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=== Hôtel du comte d'Évreux ===
[[Fichier:Henri Louis de La Tour dAuvergne Rigaud 1720.jpg|thumb|upright|left|Le [[Louis Henri de La Tour d'Auvergne|comte d'Évreux]] peint par [[Hyacinthe Rigaud]], vers [[1720]].]]
Après la mort de [[Louis XIV]], en [[1715]], dont la fin de règne rime avec une certaine austérité, le Régent du royaume, [[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Philippe d'Orléans]], délaisse Versailles au profit de Paris, entraînant avec lui la [[Cour]], qui dès lors s'y fait construire comme les membres de la bourgeoisie divers palais et hôtels particuliers<ref name="RL6">Rampazzo et Lessieur, ''L'Élysée'', p. 6.</ref>. La même année, [[Louis Henri de La Tour d'Auvergne]], [[liste des comtes d'Évreux|comte d'Évreux]], sollicite du Régent la capitainerie des chasses de Monceaux. Ce dernier aimant se moquer des courtisans désargentés lui rétorque : {{Citation|Je vous l'accorderai lorsque je pourrai vous en porter moi-même le brevet dans un hôtel à vous}}<ref name="Leroux-10">C. Leroux-Cesbron, ''Le palais de l'Élysée, chronique d'un palais national'', 1925, {{2e}} éd., p. 10.</ref>. La moquerie affecte directement le comte qui n'a pas de demeure parisienne digne de ce nom ; [[Saint-Simon]] disait d'ailleurs de lui : {{Citation|Tout ce qu'il avait en lui était tourné à l'ambition}}<ref name="Leroux-10"></ref>. Il vend alors au célèbre banquier [[John Law de Lauriston|John Law]] son [[comté de Tancarville]], en [[Normandie]], pour {{formatnum:732000}} livres (alors qu'il l'avait acheté dix ans auparavant à la duchesse de Nemours pour {{formatnum:350000}} livres) et rachète deux terrains d'une dizaine d'hectares pour {{formatnum:77000}} livres<ref name="Leroux-10"></ref>, situé entre l'actuelle [[rue du Faubourg-Saint-Honoré]], alors simple chaussée menant au village du Roule, et le Grand Cours ([[Avenue des Champs-Élysées|Champs-Élysées]]), lieu de promenade créé par Colbert dans l'axe des [[Tuileries]]<ref name="RL6"></ref> (les lieux sont alors bien moins chers qu'à Paris même<ref name="RL6"></ref>). Il n'y alors encore aucun hôtel particulier, si ce n'est desque jardins maraîchers, des bois, des pépinières et une [[maladrerie]], mais le projet de construction de la future avenue des Champs-Élysées va rapidement y amener [[architecte]]s et [[aristocratie|aristocrates]] qui veulent quitter le centre-ville devenu trop exigu. L'ancien propriétaire du terrain, l'architecte et contrôleur des bâtiments du Roi [[Claude Mollet|Armand-Claude Mollet]] (futur architecte de [[Louis XV]]), prévoit dans le contrat de vente qu'il soit chargé d'y construire un hôtel destiné à la résidence du comte d'[[Évreux]]<ref name="Duhamel">{{ouvrage|auteur=[[Patrice Duhamel]], Jacques Santamaria|titre=L'Élysée, coulisses et secrets d'un palais |éditeur=Plon|date=2012|pages totales=395|isbn=2259216064}}</ref>.
 
Mais pour payer la construction et s'assurer un train de vie en accord avec son rang, le comte d'[[Évreux]] épouse la fille de l'homme d'affaires [[Antoine Crozat]], ce qui lui apporte une dot de {{formatnum:2000000}} livres<ref>C. Leroux-Cesbron, ''Le palais de l'Élysée, chronique d'un palais national'', 1925, {{2e}} éd., p. 13.</ref>. Elle a alors douze ans et lui trente-deux. Le souci des nobles de la fin du règne de [[Louis XIV]] est alors de trouver de l'argent, dépensé dans les fastes de la [[cour de France|Cour]] et les guerres ; le souci des bourgeois, de s'élever socialement : cette union est un exemple de ce qui avait souvent cours en ces temps. Mais le comte, désirant rester célibataire et fortuné, congédie sa jeune épouse le 14 décembre [[1720]], le jour du bal de l'inauguration de l'hôtel. Le comte, ayant spéculé sur le [[système de Law]] (notamment sur la [[Compagnie des Indes]]), retire assez d'argent pour rembourser, à son beau-père, la dot de son épouse. Celle-ci meurt à l'âge de vingt-neuf ans et son père n'aura alors de cesse que de vouloir plus d'argent du comte, arguant que la banqueroute de Law avait bouleversé la valeur de la monnaie.