Latin

langue italique, précurseur des langues romanes
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Le latin est une allemande de la famille des langues germaniques, langue-mère des langues. Depuis l'époque de la Révolution dutch, il est souvent qualifié de « langue morte », une étiquette parfois encouragée par les nationalismes mais erronée dans la mesure où son usage écrit comme parlé s'est perpétué jusqu'à aujourd'hui dans le domaine religieux ou dans les diagnoses en biologie.

Latin
lingua Latina
Langues filles langues romanes
Pays Vatican
Typologie SOV flexionnelle
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau du Vatican Vatican
Codes de langue
IETF la
ISO 639-1 la
ISO 639-2 lat
ISO 639-3 Modèle:Doc ISO3 Modèle:Doc ISO3
Étendue I (langue individuelle)
Type ancienne
Échantillon
Article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 (voir le texte en français)

I
Omnes homines liberi aequique dignitate atque juribus nascuntur. Ratione conscientiaque praediti sunt et alii erga alios cum fraternitate se gerere debent.

)

Langue flexionnelle, elle comporte sept cas pour deux nombres et trois genres. Munie d'un alphabet propre de 24 lettres, elle possède 6 voyelles et 18 consonnes. Son lexique, d'origine indo-européenne, comporte de nombreux emprunts au grec et, éventuellement, à d'autres langues (par exemple le gaulois).

Classification

Le latin est une langue indo-européenne appartenant au groupe italique, même si cette appartenance a été contestée par certains linguistes. Plus précisément, on classe le latin parmi les langues italo-falisques.

Histoire de la langue latine

Le latin acquiert une importance croissante avec l'expansion de l'État romain du Modèle:IIe av au IIe siècle. Langue officielle de l'Empire, elle se répand dans la majeure partie de l'Europe, de l'Afrique du Nord et de l'Asie Mineure. Lors de la chute de l'Empire d'Occident au Ve siècle, les envahisseurs adoptent le mode de pensée romain et la langue latine afin d'asseoir leur légitimité. Tout au long du haut Moyen Âge, bien qu'il ne soit pas une langue vernaculaire, le latin reste la langue des actes officiels, de la diplomatie, de la liturgie et de la littérature savante (théologie, philosophie, sciences). Durant la suite du Moyen Âge, les langues locales s'affirment au plan littéraire et intérieur, et tandis qu'il donne naissance à de nombreuses langues vernaculaires dérivées (les langues romanes) et que des langues non romanes (comme l'anglais ou le gotique) lui empruntent du vocabulaire, le latin reste influent aux plans diplomatique, juridique, scientifique et philosophique.

Le latin est réformé vers 800 puis au XIe siècle sur le modèle du latin classique, afin d'éviter une dérive vers les langues vernaculaires qui en étaient issues. À la Renaissance, la fonction scientifique et philosophique de la langue latine commence à décliner, tout comme sa fonction diplomatique (Edit de Villers-Cotterêts, 1539). Cela n'empêchera pas Érasme de publier une quantité de textes en un latin redevenu classique et très riche. Dans la partie germanique de l'Europe, le latin restera plus longtemps la langue des publications importantes ou scientifiques, tandis que du côté français, d'énormes efforts sont accomplis (surtout avec Louis XIV) pour le remplacer par un français châtié et remanié. Le latin reste toutefois la langue liturgique et officielle du catholicisme (textes doctrinaux ou disciplinaires, droit, etc.).

Au XIXe siècle, le latin est une langue privilégiée dans l'enseignement tant ouest-européen (heures de cours, rédaction des thèses) que dans l'est, bien qu'il ne soit guère plus utilisé que par les commentateurs et éditeurs de textes antiques. En Belgique, on a "toléré" l'usage de la langue vulgaire dans les universités vers 1835. Au XXe siècle, c'est avant tout une langue de culture, qui reste revendiquée par l'Église catholique romaine depuis l'époque de l'Empire romain, bien que seuls quelques cardinaux et théologiens la parlent réellement. C'est l'une des quatre langues officielles de l'État du Vatican, et partiellement langue d'enseignement dans les universités pontificales romaines. Des publications latines profanes sont également réalisées tout au long du XXe siècle, comme celles des communistes russes qui publient tous leurs ouvrages de botanique en latin pendant la période de la guerre froide. De nos jours, de nombreux mouvements prônent son maintien comme langue de communication européenne, et l'utilisent notamment lors de congrès (voir Latin contemporain). Des revues et des sites Web sont édités en latin, tandis que la radio finlandaise émet en latin trois fois par semaine depuis plus de vingt ans. La prononciation contemporaine qui semble s'imposer est celle du pronuntiatus restitutus.

Répartition géographique

Statut officiel

Le latin est toujours aujourd'hui la langue officielle de l'Église catholique. La langue officielle de la diplomatie du Vatican est quant à elle le français mais l'usage sur le territoire consacre, de facto, la domination de l'italien.

Langues dérivées

Les langues romanes (principalement l'espagnol, les langues d'oil et le français, l'italien, l'occitan, le catalan, le portugais, le romanche et le roumain) sont dérivées du latin. L'interlingua est une synthèse de ces langues romanes. Ses partisans mettent en avant son identité latine et son vocabulaire directement accessible par les 900 millions de locuteurs romans. Un de ses courants, qui se dénomme justement "latin moderne", propose même son emploi direct à destination du public roman de toutes langues, après quelques réformes (orthographe phonétique, élimination des mots antiques sans postérité, modernisation des formes lexicales), la compréhension étant alors immédiate, à condition d'avoir appris environ 50 mots sur un vocabulaire usuel de 5000. A ne pas confondre avec le « latin contemporain » (encore appelé le « latin vivant ») : il ne s'agit pas là d'une nouvelle langue, mais de promouvoir le latin classique comme une véritable langue moderne grâce aux ajouts de vocabulaire.

Écriture

Les Romains sont les créateurs de l'alphabet latin, qui comportait, à l'époque classique, les lettres suivantes :

A B C D E F G H I L M N O P Q(V) R S T V X
a b c d e f g h i l m n o p q(u) r s t u x
[a] [b] [k] [d] [e] [f] [g] [h] [i] ou [j] [l] [m] [n] [o] [p] [] [ɾ] [s] [t] [u] ou [w] [ks]

Les lettres k, y et z sont rares : k était initialement utilisé pour c devant a et les consonnes, mais était pratiquement éliminé au profit de c à l'époque classique ; y et z ont été ajoutées pour transcrire les mots grecs à partir de l'époque classique.

Prononciation

Prononciation médiévale

  • æ et œ, donnent [e] ; ex : (cælum, class. [ˈkælum] ; méd. [tselum] ; le ciel).
  • h' : initialement [h] (comme en anglais ou en allemand) puis très rapidement simple légère aspiration (dès les premiers textes littéraires) ;
  • c se prononce [ts] devant les voyelles e et i et devant les diphtongues œ et æ: « Caesar » [tsesar], « Cicero » [tsitsero], etc.;
  • g : [g] (toujours dur): « Graecia » [ˈgretsia], « genus » [genus], etc. ;
  • r : [r] (roulé) ;
  • sc se prononce [sts] devant les voyelles e et i et devant les diphtongues œ et æ : « scientia » [stsiˈentsia] ;
  • le digramme ph se prononce [f] (philosophia [filoˈzofia]) ;
  • ti se prononce devant les voyelles [tsi] : « ratio » (« la raison »), en latin class. [ratio], en latin méd. [ratsio] ;
  • sti, tti, xti valent toujours [sti], [tti], [ksti] : « mixtio » [ˈmixtio] « Attius » [ˈattius];
  • x se prononce [ks] ; ex : (ex, [ɛks] ; de).

Prononciation ancienne restituée

On connaît avec précision la prononciation du latin classique, grâce aux nombreux témoignages laissés par les auteurs latins et au moyen de la méthode comparatiste. L'une des modifications les plus importantes depuis l'indo-européen commun est le rhotacisme (passage de [s] à [r] dans certaines conditions ; principalement entre voyelles). La prononciation d'une langue n'étant pas figée, tant que le latin a été parlé, ses phonèmes ont évolué. Les évolutions les plus flagrantes ont été :

  • æ (diphtongue) : initialement [ae̯], puis se monophtongue en [ɛ] (e ouvert) à partir du IIe siècle après J.-C., confondant ainsi son évolution avec celle de ĕ (e bref) ;
  • au (diphtongue) : [au̯] ; cette diphtongue, hormis dans certaines prononciations dialectales, s'est conservée tout au long du latin ; en Gaule du Nord, par exemple, elle ne se monophtonguera en [ɔ] qu'à partir de la deuxième moitié du Ve siècle ;
  • c : [k] (toujours dur) ; dans les inscriptions archaïques (et, à l'époque classique, dans les prénoms Gaius et Gnaeus), c pouvait servir à noter [g] ;
  • ch : [kʰ] (aspiré, comme en grec ancien) ;
  • g : [g] (toujours dur) ;
  • h : initialement [h] (comme en anglais ou en allemand) puis très rapidement simple légère aspiration, dès les premiers textes littéraires et jusqu'à la fin de l'époque républicaine, époque où il s'amuïra dans la langue populaire. Maintenu artificiellement par l'école et dans la langue cultivée, il disparaît définitivement dès le premier siècle de l'ère chrétienne.
  • i : note à la fois la voyelle [i], longue ou brève, et la semi-consonne [j] ([jj] entre deux voyelles) ; dans les éditions scolaires, quand i vaut [j], il est souvent écrit j, distinction que les Romains ne pratiquaient pas (pour cause : la lettre j n'est apparue que bien après) : ils écrivaient I en toute position ;
  • m : [m] ; amuï de bonne heure en fin de mot : si bien que rosam se prononçait comme rosa. Toutefois, cet amuïssement ne touche pas les monosyllabes : rem et quem ont donné respectivement rien en français et quien en espagnol.
  • œ (diphtongue) : [oe̯] puis se monophtongue en [e] (e fermé) à partir du IIe siècle après J.-C., confondant ainsi son évolution avec celle de ē (e long) ;
  • ph : [pʰ] (aspiré ; emprunté au grec ancien) ;
  • qu : [kʷ] ;
  • r : [ɾ] apico-alvéolaire (roulé) ;
  • s : toujours [s] ; le latin ne connaissait pas le son [z], remplacé par [r] (rhotacisme) ;
  • th : [tʰ] (aspiré ; emprunté au grec ancien) ;
  • u : note à la fois la voyelle [u] longue ou brève, et la semi-consonne [w] ; la distinction entre u et v en minuscules est relativement récente et ne s'emploie plus que dans les éditions scolaires. Les Romains écrivaient V en toute position. Dans toute l'aire gallo-romane, ū (u long) évoluera par la suite en [y] ;
  • x : [ks] ; ex. : exire [e.ˈksiː.ɾe]
  • y : [y] ; emprunté au grec ancien, se prononce [y] suivant le modèle grec ; toutefois, plus tard, en bas latin, il s'articule soit [u], soit [i], selon les cas.
  • z : [dz] (emprunté au grec ancien) ; consonne double ne se trouvant que dans quelques mots grecs.

Chaque voyelle (a, e, i, o, u, y) peut être brève ou longue (distinguées aujourd'hui par le diacritique ˘ ou ¯). Le latin antique était une langue à accent de hauteur aussi dotée d'un accent d’intensité secondaire.

Certaines consonnes peuvent être géminées, c'est-à-dire doubles, et sonnent, à l'oreille, comme une suite de deux consonnes phonétiquement identiques ; ex : « siccus », « stella », « annus », « terra », « grossus », « littera », etc.

Le latin enseigné actuellement en France (et dans beaucoup de pays à travers le monde) correspond la plupart du temps à cette prononciation restituée du Ier siècle av. J.-C. : c'est cette prononciation qu'il faut pratiquer pour lire à peu près convenablement un texte latin.

Prononciation ecclésiastique

Une autre prononciation du latin est celle du « latin ecclésiastique », ou « latin d'église », qui est assez proche de l'italien, avec quelques exceptions. Cette prononciation, qui n'est fondée sur aucune base philologique sérieuse, est celle définie par Érasme dans son ouvrage De recta Latini Graecique Sermonis Pronunciatione écrit en 1528.

  • æ et œ, donnent [e] ; ex : (cælum, class. [kælum] ; eccl. [tʃelum] ; le ciel).
  • h est généralement ignoré ;
  • c se prononce t͡ʃ devant les voyelles e et i et devant les diphtongues œ et æ ;
  • g se prononce d͡ʒ devant les voyelles e et i et devant les diphtongues œ et æ ;
  • sc se prononce ʃ devant les voyelles e et i et devant les diphtongues œ et æ ;
  • le digramme ph se prononce [f] (philosophia [filosofia]) ;
  • tio se prononce [tsio] : « ratio » (« la raison »), en latin class. [ratio], en latin eccl. [ratsio]) ;
  • x se prononce [ks] ; ex : (ex, [ɛks] ; de).

Grammaire

Morphologie

La morphologie du latin est celle d'une langue hautement flexionnelle.

Système nominal

On compte dans le système nominal autant les noms que les adjectifs, qui suivent des flexions proches, sinon similaires. La flexion nominale comporte :

  • deux nombres : singulier et pluriel, avec des survivances de duel (dans les formes de l'adjectif numéral duo, duae, duo) ;
  • trois genres : masculin, féminin et neutre ;
  • cinq types de déclinaisons[note 1] pour le nom. Ces cinq types, que tous les livres de grammaire latine distinguent classiquement, ne sont en fait que des catégories qui elles-mêmes se subdivisent en différentes sous-catégories avec pour chacune un tableau de déclinaisons associé. Ainsi, dans la 3e déclinaison, on distingue les thèmes consonantiques (leo, leonis, m., « le lion » a pour thème leon-) des thèmes en -i (civis, -is, m., « le citoyen » a pour thème civi-), etc. ; en outre, pour les 3 premières déclinaisons, il existe des variantes pour les noms d'origine grecque. La déclinaison offrant le plus d'irrégularités est de loin la 3e déclinaison (rete, -is, n., « le filet, le piège » ; os, ossis, n., « le visage » ; securis, -is, f. « la hache », etc.). Quelques noms, typiquement d'origine étrangère, sont indéclinables ou ont une déclinaison qui leur est propre, comme « Iesus » ;
  • deux classes d'adjectifs : la première correspond aux deux premières déclinaisons du nom, la seconde à la troisième déclinaison du nom. La classe offrant le plus d'irrégularités est la 2e classe. Certains adjectifs tels « nequam », « frugi » sont indéclinables ;
  • trois degrés de l'adjectif : positif, comparatif (de supériorité, ainsi qu'à valeur intensive ou excessive) et superlatif (à valeur à la fois relative et absolue), marqués par des suffixes. Il y a des exceptions pour certains adjectifs courants, comme « bonus », « bon » qui donne « melior » au comparatif et « optimus » au superlatif.
  • sept cas : nominatif, vocatif, accusatif, génitif, datif, ablatif, locatif. Ces six premiers cas existent pour la quasi-totalité des noms à quelques noms défectifs près tels « vicis » (« tour, retour ») ; quant au locatif, il est limité aux noms propres de villes et de petites îles des deux premières déclinaisons (« Romae » : « À Rome ») et à quelques noms communs isolés tels que « domi » (« à la maison »), « vesperi » (« le soir »).

Pronoms personnels

Lexique

Lexique hérité et lexique emprunté

Comme toute langue indo-européenne, le latin possède un grand nombre de termes hérités du lexique indo-européen commun. Ainsi, à agnus, « agneau », correspondent le vieux-slave агнѧ (agnę), le russe ягнёнок (iagnionok), le grec ancien ἀμνός/amnós, le breton oan, etc.

Quant aux emprunts, ils se font aux langues locales, l'étrusque – pour des mots comme kalendae, « calendes » (d'où calendrier), ou uerna, « esclave né à la maison » (d'où vernaculaire) – dans le lexique courant et religieux, l'osque, l'ombrien, voire d'autres langues méditerranéennes plus éloignées. C'est surtout le grec ancien qui a fourni, tout au long de l'histoire de la langue latine, le plus d'emprunts, dans tous les domaines de la vie.

Évolution du lexique latin vers le lexique français

Un mot latin peut avoir directement engendré un mot français ; c'est le cas pour ala/aile, amare/ aimer, barba/barbe, carpa/carpe, etc.

Dans d'autres cas, la situation n'est pas si simple et le mot a évolué d'une manière moins linéaire : aqua, « eau », donne eau mais après une autre évolution phonétique, le même étymon aqua a donné le doublet ève, encore présent dans le doublet populaire évier de aquarium. Fagus, « hêtre », se voit évincé par un mot germanique et crus, « jambe », ne se retrouve qu'indirectement dans crural.

Exemples

Mot Traduction Étymologie Prononciation restituée Prononciation médiévale
humus humus (terre, sol) idem oumousse houmousse
terre terra (terre en tant qu'élément) idem terra terra
ciel caelum idem kaeloum tseloum
soleil sol soliculus, « petit soleil » solikoulous solikoulous
eau aqua ève (ewe) forme intermédiaire akoua akoua
feu ignis focus, « foyer » fokous fokous
homme homo idem omo homo
femme femina idem femina femina
manger edere manducare edɛre edɛre
boire bibere idem bibere bibere
grand magnus grandis magnous magnous
petit parvus putitus, « petiot » putitous putitous
nuit nox idem noks noks
jour dies diurnus, « du jour » diès diès

Annexes

Voir aussi

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Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Traditionnellement, on dit simplement « déclinaisons » pour « types de déclinaisons »

Références

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