Français-philosophie
L'enseignement de français et de philosophie est, dans le système éducatif français, l'une des matières au programme de la filière scientifique des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Elle est obligatoire, aussi bien en première qu'en deuxième année, et fait partie de l'enseignement littéraire de cette filière, avec les langues vivantes (LV1, obligatoire, et LV2, optionnelle).
Horaires
Les horaires alloués à cette matière sont les suivants : 2 heures de cours par semaine[1],[2] (soit un total de 112 heures sur les deux années de classe préparatoire[3]) et une colle de 30 minutes par trimestre[1]. Le nombre de devoirs surveillés par trimestre varie fortement selon les professeurs, de un à deux jusqu'à une dizaine.
Malgré un faible volume horaire par rapport aux matières scientifiques, cette discipline a des coefficients élevés aux concours d'entrée dans les écoles d'ingénieurs[1],[2],[4], permettant ainsi aux candidats de se distinguer[1],[5].
Organisation
Il existe une Union des professeurs enseignant les disciplines littéraires dans les classes préparatoires scientifiques (UPLS)[1],[6], membre de la Conférence des classes préparatoires aux grandes écoles.
Enseignement
Cette matière tient autant de la philosophie, telle qu'étudiée en terminale, que du français, tel qu'étudié pendant le second cycle. C'est pour cette raison qu'on parle généralement de français-philosophie[1],[7].
On peut diviser l'enseignement du cours de français-philosophie en deux parties.
Méthodes
Les méthodes sont principalement étudiées en première année.
- Écrit : il s'agit d'apprendre ou de perfectionner les techniques utiles pour les différentes épreuves de français aux concours : dissertation, contraction, réponse à des questions.
- Concours de l'École polytechnique : dissertation de 4 h.
- Concours commun Mines-Ponts : dissertation de 3 h.
- Concours Centrale-Supélec : 4 h pour effectuer la contraction d'un texte de 1 500 mots environ en 200 mots (plus ou moins 10 %) et une dissertation (avec un maximum de 1 200 mots) dont le sujet est un extrait du texte.
- Concours commun des instituts nationaux polytechniques et Concours e3a (épreuve mutualisée depuis 2020[8]) : 4 h pour effectuer la contraction d'un texte et rédiger une dissertation.
- Oral : Voir colles.
Étude des œuvres
Chaque année sont choisis un « thème »[9] et trois œuvres (la plupart du temps deux littéraires et une philosophique) s'y rapportant. L'étude de ce thème au travers des trois œuvres doit permettre à l'élève de disserter sur les sujets des concours ayant un rapport avec le thème de l'année (ou extrêmement rarement à celui de l'année précédente, puisque deux thèmes ont été abordés durant le cursus en CPGE).
Ce système a commencé avec les concours de 1990. Auparavant, de 1971 à 1989, il y avait quatre thèmes, illustrés chacun par une œuvre[10], et selon les concours étaient au programme les quatre œuvres et thèmes, ou seulement un thème, ou aucun.
Les thèmes et œuvres au programme ont été successivement[11],[12],[13] :
- 1988/1989 : (ancien système)
- 1989/1990 : « L'Histoire »
- 1990/1991 : « L'Hymne à l'Univers »
- 1991/1992 : « La passion amoureuse »
- 1992/1993 : « L'autre et l'ailleurs »
- Homère, Odyssée (traduction de Philippe Jaccottet)
- Henri Michaux, Un barbare en Asie
- Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques
- 1993/1994 : « L'œuvre d'art »
- 1994/1995 : « Figures du pouvoir »
- Platon, Gorgias (traduction de Monique Canto)
- Jean Racine, Britannicus
- Émile Zola, La Fortune des Rougon
- 1995/1996 : « La ville »[JO 1]
- 1996/1997 : « L'écriture de soi »[JO 2]
- 1997/1998 : « Humain et inhumain »[JO 3]
- Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne (traduction de Germain d'Hangest)
- Georges Perec, W ou le Souvenir d'enfance
- Sénèque, Médée (traduction de Florence Dupont)
- 1998/1999 : « Expériences du présent »[JO 4]
- 1999/2000 : « Savoir et ignorer »[JO 5]
- Platon, Ménon (traduction de Monique Canto)
- Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet
- Bertolt Brecht, La Vie de Galilée (traduction d'Éloi Recoing)
- 2000/2001 : « L'héroïsme »[JO 6]
- Homère, L'Iliade (traduction de Paul Mazon)
- William Shakespeare, Henri V
- Stendhal, La Chartreuse de Parme
- 2001/2002 : « L'amitié »[JO 7]
- Aristote, Éthique à Nicomaque (traduction de Jules Tricot)
- André Gide, Les Faux-monnayeurs
- Samuel Beckett, En attendant Godot
- 2002/2003 : « La paix »[JO 8]
- Aristophane, La Paix (traduction Victor-Henry Debidour)
- Victor Hugo, Quatrevingt-treize
- Emmanuel Kant, Vers la paix perpétuelle (traduction de Jean Gibelin)
- 2003/2004 : « Mesure et démesure »[JO 9]
- 2004/2005 : « L'animal et l'homme »[JO 10]
- Étienne Bonnot de Condillac, Traité des animaux
- Jean de La Fontaine, Fables, livres VII à XI
- Franz Kafka, La Métamorphose (traduction de Bernard Lortholary)
- 2005/2006 : « La recherche du bonheur »[JO 11]
- J. M. G. Le Clézio, Le Chercheur d'or
- Sénèque, De la vie heureuse et De la brièveté de la vie (traduction de François Rosso)
- Anton Tchekhov, Oncle Vania (traduction d'André Markowicz et Françoise Morvan)
- 2006/2007 : « Puissances de l'imagination »[JO 12]
- Miguel de Cervantes, Don Quichotte, chap. I à XXXII (traduction d'Aline Schulman)
- Marcel Proust, Un amour de Swann
- Malebranche, De la recherche de la vérité, livre II, parties II et III
- 2007/2008 : « Penser l'Histoire »[JO 13]
- Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, livres IX à XII
- Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (traduction de Maximilien Rubel)
- Pierre Corneille, Horace
- 2008/2009 : « Les énigmes du moi »[JO 14]
- Michel Leiris, L'Âge d'homme
- Saint Augustin, Confessions, livre X (traduction de Robert Arnauld d'Andilly)
- Alfred de Musset, Lorenzaccio
- 2009/2010 : « L'argent »[BO 1]
- Georg Simmel, Philosophie de l'argent, partie analytique, 3e chap. , sections 1 et 2 (traduction de Sabine Cornille et Philippe Ivernel)
- Émile Zola, L'Argent
- Molière, L'Avare
- 2010/2011 : « Le mal »[BO 2]
- Jean-Jacques Rousseau, Profession de foi du vicaire savoyard, livre quatrième de Émile ou De l'éducation
- William Shakespeare, Macbeth (traduction de Pierre Jean Jouve)
- Jean Giono, Les Âmes fortes
- 2011/2012 : « La justice »[BO 3]
- Blaise Pascal, Pensées et Trois discours sur la condition des grands (texte établi par Louis Lafuma)
- Eschyle, Les Choéphores, Les Euménides (traduction de Daniel Loayza)
- John Steinbeck, Les Raisins de la colère (traduction de Marcel Duhamel et Maurice-Edgar Coindreau)
- 2012/2013 : « La parole »[BO 4]
- Platon, Phèdre (traduction de Létitia Mouze)
- Marivaux, Les Fausses Confidences
- Paul Verlaine, Romances sans paroles
- 2013/2014 : « Le temps vécu »[BO 5]
- Virginia Woolf, Mrs Dalloway (traduction de Marie-Claire Pasquier)
- Gérard de Nerval, Sylvie
- Henri Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience, chap. II « De la multiplicité des états de conscience. L'idée de durée »
- 2014/2015 : « La guerre »[BO 6]
- Eschyle, Les Perses (traduction de Danielle Sonnier)
- Henri Barbusse, Le Feu
- Carl von Clausewitz, De la guerre (traduction de Nicolas Waquet), livre 1 « Sur la nature de la guerre »
- 2015/2016 : « Le monde des passions »[BO 7]
- Honoré de Balzac, La Cousine Bette
- Jean Racine, Andromaque
- David Hume, Dissertation sur les passions (en) (traduction de Jean-Pierre Cléro)
- 2016/2017 : « Servitude et soumission »[BO 8]
- 2017/2018 : « L'aventure »[BO 9]
- Vladimir Jankélévitch, L'Aventure, l'Ennui, le Sérieux
- Homère, Odyssée (traduction de Philippe Jaccottet)
- Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres (traduction de Jean-Jacques Mayoux)
- 2018/2019 : « L'amour »[BO 10]
- Platon, Le Banquet (traduction de Luc Brisson)
- William Shakespeare, Le Songe d'une nuit d'été (traduction de Jean-Michel Déprats)
- Stendhal, La Chartreuse de Parme
- 2019/2020 : « La démocratie »[BO 11]
- Aristophane, Les Cavaliers et L'Assemblée des femmes (traduction de Marc-Jean Alfonsi)
- Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 2e partie, livre 4
- Philip Roth, Le Complot contre l'Amérique (traduction de Josée Kamoun)
- 2020/2021 : « La force de vivre »[BO 12]
- Svetlana Alexievitch, La Supplication (traduction de Galia Ackerman et Pierre Lorrain)
- Victor Hugo, Les Contemplations, livres IV (Pauca meæ) et V (En marche)
- Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, préface à la 2de édition et livre IV (traduction de Patrick Wotling)
- 2021/2022 : « L'enfance »[BO 13]
- Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l'éducation, livres I et II
- Hans Christian Andersen, Contes (traduction de Marc Auchet, Le Livre de poche, 2003)
- Wole Soyinka, Aké, les années d'enfance (traduction d'Étienne Galle, GF, 2021)
- 2022/2023 : « Le travail »[BO 14]
Références
- Manenti-Ronzeaud 2011.
- Laurence Gauthier, « Remédiation en langue et outils informatiques : Trois modes opératoires en classe préparatoire aux grandes écoles », Éla. Études de linguistique appliquée, no 158, , p. 195–205 (DOI 10.3917/ela.158.0195, lire en ligne).
- Noël Adangnikou, Une évaluation de l'efficacité de l'enseignement supérieur français : Le cas des classes préparatoires scientifiques, Université de Bourgogne, (HAL tel-00250430), p. 53.
- Bruno Jeauffroy et Sophie Remy, « Les classes préparatoires scientifiques aux grandes écoles : Quelle place dans l’enseignement supérieur ? », Reflets de la physique, no 28, , p. 20–22 (DOI 10.1051/refdp/201228020).
- « Les matières littéraires : Un incontournable des prépas scientifiques », ONISEP, .
- upls.fr.
- Vincentelli et Cauchi-Bianchi 2009.
- « Le concours E3A », sur E3A.
- Jean-Marie Frey, « La classe préparatoire dans la continuité de la terminale : Singularité du Lycée français », L'enseignement philosophique, vol. 60, , p. 41–44 (DOI 10.3917/eph.605.0041, lire en ligne).
- « Le français-philosophie dans les classes préparatoires scientifiques », sur interlettre.com, .
- « Français-philosophie en prépa scientifique : Archives », sur site-magister.com.
- « Thèmes archivés CPGE Français-Philosophie en Prépas Scientifiques », sur Ressources et exercices philosophiques de l’académie de Créteil, Académie de Créteil.
- « Français – Philosophie », sur Prepator.
Dans le Journal officiel de la République française (JORF), sur Légifrance :
- Arrêté du , JORF no 272 du , p. 17152–17153, NOR MENU9502498A.
- Arrêté du , JORF no 171 du , p. 11168, NOR MENU9601719A.
- Arrêté du , JORF no 199 du , p. 12677, NOR SCOL9702011A.
- Arrêté du , JORF no 158 du , p. 10605, NOR MENS9801842A.
- Arrêté du , JORF no 71 du , p. 4466, NOR MENS9900557A.
- Arrêté du , JORF no 164 du , p. 11001, texte no 44, NOR MENS0001490A.
- Arrêté du , JORF no 70 du , p. 4560, NOR MENS0100599A.
- Arrêté du , JORF no 97 du , p. 7395, texte no 24, NOR MENS0200994A.
- Arrêté du , JORF no 95 du , p. 7211, texte no 11, NOR MENS0300773A.
- Arrêté du , JORF no 117 du , p. 8956, texte no 39, NOR MENS0400963A.
- Arrêté du , JORF no 162 du , texte no 24, NOR MENS0501372A.
- Arrêté du , JORF no 145 du , p. 9541, texte no 15, NOR MENS0601476A.
- Arrêté du , JORF no 89 du , p. 6883, texte no 19, NOR MENS0700809A.
- Arrêté du , JORF no 154 du , p. 10660, texte no 12, NOR ESRS0813177A.
Dans le Bulletin officiel (BO) du ministère de l'Éducation nationale :
- Arrêté du , BO no 27 du , p. 3, NOR ESRS0900270A.
- Arrêté du , BO no 17 du , p. 4, NOR ESRS1000116A.
- Arrêté du , BO no 24 du , p. 3, NOR ESRS1100188A.
- Arrêté du , BO no 26 du , NOR ESRS1200215A.
- Arrêté du , BO no 26 du , NOR ESRS1300172A.
- Arrêté du , BO no 24 du , NOR MENS1401052A.
- Arrêté du , BO no 23 du , NOR MENS1501166A.
- Arrêté du , BO no 26 du , NOR MENS1600411A.
- Arrêté du , BO no 26 du , NOR ESRS1700064A.
- Arrêté du , BO no 24 du , NOR ESRS1800091A.
- Arrêté du , BO no 27 du , NOR ESRS1900148A.
- Arrêté du , BO no 32 du , NOR ESRS2014851A.
- Arrêté du , BO no 28 du , NOR ESRS2119554A.
- Arrêté du , BO no 20 du , NOR ESRS2213517A.
Voir aussi
Bibliographie
- Claudia Manenti-Ronzeaud, « La Littérature en classes préparatoires scientifiques : Un exercice de pensée, plus qu'une fin en soi », dans Enseigner la littérature à l'université aujourd'hui (colloque organisé par le Centre interdisciplinaire d'étude des littératures d'Aix-Marseille (CIELAM), Université d'Aix-Marseille, Aix-en Provence, -), Fabula, (lire en ligne).
- Céline Vincentelli et Frédérique Cauchi-Bianchi, « Quand textes littéraires et textes philosophiques sont étudiés conjointement, qu'est-ce qui change dans l'enseignement de la littérature ? », Le français aujourd'hui, no 167, , p. 37–44 (DOI 10.3917/lfa.167.0037, lire en ligne).