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Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles

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Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles

Réalisation Chantal Akerman
Scénario Chantal Akerman
Acteurs principaux
Sociétés de production Paradise Films
Unité Trois
Pays de production Drapeau de la Belgique Belgique
Drapeau de la France France
Genre Drame
Durée 201 minutes
Sortie 1976

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles est un film franco-belge de Chantal Akerman, réalisé en 1975. Il est le plus souvent désigné sous le titre Jeanne Dielman.

Il est élu en 2022 meilleur film de tous les temps dans le classement décennal établi par Sight and Sound, la revue du British Film Institute[1].

Synopsis[modifier | modifier le code]

Ce film a pour sujet le quotidien routinier d'une ménagère bruxelloise encore jeune, veuve et mère d'un garçon de 16 ans. Le film montre ses tâches quotidiennes répétitives, aliénantes : éplucher des légumes, faire la vaisselle, les lits, etc. En outre, pour arrondir ses fins de mois, elle se prostitue chez elle, sur rendez-vous. Elle s'est ainsi enfermée dans une vie sans plaisir, jusqu'au jour où son quotidien va commencer à se dérégler[2],[3].

Fiche technique[modifier | modifier le code]

  • Titre : Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles
  • Réalisatrice : Chantal Akerman
  • Scénario : Chantal Akerman
  • Dialoguiste : Chantal Akerman
  • Sociétés de production : Paradise Films (Bruxelles) et Unité Trois
  • Productrices : Évelyne Paul et Corinne Jenart
  • Distributeur d'origine : Olympic Films
  • Directrice de la photographie : Babette Mangolte
  • Cadreuses : Bénédicte Delesalle et Nicole Geoffrey
  • Lumières : Renelde Dupont et Guy Hiernaux
  • Son direct : Benie Deswarte et François Van Thienen
  • Monteur son : Alain Marchal
  • Mixeur : Jean-Paul Loublier
  • Directeurs artistiques : Philippe Graff et Jean-Paul Ferbus
  • Décorateur : Philippe Graff
  • Costumes : Philippe Graff
  • Assistants réalisateurs : Marilyn Watelet, Serge Brodsky et Marianne de Muylder
  • Monteuse : Patricia Canino
  • Langue : français
  • Pays d'origine : Drapeau de la Belgique Belgique, Drapeau de la France France
  • Genre : drame
  • Durée : 201 minutes
  • Sortie : 1976

Distribution[modifier | modifier le code]

Origine et reconnaissance internationale[modifier | modifier le code]

« Je me retournais dans mon lit, inquiète. Et brusquement, en une seule minute, j'ai tout vu Jeanne Dielman… » (Chantal Akerman, dans le Nouvel Observateur en septembre 1989).

« Premier chef-d'œuvre au féminin de l'Histoire du cinéma », selon le journal Le Monde lors de la sortie du film[4], Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles est une description méticuleuse, en illusion de temps réel (proche de l'hyperréalisme), de l'aliénation. D'après la cinéaste, « c'est un film sur l'espace et le temps et sur la façon d'organiser sa vie pour n'avoir aucun temps libre, pour ne pas se laisser submerger par l'angoisse et l'obsession de la mort »[5].

Gus Van Sant et Todd Haynes ont déclaré que leur œuvre était influencée par Jeanne Dielman[6]. Gus van Sant en particulier explique qu'il s'est inspiré du dispositif de filmage de Jeanne Dielman pour Last Days[7] : son chef-opérateur, Harris Savides, ayant observé que le film de Chantal Akerman est une succession de plans fixes pour lesquels la caméra, à chaque séquence se déroulant au même endroit, est positionnée à l'identique (pas plus de deux champs différents pour un même lieu)[7], ils ont décidé de tourner ainsi l'ensemble de Last Days[7].

En , le magazine de cinéma britannique Sight and Sound classe Jeanne Dielman meilleur film de tous les temps[8],[9].

Réception critique récente[modifier | modifier le code]

Le film ressort en salle en France en version restaurée et numérisée au mois d'avril 2023. Libération publie un entretien avec Babette Mangolte, cheffe opératrice du film, qui retrace son histoire et son tournage en rappelant ses liens avec le cinéma expérimental américain et avec les mouvements féministes[10]. La réception du film à sa ressortie est généralement très enthousiaste. L'article de Mathieu Macheret dans Le Monde insiste sur la dimension politique du huis-clos et relève l'actualité du film[11]. Raphaël Bassan relie, dans L’Encyclopædia Universalis (2023), les univers d’Akerman et de Seyrig[12], cette osmose donnant sa colonne vertébrale au film, où est notamment évoquée la mère de la cinéaste.

Parmi les avis négatifs, on peut citer l'article d'Éric Neuhoff dans Le Figaro, qui déconseille le film comme « assommant »[13].

Autour de Jeanne Dielman[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « “Jeanne Dielman”, de Chantal Akerman, élu meilleur film de l’histoire : enfin une réalisatrice au sommet », sur Télérama, (consulté le ).
  2. J. Ma., « Charmes et servitude : le huis clos du foyer en sept films. “Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles” (1975) : une épopée de la servitude domestique », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  3. Isabelle Regnier, « Making of Jeanne Dielman, manifeste féministe de Chantal Akerman », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  4. L. M., « Comment dit-on chef d'œuvre au féminin ? », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  5. Sylvie Braibant, « Chantal Akerman, cinéaste de l'invisible », TV5 Monde,‎ (lire en ligne).
  6. Chantal Akerman, autoportrait en cinéaste, Paris, éditions du Centre Georges Pompidou, Éditions des Cahiers du cinéma, 2004, pages 179 et 180.
  7. a b et c Philippe Garnier, « Gus Van Sant à l'intuition », Libération,‎ (lire en ligne).
  8. « Le «meilleur film de tous les temps» est belge », sur Le Soir, (consulté le ).
  9. « “Jeanne Dielman” de Chantal Akerman sacré meilleur film de tous les temps », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  10. Camille Nevers, «Avec Chantal Akerman, on voulait réaliser des films entre femmes, entre exclues. Entretien avec Babette Mangolte», sur Libération (consulté le ).
  11. « « Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles », l’aliénante condition ménagère d’une femme des années 1970 », Le Monde.fr,‎ 2023-04 19.
  12. « « Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles » », Encyclopædia Universalis,‎ 2023-04. https://www.universalis.fr/encyclopedie/jeanne-dielman-23-quai-du-commerce-1080-bruxelles 2023
  13. « Jeanne Dielman: le film de Chantal Akerman dont on peut se passer », sur LEFIGARO, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Cinéma 76, no 206, 1976.

Liens externes[modifier | modifier le code]