« Vedettes de Cherbourg » : différence entre les versions

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{{voir homonymes|Vedette}}
 
[[Fichier:Cherbourg.svg|thumb|Trajet des vedettes depuis Cherbourg jusqu'en Israël.]]
 
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== Faits ==
 
En 1965, la [[France]] passe un contrat (composé de deux contrats signés les {{nobr|26 juillet 1965}} et {{nobr|14 mars 1966}}) avec l'État d'[[Israël]] pour la vente de douze [[Patrouilleur (bateau)|vedettes]] ou plutôt [[canonnière]]s [[Bateau lance-missiles|lance-missiles]] (les patrouilleurs de {{classe|Sa'ar III}} capables de tenir tête aux canonnières livrées par les Russes à l'Égypte de Nasser)<ref>{{ouvrage|auteur=Jean-René Fenwick|titre=Les Vedettes de Cherbourg|éditeur=Elsevier Séquoia|date=1976|passage=26}}.</ref>. Le contrat ne porte cependant que sur la livraison des navires dépourvus de leur système d'armes, celui-ci étant installé par Israël. C'est un chantier naval de [[Cherbourg-Octeville|Cherbourg]], les [[Constructions mécaniques de Normandie]] (CMN) fondées par [[Félix Amiot]] qui est chargé de l'exécution de la commande. Mais après la [[Guerre des Six Jours]], le [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] décrète un embargo sur la vente d'armes à destination d'Israël. Cependant cet embargo sélectif ne touche que les armes offensives et épargne les vedettes pour l'instant avant une extension de cet embargo décidée après le [[Opération Gift|raid israélien sur l’aéroport de Beyrouth]] en {{nobr|décembre 1968}}<ref name="Brunet">Olivier Brunet, documentaire « Étranges affaires - L'affaire des vedettes de Cherbourg », [[France 3]], {{nobr|16  avril 2012}}.</ref>.
 
[[Fichier:Saar3.gif|vignette|Vedette de type Sa'ar 3.]]
 
La première vedette est lancée le {{nobr|11 avril 1967}}<ref>La douzième et dernière est lancée le {{nobr|16 décembre 1969}}.</ref>. Cinq de ces vedettes sont livrées avant l'embargo ; deux, en essais au moment de l'embargo, profitent de ces essais pour rallier Israël ; le [[vice-amiral (France)|vice-amiral]] Bouillaut, préfet de la {{1re|région}} maritime, fait amarrer les cinq autres dans le port de commerce, dans une [[darse]] civile appartenant aux CMN, en face des bureaux de Félix Amiot. {{pourquoi}}<!-- une version précédente de cet article dit que les vedettes étaient devenues indésirables dans l’arsenal ; si c’est vrai, alors il faut rétablir cette info, et dire pourquoi indésirables ; si c’est faux, alors quelle autre explication ? --> {{refsou}} Hors du port militaire, leur évasion devient alors possible<ref>{{ouvrage|auteur=Jean-René Fenwick|titre=Les Vedettes de Cherbourg|éditeur=Elsevier Séquoia|date=1976|passage=122}}.</ref>.
Une ruse est alors mise au point : une société d'apparence « norvégienne » (son représentant est {{Lien|Martin Siem}}), la Starboat and Oil Drilling Company, créée à [[Panama]] pour la circonstance le {{nobr|15 octobre 1969}}<ref>{{ouvrage|auteur=Jean-René Fenwick|titre=Les Vedettes de Cherbourg|éditeur=Elsevier Séquoia|date=1976|passage=207}}.</ref>, demande à la France et à Israël de récupérer les vedettes car ces navires, sans armement, l'intéressent, prétendumentprétendûment pour faire de la recherche pétrolière en [[mer du Nord]]. L'État hébreu accepte d'autant plus facilement qu'il est à l'origine de la manœuvre par le biais de ses [[Mossad|services secrets]] : le rapatriementl’enlèvement des navires destinés à l'État juif sontest une opération appelée « arche de Noé »<ref>{{ouvrage|auteur=Jean-René Fenwick|titre=Les Vedettes de Cherbourg|éditeur=Elsevier Séquoia|date=1976|passage=131}}.</ref>. Il fournit même les équipages. Dans la nuit du 24 au 25 décembre, vers {{heure|2}} du matin, les vedettes appareillent malgré le mauvais temps, avec à leur bord cent cinquante marins et officiers israéliens (ils participaient à la mise au point de ces vedettes avec les CMN) supervisés par l'amiral [[Mordechai Limon]], chef de la mission d'achat israélienne en France. Après avoir été ravitaillées deux fois en mer, elles arrivent triomphalement à [[Haïfa]]<ref>La première vedette est devenue aujourd'hui la pièce maîtresse de son musée.</ref>, où elles sont accueillies par le ministre de la Défense [[Moshe Dayan]] le jour de l'An<ref name="Brunet"/>.
 
=== Hypothèses sur l'attitude de la France ===
 
Selon l'historien [[Pierre Razoux]], le gouvernement français est informé des intentions israéliennes par l'intermédiaire de ses services de renseignements, mais laisse faire (un tiers du paiement étant déjà fait, les deux tiers restants étant soldés à la livraison, soit cinq milliards de francs, ce qui aurait laissé la trésorerie des chantiers Amiot exsangue en cas de non-livraison), saisissant ce prétexte pour officialiser des contrats {{quoi}}<!-- contrats entre qui et qui ? quels contrats ? --> d'armements préalablement conclus avec certains États arabes<ref>{{article|auteur=[[Pierre Razoux]]|titre=L'affaire des vedettes de Cherbourg : pourquoi Paris a laissé faire ? |périodique=[[Historia (revue)|Historia]]|numéro=647|mois=novembre|année=2000}}.</ref>.
 
Mordechai Limon, architecte de l'opération<ref>{{lien brisé|lien=http://www.hamodia.fr/article.php?id=163|titre=Moka Limon (1924-2009) Disparition d'un héros israélien qui irrita beaucoup la France…}}</ref>, affirme pour sa part que [[Michel Debré]] a cherché au contraire à arrêter les vedettes à tout prix<ref>[https://books.google.fr/books?hl=fr&id=FRoXCwAAQBAJ&q=Debr%C3%A9#v=snippet&q=Debr%C3%A9&f=false ''Rapt à Cherbourg'', Justin Lecarpentier]</ref>, et a donné l'ordre de les couler, ne reculant que devant la menace de démission de son chef d'état-major<ref>[http://frblogs.timesofisrael.com/lepisode-des-vedettes-de-cherbourg/ ''The Times of Israel — L’épisodeL’episode des vedettes de Cherbourg''].</ref>.
 
== Médiatisation ==
 
L'affaire est révélée, le vendredi {{nobr|26 décembre 1969}}, par une dépêche de l'[[Agence centrale de presse]] (ACP), à l'initiative du journaliste de Cherbourg Guy Mabire de ''[[La Presse de la Manche]]'' dont le directeur, ami personnel de Félix Amiot, lui a interdit les jours précédents de révéler les tenants de l'affaire<ref name="Lebrun">[[Jean Lebrun]], « Les vedettes de Cherbourg en route vers Israël », émission ''[[La Marche de l'Histoire]]'' sur [[France Inter]], {{nobr|16 avril 2012}}.</ref>. L'information connaît un retentissement mondial. Le [[Ministère de la Défense (France)|ministre français de la Défensedéfense]], [[Michel Debré]], pressé de trouver des responsables, sanctionne le vice-amiral Bouillaut (préfet maritime de Cherbourg), le général Cazelles (secrétaire général de la défense nationale) et l'ingénieur général Bonte (directeur des affaires internationales à la [[direction générale de l'Armement|délégation militaire pour l'armement]]), président et rapporteur la [[commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériel de guerre]] (CIEEMG), chargée de garantir la régularité de ces exportations. Cela n'empêche pas la France d'être la risée des chancelleries<ref>{{Lien web|url=http://www.monde-diplomatique.fr/1988/04/SANGUINETTI/40721|titre=Main basse sur les crédits militaires français|auteur=Antoine Sanguinetti|date=avril 1988|éditeur=''[[le Monde diplomatique]]''|site=www.monde-diplomatique.fr}}.</ref>.
 
== Conséquences ==
 
La politique de neutralité mise en place par de Gaulle et poursuivie par [[Georges Pompidou|Pompidou]] fut ainsi sauvegardée, l'armée israélienne et les armées arabes ayant toutes deux été fournies avec du matériel français. À la suite de cette affaire, les Israéliens se tournent vers les États-Unis pour importer leurs armes (avant la France fournissait 90 % des avions de chasse israéliens) et développent leur [[industrie de l'armement]]. Les chantiers Amiot, grâce à cette médiatisation, reçoivent les années suivantes des commandes de ce type de patrouilleurs par la [[Grèce]], la [[Malaisie]], la [[Allemagne de l'Ouest|RFA]], l'[[Iran]] ou la [[Libye]]<ref name="Lebrun"/>.
 
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== Sources et bibliographie ==
 
=== Ouvrages ===
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Justin|nom1=Lecarpentier|lien auteur1=Justin Lecarpentier|titre=Rapt à Cherbourg|sous-titre=l'affaire des vedettes israéliennes|éditeur=L'Ancre de Marine|date=2010|isbn=978-2-84141-240-2}}
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=== Articles ===
 
* « Les vedettes de Cherbourg », ''[[Paris Match]]'', {{n°|1079}}, 10 janvier 1970.
* « Services secrets : les vedettes de Cherbourg », ''[[Historia (revue)|Historia]]'', {{n°|289}}, décembre 1970.
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* [http://www.youtube.com/watch?v=jiP1gw3npfw Les vedettes de Cherbourg].
* À la rencontre des vedettes de Cherbourg, parties [http://www.youtube.com/watch?v=PX3OgoYPirA 1], [http://www.youtube.com/watch?v=wSA_dfVzrQA 2] et [http://www.youtube.com/watch?v=-idUTUw9xrM 3].
* {{he}} [https://www.youtube.com/watch?v=UeaIXuHX0T4&feature=related Experiments of RAFAEL Gabriel Missile].
* {{he}} [https://www.youtube.com/watch?v=-r8O4rAEpXg Geva News arrival of the boats to Kishon harbor Haifa, December 1969].