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Subh-i Azal

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Subh-i Azal
Ṣubḥ-i Azal, photographie du Capitaine Arthur Young, vers la fin de 1889 ou le début de 1890, publiée par E. G. Browne en frontispice de sa traduction du Tarikh-i Jadid.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Poète, écrivain, chef religieuxVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Mīrzā Buzurg (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Mirza Husayn Ali Nuri (frère consanguin)
Mírzá Músá (en) (frère consanguin)Voir et modifier les données sur Wikidata

Ṣubḥ-i Azal (Soubh-i Ezèl en vieille graphie non scientifique), ce qui signifie « Aurore de l’Éternité » en arabe, est le titre de Mīrzā Yaḥyā Nūrī[1] qui fut le successeur du Bāb et le chef du Peuple du Bayān.

Il naquit en 1831 dans un faubourg de Téhéran d'une famille originaire du village de Tākūr, dans la région de Nour, dans la province iranienne du Māzandarān, et mourut le à Famagouste, dans l’île de Chypre, où il avait été exilé par l’Empire ottoman en 1868.

Enfance et jeunesse

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Mīrzā ʿAbbās-i Nūrī (mieux connu comme Mīrzā Buzurg, mort en 1839), père de Mīrzā Yaḥyā.

Sa mère Kūčik Ḫānum-i Kirmānšahī mourut en le mettant au monde et son père Mīrzā Buzurg-i Nūrī s’éteignit en 1839, lorsqu'il était âgé de huit ans. Il fut pris en charge par une autre épouse de son père, Ḫadijih Ḫānum, la mère de son demi-frère plus âgé que lui de treize ans, Mīrzā Ḥusayn ʿAlī Nūrī, plus connu sous le titre de Bahāʾ-Allāh.

D'après le témoignage de ses proches, il était un enfant très gentil et tranquille[2]. Il passa son enfance à Téhéran, se rendant en été dans le village de Tākūr, suivant en cela une tradition familiale. Arthur de Gobineau raconte que, parvenu à l'âge de cinq ans, sa belle-mère l'envoya à l'école, mais qu'il refusa d'y rester plus que trois jours, parce que le maître l'avait frappé avec un bâton[3]. Il apprit le persan et était assez bon calligraphe, mais il n'aimait pas l'arabe.

En 1844, à l'âge de quatorze ans, il devint disciple du Bāb, fondateur du babisme ou la foi babie (persan : بابی ها = Bābī hā), qui lui donna divers titres, comme : Ṯamarat al-Azalīyyah (« Fruit de l’Éternité ») et ʿIsm al-Azal (« Nom de l'Éternité »). Les azalis l’appelèrent Ḥaḍrat-i Azal (« Sainteté de l’Éternité ») et Ṣubḥ-i Azal (« Aurore de l'Éternité »). Ce titre apparaît dans le Ḥadīṯ-i Kumayl[4], que le Bāb cite dans son ouvrage intitulé Dalā'il-i Sab'ih (Les Sept Preuves). Les azalis interprètent cela comme une mention de Mīrzā Yaḥyā et, contrairement à ce que soutient l’historiographie traditionnelle baha’ie[5], Manūčihri Sipihr montre que ce titre ne fut attribué qu'à lui[6].

Lorsqu'il eut seize ou dix-sept ans, Ṣubḥ-i Azal épousa sa cousine Fāṭimih Ḫānum. Il épousa aussi Maryam Ḫānum, connue sous le nom de Qanitih, arrière-grand-mère de ʿAtīyyih Rūhī, qui a écrit sa biographie.

Lorsqu'il voulut joindre le Bāb au Ḫurāsān, son demi-frère Bahāʾ-Allāh, prétextant son jeune âge, l'obligea à rebrousser chemin. Après quelque temps Ṣubḥ-i Azal se rendit à Nūr, et de là à Bārfurūš, où il rencontra Ḥājī Muḥammad ʿAlī de Bārfurūš, qui avait accompagné le Bāb dans son pèlerinage à la Mecque en 1844. En 1848, dans la même ville, il rencontra Quddūs et Qurratu’l-‘Ayn, de retour d'un grand rassemblement des babis à Badašt. Il fut ensuite arrêté avec d'autres babis, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre Quddūs, battu et emprisonné.

Succession du Bāb

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Au cours de son emprisonnement dans la forteresse de Čahrīq, quelque temps après le martyre de Quddūs, le Bāb rédigea en 1849 une épître intitulée Lawḥ-i Vasaya, considérée comme son testament, par lequel il nommait Ṣubḥ-i Azal chef de la communauté babie après son décès, jusqu’à l’apparition de « Celui que Dieu rendra manifeste » (man yuẓhiruhu'llāh, en arabe : من یظهر الله, et en persan: مظهر کلّیه الهی ), avec pour consignes[7]:

Transcription de la main de Ṣubḥ-i Azal du document le nommant successeur du Bāb.
  • d'assurer sa propre sécurité et celle de ses écrits, ainsi que de ce qui est révélé dans le Bayān.
  • communiquer avec les babis et demander conseil aux Témoins du Bayān, ainsi qu'à āqā Siyyid Ḥusayn Yazdī.
  • rassembler, sceller, si besoin compléter les écrits saints du Bāb, pour les distribuer parmi les babis et les faire connaître parmi l'humanité.
  • inviter les hommes à embrasser la révélation du Bāb.
  • décider quand sera venu le triomphe et désigner son propre successeur.
  • reconnaître « Celui que Dieu rendra manifeste » quand il viendra et inviter les hommes à en faire autant.

E. G. Browne[8], dans le commentaire à son édition de l'histoire des babis de Ḥājī Mīrzā Jānī de Kāšān, écrit au sujet de cette nomination :

« Briefly what clearly appears from this account is that Mirza Yahya received the title of Subh-i Azal because he appeared in the fifth year of the Manifestation, which, according to a tradition of Kumayl (p. 3, last line of the text) is characterized by “a Light which shone forth from the Dawn of Eternity”; that the Bab bestowed on him his personal effects, including his writings, clothes and rings, nominated him as his successor (Wali), and bade him write the eight unwritten Wahids of the Bayan, but abrogate it if “‘He whom God’, shall manifest” should appear in his time, and put into practice that with which he should be inspired[9]. »

Comme l'écrit A.-L.-M. Nicolas[10]: « Que ce Mîrzâ Yahya [Subh-i Azal] ait été considéré par tous les bâbî comme le khalîfe du Bâb défunt, cela ne peut faire de doute pour personne et les Bèhâ'i sont de mauvaise foi quand ils le nient[11]. »

La version des Baha'is conteste celle de A.-L.-M. Nicolas, car ils ne nient point que Mirza Yayha (Subh-i-Azal ) fut le successeur nominal du Bab , mais ils contestent que Subh-i-Azal fut "Celui que Dieu rendra manifeste ", ce que d'ailleurs il n'a jamais prétendu.

En suivant la consigne du Bāb d'assurer sa propre sécurité, Ṣubḥ-i Azal se cacha sous des faux-noms en pratiquant la dissimulation (taqîya)[12], et réussit ainsi à fuir les persécutions qui s’abattirent sur les babis à la suite de la tentative d’assassinat contre le roi de Perse Nāṣiri’d-Dīn Šāh Qājār (1831-1896) le , et il vécut jusqu’à sa mort en exil, d'abord à Bagdad, ensuite à Andrinople et pour finir à Famagouste.

Exil à Bagdad

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Ṣubḥ-i Azal avait réussi à fuir la sanglante répression des babis à Tākūr et, déguisé en derviche, à atteindre Bagdad, où il vivait caché sous le nom de Ḥājī ʿAlīy-i lās Furūš, en gardant les contacts avec la communauté babie à travers des émissaires appelés « Témoins du Bayān »[13],[14]. Cet effacement volontaire[15] permit à son demi-frère Bahāʾ-Allāh de se mettre en avant. Toutefois, pendant leur exil à Bagdad, Bahāʾ-Allāh reconnut à plusieurs reprises le rang de Ṣubḥ-i Azal comme chef de la communauté babie tant dans ses lettres qu'en public[16].

Depuis l’exécution du Bāb le , plusieurs babis déclarèrent être « Celui que Dieu rendra manifeste » annoncé par le Bāb, mais aucun d’eux ne réussit à convaincre la communauté de la justesse de ses prétentions. Bahāʾ-Allāh prétendit à son tour avoir eu fin 1852, dans la prison souterraine du Sīyāh-Čāl (« le trou noir ») à Téhéran, une expérience mystique lui faisant prendre conscience qu’il était « Celui que Dieu rendra manifeste », mais ce n’est qu’en avril 1863 qu’il en fit l'annonce à ses compagnons, alors qu’il était sur le point de quitter Bagdad pour Constantinople. La majorité des babis acceptèrent de le reconnaître comme tel et devinrent les disciples de la nouvelle religion qu’il fonda : la foi baha’ie. Mais Ṣubḥ-i Azal ne le reconnut pas et une minorité de la communauté babie le suivit et lui resta fidèle, en dépit des persécutions dont elle était victime, par le gouvernement persan d'une part et par des partisans de Bahāʾ-Allāh d'une autre.

Exil à Andrinople

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Après un premier transfert à Bagdad jusqu'à 1863, les chefs de la communauté furent exilés pour quatre mois à Constantinople et ensuite envoyés à Andrinople. Au cours de la seconde années de l’exil à Andrinople, selon une version baha'ie des événements rejetée par les azalis comme fausse et calomnieuse, Ṣubḥ-i Azal se rebella contre l’autorité de son demi-frère. Il intrigua auprès des autorités ottomanes, complota contre Bahāʾ-Allāh et essaya même plusieurs fois de le tuer, en particulier par un poison qui lui laissa un tremblement de la main pour le restant de sa vie. Plusieurs témoignages dignes de foi montrent au contraire que ce furent des baha'is qui assassinèrent des azalis[17]. Les baha'is soutiennent que cela eut lieu malgré l'interdiction formelle de Bahāʾ-Allāh, qui fut interrogé à ce sujet par les autorités ottomanes et relâché après s'être déclaré innocent[18],[19], mais les azalis n'acceptent pas cette version baha'ie des événements et soutiennent celle de Ṣubḥ-i Azal relatée par E. G. Browne, ou une variante très proche[20].

Le schisme instauré au sein de la communauté babie entre les disciples de Bahāʾ-Allāh (« baha’is ») et les partisans de Ṣubḥ-i Azal (« azalis ») devint officiel en septembre 1867. Cela amena Baha'u'llah à rédiger peu de temps après son ouvrage intitulé Kitāb-i Badī' (Merveilleux livre nouveau) pour réfuter les arguments de ses opposants parmi le « Peuple du Bayān » (Ahl-i Bayān), surtout Siyyid Muḥammad-i Iṣfāhānī que les baha’is considèrent comme l'« éminence grise » de Ṣubḥ-i Azal[21].

Pour mieux comprendre ce conflit fratricide qui se développa entre les deux factions de babis, il faut savoir que le babisme est né du chiisme duodécimain, dont il reprend les notions de messianisme eschatologique, de Taqiya (dissimulation) et de Djihad (guerre sainte) contre les hérétiques[22],[23], comme le montrent l'épisode de la bataille de Šayḫ Ṭabarsī[24] et l'attitude de Ṣubḥ-i Azal en exil à Bagdad[25],[26]. Il faut aussi savoir que, dans cette tradition, le chef religieux jouit non seulement d'une autorité spirituelle, mais qu'il bénéficie aussi des dons matériels de ses disciples (sihmu'l-imām : « la part du guide »).

Le conflit entre partisans de Bahāʾ-Allāh et de Ṣubḥ-i Azal devint si violent et sanglant que le gouvernement ottoman décida finalement de les séparer, en envoyant un groupe avec Ṣubḥ-i Azal à Famagouste dans l’île de Chypre, et un autre groupe avec Bahāʾ-Allāh dans la colonie pénitentiaire de Saint-Jean-d’Acre (‘Akkā) en Palestine[27]. Ils quittèrent Andrinople le (22e jour de Rabī'u'ṯ-Ṯānī 1285 p.H.).

Exil à Famagouste

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Ṣubḥ-i Azal à l'âge de 80 ans, photo par un photographe inconnu exécutée à Famagouste vers 1911.

Le Ṣubḥ-i Azal arriva à Chypre avec les membres de sa famille (deux épouses, six fils et quatre filles, ainsi que la femme et la fille de son fils Aḥmad), quelques disciples et quatre baha’is (Āqā ʿAbd al-Ġaffār Iṣfāhānī, Mīrzā ‘Alīy-i Sayyāh, Miškīn-Qalam et āqā Muḥammad-Bāqir-i Qahvihčī)[28], qui avaient été joints à Ṣubḥ-i Azal pour le surveiller[29], mais souhaitaient rejoindre Bahāʾ-Allāh en Palestine, comme le montre le témoignage du Šayḫ Ibrahīm recueilli par E. G. Browne[30]. Mīrzā ‘Alīy-i Sayyāh était accompagné de sa femme, trois fils, une fille et une servante, Āqā Ḥusayn-i Iṣfāhānī, dit Miškīn-Qalam, d'une servante. Mīrzā ‘Alīy-i Sayyāh et āqā Muḥammad-Bāqir-i Qahvihčī moururent à Chypre en 1871 et 1872, Āqā 'Abd al-Ġaffār Iṣfāhānī réussit à s'enfuir le , tandis que Miškīn-Qalam était encore emprisonné à Famagouste avec Ṣubḥ-i Azal au moment où l'île passa sous administration britannique le , lorsque le Lieutenant Général Sir Garnet Wolseley débarqua à Larnaca pour prendre possession de l'île de Chypre en sa qualité de Haut Commissaire, à la suite des accords défensifs anglo-turcs du .

Brillant calligraphe (d'où son surnom de Qalam, c'est-à-dire « la plume », ou « le pinceau »), Miškīn-Qalam donna des leçons de persan à Claude Delaval Cobham[31], qui regretta son départ pour Saint-Jean-d’Acre (où il alla rejoindre les partisans de Bahāʾ-Allāh) dans la nuit du .

De la dizaine d'années passées par Ṣubḥ-i Azal à Famagouste sous la domination ottomane — entre 1868 et 1878 — il ne reste pas de traces officielles, les registres ayant été perdus ou détruits[32]. Pendant l'administration anglaise de l'île, deux rapports à son sujet furent établis, le premier en 1878 et le deuxième en 1879. Le premier le présente ainsi : « Subbe Ezel. Handsome, well-bred looking man, apparently about 50 »; le deuxième spécifie : « Has family of 17 ». Les deux portent comme chef d'accusation justifiant la sentence d'exil à vie le fait d'avoir comploté contre l'Islam et la Sublime Porte.

Ṣubḥ-i Azal à l'âge de 80 ans, photo publiée face à la p. 264 de The Fringe of the East de Harry Charles Lukach en 1913, exécutée à Famagouste vers 1911.

Le le nouveau Haut Commissaire, Sir Robert Biddulph, envoya une lettre au ministère des Affaires étrangères au sujet de ces prisonniers d'État, en précisant que « they are in receipt of a monthly allowance but are not permitted to leave the island ». Il demanda que le Gouvernement ottoman les autorise à regagner leur pays d'origine. Le , le marquis de Salisbury, ministre britannique des Affaires étrangères, chargea de la question E.B. Malet, représentant de la Grande-Bretagne à Constantinople, lequel adressa une note en ce sens à la Sublime Porte le suivant, en faisant remarquer que « their continuance in Cyprus is a source of inconvenience to the Administration of that Island ». L'administration anglaise de l'île aurait bien aimé en effet faire l'économie des rentes qui étaient versées à ces prisonniers et qui, en ce qui concerne Ṣubḥ-i Azal, se montaient à 1193 piastres par mois.

La réaction des autorités ottomanes à cette demande fut surprenante. Le une note du ministère de la Justice fut adressée à l'ambassade britannique à Constantinople, d'où il ressort que l'accusation retenue contre Ṣubḥ-i Azal justifiant son exil n'était plus d'avoir comploté contre l'Islam et la Sublime Porte, mais avait été changée en celle bien plus infamante de «sodomie[33] ». Le de la même année, une note du ministère ottoman de la Police communiquée par l'ambassade britannique de Constantinople à Sir Robert Biddulph (qui la reçut le 24) demanda purement et simplement que Ṣubḥ-i Azal et Miškīn-Kalām soient remis aux autorités ottomanes pour être transférés en détention à Saint-Jean-d’Acre. L'accusation de sodomie contre Ṣubḥ-i Azal était maintenue. Devant cette exigence, un rapport de Sir Robert Biddulph au ministère des Affaires étrangères du fournit toutes les informations en sa possession à ce sujet, et remarque notamment que « With regard to Subhi Ezzel, Sir R. Biddulph said that he could not discover any ground for the statement that his offense was [sodomy], his own statement being that he was falsely accused of preaching against the Turkish religion, and his bitter enemy — Muskin Kalem — also stating that the offense was heresy. » Il ajoute que « they were condemned for “Babieisme” to seclusion for life in a fortress. This sentence was given by Imperial Firman and not by any judicial tribunal... »

Il s'agissait en somme de prisonniers pour délit d'opinion et non pas de condamnés, régulièrement reconnus coupables par un tribunal pour des crimes de droit commun.

À la suite de ce rapport, le ministère des Affaires étrangères donna l'ordre de libérer les deux prisonniers, les autorisant à quitter Chypre s'ils le désiraient, leurs rentes continuant de leur être versées seulement au cas où ils choisiraient de demeurer dans l'île. Cette décision fut communiquée à la Sublime Porte en précisant (puisqu'elle insistait dans sa demande de transfert des prisonniers à Saint-Jean-d'Acre) que les deux Persans emprisonnés à Famagouste l'étaient de toute évidence à cause de leurs opinions religieuses et que le gouvernement britannique ne pouvait pas les y retenir sous cette accusation. Le , Ṣubḥ-i Azal fut en conséquence informé officiellement qu'il était libre de se rendre là où il le voulait, en réponse il envoya à Sir Robert Biddulph une lettre, dans laquelle il lui demandait de pouvoir rester sous protection britannique[34], car il craignait d'être à son tour assassiné par les baha'is s'il se rendait en Palestine ou par les musulmans s'il revenait en Perse. Ṣubḥ-i Azal resta donc à Chypre, libre de ses mouvements, et l’Empire britannique continua à lui verser la pension qui lui avait été jusque là versée par la Sublime Porte ottomane en sa qualité de prisonnier d'État.

Pendant toutes ces années d'exil, placés sous stricte surveillance, les azalis vécurent entre eux et Ṣubḥ-i Azal continua de pratiquer la dissimulation et ne fit jamais du prosélytisme dans l’île, car il ne voulait pas avoir des problèmes avec le gouvernement. Les habitants de Famagouste le considéraient comme un saint homme musulman et il semblait vivre comme eux.

D'après le témoignage de son fils Riḍvān ‘Alī, Ṣubḥ-i Azal mourut à Famagouste le lundi à sept heures du matin et ses funérailles se déroulèrent dans l'après-midi de la même journée. Aucun des « Témoins du Bayān» n'étant présent[35], il fut enterré selon le rite musulman[36].

Selon E. G. Browne, Ṣubḥ-i Azal eut plusieurs épouses et au moins 9 fils et 5 filles. Son fils Riḍvān ‘Alī rapporte que son père eut 11 ou 12 épouses[37]. Dans son ouvrage intitulé The Cyprus Exiles[38], Moojan Momen lui attribue 17 épouses au cours de sa vie, parmi lesquelles 4 en Perse et au moins 5 à Bagdad, bien qu’il ne soit pas clair si ce fut en même temps ou successivement. Nabīl-i A’ẓam (Muḥammad-i Zarandī) rapporte dans sa chronique, qu’il se maria même d’une manière infamante avec une veuve du Bāb[39],[40],[41]. Tous ces témoignages sont suspects, et ils ont probablement été fabriqués dans le but de le disqualifier moralement, car il est en tout cas certain que pendant son exil à Chypre, où il était arrivé accompagné de deux épouses (Fāṭimih et Rūqīyyih), Ṣubḥ-i Azal ne vécut qu'avec une seule femme[42], la première étant décédée tout de suite après son arrivée dans l'île[43]. On a vu dans le second rapport rédigé par l'administration anglaise en 1879 que sa famille à Chypre était composée de 17 personnes.

Toujours d'après E. G. Browne, après la mort de son père, un des fils de Ṣubḥ-i Azal, Riḍvān ‘Alī, après avoir quitté Famagouste pendant quelque temps, était entré au service de Claude Delaval Cobham et s'était converti à l'orthodoxie sous le nom de « Constantin le Persan[44] ».

Succession de Ṣubḥ-i Azal

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D'après le témoignage de Riḍvān ʿAli rapporté par E. G. Browne, aucun des « Témoins du Bayān » n'était présent aux funérailles de Ṣubḥ-i Azal, ce qui explique la nomination d'un absent comme son successeur à la tête de la communauté: Mīrzā Yaḥyā Dawlat-ābādī, le fils de āqā Mīrzā Muḥammad Hādī Dawlat-ābādī[45], la succession était ainsi formellement garantie[46] De nos jours, les membres de la communauté Bayani soutiennent qu'il n'y pas de preuves documentaires valables de cette succession[47].

Postérité

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Après sa mort, les babis dépérirent au cours du XXe siècle, bien que quelques-uns jouèrent un rôle certain dans la révolution constitutionnelle persane de 1905 à 1911[48]. Ils vivaient leur foi en cachette dans un milieu musulman et ne développèrent pas d'organisation à grande échelle.

Il ne reste plus actuellement que quelques milliers de disciples de Ṣubḥ-i Azal, qui s'appellent eux-mêmes le Peuple du Bayān et sont nommés Bābīs, bayānīs ou azalīs[49], principalement en Iran et en Ouzbékistan, mais il est impossible de donner de chiffre exact, car ils continuent de pratiquer la dissimulation (taqīya) et ils vivent sans se différencier des musulmans qui les entourent[50]. Quelques-uns sont établis aux États-Unis d'Amérique, où ont été réédités les écrits de August J. Stenstrand en faveur de Ṣubḥ-i Azal, publiés pour la première fois entre 1907 et 1924[51].

Ṣubḥ-i Azal a laissé un nombre important d'écrits, dont la presque totalité n'a pas été traduite. On peut cependant lire en anglais Risāliy-i Mulūk (Traité sur la Royauté), écrit au mois d'août 1895 en réponse à des questions qui lui avaient été posées par A.-L.-M. Nicolas.

En suivant les consignes du Bāb, Ṣubḥ-i Azal a complété le Bayān persan. Le Bāb laissa incomplet ses deux Bayans, qui devaient comprendre 19 « Unités » (vāḥid, dont la valeur numérique selon la numération Abjad équivaut à 19) de 19 chapitres (« Portes » = abwāb, au singulier bāb), car le nombre 19 joue un grand rôle symbolique dans le Babisme, ainsi que le nombre 361 (19 × 19 Kull-i Šay' = « Totalité », dont la valeur numérique équivaut à 361). Le Bayān en persan comprend 9 unités complètes et 10 chapitres, alors que le Bayān en arabe comprend 11 unités complètes. Ṣubḥ-i Azal et Bahāʾ-Allāh prétendirent tous les deux au droit de compléter le Bayān, Ṣubḥ-i Azal rédigea un ouvrage intitulé Mutammim-i Bayān (Supplément au Bayān) pour donner au Bayān persan le même nombre d'unités complètes que le Bayān arabe. Bahāʾ-Allāh rédigea en 1862 son Kitāb-i īqān (Livre de la Certitude), que les baha'is (mais non les bayānīs) considèrent comme le complément du Bayān que devait révéler « Celui que Dieu rendra manifeste » annoncé par le Bāb.

Notes et références

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  1. « Mīrzā » est un titre persan, abréviation de « Amīrzādih », qui signifie « noble » ou « fils d’émir » ; « Yaḥyā » est son prénom, équivalent à Jean ; « Nūrī » indique le lieu d’origine de sa famille, dans la région de la ville de « Nour » (Nūr), et « Ṣubḥ-i Azal » — qui signifie « Aurore de l’Éternité » — est le titre que lui a donné le Bāb et sous lequel il est depuis connu et non pas un nom de famille, qui à l’époque n’existait pas plus en persan qu’en arabe.
  2. « The signs of his natural excellence and goodness of disposition were apparent in the mirror of his being. He ever loved gravity of demeanour, silence, courtesy, and modesty, avoiding the society of other children and their behaviour. » The Tarikh-i Jadid, or New History of Mirza ʿAli Muhammad the Bab, by Mirza Huseyn of Hamadan, translated from the persian by E. G. Browne, Cambridge, 1893, Appendix II, Havji Mirza Jani's History, with especial reference to the passages suppressed or modified in the Tarikh-i Jadid, p. 375.
  3. Religions et philosophies dans l'Asie Centrale, Ernest Leroux  éd., Paris, 3e édition, 1900) [lire en ligne]
  4. Rapport des propos de Mahomet, considérés comme « saints » par les musulmans.
  5. Tablet of the Bāb Lawh-i Vasaya, “Will and Testament” and Titles of Mīrzā Yahyā, mémorandum du 28 mai 2004, rédigé par le Département de Recherche du Centre mondial baha'i à la demande de la Maison universelle de justice
  6. The Primal Point’s Will and Testament, écrit par Manūčihri Sipihr et publié dans Research Notes in Shaykhi, Babi and Baha'i Studies, 2004, vol. 7, no 2: « The tablet is clearly addressed to the person with the name of Azal. As there was no one else with such a title in the Babi community, it can safely be assumed that the intended recipient of this tablet is none other than Subh-e Azal. »
  7. The Primal Point’s Will and Testament traduit du persan en anglais et commenté par Sepehr Manuchehri (2004)
  8. Né le 7 février 1862 et mort le 25 janvier 1926, Edward Granville Browne étudia à Eaton et à Cambridge le persan, l'arabe et le sanskrit. Il est un des plus célèbres orientalistes britanniques et il a été professeur à l'Université de Cambridge, où il a créé une école de langues orientales vivantes. Arrivé en Perse en octobre 1887, il a décrit ses voyages dans son ouvrage A Year amongsthe Persians (1893). Il a écrit plusieurs livres et articles sur la bābisme et la religion baha'ie. Il a rencontré personnellement tant le Bahā'ullāh que Ṣubḥ-i Azal, ainsi que ʿAbd-al-Bahāʾ, avec qui il a entretenu une correspondance, et dont il a écrit une nécrologie lors de sa mort en 1921.
  9. Kitab-i Nuqtatu’l-Kaf Being the Earliest History of the Babis compiled by Hajji Mirza Jani of Kashan between the years A.D. 1850 and 1852, edited from the unique Paris MS. Suppl. Persan 1071 by Edward G. Browne, p. 20
  10. Séyyèd Ali Mohammed dit le Bâb, Paris, 1905, p. 20
  11. Le point sur cette question a été fait par (en) Denis MacEoin, « Division and authority claims in Babism (1850-1866) », Studia iranica, vol. 18,‎ , p. 93-129.
  12. Cf. Manūčihrī Sipihr, “The Practice of Taqiyyah (Dissimulation) in the Babi and Bahai Religions”, Research Notes in Shaykhi, Babi and Baha'i Studies, 1999, vol. 3, no 3.
  13. (en) Denis MacEoin, « Division and authority claims in Babism (1850-1866) », Studia iranica, vol. 18,‎ , p. 93-129.
  14. N. Wahid Azal, "The Organizational Hierarchy of the Bābīs during the period of Ṣubḥ-i-Azal's residency in Baghdad (1852 – 1863)".
  15. En multipliant les identités, les professions et les lieux de résidence, Ṣubḥ-i Azal ne faisait que suivre les recommandations du Bāb, en se « dissimulant » pour échapper aux persécutions. Adib Taherzadeh, La Révélation de Baha'u'llah, volume 1, chapitre 15, Maison d'éditions bahā'īes, Bruxelles, (ISBN 978-2-87203-280-8)
  16. “Baha'u'llah's Surah of God: Text, Translation, Commentary”], traduit par Juan Cole, Translations of Shaykhi, Babi and Baha'i Texts, 2002, vol. 6, no 1.
  17. « Just before the departure [for Cyprus and Acre], Mirza Nasrullah of Tafresh was poisoned by Bahaâ's men. The other three followers of Subh-i Azal were murdered by Bahaâ's men and at his behest shortly after their arrival in Acre. The Ottoman officials arrested the murderers and imprisoned them. These were released after a while after Abbas Effendi (Bahaâ's eldest son) interceded. Professor Browne has confirmed the murder of the Azalis at the hands of Bahais in his book A Year Amongst the Persians ». Atiyya Ruhi, A Brief Biography of His Holiness Ṣubḥ-i Azal.
  18. « Bien qu'il eût rigoureusement interdit à ses fidèles, à plusieurs reprises, toute action de représailles, verbale ou écrite, contre leurs bourreaux — il avait même renvoyé à Beyrouth un Arabe converti, irresponsable, qui méditait de venger les torts soufferts par son chef bien-aimé —, sept de ses compagnons recherchèrent et tuèrent clandestinement trois de leurs persécuteurs, parmi lesquels Siyyid Muḥammad et āqā Jān. La consternation qui s'empara d'une communauté déjà accablée fut indescriptible. L'indignation de Bahāʾ-Allāh ne connut plus de bornes. Dans une tablette révélée peu de temps après cet acte, Bahāʾ-Allāh exprime ainsi son émotion : « S'il nous fallait raconter tout ce qui nous est arrivé, les cieux se fendraient et les montagnes s'écrouleraient. » « Ma captivité », écrit-il ailleurs, « ne peut me faire de mal. Ce qui peut me faire du mal, c'est la conduite de ceux qui m'aiment, qui se réclament de moi et qui, pourtant, commettent ce qui fait gémir mon cœur et ma plume. » Et il ajoute : « Ma détention ne peut m'apporter aucune honte. Et même, par ma vie, elle me confère de la gloire. Ce qui peut me faire honte, c'est la conduite de ceux de mes disciples qui font profession de m'aimer et qui, en fait, suivent pourtant le malin. » Il était en train de dicter ses tablettes à son secrétaire lorsque le gouverneur arriva à la tète de ses troupes qui, sabres au clair, entourèrent sa demeure.[…] Bahāʾ-Allāh fut convoqué d'une manière impérative au siège du gouvernement, interrogé et détenu la première nuit, avec l'un de ses fils, dans une chambre du Ḫān-i Šāvirdi; transféré pour les deux nuits suivantes dans un logement plus convenable, au voisinage, il ne fut autorisé à regagner son domicile que soixante-dix heures plus tard. […] « Est-il convenable », s'enquit avec insolence le commandant de la ville, se tournant vers Bahāʾ-Allāh lorsqu'il arriva au siège du gouvernement, « que certains de vos disciples se conduisent de la sorte ? », « Si l'un de vos soldats », répliqua promptement Bahāʾ-Allāh, « commettait un acte répréhensible, seriez-vous tenu pour responsable et puni à sa place? » Lors de son interrogatoire, on lui demanda de décliner son nom et celui du pays d'où il venait. « Ceci est plus évident que le soleil », répondit-il. On lui posa de nouveau la même question à laquelle il donna cette réponse : « je ne juge pas à propos d'en parier. Reportez-vous au farmān du gouvernement qui se trouve entre vos mains. » Une fois de plus, avec une déférence marquée, ils réitérèrent leur demande, sur quoi Bahāʾ-Allāh prononça, avec puissance et majesté, ces paroles : « Mon nom est Bahāʾ-Allāh » (Lumière de Dieu), « et mon pays est Nour » (Lumière). « Soyez-en informés. » Se tournant alors vers le mufti, il lui adressa des reproches voilés, puis il parla à toute l'assemblée dans un langage si véhément et si élevé que nul n'osa lui répondre. Après avoir cité des versets de la Sūriy-i Mūlūk, il se leva et quitta l'assemblée. Aussitôt après, le gouverneur lui fit savoir qu'il était libre de retourner chez lui, en exprimant ses regrets pour ce qui s'était passé. » citation de Dieu passe près de nous, p. 181-183 au chapitre XI
  19. « Well, one night about a month after their arrival at Acca, twelve Bahais (nine of whom were still living when I was at Acca) determined to kill them and so prevent them from doing any mischief. So they went at night, armed with swords and daggers, to the house where the Azalis lodged, and knocked at the door. Aga Jan came down to open to them, and was stabbed before he could cry out or offer the least resistance. Then they entered the house and killed the other six. In consequence, the Turks imprisoned Baha and all his family and followers in the caravanserai, but the twelve assassins came forward and surrendered themselves, saying, “We killed them without the knowledge of our Master or of any of the brethren. Punish us, not them.” » citation tirée de “Bahaism and Religious assassination” par S.G. Wilson in Muslim World, vol. 4, Issue 3, p. 236, Londres, 1914 (Published for The Nile Mission Press by the Christian Litterature Society for India 35 John Street, Bedford Row, W.C.)
  20. « The Baha'i religion has not proven to be very paceful in its propagation so far. Its own history proves the contrary! The early Bābis waged war openy against their opponents, and when Bahā'[u'llāh] declared himself to be head of the movement it became a secret warfare by assassinating his opponents with either poison, bullet or dagger: no less than twenty of the most learned and oldest of the Bābis, including many of the original “Letters of the Living”, where thus removed. It was said that Bahā'[u'llāh] did not order these assassinations. No, but he was well pleased with them, and the perpetrators, for be promoted them to higher names and ranks. One of them received the following encouragement from Bahā'[u'llāh] for stealing S₣ 544 (£ 350) in money from one of his antagonists: « O phlebotomist of the Divine Unity! Throb like the artery in the body of the Contingent World, and drink of the blood of the “Block of Heedlessness” for that he turned aside from the aspect of thy Lord the Merciful! » » August J. Stenstrand, The Complete Call to the Heaven of the Bayan, Chicago, 2006, p. 112 (à l'origine publié en juin 1913)
  21. Logos and Civilization, écrit par Nader Saiedi et publié par University Press of Maryland, États-Unis, 2000, chap. 6, (ISBN 978-1-883053-60-4)
  22. « On the other hand, Babi doctrines maintain their traditional bond to Shii Islam, as is the case with taqiya, the possibility of hiding one’s religious thoughts or convictions in times of crisis or danger. The idea of martyrdom and warlike jihad as a means to reach salvation also remain central in Babi thought. » An introduction to Bab'i faith, in Encyclopedia of religion,  éd. par Lindsay Jones, Ed. Macmillan Reference, États-Unis, 2004, 2d édition (December 17) (ISBN 978-0-02-865733-2)
  23. “The practice of Taqiya (Dissimulation) in Babi and Bahai religions” par Sepehr Manuchehri, Research Notes in Shaykhi, Babi and Baha'i Studies, 1999, septembre, vol. 3, no 3.
  24. Le soulèvement des babis du Mazandaran et l'épisode de Shaykh Tabarsi prouvent que ceux-ci considéraient la Djihad-bis-Sayf (« par l'épée ») comme légitime, puisque ce combat fut mené sur l'ordre du Bab lui-même avec des références eschatologiques évidentes.
  25. Toutes proportions gardées, les décrets (fatwa) de mise à mort qu'il proféra contre des babis défiant son autorité comme successeur du Bab à la tête de la communauté peuvent être considérés comme une forme de Djihad-bis-Sayf et rapprochés des « guerres de l'apostasie » (houroub al-ridda) menées par Abou Bakr As-Siddiq contre ceux qui contestaient son autorité de Calife après la mort de Mahomet. À propos de ces fatwas, lire Extracts from the memoirs of Nabil Zarandi on the conduct of the Babis in Iraq préfacés et traduits par Sepehr Manuchehri, et l'épisode de Dayyan dans (en) Denis MacEoin, The Messiah of Shiraz : Studies in Early and Middle Babism, Leiden, Brill, (ISBN 978-90-04-17035-3, lire en ligne), p. 389-391
  26. C’était seulement naturel, dans les circonstances d’espoir frustré et de douleur montante, et en vue de la promesse claire et énergique donnés à eux par le Bab, en regard de l’avènement proche de «Celui que Dieu rendra manifeste», que nombre d’entre eux durent presque faire un pas en avant dans un état d’auto-hypnotisme, de revendiquer être Celui pour (whose sake) le Bab avait joyeusement versé Son sang, de proclamer qu’ils étaient venus pour sauver une communauté étourdie par l’adversité des abysses du désespoir et de la dégradation. Une nouvelle fois, il était naturel qu’ils puisent trouver des adhérents, que certains se rallieraient avec joie autour d’eux, car c’était une main guide, un sage conseiller dont les babis avaient désespérément besoin. À peine quelques-uns de ces «Manifestations de Dieu» auto nommées étaient des hommes de ruse, d’avidité ou d’ambition. Alors que les tensions augmentaient, leur nombre s’éleva au nombre élevé de 25. L’un d’entre eux était un indien nommé Siyyid Basir, un homme d’un courage sans bornes et zélé, qui finalement rencontra la mort comme martyre. Un prince obstiné de la maison de Kadjar s’infligea des tortures atroces sur lui auxquelles il succomba. Un autre était Mirza Asadu’llah de Khuy, que le Bab avait nommé Dayyan, connu comme la «troisième Lettre à croire en Celui que Dieu rendra manifeste». Le Bab s’était même référé à lui comme le dépositaire de la vérité et de la connaissance de Dieu. Au moment où Baha’u’llah avait quitté Bagdad pour résider dans les montagnes du nord, Dayyan approcha Mirza Yahya et fut grandement déçu. Puis il avança la revendication de son propre chef, à l’appui de quoi il écrivit un traité et envoya une copie à Mirza Yahya. La réponse de Subh-i Azal fut de le condamner à mort. Il écrivit un livre qu’il appela Mustayqiz( L'endormi réveillé) (dont il y a des copies au British Museum) pour dénoncer Dayyan et Siyyid Ibrahim-i Khalil, un autre important Babi, qui s’était aussi détourné de lui. Dayyan fut fustigé comme « Abu’sh-Shurur » — le « Père des iniquités ». E. G. Browne écrit au sujet de cette accusation : « Ṣubḥ-i Azal [...] non seulement l’insulte dans le langage le plus grossier, mais il exprime sa surprise que ses adhérents 'restent silencieux à leurs places et ne le transpercent pas avec leurs lances', ou 'ne déchirent pas ses intestins avec leurs mains' ». Materials for the Study of the Babi Religion, Cambridge, 1918, p. 218. Lorsque Baha’u’llah revint à Bagdad, Dayyan le rencontra et renonça à sa revendication. Mais la sentence de mort prononcée par Ṣubḥ-i Azal fut exécutée par son serviteur, Mirza Muhamad-i Mazindarani. Mirza Ali-Akbar, un cousin du Bab, qui était dévoué à Dayyan, fut aussi tué. (cf. H.M. Balyuzi, 'Edward Granville Browne and the Bahā'ī Faith, Oxford, éd. George Ronald, (ISBN 978-0-85398-023-0))
  27. « Dissensions naturally arose, which culminated in the interference of Turkish government and the final separation of the rival heads. Subh-i Azal was sent to Famagusta in Cyprus, and Baha'ullah to Akka in Palestine, and there they remain to the present day, the former surrounded by a very few, the latter by many devoted adherents. Less than a year ago I visited both places, and heard both sides of a long and tangled controversy. But the upshot of the whole matter is, that out of every hundred Bābis probably not more than three or four are Azalis, all the rest accepting Baha'ullah as the final and most perfect manifestation of the Thruth. » E. G. Browne, “Bābism”, in: August J. Stenstrand, The Complete Call to the Heaven of the Bayan, Chicago, 2006, p. 49-50
  28. Liste des exilés dans le rapport de E.G. Browne sur le voyage d’Acre à Chypre (Browne Papers, manuscrits de Browne à la bibliothèque de l’université de Cambridge, Sup 21(8), p. 20 ; comme corrigé dans la traduction faite par E.G. Browne de A Traveller's Narrative written to illustrate the Episode of the Bāb, Cambridge, Cambridge University Press, 1891, vol. 2, p. 376-389.
  29. « After much investigation by the Ottoman officials, they decided to send four of the Baha’s followers (Mushkin Qalam of Khurasan, Mirza Ali the Traveler, Muhammad Baqir of Isfahan and Abdul-Gafar) with Subh-i Azal to Cyprus and four of the Subh-i Azal’s followers (Sayyid Muhammad of Isfahan, Aqa jan Beg of Kashan, Mirza Reza Quli of Tafresh and his brother Mirza Nasrullah of Tafresh) with Baha to Acre. The purpose of this initiative was to enable the Ottoman officials to receive information from the rival parties and to be informed of the visits made by their visitors. » A Brief Biography of His Holiness Subh-i Azal par ʿAṭṭīya Rūḥī.
  30. « [...] Mushkin-Kalam set up a little coffee-house at the port where travellers must needs arrive, and whenever he saw a Persian land, he would invite him in, give him tea or coffee and a pipe and gradually worm out of him the business which had brought him thither. And if his object were to see Subh-i Ezel, off went Mushkin-Kalam to the authorities, and the pilgrim soon found himself packed out of the island. » A Traveller's Narrative written to illustrate the Episode of the Bāb, Cambridge, Cambridge University Press, 1891, vol. 2, p. 560-561.
  31. Né en 1842 et mort en 1915, étudia à Oxford (B.A. Hon. 1866, B.C. L., M.A. 1869) adjoint du commissaire (1878) et ensuite (1878-1907) commissaire de Larnaca, auteur de An Attempt at a Bibliography of Cyprus, Nicosia, 1886 (5e éd. Cambridge, 1908) et de Excerpta Cypria, Cambridge, 1908 (2e  éd.), cf. Αριστἱδις Κουδυουνἁρις, Βιογραφικὁν Λεχικὁν Κυπρἱον [Dictionnaire biographique des Chypriotes], Nicosie, 1991, p. 96, sub voce.
  32. Pour tout ce qui concerne sa vie à Famagouste cf. Fabrizio Frigerio, « Un prisonnier d'État à Chypre sous la domination ottomane : Soubh-i Ezèl à Famagouste » in:Πρακτικά του Γ Διεθνούς Κυπρολογικού Συνέδριου (Actes du IIIe Congrès International d'Études Chypriotes), Nicosie, Chypre, 2001, vol. 3, p. 629-646.
  33. Dans l'Islam, le sunnisme condamne la sodomie, aussi bien hétérosexuelle qu'homosexuelle, contrairement à certains avis chiites, ne reconnaissant que l'interdiction du deuxième cas. Cette accusation semble plutôt étrange, si l'on pense qu'en même temps, pour essayer de le disqualifier moralement, ses adversaires baha'is l'ont accusé d'avoir eu jusqu'à dix-sept femmes, cf. “The Cyprus Exiles”, écrit par Moojan Momen et publié dans Bahā'ī Studies Bulletin, 1991, p. 81-113.
  34. « To the Commissioner, I have received your kind letter of 24/4/81 and indeed I cannot express my feelings of gratitude to H.M. the Queen and to the Heads of the English Govt. in Cyprus. I thank you sincerely, Sir, for the kind letter you had sent me releasing me from my exile here, and wish long life to H.M. the Queen. Another small favour I should like to ask, if it is possible that I might be in future under English protection, as I fear that going to my country my countrymen might again come on me. My case was simple heretic religious opinions, and as the English Govt. leaves free every man to express his own opinions and feelings on such matters, I dare hope that this favour of being protected by them, and which favour I most humbly ask, will not be refused to me. (signed) Subhi Ezzel. » (Browne Papers, Folder 6, Item 7, no 21)
  35. « But none were to be found there of witnesses to the Bayan »
  36. « His household and its members applied to the government and asked permission from the Governor [i.e. Commissioner] of Famagusta to deposit his body in a place who belonged to that Blessed Being and which is situated about one European mile outside Famagusta near to the house of Baruvtji-zada Haji Hafiz Efendi. His Excellency the Commissioner granted his permission with the utmost kindness and consideration, and a grave was dug in that place and built up with stones. A coffin was then constructed and prepared, and in the afternoon all the government officials, by command of the Commissioner, and at their own wish and desire, together with a number of people of the country, all on foot, bore the corpse of that Holy being on their shoulders, with pious ejaculations and prayers, and every mark of extreme respect, from his house to the site of the Holy Sepulchre. But none were to be found there of witnesses to the Bayan, therefore the Imam-Jum'a of Famagusta and some others of the doctors of Islam, having uttered [the customary] invocations, placed the body in the coffin and buried it. And when they brought it forth from the gate of Famagusta some of the Europeans also accompanied the Blessed Body, and the son of the Quarantine doctor took a photograph of it with a great number [of the bystanders], and again took another photograph at the Blessed Tomb », Account of the Death of Mirza Yahya Subh-i Azal, traduit par E.G. Browne et publié dans Materials for the Study of the Babi Religion, p. 311-312. Les deux photos prises lors des funérailles ont été publiées par Harry Charles Lukach [devenu ensuite Sir Harry Luke], The Fringe of the East, A Journey through Past and Present Provinces of Turkey, Londres, MacMillan and Co., 1913, en face de la p. 266, avec un portrait photographique de Ṣubḥ-i Azal à l'âge de 80 ans, en face de la p. 264.
  37. Browne, “Personal Reminiscences of the Babi Insurrection at Zanjan in 1850, written by Aqa ʿAbd al-Ahad-i Zanjani”, Journal of the Royal Asiatic Society, 1897, p. 761-827 (p. 767).
  38. Moojan Momen, The Cyprus Exiles, publié dans Bahā'ī Studies Bulletin, vol. 5, no 3 – vol.  6, no 1, juin 1991, p. 84-113.
  39. God passes by de Shoghi Effendi à la page 165
  40. A Critical Analysis de “God passes by” par Imran Shaykh, voir le chapitre sur “The Decline of Mirza Yayha and His Subsequent Deeds”
  41. « He ordered the wife of the Bab [Fatimah Khanum, the sister of Mulla Rajab-Ali Qahir. She was the temporary wife (Siqah) of the Bab in Isfahan], to arrive in Baghdad from land of Sad [means the city of Isfahan in Babi terminology], with hundred treachery and contempt, he took her for one full month, afterwards he gave her away, to that bastard Dajjal from land of Sad », Extracts from the memoirs of Nabil Zarandi on the conduct of the Babis in Iraq', préfacés et traduits par Sepehr Manuchehri
  42. Fabrizio Frigerio, « Un prisonnier d'État à Chypre sous la domination ottomane : Soubh-i Ezèl à Famagouste », Πρακτικά του Γ Διεθνούς Κυπρολογικού Συνέδριου [Actes du IIIe Congrès International d'Études Chypriotes], Nicosie, Chypre, 2001, vol. 3, p. 629-646.
  43. « Died, apparently soon after arrival. » E. G. Browne, A Traveller's narrative written to illustrate the Episode of the Bab, Cambridge, 1891, vol. II, p. 384.
  44. “The Cyprus Exiles” de Moojan Momen, dans Bahā'ī Studies Bulletin, 1991, p. 99.
  45. « Now this Holy Person [i.e. Subh-i Azal] before his death had nominated [as his executor or successor] the son of Aqa Mirza Muhammad Hadi of Dawlatabad, who was one of the leading believers and relatively better than the others, in accordance with the command of His Holiness the Point [i.e. the Bab], glorious in his mention, who commanded saying, “And if God causeth mourning to appear in thy days, then make manifest the eight Paths”, etc. until he says, “But if not, then the authority shall return to the Witnesses of the Bayan”. »
  46. Le successeur désigné était né en 1862-63 et est mort en 1940. D'après Denis MacEoin : « Yahyâ, however, devoted his energies to education and literature and seems to have had little to do with Babism. » ((en) Denis MacEoin, The Sources for Early Bābī Doctrine and History : A Survey, Leiden, E.J. Brill, , 274 p. (ISBN 978-90-04-09462-8, lire en ligne), p. 38.
  47. The Bayani Community of Iran: "Although some Western language sources, including E.G. Browne (d. 1926), have stated that Hadi Dowlatabadi (1908-09?) had initially been nominated by Subh-i-Azal to succeed him - upon whose own death the succession is then held by these sources to have devolved upon his son Yahya Dawlatabadi (d. 1939) -, the fact of the matter is that there is absolutely no primary source documentation or any other evidence supporting this assertion. The unanimous position of the Bayani community today is that Subh-i-Azal left no will and testament; that therefore there was no successor; and so effectively the leadership of the Bayani community became henceforth a collective endeavor, a position foreseen by the Bab himself in the aforementioned will and testament".
  48. « The small but influential circle of Azalī Babis and their sympathizers included at least six major preachers of the Constitutional Revolution. By the beginning of the 20th century the separation of the Bahai majority and the Azalī minority was complete. The Babis, loyal to the practice of dissimulation (taqīya), adopted a fully Islamic guise and enjoyed a brief revival during the reign of Moẓaffar-al-Dīn Shah. As they broadened their appeal beyond the Babi core, a loose network of assemblies (majles) and societies (anjomans) gradually evolved into a political forum in which both clerical and secular dissidents who favored reform were welcome. These radicals remained loyal to the old Babi ideal of mass opposition to the conservative ʿolamāʾ and Qajar rule. An example of their approach is Roʾyā-ye ṣādeqa, a lampoon in which the notorious Āqā Najafī Eṣfahānī is tried on Judgment Day; it was written by Naṣr-Allāh Beheštī, better known as Malek-al-Motakallemīn, and Sayyed Jamāl-al-Dīn Wāʿeẓ Eṣfahānī, two preachers of the constitutional period with Babi leanings. Such figures as the celebrated educator and political activist Mīrzā Yaḥyā Dawlatābādī; Moḥammad-Mahdī Šarīf Kāšānī, a close advisor to Sayyed ʿAbd-Allāh Behbahānī and chronicler of the revolution; and the journalist Mīrzā Jahāngīr Khan Ṣūr-e Esrāfīl shared the same Babi background and were associated with the same circle. » Article “Constitutional revolution, i. Intellectual background”, Encyclopaedia Iranica
  49. "We call ourselves Bayani and consider the term Azali (which was fabricated as a term of derision by 'Abbas Effendi) an offensive and misleading." The Bayani community of Iran, sur le site Iranian.com.
  50. "Modern Babism", article en anglais de l’Encyclopaedia of the Orient.
  51. The Complete Call to Heaven of the Bayān, écrit par August J. Stenstrand, édité par Muhammad Abdullah al-Ahari avec une introduction de E. G. Browne sur le babisme et publié par Magribine Press, Chicago, 2006, (ISBN 978-1-56316-953-3).

Bibliographie

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(en ordre chronologique)

E. G. Browne
Michele Lessona
  • I Babi écrit par Michele Lessona et publié par Ermanno Loescher éd., Turin, 1881. Publication numérisée de East Lansing, Michigan, H-Bahai, 2003.
Clément Huart
Arthur de Gobineau
A.-L.-M. Nicolas

Écrits favorables au point de vue azali

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Écrits baha'is

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  • (en) Muḥammad-i Zarandī Nabīl-i Aʿẓam (trad. Shoghi Effendi), The Dawn-Breakers : Nabíl’s Narrative, Wilmette, Bahá’í Publishing Trust, (ISBN 978-0-900125-22-5, lire en ligne)
    Traduction française : Muḥammad-i Zarandī Nabīl-i Aʿẓam, La Chronique de Nabíl [« The Dawn-Breakers »], Bruxelles, Maison d’éditions bahá’íes, (lire en ligne)
  • My Memories of Bahāʾ-Allāh, écrit par Ustād Muḥammad-ʿAlīy-i Salmānī et publié par Kalimāt Press, Los Angeles, 1982.
  • (en) Shoghi Effendi, God Passes By, (lire en ligne)
    Traduction française : Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous [« God Passes By »], Bruxelles, Maison d’éditions bahá’íes,
  • The Cyprus Exiles, écrit par Moojan Momen et publié dans Bahā'ī Studies Bulletin, 1991, p. 81-113.
  • Baha'u'llah's Surah of God : Text, Translation, Commentary, traduit par Juan Cole et publié dans Translations of Shaykhi, Babi and Baha'i Texts, 2002, vol. 6, no 1.

(en ordre alphabétique)

Articles connexes

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Liens externes

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