saint-Michel|chevalier de St-Michel]], baron [[Le Bouchage (Isère)|du Bouchage]], [[Anthon|d'Anthon]] et d'[[Auberives-sur-Varèze|Auberives]], puis '''comte du Bouchage''' en mai 1540, sire de [[Bathernay|Batarnay]], de [[Charmes-sur-l'Herbasse|Charmes]] et de [[Morestel]], de [[Château de Brangues|Brangues]], de [[Dolomieu (Isère)|Dolomieu]] et [[Les Avenières|des Avenières]], de [[Montrésor]], de [[Moulins-sur-Yèvre|Moulins]] et de [[Bridoré]], convole vers 1530 avec [[René de Savoie|Isabelle de Savoie]], d'où :
*** Claude de Batarnay († prédécédé en 1567 à [[Bataille de Saint-Denis (1567)|St-Denis]]), x 1561 [[Jacqueline de Montbel d'Entremont|Jacqueline d'Entremont]] qui se remarie en 1571 à [[Gaspard II de Coligny|Coligny]] ;
*** Françoise de Batarnay († v. 1607), dame de [[Bathernay|Batarnay]], de [[Saint-Donat-sur-l'Herbasse]] et de [[Charmes-sur-l'Herbasse|Charmes]], [[Dargies|d'Argi]], de [[Clairy-Saulchoix|Cléry]] et de la forêt d'Ailly, [[Château de Montrésor|dame de Montrésor]], x 1551 François [[Ailly-le-Haut-Clocher|d'Ailly]]-[[Liste des seigneurs de Picquigny|Picquigny]], [[Liste des vidames d'Amiens|vidame]] [[Amiens|d'Amiens]], châtelain de [[Mailly-Raineval|Raineval]] († 1560) : elle vend en juillet 1602 Batharnay, St-Donat et Charmes à Antoine Dautun/d'Autun, [[sénéchal de Lyon]] ;
*** Marie de Batarnay (1539-1595), comtesse [[Le Bouchage (Isère)|du Bouchage]] et dame de [[Brangues]], qui convole en 1559 avec [[Guillaume de Joyeuse]] (1520-1592), [[maréchal de France]] et chef de la [[Maison de Joyeuse]], dont elle aura sept fils, parmi lesquels :
**** l'[[Amiral de France|amiral]]-[[Liste des ducs de Joyeuse|duc]] [[Anne de Joyeuse]]<ref group="Mt" name="Arb" />,
**** le maréchal-duc [[Henri de Joyeuse]], comte du Bouchage. La fille héritière d'Henri, la duchesse [[Henriette-Catherine de Joyeuse]] (1585-1656), comtesse du Bouchage puis dame de Montrésor, cède [[Montrésor]] en 1621 à Henri [[Bourdeilles|de Bourdeilles]] [[Archiac|d'Archiac]], aussi donataire [[Dargies|d'Argies]] de la part de Françoise de Batarnay ci-dessus ''([https://francearchives.gouv.fr/facomponent/0d24afacedd09c624e8c563ee4654505c2cd1cf4#tree-hierarchy FranceArchives : hommage de Dargies])'', mari de Madeleine de La Châtre-Nançay (fille de Gaspard de La Châtre et Gabrielle de Batarnay ci-après) et père de [[Claude de Bourdeille]] ''—'' ''en 1671, Montrésor est acquis par une fille cadette d'Henriette-Catherine, [[Marie de Guise (1615-1688)|Marie, duchesse de Guise]] (1615-1688) ; en 1697, Montrésor passe aux Beauvilliers-Saint-Aignan rencontrés plus haut'' ''—'' [[Anthon]] étant cédé dès 1610 à Jean-Jacques [[Famille de Goth|de Goth]] [[Blanquefort (Gironde)|de Blanquefort]]. La fille aînée d'Henriette-Catherine, [[Marie de Bourbon-Montpensier]] (1605-1627), la mère de ''[[Anne-Marie-Louise d'Orléans|la Grande Mademoiselle]]'', est encore dite comtesse du Bouchage, mais on trouve ensuite Brangues et Le Bouchage aux mains du frère de Madeleine de La Châtre, Henri de La Châtre, comte de [[Nançay]] ci-dessous : en échange, les Avenières et Dolomieu passent en partie aux Montpensier ;
**** [[François de Joyeuse]] ; et [[Antoine Scipion de Joyeuse|Antoine-Scipion de Joyeuse]].
*** Anne/Jeanne de Batarnay († 1591), x 1582 [[Bernard de Nogaret|Bernard de Nogaret de La Valette]] (1553-1592) ; la sœur de Bernard, Hélène de Nogaret, épouse en 1582 Jacques [[Famille de Goth|de Goth]] [[Château de Rouillac|de Rouillac]] (v. 1550-1611), d'où Jean-Jacques de Goth (1589-1666 ; acquéreur d'[[Anthon]] ci-dessus en 1610) et Jeanne de Goth, femme de [[Jean Zamet]] ; une autre sœur, Catherine de Nogaret, est la femme d'Henri de Joyeuse ci-dessus ;
*** Gabrielle de Batarnay († ap. 1609), dame de [[Bridoré]] et de [[Morestel]], de [[Dolomieu (Isère)|Dolomieu]], et [[Les Avenières|des Avenières]], épouse en 1570 Gaspard [[Famille de La Châtre|de La Châtre]] [[Nançay|de Nançay]] († 1576) : Postérité, dont Henri de La Châtre, {{1er}} comte de Nançay, et ses sœurs Madeleine (rencontrée plus haut, femme d'Henri de Bourdeilles) et Gasparde de La Châtre (femme de [[Jacques Auguste de Thou|Jacques-Auguste de Thou]]) ;
*** De 1607/1608 à 1610 puis à 1642, les susdits descendants d'Imbert de Batarnay vendirent Dolomieu, les Avenières, le Bouchage, Brangues et Morestel aux [[Famille de Gratet du Bouchage|Gratet du Bouchage]]<ref>{{Lien web |titre=Notes historiques sur Morestel : Ymbert de Bathernay et ses descendants, p. 114-127, par le chanoine Alexis Auvergne |url=https://www.google.fr/books/edition/Bulletin_d_histoire_eccl%C3%A9siastique_et_d/jc0YAAAAYAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=de+joyeuse+du+bouchage+de+gratet&pg=PA125&printsec=frontcover |site=Bulletin d'Histoire ecclésiastique des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, t. XVII, à Valence, janvier-février 1897}}</ref>.
** La sœur de René, Anne de Batarnay, prit pour mari en 1528 Jean II ou III [[Liste des seigneurs du Lude|Daillon du Lude]] : les [[Liste des souverains de Monaco|princes de Monaco]] ([[Maison de Goüyon|de Goyon]]-[[Matignon (Côtes-d'Armor)|Matignon]]) sont dans leur descendance, comme [[Louis de Rouvroy de Saint-Simon|St-Simon]] ou les [[Duc d'Harcourt|ducs d'Harcourt]] et [[Élisabeth de Wittelsbach|''Sissi'']].


== Chronologie d'Imbert de Batarnay ==
== Chronologie d'Imbert de Batarnay ==
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== Imbert de Batarnay dans la littérature française ==
== Imbert de Batarnay dans la littérature française ==
[[File:Imbert de Batarnay.jpg|thumb|Illustration par Gustave Doré pour les Contes Drolatiques de Balzac.]]
En dehors des mentions qui sont faites de lui dans des ouvrages historiques ou des mémoires de personnalités de son temps, Imbert de Batarnay trouve sa place dans la littérature classique française. [[Honoré de Balzac]] en fait un personnage de deux de ses œuvres :
En dehors des mentions qui sont faites de lui dans des ouvrages historiques ou des mémoires de personnalités de son temps, Imbert de Batarnay trouve sa place dans la littérature classique française. [[Honoré de Balzac]] en fait un personnage de deux de ses œuvres :
* ''[[Maître Cornélius]]'', nouvelle historique rattachée à la ''[[Comédie humaine]]'' et parue en 1831<ref>{{ouvrage|auteur=[[Honoré de Balzac]] |titre=Nouveaux Contes philosophiques|titre chapitre=Maître Cornélius|année=1832 |lieu=Paris |éditeur=Charles Gosselin |pages totales=614|passage=93 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=G_k9AAAAcAAJ&pg=PA93&lpg=PA93&dq=corn%C3%A9lius+bastarnay&source=bl&ots=pDp14XGgaf&sig=L92-9mtT7YC1tm10sJ5b7inP-Us&hl=fr&sa=X&ved=0CEkQ6AEwCGoVChMIyZjzxJONxwIVBdUUCh3ftQQr#v=onepage&q=corn%C3%A9lius%20bastarnay&f=false}}.</ref> ;
* ''[[Maître Cornélius]]'', nouvelle historique rattachée à la ''[[Comédie humaine]]'' et parue en 1831<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Honoré de Balzac]]|titre=Nouveaux Contes philosophiques|lieu=Paris|éditeur=Charles Gosselin|année=1832|pages totales=614|passage=93|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=G_k9AAAAcAAJ&pg=PA93&dq=corn%C3%A9lius+bastarnay|titre chapitre=Maître Cornélius}}.</ref> ;
* ''Berthe la Repentie'', un des ''[[Les Cent Contes drolatiques|Cent Contes drolatiques]]'', publiés en 1832<ref>{{ouvrage|auteur=[[Honoré de Balzac]] |illustrateur=[[Gustave Doré]]|titre=Les cent Contes drolatiques|titre chapitre=Berthe la Repentie |année=1873 |lieu=Paris |éditeur=Garnier |pages totales=614|passage=527 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=jhpcAAAAQAAJ&pg=PA497&lpg=PA497&dq=bastarnay+berthe+la+repentie&source=bl&ots=5AvKM3YHBu&sig=aeF-GdKukUJhwcav1UsdZkiGmdU&hl=fr&sa=X&ved=0CDAQ6AEwA2oVChMI__OSqY-NxwIVRVo-Ch1_SgOP#v=onepage&q=Bastarnay&f=false}}.</ref>.
* ''Berthe la Repentie'', un des ''[[Les Cent Contes drolatiques|Cent Contes drolatiques]]'', publiés en 1832<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Honoré de Balzac]]|illustrateur=[[Gustave Doré]]|titre=Les cent Contes drolatiques|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Garnier Frères|Garnier]]|année=1873|pages totales=614|passage=527|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=jhpcAAAAQAAJ&pg=PA497&q=Bastarnay|titre chapitre=Berthe la Repentie}}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
=== Notes ===
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=== Références ===
=== Références ===
* Louis-Auguste Bossebœuf , ''De l'Indre à l'Indrois : Montrésor, le château, la collégiale, et ses environs : Beaulieu-lès-Loches, Saint-Jean le Liget et la Corroirie'', 1897 :
* Louis-Auguste Bossebœuf, ''De l'Indre à l'Indrois : Montrésor, le château, la collégiale, et ses environs : Beaulieu-lès-Loches, Saint-Jean le Liget et la Corroirie'', 1897 :
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* Didier Deroux, ''Ymbert de Batarnay, le destin d'un Dauphinois aux XV et {{XVIe}} siècles'', 2007 :
* Denis Deroux, ''Ymbert de Batarnay, le destin d'un Dauphinois aux {{s2-|XV|XVI}}'', 2007 :
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* [[Jean Favier]], ''Louis XI'', 2012 :
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* Frédéric Gaultier et Michaël Beigneux, ''Montrésor se raconte'', 2002 :
* Frédéric Gaultier et Michaël Beigneux, ''Montrésor se raconte'', 2002 :
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* Bernard de Mandrot, ''Ymbert de Batarnay, seigneur du Bouchage...'', 1886 :
* Bernard de Mandrot, ''Ymbert de Batarnay, seigneur du Bouchage...'', 1886 :
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* Autres sources
* Autres sources
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== Voir aussi ==
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== Annexes ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
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* {{ouvrage|auteur=Abbé [[Louis-Auguste Bosseboeuf|Louis-Auguste Bossebœuf]] |préface=abbé Émile le Pironnec |titre=De l'Indre à l'Indrois |sous-titre=Montrésor, le château, la collégiale, et ses environs : Beaulieu-lès-Loches, Saint-Jean le Liget et la Corroirie |année=1897 |réimpression=1993 |éditeur=Res Universis |collection=Monographie des villes et villages de France |pages totales=103 |isbn=2-74280-097-2|id=Bosseboeuf}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Abbé [[Louis-Auguste Bosseboeuf|Louis-Auguste Bossebœuf]]|préface=abbé Émile le Pironnec|titre=De l'Indre à l'Indrois|sous-titre=Montrésor, le château, la collégiale, et ses environs : Beaulieu-lès-Loches, Saint-Jean le Liget et la Corroirie|éditeur=Res Universis|collection=Monographie des villes et villages de France|année=1897|réimpression=1993|pages totales=103|isbn=2-7428-0097-2|id=Bosseboeuf}}. {{plume}}
* {{ouvrage|auteur=Didier Deroux |titre=Ymbert de Batarnay, le destin d'un Dauphinois aux XV et XVIe siècles |lieu Bathernay |année=2007|éditeur=chez l'auteur |pages totales=188 |id=Deroux}} {{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Denis Deroux|titre=Ymbert de Batarnay, le destin d'un Dauphinois aux XV et XVIe siècles|éditeur=chez l'auteur|année=2007|pages totales=188|isbn=|id=Deroux|lieu= Bathernay}} {{plume}}
* Maximilien Deroux, « Le mariage d'Ymbert de Batarnay et Georgette de Montchenu (1462) : image de la pratique du pouvoir royal sous Louis XI », in ''La Pierre et l'écrit'' (Presses univ. de Grenoble), {{n°|24}}, 2013, {{p.|41-59}}.
* Maximilien Deroux, « Le mariage d'Ymbert de Batarnay et Georgette de Montchenu (1462) : image de la pratique du pouvoir royal sous Louis XI », in ''La Pierre et l'écrit'' (Presses univ. de Grenoble), {{n°|24}}, 2013, {{p.|41-59}}.
* {{ouvrage|auteur=[[Jean Favier]] |titre=Louis XI |année=2012 |lieu=Paris |édition=Tallandier |collection=Texto |pages totales=1019 |isbn=978-2-847-34987-0 |id=Favier}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean Favier]]|titre=Louis XI|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallandier]]|collection=Texto|année=2012|pages totales=1019|isbn=978-2-84734-987-0|id=Favier}}. {{plume}}
* {{ouvrage|prénom1=Frédéric |nom1=Gaultier |prénom2=Michaël |nom2=Beigneux |titre=Montrésor se raconte |année=2002 |éditeur=Association Montrésor se raconte |lieu=Montrésor|pages totales=169 |isbn=2-85443-411-0|id=raconte}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Gaultier|prénom2=Michaël|nom2=Beigneux|titre=Montrésor se raconte|lieu=Montrésor|éditeur=Association Montrésor se raconte|année=2002|pages totales=169|isbn=2-85443-411-0|id=raconte}}. {{plume}}
* {{ouvrage|auteur=Bernard de Mandrot |titre=Ymbert de Batarnay, seigneur du Bouchage, conseiller des rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier (1438-1523) |lieu=Paris|année=1886 |éditeur=Alphonse Picard |pages totales=403|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1887_num_48_1_447502_t1_0455_0000_3|lire en ligne=https://ia700406.us.archive.org/7/items/ymbertdebatarna00mandgoog/ymbertdebatarna00mandgoog.pdf |format=pdf |id=Mandrot}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Bernard de Mandrot|titre=Ymbert de Batarnay, seigneur du Bouchage, conseiller des rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier (1438-1523)|lieu=Paris|éditeur=Alphonse Picard|année=1886|pages totales=403|format=pdf|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1887_num_48_1_447502_t1_0455_0000_3|lire en ligne=https://ia700406.us.archive.org/7/items/ymbertdebatarna00mandgoog/ymbertdebatarna00mandgoog.pdf|id=Mandrot}}. {{plume}}


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Imbert de Batarnay
Description de cette image, également commentée ci-après
Gisant d'Imbert de Batarnay,
église Saint-Jean-Baptiste de Montrésor.
Alias
Monsieur du Bouchage
Naissance v. 1438
Dauphiné
Décès 85 ans)
Montrésor
Nationalité Drapeau du royaume de France Royaume de France
Profession
Activité principale
Autres activités
Distinctions
Conjoint
Georgette de Montchenu
Descendants
Jean de Batarnay, François de Batarnay, Jeanne de Batarnay

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Imbert de Batarnay (prénom et nom sont parfois orthographiés Ymbert ou Humbert et Bastarnay), également connu comme « Monsieur du Bouchage » du nom de l'un de ses nombreux domaines, dans le Dauphiné, est un homme d'État français du Moyen Âge tardif et de la Renaissance. Il est né vers 1438, probablement à Bathernay dans la Drôme, et mort le à Montrésor (Indre-et-Loire)[1].

Issu de la petite noblesse dauphinoise, remarqué par le futur Louis XI alors qu'il est adolescent, il devient son chambellan puis l'un de ses conseillers les plus écoutés ; il conserve les mêmes fonctions sous les règnes de Charles VIII, Louis XII et François Ier. Tous ces rois le consultent sur les affaires importantes du royaume, lui confient des missions diplomatiques en France comme à l'étranger, le mandatent pour négocier leurs mariages successifs ou le chargent de superviser l'éducation des enfants royaux.

En échange de cette fidélité sans faille, ils en font le propriétaire ou le régisseur de seigneuries et châtellenies dans de nombreuses provinces (Auvergne, Berry, Dauphiné, Guyenne, Languedoc, Normandie, Picardie, Rouergue et Touraine), avec à la clé des revenus importants que Batarnay sait faire fructifier en les plaçant habilement. Imbert de Batarnay devient ainsi, à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, l'un des hommes les plus riches du royaume, au point de compter le roi François Ier parmi ses débiteurs.

Marié à Georgette de Montchenu, père de trois enfants qui meurent avant lui, il est le grand-père maternel de la favorite Diane de Poitiers et le trisaïeul d'Anne de Joyeuse et de ses frères et sœurs, dont certains sont inhumés à Montrésor. Imbert de Batarnay finit sa vie dans son château de Montrésor, à l'âge de 85 ans.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille de la petite noblesse dauphinoise dont le premier membre connu est Girard de Batarnay, vivant au milieu du XIIIe siècle[Mt 1], Imbert de Batarnay naît vers 1438, probablement au château de Bathernay (Drôme), d'Arthaud de Batarnay et de Catherine de Gaste[MR 1] ; il compte au moins dix frères et sœurs[Dx 1].

Vue du vestige d'un ancien château réaménagé en habitation.
Le presbytère de Bathernay, vestige remanié du château médiéval.
Vue d'un blason découpé en deux quadrants jaunes et deux bleus.
Blason des Batarnay.
Écartelé d'or et d'azur[2].
Vue d’un château avec une tour carrée dans un parc arboré.
Le château de Charmes-sur-Herbasse.

Élevé au château de Bathernay, il y pratique le sport et la chasse au faucon comme beaucoup de jeunes nobles de son époque mais ne semble pas se consacrer assidûment à l'étude ; c'est peut-être lors d'une de ces chasses, au château de Charmes-sur-L'Herbasse , chez son grand-père maternel, qu'il est remarqué, vers 1455, par le dauphin Louis[Mt 2], lui-même passionné de vénerie[Fav 1]. Le jeune Imbert s'attache au dauphin[MR 1] et le suit au château de Genappe où Louis s'est réfugié avant son accession au trône[Mt 3], car ses relations avec son père, le roi Charles VII, sont alors très difficiles[3]. Toute la vie d'Imbert de Batarnay va désormais se passer aux côtés des rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier.

En 1463, il épouse Georgette de Montchenu malgré la farouche opposition du père de celle-ci — cette opposition vaudra à M. de Montchenu ruine et exil[MR 2] —, obtient le titre de seigneur du Bouchage ; il se fait dès lors appeler « Monsieur du Bouchage »[MR 2]. Du mariage d'Imbert et de Georgette naissent trois enfants : Jean (vers 1474), Jeanne (vers 1480) et François (vers 1489)[Mt 4]. L'aîné de ses fils meurt en 1490[MR 3]. Jeanne épouse, vers 1494, Jean de Poitiers : Diane de Poitiers est une de leurs cinq enfants[LAB 1] ; elle meurt en 1516. En 1511, Imbert perd sa femme Georgette puis, deux ans plus tard, son second fils François, blessé lors du siège de Thérouanne[MR 4].

Imbert ne devient seigneur de Batarnay que par héritage en 1492, à la mort de son frère aîné qui en détient jusqu'alors le titre[MR 3].

Après la mort de Louis XII, Imbert de Batarnay, âgé de 77 ans, vieillissant et de santé fragile — il souffre depuis de nombreuses années de gravelle, de goutte et de sciatique[LAB 2] —, s'éloigne de moins en moins de sa résidence du château de Montrésor[MR 4]. C'est là que, malade depuis le début du printemps 1523, il meurt le de la même année[LAB 3], alors que la collégiale dont il a commandé l'édification, deux ans plus tôt, n'est pas encore en mesure d'accueillir son tombeau[4]. Malgré sa santé fragile, il atteint l'âge de 85 ans[5].

Imbert de Batarnay n'a pas rédigé ses mémoires, mais sa nombreuse correspondance, bien que largement disparue, recueillie par Philippe de Béthune et son fils Hippolyte, permet de retracer les grandes lignes de ses multiples activités et de ses principaux déplacements[Mt 5]. Ces documents font partie de ceux qu'Hippolyte de Béthune a donnés à Louis XIV et qui constituent[Mt 6], à la Bibliothèque nationale de France, le fonds de Béthune.

Au service des rois de France[modifier | modifier le code]

Louis XI[modifier | modifier le code]

Portrait d'un homme de profil droit.
Louis XI,
anonyme (Brooklyn Museum, New York).

Depuis 1455 environ, le futur Louis XI a pris le jeune Imbert de Batarnay à son service, en tant que gentilhomme de la Chambre, puis comme chambellan[Dx 2]. Au même titre que Philippe de Commynes ou Jean Bourré, Batarnay fait partie des conseillers les plus proches et influents auprès du roi ; les trois hommes sont présents lors des réceptions des ambassadeurs[LAB 4]. Si, comme ces autres personnes, Imbert de Batarnay a su gagner mais surtout conserver la confiance du roi, c'est que, comme elles, il a toujours agi comme l'aurait fait Louis XI, alternant flatteries et menaces, sanctions et récompenses[6]. Il arrive fréquemment qu'Imbert de Batarnay écrive des courriers à la place du roi, ce dernier se contentant de les signer[Fav 2].

Les opérations de sécurité intérieure[modifier | modifier le code]

L'une des premières décisions de Louis XI, devenu roi en 1461, est de nommer Imbert de Batarnay capitaine de Blaye et de Dax[MR 5],[Note 1] ; il est aussi visiteur des gabelles de la sénéchaussée de Lyon[Fav 3]. Il a également la charge d’organiser le guet et la garde sur l’ensemble du royaume[7]. Batarnay, en 1465, s'engage auprès de Louis XI dans la guerre du Bien public ; c'est ainsi qu'il assure la communication entre le roi et les troupes du Dauphiné lors de la bataille de Monthléry[MR 5]. Le rôle politique d'Imbert de Batarnay s'affirme encore davantage lorsque, le , il est nommé membre du conseil du roi[Mt 7]. En 1469, Batarnay est envoyé surveiller les intrigues du duc de Guyenne, soumis aux influences de conseillers hostiles à Louis XI, comme le cardinal Jean de la Balue[Mt 8]. Ce dernier est finalement emprisonné en 1468 mais en 1480, sur intervention du légat Giuliano della Rovere et de plusieurs conseillers du roi, dont Philippe de Commynes et Imbert de Batarnay, Louis XI se laisse fléchir et libère la Balue[8]. Une grave émeute éclate à Bourges en 1474 ; Imbert de Batarnay est envoyé sur place pour ramener le calme et l'ordre, et s'acquitte de sa mission avec beaucoup de zèle et une extrême sévérité[Mt 9]. Il est nommé lieutenant-général du Roussillon en 1475, avec pour mission de surveiller Boffille de Juge qui gère la province[Fav 4] et de ramener à la Couronne cette province qu'un soulèvement de ses habitants a, deux ans plus tôt, remis entre les mains de Jean II d'Aragon ; il y parvient en n'appliquant qu'avec modération les instructions du roi qui souhaite une reprise en main féroce et exemplaire[Mt 10].

Les missions diplomatiques à l'étranger[modifier | modifier le code]

Imbert de Batarnay est également chargé de missions diplomatiques auprès d'autres souverains. C'est ainsi qu'en 1475 il assiste à la rencontre entre Louis XI et Édouard IV d'Angleterre à Picquigny[Note 2], à l'issue de laquelle Édouard IV renonce à soutenir Charles le Téméraire[MR 2] ; cette rencontre se conclut par le traité de Picquigny qui met définitivement fin à la guerre de Cent Ans. Du Bouchage et Commynes sont les premiers à informer le roi de la victoire capitale des troupes suisses et françaises sur Charles le Téméraire lors de la bataille de Morat[7].

Les distinctions honorifiques et les marques de confiance[modifier | modifier le code]

Vue d'un édifice religieux au toit couvert d'ardoise.
Basilique Notre-Dame de Cléry.

En 1469, Louis XI crée l’ordre de Saint-Michel[9] ; c'est probablement lui qui, à une date inconnue, fait d'Imbert de Batarnay un chevalier de cet ordre comme en témoigne le gisant représenté orné d’un collier de coquilles Saint-Jacques, emblème de l'ordre de Saint-Michel. C'est à l'intention d'Imbert de Batarnay que Louis XI élève, en 1478, la seigneurie du Bouchage en baronnie ; à compter de ce moment, Imbert de Batarnay sera appelé « Monsieur du Bouchage »[LAB 5].

Louis XI manifeste le désir d'être inhumé dans la basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André[10] plutôt que dans la basilique Saint-Denis. Il la fait donc reconstruire avec de plus grandes dimensions et Batarnay est étroitement associé aux décisions royales en ce domaine[LAB 4]. En , Louis XI, voyant sa santé décliner, rédige à l'attention du dauphin une série d'instructions sur la bonne gestion du royaume. Ce document est contresigné par Imbert de Batarnay[Mt 11].

Charles VIII[modifier | modifier le code]

Prudence au début de la Régence[modifier | modifier le code]

Portrait d'un homme de trois-quarts.
Charles VIII,
anonyme (musée Condé, Chantilly).
Portrait d'une femme couronnée, de trois-quarts, les mains jointes.
Anne de France, triptyque de Jean Hey, détail.

Dans les premiers mois qui suivent la mort de Louis XI et dans l’incertitude de l’orientation politique du royaume, différentes factions se disputant le pouvoir, Imbert de Batarnay se tient en retrait sur ses terres du Dauphiné[Dx 3] : au contraire de Philippe de Commynes, il ne fait pas partie du conseil provisoire constitué en , il n’assiste pas aux états généraux de Tours qui débattent, début 1484, des dispositions de la régence[11]. Ce n’est que dans le courant de 1484 qu’il se rapproche de la régente Anne de Beaujeu et de Charles VIII — ce dernier a alors atteint 14 ans, âge de la majorité pour un roi de France[Note 3] ; il accède donc officiellement au pouvoir — et assiste à d’importantes réunions du Conseil du roi de France[Dx 4] car son nom, ainsi que celui d'une cinquantaine d'autres personnalités, a été rajouté à la liste des membres du Conseil par les Beaujeu[13],[Note 4]. Conformément aux recommandations de son père, Charles VIII devenu roi garde le seigneur du Bouchage à son service privé[Mt 12].

Pendant la Guerre folle opposant la régente Anne de Beaujeu et les ducs d'Orléans, de Bretagne et d'Alençon, Imbert de Batarnay obtient que les habitants d'Orléans, où Louis II d'Orléans s'est réfugié en 1485 après une tentative infructueuse pour renverser la régence, restent fidèles au roi[MR 3].

Activité diplomatique soutenue pendant les guerres d'Italie[modifier | modifier le code]

Entre 1487 et 1490, il se rend à plusieurs reprises en Italie plaider la cause du marquisat de Saluces, allié de la France, que Charles Ier de Savoie a temporairement annexé[MR 3]. En 1495, pendant la première guerre d'Italie qui mobilise la majeure partie de l'armée française, il fait en sorte que Maximilien d'Autriche n'en profite pas pour organiser une expédition et reprendre la Picardie[Mt 13]. L’Espagne, engagée dans la ligue de Venise, violant ainsi le traité de Barcelone, attaque le Languedoc en 1496 ; Imbert est dépêché pour négocier une paix séparée avec Ferdinand le Catholique[14], mais ces tractations semble-t-il infructueuses ne paraissent pas directement liées à la trêve d’Alcalá de Henares conclue en 1497[Mt 14].

Gouverneur du dauphin et témoin de la mort du roi[modifier | modifier le code]

C'est juste avant de partir en expédition en Italie, en , que Charles VIII nomme Imbert de Batarnay gouverneur du dauphin Charles-Orland de France, qui meurt à la fin de l'année 1495[Mt 15]. Monsieur du Bouchage est présent dans la suite du roi, au château d'Amboise, lorsque celui-ci se heurte la tête dans le linteau d'une porte, causant un traumatisme crânien qui lui est fatal[MR 3].

Louis XII[modifier | modifier le code]

Un rang conservé, à l'intérieur comme sur la scène internationale[modifier | modifier le code]

Portrait d'un homme de trois-quarts.
Louis XII,
Jehan Perréal (château de Windsor).

Le premier acte d'Imbert de Batarnay sous le règne de Louis XII témoigne de son rang protocolaire : lors des obsèques de Charles VIII, il est l'une des quatre personnes qui, marchant derrière le cercueil, soutiennent le drap d'or qui le recouvre[Dx 5]. C'est ainsi que le cortège, parti d'Amboise, arrive à Paris le , trois semaines après la mort du roi[Mt 16].

Le nouveau roi s'empresse de confirmer Imbert de Batarnay dans ses fonctions ; en compagnie de Louis II d'Amboise, évêque d'Albi, il intervient le auprès du Parlement pour exposer les nouvelles orientations de la politique royale[Dx 6]. Il prend également part aux guerres d'Italie, en 1507 puis en 1509 où il organise la traversée des Alpes par l'armée française[Mt 17], même s'il semble peu probable qu'il ait lui-même franchi la frontière : son âge et sa santé précaire le contraignent à réduire ses activités et ses déplacements[Dx 7]. Son fils François, par contre, fait partie de l’expédition et participe à la bataille d’Agnadel[7].

Les affaires matrimoniales royales[modifier | modifier le code]

Son rôle dans les projets matrimoniaux du roi est capital. Il intervient dans la procédure d'annulation du premier mariage de Louis XII avec Jeanne de France, à titre de témoin cité par le roi, et il comparaît devant le tribunal ecclésiastique d'Amboise en [Mt 18]. Avant même la décision acquise, Imbert œuvre pour le remariage du roi avec Anne de Bretagne, se rendant à Nantes, contribuant ainsi au maintien de la Bretagne dans la Couronne de France et il est nommé gouverneur de leurs enfants[MR 4]. C'est encore lui qui, quelques mois après la mort d'Anne, va accueillir à Boulogne-sur-Mer la jeune Marie Tudor et l'accompagne jusqu'à Abbeville où le roi l'épouse en troisièmes noces en octobre 1514[MR 4]. Enfin, Louis XII lui confie la difficile mission de faire savoir aux envoyés de Philippe le Beau que le roi de France, après lui avoir promis la main de sa fille Claude, préfère en définitive unir celle-ci à François de Valois, futur François Ier[Mt 19].

François Ier[modifier | modifier le code]

L'âge venant, une activité réduite[modifier | modifier le code]

Portrait d'un homme en buste de face.
François Ier,
Jean Clouet (Le Louvre, Paris).

Bien qu'après la mort de Louis XII, Imbert de Batarnay, vieillissant, se voit contraint de limiter ses activités et ses déplacements, François Ier le charge de négocier le mariage entre Renée de France et Charles d'Autriche, qui va régner sous le nom de Charles Quint[Mt 20] ; ce projet devient caduc après la conclusion du traité de Noyon en 1516[15]. François Ier mandate Imbert de Batarnay, en 1511, auprès d'une réunion des États de Normandie à Évreux pour formuler une demande d'aide financière[Mt 21]. Sur le point de franchir les Alpes pour la cinquième guerre d'Italie, le souverain confie l'administration du royaume à sa mère, lui recommandant de s'entourer de conseillers dont Imbert de Batarnay[Mt 22].

Le roi le nomme également gouverneur de son fils le dauphin François dès la naissance de celui-ci en 1518 ; c'est ainsi que Batarnay fait de fréquents séjours au château de Blois[Dx 8]. Malgré la confiance qu'il lui accorde, François Ier exerce un contrôle sur l'activité de Batarnay, puisqu'il lui reproche, dans une lettre de 1519, de laisser trop facilement les visiteurs pénétrer au château et approcher le dauphin, l'exposant ainsi à une contagion par la rougeole et la variole, qui menacent alors[Dx 9].

Créancier du roi[modifier | modifier le code]

Face aux difficultés financières rencontrées par le royaume, Imbert consent deux prêts successifs à François Ier : 12 000 livres en 1515 (avec un intérêt de 600 livres/an) puis 8 000 livres l'année suivante[Dx 10]. Imbert de Batarnay confie même au roi l'argenterie de ses châteaux tourangeaux de Bridoré et Montrésor pour un poids de 239 marcs[LAB 6] (soit une valeur de plus de 4 000 livres[MR 4],[Note 5]), selon l’inventaire détaillé rédigé par Philibert Babou, surintendant des finances, à l’attention du roi[Dx 11] ; assiettes, plats et autres récipients ainsi collectés sont fondus et transformés en monnaie.

D'immenses biens fonciers et des revenus importants[modifier | modifier le code]

Un serviteur fidèle mais « intéressé »[modifier | modifier le code]

Les possessions d'Imbert de Batarnay[Note 6].
Localisation sur la carte de France.
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Chaque point représente une commune dans laquelle Imbert de Batarnay a possédé ou géré un ou plusieurs domaines à un moment ou à un autre de sa vie, les quelques points rouges légendés signalant des possessions auxquelles il était plus particulièrement attaché. Cette carte, basée sur les limites du royaume de France en 1477, ne prétend pas être une photographie instantanée de la fortune foncière d'Imbert de Batarnay.

Imbert de Batarnay sert toujours avec application les rois qui lui accordent leur confiance. Ce zèle n'est toutefois pas dénué d'intérêt, comme le lui fait remarquer en plaisantant Louis XI : « Je vous donnerai la chose que vous aimez le mieux, qui est argent[17] » ; le roi l'appelle d'ailleurs parfois « le riche comte »[Fav 6]. Imbert est toujours là quand il s'agit de récolter les fruits de sa fidélité, notamment sous forme de territoires ou de capitaineries confisqués par les rois (au premier rang desquels Louis XI) à leurs ennemis ou simplement à ceux qui ont le malheur de leur déplaire[MR 6]. Imbert de Batarnay bénéficie des revenus de ces territoires, ou bien il les échange ou les revend peu après être entré en leur possession[Mt 23]. Toutefois, les activités multiples d'Imbert de Batarnay et ses nombreux déplacements ne lui permettant pas d'assurer lui-même la gestion de ses nombreux domaines, il délègue cette charge à ses plus fidèles serviteurs[Mt 24].

Un énorme patrimoine foncier[modifier | modifier le code]

Dès le début de son règne, Louis XI s'est vengé des proches de son père en confisquant leurs biens et en les redistribuant à ses fidèles, dont Imbert de Batarnay. C'est ainsi que ce dernier « hérite » des possessions dauphinoises de Gabriel de Roussillon, dont le Bouchage et Brangues[MR 5],[18]. Mais ce dernier domaine pouvait revenir par héritage à Foulques (Falco(n), Falque(s)) de Montchenu, père de Georgette de Montchenu, qu'Imbert de Batarnay convoite. Le marché est alors mis entre les mains de Montchenu : en échange de la main de Georgette, Batarnay s'engage à intercéder auprès du roi pour que le Bouchage revienne à Montchenu, qui refuse cet arrangement. Batarnay déclare alors qu'il se contentera de Georgette et que le roi fera ce qu'il veut des terres. Montchenu est contraint d'accepter cette proposition et Louis XI octroie définitivement les terres à Imbert de Batarnay ; Monsieur de Montchenu, perdant sa fille, dépouillé de son héritage, est emprisonné puis exilé[MR 2], même si cette dernière sentence est levée au bout de quelques années[Mt 25]. Imbert obtient de plus Morestel en 1478, terre qui avait aussi appartenu aux Dauphins et aux Roussillon du Bouchage. Il acquit Faramans en 1476.

Dans le sud de la France et notamment le Gers, de la même façon, Imbert se voit confier fin 1469 la gestion d'un grand nombre de domaines confisqués par Louis XI à Jean V d'Armagnac, avant que la déclaration de confiscation ne soit officiellement enregistrée et n'en fasse le propriétaire légal[Mt 26].

Depuis l'exécution, en 1477, de Jacques d'Armagnac, Louis XI se trouve à la tête d'importants domaines en Picardie (Dargies, Clairy, la forêt d'Ailly) et dans le Rouergue (Bozouls[19]). Beaucoup reviennent en don à Imbert de Batarnay[Mt 27], qui est aussi dit comte de Fézensac, et augmente par ailleurs son patrimoine foncier par l'achat de domaines tourangeaux : seigneurie de Bridoré vers 1475 et châtellenie de Montrésor en 1493[Mt 28]. Pour ce dernier domaine, il fait jouer une forme de droit de préemption, car il se trouve au nombre des créanciers de l'ancien propriétaire fortement endetté[20]. Ces acquisitions en Touraine montrent la volonté d'Imbert de Batarnay de séjourner non loin de Tours et de la vallée de la Loire[Dx 12] qui constituent alors pour les rois de France, et comme le déclare Louis XI en 1482 : « nostre principalle et plus continuelle résidence[21] ». En Haut-Berry/Bourbonnais, il guigne en vain, en 1481-1483, Culan, Châteauneuf et Saint-Désiré aux dépens des fils de Charles de Culan[19]. En octobre 1477, il obtient de Louis XI Falaviers, Anthon, Auberive, confisqués au prince d'Orange, Jean de Chalon-Arlay (déjà son grand-père Louis de Chalon était vaincu à la bataille d'Anthon, en 1430) ([19], p. 130). En 1481/1482, il reçoit de Louis XI des biens spoliés aux Luxembourg-Saint-Pol (Louis et Jean) : Ailly, Bray, Sorden, Villiers etc. ([19], p. 103).

Des revenus importants habilement placés[modifier | modifier le code]

Vue générale d'un îlot construit et surmonté d'une église.
Le Mont Saint-Michel, capitainerie d'Imbert de Batarnay.

Le montant des revenus de toutes les possessions d'Imbert de Batarnay et des capitaineries qu'il détient est difficile à évaluer, mais à titre d'exemple, le revenu annuel de ses terres gersoises est estimé à 5 000 livres tournois[Mt 26], celui de la capitainerie du Mont-Saint-Michel à 1 200 livres[Mt 29], ces revenus substantiels servant cependant, pour partie, à financer les imposantes dépenses d'entretien de tous ces domaines. Imbert de Batarnay touche en outre une rente annuelle de 5 000 livres pour sa fonction de chambellan[Mt 30].

Vue, avers et revers, d'une pièce en or du règne de Louis XI.
Écu d'or au soleil sous Louis XI.

Il ne se contente pas d'amasser un capital : il le fait fructifier ; c'est en 1478 qu'il décide de confier une partie de ses fonds à l'agence lyonnaise de la banque des Médicis, pour un montant de 10 000 écus d'or au soleil[Dx 12] (environ 16 500 livres tournois) mais, investisseur prudent, il retire son avoir lorsque capital et intérêts se montent à 13 175 écus[LAB 7] (environ 21 700 livres tournois) avant que Charles VIII n'ordonne, en 1494, l'expulsion de la banque des Médicis de Lyon vers la Savoie[Mt 31]. Par la suite, Imbert de Batarnay se lie d'amitié avec la famille de Beaune, auprès de laquelle il investit[Dx 8] et dont la banque semble fonctionner comme une annexe du Trésor royal plutôt que comme une banque indépendante[22].

Une fortune âprement acquise malgré l'adversité[modifier | modifier le code]

Imbert de Batarnay n'hésite jamais à employer tous les moyens légaux, même les plus contraignants, pour entrer en possession des biens qu'il achète ou qui lui sont donnés, comme lorsqu'en 1493 il s'assure du soutien des forces de l'ordre, mandatées par le roi, pour obtenir que l'ancienne châtelaine de Montrésor lui cède la place[MR 7].

Malgré tout, conserver toutes ces possessions, acquises pour certaines au terme d’une justice royale expéditive, ne va pas de soi. Dans les premiers mois qui suivent la mort de Louis XI, l’influence d’Imbert de Batarnay auprès de la cour diminue[MR 6] ; de plus, des propriétaires spoliés par Louis XI, ou leurs descendants, demandent et obtiennent de rentrer dans leurs droits. C’est ainsi qu’Imbert de Batarnay doit rendre à la famille d’Armagnac la plupart de ses possessions du Rouergue, mais il s’en console facilement : des indemnités substantielles compensent la perte des territoires[Dx 3]. En arrivant sur le trône, François Ier annule toutes les décisions de ses prédécesseurs relatives aux aliénations de domaines, dont les possessions dauphinoises d'Imbert. Monsieur du Bouchage n'a pas le temps de s'en ouvrir au roi que ses amis à la cour ont déjà intercédé en sa faveur et qu'il est rétabli dans ses droits ; ses titres de propriétés sont définitivement acquis en 1519[Dx 13].

Descendance[modifier | modifier le code]

Imbert de Batarnay et Georgette de Montchenu ont trois enfants :

Chronologie d'Imbert de Batarnay[modifier | modifier le code]

Imbert de Batarnay dans la littérature française[modifier | modifier le code]

Illustration par Gustave Doré pour les Contes Drolatiques de Balzac.

En dehors des mentions qui sont faites de lui dans des ouvrages historiques ou des mémoires de personnalités de son temps, Imbert de Batarnay trouve sa place dans la littérature classique française. Honoré de Balzac en fait un personnage de deux de ses œuvres :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dans le courrier signé par Louis XI qui donne les capitaineries de Blaye et Dax à Imbert de Batarnay, celui-ci est cité comme « seigneur du Bouchage», titre dont il ne pourra pourtant se prévaloir que bien plus tard, en 1492, à la mort de son frère aîné[Dx 2].
  2. Philippe de Commynes et Imbert de Batarnay avaient été chargés par Louis XI de trouver un terrain favorable à cette rencontre entre les deux souverains et, de son côté, Édouard IV avait mandaté Thomas Howard et un dénommé Chalenger ; leur choix commun s'était porté sur Picquigny[Fav 5].
  3. Une ordonnance de Charles V a fixé, en 1374, la majorité du roi de France à 14 ans et organisé la régence[12].
  4. Le Conseil du roi de France compte, dès l'été 1484, plus d'une centaine de membres mais seuls trente d'entre eux environ, dont Imbert de Batarnay, assistent régulièrement aux séances[13].
  5. Cette action n'est pas isolée et plusieurs nobles ont prêté vaisselle ou argenterie au roi pour financer le coût des campagnes militaires en Italie[16].
  6. Cette carte a été élaborée à partir des données recueillies dans les ouvrages de Louis-Auguste Bossebœuf, Denis Deroux et Bernard de Mandrot cités en bibliographie de cette page. En raison de l'absence de sources concordantes ou d'erreurs possibles de retranscription dans les ouvrages de référence cités pour quelques toponymes, certaines possessions d'Imbert de Batarnay n'ont pu être localisées.

Références[modifier | modifier le code]

  • Louis-Auguste Bossebœuf, De l'Indre à l'Indrois : Montrésor, le château, la collégiale, et ses environs : Beaulieu-lès-Loches, Saint-Jean le Liget et la Corroirie, 1897 :
  • Denis Deroux, Ymbert de Batarnay, le destin d'un Dauphinois aux XVe et XVIe siècles, 2007 :
  • Frédéric Gaultier et Michaël Beigneux, Montrésor se raconte, 2002 :
  1. a et b Imbert de Batarnay, p. 49.
  2. a b c et d Imbert de Batarnay, p. 51.
  3. a b c d et e Imbert de Batarnay, p. 53.
  4. a b c d et e Imbert de Batarnay, p. 54.
  5. a b et c Imbert de Batarnay, p. 50.
  6. a et b Imbert de Batarnay, p. 52.
  7. Le temps des courtisans, p. 48-49.
  • Bernard de Mandrot, Ymbert de Batarnay, seigneur du Bouchage..., 1886 :
  • Autres sources
  1. « Collegiale montresor 3 », sur campiello-venise.com (consulté le ).
  2. E. Jouffroy d'Eschavannes, Armorial universel, Paris, L. Curmer, , 487 p., p. 44.
  3. Jean Favier, « Avènement de Louis XI », sur Archives de France, Ministère de la Culture et de la Communication (consulté le ).
  4. Jean-Mary Couderc (dir.), Dictionnaire des communes de Touraine, Chambray-lès-Tours, C.L.D., , 967 p. (ISBN 2-85443-136-7), p. 551.
  5. « Moyen Âge », sur le site de l'encyclopédie Larousse en ligne (consulté le ).
  6. Amable Sablon du Corail, Louis XI, le joueur inquiet, Paris, Belin, , 597 p. (ISBN 978-2-7011-8943-7), p. 533.
  7. a b et c Michel Laurencin, Dictionnaire biographique de Touraine, Chambray-lès-Tours, CLD, , 607 p. (ISBN 2-85443-210-X), p. 62.
  8. Edmond Gautier, Histoire du donjon de Loches, Roanne, Horvath (réimpr. 1988) (1re éd. 1881), 221 p. (ISBN 978-2-7171-0535-3 et 2-7171-0535-2), p. 89.
  9. Jean-Louis Chalmel, Tablettes chronologiques de l'histoire civile et ecclésiastique de Touraine, CLD Normand (réimpr. 1973) (1re éd. 1818), 236 p., p. 152.
  10. Pierre Choinet, Le livre des trois âges : fac-similé du manuscrit, Le Havre, Publications universitaires de Rouen, , 266 p. (ISBN 978-2-87775-815-4 et 2-87775-815-X, lire en ligne), p. 77.
  11. Pierre Audin, « Les états généraux réunis à Tours après la mort de Louis XI (5 janvier-14 mars 1484) », bulletin de la société archéologique de Touraine, t. LX,‎ , p. 231 (ISSN 1149-4670).
  12. Notice no 03849, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Archim, ministère français de la Culture.
  13. a et b Pierre Audin, « Les états généraux réunis à Tours après la mort de Louis XI (5 janvier-14 mars 1484) », bulletin de la société archéologique de Touraine, t. LX,‎ , p. 241 (ISSN 1149-4670).
  14. Jacques-Xavier Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine, t. I, Société archéologique de Touraine, , 480 p. (lire en ligne), p. 149.
  15. Gabriel Braun, « Le mariage de Renée de France avec Hercule d'Esté : une inutile mésalliance. 28 juin 1528 », Histoire, économie et société, no 2, septième année,‎ , p. 147 (DOI 10.3406/hes.1988.1510).
  16. Jean-Baptiste Capefigue, François Ier et la Renaissance, t. 1, Bruxelles, Wouters, , 179 p., p. 88.
  17. M. Godefroy, Mémoires de messire Philippe de Commines, édition revue et augmentée, t. 1, Paris, Rollin, (lire en ligne), préface, page 49.
  18. Gabriel de Ro(u)ssillon du Bouchage, aussi seigneur de Brangues et de Morestel (jusqu'en 1449 pour cette dernière terre), fils de Guillaume de Roussillon et mari sans postérité de Béatrix de Poitiers-Saint-Vallier (fille de Louis de Poitiers et Polissena/Polissiane/Polyxène Ruffo di Crotone), fut spolié de ses terres par Louis XI en 1461 au profit d'Imbert de Batarnay, aussi doté de Morestel. Mais son neveu maternel Falco de Montchenu de Galaure, fils d'Hugues de Montchenu et de Claude de Roussillon (l'une des sœurs de Gabriel, l'autre étant Catherine, femme de Jean de Toulongeon), père de Georgette de Montchenu (mariée de force à Imbert de Batarnay), restait un héritier possible ; cf. les sites Dictionnaire de la Noblesse, t. XIV, p. 155-156 par La Chesnaye (édition Schlesinger de 1869) ; Roussillon, d'après Gustave de Rivoire de la Bâtie (1867) ; Ymbert de Batarnay, p. 7-17, par Bernard de Mandrot (1886) ; Geneanet Pierfit : Guillaume de Roussillon.
  19. a b c d et e « Les biens d'Imbert de Batarnay », sur Ymbert de Batarnay du Bouchage, par Bernard de Mandrot, chez Alphonse Picard, à Paris, 1886
  20. Abbé Buchet, Le château et l'église collégiale de Montrésor, Tours, Paul Bouserez, , 35 p., p. 17-18.
  21. Bernard Chevalier (dir.), Histoire de Tours, Toulouse, Privat, coll. « Univers de la France et des pays francophones », , 415 p. (ISBN 2-7089-8224-9), p. 127.
  22. Bernard Chevalier, Tours, ville royale - 1356-1520, Chambray-lès-Tours, CLD, , 343 p. (ISBN 2-85443-047-6), p. 167-169.
  23. « Notes historiques sur Morestel : Ymbert de Bathernay et ses descendants, p. 114-127, par le chanoine Alexis Auvergne », sur Bulletin d'Histoire ecclésiastique des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, t. XVII, à Valence, janvier-février 1897
  24. Honoré de Balzac, Nouveaux Contes philosophiques, Paris, Charles Gosselin, , 614 p. (lire en ligne), « Maître Cornélius », p. 93.
  25. Honoré de Balzac (ill. Gustave Doré), Les cent Contes drolatiques, Paris, Garnier, , 614 p. (lire en ligne), « Berthe la Repentie », p. 527.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Abbé Louis-Auguste Bossebœuf (préf. abbé Émile le Pironnec), De l'Indre à l'Indrois : Montrésor, le château, la collégiale, et ses environs : Beaulieu-lès-Loches, Saint-Jean le Liget et la Corroirie, Res Universis, coll. « Monographie des villes et villages de France », (réimpr. 1993), 103 p. (ISBN 2-7428-0097-2). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Denis Deroux, Ymbert de Batarnay, le destin d'un Dauphinois aux XV et XVIe siècles, Bathernay, chez l'auteur, , 188 p. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Maximilien Deroux, « Le mariage d'Ymbert de Batarnay et Georgette de Montchenu (1462) : image de la pratique du pouvoir royal sous Louis XI », in La Pierre et l'écrit (Presses univ. de Grenoble), no 24, 2013, p. 41-59.
  • Jean Favier, Louis XI, Paris, Tallandier, coll. « Texto », , 1019 p. (ISBN 978-2-84734-987-0). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Frédéric Gaultier et Michaël Beigneux, Montrésor se raconte, Montrésor, Association Montrésor se raconte, , 169 p. (ISBN 2-85443-411-0). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Bernard de Mandrot, Ymbert de Batarnay, seigneur du Bouchage, conseiller des rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier (1438-1523), Paris, Alphonse Picard, , 403 p. (présentation en ligne, lire en ligne [PDF]). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]