« Gerboise bleue » : différence entre les versions

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{{Infobox Essai nucléaire
| nom = ''Gerboise bleue''
| image = “Gerboise Bleue” or The “Blue Desert Rat” had a yield equivalent to four Hiroshima bombs.jpg
| image =
| légende = [[Champignon nucléaire]] de ''Gerboise bleue''
| puissance nucléaire = {{France}}
| série essais =
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Le projet M1 de construction de la première arme nucléaire française débute en {{date-|septembre 1955}} au [[Fort de Châtillon]]. En 1957, la masse de [[Isotope fissile|matière fissile]] nécessaire est définie. La même année, l’[[Accélérateur de particules|accélérateur Van de Graaf]] du [[Centre CEA de Saclay|centre de Saclay]] permet de déterminer le matériau [[réflecteur de neutrons]] le plus approprié. L’implosoir, qui va permettre de comprimer le plutonium en une [[Masse critique (réaction nucléaire)|masse supercritique]], est mis au point au [[Fort de Vaujours]] mais l'amorce neutronique fait alors encore défaut{{Sfn|Billaud|2017|p=50}}.
 
Une visite chez un fournisseur américain, fin 1958, fait changer la masse de [[Plutonium 239|plutonium]] prévue pour ne pas dépasser une certaine puissance et risquer une forte [[contamination radioactive]] du site de test{{Sfn|Billaud|2017|p=52-54}}. La structure de la bombe reste cependant la même. Le plutonium économisé permet la réalisation d'une autre bombe plus petite et plus simple : l’engin P1 (''[[Gerboise blanche]]''){{Sfn|Billaud|2017|p=58}}.
 
Fin 1958, les plans de l’engin M1 sont établis. Il est construit en 1959 mais doit attendre la livraison de plutonium produit à [[Site nucléaire de Marcoule|Marcoule]] pour être finalisé{{Sfn|Billaud|2017|p=48}}. La première bombe française, de forme sphérique, comprenait moins de trente-deux [[Lentille explosive|lentilles explosives]] ou GODSC (générateur d’onde de détonation sphérique centripète) maintenus par une gaine de résine et fibres de verre et pouvant s’ouvrir pour y insérer, au centre, le cœur fissile. Ce cœur d'alliage de plutonium, nommé Jézabel, était entouré d’une couche d'[[Uranium|uranium naturel]] faisant office de « tamper » et de réflecteur de neutrons pour augmenter l’efficacité de l'engin{{Sfn|Billaud|2017|p=44}}. Une [[source de neutrons]] externe, car placée à l’extérieur du cœur, permettait d'amorcer la [[Réaction en chaîne (nucléaire)|réaction en chaîne]] avec précision, améliorant encore l’efficacité.
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Quelques journalistes, triés sur le volet, assistent à l'explosion. Ils sont installés à proximité immédiate (à seulement {{unité|20|km}}) de l'[[hypocentre]] (le « [[point zéro (topographie)|point zéro]] »). Des consignes leur demandent de s'asseoir au sol, de tourner le dos à l'hypocentre, de replier les bras devant les yeux et de porter des lunettes de protection<ref name=PG>[[Patrice Gélinet]], invité [[Jean Guisnel]], [http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/2000ansdhistoire/index.php?id=49345 « 1960, La première bombe atomique française »], émission ''[[Deux mille ans d'Histoire]]'' sur [[France Inter]], 20 novembre 2006, rediffusée le 12 février 2010.</ref>.
 
Une fusée rouge est tirée une minute avant l'explosion<ref>{{Ouvrage |auteur1=Ben Cramer |titre=Le nucléaire dans tous ses états |éditeur=ALiAS |année=2002 |pages totales= |passage=78 |isbn=}}.</ref>. Le {{date|13|février|1960}}<ref>[[Christian Bataille]], « L'évaluation de la recherche sur la gestion des déchets nucléaires à haute activité », tome II : « Les déchets militaires », rapport de l'[[Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques|OPECST]] {{n°|541}} à l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] (15 décembre 1997) et {{n°}}179 au [[Sénat (France)|Sénat]] (17 décembre 1997), {{2e|partie}}, {{chap.}}II, § 1 : [http://www.senat.fr/rap/o97-179/o97-179_mono.html#toc42 « Les essais aériens à Reggane »], sur le site du Sénat.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.bou-saada.net/reggane.htm|titre=Les premiers essais français au Sahara (1960-1966)|site=bou-saada.net}}.</ref> à {{heure|7|4}} (heure locale)<ref>[[Henri Revol]] et [[Jean-Paul Bataille]], « Les incidences environnementales et sanitaires des essais nucléaires effectués par la France entre 1960 et 1996 et les éléments de comparaison avec les essais des autres puissances nucléaires », rapport de l'[[Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques|OPECST]] {{n°|3571}} à l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] (5 février 2001) et {{n°|207}} au [[Sénat (France)|Sénat]] (6 février 2002), § I-3.1 [http://www.senat.fr/rap/r01-207/r01-207_mono.html#P358_35486 « L'ensemble des faits »], sur le site du Sénat.</ref>, la [[Bombe A|bombe atomique]] est mise à feu sur le site d'essai nucléaire de Reggane dans le [[Tanezrouft]] au centre du [[Sahara]], alors territoire français rattaché à l'[[Algérie française|Algérie]], au point {{coord|26|18|42|N|0|03|26|W|region:DZ}}<ref>{{ouvrage|langue=en|passage=7|chapitre=Table 1: Atmospheric nuclear tests conducted at Reggane|titre=Radiological Conditions at the Former French Nuclear Test Sites in Algeria|sous-titre=Preliminary Assessment and Recommendations|collection=Radiological Assessment Reports Series|numéro dans collection=STI/PUB/1215|année=2005|lieu=Vienne|éditeur=[[Agence internationale de l'énergie atomique]]|pages totales=60|isbn=92-0-113304-9|présentation en ligne=https://www.iaea.org/publications/7174/radiological-conditions-at-the-former-french-nuclear-test-sites-in-algeria-preliminary-assessment-and-recommendations}}.</ref>{{,}}{{Note|groupe=alpha|Les publications du [[Natural Resources Defense Council]]<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=French Nuclear Testing, 1960-1988|auteur1=Andrew S. Burrows|auteur2=Robert S. Norris|auteur3=William M. Arkin|auteur4=Thomas B. Cochran|éditeur=[[Natural Resources Defense Council]]|lieu=Washington|année=1989|collection=Nuclear Weapons Databook Project Working Paper|numéro dans collection=NWD 89-1|chapitre=Table 1: Known French nuclear tests, 13 February 1960-31 December 1988|passage=25|url=https://fas.org/nuke/cochran/nuc_89020001a_87.pdf}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Robert S. Norris |auteur2=Andrew S. Burrows |auteur3=Richard Fieldhouse |titre=Nuclear Weapons Databook |volume=V |titre volume=British, French and Chinese Nuclear Weapons|auteur institutionnel=[[Natural Resources Defense Council]] |éditeur=Westview Press |lieu=Boulder |année=1994 |pages totales=437 |passage=405-419405–419 |isbn=0-8133-1612-X |isbn2=0-8133-1611-1|id=NRDC1994}}.</ref> donnent les coordonnées approximatives {{coord|26|19|N|0|4|W|region:DZ}}. Elles sont citées, semble-t-il avec une coquille, dans plusieurs publications de l'[[Observatoire des armements]] (ex-Centre de documentation et de recherche sur la paix et les conflits)<ref>{{lien web|url=http://www.obsarm.org/obsnuc/essais-nucleaires/sahara-atmospherique.htm |titre=Essais nucléaires atmosphériques effectués au Sahara|éditeur=sur le site de l'[[Observatoire des armements]]}}. Cite {{harvsp|NRDC|1994}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|titre=Les essais nucléaires français 1960-1996|sous-titre=Conséquences sur l'environnement et la santé|collection=Études du CDRPC|auteur1=[[Bruno Barrillot]]|éditeur=[[Observatoire des armements|Centre de documentation et de recherche sur la paix et les conflits]]|lieu=Lyon|année=1996|isbn=2-9508291-2-0|passage=367|chapitre=Liste des essais nucléaires français|pages totales=383}}.</ref>, sous la forme {{coord|23|19|N|0|04|W|region:DZ}}.}}.
 
Cette bombe, perchée sur une tour métallique haute de {{Unité|100|mètres}}, développe une puissance de {{Unité|70|[[Trinitrotoluène#Unité de puissance explosive|kilotonnes]]}}. L'explosion est trois ou quatre fois plus puissante que celle de [[Bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki|Hiroshima]]<ref>{{article |langue= |auteur1=Louis N. Panel |titre=Un enjeu méconnu de présence militaire française en Algérie |sous-titre=Le programme atomique saharien (1957-1966) |périodique=Indochine-Algérie |numéro=22 |année=2010 |date= |issn= |lire en ligne= |pages=42–49 }}.</ref>. Alors que les habitations les plus proches se trouvent à seulement {{unité|70|km}}, la bombe ''Gerboise bleue'' entraîne la projection de [[Retombée radioactive|retombées radioactives]] dans une zone de {{unité|200|km}} de large et de {{unité|100|km}} de long. Les journalistes ont certainement été très exposés aux radiations générées par l'explosion aérienne de la bombe<ref name="PG" />.
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Après ''Gerboise bleue'', des négociations se sont déroulées avec le [[Front de libération nationale (Algérie)|FLN]], qui ont permis la mise à disposition d'une partie du Sahara pour la France. Les centres d'expérimentation désertiques ont pu ainsi être gardés jusqu'à la campagne d'essais en [[Polynésie française]] en 1966.
 
De {{date-|février 1960}} à {{date-|avril 1961}}, la France a testé quatre bombes dans l'atmosphère de Reggane, les « ''Gerboises »''. Trois d'entre elles étaient seulement des « engins de secours », avec des puissances volontairement réduites à moins de 5 kilotonnes.
 
Dans le Sahara, la France a procédé à un total de 17 essais nucléaires : 13 souterrains à [[In Ecker]], dans le [[Hoggar]], à quelques centaines de kilomètres au sud de [[Reggane]], et 4 atmosphériques (série des « ''Gerboises »''). Succédèrent ainsi à ''Gerboise bleue''<ref name="Pesnot">[[Patrick Pesnot]], « La bombe A », émission ''[[Rendez-vous avec X]]'' sur [[France Inter]], 4 mai 2001.</ref> :
* ''[[Gerboise blanche]]'' le {{date|1 avril 1960}}, « bombe diplomatique » car la date de l'essai coïncide avec la visite de [[Nikita Khrouchtchev]] en France ;
* ''[[Gerboise rouge]]'' le {{date|27 décembre 1960}} ;
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Les pays riverains du [[Maghreb]] protestent énergiquement contre cet essai nucléaire : deux jours plus tard, le [[Maroc]] rappellera son [[Ambassade du Maroc en France|ambassadeur à Paris]]<ref>{{lien web|url=https://www.linternaute.com/histoire/motcle/evenement/124/1/a/50973/premiere_bombe_atomique_francaise.shtml |titre=Première bombe atomique française|site=[[L'Internaute]]}}.</ref>.
 
Cinq mois après la dernière bombe ''Gerboise'', l'Union soviétique a {{référence nécessaire|répondu}} en rompant le moratoire des essais dans l'atmosphère, réglé ''de facto'' depuis la fin de [[1958]] avec les États-Unis et le Royaume-Uni.
 
Les [[Bombe H|bombes H]] représentent une nouvelle génération ''beaucoup plus puissante'' que les bombes A. L'URSS a mené de nombreux tests d'amélioration, à partir de {{date-|septembre 1961}}, avec une série d'essais de 136 bombes H. La série comprenait la bombe la plus puissante jamais testée, de {{unité|50|mégatonnes}} ({{unité/2|50000|kt}}) « ''[[Tsar Bomba]]'' ».
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