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'''Izmir''', traditionnellement appelée '''Smyrne''' (en [[turc]] {{lang|tr|''İzmir''}} ; en {{lang-el|Σμύρνη}}, {{Lang|el-Latn|''Smýrni''}}), est une ville de [[Turquie]], située sur la [[mer Égée]] près du [[golfe d'Izmir]]. C'est le deuxième port du pays (après [[Istanbul]]) et la troisième agglomération turque par le nombre d’habitants ({{nb|4425789}} habitants en 2021<ref name="Citypopulation.de">{{Lien web|langue=tr|titre=İzmir Nüfusu|url=https://www.nufusu.com/il/izmir-nufusu|site=nufusu.com|date=31 décembre 2018|consulté le=26 avril 2019}}.</ref>). Ses [[gentilé|habitants]] sont les ''Smyrniotes'' ({{lang|tr|''İzmirli''}} en turc). Izmir est considéré comme la ville la plus [[Occidentalisation|occidentalisée]] de la République de [[Turquie]]<ref>{{Lien web |langue=tr |titre=İzmir’i nasıl bilirsiniz? |url=https://www.milliyet.com.tr/yazarlar/hamdi-turkmen/izmir-i-nasil-bilirsiniz-1214945 |site=Milliyet |date=2010-03-23 |consulté le=2024-04-17}}.</ref>.
 
== Histoire ==
=== Origines ===
''İzmir'' est la forme [[turc|turque moderne]] du nom ''Smyrne'', ville connue depuis l’[[Antiquité]] (comme ''[[İznik]]'' pour ''Nicée''). La forme ''Smyrne'' a été longtemps préférée en français à la forme turque francisée ''Izmir'', qui ne s’est imposée qu’au {{s-|XX}}. Aucun [[gentilé]] formé sur ''Izmir'' n’est signalé, à l’exception des noms de famille [[algérie]]ns et [[tunisie]]ns Zmir, Zemirli, Zmirli ou Zermirline<ref>Anna Parzymies [https://books.google.fr/books?id=7osfAAAAMAAJ&q=Izmir#search_anchor ''Anthroponymie algérienne : noms de famille modernes d'origine turque''] Éditions scientifiques de Pologne, 1985 {{ISBN|83-01-03434-3|9788301034344}}.</ref>.
 
Smyrne fut fondée vers {{date-|3000 av JC}} par les [[Lélèges]] sur le site appelé aujourd’hui [[Tepekule]] (« butte de la tour »), près de l’actuelle [[Bayraklı]]. Selon la [[Mythologie grecque|légende]], son nom proviendrait de celui d’une reine [[Amazones|amazone]]. Entre {{date-|2000}} et {{date-|1200 av JC}}, elle fit partie du [[Hittites|royaume hittite]] puis, à la suite de l’effondrement de l’État hittite face aux attaques des [[Phrygie]]ns, elle devint une cité [[Éoliens|éolienne]] au {{-s-|XI}}
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De la ville romaine ne sont connues que la zone de l’[[Agora de Smyrne|agora]] (en cours de fouille) ainsi que l’emplacement du théâtre, aujourd’hui recouvert par des maisons. La ville est la patrie du célèbre rhéteur [[Aelius Aristide]], qui vécut au {{s-|II}} et a laissé une œuvre littéraire importante.
 
[[Christianisation|Christianisée]] dès le début de notre ère, Smyrne est citée dans la Bible comme l'une des [[sept Églises d'Asie]]. Il s'agit d'une citation du livre de l'[[Apocalypse]]<ref>Les sept Églises : [[Éphèse]], Smyrne, [[Pergame]], [[Thyateira|Thyatire]], [[Sardes]], [[Philadelphie (Asie Mineure)|Philadelphie]], et [[Laodicée du Lycos|Laodicée]]. Voir l'{{Réf Bible|Ap|1|11|display=long}}.</ref> attribué à l’[[Jean (apôtre)|apôtre Jean]] qui aurait, d’après [[Tertullien]], nommé le premier [[évêque]] de Smyrne : [[Polycarpe de Smyrne|Polycarpe]]<ref>''De praescriptione haereticorum'', 32.</ref>. Un passage de l’[[Apocalypse]] fait aussi allusion à des chrétiens emprisonnés et Jean les félicite de leur courage face à la persécution de [[Domitien]]<ref>{{Réf Bible|Ap|2|8-11|display=long}}.</ref>.
 
=== Smyrne durant l'antiquité tardive et médiévale ===
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En 1426, Smyrne fut conquise pour la troisième et dernière fois par les [[Peuples turcs|Turcs]] [[Ottomans]]. L’importance économique et culturelle de Smyrne s’accrut progressivement durant les {{nb|500 ans}} où elle fit partie de l’[[Empire ottoman]], dont elle fut l’une des cités les plus riches, et toujours aussi [[Millet (Empire ottoman)|multiculturelle]]. Elle était par ailleurs le chef-lieu du [[Sandjak (division)|sandjak]] (district) de [[Sandjak de Saghala|Saghala]] et du vilayet (province) d’[[vilayet d’Aïdin|Aïdin]]. La ville est d’ailleurs le lieu de naissance de [[Sabbataï Tsevi]] (1626-1676), « [[messie]] » auto proclamé, qui provoqua une importante crise au sein de la [[Histoire des Juifs en Turquie|communauté juive de l’Empire ottoman]], dont [[Dönme|une partie]] se convertit alors à l’[[Islam]]. Mais les chrétiens aussi furent nombreux à s'y convertir, ne fut-ce que pour échapper à la double-[[capitation]] du [[Kharadj|haraç]], conforme à la [[Charia|loi islamique]] et à l'[[Devchirmé|enlèvement de leurs garçons]] premiers-nés pour être élevés en [[janissaires]] : ce sont les « [[linobambaki]]s ».
 
La ville fut l’une des plus importantes « [[échelles du Levant]] », mot qui provient du [[République de Gênes|génois]] ''scala'' signifiant « escale ». Dans ces « échelles », des Occidentaux [[Église catholique|catholiques]], notamment italiens et français, s’installèrent, protégés par les « [[Capitulations de l'Empire ottoman|capitulations]] »<ref>[http://www.cnrtl.fr/lexicographie/capitulation définition] sur TLFI</ref>: on les y appelait les « [[Vocabulaire des croisades et de la reconquista|Francs]] » ("Frenkler", en turc) ou les "Levantins" ("Levantenler", en turc) et leur prestige était tel, que par conversion ou mariage des familles grecques ou arméniennes s’y intégrèrent, à l’exemple de la [[Édouard Balladur|famille Balladur]]. Au point qu’au {{s-|XIX}}, Smyrne est appelée un « petit Paris » et que le port de Smyrne était réputé pour son caractère cosmopolite<ref>{{Lien brisé |langue=en |auteur= |titre=Mouillage de Smyrne |url=https://wallacelive.wallacecollection.org/eMP/eMuseumPlus?service=direct/1/ResultListView/result.t1.collection_list.$TspTitleImageLink.link&sp=10&sp=Scollection&sp=SfieldValue&sp=0&sp=0&sp=2&sp=SdetailList&sp=0&sp=Sdetail&sp=0&sp=F&sp=T&sp=17 |site=Wallace Collection |date= |consulté le=19 Janvier 2021}}.</ref>.
 
Le peintre [[Alexandre-Gabriel Decamps]] fut l'un des principaux artistes des scènes [[Orientalisme|orientalistes]], bien qu'il n'ait visité qu'une seule fois le Moyen-Orient, en 1828. Dans ''La Patrouille turque'', neuf hommes d'une patrouille à pied accompagnent Cadji-Bey, le chef de la police, lors de sa tournée<ref>{{Lien brisé |langue=en |auteur= |titre=Patrouille turque |url=https://wallacelive.wallacecollection.org/eMP/eMuseumPlus?service=direct/1/ResultListView/result.t1.collection_list.$TspTitleImageLink.link&sp=10&sp=Scollection&sp=SfieldValue&sp=0&sp=0&sp=2&sp=SdetailList&sp=0&sp=Sdetail&sp=0&sp=F&sp=T&sp=13 |site=Wallace Collection |date= |consulté le=18 Janvier 2021}}</ref>.
 
Le peintre [[Alexandre-Gabriel Decamps]] fut l'un des principaux artistes des scènes [[Orientalisme|orientalistes]], bien qu'il n'ait visité qu'une seule fois le Moyen-Orient, en 1828. Dans ''La Patrouille turque'', neuf hommes d'une patrouille à pied accompagnent Cadji-Bey, le chef de la police, lors de sa tournée<ref>{{Lien brisé |langue=en |auteur= |titre=Patrouille turque |url=https://wallacelive.wallacecollection.org/eMP/eMuseumPlus?service=direct/1/ResultListView/result.t1.collection_list.$TspTitleImageLink.link&sp=10&sp=Scollection&sp=SfieldValue&sp=0&sp=0&sp=2&sp=SdetailList&sp=0&sp=Sdetail&sp=0&sp=F&sp=T&sp=13 |site=Wallace Collection |date= |consulté le=18 Janvier 2021}}.</ref>.
 
<gallery style="text-align:center" mode="packed" heights="200px" caption="Peintures du {{s-|XIX}}">
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[[Image:USS Litchfield at Smyrna.jpg|thumb|Incendie de Smyrne ; au premier plan le croiseur américain ''Litchfield''.]]
 
Attribuée à la [[Grèce]] après la [[Première Guerre mondiale]] lors du [[traité de Sèvres]] (non reconnu par le gouvernement d'Ankara), Smyrne est [[Occupation de Smyrne par la Grèce|occupée par l’armée grecque]] à partir du {{date-|15 mai 1919}}. En ce jour, plus de deux mille soldats turcs<ref name=Dumont>Mustafa Kemal invente la Turquie moderne, Paul Dumont, {{p.|31}}.</ref> sont tués à Smyrne et dans les environs. Après la débâcle grecque à l’{{date-|été 1922}}, la ville est libérée par les forces du gournement d'Ankara dirigées par [[Mustafa Kemal Atatürk|Atatürk]] le {{Date-|9 septembre 1922}}, marquant la fin de la [[guerre d'indépendance turque]].
 
Dans les dernières semaines de la guerre, les [[Micrasiates|civils Grecs ottomans]] de [[Ionie]], et plus largement d’[[Anatolie]], craignant les représailles turques à la suite des nombreux massacres perpétrés par les troupes grecques envers les populations turques, affluent en masse à Smyrne : ils sont plus de {{formatnum:200000}} le {{date-|8 septembre}} lorsque les troupes d'occupation quittent la ville. Il ne reste plus alors dans le port que des navires étrangers (anglais, français, italiens et américains) qui reçoivent en priorité leurs propres ressortissants et repoussent les barques des civils grecs ou arméniens qui tentent de les aborder. Les noyades se multiplient tandis que les premières troupes turques réinvestissent le {{date-|9 septembre}} le ''konak'', après avoir été acclamées en libératrices en périphérie de la ville et à Kadifekale. Les exactions commencent : jusqu'au {{date-|13 septembre}}, la ville est livrée aux pillages, à la vindicte populaire et aux exécutions sommaires contre les populations grecque et arménienne accusés de collusion avec l'occupant. Le [[métropolite]] de Smyrne, [[Chrysostome de Smyrne|Chrysostomos]], qui avait refusé de s’embarquer avec les derniers officiels grecs, est lynché sur la grande place, au vu des sentinelles françaises du consulat qui ont ordre de ne pas intervenir pour préserver la sécurité des ressortissants français. Les tentatives du consul américain Horton pour organiser l’évacuation sont désavouées par son gouvernement.
 
Le {{date-|13 septembre}}, un [[Incendie de Smyrne|incendie]] éclate dans le quartier arménien. Il s’étend rapidement à tout le ''konak'', alors que de nombreux biens se trouvaient toujours abandonnés sur place. En une semaine, il détruit presque tout le ''konak'' et y fait près de {{nb|2000 morts}}<ref>{{Lien brisé|url=https://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?_r=1&res=9803E4DE1139EF3ABC4F52DFBF668389639EDE |titre=The New York Times: ''"Only Ruins Left In Smyrna"'' (16-09-1922)}}.</ref>{{,}}<ref name=Dumont/>{{,}}<ref>[[Giles Milton]] : ''Le Paradis perdu: 1922, la destruction de Smyrne la tolérante'', 2013, Éd Libretto, {{ISBN|978-2752908810}}.</ref>. L’origine de ce désastre est fortement disputée : les Grecs et les Arméniens en imputent la responsabilité aux pillards, tandis que les Turcs accusent les chrétiens de s’être livrés à une politique de terre brûlée pour empêcher que leurs biens n’échoient aux troupes kémalistes. Mais les témoignages, notamment celui de [[George Horton]], affirment que le quartier arménien était gardé par les troupes kémalistes qui y interdisaient la libre circulation.
 
En partie grâce à la dénonciation du consul Horton de l’indifférence internationale, la flotte grecque est autorisée le {{date-|24 septembre}} à revenir à Izmir : elle évacue jusqu’au {{date-|1 octobre}} {{nb|180000 réfugiés}}, prélude de l’échange de populations musulmanes et chrétiennes qui a lieu entre la Turquie et la Grèce l’année suivante, selon les dispositions du [[traité de Lausanne (1923)]]. Dans son ouvrage paru en 1926, ''The Blight of Asia'', Horton accuse l’armée turque d’avoir sciemment provoqué la destruction de Smyrne pour rendre impossibles tout retour ou indemnisation des réfugiés expulsés<ref>Henri Georgelin (dir.), ''La fin de Smyrne, du cosmopolitisme aux nationalismes'', éd. du CNRS, 2005, [https://books.openedition.org/editionscnrs/2528?lang=fr#ftn27].</ref>.
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Après la [[Seconde Guerre mondiale]], Izmir connait un boom démographique en partie dû à l’[[exode rural]] depuis les provinces orientales. Le projet d’extension de [[Le Corbusier]], invité par la municipalité en 1939 puis en 1948, n’est pas réalisé. La ville présente cependant un aspect très moderne, que seuls viennent atténuer les quartiers du port (le ''konak'', ancien quartier « franc ») et les pentes de la citadelle de Kadifekale.
 
Devenue entièrement turque, Izmir a conservé sa tradition de ville ouverte sur l’Occident. Il reste à Izmir des traces et des liens de la présence d’une communauté francophone, dont une église catholique et le lycée catholique Saint-Joseph, établi par les [[Frères des écoles chrétiennes]] en 1880, qui poursuit sa mission, bénéficiant du label [[Établissement scolaire français à l'étranger#Réseau LabelFrancÉducation|LabelFrancÉducation]].
 
En 2020, la ville a été endommagée par le [[séisme de 2020 en mer Égée]], qui a été l'événement sismique le plus meurtrier de cette année-là. 117 personnes sont mortes et 1 034 autres ont été blessées en Turquie, toutes sauf une originaires de la ville d'Izmir<ref name="aa.com.tr">{{lien web|langue=tr|nom=Özmen|prénom=Merve Yıldızalp|date=14-11-2020|titre=İzmir'deki depremde can kaybı 116'ya yükseldi|url=https://www.aa.com.tr/tr/turkiye/izmirdeki-depremde-can-kaybi-116ya-yukseldi/2043913|site=Anadolu Agency}}.</ref>.
 
[[Image:A panoramic view of the Alsancak quarter in Izmir.jpg|thumb|center|800px|<center>Une vue panoramique sur le quartier Alsancak d'Izmir.</center>]]
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