Affaire Saïd Bourarach

Affaire criminelle française
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Affaire Saïd Bourarach, du nom de la victime, est une affaire criminelle dans laquelle un vigile d'origine marocaine est mort noyé dans le canal de l'Ourcq à la suite d'une bagarre contre six personnes de confession juive[1], le mardi 30 mars 2010[2].

Histoire

L'altercation

Le mardi 30 mars 2010, vers 19 h 10, Dan L, un homme « blond avec une queue de cheval et un tatouage » de 25 ans se présente à l'entrée du magasin Batkor de Bobigny pour acheter un pinceau et de la peinture. Mais le magasin est fermé depuis dix minutes, l'agent de sécurité et maître-chien, Saïd Bourarach qui est en train de fermer la porte d'entrée de l'enseigne Batkor, lui demande de revenir une prochaine fois. Une altercation a lieu avec des insultes et des échanges de coups. Saïd sort sa bombe de gaz lacrymogène sans l'utiliser. Deux témoins entendent le client dire : « On va te tuer »[3]. Selon le témoignage d'un employé du magasin, Mouloud déclare : « Le client, un blond d’environ 25 ans, retourne à sa voiture où l’attendait sa copine, et en ressort alors aussitôt, torse nu, et muni d’un cric. Il a crié à Saïd : "On va revenir tout casser" » »[4].

L'agression

Cinq minutes plus tard, quatre hommes de 19 à 27 ans, arrivent dans une Renault Mégane, ce sont le frère Michael L. et son cousin Lucien Dadoun[5] et deux amis David L. et Dan S[6], tous originaires de Pantin. Ensemble, ils attaquent Saïd Bourarach qui lâche sa chienne Diana sur ses agresseurs et utilise une bombe de gaz lacrymogène pour faire fuir ses assaillants.

Des insultes fusent et des coups sont portés sur Saïd. Pour se protéger, Saïd Bourarach part se réfugier dans le magasin mais les jeunes décident de s’en prendre à Diana, la chienne. Un des agresseurs crie : « Je vais tuer ton chien »[3] ». Malgré le danger, Saïd Bourarach part à la rescousse de sa chienne.

Le vigile reçoit plusieurs coups de cric et prend la fuite le long du canal de l'Ourcq qui passet juste derrière le magasin Batkor. Saïd Bourarach est poursuivi par ses agresseurs. C'est la dernière fois que ses collègues le voient vivant.

Mystère

Ce qui s'est passé par la suite reste une énigme. Plusieurs hypothèses sont émises par les enquêteurs, dont deux théories s'affrontent divergeant sur le fait que l'acte soit volontaire ou non :

Hypothèse du plongeon volontaire

  • Soit la victime, se rendant compte qu'il ne peut échapper à ses agresseurs, retire son blouson, se déleste de sa bombe lacrymogène et se jette à l'eau.
  • Soit la victime saute dans l'eau pour sauver son chien.

Dans les deux cas, il se noie à cause de la fatigue ou d'une hydrocution car ce jour là, les températures de la région affichait quatorze degrès celsius et un temps orageux[7]. Le principal suspect Dan L. a avoué à la police lors des auditions « avoir poursuivi Saïd » mais nie farouchement l’avoir poussé volontairement dans le canal de l’Ourcq. Deux agents SNCF qui travaillaient sur la berge en face, affirment que Saïd Bourarach était poursuivi par plusieurs personnes mais n'aurait pas été poussé[8].

Hypothèse du plongeon involontaire

  • Soit la victime est assommée par le cric ou une pierre, ou encore sa bombe lacrymogène a été retourné contre lui et chute dans le canal.
  • Soit la victime est jetée dans l'eau et maintenue jusqu'a ce qu'il se noie.

Le frère de la victime, Abdelkader Bourarach réfute la théorie de la noyade accidentelle en disant : « L’autopsie a révélé la mort par noyade. Ce n’est pas possible, Saïd savait parfaitement nager. Nous avions l’habitude de nous baigner dans l’Oued au pays »[9]. De plus, Nathalie Bourarach déclare : « Mon mari est venu clandestinement en Europe par la mer, à l’aide d’une barque. Le passeur l’avait déposé à 300 mètres des côtes espagnoles. Il savait très bien nager et n’a pas pu se noyer seul dans le canal de l’Ourcq, qui fait à peine 5 mètres de large. »

Aprés l'agression

Un des agresseurs crie avant de s'enfuir en courant que « Le vigile est tombé à l'eau, mais il est ressorti de l'autre côté de la rive ». Alertés d'une chute de Saïd Bourarach dans le canal de l'ourcq, les employés du magasin se précipitent vers la rive, mais ne trouvent que la chienne dans l'eau. Un témoin raconte que « Le chien de Saïd était dans le canal. On a réussi à le sortir, mais il restait sur place, comme si son maître était encore là ». Un des employés alerte la police pour signaler la disparition de Saïd Bourarach. Kamel, un des employés de Batkor déclare : « Contrairement à ce que l’on dit ailleurs, les collègues ont aidé Saïd mais tout s’est passé trop vite... en cinq minutes et non en deux heures » »[10]. Ne voyant pas revenir Saïd Bourarach, un collègue décide d'appeller la Police pour signaler la disparition du vigile.

L'enquête

L'enquête sur la disparition de Saïd Bourarach a d'abord été confiée à la police de Bobigny. La police retrouve sur place « Le gilet du vigile, un cric de voiture et une bombe de gaz lacrymogène, a priori vidée ont été retrouvés sur la berge », ainsi que la Renault Clio de Dan L. restée sur le parking, où les policiers découvrent un passeport israélien qui permet d'identifier un des agresseurs. Le mardi 30 mars 2010, moins d’une heure après l’agression, les six agresseurs de Saïd Bourarach, cinq hommes et une femme[11] sont appréhendés et mis en garde à vue. Tous étaient connus de la police pour des faits de violence mineurs et d’usage de stupéfiants.

Dès le soir du mardi 30 mars 2010, les hommes-grenouilles ont commencé les recherches et le mercredi 31 avril 2010 vers 16 heures 10[12], ils retrouvent dans le canal le corps sans vie de Saïd Bourarach. Comme c'est un homicide, l'enquête est confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris.

Le jeudi 1er avril 2010, l'autopsie pratiquée le matin à l'Institut médico-légal de Paris permet d'établir que le vigile est mort par noyade. « Des traces d'ecchymose ont été constatées au niveau du menton, du dos et des épaules » qui ne sont que des « traces d’ecchymoses non significatives »[10]. Durant l'aprés-midi, les cinq hommes ont vu leur garde à vue prolongée et la jeune fille a été libérée.

Le vendredi 2 avril 2010, en fin d’après-midi, les quatre hommes sont mis en examen et en détention provisoire pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner avec usage ou menace d’une arme[13]. Le parquet a requis un mandat de dépôt à leur encontre.

La procureure Sylvie Moisson explique que « Le système de vidéosurveillance du magasin n’étant pas branché lors des incidents, et aucun témoin oculaire n’ayant affirmé, à ce jour, avoir assisté à la scène, les circonstances dans lesquelles Saïd s’est retrouvé dans le canal de l’Ourcq sont totalement inconnues ».

Le mercredi 14 avril 2010, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris remet en liberté sous contrôle judiciaire un des quatre agresseurs de Saïd Bourarach[14].

Les polémiques

Un crime raciste?

Dès le début de leur garde à vue, les prévenus qui sont liés avec la Ligue de défense juive ou le groupuscule « sioniste et fier de l’être »[15], affirment, pour se défendre, que Saïd Bourarach a proféré des propos antisémites, tels que « J'ai pas trois minutes pour ta race »[16]. Cependant, les insultes à caractère antisémite ne sont corroborées par aucune déposition. La procureure de la République de Bobigny, Sylvie Moisson, retient l'homicide involontaire mais déclare qu'« aucun élément de nature à donner à ces faits une connotation raciste ou religieuse »[4] et indique « l’intention d’homicide n’est pas établie à ce jour »[17].

Suite à la défense des suspects affirmant avoir été victimes d'insultes antisémites, SOS Racisme « entend rappeler que rien ne saurait justifier un éventuel homicide et, face aux déclarations des témoins de la scène, s'interroge sur la possibilité d'une manipulation de la thématique du racisme pour couvrir des actes de voyous »[18].

M’hammed Henniche, secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, déclare que « Saïd a été victime d’un crime raciste odieux. Dan L. s’est défendu de ses actes en mentionnant que Saïd lui avait interdit l’entrée de Batkor au motif qu’il était juif. Un point fermement démenti par les témoins présents. Saïd n’était pas un dur, c’était un père de famille au passé irréprochable. Cela prouve que Dan L. véhicule l’inadmissible préjugé comme quoi les Arabes seraient antisémites ».

Après cinq refus de la Préfecture de Paris[9], le lundi 5 avril 2010, une centaine de personnes ont pu se rassembler à Paris, place de la République, pour rendre hommage à Saïd Bourarach. Les manifestants ont observé une minute de silence avant de scander, « Justice pour Saïd » [19].

Le silence des politiques

Lors du conseil municipal de Bobigny du jeudi 1er avril 2010, la maire de Bobigny, Catherine Peyge, a refusé la tenue d'une minute de silence, suite à la demande par la famille, des amis, des employés de Batkor ainsi que des Balbyniens réclamant une minute de silence pour rendre hommage à Saïd Bourarach[20].

Le Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF) constate « qu'aucun homme politique n'a pris la peine de communiquer le moindre sentiment sur cet homicide et que la couverture médiatique est étrangement bien différente des célèbres affaires »[21]. Seule la sénatrice des Verts Alima Boumediene-Thiery dénonce « des actes injustifiables : tuer un homme en raison de ses origines est inadmissible. Aucune impunité ne doit être tolérée ».

Abdelhakim Sefrioui, responsable du collectif pro-palestinien Cheikh Yassine déclare : « On exige de nos hommes politiques le même respect, le même égard envers tous les citoyens »»[22].

Maitre Ahcène Taleb, l’avocat de la famille Bourarach, constate qu’« une chape de plomb préoccupante et regrettable a été posée sur cette histoire ».

Le jeudi 8 avril 2010, Dieudonné fait un sketch dénonçant la différence de traitement tant politique, médiatique et judiciaire de l'affaire Saïd Bourarach par rapport à l'affaire du gang des barbares[23].

Hommages

Un hommage a été rendu le vendredi 16 avril 2010 à la mosquée d'Epinay-sur-Seine.

Saïd Bourarach est enterré à Berkane dans le Maroc oriental[24].

Voir aussi

Notes et références

  1. http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-04-02/vigile-de-bobigny-le-grand-rabbin-presente-ses-condoleances/920/0/440651
  2. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/04/01/97001-20100401FILWWW00350-mort-suspecte-d-un-vigile-a-bobigny.php
  3. a et b http://www.leparisien.fr/abo-faits-divers/mysterieuse-mort-d-un-vigile-retrouve-au-fond-du-canal-01-04-2010-870109.php
  4. a et b http://www.liberation.fr/societe/0101628305-said-noye-par-la-violence-et-la-haine
  5. http://bakchich-old.static.ddz.fr/IMG/pdf/Hebdo_23.pdf
  6. http://www.liberation.fr/societe/0101634547-mort-du-vigile-la-piste-tenace-du-racisme
  7. http://videos.tf1.fr/jt-13h/les-previsions-meteo-du-30-mars-2010-5791006.html
  8. http://www.leparisien.fr/bobigny-93000/mort-du-vigile-une-plainte-pour-faux-temoignage-14-06-2011-1492608.php
  9. a et b http://yahoo.bondyblog.fr/201004120001/le-temps-ou-l-on-jetait-des-bougnoules-dans-la-seine-est-revolu/
  10. a et b http://www.saphirnews.com/Bobigny-hommage-a-Said-Bourarach-mort-pour-rien_a11354.html
  11. http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/04/01/2014157_vigile-retrouve-mort-dans-un-canal-jamais-il-ne-cherchait-les-ennuis-il-avait-un-coeur-enorme.html
  12. http://www.parismatch.com/Actu-Match/Societe/Actu/Mort-suspecte-d-un-vigile-a-Bobigny-176927/
  13. http://www.lexpress.fr/actualite/vigile-de-bobigny-quatre-personnes-placees-en-detention_881995.html
  14. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/04/14/97001-20100414FILWWW00661-vigile-tue-un-suspect-libere.php
  15. http://www.contre-info.com/un-des-agresseurs-du-vigile-de-bobigny-etait-membre-du-groupe-sioniste-et-fier-de-l%e2%80%99etre
  16. http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/04/02/01016-20100402ARTFIG00726-mort-d-un-vigile-a-bobigny-les-circonstances-se-precisent-.php
  17. http://contre.lislamophobie.over-blog.com/article-hommage-a-said-bourarach-68731255.html
  18. http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/vigile-de-bobigny-l-intention-d-homicide-n-est-pas-etablie-01-04-2010-871084.php
  19. http://www.leparisien.fr/faits-divers/mort-du-vigile-de-bobigny-nouveau-rassemblement-a-paris-05-04-2010-875126.php
  20. http://www.uam93.com/news/bobigny-refuse-une-minute-de-silence-pour-said-bourarach-8739.html
  21. http://www.saphirnews.com/Communique-suite-a-l-homicide-du-vigile-de-Bobigny_a11336.html
  22. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/04/05/97001-20100405FILWWW00386-hommage-au-vigile-mort-de-bobigny.php
  23. http://www.youtube.com/watch?v=nLdOsgaoa3U
  24. http://www.yabiladi.com/articles/details/2455/maroc-inhumation-berkane-corps-vigile.html

Article connexe

Liens externes