« Innocent IV » : différence entre les versions

{{Titre mis en forme|{{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}}}}

| nom = {{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}}

| légende = Entrevue de [[Louis IX|Saint Louis]] et du pape {{noble-|Innocent IV}}, ''[[Grandes Chroniques de France]]'', Paris, {{s-|XIV}}.

| date de naissance = vers [[1180]]/[[1190|90]]

| début pontificat = {{Date-|25| juin| 1243}}

| intronisation = {{date-|28| juin| 1243}}

| fin pontificat = {{Date-|7| décembre| 1254}}<br />[[Naples]]<br /><small>({{durée|25|6|1243|7|12|1254}})</small>

| prédécesseur pape = [[Célestin IV|{{nobrnoble|Célestin {{IV}}}}]]

| successeur pape = [[{{noble|Alexandre IV (pape)|{{nobr|Alexandre {{IV}}}}]]

'''{{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}}''', né '''Sinibaldo de Fieschi''' (vers [[1180]]/[[1190|90]] – {{Date de décès-|7| décembre| 1254}}), est le [[Liste des papes#XIIIe.C2.A0siècle siècle|{{180e|pape}} pape]] de l'[[Église catholique]], du {{Date-|25| juin| 1243}} à sa mort.

Il appartenait à l'une des principales familles de [[Gênes]]. Formé à [[Parme]] et [[Bologne]], {{refsou|il passait pour l'un des meilleurs}} canonistes de son époque. Son pontificat est notamment marqué par la lutte contre [[{{noble|Frédéric II (empereur du Saint-Empire)|{{nobr|Frédéric {{II}}}}]] dans le cadre de la longue [[Lutte du sacerdoce et de l'Empire|querelle du sacerdoce et de l'Empire]].

Après la mort de [[Célestin IV|{{nobrnoble|Célestin {{IV}}}}]], dont le règne ne dure que dix-sept jours, de la fin octobre au {{date-|10 novembre 1241}}, l'Église demeure plus d'un an sans souverain pontife. Le nouveau conclave se tient à [[Anagni]] et, le {{Date-|25| juin| 1243}}, le cardinal Sinibaldo de Fieschi est élu dans la [[cathédrale Santa Maria d'Anagni]]<ref name="Montaubin">[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1997_num_109_2_3580 Pascal Montaubin, « Entre gloire curiale et vie commune : le chapitre cathédral d'Anagni au {{s-|XIII|e}} »], dans ''Mélanges de l'École française de Rome'', {{numéro}}|109-2}}, 1997, {{p.|303-442}}.</ref>. Il prend le nom d'Innocent. Au cours de son pontificat long de onze ans et demi, il crée quinze cardinaux, dont douze au [[consistoire (catholicisme)|consistoire]] du {{date-|28 mai 1244}}. Le pontificat d'{{noble-|Innocent IV}} fut marqué par un développement sans précédent du [[népotisme]] pontifical, c'est-à-dire de l'attribution de fonctions et revenus ecclésiastiques à des parents proches ou éloignés du pape, membres de la famille Fieschi et apparentés<ref>{{it}} Sandro Carocci, ''Il nepotismo nel medioevo. Papi, cardinali e famiglie nobili'', Rome, viella, 1999, {{p. |118-121}} ; Julien Théry, « Non pas « voie de vie », mais « cause de mort par ses ''enormia'' ». L’enquête pontificale contre Niccolò Lercari, évêque de Vintimille, et sa déposition (1236-1244) », dans ''« Honos alit artes ». {{langue|it|Studi per il settantesimo compleanno di Mario Ascheri. I. La formazione del diritto comune. Giuristi et diritti in Europa (secoli XII-XVIII)}}'', Firenze University Press, 2014, {{p. |436-437}} {{Lire en ligne|url=https://www.academia.edu/5675583/_Non_pas_voie_de_vie_mais_cause_de_mort_par_ses_enormia_._L_enqu%C3%AAte_pontificale_contre_Niccol%C3%B2_Lercari_%C3%A9v%C3%AAque_de_Vintimille_et_sa_d%C3%A9position_1236-1244_}}.</ref>.

=== Lutte contre {{nobr|Frédéric {{II}}}} ===

L'empereur [[{{noble|Frédéric II (empereur du Saint-Empire)|{{nobr|Frédéric {{II}}}}]], avec qui il avait eu de bons rapports, dit à l'occasion de son élection qu'il perdait l'amitié d'un cardinal et gagnait l'inimitié d'un pape. L'empereur commence des négociations pour mettre fin à l'[[excommunication]] et au conflit qui durait depuis [[Grégoire IX|{{nobrnoble|Grégoire {{IX}}}}]]. Mais, {{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}} reprend rapidement la lutte contre l'empereur. Il s'efforce d'empêcher {{nobr|Frédéric {{II}}}} d'aller secourir la [[Terre sainte]] qui retombe sous contrôle musulman et tente d'organiser un concile pour le déposer. Enfin, il crée plusieurs antirois en Allemagne, Heinrich Raspe, puis Guillaume de Hollande. {{nobr|Frédéric {{II}}}}, de son côté, condamne la rapacité, le [[népotisme]] et la corruption de l'Église.

Les [[Mongols]] d'[[Ögödei]], le fils de [[Gengis Khan]], s'étaient emparés de [[Moscou]] en [[1238]], puis de [[Kiev]], en [[1240]]. Ils envahissent la [[Pologne]] et la [[Hongrie]], menacent [[Vienne (Autriche)|Vienne]], occupent [[Zagreb]].

Afin d'exhorter ceux que l'on appelait à tort les [[Tatars|Tartares]] à renoncer à attaquer la chrétienté et les autres nations, le pape {{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}} décide en 1245 de prendre contact avec [[Ögödei]] (problème de date, il serait mort depuis 4 ans), que les Occidentaux appellent alors « grand [[khan]] des [[Tartares]] », en réalité [[Khagan]] (titre d'Empereur chez les Turco-Mongols) de l'[[Empire mongol]].

{{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}} envoie simultanément plusieurs informateurs-ambassadeurs auprès des pouvoirs mongols<ref name="Demurger_36">{{Ref-Demurger-crépuscule|passage=36}}.</ref> : [[Jean de Plan Carpin]], [[André de Longjumeau]], [[Ascelin de Lombardie]] et Laurent du Portugal.

Le pape leur confie également la lettre ''Cum simus super'' du {{date-|25| mars| 1245}}, dans laquelle il invite à l'union les Églises séparées d'Orient.

Or, le {{date-|24| août| 1246}}, peu de temps après l'arrivée de Jean de Plan Carpin, [[Güyük]] succède à Ögödei. C'est une réponse pleine de quiproquos culturels qu'il confie à Plan Carpin et que ce dernier apporte à {{noble-|Innocent IV}}.

<gallery caption="LettresLettre d'échanges entre les deux souverains">

Fichier:LetterInnocenceToTartarKingAndPeople aLetterGuyugToInnocence.jpg|PremièreLettre pagede d'Güyük à {{noble-|Innocent IV}} à([[persan]], Ögödeicachet en ([[latinMongol bitchig|mongol]]), 12451246.

Les différends avec l'empereur {{nobr|Frédéric {{II}}}} ne se réglant pas, Innocent se retire à l'été [[1244]] dans sa ville de Gênes, puis se réfugie à [[Lyon de l'an mil au rattachement à la France|Lyon]]. Il tient dans cette ville un [[premier concile de Lyon|concile général]] au cours duquel il promulgue une sentence solennelle de déposition de l'empereur le {{date-|17| juillet| 1245}}<ref>Texte latin et traduction de la sentence de déposition dans Patrick Gilli et Julien Théry, ''Le gouvernement pontifical et l'Italie des villes au temps de la théocratie (fin- {{s minisp-|XII|e}}-mi-{{s mini-|XIV|es}} s.)'', Montpellier, [[Presses universitaires de la Méditerranée]], 2010, {{p.|73-90}} {{Lire en ligne|url=https://www.academia.edu/32542471/_Le_combat_contre_les_Hohenstaufen_et_leurs_alli%C3%A9s_chapitre_2_dans_Patrick_Gilli_Julien_Th%C3%A9ry_Le_gouvernement_pontifical_et_lItalie_des_villes_au_temps_de_la_th%C3%A9ocratie_fin_XIIe-mi-XIVe_si%C3%A8cle_Montpellier_Presses_universitaires_de_la_M%C3%A9diterran%C3%A9e_2010_p._65-112_texte_int%C3%A9gral_}}.</ref>. L'agitation provoquée par cette action à travers toute l'Europe ne se termine qu'à la mort du Hohenstaufen en [[1250]]. Le pape peut alors revenir à [[Rome]] en [[1253]].

=== Relations avec {{nobr|Louis {{IX}}}} ===

[[Fichier:Bulle d’Innocent IV autorisant les frères mineurs à séjourner et exercer leur ministère sur les terres excommuniées 1 - Archives Nationales - AE-II-1637.jpg|vignette|Bulle d’d'{{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}} autorisant les frères mineurs à séjourner et exercer leur ministère sur les terres excommuniées, [[Archives nationales (de France)|Archives nationales]], AE/II/1637.]]

Au moment même où {{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}} convoque le [[Premier concile de Lyon|concile de Lyon]], [[Louis IX de France|{{nobrnoble|Louis {{IX}}}} |de France]]}} décide d'entreprendre une [[septième croisade]]. Le pape l'encourage, mais se désintéresse par la suite du cours des événements. Le roi juge alors {{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}} en déclarant qu'il n'{{Citation|avait trouvé chez le pape aucun sentiment véritablement chrétien}}<ref>[[Mathieu Paris]], MG SS {{XXVIII}}.</ref>.

En [[1246]], il vient en [[Histoire de la Bourgogne|Bourgogne]], dans le [[Nivernais]], consacrer l'église de l'[[abbaye Notre-Dame du Réconfort de Saizy]] dont la fondatrice est [[Mathilde de Courtenay]], comtesse de Nevers.

{{citation|{{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}}, par ailleurs initiateur d'une véritable politique missionnaire, fut relayé par {{nobr|Louis {{IX}}}} qui avait rencontré à Chypre, à la fin de [[1249]], des émissaires du khan mongol de Perse ; lesquels lui transmirent des lettres du Grand khan de [[Karakorum]]<ref name="Demurger_36"/>.}}

Dans la lettre ''[[Impia Judaeorum perfidia|Impia Judæorum perfidia]]'' du {{date-|9| mai| 1244}}, {{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}} exhorte le roi [[Louis IX de France|{{nobrnoble|Louis {{IX}}}}]] à brûler publiquement le [[Talmud]] et d'autres livres juifs dans son royaume.

En 1252, il fait adopter la [[bulle pontificale|bulle]] ''[[Ad extirpanda]]''. Celle-ci établit la norme pour les procédures [[inquisition|inquisitoriales]]. Elle présente, entre autres, la [[torture]] comme un moyen d'établir la vérité, une mesure qui n'était pas commune auparavant dans les procès contre les [[hérétiques]] mais qui, à partir de cette date, sera considérée comme normale pendant plusieurs siècles. La bulle impose néanmoins des limites à l'utilisation de la torture contre les hérétiques par les autorités civiles et ecclésiastiques, en interdisant le recours à toute torture risquant d'entraîner la mort ou la mutilation de l'accusé<ref>Texte latin et traduction d'''Ad extirpanda'' dans Patrick Gilli et Julien Théry, ''Le gouvernement pontifical et l'Italie des villes au temps de la théocratie (fin- {{s minisp-|XII|e}}-mi-{{s mini-|XIV|es}} s.)'', Montpellier, [[Presses universitaires de la Méditerranée]], 2010, {{p.|567-586}} {{Lire en ligne|url=https://www.academia.edu/32534765/_Exp%C3%A9rience_italienne_et_norme_inquisitoriale_chapitre_11_dans_Patrick_Gilli_Julien_Th%C3%A9ry_Le_gouvernement_pontifical_et_lItalie_des_villes_au_temps_de_la_th%C3%A9ocratie_fin_XIIe-mi-XIVe_si%C3%A8cle_Montpellier_Presses_universitaires_de_la_M%C3%A9diterran%C3%A9e_2010_p._547-592_texte_int%C3%A9gral_}}.</ref>.

En [[1253]], il consacre à Assise la [[Basilique Saint-François (Assise)|basilique Saint-François]], complètement édifiée et désormais appelée « Tête et Mère de l'ordre des Frères mineurs ».

La fin de son pontificat est consacrée à la lutte contre [[Manfred de Hohenstaufen]], fils naturel de {{nobr|Frédéric {{II}}}}, qui était soutenu comme successeur légitime du [[royaume de Sicile]] par les villes et les nobles. Sur son lit de mort à [[Naples]], le pape entend la nouvelle de la victoire de Manfred à [[bataille de Foggia|Foggia]], et il meurt le {{date-|7 décembre 1254}}. Il est enterré dans la [[basilique Santa Restituta]], puis transféré dans la [[cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Naples]] où son monument funéraire est érigé en 1318.

* [[1245]] : plusieurs bulles données à Lyon en janvier, à l'[[abbaye de Saint-Martin d'Autun]], dont deux l'exemptant de payer aucune provision, et une troisième autorisant les moines à hériter, sauf de fiefs<ref>Cartulaire de l'[[abbaye de Saint-Martin d'Autun]], {{nobr|Charte {{LIV}}-{{Rom-maj|LV}}-{{LVI}}}}. Confirmation et reconnaissance de l'Hôtel-Dieu Notre Dame de Lessines (Belgique) en 1250 (bulle conservée in situ). Texte en ligne.</ref>.

* {{Date-|12| février| 1254}} : bulle à ''Guillaume de Paulin'', abbé de l'[[abbaye Saint-Pons de Saint-Pons-de-Thomières|abbaye Saint-Pons de Thomières]] dans laquelle il enjoint à l'abbé de l'[[abbaye Saint-Aignan de Saint-Chinian]] de rendre obéissance à l'abbé de Saint-Pons<ref>F. B. T. L. G. Prêtre et chanoine de l'église de Saint-Pons de Thomières, ''Chronologie des abbez du monastère et des evesques de l'église de S. Pons de Thomières'', Béziers, 1703, réédition en 1873, {{p. |28}}.</ref>

=== Notes =et références ==

{{Autres projets|commons=Category:Innocentius IV|commons titre={{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}}}}

* Élie Berger, ''Saint Louis et {{nobrnoble-|Innocent {{IV}}}}. Essais sur les rapports de la France et du Saint-Siège'', Paris, Thorin, 1893, 427{{nb p.}} <small>ré-impr. Genève, Slatkine, 1974.</small>

=== ArticleArticles connexeconnexes ===

* [[{{noble|Frédéric II (empereur du Saint-Empire)]]}}

* [[{{noble|Louis IX]]}}

* {{AutoritéLiens}}

[[Catégorie:Pape du MoyenXIIIe Âgesiècle]]