Hôpital Esquirol

Hôpital
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L'hôpital Esquirol (ou établissement public de santé Esquirol - EPS Esquirol), est un ancien asile psychiatrique, autrefois appelé « asile de Charenton », situé sur la commune de Saint-Maurice dans le Val-de-Marne. L'établissement n'existe plus en tant que tel depuis le 1er janvier 2011 : il a fusionné avec un établissement mitoyen, l'« hôpital national de Saint-Maurice », pour devenir les « hôpitaux de Saint-Maurice ».

Hôpital Esquirol
Entrée de l'hôpital Esquirol.
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Chapelle de l'hôpital Esquirol.

Historique

La Maison royale de Charenton

Le , grâce à la donation de Sébastien Leblanc, conseiller et contrôleur des guerres de Louis XIII faite aux Frères de la Charité de Charenton-Saint-Maurice (actuel Saint-Maurice), les religieux fondent un hôpital de sept lits destiné à recevoir des malades pauvres. Dès 1660, divers documents attestent de la vocation de cet établissement à accueillir des malades mentaux.

L'édification de la Maison royale de Charenton en 1732 permet également de recevoir quelques pensionnaires envoyés par lettre de cachet (demandée par le roi ou, plus souvent, par la famille).

Les patients proviennent en général de milieux aisés, le prix de la pension étant assez élevé.

Après la suppression des ordres religieux, la maison est fermée. Rouverte en 1797, elle est placée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur.

Établissement public de santé

Charenton était connu pour son traitement « humain » des patients, surtout sous la direction de François de Coulmiers, au début du XIXe siècle.

L’hôpital est reconstruit, au milieu du XIXe siècle, par l’architecte Émile Jacques Gilbert dans un style néoclassique, selon les conceptions de Jean-Étienne Esquirol, qui dirige alors l'établissement.

À partir de 1920, l’hôpital accueille une maternité. Il prend, en 1973, le nom d’hôpital Esquirol.

Le 9 avril 1998, l'hôpital est classé au titre des monuments historiques[1].

Regroupement et création des hôpitaux de Saint-Maurice

L’EPS Esquirol et l’hôpital national de Saint-Maurice, mitoyens, se sont regroupés le 1er janvier 2011 pour former les "Hôpitaux de Saint-Maurice"[2]. Ils ont un statut d’établissement public de santé (E.P.S.).

Ils sont spécialisés :

  • en soins de suite et réadaptation (SSR) de l’enfant et de l’adulte ;
  • en psychiatrie (40 structures extra-hospitalières dans les secteurs parisiens et val-de-marnais et une douzaine d’unités d’hospitalisation complète).

Ils disposent également :

Quelques internés célèbres

  • Jean Charles Guillaume Le Prévost de Beaumont.
  • Latude, prisonnier, « conduit de Vincennes en cette maison pour cause de dérangement » de la tête en vertu d’un ordre du roi, le .
  • Sanois, enfermé en 1785 pendant neuf mois, mis au secret, et qui laissa un témoignage sur son passage dans la maison.
  • Le Marquis de Sade, qui y est enfermé à deux reprises, en 1789 puis de 1803 jusqu'à sa mort en 1814.
  • François Devienne, compositeur, est enfermé en 1803 et meurt quelques mois plus tard.
  • Le comte de Witte, délivré après la prise de la Bastille et conduit ensuite à Charenton pour folie le par ordre du Comité permanent de l’hôtel de ville[3].
  • Charles Meryon, peintre et graveur, finit sa vie en 1868 à cet asile d'aliénés, souffrant de dépression et de délire de persécution.
  • Paul Verlaine y fait aussi plusieurs séjours en 1887 et 1890.
  • Jérôme-Joseph de Momigny, musicien et compositeur belge, mourut à l'asile de Charenton, en 1842.
  • Toussaint-Jean Trefcon, colonel héros des guerres de la Révolution et de l'Empire et auteur d'un précieux témoignage sur celles-ci, a fini sa vie dans cet asile de 1836 à 1854, après une dépression causée par le départ de sa femme en 1831.

Compte moral d'Esquirol en 1829

Le bulletin des Annales d'hygiène publique publie en 1829 le « Rapport statistique sur la maison royale de Charenton pendant les années 1826, 1827 et 1828 », par M. Esquirol, médecin chef. Il s'agit du « compte moral » exigé par le règlement.

L'asile compte alors entre 480 et 500 malades.

  • Professions des aliénés, sur 619 admissions en 1826-1827-1828 : femmes au foyer (93) ; sans profession (112) ; aubergistes et traiteurs (6) ; bouchers (5) ; boulangers (11) ; épiciers (11) ; limonadiers (6) ; marchands de tabac (7) ; marchands de vin (6) ; commerçants et commis (38) ; bijoutiers (8) ; cordonniers et tailleurs (9) ; couturières et modistes (16) ; cuisiniers (4) ; domestiques (7) ; menuisiers (6) ; instituteurs (11) ; étudiants (15) ; médecins (6) ; pharmaciens (2) ; notaires (1) ; clercs de notaire (6) ; commis de bureau (25) ; huissiers (2) ; officiers (49) ; soldats (47) ; propriétaires, rentiers (60) ; cultivateurs et jardiniers (31) ; imprimeurs-libraires (10) ; prêtres (6) ; religieuses (3)
  • Causes de l'aliénation :
    • Causes physiques (256) : hérédité (93) ; masturbation (23) ; libertinage (24) ; usage du mercure (16) ; abus du vin (64) ; insolation (7) ; action du CO2 (2) ; évacuations habituellement supprimées (13) ; suite de couches (10) ; coups sur la tête (4)
    • Causes morales (192) : chagrins domestiques (89) ; excès d'études et de veille (8) ; revers de fortune (20) ; passion du jeu (2) ; jalousie (13) ; amour contrarié (21) ; amour-propre blessé (6) ; peur (7) ; dévotion exaltée (18) ; excès de joie (1) ; lecture de romans (7)
  • Espèces de folie : monomanie (289) ; manie (226) ; démence (99) ; idiotie (4). Monsieur Esquirol parle beaucoup de la paralysie, considérée comme une complication de la folie proprement dite, il recense dans les admis 109 paralytiques.
  • Sort des aliénés, avec les 492 aliénés présents au 1er janvier 1826[4] : 221 décès ; 209 guérisons ; 194 rendus aux familles dont l'homme de quarante ans dont le destin était manifestement de mourir étouffé en mangeant de la tête de veau. Ceux qui sont rendus aux familles sont considérés comme inguérissables, sauf des « changements d'air » conseillés aux familles dans l'espoir que cela facilite la guérison.

Esquirol s'interroge sur la prégnance de la paralysie dans cet asile. Il cherche du côté du mode de vie et donc de l'aisance des aliénés. Selon lui, comparés aux aliénés de Bicêtre, plus pauvres et à la vie très laborieuse, « les aliénés admis dans la maison de Charenton jouissent d'une honorable aisance, ont plus de moyens pour satisfaire leurs passions ; ils exercent des professions qui excitent leur cerveau ; leur vie matérielle est moins active, par conséquent les mêmes causes doivent produire sur eux des effets plus graves et plus nombreux. »

Voir aussi

Articles connexes

  • Marat-Sade, pièce de théâtre de Peter Weiss qui se déroule à Charenton et met en scène Coulmier et le marquis de Sade[5]

Liens externes

Notes et références

  1. « Hôpital Esquirol (ancien asile de Charenton) », notice no PA00079904, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Hôpitaux de Saint-Maurice
  3. Charles Strauss, La Maison nationale de Charenton, p. 21, d’après les archives de la Maison royale de Charenton.
  4. On ne distingue pas ici s'il s'agit des admissions sur les trois années ou de l'ensemble des patients.
  5. Voir sur theatre-contemporain.net.