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Tonnelier

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Le tonnelier et son univers, dans une cidrerie en Normandie
Le tonnelier au Zuiderzeemuseum, à Enkhuizen aux Pays-Bas

Le tonnelier est un artisan qui confectionne des fûts en bois. Tout le savoir-faire du tonnelier est réuni dans cet objet pratique et nécessaire. Son coup de main et son coup d'œil feront la bonne barrique qui permettra le vieillissement du vin, de la bière ou de l'alcool.

« Comment a-t-on pu imaginer de faire tenir un liquide dans un montage de morceaux de bois fort difficile à assembler ? La plus grande partie des inventions humaines figurait déjà dans la nature : la maison, c'est la grotte, le bateau, c'est le tronc d'arbre qui flotte, même la roue, c'est le soleil qui roule dans l'espace. Le récipient naturel, c'est l'amphore, le vase fabriqué à l'image d'une pierre creuse, en moulant l'argile humide, ou bien c'est l'outre que l'on trouve toute faite en creusant la peau d'un bouc. Mais la barrique est bien une invention de poètes, l'imagination d'un peuple de rêveurs, insoucieux du temps et de la vie pratique, nos ancêtres les Celtes[1]. »

Histoire

Porte de tonnelier à Viens (XVe siècle)
Fabrication de tonneaux (gravure de 1568, Allemagne)
Porte de grand cellier à Saint-Tropez datée du XVIIIe siècle

Le tonneau est connu en Europe depuis plus de 2 000 ans, inventé par les Gaulois. Il servit d'abord à stocker des produits solides comme les grains, les salaisons ou même les clous, mais également des liquides par la suite (vin, bière, cidre, eau) ; l'étanchéité du récipient s'étant améliorée avec le savoir-faire[2]. D'abord appelé charpentier de tonneau, les maîtres tonneliers « tonloiers » ou « barilliers » étaient déjà réunis en corporation au IXe siècle. Au XIIIe siècle, ils remirent leurs statuts pour approbation en même temps que 121 autres corps de métiers. En 1444, Charles VII de France confirma les statuts des tonneliers ou barilliers (les tonneliers charpentiers ou foudriers ont pour leur part été rattachés à la corporation des charpentiers dès le Xe siècle). Il donne par la même occasion aux tonneliers barilliers le privilège de déchargeurs de vin : ils sont les seuls à avoir le droit de débarquer le vin qui arrive par bateau.

Au Moyen Âge, les rois avaient leurs propres tonneliers, chargés d'entretenir les barils et les muids. Ils faisaient aussi fonction d'échanson (fonction historiquement avérée du règne de Charlemagne à celui de saint Louis).

Les maîtres brasseurs, alors organisés en corporation avaient également le métier de tonnelier pendant la saison chaude, durant laquelle le brassage était interdit.

Les fabrications des tonneliers étaient nombreuses : baquets, bailles, baignoires, barattes, barils, barillets, cuveaux, seaux, seillons, hottes et bien sûr tonneaux. Le tonnelier de village était pratiquement le seul à fabriquer des tonneaux ou à réparer les vieux fûts des vignerons. Il était payé à la pièce.

Fichier:Halage sur la Durance Amphores et tonneaux gallo-romains.jpg
Bas-relief de Cabrières-d'Aigues avec la première représentation connue de tonneaux. Exposé au Musée Calvet d'Avignon, la scène montre deux esclaves halant une barque dirigée par un nautonier, dans celle-ci deux barriques cerclées et, positionnées au-dessus, quatre amphores à fond plat avec trois autres récipients ressemblant à des bonbonnes

La barrique a été inventée par les Celtes et adoptée par les Romains comme l'attestent des bas-reliefs de scènes de halage avec les tonneaux bien visibles sur les embarcations datant du Ier siècle av. J.-C. Et depuis plus de 2 000 ans, les tonneaux ont servi de contenant à diverses denrées.

Actuellement, le tonneau est principalement utilisé pour les vins et les alcools « vieillis en futs de chêne ».

Bien qu'aucune machine n'ait pu remplacer complètement l'homme dans la fabrication des barriques, il reste aujourd'hui une centaine d'entreprises de tonnellerie en France, ce qui représente environ 400 tonneliers et 500 000 tonneaux. Ces entreprises sont aujourd'hui florissantes, exportent dans le monde entier 80 % de leur fabrication, et certaines sont même cotées en Bourse, ce qui en fait un des métiers les plus dynamiques de l'industrie du bois.

D'immenses tonnelleries mécanisées existent aux États-Unis pour la fabrication des fûts à whisky. Il existe des tonnelleries au Portugal, en Espagne, en Italie, en Irlande, en Suisse, en Autriche, en Hongrie, et dans la plupart des régions vinicoles traditionnelles.

Fabrication

Le tonnelier utilise le plus fréquemment du chêne (sessile et pédonculé), robinier, châtaignier, merisier pour l'élevage des vins et alcool en tonneau. Le bois est d'abord préparé par un Merrandier en merrain (pièce de bois sans défaut, fendue et sciée dans le but d'être étanche et cintrable). Le merrain est empilé sur palette afin de sécher à l'extérieur pendant 18 à 36 mois. Le merrain est ensuite écourté, dolé, creusé et jointé pour donner la forme du tonneau final : le merrain devient une douve ou douelle ainsi usiné. Les douelles sont assemblées en rose, chauffées et cintrées pour obtenir une coque. Ensuite intervient le bousinage qui consiste à torréfier l'intérieur de la coque en fonction du vin ou de l'alcool à élever : les arômes de vanille, viennoiserie, pain d'épices, moka, pain grillé, amande, chocolat, fraise etc... sont révélés lors de cette cuisson. Puis le trou de bonde est percé et cautérisé. La coque est rognée aux deux extrémités pour former la parée qui va recevoir les fonds. La pose des deux fonds effectuée, le tonneau est serré provisoirement avec des cercles épais pour tester son étanchéité avec de l'eau. On laisse les cercles d'extrémités pour poncer le tonneau et on pose les cercles galvanisés définitif. Pour une finition traditionnelle les cercles fer sont peint en noir, des cercles châtaigniers ornes la coque et une barre en sapin avec cheville décore l'avant du tonneau.

La fabrication artisanale en limousin : Far las barricas, le témoignage d'un tonnelier retraité sur "La Biaça", le site des archives de l'Institut d’Études Occitanes du Limousin .

Capacités des fûts

Pièce de 228 litres, feuillette de 114 litres et quartaut de 57 litres exposés au musée du vin de Bourgogne de Beaune.

L'histoire et la géographie des régions viticoles ont donné naissance à une grande diversité de contenances. Les capacités varient ainsi en fonction de l'utilisation, de quelques dizaines à plusieurs centaines de litres. Ces volumes sont cependant standardisés à l'intérieure même des régions, mais on retrouve des dénominations différentes, et des variations de volumes d'une région à l'autre.

Références et bibliographie

Références

  1. Pierre Boujut, tonnelier, dans Des métiers et des hommes au village, de Bernard Henry, 1975
  2. Les ébénistes du vin, J-M Soyez, 1991, ISBN 2-87938-000-6

Bibliographie

  • R. Brunet, Manuel de tonnellerie, Bibliothèque professionnelle, Librairie J-B Bailliere & Fils, Paris, 1925
  • Bernard Henry, « M. Picard, tonnelier dans le Sancerre », dans Des métiers et des hommes au village, Le Seuil, 1975
  • Gérard Boutet, « Moïse Bertrand, tonnelier aux Ruelles », dans Les gagnes-misère, Jean-Cyrille Godefroy, 1986.
  • Jean Taransaud (maître tonnelier de Cognac), Le Livre de la tonnellerie, 1993
  • Pierre Boujut, Célébration de la barrique. 1970
  • Nicolas Vivas, Manuel de tonnellerie, Féret, 2002
  • Jérôme Fouailly, Merrandier, Maître tonnelier, Meilleur Ouvrier de France 2007, court métrage "Merrain l'enchanteur" produit par Daniel Renard

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes