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« Collaboration biélorusse pendant la Seconde Guerre mondiale » : différence entre les versions

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[[Fichier:Postcard of BNR.jpg|thumb|Drapeau de la République populaire biélorusse : « N'abandonnez pas votre langue biélorusse, ainsi vous vivrez ! »]]
La '''collaboration biélorusse pendant la Seconde Guerre mondiale''' — dans son acception historiographique soviétique et russe, signifie la collaboration politique, économique et militaire avec les forces d'occupation allemandes pendant la [[Seconde Guerre mondiale]] sur le territoire de la [[Biélorussie]].
La '''collaboration biélorusse pendant la Seconde Guerre mondiale''' — dans son acception historiographique soviétique et russe, signifie la collaboration politique, économique et militaire avec les forces d'occupation allemandes pendant la [[Seconde Guerre mondiale]] sur le territoire de la [[Biélorussie]].


[[Fichier:Belorussian SSR in 1940 after annexation of eastern Poland.jpg|thumb|Biélorussie orientale et occidentale en 1940]]
[[Fichier:Rzeczpospolita 1938.svg|thumb|Rzeczpospolita 1938 à l'ouest et Russie à l'est : division de la Biélorussie]]
[[Fichier:Rzeczpospolita 1938.svg|thumb|Rzeczpospolita 1938 à l'ouest et Russie à l'est : division de la Biélorussie]]
[[Fichier:Biélorussie-carte.png|thumb|Biélorussie-carte depuis 1991]]
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Comme la plupart des pays d'Europe occupés, la [[Biélorussie]] n'a pas échappé au problème de la collaboration avec le [[Troisième Reich]].
Comme la plupart des pays d'Europe occupés, la [[Biélorussie]] n'a pas échappé au problème de la collaboration avec le [[Troisième Reich]].
La quête d'une [[identité nationale]] protégée et respectée, la protection de sa langue nationale (le [[biélorusse]]), ont été des mobiles importants du choix de la collaboration<ref name="Symaniec et Goujon 30">Virginie Symaniec et Alexandra Goujon, ''Parlons biélorussien'' L'Harmattan, 1997. {{p.|30}} et ss</ref>, par certains de ses citoyens. S'est ajoutée à cela la haine du système politique [[Bolcheviks|bolchevique]]. La conjugaison de ces deux facteurs doit être analysée.
La quête d'une [[identité nationale]] protégée et respectée ainsi que la protection de sa langue nationale (le [[biélorusse]]) ont contribué de manière importante dans le choix de collaborer<ref name="Symaniec et Goujon 30">{{Harvsp|Virginie Symaniec|Alexandra Goujon||texte=|p.=30 et ss.}}.</ref>. S'est ajoutée à cela la haine du système politique [[Bolcheviks|bolchevique]]. La conjugaison de ces deux facteurs doit être analysée.


Un travail de mémoire a déjà été réalisé par les historiens des pays de l'est et surtout par la communauté juive en ce qui concerne la [[Shoah]]. Celui-ci a pu se développer depuis l'ouverture des archives des pays de l'[[ex-URSS]] après la [[Perestroïka]].
Un travail de mémoire a déjà été réalisé par les historiens des pays de l'est et surtout par la communauté juive en ce qui concerne la [[Shoah]]. Celui-ci a pu se développer depuis l'ouverture des archives des pays de l'[[ex-URSS]] après la [[Perestroïka]].


La dénomination russe de {{citation|collaborationniste}} remplace l'ancienne terminologie communiste de {{citation|traître}} (en russe : {{lang|ru|предатель}}).
La dénomination russe de {{citation|collaborationniste}} remplace l'ancienne terminologie communiste de {{citation|traître}} (en russe {{lang|ru|предатель}}){{refnec}}. {{vague|Ce n'est pas un détail, mais un des signes que les temps ont changé depuis 1991 et la dislocation de l'URSS.}}

Ce n'est pas un détail mais un des signes que les temps ont changé depuis 1991 et la dislocation de l'URSS.


=== Biélorussie orientale ===
=== Biélorussie orientale ===


Dans le courant du dernier quart du {{XIXe siècle}} se développa un discours nationaliste biélorusse autour de l'idée d'autonomie linguistique et nationale <ref name="Symaniec p.556">Virginie Symianec, « La construction idéologique salve orientale », Ed.Petra, 2012, {{p.|556}}</ref>. Le passage de ce discours à des actes de collaboration durant la Seconde Guerre mondiale, 50 ans plus tard, résulte du mécontentement d'une partie de la population par rapport au pouvoir [[soviétique]] dans la partie orientale du pays depuis la [[Révolution d'octobre 1917]].
Dans le courant du dernier quart du {{XIXe siècle}} se développa un discours nationaliste biélorusse autour de l'idée d'autonomie linguistique et nationale<ref name="Symaniec p.556">{{Harvsp|Virginie Symaniec|2012|texte=|p=556}}.</ref>. Le passage de ce discours à des actes de collaboration durant la Seconde Guerre mondiale, 50 ans plus tard, résulte du mécontentement d'une partie de la population par rapport au pouvoir [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétique]] dans la partie orientale du pays depuis la [[Révolution d'octobre 1917]].


[[Lénine]] avait parmi ses objectifs la protection des cultures<ref name="Henry Bogdan p. 187, le Décret sur la Paix">Henry Bogdan, ''Histoire des peuples de l'ex-URSS'', éd. Perrin, 1993, {{p.|187}}</ref> et des langues, dont notamment la langue biélorusse.
[[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] avait parmi ses objectifs la protection des cultures<ref name="Henry Bogdan p. 187, le Décret sur la Paix">{{Harvsp|Henry Bogdan|1993|texte=|p=187}}.</ref> et des langues, dont notamment la langue biélorusse.
Toutefois quelques années après l'arrivée de [[Staline]] au pouvoir (en [[1922]]), vers la fin des années 1920 l'attitude de ce dernier s'inversa et il contraignit les Biélorusses à renoncer à leur langue et à n'utiliser que la langue russe. L'œuvre dramatique et poétique d' Yanka Kupala (pseudonyme d'[[Ivan Loutsévitch]]) qui s'exprimait d'une manière critique tant par rapport aux annexions polonaises que vis-à-vis du chauvinisme russe est de plus en plus souvent interdite par la censure<ref name="Witt Raczka p.200">Witt Raczka, ''Aux confins de l'Europe de l'Est'', éd. L'Harmattan. 2009, {{p.|200}}</ref>.
Toutefois, quelques années après l'arrivée de [[Joseph Staline|Staline]] au pouvoir (en [[1922]]), vers la fin des années 1920, l'attitude de ce dernier s'inversa et il contraignit les Biélorusses à renoncer à leur langue et à n'utiliser que la langue russe. L'œuvre dramatique et poétique de Yanka Koupala (pseudonyme d'[[Ivan Loutsévitch]]) qui s'exprimait d'une manière critique tant par rapport aux annexions polonaises que vis-à-vis du chauvinisme russe est de plus en plus souvent interdite par la censure<ref name="Witt Raczka p.200">{{Harvsp|Witt Raczka|2009|texte=|p=200}}.</ref>.


Les Polonais? pour éviter toute velléité séparatiste adoptent d'ailleurs les mêmes règles dans la partie occidentale en imposant leur langue polonaise<ref name="Marchesin p.25">Philippe Marchesin, ''op. cit.'', {{p.|25}}</ref>. La langue biélorusse n'est plus enseignée dans les écoles : elle risque de disparaitre au profit de la seule langue russe. En [[1933]] parler biélorussien devient un signe de {{citation|nationalisme bourgeois}}, des réformes de la langue tendent de la rapprocher du russe mais la bannissent de toutes les institutions. En 1938 le russe est de nouveau réintroduit dans les écoles en tant que langue obligatoire<ref name="Symaniec et Goujon 30" />.
Les Polonais, pour éviter toute velléité séparatiste, adoptent d'ailleurs les mêmes règles dans la partie occidentale en imposant leur langue polonaise<ref name="Marchesin p.25">Philippe Marchesin, ''op. cit.'', {{p.|25}}</ref>. La langue biélorusse n'est plus enseignée dans les écoles : elle risque de disparaître au profit de la seule langue russe. En [[1933]], parler biélorussien devient un signe de {{citation|nationalisme bourgeois}}, des réformes de la langue tendent à la rapprocher du russe, mais la bannissent de toutes les institutions. En 1938, le russe est réintroduit dans les écoles en tant que langue obligatoire<ref name="Symaniec et Goujon 30" />.


=== Biélorussie occidentale ===
=== Biélorussie occidentale ===
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Des causes plus proches chronologiquement des années de guerre ont joué un rôle important dans le choix de la collaboration : la réaction des populations à l'encontre des répressions de masse et de la [[soviétisation]] forcée dans la [[Biélorussie occidentale]] cette fois, rattachée à l'[[URSS]] depuis [[1939]] seulement.
Des causes plus proches chronologiquement des années de guerre ont joué un rôle important dans le choix de la collaboration : la réaction des populations à l'encontre des répressions de masse et de la [[soviétisation]] forcée dans la [[Biélorussie occidentale]] cette fois, rattachée à l'[[URSS]] depuis [[1939]] seulement.


D'autres acteurs que les dirigeants soviétiques sont intervenus dans ce choix de la collaboration au sein même de la population biélorusse : l'action des représentants de la [[République populaire biélorusse]], et celle de groupes d'opposants catholiques (surtout dans la partie occidentale du pays) sous l'action notamment d'un [[prêtre catholique]] {{Lien|fr=Vincent Godlievski|lang=en|trad=Vincent Hadleŭski}}), tous fort hostiles au [[bolchévisme]]. Mais encore les Allemands eux-mêmes qui ont réussi à faire croire aux Biélorusses que le [[Troisième Reich]] leur réservait un rôle plus important que celui qu'il leur avait assigné en réalité. Les Allemands pratiquent par ailleurs une politique de soutien aux indépendantistes biélorusses, notamment par la réhabilitation de la langue biélorussienne dans les écoles<ref name="Symaniec et Goujon 31">Virginie Symaniec et Alexandra Goujon, ''op.cit''.{{p.|31}} et ss</ref>.
D'autres acteurs que les dirigeants soviétiques sont intervenus dans ce choix de la collaboration au sein même de la population biélorusse : l'action des représentants de la [[République populaire biélorusse]], et celle de groupes d'opposants catholiques (surtout dans la partie occidentale du pays) sous l'action notamment d'un [[prêtre catholique]], {{Lien|fr=Vincent Godlievski|lang=en|trad=Vincent Hadleŭski}}, tous fort hostiles au [[bolchévisme]]. Mais encore les Allemands eux-mêmes qui ont réussi à faire croire aux Biélorusses que le [[Troisième Reich]] leur réservait un rôle plus important que celui qu'il leur avait assigné en réalité. Les Allemands pratiquent par ailleurs une politique de soutien aux indépendantistes biélorusses, notamment par la réhabilitation de la langue biélorussienne dans les écoles<ref name="Symaniec et Goujon 31">{{Harvsp|Virginie Symaniec|Alexandra Goujon||texte=|p=31 et ss}}.</ref>.


Des raisons d'ordre plus général sont intervenues également : la grande instabilité politique du pays entre 1918 et 1939, l'absence d'émergence d'un gouvernement national fort, l'intervention de pouvoirs extérieurs au pays ou aux régions avec des visions politiques et culturelles fort divergentes, les partages multiples de territoires et finalement, la guerre elle-même qui place la Biélorussie entre deux grandes puissances hostiles.
Des raisons d'ordre plus général sont intervenues également : la grande instabilité politique du pays entre 1918 et 1939, l'absence d'émergence d'un gouvernement national fort, l'intervention de pouvoirs extérieurs au pays ou aux régions avec des visions politiques et culturelles fort divergentes, les partages multiples de territoires et finalement, la guerre elle-même qui place la Biélorussie entre deux grandes puissances hostiles.


[[Alexandre Soljenitsine]], dans ''[[L'Archipel du Goulag]]'' insiste, en s'appuyant sur de nombreux cas concrets, sur l'espoir, - de courte durée -
[[Alexandre Soljenitsyne]], dans ''[[L'Archipel du Goulag]]'', insiste, en s'appuyant sur de nombreux cas concrets, sur l'espoir, - de courte durée - qu'a fait naître dans le cœur de nombreux Soviétiques l'arrivée des troupes allemandes<ref name="Soljenitsyne, l'Archipel du Goulag, tome III, p.25">A.Soljenitsyne, ''L'Archipel du goulag''. Paris, éd. Seuil, {{p.|25}} et ss</ref>. Beaucoup de Soviétiques, au nombre duquel les Biélorusses, en 1941, attendaient avec impatience la chute du régime stalinien<ref name="Henry Bogdan p. 250, le Décret sur la Paix">{{Harvsp|Henry Bogdan|1993|texte=|p=250}}</ref>.
qu'à fait naître dans le cœur de nombreux Soviétiques l'arrivée des troupes allemandes<ref name="Soljenitsyne, l'Archipel du Goulag, tome III, p.25">A.Soljenitsyne, ''L'Archipel du goulag''. Paris, éd. Seuil, {{p.|25}} et ss</ref>. Beaucoup de Soviétiques, au nombre duquel les Biélorusses, en 1941 attendaient avec impatience la chute du régime stalinien<ref name="Henry Bogdan p. 250, le Décret sur la Paix">Henry Bogdan, ''Histoire des peuples de l'ex-URSS''. Perrin, 1993, {{p.|250}}</ref>.


== Développement du nationalisme biélorusse après la Première Guerre mondiale ==
== Développement du nationalisme biélorusse après la Première Guerre mondiale ==


La période chaotique que va connaître la Biélorussie entre la Première et la [[Seconde Guerre mondiale]] explique probablement le besoin de sa population de trouver un pouvoir politique auquel se raccrocher ; soit à l'intérieur du pays, soit à l’extérieur ; à l'est ou à l'ouest. Les péripéties de l'histoire du pays à cette époque expliquent que le choix n'était pas facile et que beaucoup étaient partagés. De toute manière ces régions étaient envahies et la fuite était pratiquement impossible. Cette situation n'était pas unique dans son histoire puisque le pays a toujours été convoité et placé entre des forces politiques puissantes : Lituanie, Prusse, Pologne, Allemagne, Russie. Il a par contre toujours conservé ses spécificités linguistiques et culturelles : malgré leur taille réduite ces régions ont toujours connu un partage linguistique entre plusieurs langues ([[biélorusse]], [[russe]], [[polonais]], [[lituanien]]), et plusieurs religions ([[orthodoxe]], [[juive]], [[catholicisme|catholique]], [[uniate]]). Par ailleurs, de nombreuses rectifications de frontières ont fait passer des villes importantes, des régions entières d'une République dans une autre. (C'est le cas, par exemple, de [[Smolensk]], de [[Vitebsk]], de [[Minsk]], de [[Bialystok]]).
La période chaotique que va connaître la Biélorussie entre la Première et la [[Seconde Guerre mondiale]] explique probablement le besoin de sa population de trouver un pouvoir politique auquel se raccrocher ; soit à l'intérieur du pays, soit à l’extérieur ; à l'est ou à l'ouest. Les péripéties de l'histoire du pays à cette époque expliquent que le choix n'était pas facile et que beaucoup étaient partagés. De toute manière, ces régions étaient envahies et la fuite était pratiquement impossible. Cette situation n'était pas unique dans son histoire puisque le pays a toujours été convoité et placé entre des forces politiques puissantes : Lituanie, Prusse, Pologne, Allemagne, Russie. Il a par contre toujours conservé ses spécificités linguistiques et culturelles : malgré leur taille réduite, ces régions ont toujours connu un partage linguistique entre plusieurs langues ([[biélorusse]], [[russe]], [[polonais]], [[lituanien]]), et plusieurs religions ([[Christianisme orthodoxe|orthodoxe]], [[juive]], [[catholicisme|catholique]], [[uniate]]). Par ailleurs, de nombreuses rectifications de frontières ont fait passer des villes importantes, des régions entières d'une République dans une autre (c'est le cas, par exemple, de [[Smolensk]], de [[Vitebsk]], de [[Minsk]], de [[Bialystok]]).


La [[révolution russe]] d'octobre [[1917]] a entraîné l'installation d'un régime « [[léniniste]] » à [[Petrograd]]. Pour la Biélorussie les conséquences vont se suivre politiquement, militairement et administrativement à un rythme très rapide :
La [[révolution russe]] d'octobre [[1917]] a entraîné l'installation d'un régime « [[léniniste]] » à [[Petrograd]]. Pour la Biélorussie, les conséquences vont se suivre politiquement, militairement et administrativement à un rythme très rapide :
* Le 3 mars [[1918]], est signé le [[traité de Brest-Litovsk]] qui fait passer la partie occidentale de la [[Biélorussie]] de l'administration russe à l'administration allemande. Ce traité représentait des concessions importantes de la part des russes en vue d'obtenir la paix avec l'Allemagne. La paix avec l'Allemagne est une des rares promesses que les bolchéviques avaient tenus et c'est cette promesse pacifiste qui avait rendu possible le coup d'État de Lénine<ref name="Bainville 100">Jacques Bainville, « La Russie et la barrière de l'est ». Ed Plon 1943. {{p.|100}} et ss.</ref>. La partie orientale et septentrionale (avec les villes de [[Minsk]], [[Vitebsk]], [[Moguilev]], [[Gomel]], [[Mazyr]]) reste toutefois sous contrôle soviétique. Par contre les villes et provinces autour de [[Brest]], [[Grodno]]-(Hrodna), [[Pinsk]], [[Baranavitchy]], passent sous contrôle allemand.
* Le 3 mars [[1918]] est signé le [[Traité de Brest-Litovsk (Empires centraux-Russie)|traité de Brest-Litovsk]] qui fait passer la partie occidentale de la [[Biélorussie]] de l'administration russe à l'administration allemande. Ce traité représentait des concessions importantes de la part des Russes en vue d'obtenir la paix avec l'Allemagne. La paix avec l'Allemagne est une des rares promesses que les bolchéviques avaient tenues, et c'est cette promesse pacifiste qui avait rendu possible le coup d'État de Lénine<ref name="Bainville 100">Jacques Bainville, « La Russie et la barrière de l'est ». Ed Plon 1943. {{p.|100}} et ss.</ref>. La partie orientale et septentrionale (avec les villes de [[Minsk]], [[Vitebsk]], [[Moguilev]], [[Gomel]], [[Mazyr]]) reste toutefois sous contrôle soviétique. Par contre, les villes et provinces autour de [[Brest]], [[Grodno]] (Hrodna), [[Pinsk]] ou [[Baranavitchy]] passent sous contrôle allemand.
* Dès le 25 mars 1918 est proclamée la [[République populaire biélorusse]]. Il s'agit du premier état indépendant créé en Biélorussie. (Il faudra attendre le 27 juillet 1990 pour que le pays déclare à nouveau sa souveraineté nationale).
* Dès le {{date|25 mars 1918}} est proclamée la [[République populaire biélorusse]]. Il s'agit du premier état indépendant créé en Biélorussie (il faudra attendre le {{date|27 juillet 1990}} pour que le pays déclare à nouveau sa souveraineté nationale).
* Le 17 novembre 1918, les Soviétiques envahissent la partie occidentale de la Biélorussie, au mépris de ce traité de [[Brest-Litovsk]], et l'occupent à nouveau. En Russie règne la [[guerre civile russe]] qui ne se terminera qu'en [[1921]]. Le pouvoir soviétique dénonce le [[traité de Brest-Litovsk]], dès la signature de l'armistice de la [[Première Guerre mondiale]] le [[11 novembre 1918]].
* Le {{date|17 novembre 1918}}, les Soviétiques envahissent la partie occidentale de la Biélorussie et l'occupent à nouveau.


[[Fichier:Government of BNR.jpg|thumb|Gouvernement de la République populaire biélorusse 1918]]
[[Fichier:Government of BNR.jpg|thumb|Gouvernement de la République populaire biélorusse 1918]]
La [[République populaire biélorusse]] n'a jamais pu établir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire, tant fut brève la période durant laquelle elle aurait pu le faire : du 25 mars 1918 au 17 novembre 1918 soit 7 mois et 24 jours. Il faut remarquer que cette [[République populaire biélorusse]] n'a jamais cessé d'exister, mais en exil jusqu'à ce jour [[2013]] et en tout cas, aux yeux de ses partisans : la Présidente de la [[Rada]] biélorusse en exil est depuis [[1997]] [[Ivonka Survilla]] à Toronto<ref>[http://www.radabnr.org/en/index.html?statuth.html?statutm.html?statuttext.htm Les statuts actuels de la Rada à Toronto.]</ref>.
La [[République populaire biélorusse]] n'a jamais pu établir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire, tant fut brève la période durant laquelle elle aurait pu le faire : du {{date|25 mars 1918}} au {{date|17 novembre 1918}} soit 7 mois et 24 jours. Il faut remarquer que cette [[République populaire biélorusse]] n'a jamais cessé d'exister, mais en exil jusqu'à ce jour [[2013]] et en tout cas, aux yeux de ses partisans : depuis [[1997]], la Présidente de la [[Rada]] biélorusse en exil est [[Ivonka Survilla]] (elle réside à Toronto<ref>[http://www.radabnr.org/en/index.html?statuth.html?statutm.html?statuttext.htm Les statuts actuels de la Rada à Toronto.]</ref>).


Une fois occupée à nouveau par les Russes (Soviétiques) en fin novembre 1918, la Biélorussie sera à nouveau soviétique jusqu'en mars 1921, soit pendant un peu plus de deux ans, durant lesquels vont se succéder les entités politiques suivantes : [[République socialiste fédérative soviétique de Russie]](partie orientale), [[République socialiste soviétique de Lituanie]] qui formèrent ensuite la [[République socialiste soviétique lituano-biélorusse]] surnommée Litbel puis encore la [[République socialiste soviétique biélorusse]]. Pendant cette succession de régimes la [[République populaire biélorusse]] continuait malgré tout d'exister.
Une fois occupée à nouveau par les Russes (Soviétiques) en fin {{date|novembre 1918}}, la Biélorussie sera à nouveau soviétique jusqu'en {{date|mars 1921}}, soit pendant un peu plus de deux ans, durant lesquels vont se succéder les entités politiques suivantes : [[République socialiste fédérative soviétique de Russie]] (partie orientale) et [[République socialiste soviétique de Lituanie]], qui formèrent ensuite la [[République socialiste soviétique lituano-biélorusse]] surnommée Litbel, puis encore la [[République socialiste soviétique biélorusse]]. Pendant cette succession de régimes, la [[République populaire biélorusse]] continuait malgré tout d'exister.
* À partir du 18 mars 1921, c'est-à-dire la date de la signature de la [[Paix de Riga]], qui met fin à la [[Guerre soviéto-polonaise]], et jusqu'en [[1939]], la moitié ouest de la Biélorussie est soustraite des territoires de l'[[URSS]] pour entrer dans ceux de la [[Deuxième République de Pologne]] dite aussi (druga) [[Rzeczpospolita (régime politique)]]. Quant à la partie orientale elle devient la [[République socialiste soviétique biélorusse]] le {{1er}} janvier 1919, et ce, jusqu'en [[1991]].
* À partir du {{date|18 mars 1921}}, c'est-à-dire la date de la signature de la [[Paix de Riga]], qui met fin à la [[Guerre soviéto-polonaise]], et jusqu'en [[1939]], la moitié ouest de la Biélorussie est soustraite des territoires de l'[[URSS]] pour entrer dans ceux de la [[Deuxième République de Pologne|Pologne indépendante]]. Quant à la partie orientale, elle devient la [[République socialiste soviétique biélorusse]] le {{1er}} janvier 1919, et ce, jusqu'en [[1991]].
* En décembre [[1922]] est fondée l'[[URSS]] qui comprend la [[RSFS de Russie]], la [[RSFS de Transcaucasie]], la [[RSS d'Ukraine]]
* En décembre [[1922]] est fondée l'[[URSS]] qui comprend la [[RSFS de Russie]], la [[RSFS de Transcaucasie]], la [[RSS d'Ukraine]] et la [[RSS de Biélorussie]].
et la [[RSS de Biélorussie]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-121-0011-20, Polen, deutsch-sowjetische Siegesparade.jpg|thumb|left|Soldats russes et allemands fraternisent lors du partage de la Biélorussie en septembre 1939]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-121-0011-20, Polen, deutsch-sowjetische Siegesparade.jpg|thumb|left|Soldats russes et allemands fraternisent lors du partage de la Biélorussie en septembre 1939]]
* Le {{1er}} septembre 1939, les troupes d'Hitler envahissent la Pologne en ce compris les territoires biélorusses de l'ouest qui en font partie. Toutefois, en vertu des clauses secrètes du [[Pacte germano-soviétique]] du 23 août 1939, la Pologne est partagée et la zone occidentale actuellement biélorusse passe sous contrôle [[soviétique]]. Après 20 ans de vie sous régime polonais, les Biélorusses voient réapparaître ce que beaucoup considèrent comme le spectre du [[bolchévisme]]. Pour moins de deux ans seulement : le 22 juin 1941, Hitler s'attaque à l'Union soviétique, au mépris des clauses du pacte secret signé avec Staline en 1939. Les Biélorusses de la partie occidentale du pays sont alors libérés des Soviétiques pour tomber sous le joug des Allemands.
* Le {{1er}} septembre 1939, les troupes d'Hitler envahissent la Pologne, en ce compris les territoires biélorusses de l'ouest qui en font partie. Toutefois, en vertu des clauses secrètes du [[Pacte germano-soviétique]] du {{date|23 août 1939}}, la Pologne est partagée et la zone occidentale actuellement biélorusse passe sous contrôle [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétique]]. Après 20 ans de vie sous régime polonais, les Biélorusses voient réapparaître ce que beaucoup considèrent comme le spectre du [[bolchévisme]]. Pour moins de deux ans seulement : le {{date|22 juin 1941}}, Hitler s'attaque à l'Union soviétique, au mépris des clauses du pacte secret signé avec Staline en 1939. Les Biélorusses de la partie occidentale du pays sont alors libérés des Soviétiques pour tomber sous le joug des Allemands.
[[Fichier:Печать Белорусской Центральной Рады 1918.jpg|thumb|Sceau de l'époque de la [[République populaire biélorusse]] 1918]]
[[Fichier:Coat of arms of Belarusian People's Republic.svg|thumb|Sceau de l'époque de la [[République populaire biélorusse]] 1918]]


=== Attitude des Juifs ===
=== Attitude des Juifs ===


La population juive représentait une minorité importante en Biélorussie en [[1939]] : lors de la réunion de la partie polonaise à l'URSS, la population totale des deux parties du pays (orientale et occidentale) représentait environ {{nombre|9050000|habitants}}<ref name="Henry Bogdan p. 238, le Décret sur la Paix">{{Harvsp|Henry Bogdan|1993|texte=|p=238}}.</ref>. Les populations juives représentaient pour la partie occidentale environ {{nombre|550000|habitants}} et pour la partie orientale {{nombre|400000|habitants}}<ref name="Symaniec et Goujon 38">{{Harvsp|Virginie Symaniec|Alexandra Goujon||texte=|p=38}}</ref>. Les Juifs représentaient donc 10,5 % de la population totale soit {{nombre|950000|habitants}}. Étant donné les changements du tracé des frontières, le problème des réfugiés venus de Pologne, la fuite d'autres vers la Russie, ces chiffres sont approximatifs.
La population juive représentait une minorité importante en Biélorussie en [[1939]] : lors de la réunion de la partie polonaise à l'URSS,
la population totale des deux parties du pays (orientale et occidentale) représentait environ {{formatnum:9050000}} d'habitants<ref name="Henry Bogdan p. 238, le Décret sur la Paix">Henry Bogdan, « Histoire des peuples de l'ex-URSS », éd. Perrin, 1993, {{p.|238}}</ref>. Les populations juives représentaient pour la partie occidentale environ {{formatnum:550000}} habitants et pour la partie orientale {{formatnum:400000}} habitants<ref name="Symaniec et Goujon 38">Virginie Symaniec et Alexandra Goujon, ''op.cit''.{{p.|38}}</ref>. Les juifs représentaient donc {{formatnum:10.5}}% de la population totale soit {{formatnum:950000}} habitants.
Étant donné les changements du tracé des frontières, le problème des réfugiés venus de Pologne, la fuite d'autres vers la Russie, ces chiffres sont approximatifs.


Il faut évoquer la situation des Juifs par rapport à la collaboration mais dans le sens inverse de celui des autres biélorusses. À la fin de l'occupation allemande la population juive aura été pratiquement complètement exterminée par les occupants.
Il faut évoquer la situation des Juifs par rapport à la collaboration, mais dans le sens inverse de celui des autres biélorusses. À la fin de l'occupation allemande, la population juive aura été pratiquement complètement exterminée par les occupants.


Dès l'[[invasion de la Pologne]] par les Allemands, en septembre [[1939]], la crainte des nazis, va pousser les Juifs vers les Soviétiques : tout autre pouvoir que le nazisme leur semblait meilleur, mais pas l'anarchie<ref>Andrzej Zbikowski : Le début de la Seconde Guerre mondiale dans le témoignage de réfugiés juifs (Biezency) des confins de l'Est de la Pologne (Kresy) dans l'ouvrage collectif sous la direction de Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka : ''Juifs et Polonais 1939-2008'' ; éditeur Albin Michel Bibliothèque, Histoire. Janvier 2009. page 96. ISBN 978-2-226-18705-5.</ref>. C'était une attitude de moindre mal, mais il ne faut pas négliger que beaucoup d'entre eux étaient sincèrement pro-bolchévique. La présence de grandes personnalités d'origine juive au sein du mouvement révolutionnaire européen [[Karl Marx|Marx]], Liebknecht, [[Rosa Luxemburg]] et du pouvoir politique de l'époque ou dans le passé [[Karl Radek]], [[Trotsky]], [[Grigori Zinoviev]] leur donnait plus de réconfort psychologique et d'espoir. Une collaboration des Juifs avec les Soviétiques s'instaura après l'invasion de la Pologne et pris des formes diverses<ref>Andrzej Zbikowski : ''Le Début de la Seconde Guerre mondiale dans le témoignage de réfugiés juifs (Biezency) des confins de l'est de la Pologne (Kresy)'' dans l'ouvrage collectif sous la direction de Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka :
Dès l'[[invasion de la Pologne]] par les Allemands, en septembre [[1939]], la peur des nazis va pousser les Juifs vers les Soviétiques : tout autre pouvoir que le nazisme leur semblait meilleur, mais pas l'anarchie<ref>Andrzej Zbikowski : Le début de la Seconde Guerre mondiale dans le témoignage de réfugiés juifs (Biezency) des confins de l'Est de la Pologne (Kresy) dans l'ouvrage collectif sous la direction de Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka : ''Juifs et Polonais 1939-2008'' ; éditeur Albin Michel Bibliothèque, Histoire. Janvier 2009. page 96. {{ISBN|978-2-226-18705-5}}</ref>. C'était une attitude de moindre mal, mais il ne faut pas négliger que beaucoup d'entre eux étaient sincèrement pro-bolchévique. La présence de grandes personnalités d'origine juive au sein du mouvement révolutionnaire européen ([[Karl Marx|Marx]], [[karl Liebknecht|Liebknecht]], [[Rosa Luxemburg]]) et du pouvoir politique de l'époque ou dans le passé ([[Karl Radek]], [[Trotsky]], [[Grigori Zinoviev]]) leur donnait plus de réconfort psychologique et d'espoir. Une collaboration des Juifs avec les Soviétiques s'instaura après l'invasion de la Pologne et prit des formes diverses<ref>Andrzej Zbikowski : ''Le Début de la Seconde Guerre mondiale dans le témoignage de réfugiés juifs (Biezency) des confins de l'est de la Pologne (Kresy)'' dans l'ouvrage collectif sous la direction de Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka :
''Juifs et Polonais 1939-2008'' ; éditeur Albin Michel Bibliothèque, Histoire. Janvier 2009. page 96 et ss. ISBN 978-2-226-18705-5.</ref> Les [[Bolcheviks]] les encourageaient dans ce sens. Par contre les Polonais pourchassés par les Allemands, prirent plus d'une fois tous les Juifs rencontrés sur le chemin de la retraite pour des collaborateurs bolchéviques et les tuèrent sur-le-champ<ref name="Witt Raczka p.242-243">Witt Raczka, « Aux confins de l'Europe de l'Est », L'Harmattan, 2009. {{p.|242-243}}</ref>. Mais la Pologne est surtout le « pays témoin » du génocide<ref name="Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, p.98-99">Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, « Juifs et Polonais ». Ed Albin Michel, Paris, 2009, {{p.|10}}</ref>. Il faut toutefois signaler deux ans après l'invasion le cas du [[Massacre de Jedwabne]] en juillet 1941 au cours de laquelle la population juive d'un village fut assassinée selon certaines sources par la population polonaise, encouragée par les Allemands, selon d'autres par les [[Einsatzgruppen]] allemands eux-mêmes. La raison du massacre aurait été la collaboration juive avec les Soviétiques durant les années 1939 à 1941 au détriment des Polonais. Depuis l'année 2000 un débat public s'est déroulé et la version officielle admet aujourd'hui la responsabilité des Polonais de Jedwabe<ref name="Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, p.98-99">Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, ''Juifs et Polonais''. Éd Albin Michel, Paris, 2009, {{p.|480}}</ref>.
''Juifs et Polonais 1939-2008'' ; éditeur Albin Michel Bibliothèque, Histoire. Janvier 2009. page 96 et ss. {{ISBN|978-2-226-18705-5}}.</ref>. Les [[Bolcheviks]] les encourageaient dans ce sens. Par contre, les Polonais pourchassés par les Allemands prirent plus d'une fois tous les Juifs rencontrés sur le chemin de la retraite pour des collaborateurs bolchéviques et les tuèrent sur-le-champ<ref name="Witt Raczka p.242-243">Witt Raczka, « Aux confins de l'Europe de l'Est », L'Harmattan, 2009. {{p.|242-243}}</ref>. Mais la Pologne est surtout le « pays témoin » du génocide<ref name="Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, p.98-99">Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, « Juifs et Polonais ». Ed Albin Michel, Paris, 2009, {{p.|10}}</ref>. Il faut toutefois signaler, deux ans après l'invasion, le cas du [[massacre de Jedwabne]] en {{date|juillet 1941}}, au cours duquel la population juive d'un village fut assassinée selon certaines sources par la population polonaise, encouragée par les Allemands, selon d'autres par les [[Einsatzgruppen]] allemands eux-mêmes. La raison du massacre aurait été la collaboration juive avec les Soviétiques durant les années 1939 à 1941 au détriment des Polonais. Depuis l'année 2000, un débat public s'est déroulé et la version officielle admet aujourd'hui la responsabilité des Polonais de Jedwabe<ref>Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, ''Juifs et Polonais''. Éd Albin Michel, Paris, 2009, {{p.|480}}</ref>.


En septembre 1939 des milliers d'habitants de Pologne centrale et occidentale prirent la fuite vers les territoires de l'Est : les Juifs constituaient les deux tiers de ce groupe qui comptait environ{{formatnum:300000}} personnes. Dès le début de l'occupation de la Pologne, l'afflux des réfugiés arrivant de Pologne centrale vers l'Est inquiéta le pouvoir soviétique. Une commission germano-soviétique se créa, pour gerer la question et l'enthousiasme de la plupart des réfugiés retomba assez vite<ref name="Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, p.98-99">Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, ''Juifs et Polonais''. Éd Albin Michel, Paris, 2009, {{p.|98-99}}</ref>.
En septembre 1939, des milliers d'habitants de Pologne centrale et occidentale prirent la fuite vers les territoires de l'Est : les Juifs constituaient les deux tiers de ce groupe, qui comptait environ {{nombre|300000|personnes}}. Dès le début de l'[[Occupation de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation de la Pologne]], l'afflux de réfugiés arrivant de Pologne centrale vers l'Est inquiéta le pouvoir soviétique. Une commission germano-soviétique se créa pour gérer la question, et l'enthousiasme de la plupart des réfugiés retomba assez vite<ref>Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, ''Juifs et Polonais''. Éd Albin Michel, Paris, 2009, {{p.|98-99}}</ref>.


Deux ans plus tard en septembre 1941 commença la [[Shoah]] en Biélorussie, avec la création de près de 300 ghettos juifs sur le territoire oriental et occidental de la Biélorussie occupée. Fuir ces ghettos était presque impossible : les juifs n'étaient pas souvent acceptés parmi les groupes de résistants et étaient traqués par les Allemands quand ils se cachaient dans les forêts et étaient parfois dénoncés par les habitants hors du ghetto. Toutefois les Juifs développèrent leurs propres réseaux de [[partisans juifs]] comme le groupe de « [[partisans Bielski]] ». Le mouvement [[Bund]] joua également un rôle important dans la résistance juive contre la nazisme.
Deux ans plus tard, en septembre 1941 commença la [[Shoah en Biélorussie]], avec la création de près de [[Ghettos de Biélorussie pendant la Seconde Guerre mondiale|300 ghettos juifs]] sur le territoire oriental et occidental de la [[Occupation allemande de la Biélorussie|Biélorussie occupée]]. Fuir ces ghettos était presque impossible : les Juifs n'étaient pas souvent acceptés parmi les groupes de résistants, étaient traqués par les Allemands quand ils se cachaient dans les forêts et étaient parfois dénoncés par les habitants hors du ghetto. Toutefois, les Juifs développèrent leurs propres réseaux de [[partisans juifs]], comme le groupe de « [[partisans Bielski]] ». Le mouvement [[Bund]] joua également un rôle important dans la résistance juive contre la nazisme.


Raul Hilberg signale par contre qu'en Biéllorussie, l'Einsatzgruppe B observa que la population n'était tout simplement pas en état d'agir de son propre gré contre les Juifs. Il existait bien des sentiments de haine et de colère, mais pas d'antisémitisme déclaré<ref>Raul Hilberg : ''La Destruction des Juifs d'Europe I''. Éditions Gallimard. 2006. {{p.|557}} et {{p.|558}}</ref>.
Raul Hilberg signale par contre qu'en Biélorussie, l{{'}}''[[Einsatzgruppe B]]'' observa que la population n'était tout simplement pas en état d'agir de son propre gré contre les Juifs. Il existait bien des sentiments de haine et de colère, mais pas d'antisémitisme déclaré<ref>Raul Hilberg : ''La Destruction des Juifs d'Europe I''. Éditions Gallimard. 2006. {{p.|557}} et {{p.|558}}</ref>.


== Préparatifs de la collaboration avant le début de la Seconde Guerre mondiale ==
== Préparatifs de la collaboration avant le début de la Seconde Guerre mondiale ==


La préparation des Biélorusses collaborateurs avec le Troisième Reich commença vers la fin des années trente, quant au Ministère des affaires intérieures du [[Troisième Reich]] fut créée une représentation biélorusse — d'abord à [[Berlin]], et ensuite, dans d'autres villes du [[Troisième Reich]]. Ils s'occupaient de la diffusion et du recrutement, désirant témoigner leur soutien au [[Troisième Reich]] dans la résolution du problème biélorusse. Ainsi le troisième président de la [[République populaire biélorusse]] (BNR) en exil, Sakharka, Vasiliy Ivanovitch écrivit un rapport sur la situation politique, économique et culturelle de la Biélorussie, mais aussi un mémorandum à l'adresse d'[[Hitler]] avec l'assurance de son soutien. En outre, un comité biélorusse d'aide - organisation, recrutait activement des membres parmi les Biélorusses vivant dans le [[Troisième Reich]] en Allemagne. Dès le début de la [[Seconde Guerre mondiale]], le commandement allemand créa à [[Varsovie]] et à [[Biała Podlaska]], en [[Pologne]], des bases pour envoyer des agents biélorusses sur le territoire de l'[[URSS]]. À [[Berlin]], dans le camp de Vystavy, parmi les membres des mouvements nationalistes furent organisés des cours de propagandes et de traduction en vue d'actions biélorusses après les changements de pouvoirs.
La préparation des Biélorusses collaborateurs avec le Troisième Reich commença vers la fin des années trente, quand au Ministère des affaires intérieures du [[Troisième Reich]] fut créée une représentation biélorusse — d'abord à [[Berlin]], et ensuite, dans d'autres villes du [[Troisième Reich]]. Ils s'occupaient de la diffusion et du recrutement, désirant témoigner leur soutien au [[Troisième Reich]] dans la résolution du problème biélorusse. Ainsi, le troisième président de la [[République populaire biélorusse]] (BNR) en exil, Vasiliy Ivanovitch Sakharka, écrivit un rapport sur la situation politique, économique et culturelle de la Biélorussie, mais aussi un mémorandum à l'adresse d'[[Hitler]] avec l'assurance de son soutien. En outre, un comité biélorusse d'aide et d'organisation recrutait activement des membres parmi les Biélorusses vivant dans le [[Troisième Reich]] en Allemagne. Dès le début de la [[Seconde Guerre mondiale]], le commandement allemand créa à [[Varsovie]] et à [[Biała Podlaska]], en [[Pologne]], des bases pour envoyer des agents biélorusses sur le territoire de l'[[URSS]]. À [[Berlin]], dans le {{Lequel|camp de Vystavy}}, parmi les membres des mouvements nationalistes furent organisés des cours de propagandes et de traduction en vue d'actions biélorusses après les changements de pouvoirs.


== Avant l'attaque contre l'URSS ==
== Avant l'attaque contre l'URSS ==


En 1940 sous la direction de « l'émigration biélorusse de droite » il fut proposé au pouvoir allemand d'organiser l'activité des Biélorusses [[national-socialiste]]s parmi lesquelles la préparation des cadres spécialistes du sabotage, dans les rangs desquels se trouvaient des prisonniers de guerre de l'Armée polonaise, dans le but de les envoyer agir dans les territoires de l'[[URSS]]<ref>[http://ageofbook.com/historical/second-world-war/1459-pjataja-kolonna-gitlera-ot-kutepova-do-vlasova.html Смыслов О. С. «Пятая колонна» Гитлера. От Кутепова до Власова. М.: Вече, 2004.] — ISBN 5-9533-0322-X — [http://bibliotekar.ru/general-vlasov/72.htm Часть 1. От «пятой колонны» к «власовскому движению» Глава 1. Что такое «пятая колонна»… § 8. Разведывательно-диверсионные группы]</ref>.
En 1940, sous la direction de « l'émigration biélorusse de droite », il fut proposé au pouvoir allemand d'organiser l'activité des Biélorusses [[national-socialiste]]s. Cela comprenait la préparation des cadres spécialistes du sabotage, dans les rangs desquels se trouvaient des prisonniers de guerre de l'Armée polonaise, dans le but de les envoyer agir dans les territoires de l'[[URSS]]<ref>[http://ageofbook.com/historical/second-world-war/1459-pjataja-kolonna-gitlera-ot-kutepova-do-vlasova.html Смыслов О. С. «Пятая колонна» Гитлера. От Кутепова до Власова. М.: Вече, 2004.] — {{ISBN|5-9533-0322-X}} — [http://bibliotekar.ru/general-vlasov/72.htm Часть 1. От «пятой колонны» к «власовскому движению» Глава 1. Что такое «пятая колонна»… § 8. Разведывательно-диверсионные группы]</ref>.


Au printemps [[1941]], la formation de petites unités biélorusses commença. Dans l'effectif polonais du nom de [[Panzergrenadier division Brandenburg]] (Brandebourg 800), la {{1re}} section d'assaut se composait de 50 hommes. En même temps, les Allemands préparaient une section de parachutistes dans un groupe Varsovie-Biélorussie, dans les rangs de laquelle se trouvaient des anciens prisonniers biélorusses qui avaient fait partie de l'ex-armée polonaise.
Au printemps [[1941]], la formation de petites unités biélorusses commença. Dans l'effectif polonais du nom de [[Panzergrenadier division Brandenburg]] (Brandebourg 800), la {{1re|section}} d'assaut se composait de 50 hommes. En même temps, les Allemands préparaient une section de parachutistes dans un groupe Varsovie-Biélorussie, dans les rangs de laquelle se trouvaient des anciens prisonniers biélorusses qui avaient fait partie de l'ex-armée polonaise.


Parmi les missions des saboteurs, il faut porter au compte de ces unités : des actes de sabotage à l'arrière des troupes soviétiques proches, la liquidation physique de personnes et de chefs de commandement de l'[[Armée rouge]], la transmission de renseignements suite à des missions de reconnaissances, l'envoi d'informations par radio.
Parmi les missions des saboteurs, il faut porter au compte de ces unités : des actes de sabotage à l'arrière des troupes soviétiques proches, la liquidation physique de personnes et de chefs de commandement de l'[[Armée rouge]], la transmission de renseignements récupérés lors de missions de reconnaissances, l'envoi d'informations par radio, etc.


== À l'époque de l'occupation de la Biélorussie par les Allemands ==
== À l'époque de l'occupation de la Biélorussie par les Allemands ==


[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-2008-0042, Weißrussland, Minsk, Gebäude.jpg|thumb|Biélorussie, Minsk, [[Rada]] centrale biélorusse dans le [[Théâtre national académique de Biélorussie Yanka Kupala]]]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-2008-0042, Weißrussland, Minsk, Gebäude.jpg|thumb|Biélorussie, Minsk, [[Rada centrale biélorusse]] dans le [[Théâtre national académique de Biélorussie Ianka Koupala]]]]
Au moment de l'attaque, de la Biélorussie, par les armées hitlériennes ([[opération Barbarossa]] le 22 juin [[1941]]), arrivèrent sur le terrain de nouveaux acteurs du mouvement nationaliste biélorusse de l'immigration : Fabian Akintchin, Wladislas Koslovskiy ; les partisans du parti national-socialiste biélorusse, {{Lien|fr=Ivan Yermachenka|lang=en|trad=Ivan Yermachenka}}, Radoslaw Ostrovskiy et d'autres encore. Au début de la guerre, le développement de la collaboration se produisit lentement, ce qui s'explique par les succès des Allemands sur le front et, par conséquent, l'inutilité, à ce moment, pour les Allemands d'un développement des structures de collaboration. Le commandement allemand croyait en une victoire rapide sur le front Est et, par contre, ne croyait pas beaucoup en la possibilité de l'existence d'un peuple biélorusse se dotant d'un gouvernement national du fait de la faiblesse du sentiment d'appartenance ethnique<ref>[http://www.mfa.gov.by/rus/index.php?d=belarus&id=4 Сайт Министерства иностранных дел Белоруссии] — ссылка нерабочая</ref>. L'action des collaborateurs durant cette période consista à créer une infrastructure non-politique, parmi laquelle l'« Aide populaire biélorusse », créée le [[22 octobre]] [[1941]], dont l'objet officiel était de prendre soin de la protection de la santé, des questions d'enseignement, de culture et des problèmes sociaux en général.
Lors du déclenchement de l'[[opération Barbarossa]] le {{nobr|[[22 juin|22]] [[Juin 1941 (guerre mondiale)|juin 1941]]}}, de nouveaux acteurs du mouvement nationaliste biélorusse de l'immigration apparaissent : Fabian Akintchin, Wladislas Koslovskiy ; les partisans du parti national-socialiste biélorusse, {{Lien|trad=Ivan Yermachenka|lang=en|fr=Ivan Yermatchenka}}, [[Radoslav Ostrovski]] et d'autres encore. Au début de la guerre, le développement de la collaboration se produisit lentement, ce qui s'explique par les succès des Allemands sur le front et, par conséquent, l'inutilité, à ce moment, pour les Allemands d'un développement des structures de collaboration. Le commandement allemand croyait en une victoire rapide sur le front Est et, par contre, ne croyait pas beaucoup en la possibilité de l'existence d'un peuple biélorusse se dotant d'un gouvernement national, du fait de la faiblesse du sentiment d'appartenance ethnique<ref>[http://www.mfa.gov.by/rus/index.php?d=belarus&id=4 Сайт Министерства иностранных дел Белоруссии] — ссылка нерабочая</ref>. L'action des collaborateurs durant cette période consista à créer une infrastructure non politique, parmi laquelle l'« Aide populaire biélorusse », créée le {{nobr|[[22 octobre|22]] [[Octobre 1941 (guerre mondiale)|octobre 1941]]}}, dont l'objet officiel était de prendre soin de la protection de la santé, des questions d'enseignement, de culture et des problèmes sociaux en général.


Profitant de l'aide des collaborateurs biélorusses, les Allemands essayèrent d'utiliser les cadres instruits se trouvant dans les territoires qu'ils occupaient, pour leurs propres desseins. En juin [[1942]], ces cadres furent regroupés dans l'« Amicale des scientifiques biélorusses ». Le président d'honneur était le [[Gauleiter]] de Biélorussie [[Wilhelm Kube]]. Cependant le monde scientifique biélorusse boycotta le travail de cette amicale, et elle n'exista jamais que sur le papier<ref>Военные судьбы: Сотрудники АН Беларуси — участники Великой Отечественной войны. Сост. и авт. предисл. Токарев Н. В.; Под ред. Борисевича Н. А. — Мн.: Навука і тэхніка, 1995. — 89 с.</ref>. D'autres structures non-politiques de collaboration furent créées (« Ligue féminine », syndicats, etc.). En même temps, des tentatives furent entreprises pour créer un corps d'armée biélorusse de défense, mais celles-ci n'aboutirent pas du fait de l'opposition des forces armées allemandes et des [[Schutzstaffel|SS]]. La proclamation de sa création se fit en juin [[1942]] ; elle comprenait 3 divisions. Cependant environ 20 bataillons furent créés qui, finalement, ne furent pas équipés et qui, dès 1943, furent dissous. La tentative de créer une église autocéphale biélorusse dans le but de la séparer du [[Patriarcat (Église)|Patriarcat]] de [[Moscou]] fut également un échec.
Profitant de l'aide des collaborateurs biélorusses, les Allemands essayèrent d'utiliser les cadres instruits se trouvant dans les territoires qu'ils occupaient pour leurs propres desseins. En [[Juin 1942 (guerre mondiale)|juin 1942]], ces cadres furent regroupés dans l'« Amicale des scientifiques biélorusses ». Le président d'honneur était le [[Commissariat général de Ruthénie blanche|commissaire général]] [[Wilhelm Kube]]. Cependant, le monde scientifique biélorusse boycotta le travail de cette amicale, et elle n'exista jamais que sur papier<ref>Военные судьбы: Сотрудники АН Беларуси — участники Великой Отечественной войны. Сост. и авт. предисл. Токарев Н. В.; Под ред. Борисевича Н. А. — Мн.: Навука і тэхніка, 1995. — 89 с.</ref>. D'autres structures non politiques de collaboration furent créées (« Ligue féminine », syndicats, etc.). En même temps, des tentatives furent entreprises pour créer un corps d'armée biélorusse de défense, mais celles-ci n'aboutirent pas du fait de l'opposition des forces armées allemandes et des [[Schutzstaffel|SS]]. La proclamation de sa création se fit en juin [[1942]] ; elle comprenait 3 divisions. Cependant, environ 20 bataillons furent créés qui, finalement, ne furent pas équipés et qui, dès 1943, furent dissous. La tentative de créer une Église autocéphale biélorusse dans le but de la séparer du [[Patriarcat (Église)|Patriarcat]] de [[Moscou]] fut également un échec.


La situation, telle qu'elle se présentait en [[1943]], obligea le commandement allemand à revoir son attitude à l'égard du mouvement des collaborateurs. Ceci se produisit d'une manière significative grâce aux efforts du ministre des Territoires occupés de l'Est, {{Lien|fr=Alfred Rozenberg|lang=en|trad=Alfred Rozenberg}}, qui était partisan de la création d'une administration des collaborateurs. Le [[22 juin]] [[1943]], fut créé formellement le Conseil de la jeunesse biélorusse (СБМ), établi sur le modèle des [[jeunesses hitlériennes]] mais, en Biélorussie (en fait il existait depuis 1942). À l'initiative de [[Wilhelm Kube]] le {{Date|27|juin|1943}} fut proclamée la création d'une [[Rada]] biélorusse près le Commissariat général biélorusse. Cet organe présenta lui-même sa propre administration, dont la mission unique consistait à présenter aux forces d'occupation les souhaits et les projets de la population biélorusse. Le [[21 décembre]] [[1943]] à la place du [[Rada]] biélorusse, à l'initiative de [[Curt von Gottberg]] (nommé commissaire-général après l'assassinat de [[Wilhelm Kube]] par les partisans) fut créé la Rada centrale biélorusse (BCR-БЦР) sous domination allemande, dont {{Lien|fr=Radoslav Ostrovsky|lang=en|trad=Radasłaŭ Astroŭski}} (en biélorusse : Astrowski) ([[1887]]—[[1976]]), chef du district judiciaire de Minsk devint président. Les réalisations de la [[Rada]] biélorusse ne furent pas vraiment effectives, du fait qu'elle ne possédait pas de réel pouvoir politique (ce n'est qu'en matière de questions sociales de tutelle, en matière de culture et d'enseignement qu'il possédait le droit de prendre des décisions dont il était maître), mais ses membres s'en tinrent à des études générales de point de vues sur l'avenir de la Biélorussie et souvent ne connaissaient pas exactement les conditions précises de travail qui leur étaient assignées. C'est pourquoi, aux yeux de la population il ne possédait pas d'autorité. La Rada biélorusse, indirectement, était lié à des criminels de guerre — en particulier simplement par leur comportement moral vis-à-vis de la population<ref>[http://www.souz.co.il/clubs/read.html?article=3152&Club_ID=1%C2%A0%D0%A0%D0%BE%D0%B3%D0%B0%D1%87%D0%B5%D0%B2%D1%81%D0%BA%D0%B8%D0%B9 Рогачевский А. Л. Рецензия на книгу: Chiari B Alltag hinter der Front. Düsseldorf, 1998 // Правоведение, 2000. № 4. — С.255-259]</ref>.
La situation, telle qu'elle se présentait en [[1943]], obligea le commandement allemand à revoir son attitude à l'égard du mouvement des collaborateurs. Ceci se produisit d'une manière significative grâce aux efforts du [[Ministère du Reich aux Territoires occupés de l'Est|ministre des Territoires occupés de l'Est]], [[Alfred Rosenberg]], partisan de la création d'une administration locales confiée aux collaborateurs. Le {{nobr|[[22 juin|22]] [[Juin 1943 (guerre mondiale)|juin 1943]]}}, fut créé formellement le Conseil de la jeunesse biélorusse (СБМ), établi sur le modèle des [[jeunesses hitlériennes]], mais en Biélorussie (en fait il existait depuis 1942). À l'initiative de [[Wilhelm Kube]], le {{Date-|27 juin 1943}} fut proclamée la création d'une [[Rada]] biélorusse près le Commissariat général biélorusse. Cet organe présenta lui-même sa propre administration, dont la mission unique consistait à présenter aux forces d'occupation les souhaits et les projets de la population biélorusse. Le {{nobr|[[21 décembre|21]] [[Décembre 1943 (guerre mondiale)|décembre 1943]]}}, à la place de la [[Rada]] biélorusse, à l'initiative de [[Curt von Gottberg]] (nommé commissaire-général après l'assassinat de [[Wilhelm Kube]] par les partisans), fut créée la [[Rada centrale biélorusse]] (BCR-БЦР) sous domination allemande, dont [[Radoslav Ostrovski]] (en biélorusse : Astrowski) ([[1887]]—[[1976]]), chef du district judiciaire de Minsk, devint président. Rapidement, les occupants privent cette instance de tout pouvoir réel, se contentant de confier aux Biélorusses des compétences en matière de culture et d'enseignement, mais ses membres s'en tinrent à des études générales de point de vue sur l'avenir de la Biélorussie et souvent ne connaissaient pas exactement les conditions précises de travail qui leur étaient assignées. C'est pourquoi, aux yeux de la population, il ne possédait pas d'autorité. La Rada biélorusse, indirectement, était liée à des crimes de guerre — en particulier des nettoyages ethniques envers la population polonaise<ref>[http://www.souz.co.il/clubs/read.html?article=3152&Club_ID=1%C2%A0%D0%A0%D0%BE%D0%B3%D0%B0%D1%87%D0%B5%D0%B2%D1%81%D0%BA%D0%B8%D0%B9 Рогачевский А. Л. Рецензия на книгу: Chiari B Alltag hinter der Front. Düsseldorf, 1998 // Правоведение, 2000. № 4. — С.255-259]</ref>.
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-2004-230, Mogilew, einheimische Miliz.jpg|thumb|Moguilev, milice locale]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-2004-230, Mogilew, einheimische Miliz.jpg|thumb|Moguilev, milice locale]]
En Biélorussie occupée, furent édités un grand nombre de journaux et de revues de collaborateurs : ''Journal biélorusse - Беларуская газета'', ''Chasse - Пагоня'', ''Voix biélorusse -Biełaruski hołas'', ''Nouveau chemin - Новыя шлях'', etc. Ces journaux diffusaient l'antisémitisme, l'antisoviétisme et la propagande fasciste. Un article spécialement consacré au sujet, fut publié le 25 septembre 1943 après l'assassinat de [[Wilhelm Kube]] dans le ''Journal biélorusse'', par le rédacteur en chef du journal, Vladislav Koslovsky : « Le cœur se serre … Il (W. Kube) n'est plus parmi nous. Le général-commissaire [[Wilhelm Kube]] fut une des meilleurs amis, un des plus cordiaux… , qui pensait et parlait comme chaque nationaliste biélorusse… »<ref>[http://arche.bymedia.net/2-1999/canava.html Цанава Л. «Всенародная партийная война в Белоруссии против фашистских захватчиков». — Мн.: 1951]</ref>. Il faut remarquer que le général Wilhelm Kube fut le maître d'œuvre du [[ghetto de Minsk]] qui fit environ {{formatnum:100000}} victimes.
En Biélorussie occupée, furent édités un grand nombre de journaux et de revues de collaborateurs : ''Journal biélorusse - Беларуская газета'', ''Chasse - Пагоня'', ''Voix biélorusse - Biełaruski hołas'', ''Nouveau chemin - Новыя шлях'', etc. Ces journaux diffusaient l'antisémitisme, l'antisoviétisme et la propagande fasciste. Un article spécialement consacré au sujet fut publié le {{date|25 septembre 1943}}, après l'assassinat de [[Wilhelm Kube]], dans le ''Journal biélorusse'' par le rédacteur en chef du journal, Vladislav Koslovsky : « Le cœur se serre… Il (W. Kube) n'est plus parmi nous. Le commissaire général [[Wilhelm Kube]] fut un des meilleurs amis, un des plus cordiaux..., qui pensait et parlait comme chaque nationaliste biélorusse... »<ref>[http://arche.bymedia.net/2-1999/canava.html Цанава Л. «Всенародная партийная война в Белоруссии против фашистских захватчиков». — Мн.: 1951]</ref>. Il faut remarquer que le général Wilhelm Kube fut le maître d'œuvre du [[ghetto de Minsk]] qui fit environ {{formatnum:100000}} victimes.


Le [[23 février]] [[1944]] [[Curt von Gottberg]] commissaire-général en Biélorussie occupée, édicta un avis de création de la Défense du territoire biélorusse (BKO - БКО) — constituée de collaborateurs militaires, à la tête de laquelle fut nommé Franz Kouchel, qui confia à la Rada biélorusse le soin de mobiliser des troupes. La formation à la fin mars de 45 bataillons de Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) se réalisa, mais les hommes étaient mal armés. La discipline laissait toujours à désirer et il manquait d'officiers. Lorsque l'occupation toucha à sa fin, le BKO-БКО était utilisé pour la lutte contre les partisan, la défense de différents objectifs et des travaux agricoles. Parmi les actions les plus importantes de la Rada centrale biélorusse en vue de réaliser le programme militaire il faut compter : la réorganisation d'une partie de la Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) et le complètement des forces biélorusses par le recrutement de nouveaux soldats ; la création d'un contingent auxiliaire destiné à être intégré dans le système de défense de l'Allemagne ; l'organisation de mouvements contre les partisans soviétiques sur le territoire de la Biélorussie. Initialement il fut proposé de transformer la Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) en légion biélorusse. Dans le cadre de la préparation à cette réorganisation, en septembre [[1944]], à [[Berlin]], fut créé le premier bataillon cadre (422 personnes) sous le commandement du capitaine Piotr Kazatsky, qui était de réserve à l'école des cadres officiers. Pour suivre la formation de l'école d'artilleurs-anti-aérien, furent formés parmi les membres de l'« Union de la jeunesse biélorusse » des groupes de 2 à {{formatnum:5000}} hommes en qualité d'« auxiliaire PVO-ПВО » Au terme de leur formation, ils furent inclus dans une partie de la défense aérienne de [[Berlin]].
Le {{nobr|[[23 février|23]] [[Février 1944 (guerre mondiale)|février 1944]]}}, [[Curt von Gottberg]], commissaire-général en Biélorussie occupée, édicta un avis de création de la [[Défense du territoire biélorusse]] (BKO - БКО) — constituée de collaborateurs militaires, à la tête de laquelle fut nommé Franz Kouchel, qui confia à la Rada biélorusse le soin de mobiliser des troupes. La formation, à la fin mars, de 45 bataillons de Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) se réalisa, mais les hommes étaient mal armés. La discipline laissait toujours à désirer et il manquait d'officiers. Lorsque l'occupation toucha à sa fin, le BKO-БКО était utilisé pour la lutte contre les partisans, la défense de différents objectifs et des travaux agricoles. Parmi les actions les plus importantes de la Rada centrale biélorusse en vue de réaliser le programme militaire, il faut compter : la réorganisation d'une partie de la Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) et le complètement des forces biélorusses par le recrutement de nouveaux soldats ; la création d'un contingent auxiliaire destiné à être intégré dans le système de défense de l'Allemagne ; l'organisation de mouvements contre les partisans soviétiques sur le territoire de la Biélorussie. Initialement, il fut proposé de transformer la Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) en légion biélorusse. Dans le cadre de la préparation à cette réorganisation, en septembre [[1944]], à [[Berlin]], fut créé le premier bataillon cadre (422 personnes) sous le commandement du capitaine Piotr Kazatsky, qui était de réserve à l'école des cadres officiers. Pour suivre la formation de l'école d'artilleurs-anti-aérien, furent formés parmi les membres de l'« Union de la jeunesse biélorusse » des groupes de 2 à {{formatnum:5000}} hommes en qualité d'« auxiliaire PVO-ПВО ». Au terme de leur formation, ils furent inclus dans une partie de la défense aérienne de [[Berlin]].
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-1991-0206-506, Weißrussland, Minsk.jpg|thumb|left|Parade de la Défense du territoire biélorusse en face de la Maison du gouvernement de la république biélorusse, Minsk, juin 1944]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-1991-0206-506, Weißrussland, Minsk.jpg|thumb|left|Parade de la Défense du territoire biélorusse en face de la Maison du gouvernement de la république biélorusse, Minsk, juin 1944]]
Le[[27 juin]] [[1944]] se tint à Minsk le Deuxième Congrès pour toute la Biélorussie auquel prirent part la plupart des leaders collaborateurs. Le Congrès fut organisé à l'époque l'[[Armée rouge]] se rapprochait de [[Minsk]] dans le cadre de l'[[opération Bagration]][[1944]]. Les décisions suivantes furent prises au Congrès : La Rada centrale biélorusse (BCR-БЦР) représentait le seul gouvernement légal de Biélorussie ; le Congrès exprimait son soutien total au [[Troisième Reich]]. Des plans de sabotages anti-soviétiques et des opérations contre les partisans furent étudiés pour le cas ou les troupes allemandes viendraient à faire défaut sur le territoire biélorusse.
Le {{nobr|[[27 juin|27]] [[Juin 1944 (guerre mondiale)|juin 1944]]}} se tint à Minsk le Deuxième Congrès pour toute la Biélorussie auquel prirent part la plupart des leaders collaborateurs, alors que Minsk est directement menacée par l'[[Armée rouge]], engagée dans la libération du territoire biélorusse dans le cadre de l'[[Opération Bagration|opération ''Bagration'']]. Les décisions suivantes furent prises au Congrès : La Rada centrale biélorusse (BCR-БЦР) représentait le seul gouvernement légal de Biélorussie ; le Congrès exprimait son soutien total au [[Troisième Reich]]. Des plans de sabotages anti-soviétiques et des opérations contre les partisans furent étudiés pour le cas les troupes allemandes viendraient à se retirer du territoire biélorusse.


S.Pozdniak [[Позняк, Зенон Станиславович|З. Позняк]] donna cette appréciation à propos de cet évènement<ref>[http://www.bielarus.net/archives/2004/08/10/79 Пазьняк З. Беларуска-расейская вайна]</ref> :
[[Zianon Pazniak]] donna cette appréciation à propos de cet évènement<ref>[http://www.bielarus.net/archives/2004/08/10/79 Пазьняк З. Беларуска-расейская вайна]</ref> :


{{Début citation}}L'invincibilité de la Biélorussie et l'idée nationale biélorusse a été attestée en cette époque de la Seconde Guerre mondiale. De 1941 à 1944 La Biélorussie centrale (dans laquelle était active l'administration civile allemande sous la direction de [[Wilhelm Kube]]) a connu un puissant renforcement national. Cela étonne beaucoup les bolchéviques et rend Moscou rageuse. Avec le retour des soviétiques en Biélorussie ce seront des centaines de milliers de biélorusses conscients de ce qu'ils font, qui émigreront à l'Ouest.{{Fin citation}}
{{Début citation}}L'invincibilité de la Biélorussie et l'idée nationale biélorusse a été attestée en cette époque de la Seconde Guerre mondiale. De 1941 à 1944, la Biélorussie centrale (dans laquelle était active l'administration civile allemande sous la direction de [[Wilhelm Kube]]) a connu un puissant renforcement national. Cela étonne beaucoup les bolcheviques et rend Moscou rageuse. Avec le retour des Soviétiques en Biélorussie, ce seront des centaines de milliers de Biélorusses conscients de ce qu'ils font, qui émigreront à l'Ouest.{{Fin citation}}


=== Bataillon biélorusse Schutzmannschaft ===
=== Bataillon biélorusse Schutzmannschaft ===
{{Article détaillé|Police auxiliaire biélorusse}}
[[Schutzmannschaft]] (abrégé en {{lang-de|Schuma}}) « commando de protection », petite unité initialement destinée à aider au maintien de l'ordre la police du [[Troisième Reich]] dans les territoires occupés du Reich, détachements punitifs, destinés à agir dans l'urgence sous commandement allemand en lieu et place d'autres forces allemandes. Ils étaient constitués par des membres de la population locale et des militaires. Plus tard, une partie de ceux-ci fut transférée dans des unités [[Sicherheitsdienst]] (SD) et [[Schutzstaffel]] (SS). L'examen de la vie dans le ghettos juifs de Biélorussie (dans le [[Ghetto de Moguilev]], par exemple) permet de se rendre compte des besognes qui étaient assignées à ces collaborateurs<ref name=autogenerated4>Gerlach, Ch. ''Kalkulierte morde. Die deutsche Wirtschafts und Vernichtungspolitik in Weißrussland 1941 bis 1944.'' — Hambourg, 1999. — {{p|588}}—590.</ref>. Il faut rappeler que le nombre des victimes juives s'éleva en Biélorussie à près de {{formatnum:800000}} morts.
[[Schutzmannschaft]] (abrégé en {{lang-de|Schuma}} ; « commando de protection ») est une petite unité initialement destinée à aider au maintien de l'ordre la police du [[Troisième Reich]] dans les territoires occupés du Reich, des détachements punitifs, destinés à agir dans l'urgence sous commandement allemand en lieu et place d'autres forces allemandes. Ils étaient constitués par des membres de la population locale et des militaires. Plus tard, une partie de ceux-ci fut transférée dans des unités [[Sicherheitsdienst]] (SD) et [[Schutzstaffel]] (SS). L'examen de la vie dans les ghettos juifs de Biélorussie (dans le [[ghetto de Moguilev]], par exemple) permet de se rendre compte des besognes qui étaient assignées à ces collaborateurs<ref name=autogenerated4>Gerlach, Ch. ''Kalkulierte morde. Die deutsche Wirtschafts und Vernichtungspolitik in Weißrussland 1941 bis 1944.'' — Hambourg, 1999. — {{p.|588}}—590.</ref>. Il faut rappeler que le nombre des victimes juives s'éleva en Biélorussie à près de {{nombre|800000|morts}}.


== La collaboration après la libération de la Biélorussie ==
== La collaboration après la libération de la Biélorussie ==


Dès la fin du Congrès, pour toute la Biélorussie, fin juin [[1944]] commença l'évacuation des dirigeants et des formateurs des collaborateurs du [[Troisième Reich]], vers l'étranger d'où ils continuèrent leurs actions. En juillet-août [[1944]] la Rada centrale biélorusse (BCP-БЦР) ordonna le déplacement du centre de formation [[Abwehr]] à {{Lien|fr=Dalvits|lang=ru|trad=Дальвиц}} (en allemand : Dallwitz) еn [[Prusse orientale]], lequel reçu de grands renforts de bataillons de la Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) qui évacuaient. Dans les premiers jours d'avril [[1945]], fut obtenu l'accord des représentants des services spéciaux du [[Troisième Reich]] dirigés par le [[Sturmbannführer]] [[Schutzstaffel|SS]] [[Otto Skorzeny]] sur le déploiement dans cette base de Dallwits d'un bataillon biélorusse dénommé le bataillon « Dallwitz » qui comptait de 700 à 800 hommes. En outre sur ordre du reichfhürer [[Schutzstaffel|SS]] [[Heinrich Himmler]] fut créée la {{30e}} division de grenadiers [[Schutzstaffel|SS]] dénommée aussi brigade d'assaut [[Schutzstaffel|SS]] « Belarus ». Jazep Sazic joua un grand rôle dans la formation de cette unité (Jazep Sazic - Сажич, Иосиф fut de 1982 à 1997, président de la [[République populaire biélorusse]] en exil), en transférant vers cette brigade [[Schutzstaffel|SS]], 101 étudiants de l'école des jeunes officiers. Le 30 avril [[1945]] la division se rendit aux forces américaines.
Fin juin [[1944]], dès la fin du Congrès, pour toute la Biélorussie, commença l'évacuation des dirigeants et des formateurs des collaborateurs du [[Troisième Reich]] vers l'étranger, d'où ils continuèrent leurs actions. En juillet-août [[1944]], la Rada centrale biélorusse (BCP-БЦР) ordonna le déplacement du centre de formation [[Abwehr]] à {{Lien|trad=Dallwitz (Ostpr.)|lang=de|fr=Dalvits}} (en allemand : Dallwitz) en [[province de Prusse-Orientale]], lequel reçut un renfort significatif de bataillons de la Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) qui évacuaient. Dans les premiers jours d'avril [[1945]] fut obtenu l'accord des représentants des services spéciaux du [[Troisième Reich]] dirigés par le [[Sturmbannführer]] [[Schutzstaffel|SS]] [[Otto Skorzeny]] sur le déploiement dans cette base de Dallwits d'un bataillon biélorusse dénommé le bataillon « Dallwitz », qui comptait de 700 à 800 hommes. En outre, sur ordre du reichfhürer [[Schutzstaffel|SS]] [[Heinrich Himmler]], fut créée la {{30e}} division de grenadiers [[Schutzstaffel|SS]] dénommée aussi brigade d'assaut [[Schutzstaffel|SS]] « Belarus ». Jazep Sazic joua un grand rôle dans la formation de cette unité (Jazep Sazic - Сажич, Иосиф - fut, de 1982 à 1997, président de la [[République populaire biélorusse]] en exil), en transférant vers cette brigade [[Schutzstaffel|SS]] 101 étudiants de l'école des jeunes officiers. Le 30 avril [[1945]], la division se rendit aux forces américaines.


Après la fin de la guerre, la plupart des dirigeants des mouvements de collaborateurs partirent aux [[États-Unis]] (parmi eux, {{Lien|fr=Radoslav Ostrovsky|lang=en|trad=Radasłaŭ Astroŭski}})(en biélorusse : Astrowski), dans les pays d'[[Europe occidentale]] et en [[Australie]], où ils créèrent des organisations nationalistes biélorusses. Certains incorporèrent des mouvements existants investis dans la lutte contre l'[[URSS]]. D'autres représentants de ces mouvements biélorusses de collaborateurs ont travaillé avec la [[CIA]]<ref>При задержании в 1953 году заброшенного в Белоруссию агента ЦРУ [[Филистович, Иван Андреевич|Ивана Филистовича]], у него было обнаружено удостоверение представителя «правительства» Белорусской Народной Республики, подписанное её «президентом» Николаем Абрамчиком.</ref>, et ont participé aux opérations clandestines menées par celle-ci contre les Soviétiques : {{Lien|fr=Michael Vitouchko|lang=en|trad=Michał Vituška}} et encore Ivan Filistovitch.
Après la fin de la guerre, la plupart des dirigeants des mouvements de collaborateurs partirent aux [[États-Unis]] (parmi eux, [[Radoslav Ostrovski]]), dans les pays d'[[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]] et en [[Australie]], où ils créèrent des organisations nationalistes biélorusses. Certains incorporèrent des mouvements existants investis dans la lutte contre l'[[URSS]]. D'autres représentants de ces mouvements biélorusses de collaborateurs ont travaillé avec la [[CIA]]<ref>При задержании в 1953 году заброшенного в Белоруссию агента ЦРУ [[Филистович, Иван Андреевич|Ивана Филистовича]], у него было обнаружено удостоверение представителя «правительства» Белорусской Народной Республики, подписанное её «президентом» Николаем Абрамчиком.</ref>, et ont participé aux opérations clandestines menées par celle-ci contre les Soviétiques, [[Mikhal Vitouchka]] ou encore Ivan Filistovitch.


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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* [[Ghetto de Minsk]]
* [[Ghetto de Minsk]]
* [[Armée Vlassov]]
* [[Armée Vlassov]]
* [[Police auxiliaire biélorusse]]


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Marchesin|lien auteur1=|titre=La Biélorussie|sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|éditeur=Karthala|lien éditeur=|collection=|lieu=|année=2006|volume=|tome=|pages totales=|passage=|isbn=|consulté le=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Marchesin|titre=La Biélorussie|éditeur=Karthala|collection=Méridiens, voyages et découverte.|année=2006|pages totales=160|isbn=978-2-84586-811-3|oclc=coll|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=e4mUTWF26YoC&printsec=frontcover}}
*{{fr}} Raul Hilberg : ''La Destruction des Juifs d'Europe I''. Éditions Gallimard. 2006. {{ISBN|978-2-07-030984-9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Raul|nom1=Hilberg|traducteur=Marie-France de Paloméra, André Charpentier et Pierre-Emmanuel Dauzat|titre=La destruction des juifs d'Europe|volume=2|éditeur=Gallimard|collection=Folio/histoire|lieu=Paris|année=2006|pages totales=896|isbn=978-2-07-030984-9|oclc=76879740}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Virginie|nom1=Symaniec|titre=La construction idéologique slave orientale langues, races et nations dans la Russie du XIXe siècle|éditeur=Éd. Pétra|collection=Sociétés et cultures post-soviétiques en mouvement.|lieu=Paris|année=2012|pages totales=633|isbn=978-2-84743-045-5|issn=1954-8796|oclc=778422047}}.
* (fr) ''La Construction idéologique slave-oriental'', Virginie Symianec, édition Petra 2012, ISBN 978-2-84743-045-5/ISSN 1654-8796.
* (fr) Christian Baechler, ''Guerre et Exterminations à l'Est, Hitler et la conquête de l'espace vital'', 1933-1945, Taillandier, 2012, 524 p., ISBN 978-2-84734-906-1.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christian|nom1=Baechler|lien auteur1=Christian Baechler|titre=Guerre et exterminations à l'Est : Hitler et la conquête de l'espace vital 1933-1945|éditeur=Tallandier|collection=Hors collection|lieu=Paris|année=2016|pages totales=523|isbn=978-2-84734-900-9|isbn2=978-2-847-34906-1|oclc=944886258}}.
* (fr) Henry Bogdan ''Histoire des peuples de l'ex-URSS du {{IXe}} à nos jours'', Édition Perrin à Paris -1993 ISBN {{formatnum:2262009406}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Henry|nom1=Bogdan|titre=Histoire des peuples de l'ex-URSS|sous-titre=du IXe siècle à nos jours|éditeur=Perrin|lieu=Paris|année=1993|pages=442|isbn=978-2-262-00940-3|oclc=469093336}}
* (fr) ''La Russie et la barrière de l'Est'', Jacques Bainville, Éditions Librairie Plon-Paris -1937
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Bainville|titre=La Russie et la barrière de l'Est|éditeur=Éditions d'histoire et d'art|année=1944|consulté le=2018-02-01}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Virginie|nom1=Symaniec|auteur2=Alexandra Goujon|titre=Parlons biélorussien|sous-titre=langue et culture|éditeur=L'Harmattan|collection="Parlons."|lieu=Paris|année=1997|pages totales=380|pages=380|isbn=978-2-7384-5844-5|oclc=38162494|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=XLVHn7nmBRYC&printsec=frontcover|id=Virginie_SymaniecAlexandra_Goujon}}
* (fr) ''Parlons biélorussien-Langues et culture'', Virginie Symaniec et Alexandra Goujon, Édition l'Harmattan, Paris 1997 ISBN 2 7384 5844 0
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pascal|nom1=Colrat|lien auteur2=Michel Wlassikoff|titre=Signes de la Biélorussie|éditeur=Textuel|lieu=Paris|année=2002|isbn=978-2-84597-052-6|oclc=49865571}}.
* (fr) ''Signes de la Biélorussie'', Michel Wlassikoff, éd. Textuel, 2002.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alexandra|nom1=Goujon|directeur1=oui|auteur2=Jean-Charles Lallemand|directeur2=oui|auteur3=Virginie Symaniec|directeur3=oui|titre=Chroniques sur la Biélorussie contemporaine|éditeur=L'Harmattan|collection=Biélorussie|lieu=Paris Montréal (Québec) Budapest|année=2001|pages totales=349|isbn=978-2-7475-0341-9|oclc=51566708|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=jfzOuIe6p8IC&pg=PP1}}.
* (fr) ''Chroniques sur la Biélorussie contemporaine'', Jean-Charles Lallemand, Virginie Symaniec, Alexandra Goujon, éd. L'Harmattan, 2003.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Witt|nom1=Raczka|titre=Aux confins de l'Europe de l'Est itinéraires entre la nostalgie et la révolte, entre la mémoire et l'espoir|volume=1|titre volume=Les rivages baltiques au pied des Carpates|éditeur=L'Harmattan|collection=Mare Balticum|lieu=Paris|année=2009|pages totales=513|isbn=978-2-296-10883-7|oclc=785636585|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=UQileL50oDwC&printsec=frontcover}}
* (fr) ''Aux confins de l'Europe de l'Est'', Witte Raczka, édition L'Harmattan, 2009 ISBN 978-2-296-10883-7
* (fr) ''Juifs et Polonais 1938-2008'', Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, édition Albin Michel, ISBN 978-2-226-18705-5
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Charles Szurek|directeur1=oui|auteur2=Annette Wieviorka|directeur2=oui|titre=Juifs et Polonais 1939-2008|éditeur=Albin Michel|lieu=Paris|année=2009|pages totales=524|isbn=978-2-226-18705-5|oclc=804781413}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Harald|nom1=Welzer|lien auteur1=Harald Welzer|traducteur=Bernard Lortholary|titre=Les exécuteurs : des hommes normaux aux meurtriers de masse|éditeur=Gallimard|collection=NRF essais|lieu=Paris|année=2007|pages totales=354|isbn=978-2-07-077941-3|oclc=182850992}}
* (fr) ''Les Exécuteurs'', Harald Welzer (traduit de l'allemand par B. Lortholary) NRF- essais-Gallimard 2007, ISBN 978-2-07-077941-3
* (be) Беларусь у Вялікай Айчыннай вайне, 1941—1945 гг. Энцыклапедыя. — Мн.: 1990
* (be) Беларусь у Вялікай Айчыннай вайне, 1941—1945 гг. Энцыклапедыя. — Мн.: 1990
* (ru) Залесский К. А.: Кто был кто в ВМВ ?
* (ru) Залесский К. А.: Кто был кто в ВМВ ?
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* (ru) ''Романько О. В.'' Коричневые тени в Полесье. Белоруссия 1941-1945 / ''О. В. Романько''. – М.: Вече, 2008. – 432 с.: ил. – (Военные тайны XX века). (Les secrets de guerre du {{s-|XX}})
* (ru) ''Романько О. В.'' Коричневые тени в Полесье. Белоруссия 1941-1945 / ''О. В. Романько''. – М.: Вече, 2008. – 432 с.: ил. – (Военные тайны XX века). (Les secrets de guerre du {{s-|XX}})


== Liens ==
== Liens externes ==
* « Rada » [http://www.radabnr.org/en/index.html?statuth.html?statutm.html?statuttext.htm www.radabnr.org]
* (en) [http://belarusdigest.com/story/why-belarus-missing-world-war-ii-history-9168 Belarus digest; ''Why Belarus is missing in World War II history?'', by Siarhei Bohdan]
* (en) [http://belarusdigest.com/story/why-belarus-missing-world-war-ii-history-9168 Belarus digest; ''Why Belarus is missing in World War II history?'', by Siarhei Bohdan]
* [http://archives.gov.by/vov/kolobr.htm Список фондов белорусского коллаборационизма в Национальном архиве Белоруссии] (liste du fond biélorusse sur la collaboration dans les archives nationales de Biélorussie)
* [http://archives.gov.by/vov/kolobr.htm Список фондов белорусского коллаборационизма в Национальном архиве Белоруссии] (liste du fond biélorusse sur la collaboration dans les archives nationales de Biélorussie)
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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{{Références|colonnes=}}

== références externes ==
* « Rada » [http://www.radabnr.org/en/index.html?statuth.html?statutm.html?statuttext.htm www.radabnr.org]


{{Traduction/Référence|ru|Белорусский коллаборационизм во Второй мировой войне|57678849}}
{{Traduction/Référence|ru|Белорусский коллаборационизм во Второй мировой войне|57678849}}
{{Portail|nazisme|Seconde Guerre mondiale|Biélorussie}}
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[[Catégorie:Nazisme]]
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[[Catégorie:Collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale|Collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale]]
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[[Catégorie:Occupation de l'Union soviétique par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale]]
[[Catégorie:Histoire de la Biélorussie pendant la Seconde Guerre mondiale]]

Dernière version du 15 juin 2024 à 10:08

La collaboration biélorusse pendant la Seconde Guerre mondiale — dans son acception historiographique soviétique et russe, signifie la collaboration politique, économique et militaire avec les forces d'occupation allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale sur le territoire de la Biélorussie.

Rzeczpospolita 1938 à l'ouest et Russie à l'est : division de la Biélorussie
Biélorussie-carte depuis 1991

Fondements[modifier | modifier le code]

Comme la plupart des pays d'Europe occupés, la Biélorussie n'a pas échappé au problème de la collaboration avec le Troisième Reich. La quête d'une identité nationale protégée et respectée ainsi que la protection de sa langue nationale (le biélorusse) ont contribué de manière importante dans le choix de collaborer[1]. S'est ajoutée à cela la haine du système politique bolchevique. La conjugaison de ces deux facteurs doit être analysée.

Un travail de mémoire a déjà été réalisé par les historiens des pays de l'est et surtout par la communauté juive en ce qui concerne la Shoah. Celui-ci a pu se développer depuis l'ouverture des archives des pays de l'ex-URSS après la Perestroïka.

La dénomination russe de « collaborationniste » remplace l'ancienne terminologie communiste de « traître » (en russe предатель)[réf. nécessaire]. Ce n'est pas un détail, mais un des signes que les temps ont changé depuis 1991 et la dislocation de l'URSS.[évasif]

Biélorussie orientale[modifier | modifier le code]

Dans le courant du dernier quart du XIXe siècle se développa un discours nationaliste biélorusse autour de l'idée d'autonomie linguistique et nationale[2]. Le passage de ce discours à des actes de collaboration durant la Seconde Guerre mondiale, 50 ans plus tard, résulte du mécontentement d'une partie de la population par rapport au pouvoir soviétique dans la partie orientale du pays depuis la Révolution d'octobre 1917.

Lénine avait parmi ses objectifs la protection des cultures[3] et des langues, dont notamment la langue biélorusse. Toutefois, quelques années après l'arrivée de Staline au pouvoir (en 1922), vers la fin des années 1920, l'attitude de ce dernier s'inversa et il contraignit les Biélorusses à renoncer à leur langue et à n'utiliser que la langue russe. L'œuvre dramatique et poétique de Yanka Koupala (pseudonyme d'Ivan Loutsévitch) qui s'exprimait d'une manière critique tant par rapport aux annexions polonaises que vis-à-vis du chauvinisme russe est de plus en plus souvent interdite par la censure[4].

Les Polonais, pour éviter toute velléité séparatiste, adoptent d'ailleurs les mêmes règles dans la partie occidentale en imposant leur langue polonaise[5]. La langue biélorusse n'est plus enseignée dans les écoles : elle risque de disparaître au profit de la seule langue russe. En 1933, parler biélorussien devient un signe de « nationalisme bourgeois », des réformes de la langue tendent à la rapprocher du russe, mais la bannissent de toutes les institutions. En 1938, le russe est réintroduit dans les écoles en tant que langue obligatoire[1].

Biélorussie occidentale[modifier | modifier le code]

Des causes plus proches chronologiquement des années de guerre ont joué un rôle important dans le choix de la collaboration : la réaction des populations à l'encontre des répressions de masse et de la soviétisation forcée dans la Biélorussie occidentale cette fois, rattachée à l'URSS depuis 1939 seulement.

D'autres acteurs que les dirigeants soviétiques sont intervenus dans ce choix de la collaboration au sein même de la population biélorusse : l'action des représentants de la République populaire biélorusse, et celle de groupes d'opposants catholiques (surtout dans la partie occidentale du pays) sous l'action notamment d'un prêtre catholique, Vincent Godlievski (en), tous fort hostiles au bolchévisme. Mais encore les Allemands eux-mêmes qui ont réussi à faire croire aux Biélorusses que le Troisième Reich leur réservait un rôle plus important que celui qu'il leur avait assigné en réalité. Les Allemands pratiquent par ailleurs une politique de soutien aux indépendantistes biélorusses, notamment par la réhabilitation de la langue biélorussienne dans les écoles[6].

Des raisons d'ordre plus général sont intervenues également : la grande instabilité politique du pays entre 1918 et 1939, l'absence d'émergence d'un gouvernement national fort, l'intervention de pouvoirs extérieurs au pays ou aux régions avec des visions politiques et culturelles fort divergentes, les partages multiples de territoires et finalement, la guerre elle-même qui place la Biélorussie entre deux grandes puissances hostiles.

Alexandre Soljenitsyne, dans L'Archipel du Goulag, insiste, en s'appuyant sur de nombreux cas concrets, sur l'espoir, - de courte durée - qu'a fait naître dans le cœur de nombreux Soviétiques l'arrivée des troupes allemandes[7]. Beaucoup de Soviétiques, au nombre duquel les Biélorusses, en 1941, attendaient avec impatience la chute du régime stalinien[8].

Développement du nationalisme biélorusse après la Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

La période chaotique que va connaître la Biélorussie entre la Première et la Seconde Guerre mondiale explique probablement le besoin de sa population de trouver un pouvoir politique auquel se raccrocher ; soit à l'intérieur du pays, soit à l’extérieur ; à l'est ou à l'ouest. Les péripéties de l'histoire du pays à cette époque expliquent que le choix n'était pas facile et que beaucoup étaient partagés. De toute manière, ces régions étaient envahies et la fuite était pratiquement impossible. Cette situation n'était pas unique dans son histoire puisque le pays a toujours été convoité et placé entre des forces politiques puissantes : Lituanie, Prusse, Pologne, Allemagne, Russie. Il a par contre toujours conservé ses spécificités linguistiques et culturelles : malgré leur taille réduite, ces régions ont toujours connu un partage linguistique entre plusieurs langues (biélorusse, russe, polonais, lituanien), et plusieurs religions (orthodoxe, juive, catholique, uniate). Par ailleurs, de nombreuses rectifications de frontières ont fait passer des villes importantes, des régions entières d'une République dans une autre (c'est le cas, par exemple, de Smolensk, de Vitebsk, de Minsk, de Bialystok).

La révolution russe d'octobre 1917 a entraîné l'installation d'un régime « léniniste » à Petrograd. Pour la Biélorussie, les conséquences vont se suivre politiquement, militairement et administrativement à un rythme très rapide :

  • Le 3 mars 1918 est signé le traité de Brest-Litovsk qui fait passer la partie occidentale de la Biélorussie de l'administration russe à l'administration allemande. Ce traité représentait des concessions importantes de la part des Russes en vue d'obtenir la paix avec l'Allemagne. La paix avec l'Allemagne est une des rares promesses que les bolchéviques avaient tenues, et c'est cette promesse pacifiste qui avait rendu possible le coup d'État de Lénine[9]. La partie orientale et septentrionale (avec les villes de Minsk, Vitebsk, Moguilev, Gomel, Mazyr) reste toutefois sous contrôle soviétique. Par contre, les villes et provinces autour de Brest, Grodno (Hrodna), Pinsk ou Baranavitchy passent sous contrôle allemand.
  • Dès le est proclamée la République populaire biélorusse. Il s'agit du premier état indépendant créé en Biélorussie (il faudra attendre le pour que le pays déclare à nouveau sa souveraineté nationale).
  • Le , les Soviétiques envahissent la partie occidentale de la Biélorussie et l'occupent à nouveau.
Gouvernement de la République populaire biélorusse 1918

La République populaire biélorusse n'a jamais pu établir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire, tant fut brève la période durant laquelle elle aurait pu le faire : du au soit 7 mois et 24 jours. Il faut remarquer que cette République populaire biélorusse n'a jamais cessé d'exister, mais en exil jusqu'à ce jour 2013 et en tout cas, aux yeux de ses partisans : depuis 1997, la Présidente de la Rada biélorusse en exil est Ivonka Survilla (elle réside à Toronto[10]).

Une fois occupée à nouveau par les Russes (Soviétiques) en fin , la Biélorussie sera à nouveau soviétique jusqu'en , soit pendant un peu plus de deux ans, durant lesquels vont se succéder les entités politiques suivantes : République socialiste fédérative soviétique de Russie (partie orientale) et République socialiste soviétique de Lituanie, qui formèrent ensuite la République socialiste soviétique lituano-biélorusse surnommée Litbel, puis encore la République socialiste soviétique biélorusse. Pendant cette succession de régimes, la République populaire biélorusse continuait malgré tout d'exister.

Soldats russes et allemands fraternisent lors du partage de la Biélorussie en septembre 1939
  • Le 1er septembre 1939, les troupes d'Hitler envahissent la Pologne, en ce compris les territoires biélorusses de l'ouest qui en font partie. Toutefois, en vertu des clauses secrètes du Pacte germano-soviétique du , la Pologne est partagée et la zone occidentale actuellement biélorusse passe sous contrôle soviétique. Après 20 ans de vie sous régime polonais, les Biélorusses voient réapparaître ce que beaucoup considèrent comme le spectre du bolchévisme. Pour moins de deux ans seulement : le , Hitler s'attaque à l'Union soviétique, au mépris des clauses du pacte secret signé avec Staline en 1939. Les Biélorusses de la partie occidentale du pays sont alors libérés des Soviétiques pour tomber sous le joug des Allemands.
Sceau de l'époque de la République populaire biélorusse 1918

Attitude des Juifs[modifier | modifier le code]

La population juive représentait une minorité importante en Biélorussie en 1939 : lors de la réunion de la partie polonaise à l'URSS, la population totale des deux parties du pays (orientale et occidentale) représentait environ 9 050 000 habitants[11]. Les populations juives représentaient pour la partie occidentale environ 550 000 habitants et pour la partie orientale 400 000 habitants[12]. Les Juifs représentaient donc 10,5 % de la population totale soit 950 000 habitants. Étant donné les changements du tracé des frontières, le problème des réfugiés venus de Pologne, la fuite d'autres vers la Russie, ces chiffres sont approximatifs.

Il faut évoquer la situation des Juifs par rapport à la collaboration, mais dans le sens inverse de celui des autres biélorusses. À la fin de l'occupation allemande, la population juive aura été pratiquement complètement exterminée par les occupants.

Dès l'invasion de la Pologne par les Allemands, en septembre 1939, la peur des nazis va pousser les Juifs vers les Soviétiques : tout autre pouvoir que le nazisme leur semblait meilleur, mais pas l'anarchie[13]. C'était une attitude de moindre mal, mais il ne faut pas négliger que beaucoup d'entre eux étaient sincèrement pro-bolchévique. La présence de grandes personnalités d'origine juive au sein du mouvement révolutionnaire européen (Marx, Liebknecht, Rosa Luxemburg) et du pouvoir politique de l'époque ou dans le passé (Karl Radek, Trotsky, Grigori Zinoviev) leur donnait plus de réconfort psychologique et d'espoir. Une collaboration des Juifs avec les Soviétiques s'instaura après l'invasion de la Pologne et prit des formes diverses[14]. Les Bolcheviks les encourageaient dans ce sens. Par contre, les Polonais pourchassés par les Allemands prirent plus d'une fois tous les Juifs rencontrés sur le chemin de la retraite pour des collaborateurs bolchéviques et les tuèrent sur-le-champ[15]. Mais la Pologne est surtout le « pays témoin » du génocide[16]. Il faut toutefois signaler, deux ans après l'invasion, le cas du massacre de Jedwabne en , au cours duquel la population juive d'un village fut assassinée selon certaines sources par la population polonaise, encouragée par les Allemands, selon d'autres par les Einsatzgruppen allemands eux-mêmes. La raison du massacre aurait été la collaboration juive avec les Soviétiques durant les années 1939 à 1941 au détriment des Polonais. Depuis l'année 2000, un débat public s'est déroulé et la version officielle admet aujourd'hui la responsabilité des Polonais de Jedwabe[17].

En septembre 1939, des milliers d'habitants de Pologne centrale et occidentale prirent la fuite vers les territoires de l'Est : les Juifs constituaient les deux tiers de ce groupe, qui comptait environ 300 000 personnes. Dès le début de l'occupation de la Pologne, l'afflux de réfugiés arrivant de Pologne centrale vers l'Est inquiéta le pouvoir soviétique. Une commission germano-soviétique se créa pour gérer la question, et l'enthousiasme de la plupart des réfugiés retomba assez vite[18].

Deux ans plus tard, en septembre 1941 commença la Shoah en Biélorussie, avec la création de près de 300 ghettos juifs sur le territoire oriental et occidental de la Biélorussie occupée. Fuir ces ghettos était presque impossible : les Juifs n'étaient pas souvent acceptés parmi les groupes de résistants, étaient traqués par les Allemands quand ils se cachaient dans les forêts et étaient parfois dénoncés par les habitants hors du ghetto. Toutefois, les Juifs développèrent leurs propres réseaux de partisans juifs, comme le groupe de « partisans Bielski ». Le mouvement Bund joua également un rôle important dans la résistance juive contre la nazisme.

Raul Hilberg signale par contre qu'en Biélorussie, l'Einsatzgruppe B observa que la population n'était tout simplement pas en état d'agir de son propre gré contre les Juifs. Il existait bien des sentiments de haine et de colère, mais pas d'antisémitisme déclaré[19].

Préparatifs de la collaboration avant le début de la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

La préparation des Biélorusses collaborateurs avec le Troisième Reich commença vers la fin des années trente, quand au Ministère des affaires intérieures du Troisième Reich fut créée une représentation biélorusse — d'abord à Berlin, et ensuite, dans d'autres villes du Troisième Reich. Ils s'occupaient de la diffusion et du recrutement, désirant témoigner leur soutien au Troisième Reich dans la résolution du problème biélorusse. Ainsi, le troisième président de la République populaire biélorusse (BNR) en exil, Vasiliy Ivanovitch Sakharka, écrivit un rapport sur la situation politique, économique et culturelle de la Biélorussie, mais aussi un mémorandum à l'adresse d'Hitler avec l'assurance de son soutien. En outre, un comité biélorusse d'aide et d'organisation recrutait activement des membres parmi les Biélorusses vivant dans le Troisième Reich en Allemagne. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, le commandement allemand créa à Varsovie et à Biała Podlaska, en Pologne, des bases pour envoyer des agents biélorusses sur le territoire de l'URSS. À Berlin, dans le camp de Vystavy[Lequel ?], parmi les membres des mouvements nationalistes furent organisés des cours de propagandes et de traduction en vue d'actions biélorusses après les changements de pouvoirs.

Avant l'attaque contre l'URSS[modifier | modifier le code]

En 1940, sous la direction de « l'émigration biélorusse de droite », il fut proposé au pouvoir allemand d'organiser l'activité des Biélorusses national-socialistes. Cela comprenait la préparation des cadres spécialistes du sabotage, dans les rangs desquels se trouvaient des prisonniers de guerre de l'Armée polonaise, dans le but de les envoyer agir dans les territoires de l'URSS[20].

Au printemps 1941, la formation de petites unités biélorusses commença. Dans l'effectif polonais du nom de Panzergrenadier division Brandenburg (Brandebourg 800), la 1re section d'assaut se composait de 50 hommes. En même temps, les Allemands préparaient une section de parachutistes dans un groupe Varsovie-Biélorussie, dans les rangs de laquelle se trouvaient des anciens prisonniers biélorusses qui avaient fait partie de l'ex-armée polonaise.

Parmi les missions des saboteurs, il faut porter au compte de ces unités : des actes de sabotage à l'arrière des troupes soviétiques proches, la liquidation physique de personnes et de chefs de commandement de l'Armée rouge, la transmission de renseignements récupérés lors de missions de reconnaissances, l'envoi d'informations par radio, etc.

À l'époque de l'occupation de la Biélorussie par les Allemands[modifier | modifier le code]

Biélorussie, Minsk, Rada centrale biélorusse dans le Théâtre national académique de Biélorussie Ianka Koupala

Lors du déclenchement de l'opération Barbarossa le 22 juin 1941, de nouveaux acteurs du mouvement nationaliste biélorusse de l'immigration apparaissent : Fabian Akintchin, Wladislas Koslovskiy ; les partisans du parti national-socialiste biélorusse, Ivan Yermatchenka (en), Radoslav Ostrovski et d'autres encore. Au début de la guerre, le développement de la collaboration se produisit lentement, ce qui s'explique par les succès des Allemands sur le front et, par conséquent, l'inutilité, à ce moment, pour les Allemands d'un développement des structures de collaboration. Le commandement allemand croyait en une victoire rapide sur le front Est et, par contre, ne croyait pas beaucoup en la possibilité de l'existence d'un peuple biélorusse se dotant d'un gouvernement national, du fait de la faiblesse du sentiment d'appartenance ethnique[21]. L'action des collaborateurs durant cette période consista à créer une infrastructure non politique, parmi laquelle l'« Aide populaire biélorusse », créée le 22 octobre 1941, dont l'objet officiel était de prendre soin de la protection de la santé, des questions d'enseignement, de culture et des problèmes sociaux en général.

Profitant de l'aide des collaborateurs biélorusses, les Allemands essayèrent d'utiliser les cadres instruits se trouvant dans les territoires qu'ils occupaient pour leurs propres desseins. En juin 1942, ces cadres furent regroupés dans l'« Amicale des scientifiques biélorusses ». Le président d'honneur était le commissaire général Wilhelm Kube. Cependant, le monde scientifique biélorusse boycotta le travail de cette amicale, et elle n'exista jamais que sur papier[22]. D'autres structures non politiques de collaboration furent créées (« Ligue féminine », syndicats, etc.). En même temps, des tentatives furent entreprises pour créer un corps d'armée biélorusse de défense, mais celles-ci n'aboutirent pas du fait de l'opposition des forces armées allemandes et des SS. La proclamation de sa création se fit en juin 1942 ; elle comprenait 3 divisions. Cependant, environ 20 bataillons furent créés qui, finalement, ne furent pas équipés et qui, dès 1943, furent dissous. La tentative de créer une Église autocéphale biélorusse dans le but de la séparer du Patriarcat de Moscou fut également un échec.

La situation, telle qu'elle se présentait en 1943, obligea le commandement allemand à revoir son attitude à l'égard du mouvement des collaborateurs. Ceci se produisit d'une manière significative grâce aux efforts du ministre des Territoires occupés de l'Est, Alfred Rosenberg, partisan de la création d'une administration locales confiée aux collaborateurs. Le 22 juin 1943, fut créé formellement le Conseil de la jeunesse biélorusse (СБМ), établi sur le modèle des jeunesses hitlériennes, mais en Biélorussie (en fait il existait depuis 1942). À l'initiative de Wilhelm Kube, le fut proclamée la création d'une Rada biélorusse près le Commissariat général biélorusse. Cet organe présenta lui-même sa propre administration, dont la mission unique consistait à présenter aux forces d'occupation les souhaits et les projets de la population biélorusse. Le 21 décembre 1943, à la place de la Rada biélorusse, à l'initiative de Curt von Gottberg (nommé commissaire-général après l'assassinat de Wilhelm Kube par les partisans), fut créée la Rada centrale biélorusse (BCR-БЦР) sous domination allemande, dont Radoslav Ostrovski (en biélorusse : Astrowski) (18871976), chef du district judiciaire de Minsk, devint président. Rapidement, les occupants privent cette instance de tout pouvoir réel, se contentant de confier aux Biélorusses des compétences en matière de culture et d'enseignement, mais ses membres s'en tinrent à des études générales de point de vue sur l'avenir de la Biélorussie et souvent ne connaissaient pas exactement les conditions précises de travail qui leur étaient assignées. C'est pourquoi, aux yeux de la population, il ne possédait pas d'autorité. La Rada biélorusse, indirectement, était liée à des crimes de guerre — en particulier des nettoyages ethniques envers la population polonaise[23].

Moguilev, milice locale

En Biélorussie occupée, furent édités un grand nombre de journaux et de revues de collaborateurs : Journal biélorusse - Беларуская газета, Chasse - Пагоня, Voix biélorusse - Biełaruski hołas, Nouveau chemin - Новыя шлях, etc. Ces journaux diffusaient l'antisémitisme, l'antisoviétisme et la propagande fasciste. Un article spécialement consacré au sujet fut publié le , après l'assassinat de Wilhelm Kube, dans le Journal biélorusse par le rédacteur en chef du journal, Vladislav Koslovsky : « Le cœur se serre… Il (W. Kube) n'est plus parmi nous. Le commissaire général Wilhelm Kube fut un des meilleurs amis, un des plus cordiaux..., qui pensait et parlait comme chaque nationaliste biélorusse... »[24]. Il faut remarquer que le général Wilhelm Kube fut le maître d'œuvre du ghetto de Minsk qui fit environ 100 000 victimes.

Le 23 février 1944, Curt von Gottberg, commissaire-général en Biélorussie occupée, édicta un avis de création de la Défense du territoire biélorusse (BKO - БКО) — constituée de collaborateurs militaires, à la tête de laquelle fut nommé Franz Kouchel, qui confia à la Rada biélorusse le soin de mobiliser des troupes. La formation, à la fin mars, de 45 bataillons de Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) se réalisa, mais les hommes étaient mal armés. La discipline laissait toujours à désirer et il manquait d'officiers. Lorsque l'occupation toucha à sa fin, le BKO-БКО était utilisé pour la lutte contre les partisans, la défense de différents objectifs et des travaux agricoles. Parmi les actions les plus importantes de la Rada centrale biélorusse en vue de réaliser le programme militaire, il faut compter : la réorganisation d'une partie de la Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) et le complètement des forces biélorusses par le recrutement de nouveaux soldats ; la création d'un contingent auxiliaire destiné à être intégré dans le système de défense de l'Allemagne ; l'organisation de mouvements contre les partisans soviétiques sur le territoire de la Biélorussie. Initialement, il fut proposé de transformer la Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) en légion biélorusse. Dans le cadre de la préparation à cette réorganisation, en septembre 1944, à Berlin, fut créé le premier bataillon cadre (422 personnes) sous le commandement du capitaine Piotr Kazatsky, qui était de réserve à l'école des cadres officiers. Pour suivre la formation de l'école d'artilleurs-anti-aérien, furent formés parmi les membres de l'« Union de la jeunesse biélorusse » des groupes de 2 à 5 000 hommes en qualité d'« auxiliaire PVO-ПВО ». Au terme de leur formation, ils furent inclus dans une partie de la défense aérienne de Berlin.

Parade de la Défense du territoire biélorusse en face de la Maison du gouvernement de la république biélorusse, Minsk, juin 1944

Le 27 juin 1944 se tint à Minsk le Deuxième Congrès pour toute la Biélorussie auquel prirent part la plupart des leaders collaborateurs, alors que Minsk est directement menacée par l'Armée rouge, engagée dans la libération du territoire biélorusse dans le cadre de l'opération Bagration. Les décisions suivantes furent prises au Congrès : La Rada centrale biélorusse (BCR-БЦР) représentait le seul gouvernement légal de Biélorussie ; le Congrès exprimait son soutien total au Troisième Reich. Des plans de sabotages anti-soviétiques et des opérations contre les partisans furent étudiés pour le cas où les troupes allemandes viendraient à se retirer du territoire biélorusse.

Zianon Pazniak donna cette appréciation à propos de cet évènement[25] :

« L'invincibilité de la Biélorussie et l'idée nationale biélorusse a été attestée en cette époque de la Seconde Guerre mondiale. De 1941 à 1944, la Biélorussie centrale (dans laquelle était active l'administration civile allemande sous la direction de Wilhelm Kube) a connu un puissant renforcement national. Cela étonne beaucoup les bolcheviques et rend Moscou rageuse. Avec le retour des Soviétiques en Biélorussie, ce seront des centaines de milliers de Biélorusses conscients de ce qu'ils font, qui émigreront à l'Ouest. »

Bataillon biélorusse Schutzmannschaft[modifier | modifier le code]

Schutzmannschaft (abrégé en allemand : Schuma ; « commando de protection ») est une petite unité initialement destinée à aider au maintien de l'ordre la police du Troisième Reich dans les territoires occupés du Reich, des détachements punitifs, destinés à agir dans l'urgence sous commandement allemand en lieu et place d'autres forces allemandes. Ils étaient constitués par des membres de la population locale et des militaires. Plus tard, une partie de ceux-ci fut transférée dans des unités Sicherheitsdienst (SD) et Schutzstaffel (SS). L'examen de la vie dans les ghettos juifs de Biélorussie (dans le ghetto de Moguilev, par exemple) permet de se rendre compte des besognes qui étaient assignées à ces collaborateurs[26]. Il faut rappeler que le nombre des victimes juives s'éleva en Biélorussie à près de 800 000 morts.

La collaboration après la libération de la Biélorussie[modifier | modifier le code]

Fin juin 1944, dès la fin du Congrès, pour toute la Biélorussie, commença l'évacuation des dirigeants et des formateurs des collaborateurs du Troisième Reich vers l'étranger, d'où ils continuèrent leurs actions. En juillet-août 1944, la Rada centrale biélorusse (BCP-БЦР) ordonna le déplacement du centre de formation Abwehr à Dalvits (de) (en allemand : Dallwitz) en province de Prusse-Orientale, lequel reçut un renfort significatif de bataillons de la Défense du territoire biélorusse (BKO-БКО) qui évacuaient. Dans les premiers jours d'avril 1945 fut obtenu l'accord des représentants des services spéciaux du Troisième Reich dirigés par le Sturmbannführer SS Otto Skorzeny sur le déploiement dans cette base de Dallwits d'un bataillon biélorusse dénommé le bataillon « Dallwitz », qui comptait de 700 à 800 hommes. En outre, sur ordre du reichfhürer SS Heinrich Himmler, fut créée la 30e division de grenadiers SS dénommée aussi brigade d'assaut SS « Belarus ». Jazep Sazic joua un grand rôle dans la formation de cette unité (Jazep Sazic - Сажич, Иосиф - fut, de 1982 à 1997, président de la République populaire biélorusse en exil), en transférant vers cette brigade SS 101 étudiants de l'école des jeunes officiers. Le 30 avril 1945, la division se rendit aux forces américaines.

Après la fin de la guerre, la plupart des dirigeants des mouvements de collaborateurs partirent aux États-Unis (parmi eux, Radoslav Ostrovski), dans les pays d'Europe occidentale et en Australie, où ils créèrent des organisations nationalistes biélorusses. Certains incorporèrent des mouvements existants investis dans la lutte contre l'URSS. D'autres représentants de ces mouvements biélorusses de collaborateurs ont travaillé avec la CIA[27], et ont participé aux opérations clandestines menées par celle-ci contre les Soviétiques, Mikhal Vitouchka ou encore Ivan Filistovitch.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • Raul Hilberg (trad. Marie-France de Paloméra, André Charpentier et Pierre-Emmanuel Dauzat), La destruction des juifs d'Europe, vol. 2, Paris, Gallimard, coll. « Folio/histoire », , 896 p. (ISBN 978-2-07-030984-9, OCLC 76879740).
  • Virginie Symaniec, La construction idéologique slave orientale langues, races et nations dans la Russie du XIXe siècle, Paris, Éd. Pétra, coll. « Sociétés et cultures post-soviétiques en mouvement. », , 633 p. (ISBN 978-2-84743-045-5, ISSN 1954-8796, OCLC 778422047).
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  • Jacques Bainville, La Russie et la barrière de l'Est, Éditions d'histoire et d'art,
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  • Pascal Colrat, Signes de la Biélorussie, Paris, Textuel, (ISBN 978-2-84597-052-6, OCLC 49865571).
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  • Witt Raczka, Aux confins de l'Europe de l'Est itinéraires entre la nostalgie et la révolte, entre la mémoire et l'espoir, vol. 1 : Les rivages baltiques au pied des Carpates, Paris, L'Harmattan, coll. « Mare Balticum », , 513 p. (ISBN 978-2-296-10883-7, OCLC 785636585, lire en ligne)
  • Jean-Charles Szurek (dir.) et Annette Wieviorka (dir.), Juifs et Polonais 1939-2008, Paris, Albin Michel, , 524 p. (ISBN 978-2-226-18705-5, OCLC 804781413)
  • Harald Welzer (trad. de l'allemand par Bernard Lortholary), Les exécuteurs : des hommes normaux aux meurtriers de masse, Paris, Gallimard, coll. « NRF essais », , 354 p. (ISBN 978-2-07-077941-3, OCLC 182850992)
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Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Virginie Symaniec Alexandra Goujon.
  2. Virginie Symaniec 2012, p. 556.
  3. Henry Bogdan 1993, p. 187.
  4. Witt Raczka 2009, p. 200.
  5. Philippe Marchesin, op. cit., p. 25
  6. Virginie Symaniec Alexandra Goujon, p. 31 et ss.
  7. A.Soljenitsyne, L'Archipel du goulag. Paris, éd. Seuil, p. 25 et ss
  8. Henry Bogdan 1993, p. 250
  9. Jacques Bainville, « La Russie et la barrière de l'est ». Ed Plon 1943. p. 100 et ss.
  10. Les statuts actuels de la Rada à Toronto.
  11. Henry Bogdan 1993, p. 238.
  12. Virginie Symaniec Alexandra Goujon, p. 38
  13. Andrzej Zbikowski : Le début de la Seconde Guerre mondiale dans le témoignage de réfugiés juifs (Biezency) des confins de l'Est de la Pologne (Kresy) dans l'ouvrage collectif sous la direction de Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka : Juifs et Polonais 1939-2008 ; éditeur Albin Michel Bibliothèque, Histoire. Janvier 2009. page 96. (ISBN 978-2-226-18705-5)
  14. Andrzej Zbikowski : Le Début de la Seconde Guerre mondiale dans le témoignage de réfugiés juifs (Biezency) des confins de l'est de la Pologne (Kresy) dans l'ouvrage collectif sous la direction de Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka : Juifs et Polonais 1939-2008 ; éditeur Albin Michel Bibliothèque, Histoire. Janvier 2009. page 96 et ss. (ISBN 978-2-226-18705-5).
  15. Witt Raczka, « Aux confins de l'Europe de l'Est », L'Harmattan, 2009. p. 242-243
  16. Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, « Juifs et Polonais ». Ed Albin Michel, Paris, 2009, p. 10
  17. Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, Juifs et Polonais. Éd Albin Michel, Paris, 2009, p. 480
  18. Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka, Juifs et Polonais. Éd Albin Michel, Paris, 2009, p. 98-99
  19. Raul Hilberg : La Destruction des Juifs d'Europe I. Éditions Gallimard. 2006. p. 557 et p. 558
  20. Смыслов О. С. «Пятая колонна» Гитлера. От Кутепова до Власова. М.: Вече, 2004.(ISBN 5-9533-0322-X)Часть 1. От «пятой колонны» к «власовскому движению» Глава 1. Что такое «пятая колонна»… § 8. Разведывательно-диверсионные группы
  21. Сайт Министерства иностранных дел Белоруссии — ссылка нерабочая
  22. Военные судьбы: Сотрудники АН Беларуси — участники Великой Отечественной войны. Сост. и авт. предисл. Токарев Н. В.; Под ред. Борисевича Н. А. — Мн.: Навука і тэхніка, 1995. — 89 с.
  23. Рогачевский А. Л. Рецензия на книгу: Chiari B Alltag hinter der Front. Düsseldorf, 1998 // Правоведение, 2000. № 4. — С.255-259
  24. Цанава Л. «Всенародная партийная война в Белоруссии против фашистских захватчиков». — Мн.: 1951
  25. Пазьняк З. Беларуска-расейская вайна
  26. Gerlach, Ch. Kalkulierte morde. Die deutsche Wirtschafts und Vernichtungspolitik in Weißrussland 1941 bis 1944. — Hambourg, 1999. — p. 588—590.
  27. При задержании в 1953 году заброшенного в Белоруссию агента ЦРУ Ивана Филистовича, у него было обнаружено удостоверение представителя «правительства» Белорусской Народной Республики, подписанное её «президентом» Николаем Абрамчиком.