Bataille de la Ravine à Couleuvres

combat entre armée française et insurgés haïtiens, 23 février 1802

La bataille de la Ravine à Couleuvres se déroula le , pendant l'expédition de Saint-Domingue, au cours de la révolution haïtienne.

Bataille de la Ravine à Couleuvres
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille de Ravine-à-Couleuvres, dessin de Karl Girardet, gravé par Jean-Jacques Outhwaite, XIXe siècle.
Informations générales
Date
Lieu L'Estère
Issue Indécise
Belligérants
Drapeau de la France République française Saint-Domingue
Commandants
Donatien de Rochambeau
Jean-Baptiste Brunet
Jean-Pierre Lavalette du Verdier
Guillaume Rey
Toussaint Louverture
Forces en présence
2 000 hommes[1] 1 600 à 5 000 hommes[1],[2]
Pertes
200 morts ou blessés[1]
30 prisonniers[1]
300 à 800 morts ou blessés[1],[2]

Révolution haïtienne

Batailles

Coordonnées 19° 20′ 57,84″ nord, 72° 32′ 36,24″ ouest
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Bataille de la Ravine à Couleuvres
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Bataille de la Ravine à Couleuvres

Prélude

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Le 17 février, la division de Desfourneaux prend position à Plaisance, celle de Hardÿ à Marmelade et celle de Rochambeau à Saint-Michel-de-l'Attalaye[3].

Forces en présence

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Selon le rapport du général Charles Leclerc au ministre de la Marine[Note 1], lors de ce combat Toussaint Louverture commande 1 500 grenadiers d'élite tirés de différentes demi-brigades, 1 200 hommes « choisis sur les meilleurs bataillons de son armée », 400 dragons et 2 000 cultivateurs armés dispersés dans les bois, soit environ 5 000 hommes au total[2]

Dans ses mémoires rédigées au fort de Joux, Toussaint déclare quant à lui qu'il n'avait dans cette action que 300 grenadiers et 60 cavaliers de sa garde[4],[5]. Il semble cependant certain que de nombreux ouvriers agricoles avaient rejoint les rebelles[4]. Il porte également le nombre des hommes de Rochambeau à 4 000 et précise que cette information lui vient de prisonniers[5]. Cependant, selon l'historien Madison Smatt Bell, Rochambeau avait débarqué avec probablement 1 800 hommes à Fort-Liberté mais tous ne prirent pas part à la marche sur Les Gonaïves[4].

En 1847, l'historien haïtien Thomas Madiou écrit que Toussaint commande 1 600 hommes lors de ce combat, y compris les cultivateurs armés[1]. Il porte les forces de Rochambeau à 2 000 hommes et indique que celui-ci est secondé par le général de brigade Jean-Baptiste Brunet, l'adjudant-général Jean-Pierre Lavalette du Verdier et le colonel Guillaume Rey, à la tête de la 5e demi-brigade légère[1].

En 2020, l'historien Sudhir Hazareesingh porte l'armée de Toussaint à 3 000 hommes lors de cette action[6].

Déroulement

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Dans la soirée du , les Français occupent les hauteurs de Morne Barade, ils sont rejoints par les troupes rebelles et le combat s'engage durant la nuit, les Français résistent, contre-attaquent et, à l'aube, rejettent les rebelles hors de la gorge.
Toussaint rallie cependant ses cavaliers sur la plaine de la plantation Périsse et lance une charge qui disperse les Français et les force à se replier sur les gorges de la Ravine-à-Couleuvres.
Les Français ne remportèrent pas un grand avantage, cependant il perdait toute possibilité de communication avec le 9e régiment commandé par Jacques Maurepas[3].

Le , les troupes du général Rochambeau attaquèrent l'armée de Toussaint retranchées dans les gorges de la Ravine-à-Couleuvres[7]. Dans son rapport, Leclerc donne peu de détail sur le déroulement et se borne à dire : « Il y eut là un combat d'homme à homme; les troupes de Toussaint se battirent bien, mais tout céda à l'intrépidité Française »[2],[3].

Le lendemain, l'armée de Toussaint se replie sur Petite-Rivière-de-l'Artibonite[8].

L'état des pertes n'est pas connu avec précision et varie selon les sources. Dans son rapport, le général Leclerc affirme que Toussaint laisse 800 hommes sur le champ de bataille[2],[3]. Selon Thomas Madiou, Toussaint perd 300 hommes dans ce combat et Rochambeau 200, ainsi qu'une trentaine de prisonniers[1].

Notes et références

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  1. « Le même jour 4, la division Rochambeau entra dans la Ravine-à-Couleuvre: c'était là que le général Toussaint avec ses gardes, formant un corps de quinze cents grenadiers tirés des différentes demi-brigades, et environ douze cents hommes choisis sur les meilleurs bataillons de son armée, et quatre cents dragons, comptait se défendre. La Ravine-à-Couleuvre est extrêmement resserrée; elle est flanquée de montagnes à pic couvertes de bois, dans lesquels étaient répandus plus de deux mille cultivateurs armés, qu'il faut ajouter aux troupes dont je viens de faire l'énumération. Les rebelles avaient fait des abatis considérables qui obstruaient le passage: ils occupaient des positions retranchées qui dominaient la Ravine. Une position aussi forte eût arrêté nécessairement tout autre que le général Rochambeau; mais il fit ses dispositions avec la rapidité de l'éclair, et attaqua les retranchemens de l'ennemi.

    Il y eut là un combat d'homme à homme; les troupes de Toussaint se battirent bien, mais tout céda à l'intrépidité Française; Toussaint évacua ses positions, et se retira en désordre sur la Petite-Rivière, en laissant huit cents des siens sur le champ de bataille[2],[3]. »

    — Rapport du général Leclerc au Ministre de la Marine, rédigé le 8 ventôse an X () au quartier-général de Gros-Morne.

Références

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  1. a b c d e f g et h Madiou, t. II, 1847, p. 232-237.
  2. a b c d e et f Paris pendant l'année 1802, t. XXXV, 1802, p. 436.
  3. a b c d et e Schœlcher 1889, p. 331-332.
  4. a b et c Smartt Bell 2007, p. 288-289.
  5. a et b Toussaint Louverture 1853, p. 49-50.
  6. Hazareesingh 2020, p. 414.
  7. Saint-Rémy 1850, p. 353-355.
  8. Saint-Rémy 1850, p. 358.

Bibliographie

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