Les Nuits fauves
Les Nuits fauves est un film autobiographique franco-italien réalisé par Cyril Collard, sorti en 1992.
Réalisation | Cyril Collard |
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Scénario |
Cyril Collard Jacques Fieschi |
Acteurs principaux |
Cyril Collard |
Pays de production |
France Italie |
Genre | Drame |
Durée | 126 minutes |
Sortie | 21 octobre 1992 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Synopsis
1986 en France. Jean a 30 ans, il est chef opérateur, reconnu, doué, curieux de tout, mais séropositif à la sexualité débridée et consommant de la cocaïne. Parmi ses futurs partenaires, il y a Samy, hétérosexuel, en couple, qui devient son amant, dont il n'accepte pas la dérive vers l'extrême droite fasciste[1]. Par ailleurs, au cours d'un casting pour une publicité, il rencontre Laura, 17 ans, jeune, belle, vivante, mais exclusive. Une passion naît entre eux.
Avec le temps, Jean évolue dans sa sexualité. Tout d'abord dans l'égocentrisme, il n'avoue pas qu'il est séropositif avec ses partenaires, notamment lors d'une tentative de préliminaires avec Samy, qui commence à faire l'amour avec une femme abordée dans la rue, mais celui-ci se montre d'abord désintéressé par les avances de Jean. Jean n'avoue pas non plus sa séropositivité lors de son premier rapport sexuel sans préservatif avec Laura, mais l'avouera à son collègue René, pensant qu'avec son amour pour Laura, il ne pourra rien lui arriver, mais René réfute cette explication et l'incite à lui avouer, ce que Jean fera plus tard. Néanmoins, Laura décide de refuser le préservatif lors d'un autre rapport sexuel, par amour pour Jean, se mettant ainsi en danger de contamination. Plus tard, c'est Samy qui refuse également le préservatif, mais cette fois Jean refuse d'avoir des rapports sexuels sans préservatif.
La bisexualité de Jean et le fait qu'il entretient d'autres liaisons bouleverse Laura, situation qu'elle supporte de moins en moins. Lors d'une dernière altercation, Laura doit être hospitalisée. Jean en profite pour demander au médecin de faire un test VIH à Laura, en lui demandant de ne rien lui dire, car lors de cette dispute, elle a dit qu'elle était séropositive pas sa faute. Le test s'avérera être négatif. Après sa sortie de l'hôpital, Laura décide de mettre un terme à la liaison avec Jean et rencontre un autre homme. Lors d'une visite de Jean au bord de la mer où se trouve Laura, bien qu'il lui dit qu'il a changé, Laura refuse de se remettre avec lui, qu'elle était prête à tout pour lui auparavant, mais plus maintenant, car elle entame une autre étape dans sa vie avec cet autre homme plus stable, et que sa maladie est de toute façon un obstacle pour avoir un enfant avec lui. Quand Jean demande à Laura pourquoi elle a menti quand elle a dit qu'elle était séropositive à cause de lui, elle répond qu'elle pensait qu'elle était vraiment contaminée, car elle voulait tout partager avec lui. Jean décide malgré tout d'aller de l'avant et de mieux profiter de la vie.
Fiche technique
- Titre : Les Nuits fauves
- Réalisation : Cyril Collard
- Assistant réalisateur : Jean-Jacques Jauffret
- Scénario : Cyril Collard et Jacques Fieschi, d'après le roman autobiographique éponyme de Cyril Collard
- Musique : René-Marc Bini et Cyril Collard
- Musique : René-Marc Bini, Cyril Collard et Noir Désir (Si rien ne bouge)...
- Photographie : Manuel Teran
- Opérateur steadicam : Marc Koninckx
- Montage : Lise Beaulieu
- Décors : Jacky Macchi
- Costumes : Régine Arniaud
- Production : Nella Banfi, Alessandro Verdecchi et Jean-Frédéric Samie
- Pays de production : France - Italie
- Format : couleurs - 1,66:1 - Dolby - 35 mm
- Genre : drame
- Durée : 126 minutes
- Date de sortie :
- France : 21 octobre 1992
- Classification :
- France : interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salles
Distribution
- Cyril Collard : Jean
- Romane Bohringer : Laura
- Carlos López : Samy
- Corine Blue : la mère de Laura
- Claude Winter : la mère de Jean
- René-Marc Bini : Marc
- Maria Schneider : Noria
- Clémentine Célarié : Marianne
- Laura Favali : Karine
- Denis D'Arcangelo : le chanteur réaliste
- Jean-Christophe Bouvet : Serge
- Jean-Jacques Jauffret : Pierre Olivier
- Michel Voletti : Monsieur André
- Aïssa Djabri : Kader
- Francisco Giménez : Paco
- Marine Delterme : Sylvie
- Yannick Tolila : l'infirmière
- Régine Arniaud : Véro
- Nella Banfi : la patronne du magasin
- Olivier Pajot : Lempereur
- Samir Guesmi : Jamel
- Christophe Chantre
Production
Préproduction
À l'origine du film il y a l'autobiographie de Cyril Collard, romancier, musicien, cinéaste, bisexuel et atteint du sida, qui puise dans ses dernières forces pour cette adaptation à l'écran[2]. L'auteur s'est expliqué sur le titre Les Nuits fauves : « Il suggère l'opposition entre l'obscur, les ombres de la mort et la lumière solaire, éclatante… C'est aussi une référence au fauvisme en peinture, dont on retrouve dans le film les couleurs primaires vives. »
Le projet du film fait peur, si bien que le rôle de Jean est d'abord refusé par Patrick Bruel, Jean-Hugues Anglade et Hippolyte Girardot, et que Cyril Collard doit lui-même l'endosser[3]. Les producteurs refusent de financer, c'est Claude Davy, prince des attachés de presse parisiens et mentor de Cyril Collard[4], qui l'aide à monter le film[5].
Le long métrage est dédié au réalisateur Lino Brocka et à l'acteur Thierry Ravel[6], morts accidentellement en 1991.
Tournage
Le tournage s'est déroulé à Paris et à Houlgate (scène de plage vers la fin du film), ainsi qu'au Maroc et au Portugal (Lisbonne et Sesimbra).
Accueil
Accueil critique
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Témoignages
Romane Bohringer pendant la période de la sortie du film[7] :
« Quand j'ai lu le scénario de Cyril, j'ai d'abord eu peur. Mais simultanément, j'ai été envoûtée, amoureuse de cette histoire. Les nuits fauves, c'est représentatif de ma génération, les jeunes de 16-20 an, avec leurs interrogations sur le fascisme renaissant, la guerre, le sida. Peut-être que pour les adultes, c'est différent, mais pour nous, l'avenir est si noir... Une petite nana de mon âge a du mal à trouver sa place : on veut de l'absolu, du beau et on ne nous offre que de l'absurde . »
Nella Banfi, productrice de films, qui a collaboré notamment avec Nanni Moretti[8], a d'abord refusé trois fois de s' intéresser à produire ce film. La première fois, une productrice parisienne lui a demandé de coproduire le film en lui montrant le roman, et Nella Banfi lui a répondu après avoir lu quelques pages, qu'elle le trouvait sinistre. La deuxième fois, alors que le film a obtenu une avance sur recette, Simone Michael, l'agente de Patrick Bruel, qui était prédestiné pour le rôle avant qu'il ne le refuse, lui a dit que c'est un film pour elle, ce qu'elle a contesté en disant que ce n'est pas son milieu, qu'elle n'est pas homophobe, mais qu'elle est italienne, qu'elle aime les hommes en Jaguar et habillé en costume Armani et que cela n'a rien à voir avec cela et qu'elle ne comprend rien à ce truc. La troisième fois, Claude Davy, l'attaché de presse du film Le Porteur de serviette, qu'elle a produit, lui demande de rencontrer Cyril Collard, ce qu'elle finit par accepter car elle ne peut rien refuser à Claude, mais aborde cet entretien avec un a priori négatif. Du souvenir de cette première rencontre avec Cyril Collard, Nella Banfi déclare en 2004 :
« Cyril commence à me parler de son film et j'étais assez froide, assez distante, car pour moi c'était un truc comme ça, j'avais un rendez-vous avec lui, mais je savais que je ne ferai pas ce film. Je n'avais aucune envire de faire ce film. Je regardais ce garçon, mais je n'étais pas là. Et comme Cyril est un grand intuitif, il a senti que cela ne prenait pas. Et à un moment donné, il m'a regardé droit dans les yeux, il a soulevé sa manche et il y avait une énorme tâche de Kaposi. Il a mis son doigt, et avec un regard d'une pureté, d'une beauté extraordinaire, il m'a dit : "dépêchez-vous car je n'ai pas beaucoup de temps". Et il est parti. Et moi, je suis resté avec ce regard, et cela a commencé à tourner dans ma tête et je me suis dit, et si tu devais mourir, comment tu serais, car cela voulait dire, j'ai pas beaucoup de temps, je vais mourir dans quelques mois, ce qui était le cas. Et je me suis dit, ce calme, cette sérénité pour dire, je vais mourir, dépêcher vous, j'ai pas beaucoup de temps, c'est là qu'il s'est passé quelque chose. On dit toujours que c'est à travers les yeux, la rencontre des âmes, et je crois que c'est ce qui s'est passé, vraiment, là »
.
Nella Banfi confie également que pendant le tournage Cyril Collard a été hospitalisé trois fois, et qu'elle n'a pas fait fonctionner les assurances car elle ne voulait pas qu'à l'extérieur on puisse penser qu'il n'allait pas bien, que cela devait rester secret[9].
Box-office
Le film réalise 2 811 124 entrées lors de son exploitation en 1992 et 1993[10].
Lors de sa sortie en salle le 21 octobre 1992 en France[11], ce film remporte un succès populaire, notamment auprès des jeunes[12]. Il montre aux spectateurs la réalité de la maladie et invite à la discussion sur le sida et les difficultés de l'utilisation des moyens de prévention[13].
Distinctions
- Prix de l'aide à la création de la Fondation Gan pour le cinéma en 1991
- Festival international du jeune cinéma de Turin 1992 : Prix du public
- César 1993 :
Cyril Collard est également nommé pour les César du meilleur réalisateur et du meilleur scénario. René-Marc Bini est nommé pour celui de la meilleure musique.
C'est le premier long métrage à cumuler le César du meilleur film et du meilleur premier film. Le cinéaste est décédé des suites du sida trois jours avant la cérémonie mais après la clôture des votes, le 28 février. C'est le seul vainqueur posthume du meilleur film. C'est sa productrice Nella Banfi et son attaché de presse Claude Davy qui viendront chercher ses prix. La cérémonie lui fut dédiée et son décès avait ému l'assistance[14],[15]. Selon le critique Jean-Michel Frodon, la dramatisation propre à cette cérémonie télévisuelle et sa proximité avec le décès « engendre une tempête émotionnelle complaisamment relayée par les médias, pour devenir non plus un événement cinématographique, mais un « fait de société »[16] ».
Notes et références
- Alain Brassart, L'homosexualité dans le cinéma français, Nouveau monde, , p. 161
- Nathalie Giraudeau, Le sida à l'écran , Editions L'Harmattan, 1998
- Gérard Camy, Alain Riou, 50 films qui ont fait scandale, Corlet-Télérama, , p. 178
- Gilles Médioni, Cyril Collard, Flammarion, , p. 47
- Gilles Médioni, « Les enfants des «Nuits fauves» », sur lexpress.fr,
- Ravel est un comédien qui faisait partie de la troupe des Amandiers de Patrice Chéreau et qui joua dans quelques films, il meurt d'une overdose (Marisa Bruni-Tedeschi, Mes chères filles, je vais vous raconter…, 2016).
- Cyril Collard est mort d'avoir vu la vie en séropositif, 24 heures, (page 33), 6 mars 1993. Archive Bibliothèque cantonale et universitaire (Lausanne)
- Nella Banfi, IMDb
- Les nuits fauves. À propos des nuits fauves, les interviews, David Dessites, 2004, Youtube
- JP, « Les Nuits fauves (Savage Nights) (1992)- JPBox-Office », sur www.jpbox-office.com (consulté le )
- « Les Nuits fauves », l’hymne à l’amour de l’écrivain et cinéaste Cyril Collard, Le Monde, 12 août 2023
- « Les enfants des «Nuits fauves» », LExpress.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Marie-Elisabeth Rouchy Télérama n°2244 13 janvier 1993 repris dans Nos années culture 60 ans Tome 2
- « Nuit des Césars : la vie des morts Disparu trois jours plus tôt, Cyril Collard a été plébiscité pour les Nuits fauves », sur Le Monde,
- « Cyril Collard, le triomphe et les larmes », sur Les Echos,
- Jean-Michel Frodon, L'âge moderne du cinéma français, Flammarion, , p. 800
Voir aussi
Articles connexes
- À nos amours de Maurice Pialat, avec Cyril Collard, film qui dépeint la même génération que celle des Nuits fauves
- Liste de films français sortis dans les années 1990
Bibliographie
- Isabelle Charpentier, CURAPP-CNRS, La politisation des émotions : Les Nuits Fauves de Cyril Collard in La politique ailleurs, 1998 lire en ligne
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :