« Gerboise bleue » : différence entre les versions
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{{Titre en italique}}
{{voir homonymes| Gerboise bleue (film)| Gerboise (homonymie){{!}}Gerboise}}
{{Infobox Essai nucléaire
| nom = ''Gerboise bleue''
Ligne 7 :
| puissance nucléaire = {{France}}
| série essais =
| localisation =
| latitude = 26/18/42/N
| longitude = 0/03/26/W
| date = {{date|13|février|1960}}
| type arme = [[Bombe A]] au plutonium
| puissance = 70 kt
| type essais = Atmosphérique
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}}
'''''Gerboise bleue''''' est le nom de code de l'[[Essais nucléaires français|essai nucléaire français]] destiné à tester la première [[arme nucléaire]] de la [[France]]. Il a lieu le {{date|13
Cette opération s'inscrivait dans le cadre de la politique de [[Force de dissuasion nucléaire française|dissuasion nucléaire]] voulue par le [[Charles de Gaulle|général
Son nom de code fait référence à la [[gerboise]], un petit rongeur des steppes, et à la [[Bleu|couleur bleue]], qui symbolise
== Histoire ==
{{article détaillé|Histoire du programme nucléaire militaire de la France|}}
Le général
De
▲De brillants scientifiques français {{Incise|[[Frédéric Joliot-Curie]], [[Bertrand Goldschmidt]], [[Yves Rocard]]{{etc.}}}} se sont consacrés à la fabrication de la bombe. Les travaux se sont déroulés dans le plus grand secret pendant une dizaine d'années. Les militaires ne furent associés au projet qu'au dernier moment<ref name=PG/>. Le CEA mit au point la première bombe sur le site [[CEA de Bruyères-le-Châtel]] (Essonne), et son détonateur au [[fort de Vaujours]] (Seine-et-Marne), tandis que le plutonium provenait de l'[[usine d'extraction du plutonium de Marcoule]].
[[Félix Gaillard]] décide la date et le lieu de l'explosion quelques mois auparavant<ref name=PG/>. [[Pierre Billaud (physicien)|Pierre Billaud]] est chargé de diriger la préparation de celle-ci.
=== Construction de la bombe ===
Le projet M1 de construction de la première arme nucléaire française débute en {{date-|septembre 1955}} au [[
Une visite chez un fournisseur américain, fin 1958, fait changer la masse de [[Plutonium 239|plutonium]] prévue pour ne pas dépasser une certaine puissance et risquer une forte [[contamination radioactive]] du site de test{{Sfn|Billaud|2017|p=52-54}}. La structure de la bombe reste cependant la même. Le plutonium économisé permet la réalisation d'une autre bombe plus petite et plus simple :
Fin 1958, les plans de
=== Déroulement de l'essai ===
Quelques journalistes, triés sur le volet, assistent à l'explosion. Ils sont installés à proximité immédiate (à seulement {{
Une fusée rouge est tirée une minute avant l'explosion<ref>{{Ouvrage |auteur1=Ben Cramer |titre=Le nucléaire dans tous ses états |sous-titre=Les enjeux nucléaires de la mondialisation|lieu=Paris|éditeur=ALiAS|collection=Éthique & Enquêtes|année=2002 |pages totales= 182|passage=78 |isbn=2-84726-020-X}}.</ref>. Le {{date-|13
Cette bombe, perchée sur une tour métallique haute de {{
L'[[Forces armées françaises|Armée française]] avait prévu une puissance située entre 60 et {{unité|70
== Le plus puissant premier essai de bombe A ==
{{article connexe|Puissance des armes nucléaires}}
Avec ''Gerboise bleue'', la France est devenue la quatrième puissance nucléaire, après les [[États-Unis]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et le [[Royaume-Uni]]. Ce test demeure, en 2020, le plus puissant premier essai nucléaire. Plus puissant que l'américain « [[Trinity (essai atomique)|''Trinity'']] » ({{unité|19
D’une masse totale semblable à celle de la bombe [[Fat Man]] larguée sur [[Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki|Nagasaki]], ''Gerboise bleue'' a libéré une puissance trois fois supérieure. Ce [[Rendement (physique)|rendement]] largement supérieur aux premières bombes A (presque 50 % contre environ 17 % pour ''Trinity'') s'explique par le savoir accumulé dont ont bénéficié les scientifiques français via l’observation de mesures américaines réelles et la publication de données secrètes ([[Atoms for Peace]]){{Sfn|Billaud|2017|p=41-44}}.
Seules deux bombes A plus puissantes ont été testées dans le Sahara :
== Conséquences ==
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Selon un document déclassifié le {{date-|4 avril 2013}} mais rendu public dix mois plus tard le {{date-|14 février 2014}}, les retombées radioactives sont plus longues que prévu. Elles durent treize jours, la durée qui était prévue n'est pas communiquée<ref>{{article|url=http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140214125159/algerie-france-colonisation-sahara-cartographie-nucleaire-revelations-sur-les-retombees-radioactives-de-la-bombe-a-francaise-en-afrique.html|titre=Nucléaire : révélations sur les retombées radioactives de la bombe A française en Afrique|auteur1=Mathieu Olivier|périodique=[[Jeune Afrique]]|date=14 février 2014}}, citant {{article|url=http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-document-choc-sur-la-bombe-a-en-algerie-14-02-2014-3590523.php|titre=Le document choc sur la bombe A en Algérie|auteur1=Sébastien Ramnoux|date=14 février 2014|périodique=[[Le Parisien]]}}.</ref>.
Un jour après l'explosion, le nuage radioactif atteint [[Tamanrasset]]
=== Autres essais ===
Après ''Gerboise bleue'', des négociations se sont déroulées avec le [[Front de libération nationale (Algérie)|FLN]], qui ont permis la mise à disposition d'une partie du Sahara pour la France. Les centres d'expérimentation désertiques ont pu ainsi être gardés après l'indépendance de l'Algérie, jusqu'à la campagne d'essais en [[Polynésie française]] en 1966.
De {{date-|février 1960}} à {{date-|avril 1961}}, la France a testé quatre bombes dans l'atmosphère de [[Reggane]], les
* ''[[Gerboise blanche]]'' le {{date|1 avril 1960}}, « bombe diplomatique » car la date de l'essai coïncide avec la visite de [[Nikita Khrouchtchev]] en France ;
* ''[[Gerboise rouge]]'' le {{date|27 décembre 1960}} ;
* ''[[Gerboise verte]]'' le {{date|25 avril 1961}}.
Il s'agissait seulement d'« engins de secours », avec des puissances volontairement réduites à moins de 5 kilotonnes.
=== Réactions internationales ===▼
Dans le Sahara, la France a procédé à un total de {{nobr|17 essais}} nucléaires : {{nobr|4 atmosphériques}} (série des ''Gerboises'') à Reggane, puis {{nobr|13 souterrains}} à [[In Ecker]], dans le [[Hoggar]], à quelques centaines de kilomètres au sud de Reggane.
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-70653-0001, Leipzig, Studenten aus Mali.jpg|vignette|Étudiants [[mali]]ens à l'[[Université de Leipzig|université Karl-Marx]] de [[Leipzig]], protestant contre ''Gerboise bleue'', le {{date-|13 février 1960}}. [[Archives fédérales (Allemagne)|Bundesarchiv]].]]
Les pays riverains du [[Maghreb]] protestent énergiquement contre cet essai nucléaire : deux jours plus tard, le [[Maroc]] rappellera son [[Ambassade du Maroc en France|ambassadeur à Paris]]<ref>{{lien web|url=https://www.linternaute.com/histoire/motcle/evenement/124/1/a/50973/premiere_bombe_atomique_francaise.shtml |titre=Première bombe atomique française|site=[[L'Internaute]]}}.</ref>.
=== Réaction des puissances nucléaires ===
Cinq mois après la dernière bombe Gerboise, l'Union soviétique a {{référence nécessaire|répondu}} en rompant le moratoire des essais dans l'atmosphère, réglé ''de facto'' depuis la fin de [[1958]] avec les États-Unis et le Royaume-Uni.▼
{{section à sourcer|date=août 2020}}<!-- Cette section affirme que la reprise des essais de l'Union soviétique est venue en réponse aux essais français, entraînant la reprise des essais des États-Unis puis le lancement du programme chinois. Mais aucune source n'étaie cette assertion selon laquelle ce sont les essais français qui ont provoqué la reprise des essais soviétiques. -->
Les [[Bombe H|bombes H]] représentent une nouvelle génération ''beaucoup plus puissante'' que les bombes A. L'URSS a mené de nombreux tests d'amélioration, à partir de {{date-|septembre 1961}}, avec une série d'essais de 136 bombes H. La série comprenait la bombe la plus puissante jamais testée, de {{unité|50|mégatonnes}} ({{unité/2|50000|kt}}) « ''[[Tsar Bomba]]'' ».▼
▲Cinq mois après la dernière bombe ''Gerboise'', l'Union soviétique a {{référence nécessaire|répondu}} en rompant le moratoire des essais dans l'atmosphère, réglé ''de facto'' depuis la fin de [[1958]] avec les États-Unis et le Royaume-Uni.
Pour réponse, les États-Unis ont réactivé leur propre programme d'essais atmosphériques avec une série de 40 explosions d'{{date-|avril 1962}} à {{date-|novembre 1962}}.▼
▲Les [[Bombe H|bombes H]] représentent une nouvelle génération
La [[Chine]] a également lancé son propre programme nucléaire à la suite de la [[rupture sino-soviétique]], effectuant son premier test d'une bombe A, nommé « [[596 (test nucléaire)|596]] » ({{unité|22|kt}}), le {{date|16 octobre 1964}}, et celui d'une bombe H, le H-Test {{n°}}6 ({{unité|3.3|Mt}}), le {{date|17 juin 1967}}.▼
▲Pour réponse, les États-Unis ont réactivé leur propre programme d'essais atmosphériques avec une série de {{nobr|40 explosions}} d'{{date-|avril 1962-}} à {{date-|novembre 1962}}.
▲=== Réactions de la France ===
À cause des critiques croissantes et anticipant la signature future du [[traité d'interdiction partielle des essais nucléaires]], la France a cessé ses essais atmosphériques dans le désert et a mené des essais souterrains quelques mois après l'indépendance de l'[[Algérie]] en 1962 selon les [[Accords d'Évian|accords secrets d'Évian]] avec le [[Front de libération nationale (Algérie)|FLN]]<ref name="Po"/>. Ces accords prévoyaient que la France utiliserait pour une durée de cinq ans les sites comprenant les installations [[In Ecker]], [[Reggane]] et de l'ensemble de [[Béchar|Colomb-Béchar-Hammaguir]] pour des essais d'[[Arme chimique|armes chimiques]]. Les discussions franco-algériennes de [[1962]] sont assorties d'accords secrets : jusqu'en [[1978]], les militaires français pourront ainsi continuer à faire des essais d'armes chimiques et [[Arme biologique|bactériologiques]] à Colomb-Béchar-Hammaguir, dans la région nord du Sahara. Cette région, qui peut être assimilée à un polygone d'essai de {{unité|100|kilomètres}} de long sur 60 de large, a été le plus vaste centre d'expérimentation d'armes chimiques au monde, [[Russie]] exceptée.▼
▲La [[Chine]] a également lancé son propre programme nucléaire à la suite de la [[rupture sino-soviétique]], effectuant son premier test d'une bombe A, nommé « [[596 (test nucléaire)|596]] » ({{unité|22
Avec les essais souterrains, la séquence a été modifiée avec la désignation de noms de bijoux, à partir de {{date-|novembre 1961}}, avec « ''Agate'' » (< {{unité|20|kt}}). Le {{date-|1 mai 1962}}, au cours du deuxième essai, l'« [[accident de Béryl]] » contamine plusieurs personnes. L'épisode fut déclassifié de nombreuses années plus tard.▼
▲À cause des critiques croissantes et anticipant la signature future du [[traité d'interdiction partielle des essais nucléaires]], la France a cessé ses essais atmosphériques dans le désert et a mené des essais souterrains quelques mois après l'indépendance de l'[[Algérie]] en 1962 selon les [[
▲Avec les essais souterrains, la séquence a été modifiée avec la désignation de noms de bijoux, à partir de {{date-|novembre 1961}}, avec
En [[1968]], la France fit exploser sa première arme [[Fusion nucléaire|thermonucléaire]], [[Canopus (
=== 2004 : première enquête judiciaire ===
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=== 2008 : première condamnation ===
Après qu'un tribunal français eut accordé (le {{date-|7 juin 2008}}) une [[pension d'invalidité]] à vie à un ancien militaire âgé de 65 ans, victime d'une [[polymyosite]] pouvant avoir pour origine sa participation à des essais nucléaires en Algérie, la France a annoncé un [[Projet de loi en France|projet de loi]] d'indemnisation des victimes de ses 210 essais nucléaires, appuyé sur un fonds prévu de {{nobr|10 millions}} d'euros.
En Algérie, les médecins et les [[Organisation non gouvernementale|ONG]] locales estiment que le nombre d'anomalies et problèmes de [[santé]] est encore anormalement élevé dans cette zone. On admet aujourd'hui que différentes pathologies, dont les [[cancer]]s ([[cancer de la thyroïde]], [[cancer du poumon]], [[cancer du sein]], [[leucémie]], certaines [[Maladie congénitale|anomalies congénitales]], etc.) peuvent avoir été induites par l'[[irradiation]] ainsi subie.
== Culture populaire ==
L'événement est évoqué dans l'{{nobr|épisode 7}} de la {{nobr|saison 1}} de la série ''[[Au service de la France]]''<ref>{{article|url=https://www.telerama.fr/television/au-service-de-la-france-dezingue-les-annees-de-gaulle,132895.php|titre=“Au service de la France” dézingue les années de Gaulle|auteur1=Isabelle Poitte|date=29 octobre 2015|périodique=[[Télérama]]}}.</ref>. Toutefois, au lieu du 13 février 1960, la série place l'événement à la date du 19 février.
Dans le film franco-marocain ''[[Djinns]]'', sorti en 2010, la mallette estampillée « secret défense » contient l'ordre de mise à feu de la bombe ''Gerboise Bleue''.
== Notes et références ==
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=== Documentaire ===
{{Article détaillé|Gerboise bleue (film)}}
''Gerboise bleue'',
=== Lien externe ===
*
{{Palette|Missiles nucléaires français|Région de la Saoura}}
{{Portail|Armée française|nucléaire|Algérie|
[[Catégorie:
[[Catégorie:1960 en Algérie]]
[[Catégorie:1960 en France]]
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