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Pedro Castillo

enseignant, syndicaliste et homme politique péruvien
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José Pedro Castillo Terrones, né le à Puña, est un instituteur, syndicaliste et homme politique péruvien.

Pedro Castillo
Illustration.
Pedro Castillo en 2020.
Biographie
Nom de naissance José Pedro Castillo Terrones
Date de naissance (54 ans)
Lieu de naissance Puña (district de Tacabamba, province de Chota, Pérou)
Nationalité Péruvienne
Parti politique PP (2002-2017)
PL (depuis 2020)
Diplômé de Université César Vallejo
Profession Instituteur
Signature de Pedro Castillo
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En 2017, il est l’un des meneurs d'une grève nationale d’enseignants qui dure près de trois mois. Candidat du parti de gauche radicale Pérou libre (PL) à l’élection présidentielle de 2021, il se qualifie pour le second tour face à la populiste de droite Keiko Fujimori.

Situation personnelle

José Pedro Castillo Terrones est issu d'une famille paysanne pauvre, avec deux parents illettrés[1]. Il est le troisième d'une famille de neuf enfants[2].

Pendant son adolescence, il milite au sein d’une organisation paysanne du village de Puña (province de Chota), d'où il est originaire. À partir de 1995, il travaille comme instituteur dans ce même village. Il est titulaire d'une maîtrise en psychopédagogie de l'université César Vallejo[3].

Il est marié à une enseignante, également d'origine paysanne, et père de deux enfants[4].

Engagement syndical

Alors qu'il enseigne dans l’une des régions les plus pauvres du Pérou, où ses élèves sont souvent sujets à la sous-nutrition, Pedro Castillo décide de s'engager dans la lutte syndicale pour que l'éducation en milieu rural soit mieux soutenue par les autorités[4].

Il acquiert une notoriété nationale en 2017, lorsqu'il conduit une grève suivie pendant près de trois mois, avec un pic à plus de 200 000 enseignants pour obtenir une augmentation du budget de l’éducation[4]. Fragilisant le président de la République, le libéral Pedro Pablo Kuczynski, le mouvement obtient partiellement gain de cause, avec notamment des hausses de salaire[5],[6].

Parcours politique

Débuts

En 2002, Pedro Castillo se présente sous les couleurs du parti de centre gauche Pérou possible (PP) pour devenir maire d’Anguía, mais il est battu[7]. À partir de 2005, il est l’un des principaux militants de Pérou possible à Cajamarca ; il reste membre du parti jusqu’à sa dissolution en 2017, à la suite de mauvais résultats électoraux[8].

Élection présidentielle de 2021

Pedro Castillo est choisi par une assemblée nationale des représentants des professeurs pour être leur candidat à l'élection présidentielle de 2021[4]. Approché par plusieurs partis, il choisit en 2020 la formation de gauche radicale Pérou libre (PL)[9], dont il n'est pas membre, afin de pouvoir officialiser sa candidature. Lui-même explique ne pas être marxiste[10].

Comme colistiers pour la vice-présidence, Pedro Castillo désigne Dina Boluarte et Vladimir Cerrón. Secrétaire général de Pérou libre, ce dernier est condamné en 2019 à plus de quatre ans de prison pour corruption, une situation qui conduit à l’invalidation de sa candidature[11],[12]. Néanmoins, l’influence de Cerrón et l'hypothèse de son entrée au gouvernement en cas de victoire reviennent régulièrement dans le débat[13],[14].

S’exprimant moins dans les médias que ses adversaires, Pedro Castillo fait campagne pour une réforme constitutionnelle, une restructuration du système des retraites et la nationalisation de l'industrie du gaz[14],[15],[16]. Son programme s’appuie sur trois thématiques principales : la santé, l’éducation et l’agriculture, qu’il compte renforcer pour stimuler le développement du pays[17].

 
Bulletin de vote du second tour de l’élection présidentielle ().

À la surprise générale, il arrive en tête du premier tour, avec 18,9 % des suffrages exprimés, réalisant ses meilleurs scores dans les régions rurales et pauvres[18],[19]. Outre ses performances lors des débats télévisés et son discours sur les inégalités sociales, il pourrait avoir bénéficié d’une image de probité puisqu’il fait partie des huit candidats (sur dix-huit) à n’être cité dans aucune affaire dans un pays où la corruption politique est importante[5],[20]. Sa candidature rencontre en revanche l'hostilité des milieux d'affaires et de la plupart des médias péruviens[9],[21].

Au second tour, il affronte la populiste de droite Keiko Fujimori, fille de l’ancien président autoritaire Alberto Fujimori. Le Financial Times relève que la panique s'est emparée de l'élite péruvienne à la perspective d'une victoire de Pedro Castillo. La monnaie nationale, le sol, tombe à un niveau historiquement bas face au dollar à quelques jours du second tour, la bourgeoisie cherchant massivement à transférer ses économies à l'étranger et convertir son argent en dollars[22].

Prises de position

Économie et social

Pedro Castillo est classé à gauche ou à l’extrême gauche sur l'économie et la politique étrangère. Il tient un discours socialiste et populiste, réclamant en particulier de fortes hausses des budgets de l'éducation et de la santé. Cependant, il s'engage à défendre les intérêts des entreprises privées péruviennes[20].

Sujets sociétaux

Catholique conservateur, il est considéré comme de droite sur les questions sociétales[23]. Il exprime son opposition à la légalisation de l'avortement, au mariage homosexuel, à l'euthanasie ainsi qu'à « l'approche de l'égalité des sexes » dans l’éducation[24]. Il se prononce également pour le retrait du Pérou de la Convention américaine relative aux droits de l'homme afin de pouvoir rétablir la peine de mort dans le pays[25]. Il promet également de gracier Antauro Humala, un militaire ethnocacériste emprisonné à la suite d’un soulèvement armé conduit en 2005 pour renverser le pouvoir en place (Andahuaylazo) au cours duquel plusieurs policiers et rebelles sont morts[26]. Il propose aux Péruviens une expérience culturelle qui serait semblable à une révolution, avec des normes de consommation devant améliorer leurs « habitudes décentes » (buenas costumbres)[source insuffisante][27].

Hostile à l’immigration, il promet en 2021 d'expulser sans délai les migrants illégaux qui commettraient des crimes au Pérou[5],[28]. Ses discours exaltent la militarisation de la jeunesse et défendent l’idée que la société civile doit pouvoir s'armer afin de rendre justice par le biais d'une « administration socialiste »[27][source insuffisante]. Il propose également de transformer les prisons en ateliers dans lesquels les détenus travailleraient pour assumer leur entretien[29].

Institutions

Il propose de faire élire une Assemblée constituante pour remplacer la Constitution de 1993, héritée du régime d'Alberto Fujimori, le texte étant selon lui excessivement favorable à l'économie de marché[5],[30]. Il indique qu'il dissoudra la Cour constitutionnelle si celle-ci s’oppose à son projet de changement de Constitution[28].

Politique étrangère

Les analystes comparent parfois Pedro Castillo à Evo Morales, ancien président de la Bolivie[31]. Il considère que le régime dirigé par Nicolás Maduro au Venezuela constitue un gouvernement démocratique et non une dictature, et estime qu'il revient aux Vénézuéliens eux-mêmes de résoudre les problèmes de leur pays, sans ingérence étrangère ; ce soutien au gouvernement vénézuélien est minoritaire au sein de la gauche péruvienne[5],[32].

Relations avec le Movadef

Pendant la grève des enseignants de 2017, il est accusé par le ministre de l'Intérieur Carlos Basombrio d'être lié au Movadef (Mouvement pour l'amnistie et les droits fondamentaux), généralement considéré comme la branche politique du Sentier lumineux et comme terroriste par le gouvernement péruvien[33],[34]. Il participe en 2020 à des réunions virtuelles avec des membres de l'organisation pour évoquer son expérience syndicale[35]. Lui-même dément cependant avoir des liens avec le Movadef et rappelle avoir appartenu dans sa jeunesse à une ronde (Ronda Campesina) visant à empêcher les incursions de la guérilla dans les villages[30],[23].

Notes et références

  1. ↑ François Bougon, « Présidentielle : au Pérou, un maître d’école défie l’héritière de l’autocrate Fujimori », sur mediapart.fr, (consulté le ).
  2. ↑ (en) Franklin Briceño et Regina Garcia Cano, « Students’ struggles pushed Peru teacher to run for president », sur apnews.com, (consulté le ).
  3. ↑ (es) « Quién es Pedro Castillo, el candidato de izquierda y maestro de escuela que fue la sorpresa en las elecciones en Perú », sur infobae.com, (consulté le ).
  4. ↑ a b c et d « Pérou : Pedro Castillo, de la campagne andine au second tour de la présidentielle », sur rfi.fr, (consulté le ).
  5. ↑ a b c d et e « Présidentielle au Pérou: le novice Pedro Castillo et l'expérimentée Keiko Fujimori », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  6. ↑ (es) « Maestro rural Pedro Castillo, candidato sorpresa en Perú », sur prensa-latina.cu, (consulté le ).
  7. ↑ (es) « Elecciones 2021: Pedro Castillo, el dirigente magisterial que busca hacerse un lugar desde la izquierda », sur rpp.pe, (consulté le ).
  8. ↑ (es) « Elecciones 2021: Conoce a Pedro Castillo, candidato a la presidencia por Perú Libre », sur canaln.pe, (consulté le ).
  9. ↑ a et b « Pedro Castillo, un marxiste-léniniste aux portes du pouvoir au Pérou », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  10. ↑ « Présidentielle au Pérou : l'instituteur Pedro Castillo, candidat des pauvres, peut-il l'emporter ? », sur RT,
  11. ↑ (es) « Vladimir Cerrón es condenado a 4 años y 8 meses de prisión efectiva », sur larepublica.pe, (consulté le ).
  12. ↑ (es) Ana Bazo Reisman, « Fact-checking: Pedro Castillo sobre la sentencia de Vladimir Cerrón, líder del partido Perú Libre », sur elcomercio.pe, (consulté le ).
  13. ↑ (es) René Zubieta Pacco, « Vladimir Cerrón organiza actividades finales de Castillo en la capital », sur elcomercio.pe, (consulté le ).
  14. ↑ a et b (en) Michael Stott, « Peru’s elite in panic at prospect of hard-left victory in presidential election », sur ft.com, (consulté le ).
  15. ↑ (es) « Maestro rural Pedro Castillo, candidato sorpresa en Perú », sur prensa-latina.cu, (consulté le ).
  16. ↑ (de) « Linksgerichteter Kandidat Pedro Castillo liegt überraschend vorn », sur tagesspiegel.de, (consulté le ).
  17. ↑ « Programme radical et débutant en politique: Pedro Castillo sera-t-il le futur président du Pérou ? », sur lalibre.be, (consulté le ).
  18. ↑ (es) Inés Santaeulalia, Jacqueline Fowks, « Perú se encamina a una lucha por la presidencia entre el radical Pedro Castillo y Keiko Fujimori », sur elpais.com, (consulté le ).
  19. ↑ (es) « Elecciones Generales y Parlamento Andino 2021 », sur eleccionesgenerales2021.pe (consulté le ).
  20. ↑ a et b (es) « Pedro Castillo: perfil del candidato presidencial de Perú Libre », sur larepublica.pe, (consulté le ).
  21. ↑ « Au Pérou, la droite fait bloc pour contrer le « communiste » Castillo », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  22. ↑ « Peru’s elite in panic at prospect of hard-left victory in presidential election », sur Financial Times,
  23. ↑ a et b (es) « Quién es Pedro Castillo, el líder de izquierda que puede llegar a la presidencia de Perú », sur semana.com, (consulté le ).
  24. ↑ (es) « Pedro Castillo está en contra del enfoque de género en el currículo escolar », sur gestion.pe, (consulté le ).
  25. ↑ (en) « Castillo and Fujimori, rivals vying for Peru's presidency », sur france24.com, (consulté le ).
  26. ↑ (es) « Pedro Castillo asegura que indultará a Antauro Humala si es elegido presidente », sur gestion.pe, (consulté le ).
  27. ↑ a et b (en) Javier Puente, « Who is Peru’s Frontrunner Pedro Castillo? », sur nacla.org, (consulté le ).
  28. ↑ a et b « Le Pérou se lamente sur les résultats du premier tour de la présidentielle », sur franceculture.fr, (consulté le ).
  29. ↑ (es) « Pedro Castillo plantea convertir las cárceles en talleres donde los reos trabajen por su alimentación », sur gestion.pe, (consulté le ).
  30. ↑ a et b (es) « ¿Quién es Pedro Castillo? La gran sorpresa de la elección en Perú », sur pagina12.com.ar, (consulté le ).
  31. ↑ (es) « Evo Morales es el padrino del candidato Pedro Castillo », sur expreso.com.pe, (consulté le ).
  32. ↑ (es) « Pedro Castillo: "Venezuela no es una dictadura" », sur peruhoy.pe, (consulté le ).
  33. ↑ (es) « Pedro era el lobo (y casi nadie lo cree), por Carlos Basombrío », sur elcomercio.pe, (consulté le ).
  34. ↑ (es) « Castillo and Fujimori, rivals vying for Peru's presidency », sur batimes.com.ar, (consulté le ).
  35. ↑ (es) « Sendero organiza reuniones virtuales durante pandemia », sur peru21.pe, (consulté le ).

Voir aussi

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