Aller au contenu

Avant 1957 en astronautique

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Cette page présente la chronologie des événements qui se sont produits avant l'année 1957 dans le domaine de l'astronautique, que ce soit dans le domaine technique que celui des idées, croyances et théories.

Chronologie

[modifier | modifier le code]

Jusqu'au XXe siècle

[modifier | modifier le code]
  • 1232[5] : premier usage documenté de fusées. Pendant la bataille de Kaifeng, les Chinois repoussèrent les Mongols à l'aide de « flèches de feu volantes »[6]. Les fusées utilisées à l'époque[7], bien que n'étant pas très destructrices par elles-mêmes, désorganisèrent l'armée adverse en provoquant la panique de ses chevaux.
  • XIIIe siècle : le livre arabe Kitâb al-furussia wal munassab al-harbiya illustre l'utilisation de fusées lors de combats. Il se peut qu'elles aient été utilisées par les Arabes lors de la septième croisade, contre les troupes du roi Saint Louis[8] ; ces fusées comportait une charge utile explosive sous la forme d'un sac de poudre.
  • 1649 : Savinien de Cyrano de Bergerac décrivit huit procédés utilisables pour voler jusqu'à la Lune, et quatre pour atteindre le Soleil. L'un de ces procédés consistait en plusieurs fusées à poudre allumées successivement[10], approche comparable aux fusées à étages modernes.

Dans son ouvrage théorique L'Exploration de l'espace cosmique par des engins à réaction, Constantin Tsiolkovski décrit une fusée à propergol liquide (hydrogène/oxygène) qui serait assez puissante pour se libérer de l'attraction terrestre et atteindre d'autres planètes. Il écrit la loi fondamentale du rapport de masse impliquant le découpage de la fusée en plusieurs étages.

Afin de faire comprendre le principe de la propusion à réaction, Constantin Tsiolkovski a proposé sa fameuse expérience "de la barque" : une personne se trouve démunie d'avirons dans une barque à l'écart de la rive. Il veut rejoindre cette rive. Il remarque que la barque est chargée d'une certaine quantité de pierres et a l'idée de lancer, une à une et le plus vivement possible, ces pierres dans la direction opposée à la rive. Effectivement, à la quantité de mouvement des pierres jetées dans un sens correspond une quantité de mouvement égale pour la barque dans l'autre sens.

  • 1er novembre : Robert Goddard fait fonctionner la première chambre à combustion à liquides au centre d'expériences de Worcester.
  • 16 mars : la fusée à propulsion liquide Nell[13], de Robert Goddard, décolle pour un vol de 2,5 secondes et 13 mètres de haut[14], à Auburn, au Massachusetts. Après le lancement, un quotidien américain titra : « Une fusée lunaire manque sa cible de 384 400 km ! »[15]


  • 23 juillet : Hermann Oberth teste avec succès un des premiers moteurs à combustible liquide (oxygène liquide et gaz). L'armée roumaine le remarque et l'embauche pour des recherches.
  • Le GIRD (en russe : ГИРД) ou Grouppa Izoutcheniïa Reaktivnovo Dvijeniïa (en russe : Группа изучения реактивного движения) qui signifie « Groupe d'Étude de la Propulsion par Réaction », est formé à Moscou (MosGIRD) en janvier, et en novembre de la même année à Leningrad (LenGIRD) sous l'égide de la principale association paramilitaire soviétique baptisée "Société pour la Promotion de la Défense et du Progrès Aérochimique" (OSOAIAKHIM).
  • Le premier directeur du GIRD est Friedrich Tsander.
  • Tests du premier moteur-fusée à ergols liquides, baptisé ORM-1, conçu et construit par Valentin Glouchko, considéré comme le premier ingénieur à avoir mis en pratique les théories élaborées par Tsiolkovski.
  • Sergueï Korolev, le futur père de l'astronautique soviétique, prend la direction du GIRD.
  • Mikhaïl Klavdievitch Tikhonravov rejoint le GIRD, dont il fut un des leaders. Son équipe construisit la fusée GIRD-09, propulsée à l'oxygène liquide et à l'essence gélifiée.
  • Valentin Glouchko, qui concevra par la suite la majeure partie des moteurs propulsant les fusées de Korolev, est responsable d'une section du GIRD qui effectue des recherches méthodiques sur la propulsion à ergols liquides.
  • 19 avril : la première fusée stabilisée par gyroscope et volets décolle (fabriquée par Robert Goddard).
  • janvier : Tsander commence le développement du missile GIRD-X qui est initialement propulsé avec un propergol métallique remplacé après différents essais par le moteur du projet 10 dont le premier tir sur banc d'essais a lieu en mars 1933. Ce moteur brule de l'oxygène liquide et du kérosène : c'est un des premiers moteurs-fusées refroidi par de l'oxygène liquide circulant dans une double paroi entourant la chambre de combustion avant de pénétrer dans celle-ci.
  • 17 août : premier lancement par les Soviétiques d'une fusée à carburant liquide, la GIRD-09. C'est un succès.
  • Wernher von Braun lance de l'île de Borkum, en mer du Nord, deux exemplaires (Max et Moritz) de la fusée A2 (Aggregat 2) dont le moteur développe une tonne de poussée. Elles atteignent l'altitude de 2 200 mètres[18].
  • Publication de Une fusée dans la stratosphère, ouvrage de Sergueï Pavlovitch Korolev.
  • Début des tests du RP-318, un planeur conçu par Korolev et propulsé par un moteur-fusée ORM-65 de 175 kg de poussée, développé par Glouchko. Celui-ci entame des tests au banc d'essais en novembre 1936[20], mis au point à l'Institut de recherche scientifique sur les moteurs à réaction (Reaktiwny Nautschno Issledowatjelski Institut ou RNII), dirigé par Ivan Kleïmenov (Un cratère porte son nom sur la face cachée de la Lune), qui a succédé à Tikhomirov, avec comme adjoint Korolev.
  • Création par les allemands de la base de Peenemünde, dans l'île d'Usedom. Entre 1936 et 1943, ce site militaire de recherche de l'armée allemande, était à la fois, un centre de fabrication et un site d'essais de missiles. Le coût des installations a été évalué à 300 millions de Marks (de l'époque)[21]
  • Octobre : les allemands décident de la construction industrielle des V2[25].
  • 3 octobre : après l'échec des deux premiers tirs des 13 juin et 16 août 1942, premier vol réussi d'un V2 (encore baptisé A 4 à cette période). En cette journée, alors que la situation devenait critique pour le programme, un 4e prototype modifié dans l'urgence[26] parcourut une distance de 192[27] km, effectuant une parabole dont l'apogée culminera à 85 km d'altitude[28]
  • 24 décembre : premier lancement d’une bombe volante V1 sur la base de l’île de Peenemünde.
  • Willy Ley publie : "Rockets - the Future of Travel Beyond the Stratosphere" (Les fusées - le futur des voyages au-delà de la stratosphère).
  • 20 juin : altitude maximale atteinte pendant la guerre par une V2 : 174,6 km[31].
  • Août : récupération par les alliés d'une fusée V2 tombée en Suède sans avoir explosé[32].
  • 8 septembre :
    • tir opérationnel du premier V2 depuis Gouvy en Belgique en direction de Paris. En 5 minutes, il atteignit Maisons-Alfort, en banlieue parisienne, où il fit six morts et 36 blessés[33] : « Paris venait d'avoir le redoutable privilège d'être la première cible d'un engin balistique militaire »[34].
    • Les premiers missiles V2 sont lancés sur Londres à une distance de 300 km, à une vitesse de 650 km/h. 46 % d’entre eux touchent leur cible.
  • Octobre : les premiers essais de V3 sont réalisés près de Nuremberg. Cette arme aurait un rayon de destruction deux fois supérieur à celui des V1 et des V2.
  • Mstislav Keldych devient membre à part entière de l'Académie des Sciences et directeur du NII-1 (Institut de Recherche no 1) rattaché au Ministère de l'Industrie aérospatiale soviétique.



  • Dans son ouvrage Les armes secrètes allemandes, Albert Ducrocq évoque un projet allemand de satelloide artificiel, qui aurait été développé pendant la deuxième guerre mondiale à des fins militaires.
  • 30 mars : début de la prépublication dans le journal Tintin de Objectif Lune, l’album est paru en 1953; et d'On a marché sur la Lune, l’album est paru en 1954.
  • Mai, Cap Canaveral : début des travaux de construction d'une route d'accès et de 4 sites de lancement (les aires de lancement 1 à 4) ainsi que des installations pour manutentionner les fusées et abriter les instruments de mesure.
  • Juillet : les deux premiers lancements de V2 depuis Cap Canaveral faits avec des « Bumper », composés d'un V2 modifié surmonté d'une fusée WAC Corporal. Les fusées Bumper servaient pour des tests technologiques et pour l'étude de la haute atmosphère.
  • Willy Ley publie Rockets, Missiles and Space Travel, à New York, aux éditions The Viking Press - édition révisée en 1958.
  • Eugen Sänger devient le premier président de la fédération internationale d'astronautique.


  • 18 avril : la première fusée de recherche Aerobee (avec un singe) est lancée avec succès.
  • 30 juin : les États-Unis achèvent leur programme d’expérimentation des V2. 67 fusées de ce type ont été lancées depuis le 16 avril 1946.
  • 7 août : une fusée sonde de haute altitude de type Viking, développée par le Naval Research Laboratory et lancée depuis le White Sands Proving Grounds, N.M., atteint une altitude de 135,3 miles (217,7 km) et une vitesse maximale de 6 600 km/h.
  • 20 septembre : pour la première fois, des animaux (un singe et 11 souris) reviennent vivants d’un voyage dans l’espace (fusée Aerobee) à environ 71 km d’altitude.


  • Korolev adresse au comité central du parti communiste une lettre officielle demandant l'engagement des études en vue de mettre un satellite en orbite terrestre.
  • Élaboration du projet américain Orbiter en vue de mettre en orbite une charge utile de petite taille avec le lanceur Jupiter-C (aussi dénommée Juno).

Références

[modifier | modifier le code]
  1. « Ph. Renault - Lucien de Samosate », sur ac.be (consulté le ).
  2. Le texte de ce livre se trouve sur wikibooks.
  3. Sparrow, p. 14
  4. Dupas, p. 16-18
  5. http://basart.artillerie.asso.fr/article.php3?id_article=487
  6. « tpe-2008-2009.e-monsite.com/pa… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  7. « Cepi - invention de la poudre », sur cepi.asso.fr via Wikiwix (consulté le ).
  8. « FAUST », sur universalis.fr (consulté le ).
  9. Dupas, p. 30
  10. (fr) « Les grands noms français de la conquête spatiale » (consulté le )
  11. « Constantin Tsiolkovsky, Grezy o Zemle i Nebe (i) Na Veste (en russe), Spéculations au sujet de la Terre et du Ciel, et sur Vesta Académie des Sciences de l'URSS, Moscou, 1959, p. 35 (publié pour la première fois en 1895).
  12. universalis.fr
  13. « PREMIÈRE FUSÉE À ERGOLS LIQUIDES », sur universalis.fr (consulté le ).
  14. Sparrow 2007, p. 19
  15. (en) « Robert Goddard », sur historylearningsite, (consulté le ).
  16. segelflugmuseum.de
  17. http://www.astronautix.com/lvs/a1.htm « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  18. http://www.astronautix.com/lvs/a2.htm « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  19. (de) « Les fusées Aggregate A1 et A2 sur aggregat-2.de » (consulté le )
  20. Siddiqi, pp. 8-9, op. cit.
  21. Albert Ducrocq, Les armes secrètes allemandes, page 60, deuxième édition 1948, éditeur : Berger Levrault
  22. (en) « British Response to V1 and V2 - The National Archives », sur The National Archives, The National Archives (consulté le ).
  23. Huzel 1962, p. 235
  24. a et b « C.N.E.S. », sur universalis.fr (consulté le ).
  25. Albert Ducrocq, Les armes secrètes allemandes, page 82, deuxième édition 1948, éditeur : Berger Levrault
  26. Voir Olivier Huward, Du V2 à Véronique : la naissance des fusées françaises, p. 33.
  27. L'Arme secrète de Peenemünde : les fusées V2 et la conquête de l'espace, p. 30.
  28. « [..] la fusée n'a pu monter qu'à un peu moins de 90 kilomètres. Nous avons néanmoins battu le record d'altitude, qui jusqu'à présent appartenait, avec 40 kilomètres, à la Grosse Bertha, le canon qui avait bombardé Paris en 1918 », L'Arme secrète de Peenemünde : les fusées V2 et la conquête de l'espace, p. 31.
  29. Du V2 à Véronique : la naissance des fusées françaises, p. 32.
  30. Albert Ducrocq, Les armes secrètes allemandes, page 61, deuxième édition 1948, éditeur : Berger Levrault
  31. (en) Michael J Neufeld, The Rocket and the Reich : Peenemünde and the Coming of the Ballistic Missile Era, New York, The Free Press, , 73, 74, 101, 281
  32. Albert Ducrocq, Les armes secrètes allemandes, page 62, deuxième édition 1948, éditeur : Berger Levrault
  33. Tracy Dungan, V-2 : A Combat History of the First Ballistic Missile, p. 115
  34. Olivier Huward, Du V2 à Véronique : la naissance des fusées françaises, p. 48.
  35. Sur le site de Libération
  36. « Evolution of the 45th Space Wing », US Air Force (consulté le )
  37. (en) « The Swedish Institute of Space Physics, IRF », Institut suédois de physique spatiale (consulté le )
  38. http://www.iafastro.com/index.php?id=86
  39. Homer E. Newell (NASA), « Beyond the Atmosphere: Early Years of Space Science - CHAPTER 5 THE ACADEMY OF SCIENCES STAKES A CLAIM », (consulté le )
  40. Sparrow 2007, p. 39

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Personnalités

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Giles Sparrow, La conquête de l'espace, Flammarion,
  • (en) Dieter K. Huzel (préf. Wernher von Braun), Peenemünde to Canaveral, Greenwood Press, (1re éd. 1962), 247 p. (ISBN 0-313-22928-7 et 978-0-313-22928-2, OCLC 7277017, lire en ligne)
  • (en) Asif A. Siddiqi, Spoutnik and the soviet space challenge, Gainesville, University Press of Florida, , 527 p. (ISBN 0-8130-2627-X)
  • Alain Dupas, Une autre histoire de l'espace : l'appel du cosmos, Paris, Gallimard, coll. « découvertes », , 128 p. (ISBN 2-07-053481-2)