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Schadenfreude

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Image tirée du livre Max et Moritz (1865) illustrant cette expression.

La Schadenfreude (/ˈʃaːdˌfʁɔʏ̯də/[1]) Écouter est une expression allemande signifiant la « joie malsaine » ou la « joie maligne »[2] que l'on éprouve en observant le malheur d'autrui.

Les termes schaden et freude signifient littéralement la « joie [du] dommage ». Cette expression se traduit en français sous forme verbale par : « se réjouir du malheur d'autrui » ou « éprouver un malin plaisir à ».

Étymologie

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Il s'agit d'un nom composé allemand, de Schaden (« faire du mal », « blesser » pour le verbe, mais aussi « dégât » ou « dommage » pour le nom) et de Freude (« joie »)[3].

En allemand, le mot a toujours une connotation péjorative.

Signification

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Ce sentiment s'apparente au sadisme, mais il est passif dans le sens où le spectateur ne prend pas une part active à l'accomplissement du malheur. C'est ce sentiment qui est exploité par des émissions de télévision où des gens sont filmés faisant des chutes, entraînant des rires. Les malheurs des victimes entraînent le rire, en même temps qu'un sentiment, chez le spectateur, de Schadenfreude.

Le concept bouddhiste de mudita, « joie sympathique » ou « réjouissance du bonheur des autres », est parfois donné comme antonyme de Schadenfreude[4],[5].

On peut également considérer l'envie, c'est-à-dire le « ressentiment face au bonheur d'autrui » comme une forme de contraire de la Schadenfreude. Pour compléter le carré, on peut considérer comme antonyme à la Schadenfreude le « déplaisir du malheur des autres », c'est-à-dire la pitié ou la compassion.

« S'il [l'homme] a des raisons momentanées pour être heureux lui-même, il n'en accumule pas moins les malheurs du prochain, comme un capital dans sa mémoire, pour le faire valoir dès que sur lui aussi le malheur se met à fondre : c'est là également une façon d'avoir une « joie maligne » (« Schadenfreude »). »

— Nietzsche, Humain trop humain, Le voyageur et son ombre, § 27.

Dans la chanson Attends-moi ti-gars (1957) de Félix Leclerc, le refrain :

«  Attends-moi, ti-gars
Tu vas tomber si j'suis pas là
Le plaisir de l'un
C'est d'voir l'autre se casser l'cou.  »

Un exemple remarquable de Schadenfreude est donné par une chanson de Jean Villard Gilles, C'est un rien mais qui fait plaisir[6] :

« Les couplets sont autant de saynètes mordantes où le protagoniste est en butte à la « joie méchante » de son entourage, qu'il s'agisse du jeune époux très en vue dans la bonne société, cocufié sans trêve ni merci après seulement six mois de mariage, de la vamp bourgeoise qui aguiche le mari de sa meilleure amie en exhibant un décolleté vertigineux autant qu'affriolant… où le valet déverse par inadvertance le contenu d'une soupière de potage, provoquant un irrépressible cri de joie de sa rivale ou encore le vieillard quasi centenaire qui se réjouit méchamment de voir mourir son « jeune vieil ami » Tartempion (qui n'est que nonagénaire) mais qui avait la prétention de vouloir lui survivre… »

Notes et références

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  1. Prononciation en allemand standard retranscrite selon la norme API.
  2. Mal traduit par « mauvaise joie » : « Il avait eu sur les autres une désastreuse influence, et […] y avait trouvé une mauvaise joie. » Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray [lire en ligne].
  3. Schaden vient du moyen haut-allemand schade, du vieux haut-allemand scado, et freude vient du moyen haut-allemand vreude, vieil haut-allemand frewida, de frō (« joyeux »).
  4. The Upside of Shadenfreude, Joshua Zader, MuditaJournal.com, December 6, 2005.
  5. Are you Schadenfreude or Mudita?, Sirtumble, One of Six Billion…, February 6, 2005.
  6. SarcloretOfficiel, « C'est un rien mais qui fait plaisir » (consulté le ).

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Bibliographie

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  • (en) Wilco W. van Dijk and Jaap W. Ouwerkerk (dir.), Schadenfreude: understanding pleasure at the misfortune of others, Cambridge University Press, Cambridge, 2014, 320 p. (ISBN 978-1-10-701750-4).

Articles connexes

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