Aller au contenu

« Ersatzheer » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Orth., Typo., remplacement: sont organisé → sont organisés, typos fixed: 1er → {{1er}}, , → , , A → À avec AWB
faute de frappe
 
(27 versions intermédiaires par 13 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
L’'''Ersatzheer''', terme allemand que l'on peut traduire par « Armée de terre de remplacement », était l'une des deux composantes de l'Armée de terre allemande (la [[Heer de la Wehrmacht|Heer]]) après la [[mobilisation]], l'autre étant la Feldheer, l'Armée de campagne (c'est-à-dire les unités combattantes). Cette division est importante pour comprendre le système de fonctionnement de la Heer durant la guerre.
{{Titre mis en forme|''Ersatzheer''}}

L''''Ersatzheer, ''' terme allemand que l'on peut traduire par'' Armée de remplacement,'' était l'une des deux composantes de l'Armée de terre, la [[Wehrmacht Heer]], après la [[mobilisation]], l'autre étant le ''Feldheer'', l'Armée de campagne, soit les unités combattantes. Cette double division est importante pour comprendre le système de fonctionnement de la [[Wehrmacht Heer]] durant la guerre.


== Historique ==
== Historique ==
L'''Ersatzheer'' existait déjà du temps de l'[[Armée impériale allemande]] et fut mise en place lors de la [[Première Guerre mondiale]]. Elle fut déployée sur tout le Reich et comprenait les autorités de commandement et d'administration, les unités de formation et les unités de la garde territoriale.
L'Ersatzheer existait déjà du temps de l'[[Armée impériale allemande]] et fut mise en place lors de la [[Première Guerre mondiale]]. Elle fut déployée sur tout le Reich et comprenait les autorités de commandement et d'administration, les unités de formation et les unités de la garde territoriale.


Au cours de la Seconde Guerre mondiale, de 1941 à 1943, l'Armée de remplacement se compose de plus de deux millions de soldats cantonnés en Allemagne. Au fur et à mesure des besoins de la guerre, ses soldats sont de plus en plus engagés sur le front ou utilisé comme force d'occupation.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, de 1941 à 1943, l'Armée de terre de remplacement se compose de plus de deux millions de soldats cantonnés en Allemagne. Au fur et à mesure des besoins de la guerre, ces soldats sont de plus en plus engagés sur le front ou utilisés comme force d'occupation.


=== Le rôle de l'Ersatzheer lors de l'attentat contre Hitler du 20 juillet 1944 ===
=== Le rôle de l'Ersatzheer lors de l'attentat contre Hitler du 20 juillet 1944 ===
Les organisateurs de l'[[attentat contre Hitler du 20 juillet 1944]], nombreux dans l'état-major de cette armée, s’étaient servi de l'Armée de remplacement, mise en état d'alerte, pour s'assurer le contrôle de divers lieux stratégiques du Reich. Après l’échec de l'attentat, [[Adolf Hitler]] confia le commandement de l'Ersatzheer à [[Heinrich Himmler]], alors qu'il vient de se voir confier l'instruction des nouvelles divisions<ref name="Ker48">{{harvsp|texte= Ian Kershaw, ''La Fin''|p=48|réf=Ker|}}</ref>, Hitler juge que les officiers de l'armée de terre ne sont plus dignes de confiance. Après un bref simulacre de commandement, Himmler est remplacé dans les faits par le ''SS-Obergruppenführer'' [[Hans Jüttner]]. Le {{nobr|25 septembre 1944}}, est publié le décret d'Hitler créant le ''[[Volkssturm]]'', sous la direction de la ''Wehrmacht''. Dans les heures qui suivent l'échec de la tentative de Putsch, Himmler, nouveau commandant en chef de cette armée<ref name="Ker64">{{harvsp|texte= Ian Kershaw, ''La Fin''|p=64|réf=Ker|}}</ref>, annule les ordres données par Friedrich Fromm, et peuple le commandement de l'armée de réserve d'officiers SS, faisant de Hans Jüttner, l'un de ses subordonnés directs et futur commandant de cette armée, son adjoint, le nommant chef d'état-major<ref name="Lon675">{{harvsp|texte=Longerich, ''Himmler''|p=675|réf=Lon}}</ref>. Dès le 21 juillet, il s'adresse aux officiers de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}} afin de rappeler sa conception de l'organisation de l'armée<ref name="Ker65">{{harvsp|texte= Ian Kershaw, ''La Fin''|p=65|réf=Ker|}}</ref>.
Les organisateurs de l'[[complot du 20 juillet 1944|attentat contre Hitler du {{date-|20 juillet 1944}}]], nombreux dans l'état-major de cette armée, se sont servis de l'Armée de remplacement, mise en état d'alerte, pour s'assurer le contrôle de divers lieux stratégiques du Reich. Après l’échec de l'attentat, [[Adolf Hitler]] confie le commandement de l'Ersatzheer à [[Heinrich Himmler]], alors qu'il vient de se voir confier l'instruction des nouvelles divisions{{sfn|Kershaw|2012|p=48}} ; Hitler juge que les officiers de l'Armée de terre ne sont plus dignes de confiance. Après un bref simulacre de commandement, Himmler est remplacé dans les faits par le SS-''[[Obergruppenführer]]'' [[Hans Jüttner]]. Le {{nobr|[[25 septembre|25]] [[Septembre 1944 (guerre mondiale)|septembre 1944]]}}, est publié le décret de Hitler créant le [[Volkssturm]], sous la direction de la Wehrmacht. Dans les heures qui suivent l'échec de la tentative de putsch, Himmler, nouveau commandant en chef de cette Armée{{sfn|Kershaw|2012|p=64}}, annule les ordres donnés par [[Friedrich Fromm]], et peuple le commandement de l'Armée de réserve d'officiers SS, faisant de Hans Jüttner (l'un de ses subordonnés directs et futur commandant de cette Armée), son adjoint, en le nommant chef d'état-major{{sfn|Longerich|2010|p=675}}. Dès le {{date-|21 juillet 1944-}}, il s'adresse aux officiers de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}} afin de rappeler sa conception de l'organisation de l'armée{{sfn|Kershaw|2012|p=65}}.


== La mise en place de l'''Ersatzheer'' ==
== La mise en place de l'Ersatzheer ==
Lors de la mobilisation, le 27 août 1939, conformément au plan conçu durant la dernière partie du mois de juin de la même année, l'armée de terre allemande est scindée en deux catégories. Chacune des unités devra exécuter des tâches différentes durant la guerre. La première composante est chargée uniquement des opérations militaires et est appelée : la ''Feld-heer'' ou l’armée (de terre) de campagne ; l'autre composante est chargée de la conscription et de la formation des soldats, de l'administration des zones militaires à intérieures du Reich et plus tard dans divers zones occupées, elle est appelée : l'''Ersatz-heer'' ou armée (de terre) de remplacement. Son état-major général est le ''Chef der Heeresrustung und Befehlshaber des Ersatzheeres'' dirigé pendant quelques jours par le général Joachim von Stülpnagel, puis à partir du {{1er}} septembre par le général [[Friedrich Fromm]]. Cet état-major est responsable de l'entretien du matériel militaire, de l'équipement des soldats l'armée de terre, de l'envoi de unités vers le front, de la formation de nouvelles recrues et du bon approvisionnement en matériel des unités de la Feldheer.
{{refsou|Lors de la mobilisation, le {{date-|27 août 1939}}, conformément au plan conçu durant la dernière partie du mois de juin de la même année, l'Armée de terre allemande est scindée en deux catégories. Chacune des unités doit exécuter des tâches différentes durant la guerre. La première composante est chargée uniquement des opérations militaires et est appelée : la Feldheer ou l’Armée de terre de campagne ; l'autre composante est chargée de la conscription et de la formation des soldats, de l'administration des zones militaires à l'intérieur du Reich et plus tard dans divers zones occupées, elle est appelée : l'Ersatzheer ou Armée de terre de remplacement. Son chef d’état-major général est le ''Chef der Heeresrustung und Befehlshaber des Ersatzheeres'', pendant quelques jours le général Joachim von Stülpnagel, puis à partir du {{date-|1er septembre 1939-}} le général [[Friedrich Fromm]]. Cet état-major est responsable de l'entretien du matériel militaire, de l'équipement des soldats l'Armée de terre, de l'envoi des unités vers le front, de la formation de nouvelles recrues et du bon approvisionnement en matériel des unités de la Feldheer.


À la même période, fin août 1939, chaque [[Région militaire (Allemagne)|Wehrkreis]] est placés sous le commandement d'un militaire qui contrôle les unités de réserve, les installations en dur de l'armée (casernes et autres infrastructures), la conscription et le système de mise en place des unités réserves. Ce nouveau poste de commandement du Wehrkreis est appelé : ''Stellvertretender Kommandierender und General Befehlshaber im Wehrkreis'' (Commandant-adjoint et général directeur de la région militaire).
À la même époque, à fin {{date-|août 1939}}, chaque [[Région militaire (Allemagne)|''Wehrkreis'']] est placée sous le commandement d'un militaire qui contrôle les unités de réserve, les installations « en dur » de l'armée (casernes et autres infrastructures), la conscription et le système de mise en place des unités de réserve. Ce nouveau poste de commandement du ''Wehrkreis'' est appelé : ''Stellvertretender Kommandierender und General Befehlshaber im Wehrkreis'' (commandant-adjoint et général directeur de la région militaire).


De l'autre côté, les unités d'active de l'armée de terre sont organisées en armées (''Armeen'') ; c'est un nouveau échelon administratif et tactique qui n'existait pas en temps de paix. Les armées, sont à leur tour placées sous le contrôle tactique d'un groupe d'armées (''Heeres-Gruppen'') qui est responsable directement pour la conduite des opérations militaire devant l'OKH.
De l'autre côté, les unités d'active de l'Armée de terre sont organisées en armées (''Armeen'') ; c'est un nouvel échelon administratif et tactique qui n'existait pas en temps de paix. Les armées, sont à leur tour placées sous le contrôle tactique d'un groupe d'armées (''Heeres-Gruppen'') qui est responsable directement de la conduite des opérations militaire devant l'OKH.


Aux échelons inférieurs, chaque unité qui prend le chemin du front en 1939 laisse derrière elle dans sa région militaire d'origine une unité qui est son unité de remplacement ('''Ersatz-einheit'''). Un régiment d'infanterie, par exemple, laissera derrière en réserve, un bataillon d'infanterie de réserve portant le même numéro ; cette petite unité aura la charge d'expédier les unités nouvellement créés vers le front et quand c'est nécessaire réceptionner les unités du front lorsqu'elles celles-ci envoient par exemple ses blessés vers les hôpitaux.
Aux échelons inférieurs, chaque unité qui prend le chemin du front en 1939 laisse derrière elle dans sa région militaire d'origine une unité qui est son unité de remplacement (Ersatzeinheit). Un régiment d'infanterie, par exemple, laissera derrière en réserve, un bataillon d'infanterie de réserve portant le même numéro ; cette petite unité aura la charge d'expédier les unités nouvellement créés vers le front et quand c'est nécessaire réceptionner les unités du front lorsqu'elles celles-ci envoient par exemple ses blessés vers les hôpitaux.}}


=== Organisation ===
=== Organisation ===
==== Conscription ====
==== Conscription ====


Cette fonction qui concerne les trois branches des forces armées, est supervisée par le Bureau militaire du remplacement (''Wehrersatzamt'') du Commandement suprême (''[[OKW]]''). À partir du 2 [[Seconde Guerre mondiale : aout 1944|août 1944]], Himmler impulse une politique de ratissage des services administratifs de la [[Wehrmacht]] et de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}}, parvenant, avec [[Goebbels]] et [[Albert Speer|Speer]], chacun dans leur domaines de compétences, à mobiliser près de {{Formatnum:500000}} hommes pour le front<ref name="Ker67">{{harvsp|texte= Ian Kershaw, ''La Fin''|p=67|réf=Ker|}}</ref>.
Cette fonction qui concerne les trois branches des forces armées, est supervisée par le Bureau militaire du remplacement (''Wehrersatzamt'') du Haut Commandement de la Wehrmacht ([[Oberkommando der Wehrmacht|OKW]]). À partir du {{nobr|[[2 août|2]] [[Août 1944 (guerre mondiale)|août 1944]]}}, Himmler impulse une politique de ratissage des services administratifs de la [[Wehrmacht]] et de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}}, parvenant, avec [[Joseph Goebbels|Goebbels]] et [[Albert Speer|Speer]], chacun dans leur domaines de compétences, à mobiliser près de {{Formatnum:500000}} hommes pour le front{{sfn|Kershaw|2012|p=67}}.


==== Instruction ====
==== Instruction ====
Ligne 29 : Ligne 27 :
L'instruction de l'Ersatzheer se décompose en deux parties, une instruction militaire classique, et une instruction idéologique.
L'instruction de l'Ersatzheer se décompose en deux parties, une instruction militaire classique, et une instruction idéologique.


La formation et l'instruction militaires, à l'exception de celle des troupes blindées, est supervisée par le général [[Walter Kuntze]] en qualité de Directeur de la formation de l'Armée de remplacement (''Chef des Ausbildungswesens im Ersatzheer''). L'instruction des troupes blindées est contrôlée par le général [[Heinz Guderian]] en sa qualité d'Inspecteur Général des troupes blindées (''Generalinspekteur der Panzertruppe'').
{{refsou|La formation et l'instruction militaires, à l'exception de celle des troupes blindées, est supervisée par le général [[Walter Kuntze]] en qualité de directeur de la formation de l'Armée de remplacement (''Chef des Ausbildungswesens im Ersatzheer''). L'instruction des troupes blindées est contrôlée par le général [[Heinz Guderian]] en sa qualité d'inspecteur général des troupes blindées (''Generalinspekteur der Panzertruppe'').}}


À cette instruction militaire s'ajoute une instruction idéologique, confiée le 15 juillet à Himmler par Hitler en personne, qui le signifie brutalement à [[Friedrich Fromm|Fromm]] lors de l'entretien durant l'après-midi<ref name="Lon673" />.
À cette instruction militaire s'ajoute une instruction idéologique, confiée le {{nobr|[[15 juillet|15]] [[Juillet 1944 (guerre mondiale)|juillet]]}} à Himmler par Hitler en personne, qui le signifie brutalement à [[Friedrich Fromm|Fromm]] lors de l'entretien durant l'après-midi{{sfn|Longerich|2010|p=673}}.


===== Inspections militaires =====
===== Inspections militaires =====
Sous l'autorité du général Kuntze se trouvent les Inspections militaires des différentes armes (''Waffeninspekteure''). Ces Inspections sont regroupées sous le nom de ''Waffeninspektionen''.
{{refsou|Sous l'autorité du général Kuntze se trouvent les Inspections militaires des différentes armes (''Waffeninspekteure''). Ces Inspections sont regroupées sous le nom de ''Waffeninspektionen''.


Ce sont :
Ce sont :
Ligne 52 : Ligne 50 :
* l'inspection de la médecine humaine (S)
* l'inspection de la médecine humaine (S)
* l'inspection de la médecine vétérinaire (V)
* l'inspection de la médecine vétérinaire (V)
* l'inspection des munitions (Fz).
* l'inspection des munitions (Fz).}}


==== Remplacement ====
==== Remplacement ====
Le remplacement des pertes subies au front va vite devenir une fonction importante. Elle est sous la responsabilité du général [[Friedrich Fromm|Fromm]] qui la délègue aux districts militaires (''[[Wehrkreis]]''). Cependant, une décision de [[Hitler]] du [[15 juillet|15]] [[Seconde Guerre mondiale : juillet 1944|juillet 1944]] place les nouvelles unités en cours de constitution sous le contrôle administratif de [[Heinrich Himmler|Himmler]]<ref name="Lon673">{{harvsp|texte=Longerich, ''Himmler''|p=673|réf=Lon}}</ref>.
Le remplacement des pertes subies au front va vite devenir une fonction importante. Elle est sous la responsabilité du général [[Friedrich Fromm|Fromm]] qui la délègue aux districts militaires (''[[Wehrkreis]]''). Cependant, une décision de [[Adolf Hitler|Hitler]] du [[15 juillet|15]] [[Seconde Guerre mondiale : juillet 1944|juillet 1944]] place les nouvelles unités en cours de constitution sous le contrôle administratif de [[Heinrich Himmler|Himmler]]{{sfn|Longerich|2010|p=673}}.


Dans certains cas, les unités d'instruction et de remplacement sont combinées (en Alsace et en Lorraine).
Dans certains cas, les unités d'instruction et de remplacement sont combinées (en [[Alsace]] et en [[Lorraine]]).


==== Compétences ====
==== Compétences ====


Existante dès les années 1930, cette armée se voit confier la responsabilité des prisonniers de guerre alliés, capturés depuis les premières opérations<ref name="Lon676">{{harvsp|texte=Longerich, ''Himmler''|p=676|réf=Lon}}</ref>.
Existante dès les années 1930, cette Armée se voit confier la responsabilité des prisonniers de guerre alliés, capturés depuis les premières opérations{{sfn|Longerich|2010|p=676}}.


À la fin de l'été 1944, lors de la tournée d'inspection faite par Himmler, alors commandant en chef de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}}, sur le [[Front de l'Ouest (Seconde Guerre mondiale)|front de l'Ouest]], alors que ce dernier est investi de la mission de tenir le front, dans un contexte de désertions massives, la décision de déployer des unités de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}} pour faire office de [[Gendarmerie|gendarmerie militaire]], est prise afin d'empêcher les désertions de plus en plus massives<ref name="Lon685">{{harvsp|texte=Longerich, ''Himmler''|p=685|réf=Lon}}</ref>.
À la fin de l'été 1944, lors de la tournée d'inspection faite par Himmler, alors commandant en chef de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}}, sur le [[Front de l'Ouest (Seconde Guerre mondiale)|front de l'Ouest]], alors que ce dernier est investi de la mission de tenir le front, dans un contexte de désertions massives, la décision de déployer des unités de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}} pour faire office de [[Gendarmerie|gendarmerie militaire]], est prise afin d'empêcher les désertions de plus en plus massives{{sfn|Longerich|2010|p=685}}.


Au fil de l'année 1944, surtout dans la seconde moitié de l'année, de vastes unités sont créées ou recréées à partir de régiments de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}}. Sur le font de l'Ouest, ces régiments sont amalgamés au cours des mois de [[Seconde Guerre mondiale : novembre 1944|novembre]] et [[Seconde Guerre mondiale : décembre 1944|décembre 1944]] avec des unités du [[Volkssturm]] et de la police, afin de permettre une offensive en Alsace<ref name="Lon689">{{harvsp|texte=Longerich, ''Himmler''|p=689|réf=Lon}}</ref>.
Au fil de l'année 1944, surtout dans la seconde moitié de l'année, de vastes unités sont créées ou recréées à partir de régiments de l'{{Lang|de|texte=Ersatzheer}}. Sur le front de l'Ouest, ces régiments sont amalgamés au cours des mois de {{nobr|[[Seconde Guerre mondiale : novembre 1944|novembre]] et [[Seconde Guerre mondiale : décembre 1944|décembre 1944]]}} avec des unités du [[Volkssturm]] et de la police, afin de permettre une [[Opération Nordwind|offensive en Alsace]]{{sfn|Longerich|2010|p=689}}.


== Commandants de l'Ersatzheer ==
== Commandants de l'Ersatzheer ==
{{refsou|Le titre en allemand de cette fonction est ''Chef des Ersatzheeres'' ; la fonction a successivement été exercée :
* Jusqu’au {{nobr|21 juillet 1944}}, le général [[Friedrich Fromm]] ;
* Du {{nobr|21 juillet 1944}} au mois {{nobr|d’avril 1945}}, le général-SS Hans Jüttner<ref group=N>En fait, après le [[complot du 20 juillet 1944]], [[Heinrich Himmler]] exerce les fonctions de commandant mais ses multiples tâches l'obligent à déléguer la réalité du commandement à ses subordonnés.</ref>.
* jusqu’au {{date-|21 juillet 1944}}, par le général [[Friedrich Fromm]]<ref group=alpha>Fromm est révoqué le lendemain de la [[complot du 20 juillet 1944|tentative d’assassinat de Hitler]] car il est soupçonné de faire partie des comploteurs, en raison de l’élimination précipitée des principaux acteurs de l'opération, comme [[Claus von Stauffenberg]], fusillé dès le soir dans la cour du [[Bendlerblock]] avant d’avoir pu être interrogé par la Gestapo.</ref> ;
* du {{date-|21 juillet 1944}} au mois d’{{date-|avril 1945}}, par le [[Reichsführer-SS|''Reichsführer''-SS]] [[Heinrich Himmler]] et, par délégation à son ''Chef des Stabes des Ersatzheeres'' {{en fr|chef d’état-major de l'armée de terre de réserve}}, par le général SS [[Hans Jüttner]].}}


== Sources ==
== Notes et références ==
* {{Traduction/référence|de|Ersatzheer|3=108589236}}
* {{Traduction/référence|de|Ersatzheer|3=108589236}}
* {{Traduction/référence|de|Friedrich Fromm|3=128320909}}
* {{Traduction/référence|de|Friedrich Fromm|3=128320909}}
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
* {{ouvrage |langue=fr
| id = Ker
| prénom1= Ian |nom1=Kershaw
| lien auteur1 = Ian Kershaw
| titre = La Fin
| sous-titre=Allemagne, 1944-1945
| éditeur = Seuil
| lieu = Paris
| année = 2012
| pages totales = 665
| isbn = 978-2-02-080301-4
}}{{nobr|.{{plume}}}}
* {{ouvrage
| id = Lon
| prénom1 = Peter
| nom1 = Longerich
| lien auteur1 = Peter Longerich
| traduction = Jeremy Noakes et Lesley Sharpe
| titre original= Heinrich Himmler: A Life
| titre = Himmler
| sous-titre=L'Éclosion quotidienne d'un monstre ordinaire
|éditeur = Héloise d'Ormesson
| lieu = Paris
| année = 2010
| pages totales = 1031
| isbn = 978-2-35087-137-0
| lire en ligne = http://books.google.fr/books?id=GBQchepZ-7EC&pg=Couv
}}{{nobr|.{{plume}}}}

=== Notes et références ===
=== Notes ===
=== Notes ===
{{Références|groupe=N|colonnes=2}}
{{Références|groupe=alpha}}


=== Références ===
=== Références ===
{{références|colonnes=3}}
{{Références|taille=19}}

== Annexes ==
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Ian Kershaw]] |titre=La Fin |sous-titre=Allemagne, 1944-1945 |éditeur=Seuil |lieu=Paris |année=2012 |pages totales=665 |isbn=978-2-02-080301-4 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=de |auteur1=[[Peter Longerich]] |traducteur=Jeremy Noakes et Lesley Sharpe |titre=Himmler |sous-titre=L'Éclosion quotidienne d'un monstre ordinaire |titre original=Heinrich Himmler: A Life |éditeur=Héloise d'Ormesson |lieu=Paris |année=2010 |pages totales=1031 |isbn=978-2-35087-137-0 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=GBQchepZ-7EC&pg=Couv |id=Longerich |plume=oui}}


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===

Dernière version du 19 mai 2022 à 15:27

L’Ersatzheer, terme allemand que l'on peut traduire par « Armée de terre de remplacement », était l'une des deux composantes de l'Armée de terre allemande (la Heer) après la mobilisation, l'autre étant la Feldheer, l'Armée de campagne (c'est-à-dire les unités combattantes). Cette division est importante pour comprendre le système de fonctionnement de la Heer durant la guerre.

Historique[modifier | modifier le code]

L'Ersatzheer existait déjà du temps de l'Armée impériale allemande et fut mise en place lors de la Première Guerre mondiale. Elle fut déployée sur tout le Reich et comprenait les autorités de commandement et d'administration, les unités de formation et les unités de la garde territoriale.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, de 1941 à 1943, l'Armée de terre de remplacement se compose de plus de deux millions de soldats cantonnés en Allemagne. Au fur et à mesure des besoins de la guerre, ces soldats sont de plus en plus engagés sur le front ou utilisés comme force d'occupation.

Le rôle de l'Ersatzheer lors de l'attentat contre Hitler du 20 juillet 1944[modifier | modifier le code]

Les organisateurs de l'attentat contre Hitler du , nombreux dans l'état-major de cette armée, se sont servis de l'Armée de remplacement, mise en état d'alerte, pour s'assurer le contrôle de divers lieux stratégiques du Reich. Après l’échec de l'attentat, Adolf Hitler confie le commandement de l'Ersatzheer à Heinrich Himmler, alors qu'il vient de se voir confier l'instruction des nouvelles divisions[1] ; Hitler juge que les officiers de l'Armée de terre ne sont plus dignes de confiance. Après un bref simulacre de commandement, Himmler est remplacé dans les faits par le SS-Obergruppenführer Hans Jüttner. Le 25 septembre 1944, est publié le décret de Hitler créant le Volkssturm, sous la direction de la Wehrmacht. Dans les heures qui suivent l'échec de la tentative de putsch, Himmler, nouveau commandant en chef de cette Armée[2], annule les ordres donnés par Friedrich Fromm, et peuple le commandement de l'Armée de réserve d'officiers SS, faisant de Hans Jüttner (l'un de ses subordonnés directs et futur commandant de cette Armée), son adjoint, en le nommant chef d'état-major[3]. Dès le , il s'adresse aux officiers de l'Ersatzheer afin de rappeler sa conception de l'organisation de l'armée[4].

La mise en place de l'Ersatzheer[modifier | modifier le code]

Lors de la mobilisation, le , conformément au plan conçu durant la dernière partie du mois de juin de la même année, l'Armée de terre allemande est scindée en deux catégories. Chacune des unités doit exécuter des tâches différentes durant la guerre. La première composante est chargée uniquement des opérations militaires et est appelée : la Feldheer ou l’Armée de terre de campagne ; l'autre composante est chargée de la conscription et de la formation des soldats, de l'administration des zones militaires à l'intérieur du Reich et plus tard dans divers zones occupées, elle est appelée : l'Ersatzheer ou Armée de terre de remplacement. Son chef d’état-major général est le Chef der Heeresrustung und Befehlshaber des Ersatzheeres, pendant quelques jours le général Joachim von Stülpnagel, puis à partir du le général Friedrich Fromm. Cet état-major est responsable de l'entretien du matériel militaire, de l'équipement des soldats l'Armée de terre, de l'envoi des unités vers le front, de la formation de nouvelles recrues et du bon approvisionnement en matériel des unités de la Feldheer.

À la même époque, à fin , chaque Wehrkreis est placée sous le commandement d'un militaire qui contrôle les unités de réserve, les installations « en dur » de l'armée (casernes et autres infrastructures), la conscription et le système de mise en place des unités de réserve. Ce nouveau poste de commandement du Wehrkreis est appelé : Stellvertretender Kommandierender und General Befehlshaber im Wehrkreis (commandant-adjoint et général directeur de la région militaire).

De l'autre côté, les unités d'active de l'Armée de terre sont organisées en armées (Armeen) ; c'est un nouvel échelon administratif et tactique qui n'existait pas en temps de paix. Les armées, sont à leur tour placées sous le contrôle tactique d'un groupe d'armées (Heeres-Gruppen) qui est responsable directement de la conduite des opérations militaire devant l'OKH.

Aux échelons inférieurs, chaque unité qui prend le chemin du front en 1939 laisse derrière elle dans sa région militaire d'origine une unité qui est son unité de remplacement (Ersatzeinheit). Un régiment d'infanterie, par exemple, laissera derrière en réserve, un bataillon d'infanterie de réserve portant le même numéro ; cette petite unité aura la charge d'expédier les unités nouvellement créés vers le front et quand c'est nécessaire réceptionner les unités du front lorsqu'elles celles-ci envoient par exemple ses blessés vers les hôpitaux.

Organisation[modifier | modifier le code]

Conscription[modifier | modifier le code]

Cette fonction qui concerne les trois branches des forces armées, est supervisée par le Bureau militaire du remplacement (Wehrersatzamt) du Haut Commandement de la Wehrmacht (OKW). À partir du 2 août 1944, Himmler impulse une politique de ratissage des services administratifs de la Wehrmacht et de l'Ersatzheer, parvenant, avec Goebbels et Speer, chacun dans leur domaines de compétences, à mobiliser près de 500 000 hommes pour le front[5].

Instruction[modifier | modifier le code]

L'instruction de l'Ersatzheer se décompose en deux parties, une instruction militaire classique, et une instruction idéologique.

La formation et l'instruction militaires, à l'exception de celle des troupes blindées, est supervisée par le général Walter Kuntze en qualité de directeur de la formation de l'Armée de remplacement (Chef des Ausbildungswesens im Ersatzheer). L'instruction des troupes blindées est contrôlée par le général Heinz Guderian en sa qualité d'inspecteur général des troupes blindées (Generalinspekteur der Panzertruppe).[réf. souhaitée]

À cette instruction militaire s'ajoute une instruction idéologique, confiée le 15 juillet à Himmler par Hitler en personne, qui le signifie brutalement à Fromm lors de l'entretien durant l'après-midi[6].

Inspections militaires[modifier | modifier le code]

Sous l'autorité du général Kuntze se trouvent les Inspections militaires des différentes armes (Waffeninspekteure). Ces Inspections sont regroupées sous le nom de Waffeninspektionen.

Ce sont :

  • l'inspection des écoles de cadets (In1) qui sera supprimée progressivement avec la mise en place d'écoles spéciales de services (Waffenschulen) ;
  • l'inspection de l'infanterie (In2) ;
  • l'inspection des transports (In3) ;
  • l'inspection de l'artillerie (In4) ;
  • l'inspection du Génie et des fortifications (In5) ;
  • l'inspection des blindés (In6) ;
  • l'inspection des Transmissions (In7) ;
  • l'inspection de l'Intendance (In8) ;
  • l'inspection des troupes chimiques (In9) ;
  • l'inspection du Génie ferroviaire (In10) ;
  • l'inspection des troupes techniques (In11) ;
  • l'inspection de la maintenance mécanique des moteurs (In12).

Il s'y ajoute :

  • l'inspection de la médecine humaine (S)
  • l'inspection de la médecine vétérinaire (V)
  • l'inspection des munitions (Fz).

Remplacement[modifier | modifier le code]

Le remplacement des pertes subies au front va vite devenir une fonction importante. Elle est sous la responsabilité du général Fromm qui la délègue aux districts militaires (Wehrkreis). Cependant, une décision de Hitler du 15 juillet 1944 place les nouvelles unités en cours de constitution sous le contrôle administratif de Himmler[6].

Dans certains cas, les unités d'instruction et de remplacement sont combinées (en Alsace et en Lorraine).

Compétences[modifier | modifier le code]

Existante dès les années 1930, cette Armée se voit confier la responsabilité des prisonniers de guerre alliés, capturés depuis les premières opérations[7].

À la fin de l'été 1944, lors de la tournée d'inspection faite par Himmler, alors commandant en chef de l'Ersatzheer, sur le front de l'Ouest, alors que ce dernier est investi de la mission de tenir le front, dans un contexte de désertions massives, la décision de déployer des unités de l'Ersatzheer pour faire office de gendarmerie militaire, est prise afin d'empêcher les désertions de plus en plus massives[8].

Au fil de l'année 1944, surtout dans la seconde moitié de l'année, de vastes unités sont créées ou recréées à partir de régiments de l'Ersatzheer. Sur le front de l'Ouest, ces régiments sont amalgamés au cours des mois de novembre et décembre 1944 avec des unités du Volkssturm et de la police, afin de permettre une offensive en Alsace[9].

Commandants de l'Ersatzheer[modifier | modifier le code]

Le titre en allemand de cette fonction est Chef des Ersatzheeres ; la fonction a successivement été exercée :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Fromm est révoqué le lendemain de la tentative d’assassinat de Hitler car il est soupçonné de faire partie des comploteurs, en raison de l’élimination précipitée des principaux acteurs de l'opération, comme Claus von Stauffenberg, fusillé dès le soir dans la cour du Bendlerblock avant d’avoir pu être interrogé par la Gestapo.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Kershaw 2012, p. 48.
  2. Kershaw 2012, p. 64.
  3. Longerich 2010, p. 675.
  4. Kershaw 2012, p. 65.
  5. Kershaw 2012, p. 67.
  6. a et b Longerich 2010, p. 673.
  7. Longerich 2010, p. 676.
  8. Longerich 2010, p. 685.
  9. Longerich 2010, p. 689.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Liens externes[modifier | modifier le code]