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« Antisionisme » : différence entre les versions

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[[File:NKUSA.ORG at AIPAC protest 2005.JPG|right|350px|thumb|Manifestation anti-sioniste des Naturei Karta à Washington.]]

L''''antisionisme''' (ou '''anti-sionisme''') désigne historiquement l'opposition au [[sionisme|projet sioniste]]<ref>[http://la-conjugaison.nouvelobs.com/definition/antisionisme.php Définition sur nouvelobs.com]</ref> d'établissement d'un foyer national juif en [[Palestine]].
L''''antisionisme''' (ou '''anti-sionisme''') désigne historiquement l'opposition au [[sionisme|projet sioniste]]<ref>[http://la-conjugaison.nouvelobs.com/definition/antisionisme.php Définition sur nouvelobs.com]</ref> d'établissement d'un foyer national juif en [[Palestine]].


A l'époque contemporaine, il couvre plusieurs concepts et peut désigner l'opposition à certaines positions ou politiques de l'État d'[[Israël]] ainsi qu'à son extension ; dans sa forme la plus extrême, il peut marquer l'opposition à son existence-même<ref>[http://www.le-dictionnaire.com/definition.php?mot=antisioniste Définition sur le-dictionnaire.com]</ref>{{,}}<ref>[http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/antisionisme/4293 Définition sur larousse.fr]</ref>{{,}}<ref>[http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/antisioniste Définition sur dictionnaire.reverso.net]</ref>.
À l'époque contemporaine, il couvre plusieurs concepts et peut désigner l'opposition à certaines positions ou politiques de l'État d'[[Israël]] ainsi qu'à son extension ; dans sa forme la plus extrême, il peut marquer l'hostilité à son existence-même<ref>[http://www.le-dictionnaire.com/definition.php?mot=antisioniste Définition sur le-dictionnaire.com]</ref>{{,}}<ref>[http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/antisionisme/4293 Définition sur larousse.fr]</ref>{{,}}<ref>[http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/antisioniste Définition sur dictionnaire.reverso.net]</ref>.


Il se manifeste à son origine auprès des populations arabes, particulièrement en [[Palestine mandataire]]; au sein de certaines communautés juives ultra-orthodoxes qui rejettent le sionisme socialiste et laïc du [[Yishouv]] ; parmi l'administration britannique, particulièrement après la Grande Révolte arabe de 1936-1939. L'opposition au projet sioniste et au [[Plan de partage de la Palestine]] culmine avec la Guerre de 1948.
== Définitions ==


Parfois l'antisionisme est considéré comme une forme voilée d'[[antisémitisme]], qualifié de « [[nouvel antisémitisme]] », parfois cette critique est tenue pour un « amalgame » ou est dénoncée comme étant « un moyen d'empêcher toute critique d'Israël ». Dans sa « version radicale » l'antisionisme est estimé être « le principal vecteur de l’antisémitisme ». 
=== Antisionisme historique ===

Dans un contexte historique, l'antisionisme désigne l'opposition politique au mouvement sioniste et à l'établissement d'un « foyer national juif » en [[Palestine]]. Il apparaît dès les [[Première Aliyah|premières immigrations juives dans la région]] à la fin du {{s-|XIX|e}}<ref>[[Georges Bensoussan (historien)|Georges Bensoussan]], ''Histoire intellectuelle et politique du sionisme, 1860-1940'', 2002 ; Alain Michel, {{opcit}} in bibliographie {{p.}}60-86)</ref> et plus particulièrement à l'époque du [[Palestine mandataire|Mandat britannique]] entre 1920 et 1948 avant la création de l'[[État d'Israël]].

À l'époque, le sentiment est présent principalement au sein des populations et gouvernements arabes, particulièrement en Palestine ; au sein de certaines communautés juives religieuses qui voient d'un mauvais œil le sionisme socialiste ; au sein des communautés juives qui prônent l'assimilation pour lutter contre l'[[antisémitisme]] ; et parmi l'administration britannique, particulièrement après la [[Grande Révolte arabe de 1936-1939 en Palestine mandataire|Grande Révolte arabe de 1936-1939]]. Il est fortement atténué après la [[Shoah]], dont l'Occident se sent en partie responsable. L'opposition au projet sioniste et au [[Plan de partage de la Palestine]] qui culmine avec la [[Guerre de Palestine de 1948|Guerre de 1948]] sera d'autant plus forte dans le monde arabe.

Par la suite, avec la naissance d'Israël, aboutissement du sionisme, mais aussi dans le contexte des [[conflit israélo-arabe|conflits israélo-arabes]] et [[conflit israélo-palestinien|israélo-palestinien]] aux conséquences politiques et humaines importantes, le terme devient ambigu et fait référence à des idées ou des concepts différents. Il porte également une charge émotive importante de par les enjeux humains qu'il touche et de par des sentiments antisémites et islamophobes qui se greffent aux débats sur le sujet.

=== Antisionisme contemporain ===
[[File:Israeli flag burned by Neturei Karta.jpg|right|350px|thumb|Les [[Naturei Karta]] brûlent un drapeau israélien lors d'une manifestation à New-York.]]
L'antisionisme contemporain peut faire référence à un ou plusieurs des concepts suivants :

* une opposition idéologique de principe à [[Israël]] ou à la politique israélienne de manière générale, selon le point de vue qu'Israël serait responsable de la situation et des conflits au Moyen-Orient. Ce sentiment est apparu en particulier dans le contexte de la [[guerre froide]] dont le Moyen-Orient a été un théâtre de confrontation et suite aux nombreuses condamnations dont Israël a fait l'objet au Conseil de Sécurité de l'ONU ;
* l'opposition à la politique de [[colonies israéliennes|colonisation]] des [[territoires palestiniens occupés]] selon le point de vue qu'Israël et [[Néosionisme|certains groupements se revendiquant du sionisme]] y appliqueraient une politique expansionniste dans la perpétuation du projet sioniste. Certains de ceux qui s'opposent à la colonisation rejettent cependant le qualificatif d'antisionisme, car ils ne s'opposent qu'à cet aspect qui à lui seul n'est pas antinomique au sionisme qui ne demande pas l'expansion d'Israël ;
* la condamnation de la situation des [[Arabes israéliens]] et des [[Palestiniens]] pour lesquels certains estiment, à tort ou à raison, qu'ils subissent des discriminations, parfois jugées proche de l'{{Lien|fr=Israel and the apartheid analogy|lang=en|trad=Israel and the apartheid analogy|texte=apartheid}} {{en}}, voire qu'on perpètre à leur encontre des crimes de guerres et ce, parce que le projet sioniste serait par essence raciste ;
* nonobstant la situation des populations non juives, l'opposition au caractère juif voulu par le sionisme de l'État d'Israël selon le point de vue que ce principe, qui est à la base du sionisme, ne serait pas laïque et démocratique, mais religieux ou racial ;
* dans le monde musulman, l'opposition à l'occupation de [[Jérusalem]] et d'autres lieux saints de l'Islam par Israël ou par des juifs ;
* l'opposition à l'existence d'Israël en tant qu'État, ce qui est le but principal du sionisme, selon le point de vue que seul un État binational recouvrant toute l'ancienne Palestine historique serait légitime ou pourrait apporter des solutions au conflit israélo-palestinien, ce qui est contraire au fondement même du sionisme ;
* l'opposition au droit à l'existence même d'Israël ou d'un État juif, souvent dénommé [[entité sioniste]] dans ce contexte et selon le point de vue que le sionisme ne serait en rien légitime et qu'il aurait spolié les Arabes palestiniens de leur pays. L'opposition peut alors aller jusqu'à réclamer l'anéantissement militaire d'Israël.

L'antisionisme contemporain est présent principalement dans le monde arabo-musulman où s'expriment ses formes les plus extrêmes. Pendant la guerre froide, il s'est développé dans les pays du bloc de l'Est et du tiers-monde, alliés traditionnels des pays arabes. Après la guerre de 1967 et les conquêtes territoriales israéliennes et en parallèle avec la médiatisation du [[réfugiés palestiniens|problème palestinien]], le sentiment s'est développé en Occident. Certains groupes juifs orthodoxes comme les [[Naturei Karta]], prônent des idées antisionistes radicales. Certaines idées antisionistes se sont également exprimées en Israël à partir de 1982 et l'[[intervention militaire israélienne au Liban de 1982|intervention militaire et l'occupation du Liban]], une guerre jugée inutile par la population, ainsi que suite au choc créé par le [[massacre de Sabra et Chatila]]. La [[première Intifada]] et le processus de paix israélo-palestinien ont encore amplifié le processus avec l'apparition de l'idéologie [[postsionisme|postsioniste]] qui prône certaines idées antisionistes sans toujours rejeter le sionisme. Toutefois, l'échec des négociations, les [[attentat-suicide|attentats-suicides]] et la [[seconde Intifada]] ont renforcé le camp national et rendu les idées antisionistes marginales en Israël. Les attentats du 11 septembre 2001 ont également fait reculer les idées antisionistes en Occident en attirant la sympathie pour Israël considéré en première ligne dans la lutte contre l'idéologie islamiste mise en pratique par le [[Hamas]] et le [[Hezbollah]], tous deux radicalement antisionistes. L'antisionisme est parfois considéré comme une forme voilée d'antisémitisme mais cette accusation est elle-même dénoncée comme une manipulation visant à empêcher toute critique d'Israël.


== Histoire ==
== Histoire ==
===Avant la création de l'État d'Israël===


====Antisionisme des ultra-orthodoxes juifs====
=== Avant la création de l'État d'Israël ===


À la fin du {{s-|XIX|e}} et au tout début du {{s-|XX|e}}, une majorité des juifs orthodoxes n'adhèrent pas au sionisme, voire lui est hostile<ref>Cette hostilité est décrite par les auteurs et historiens comme de l'antisionisme (Léon Poliakov, Joseph Agassi, Joseph Hodera, Yosef Salmon, les mouvements juifs antisionistes par autoqualification), comme une « opposition juive au sionisme » (Henry Laurens, Elie Barnavi, Walter Laqueur [histoire du sionisme, Tome II, chap. 8], Alain Michel, Alain Dieckhoff, Anne Grynberg, Ilan Greilsammer, Georges-Elia Sarfati, Tom Seguev)</ref>, ou encore comme « une critique du sionisme ». L'hostilité des orthodoxes était justifiée par une interprétation théologique selon laquelle « la venue du [[Messie dans le judaïsme|Messie]] » est une condition pour retourner vers la « Terre d’Israël » Cependant, le sionisme trouve son défenseur en la personne du rabbin orthodoxe [[Abraham Isaac Kook]] qui articule une synthèse entre [[sionisme religieux|sionisme et tradition]].
==== Opposition de certains Juifs orthodoxes au sionisme due à la tradition religieuse ====


Les nouvelles institutions juives essentiellement socialistes et laïques sont alors mal perçues par les Juifs orthodoxes de Palestine. Selon Maurice Kriegel <ref>Maurice Kriegel, Orthodoxie, dans Les Juifs et le {{s-|XX|e}}, {{p.|159}}</ref>, ils appelèrent « à rompre toute relation, au prix même de déchirement des liens familiaux, avec quiconque appartient à la collectivité juive régie par les nouvelles institutions sionistes ». Leur opposition au sionisme relève principalement de raisons religieuses qu'ils considèrent comme opposées au caractère laïc, socialiste et démocratique du sionisme moderne qu'ils accusent de « détourner les Juifs du judaïsme et de corrompre leur âme »<ref>Yakov Rabkin, Au nom de la Torah, une histoire de l'opposition juive au sionisme, {{p.|154}}</ref>. Leurs contacts avec les Juifs de la première et la deuxième vague d'immigration sont quasi inexistants. L'[[Ancien Yishouv]] parle alors de « lutte contre le sionisme lorsque celui-ci grandit jusqu'à envahir la Terre sainte »<ref>Ruth Blau, Les gardiens de la cité : histoire d'une guerre sainte, {{p.|192}}<</ref>.
À la fin du {{s-|XIX|e}} et au tout début du {{s-|XX|e}}, une majorité des juifs n'adhère pas au sionisme, voire lui est hostile<ref>Cette hostilité est décrite par les auteurs et historiens comme de l'antisionisme (Léon Poliakov, Joseph Agassi, Joseph Hodera, Yosef Salmon, les mouvements juifs antisionistes par autoqualification), comme une opposition juive au sionisme (Henry Laurens, Elie Barnavi, Walter Laqueur [histoire du sionisme, Tome {{II}}, {{chap.}}8], Alain Michel, Alain Dieckhoff, Anne Grynberg, Ilan Greilsammer, Georges-Elia Sarfati, Tom Seguev), ou encore comme une critique du sionisme.</ref>. L'opposition au sionisme est alors plus importante à [[Jérusalem]] que dans le reste de la [[terre d'Israël]], notamment dans le quartier de [[Méa Shéarim]], quartier historique des religieux traditionalistes, les [[haredim]] de la ville sainte<ref>{{en}} {{lien brisé|consulté le=20130318|url=http://www.inquisitivetraveler.com/pages/artlib/jermeash.html|titre={{lang|en|''Take a walking tour through Jerusalem's Mea Shearim quarter''}}}}</ref>.


Les tentatives des représentants de l'immigration sioniste, dont [[Haïm Weizmann]], de représenter l'ensemble des Juifs de Palestine amènent alors des tensions. Les autorités rabbiniques des [[Juifs palestiniens]] sont divisées sur les fonds apportés par l'Organisation sioniste mondiale aux [[yeshiva|yeshivot]]. En 1921, une assemblée crée une structure rabbinique destinée à unifier celles résultant de la présence ottomane, sous la forme de deux postes de grands rabbins, un [[ashkénaze]] et un [[séfarade]]. Mais les tensions renaissent alors avec la nomination du premier grand rabbin ashkénaze, le rabbin Abraham Isaac Kook favorable aux institutions sionistes. Le mouvement orthodoxe fondé en 1912, l'[[Agoudat Israel]], refuse alors d'entretenir des rapports avec le {{lien|langue=en|Jewish National Council}} créé par les représentants sionistes<ref>{{en}}Yakov Rabkin, Au nom de la Torah, une histoire de l'opposition juive au sionisme, {{p.|156}}</ref>. Selon l'[[Agoudat Israel]], les Juifs pieux ne peuvent pas collaborer avec le Conseil qui aurait émis « une proclamation solennelle qui dépose Dieu et la Torah comme souverains de la nation juive »<ref>{{en}} {{lang|en|texte=Jéhuda Reinharz, Zionism and Orthodoxy: A Marriage of Convenience}}, dans Zionism and Religion, {{p.|135}}</ref>.
En effet, les rabbins orthodoxes{{lesquels}} étaient hostiles au sionisme, d'une hostilité théologique : notamment parce qu'ils pensaient que si Dieu avait décidé de la dispersion du peuple juif, il ne fallait pas aller à l'encontre de cette tournure qu'avait prise l'histoire et depuis, la religion prescrivait uniquement l'attente du [[Messie dans le judaïsme|Messie]]<ref>cf. Yakov M. Rabkin, ''Au nom de la Torah : une histoire de l'opposition juive au sionisme'', éd. Presses Université Laval, 2004, [http://books.google.be/books?id=mLSgxVuslW8C&hl=fr extraits en ligne]</ref>.


En février 1924, le rabbin [[Yossef Haïm Sonnenfeld|Sonnenfeld]] soumet un mémorandum au roi Hussein, pour avoir les garanties que les Juifs orthodoxes seront légitimement consultés sur l'avenir de la Palestine. Des garanties de coexistence pacifique sont alors apportées dans le texte : « Nous assurons Sa Majesté que la population juive se rapporte à ses voisins avec une harmonie fraternelle partout où elle existe, et en Terre sainte également nous allons nous conformer à cette tradition et collaborer dans le futur avec tous les habitants dans la construction et la prospérité de la terre pour une bénédiction et une paix pour tous les groupes ethniques »<ref>{{en}} Voir Memorandum to King Hussein, The Jewish guardian, no 3 (novembre 1974)</ref>.
Les nouvelles institutions juives sont alors mal perçues par les Juifs autochtones très pieux de Palestine, qui, rapporte Maurice Kriegel<ref>Maurice Kriegel, ''Orthodoxie'', dans ''Les Juifs et le {{s-|XX|e}}'', {{p.}}159</ref>, appellent « à rompre toute relation, au prix même de déchirement des liens familiaux, avec quiconque appartient à la collectivité juive régie par les nouvelles institutions sionistes ».


Cependant, à partir des années 1930, les difficultés à trouver une terre d'accueil, pour les Juifs d'Europe persécutés et contraints à l'exil, les amènent à revoir leur position critique vis-à-vis du sionisme et du projet d'édification de l'État juif. Ils entament alors des pourparlers avec les partis sionistes pour organiser l'immigration. Ainsi Isaac Breuer, l'un des principaux dirigeants du parti religieux Agoudah, jusqu'alors adversaire du projet sioniste, crée le mouvement Poalei Agoudat Israël, dont la plupart des membres partent pour la Palestine. Mais des communautés ultra-orthodoxes refusent de partager le projet sioniste, politique, et créent un groupe à part, le Edah Aredit, littéralement les « Craignants Dieu » dont le centre est à Jérusalem<ref>Anne Grynberg. Vers la terre d'Israël, {{p.|76-78}}</ref>.
L'antisionisme juif relève principalement de raisons religieuses : le caractère laïc, politique, moderne, du sionisme n'est pas partagé par les Juifs les plus religieux au sein de {{refnec|la population juive autochtone, qui conçoit Israël comme la « [[Terre Sainte]] » à l'instar des chrétiens pour Jérusalem et alentours, nommés la « Terre sainte »}}. Les contacts des Juifs religieux avec la première comme la deuxième [[Aliyah|vague d'immigration]] sont quasi inexistants. Le [[Yishouv]] historique parle alors de « lutte contre le sionisme lorsque celui-ci grandit jusqu'à envahir la Terre sainte »<ref>Ruth Blau, ''Les gardiens de la cité : histoire d'une guerre sainte'', {{p.}}192.</ref>.


À partir des années 1930, conséquence des persécutions des juifs en Europe, les mouvements orthodoxes se rallient aux thèses sionistes, un grand nombre de Haredim y restent opposés<ref>Ilan Greilsammer, Le sionisme, Presses universitaires de France, Que sais-je ? {{numéro|1801}}, 2005, {{p.|58-60}}</ref>.
Les critiques{{qui}} sont parfois très violentes vis-à-vis du sionisme, accusé de « détourner les Juifs du judaïsme et de corrompre leur âme »<ref>Yakov Rabkin, ''Au nom de la Torah, une histoire de l'opposition juive au sionisme'', {{p.}}154.</ref>.


==== Antisionisme de l'extrême-gauche juive ====
Les tentatives des représentants de l'immigration sioniste, dont [[Haïm Weizmann]], de représenter l'ensemble des Juifs de Palestine amènent alors des tensions. Les autorités rabbiniques des Juifs palestiniens sont divisées sur les fonds apportés par l'[[Organisation sioniste mondiale]] aux [[yeshiva|yeshivoth]]. En 1921, une assemblée crée une structure rabbinique destinée à unifier celles résultant de la présence ottomane, sous la forme de deux postes de grands rabbins, un [[ashkénaze]] et un [[sépharade]]. Mais les tensions renaissent alors avec la nomination du premier grand rabbin ashkénaze, le rabbin [[Abraham Isaac Kook]], favorable aux institutions sionistes. Le mouvement orthodoxe fondé en 1912, l'[[Agoudath Israel]], refuse alors d'entretenir des rapports avec le {{lien|langue=en|Jewish National Council}} créé par les représentants sionistes <ref>Yakov Rabkin, ''Au nom de la Torah, une histoire de l'opposition juive au sionisme'', {{p.}}156.</ref>. Selon l'[[Agoudath Israel]], menée notamment par le rabbin Sonnenfeld, les Juifs pieux ne peuvent pas collaborer avec le Conseil qui aurait émis « une proclamation solennelle qui dépose [[Dieu]] et la [[Torah]] comme souverains de la nation juive »<ref>Jéhuda Reinharz, {{lang|en|''Zionism and Orthodoxy: A Marriage of Convenience''}}, dans {{lang|en|''Zionism and Religion''}}, {{p.}}135.</ref>.


Parmi les organisations sociales-démocrates, socialistes et communistes du [[Yiddishland]], certains, comme le [[Union générale des travailleurs juifs|Bund (Union générale des travailleurs juifs)]], le [[Parti social-démocrate juif (Galicie)|Parti social-démocrate juif de Galicie]], le [[Folksgrupe|Folksgrupe de Russie]] n'étaient pas sionistes, voire s'opposaient politiquement au sionisme<ref>voir, par exemple, Nathan Weinstock, ''Le pain de misère, Histoire du mouvement ouvrier juif en Europe'', 2 tomes, La Découverte, 2002, ou [[Alain Brossat]] et Syvia Klinberg, ''Le Yiddishland révolutionnaire'', Syllepse, 2009, ISBN 9782849502174, ou encore Ilan Greilsammer, ''Le sionisme'', Presses universitaires de France, Que sais-je ? {{numéro|1801}}, 2005, {{p.}}60-62.</ref>{{,}}<ref>voir aussi le film de Nat Lilenstein, ''Les révolutionnaires du Yiddishland'', produit par Michel Rotman, Antenne 2, 1983</ref>.
En {{date||février|1924}}, le rabbin Sonnenfeld soumet un mémorandum au [[roi Hussein]], pour avoir les garanties que les [[Juifs orthodoxes]] seront légitimement consultés sur l'avenir de la Palestine. Des garanties de coexistence pacifique sont alors apportées dans le texte : {{citation|Nous assurons Sa Majesté que la population juive se rapporte à ses voisins avec une harmonie fraternelle partout où elle existe, et en Terre sainte également nous allons nous conformer à cette tradition et collaborer dans le futur avec tous les habitants dans la construction et la prospérité de la terre pour une bénédiction et une paix pour tous les groupes ethniques<ref>Voir {{lang|en|''Memorandum to King Hussein''}}, {{lang|en|''The Jewish guardian''}}, {{numéro}}3 (novembre 1974).</ref>.}}
En Pologne, le [[Folkspartei]] (en yiddish: ''Yidishe folkspartay''), tout en souhaitant une autonomie nationale et culturelle des Juifs, ne l'envisageait pas comme impliquant le déracinement d'un départ vers la Palestine. L'[[Alliance israélite universelle]], organisation française, républicaine et patriote, est connue avant-guerre pour son antisionisme, positions qu'elle nuance après 1945 <ref name=Nicault> Nicault C., « L’Alliance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : ruptures et continuités idéologiques », ''[[Archives juives]]'' 2001/1, {{numéro|34}}, {{p.|23-53}}. {{lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=AJ_341_0023}} </ref>.

Cependant, à partir des [[années 1930]], les difficultés à trouver une terre d'accueil, pour les Juifs d'Europe persécutés et contraints à l'exil, les amènent à revoir leur position critique vis-à-vis du sionisme et du projet d'édification de l'État juif. Ils entament alors des pourparlers avec les partis sionistes pour organiser l'immigration. Ainsi [[Isaac Breuer]], l'un des principaux dirigeants du parti religieux Agoudah, jusqu'alors adversaire du projet sioniste, crée le mouvement [[Poale Agoudat Israel|Poalei Agoudat Israël]], dont la plupart des membres partent pour la Palestine. Mais des [[Haredim|communautés ultra-orthodoxes]] refusent de partager le projet sioniste, politique, et créent un groupe à part, le Edah Aredit, littéralement les « Craignants Dieu » dont le centre est à Jérusalem<ref>[réf : Anne Grynberg. ''Vers la terre d'Israël'', {{p.}}76-78]</ref>.

À partir des [[années 1930]], conséquence des persécutions des juifs en Europe, les mouvements orthodoxes se rallient aux thèses sionistes, un grand nombre de [[Haredim]] y restent opposés <ref>Ilan Greilsammer, ''Le sionisme'', Presses Universitaires de France, Que sais-je ? n° 1801, 2005, {{p.}}58-60.</ref>.

==== Opposition politique de l'extrême-gauche juive au sionisme ====

Parmi les organisations sociales-démocrates, socialistes et communistes du [[Yiddishland]], certains, comme le [[Union générale des travailleurs juifs|Bund (Union générale des travailleurs juifs)]], le [[Parti social-démocrate juif (Galicie)|Parti social-démocrate juif de Galicie]], le [[Folksgrupe|Folksgrupe de Russie]] n'étaient pas sionistes, voire s'opposaient politiquement au sionisme<ref>voir, par exemple, Nathan Weinstock, ''Le pain de misère, Histoire du mouvement ouvrier juif en Europe'', 2 tomes, La Découverte, 2002, ou [[Alain Brossat]] et Syvia Klinberg, ''Le Yiddishland révolutionnaire'', Syllepse, 2009, ISBN 9782849502174, ou encore Ilan Greilsammer, ''Le sionisme'', Presses Universitaires de France, Que sais-je ? n° 1801, 2005, {{p.}}60-62.</ref>{{,}}<ref>voir aussi le film de Nat Lilenstein, ''Les révolutionnaires du Yiddishland'', produit par Michel Rotman, Antenne 2, 1983</ref>.
En Pologne, le [[Folkspartei]] (en yiddish: ''Yidishe folkspartay''), tout en souhaitant une autonomie nationale et culturelle des Juifs, ne l'envisageait pas comme impliquant le déracinement d'un départ vers la Palestine. L'[[Alliance israélite universelle]], organisation française, républicaine et patriote, est connue avant-guerre pour son antisionisme, positions qu'elle nuance après 1945 <ref name=Nicault> Nicault C., « L’Alliance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : ruptures et continuités idéologiques », ''[[Archives juives]]'' 2001/1, N° 34, p. 23-53. {{lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=AJ_341_0023}} </ref>.


Selon le militant antisioniste israélien d'extrême gauche [[Michel Warschawski]], {{Citation|L’antisionisme a toujours été perçu comme une position politique parmi d’autres, qui plus est, hégémonique dans le monde juif pendant près d’un demi siècle}}<ref>''Antisémitisme'', par Michel Warschawski, sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme de Toulon : http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article179</ref>.
Selon le militant antisioniste israélien d'extrême gauche [[Michel Warschawski]], {{Citation|L’antisionisme a toujours été perçu comme une position politique parmi d’autres, qui plus est, hégémonique dans le monde juif pendant près d’un demi siècle}}<ref>''Antisémitisme'', par Michel Warschawski, sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme de Toulon : http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article179</ref>.


==== Antisionisme arabe ====
==== Antisionisme palestinien ====
[[Fichier:1920 demontration Palestine.jpg|thumb|350px|Manifestation antisioniste à Jérusalem, Porte de Damas, 8 mars 1920.]]
Il apparaît dès la fin du {{XIXe siècle}} dans la région de la Palestine, avec le développement de l'immigration juive. L'antisionisme est bien présent dans toutes les actions de résistance arabe aux Anglais, qui furent organisées par le grand Mufti de Jérusalem dès les [[années 1920]], et qui sont également des actions de résistance au sionisme. Depuis les [[accords Sykes-Picot]] en effet, qui ont été signés entre la France et la Grande-Bretagne en [[1920]], et qui mettent fin au projet d'une grande Syrie incluant la province de Palestine, le grand mufti al-Husseini devient le principal chef du courant antisioniste dont il est l'initiateur. C'est lui qui durant toutes les années suivantes, et en particulier celles de la guerre, fera tout pour empêcher l'installation des juifs en Palestine, quand ceux-ci essayent de fuir le nazisme. L'antisionisme éclate encore plus ouvertement lors de la grande révolte de Palestine de [[1936]], qui fut suscitée et organisée par le Grand Mufti de Jérusalem, [[Amin al-Husseini]], donnant à l'antisionisme des aspects religieux.
En 1936, il s'agit d'une révolte contre les Anglais à l'époque où ils gouvernent la Palestine, depuis la fin de l'Empire Ottoman, dans la mesure où les Anglais, avec la [[Déclaration Balfour de 1917|Déclaration Balfour]] ont permis l'immigration juive. Révolte contre les Anglais, par conséquent, qui a caractère ouvertement antisioniste, car il s'agit d'empêcher la création d'un État juif.


{{Article détaillé|Déclaration Balfour de 1917|Mohammed Amin al-Husseini| Izz al-Din al-Qassam|Massacre d'Hébron (1929)|Émeutes de Jérusalem de 1920|Émeutes de 1921 en Palestine mandataire|Grande révolte arabe de 1936-1939 en Palestine mandataire|Nationalisme palestinien}}
À l'opposé des dirigeants arabes, le roi Abdallah de Jordanie, voit cependant positivement le projet sioniste et envisage même l'intégration de la communauté juive dans un État arabe sous son contrôle<ref>[[Ilan Pappé]], ''La Guerre de 1948''</ref>.
[[Fichier:1920 demontration Palestine.jpg|thumb|Manifestation antisioniste à Jérusalem, Porte de Damas, 8 mars 1920.]]


L'Antisionisme palestinien apparaît dès la fin du {{s-|XIX|e}} dans la région de la Palestine, avec le développement de l'[[Alya|immigration juive]]. En 1917, la [[Déclaration Balfour de 1917|Déclaration Balfour]] prévoit l'établissement d'un « foyer national pour le peuple juif », en réaction le nationalisme palestinien émerge vers 1920 sous l'impulsion du Grand Mufti de Jérusalem, [[Amin al-Husseini]] qui mêle antisionisme et antisémitisme dont il devient le principal chef avec [[Izz al-Din al-Qassam]]. Al-Husseini est à l'origine d’émeutes anti-juives et du [[massacre d'Hébron (1929)|massacre de Hébron]] en 1929. En 1936 éclate la grande révolte arabe en Palestine mandataire. En 1937, alors qu'il est recherché par la police britannique pour son rôle dans ces émeutes il s'enfuit en Syrie. En 1941, il se réfugie en Allemagne [[nazie]] et demande à [[Hitler]] de lui apporter son soutien contre la création d'un Foyer national juif.
===== Antisionisme palestinien =====


{{Article détaillé|Charte nationale palestinienne| Charte du Hamas}}
Lors des débuts du mouvement sioniste en Palestine à la fin du {{S mini|XIX|e}} et au début du {{XXe siècle}}, certains mouvements et représentants arabes envisagent une alliance avec le mouvement sioniste.


Après la création de l’État d’Israël les mouvements nationalistes palestiniens, le [[Fatah]] et le [[Front populaire de libération de la Palestine|FPLP]] principalement engagent la lutte armée essentiellement sous la forme de terrorisme contre l'existence de l’État d’Israël puis, à partir des années 1990, apparaissent des organisations islamistes elles aussi vouées à la destruction de cet État. En 1996, dans le contexte du processus de paix israélo-palestinien l'OLP vote l'abrogation des articles appelant à l'anéantissement d'Israël de sa charte, le vote est entériné en 1998.
Par exemple [[Fayçal ibn Hussein]], le fils de Hussein ibn Ali, chérif de la Mecque, qui avait aidé la révolte arabe contre les Ottomans, signe un accord avec Chaim Weizmann lors de la conférence de paix à Paris en 1919. L'accord, soulignant les liens unissant les peuples juif et arabe, soutient leur plus étroite collaboration dans le développement des États arabes et de la Palestine. L'accord appuie également la [[Déclaration Balfour de 1917|déclaration Balfour]] et veut encourager l'émigration des Juifs vers la Palestine sur une large échelle, leur permettant d'établir des colonies et leur offrant des moyens pour cultiver la terre.


La Charte du Hamas est publiée en 1988. Elle souligne que « la lutte contre les Juifs est très importante et très sérieuse » et appelle à la création « d'un État islamique en Palestine à la place d'Israël et des [[Territoires palestiniens]] » et à l’anéantissement et la disparition de l’État d'Israël. Selon [[Gilles Paris]], {{Lien|fr=Abraham Foxman|lang=en}} de l'[[Anti-Defamation League]], [[François Thual]], [[Frédéric Encel]], [[Benny Morris]], [[Sari Nusseibeh]] entre autres, cette charte exprime un « antisémitisme outrancier » et reprend des poncifs de la [[propagande nazie]] et du « [[Protocoles des Sages de Sion]] ».
Pour un certain nombre de raisons, l'accord ne se réalise pas. D'une part, Fayçal avait mis pour condition à son soutien à la déclaration Balfour la réalisation des promesses britanniques sur l'indépendance des nations arabes, promesses qui ne furent pas tenues. De plus, il n'a que de faibles soutiens sur cette position. Les dirigeants arabes palestiniens, parmi lesquels le Grand [[Mufti]] de Jérusalem, [[Amin al-Husseini]], rejettent cet accord fait en leur nom. La population arabe de Palestine rejette également tout ce qui séparerait la Palestine du monde arabo-musulman. Tandis qu'une minorité juive existe dans la région depuis plusieurs siècles, les arabes palestiniens sont fortement opposés à l'établissement en Palestine d'un État juif créé par l'immigration, et de fait à toute immigration qui remettrait en cause la majorité arabe en Palestine. Ainsi, l'immigration juive sur une petite échelle, telle la première aliyah des [[années 1880]], est acceptée et est vue favorablement pour des raisons économiques, mais les mouvements d'immigration à plus grande échelle ont été dénoncés et combattus.


== Antisionisme contemporain ==
Une fois que la [[déclaration Balfour de 1917]] pose clairement le projet de foyer national juif en Palestine plus qu'un simple encouragement à l'immigration juive, l'opposition arabe se renforce. Des affrontements se déroulent dans les [[années 1920]] (émeutes de 1920 et de 1929) et [[années 1930|1930]] (activités de [[Izz al-Din al-Qassam]], mouvement al-Qaff al-Aswad ou encore la Grande Révolte arabe de 1936-1939).
L'antisionisme contemporain peut faire référence à un ou plusieurs des concepts suivants :
* l'opposition à la politique de [[colonies israéliennes|colonisation]] des [[territoires palestiniens occupés]] selon le point de vue qu'Israël et [[Néosionisme|certains groupements se revendiquant du sionisme]] y appliqueraient une politique expansionniste dans la perpétuation du projet sioniste<ref name="bib" >Brian Klug, ''[http://www.guardian.co.uk/world/2003/dec/03/comment No, anti-Zionism is not anti-semitism]'', The Guardian, 3 décembre 2003 écrit : « ''But Israel's occupation of the West Bank and Gaza Strip is no fantasy. Nor is the spread of Jewish settlements in these territories. Nor the unequal treatment of Jewish colonisers and Palestinian inhabitants. Nor the institutionalised discrimination against Israeli Arab citizens in various spheres of life. These are realities. It is one thing to oppose Israel or Zionism on the basis of an anti-semitic fantasy; quite another to do so on the basis of reality. »</ref>. Certains de ceux qui s'opposent à la colonisation rejettent cependant le qualificatif d'antisionisme, car ils ne s'opposent qu'à cet aspect qui à lui seul n'est pas antinomique au sionisme qui ne demande pas l'expansion d'Israël. C'est par exemple la position de l'association [[La Paix Maintenant]]<ref> Shlomo Ben-Ami, ''[http://www.lapaixmaintenant.org/1948-la-mere-de-toutes-les-guerres 1948 : la mère de toutes les guerres]'', www.lapaixmaintenant.org, 8 septembre 2008 écrit : « ''Or, malheureusement, c’est sur ce point que la pensée sioniste s’est fossilisée. Ce qui avait fonctionné en 1948 n’a plus servi à rien pendant la guerre de 1973, quand les colonies du Golan ont dû être évacuées pour donner à l’armée israélienne un espace convenable pour manœuvrer. Aujourd’hui, à l’ère des missiles à longue portée, les ceintures de colonies juives en Cisjordanie le long du Jourdain et de l’ancienne ligne Verte n’offrent plus aucun avantage militaire. La tradition sioniste de soutien à la colonisation doit être aussi remise en cause sur le plan politique : après tout, un pays normal n’est pas censé occuper des territoires au-delà de ses frontières légitimes'' » mais l'association se définit [http://www.lapaixmaintenant.org/ensavoirplus sur sa page d'accueil] comme « Shalom Akhshav, un mouvement israélien sioniste et démocrate ».</ref> ;
* l'opposition au droit à l'existence même d'Israël ou d'un État juif, souvent dénommé [[entité sioniste]] dans ce contexte et selon le point de vue que le sionisme ne serait en rien légitime et qu'il aurait spolié les Arabes palestiniens de leur pays<ref>Humphreys, R. Stephen, ''Between Memory and Desire: The Middle East in a Troubled Age'', University of California Press, 2005, {{p.|51}}.</ref>. L'opposition peut alors aller jusqu'à réclamer l'anéantissement militaire d'Israël<ref>Joshua Teitelbaum, ''[http://jcpa.org/wp-content/uploads/2012/05/IransIntent2012b.pdf The Iranian Leadership’s Continuing Declarations of Intent to Destroy Israel]'', Jerusalem Center for Public Affairs, 2012.</ref>.


==== En Europe ====
=== En Europe ===
À l'origine, le sionisme, mouvement politique laïc, ne fait pas l'unanimité chez les Juifs, car il rencontre une opposition forte de la part d'une partie des Juifs religieux. L'antisionisme religieux ne concerne néanmoins pas tout le judaïsme : une partie des religieux sont également sionistes<ref>{{en}} [http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Zionism/Anti-Zionism.html {{lang|en|''Anti-Zionism Among Jews''}}]</ref>.
À l'origine, le sionisme, mouvement politique laïc, ne fait pas l'unanimité chez les Juifs, car il rencontre une opposition forte de la part d'une partie des Juifs religieux. L'antisionisme religieux ne concerne néanmoins pas tout le judaïsme : une partie des religieux sont également sionistes<ref>{{en}} [http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Zionism/Anti-Zionism.html {{lang|en|''Anti-Zionism Among Jews''}}]</ref>.


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* les sionistes proprement dit, dont le pôle majoritaire est socialiste{{Référence nécessaire}}
* les sionistes proprement dit, dont le pôle majoritaire est socialiste{{Référence nécessaire}}


Aujourd'hui, le courant antisioniste en Europe se manifeste par le biais de plusieurs organisations antisionistes, communistes, altermondialistes, d’extrême-droite, pro-palestiniennes ou islamistes. Des organisations d'extrême gauche se revendiquant comme juives telles que les [[Juifs européens pour une paix juste]] (JEPJ), l'[[Union juive française pour la paix]], l'[[Union des Progressistes Juifs de Belgique]] (UPJB), le [[réseau des Juifs contre l’occupation]] (Italie) et l'organisation [[Jews for Justice for Palestinians]] (Royaume-Uni) s'opposent au sionisme le qualifiant de « politique colonialiste aux dépens du peuple palestinien ».
==== Antisionisme chrétien ====

Les [[années 1880]] voient une recrudescence de l'antisémitisme en Europe. En France, le krach de l'[[Union générale]] (banque catholique) en [[1882]] entraîne une série d'accusations sur le thème du « complot juif mondial ». Ce mythe se développe dans des écrits comme ''[[La France juive]]'' ([[1886]]) et prend forme à l'occasion de l'[[affaire Dreyfus]], qui se déroule à partir de [[1894]]. En même temps, le premier [[congrès sioniste]] se réunit à [[Bâle]] en [[1897]]. Parallèlement, un pamphlet antisémite écrit par un prêtre russo-lituanien, [[Justin Bonaventure Pranaitis]], a été publié en [[1892]]. Rédigé en latin puis traduit dans différentes langues, cet ouvrage de propagande intitulé ''[[Le Talmud démasqué]]'' est un faux. Il a une audience considérable.
=== Antisionisme chrétien ===


[[Georges Bensoussan (historien)|Georges Bensoussan]] rapporte<ref>[http://www.anti-rev.org/textes/Bensoussan99a/index.html Georges Bensoussan : "Négationnisme et antisionisme : récurrences et convergences des discours du rejet"]</ref> que la première forme d'antisionisme est contemporaine de la naissance du sionisme et du premier Congrès sioniste organisé par [[Theodor Herzl]] :
[[Georges Bensoussan (historien)|Georges Bensoussan]] rapporte<ref>[http://www.anti-rev.org/textes/Bensoussan99a/index.html Georges Bensoussan : "Négationnisme et antisionisme : récurrences et convergences des discours du rejet"]</ref> que la première forme d'antisionisme est contemporaine de la naissance du sionisme et du premier Congrès sioniste organisé par [[Theodor Herzl]] :
: « Les [[Jésuite]]s, les premiers, lancent [le] thème [du complot sioniste] en février 1898 dans leur organe la ''Civiltà Cattolica''. Du "complot juif", les Jésuites passent vite au « complot sioniste mondial », et ouvrent, ce faisant, la voie à la carrière fabuleuse d'un faux dont ils ne sont pourtant pas les auteurs. »
: « Les [[Jésuite]]s, les premiers, lancent [le] thème [du complot sioniste] en février 1898 dans leur organe la ''Civiltà Cattolica''. Du "complot juif", les Jésuites passent vite au « complot sioniste mondial », et ouvrent, ce faisant, la voie à la carrière fabuleuse d'un faux dont ils ne sont pourtant pas les auteurs. »


Les ''[[Protocoles des Sages de Sion]]'' paraissent cinq ans plus tard, en 1903. Comme pour ''Le Talmud démasqué'', il s'agit d'un faux. Ce texte a été composé par l'[[Okhrana]], la police secrète du [[tsar]]. Ensuite la « [[conspiration]] » sioniste sera assimilée à une révolution juive, identifiée à la [[révolution bolchevique]], dans le cadre de la [[propagande]] [[anticommuniste]] qui use à la fois des ''Protocoles'' et recourt à la vision conspirationniste de l'histoire.
Les ''[[Protocoles des Sages de Sion]]'' paraissent cinq ans plus tard, en 1903. Il s'agit d'un faux. Ce texte a été composé par l'[[Okhrana]], la police secrète du [[tsar]]. Ensuite la « [[conspiration]] » sioniste sera assimilée à une révolution juive, identifiée à la [[révolution bolchevique]], dans le cadre de la [[propagande]] [[anticommuniste]] qui use à la fois des ''Protocoles'' et recourt à la vision conspirationniste de l'histoire.



==== Antisionisme soviétique ====
=== Antisionisme soviétique ===


À partir de la fin des [[années 1920]], le sionisme est comparé en Union soviétique à un « nationalisme bourgeois » et en faire l'éloge parmi les Juifs est interdit.
À partir de la fin des [[années 1920]], le sionisme est comparé en Union soviétique à un « nationalisme bourgeois » et en faire l'éloge parmi les Juifs est interdit.
Cependant après la {{IIe}} guerre mondiale l'URSS fut d'abord favorable au sionisme et vota pour la création de l'Etat d'Israël à l'ONU. Puis, durant les années de pouvoir de [[Joseph Staline]], de [[1927]] à [[1953]], les Juifs sont fréquemment dénoncés comme sionistes, souvent à tort.
Cependant après la {{IIe}} guerre mondiale l'URSS est d'abord favorable au sionisme et vote pour la création de l'État d'Israël à l'ONU. Elle reconnait de jure [[Israël]] à sa naissance, et lui livre des armes de même que la [[Tchécoslovaquie]] qui vient de passer dans le camp communiste à la suite du [[coup de Prague]]. Le {{date|15|mai|1948}}, L'ambassadeur soviétique à l'ONU, [[Andrei Gromyko]] parle des « aspirations d’une partie considérable du Peuple juif vers la Palestine », il évoque les souffrances endurées pendant la guerre « qui défient toute description » et se prononce en faveur du plan de partage.

=== De la guerre de 1948 à celle de 1967 ===

[[File:01-10-09GazaProtest WashDC-a.JPG|right|300px|thumb|La fin de l'occupation israélienne des territoires occupés est une revendication qu'on retrouve dans tous les courants antisionistes.]]

Depuis la [[Seconde Guerre mondiale]], il existe quelques fois une ambiguïté entre les prises de position contre l’État d’Israël (entre autres par rapport à l'implantation des colonies en Palestine) et celles contre les juifs.

==== Dans les pays arabes ====

Une partie des pays arabes présente toujours une hostilité au maintien de l'État d'Israël.

L'antisionisme plus contemporain dans le monde arabe possède différents fondements idéologiques : le [[nationalisme]] local, le [[pan-arabisme]], l'[[islamisme]], le [[socialisme]], ou encore l'[[anti-colonialisme]]. Les principales objections au sionisme, communes aux différents antisionismes arabes sont que la terre palestinienne leur fut prise de façon illégale par l'[[Empire britannique]] (par l'intermédiaire de la [[déclaration Balfour]]) et en conséquence par Israël, d'abord en 1948 puis en 1967, processus qui s'est prolongé par l'occupation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie.

==== Dans les pays occidentaux ====
Durant les [[années 1950]] et [[années 1960|1960]], Israël fait d'importants efforts pour entretenir de bonnes relations avec les tout nouveaux États d'Afrique et d'Asie, et l'hostilité à Israël reste confinée au monde arabo-musulman et au bloc communiste. Cette situation change radicalement après la [[guerre des Six Jours]] ([[1967]]).

En 1972, l'[[historien]] et [[arabisant]] [[Maxime Rodinson#Le conflit palestinien|Maxime Rodinson]] rédige l’article « Sionisme » pour l’[[Encyclopaedia universalis]] et conclut :
<blockquote>
Le sionisme est un cas très particulier de nationalisme. Si une critique de type purement nationaliste est désarmée devant lui, par contre une critique universaliste est intellectuellement plus fondée. Par définition, elle ne peut se borner à mettre en balance les avantages et les inconvénients du sionisme pour les Juifs. Elle soulignerait surtout, en dehors des conséquences générales de la définition nationaliste de l’ensemble juif, le tort considérable fait au monde arabe par le projet réalisé du sionisme politique centré sur la Palestine : aliénation d’un territoire arabe, cycle de conséquences conduisant à la subordination et à l’expulsion d’une partie très importante de la population palestinienne<ref>[http://www.paris-philo.com/article-3449493.html Article complet ]</ref>.</blockquote>

==== En URSS ====

L'[[Union des républiques socialistes soviétiques]] reconnait de jure [[Israël]] à sa naissance, et lui livre des armes de même que la [[Tchécoslovaquie]] qui venait de passer dans le camp communiste à la suite du [[coup de Prague]]. Le {{date|15|mai|1948}}, L'ambassadeur soviétique à l'ONU, [[Andrei Gromyko]] parle des « aspirations d’une partie considérable du Peuple juif vers la Palestine », il évoque les souffrances endurées pendant la guerre « qui défient toute description » et se prononce en faveur du plan de partage.


Lors de la [[guerre israelo-arabe de 1948]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et ses alliés du [[Bloc de l'Est]] soutiennent [[Israël]].
Lors de la [[guerre israelo-arabe de 1948]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et ses alliés du [[Bloc de l'Est]] soutiennent [[Israël]].
Puis, durant les dernières du pouvoir de [[Joseph Staline]], de [[1948]] à [[1953]], les Juifs sont fréquemment dénoncés comme sionistes, souvent à tort.


Après la création d'Israël, de nombreux Juifs soviétiques commencent à juger favorablement Israël, ce mouvement soulevant des tensions avec le pouvoir soviétique qui voit dans le sionisme une forme de déloyauté.
Après la création d'Israël, de nombreux Juifs soviétiques commencent à juger favorablement Israël, ce mouvement soulevant des tensions avec le pouvoir soviétique qui voit dans le sionisme une forme de déloyauté.
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Lors des dernières années de pouvoir de [[Joseph Staline]], entre fin [[1948]] et [[1953]], l'antisémitisme et l'antisionisme s'intensifient. De plus en plus, l'URSS va laisser libre-cours à une propagande antisioniste que certains considèrent comme non dénuée des traits caractéristiques de l'antisémitisme : ainsi, l'universitaire français [[Pierre-André Taguieff]] y voit une des « ''sources à gauche de la haine actuelle des Juifs'' »<ref>[http://www.lepoint.fr/dossiers_societe/document.html?did=146378 Société - Lepoint.fr]</ref>{{Référence insuffisante}}.
Lors des dernières années de pouvoir de [[Joseph Staline]], entre fin [[1948]] et [[1953]], l'antisémitisme et l'antisionisme s'intensifient. De plus en plus, l'URSS va laisser libre-cours à une propagande antisioniste que certains considèrent comme non dénuée des traits caractéristiques de l'antisémitisme : ainsi, l'universitaire français [[Pierre-André Taguieff]] y voit une des « ''sources à gauche de la haine actuelle des Juifs'' »<ref>[http://www.lepoint.fr/dossiers_societe/document.html?did=146378 Société - Lepoint.fr]</ref>{{Référence insuffisante}}.


=== Après 1967 ===
=== Aux États-Unis ===


Aujourd’hui, il n’existe plus d’opposition fondamentale des religieux orthodoxes au projet sioniste hormis quelques courants marginaux tel le courant « Neturei Karta ». Il existe en effet aux [[États-Unis]] un courant juif antisioniste<ref>{{lien brisé|url=http://www.doublestandards.org/jaz1.html|titre= Listes de sites juifs antisionsites}}</ref> très minoritaire<ref>http://www.guardian.co.uk/world/2002/jul/21/israelandthepalestinians.features</ref>, représenté d'une part par des organisations juives ultra-orthodoxes qui contestent le sionisme « au nom des valeurs fondamentales du judaïsme » <ref>http://www.nkusa.org/ Neturai karta http://www.jewsagainstzionism.com/ {{lang|en|''True Torah Jews''}}</ref> et d'autre part des mouvements juifs progressistes opposés à la [[Territoires palestiniens occupés|colonisation de la Palestine]].
La [[guerre des Six Jours]] en [[1967]] est l'un des facteurs qui modifient les rapports d'Israël à un grand nombre de nations. L'État d'Israël perd son image de faiblesse par rapport au monde arabe et sa position de « pays sur la défensive » en conquérant en 6 jours Gaza, le Sinaï, la Cisjordanie et le plateau du Golan, ce qui lui vaut l'opposition des mouvements pacifistes.


En 2006, l'[[American Jewish Committee]] a publié un essai intitulé ''[[Progressive Jewish Thought and the New Anti-Semitism]]'' qui analyse la notion d'antisionisme. D'après ses conclusions, cette notion a fortement évolué depuis la création d'Israël en 1948, et se confond désormais avec la volonté d'éliminer l'État d'Israël<ref>{{lien web|langue=en|nom1=Rosenfeld|prénom=Alvin H.|Rosenfeld|titre='Progressive' Jewish Thought and the New Anti-Semitism|éditeur=American Jewish Committee|année=2006|url=http://www.ajc.org/atf/cf/%7B42D75369-D582-4380-8395-D25925B85EAF%7D/PROGRESSIVE_JEWISH_THOUGHT.PDF|consulté le=11 mars 2010}}.</ref>.
La victoire israélienne lors de la guerre de 1973 provoque l'utilisation de l'« arme pétrolière » par les pays arabes. Le statut d'allié des États-Unis vaut à Israël l'antagonisme de l'Union soviétique et de la Chine dans le contexte de la guerre froide.


=== En France ===
La renaissance du nationalisme palestinien remet également la problème palestinien à l'avant de l'actualité.


Selon Olivier Guland, des mouvements d'extrême droite dissimulent leur antisémitisme derrière un antisionisme de circonstance : Il estime que le Front National défendra ainsi l'Irak de Saddam Hussein selon le principe « l'ennemi de mon ennemi<ref>Olivier Guland, ''Le Pen, Mégret et les Juifs, L'obsession du « complot mondialiste »'', La Découverte - Enquêtes, 2000. chapitre 9 : ''Le FN et l'Irak''. ISBN : 2-7071-3061-3 Ce chapitre évoque en particulier l'éditorial de [[François Brigneau]], dans National-Hebdo du 26 février 1998. Il cite aussi l'ouvrage de Nicolas Beau, ''Paris, capitale arabe'', Seuil, Paris, 1995, qui étudie les amitiés arabes de cadres du FN et du GUD, liés à une « obsession fondamentale, la haine d'Israël. » Olivier Guland écrit : « Dès lors que l'Irak représentait, pour l'ennemi sioniste, un adversaire plus farouche que les riches potentats de la péninsule Arabique, [Pencioleli] n'a eu aucun mal à retourner sa veste. » Le journal frontiste ''Le Choc du Mois'' titre en février 1971 à la Une, « Les Juifs ont-ils poussé à la guerre [contre l'Irak] ? »</ref>… ». Selon [[Alain Gresh]], la Liste Antisioniste, créée en mai 2009 avec à sa tête [[Dieudonné]] M'Bala M'Bala, [[Alain Soral]], et Yahia Gouasmi, n'est pas « considérée comme sérieuse par les associations antisionistes traditionnelles »<ref>[http://blog.mondediplo.net/2009-05-16-Dieudonne-rejete-par-le-mouvement-de-solidarite « Dieudonné rejeté par le mouvement de solidarité avec la Palestine »] par [Alain Gresh] ([[monde Diplomatique]])</ref>{{,}}<ref>{{lien brisé|consulté le=20130318|url=http://www.ujfp.org/modules/news/article.php?storyid=555|titre=Critique du PAS par l'UJFP}}</ref>{{,}}<ref>[http://www.europalestine.com/article.php3?id_article=1410 Distanciation entre Dieudonné et EuroPalestine]</ref>{{,}}<ref>[http://www.france-palestine.org/article11922.html Critique du PAS par l'AFPS]</ref>{{,}}<ref>[http://www.europalestine.com/spip.php?article4154 Le PAS n'a pas le soutien du Hamas comme il le prétendait]</ref>.
==== Résolutions 3379 et 46/86 de l'ONU ====
La tendance antisioniste se manifeste au début des [[années 1970]] dans plusieurs organisations internationales{{Lesquelles}}. Ainsi, l'[[Organisation de l'unité africaine]] et le [[Mouvement des non-alignés]] votent la [[Résolution 3379 de l'Assemblée générale des Nations unies|résolution 3379]] où il est décrèté « que le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ».


{{...}}
Cette résolution est votée le 10 novembre 1975 par {{nombre|72|voix}} dont l'ensemble des pays arabes ou musulmans et des pays communistes, contre 35, et {{nombre|32|abstentions}}<ref name=Votes>Voir le résultat détaillé du vote sur {{en}} {{lien web|url=http://neohumanism.org/u/un/united_nations_general_assembly_resolution_3379.html|titre=United Nations General Assembly Resolution 3379}}</ref>.
=== Dans les pays arabes ===


Une partie des pays arabes présente toujours une hostilité au maintien de l'État d'Israël.
[[Kofi Annan]], [[secrétaire général de l'ONU]], désapprouve publiquement la résolution 3379 en la qualifiant de « manifestation lamentable d'antisémitisme »<ref>[http://www.un.org/Pubs/chronicle/2004/webArticles/062104_sg_remarks.asp UN Chronicle].</ref>.


L'antisionisme plus contemporain dans le monde arabe possède différents fondements idéologiques : le nationalisme local, le pan-arabisme, l'islamisme, le socialisme, ou encore l'anti-colonialisme. Les principales objections au sionisme, communes aux différents antisionismes arabes sont que la terre palestinienne leur fut prise de façon illégale par l'Empire britannique (par l'intermédiaire de la déclaration Balfour) et en conséquence par Israël, d'abord en 1948 puis en 1967, processus qui s'est prolongé par l'occupation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie.
En [[1991]], la situation internationale est modifiée par l'effondrement de l'Union soviétique, par les [[accords d'Oslo]] ainsi que par la [[Guerre du Golfe (1990-1991)|première guerre du Golfe]], qui renforce l'influence américaine. À l'initiative d'Israël et des États-Unis, la résolution 3379 est révoquée par l’Assemblée générale par la résolution 46/86, l'une des plus courtes de l'histoire qui affime simplement que l'Assemblée générale « Décide d'annuler la décision contenue dans sa résolution 3379 du 10 novembre 1975. » Israël a exigé la révocation de la résolution 3379 comme condition à sa participation à la Conférence de paix de Madrid, qui a marqué le début du processus de paix lancé par les États-Unis<ref name=Votes/>.


Les voix qui s'élèvent le plus fortement contre le sionisme viennent aujourd'hui principalement de l'ensemble des partis [[palestiniens]], et de la plupart des pays à majorité musulmane. La Jordanie, l'Égypte, la Turquie et l'Autorité palestinienne ont reconnu l'État d'Israël et son droit à l'existence. Il reste toutefois une polémique sur le fait qu'ils ne l'ont pas reconnu comme « pays du peuple juif ».
La [[Résolution 46/86 de l'Assemblée générale des Nations unies|résolution 46/86]] est votée à {{nombre|115|voix}} contre 25 et {{nombre|13|abstentions}} avec {{nombre|17|délégations}} absentes. Treize des {{nombre|19|pays}} arabes, dont certains engagés dans des négociations avec Israël, votent contre la résolution. Six autres sont absents. Aucun pays arabe ne vote en faveur de la résolution et l'[[Organisation de libération de la Palestine|OLP]] dénonce le vote. Tous les ex-États communistes et la plupart des pays africains votent l'abrogation des conclusions de la résolution 3379 de 1975. Seuls trois pays non musulmans votent contre cette révision : Cuba, la Corée du Nord et le Viêt Nam. Cependant, seul un pays dont la population est majoritairement musulmane vote la révision, l'Albanie, tandis que les autres s'abstiennent ou ne sont pas présents lors du vote<ref name=Votes/>.


La Ligue arabe s'est déclarée prête à reconnaître Israël en échange du retrait d'Israël de tous les territoires occupés en 1967 et en échange de la création d'un État palestinien viable et dont [[Jérusalem-Est]] serait la capitale<ref>http://www.france-palestine.org/article6012.html</ref>{{,}}<ref>http://www.debriefing.org/16983.html</ref>{{,}}<ref>http://www.lapaixmaintenant.org/article1503</ref>.
==== La conférence de Durban ====
[[File:06-10-07-CNIatCongress.JPG|right|350px|thumb|Les organisations anti-sionistes accusent Israël de pratiquer l'apartheid envers ses [[Arabe israélien|citoyens arabes]].]]
Dix ans après la résolution 4686, l'accusation de « racisme » est à nouveau portée contre Israël. En parallèle à la [[conférence de Durban]] en [[2001]], {{refnec|un forum de plusieurs [[Organisation non gouvernementale|ONG]] engagés dans le soutien aux [[Palestiniens]] vote une déclaration}} {{référence obsolète|qui attribue au sionisme un caractère raciste<ref>[http://www.col.fr/arche/article.php3?id_article=254 www.col.fr] et [''Le Point'' {{numéro}}1620 du 3 octobre 2003]. </ref>}}. [[Alain Finkielkraut]] remarque à cette occasion : « Tous les pays du monde se réunissent pour discuter du racisme et trouvent un double bouc émissaire, Israël et l'Occident. Des pays esclavagistes en toute impunité dénoncent la traite des Noirs, ou le racisme aux États-Unis. Le Soudan, la Libye, Cuba stigmatisent Israël, régime d'apartheid. »

L'universitaire palestinien [[Edward Saïd]], prenant personnellement des positions antisionistes par son souhait d'un État unique sur l'ensemble de la {{quoi|Palestine géographique}}, puis à la fin de sa vie favorable à une étape de deux États côte à côte, critique fortement ce qu'il juge comme une vague d'antisémitisme entraînée par l'antisionisme<ref>[http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/SAID/10786.html Israël-Palestine, une troisième voie, par Edward W. Saïd (Le Monde diplomatique)]</ref>, en dénonçant les intellectuels arabes fascinés par le [[négationniste]] [[Roger Garaudy]].

Selon {{lien|langue=en|Yakov M. Rabkin}}, professeur d'histoire canadien antisioniste et opposé à l’existence de l’État d’Israël, {{refnec|« Israël contribue à générer l'antisémitisme dans le monde ». Selon lui, « Israël parlant officiellement au nom du peuple juif (alors que seule la Torah devrait unir ce peuple), inclut volontairement ou non, tous les Juifs du monde par leurs actions - militaires entre autres, générant ainsi un amalgame entre les Juifs et les sionistes »}}

Le sociologue et politologue français [[Pierre-André Taguieff]] estime que l'accusation de racisme à l'égard du sionisme est une résurgence contemporaine des vieilles accusations antisémites<ref name="Paratonnerre">[http://www.lenouveleconomiste.fr/2010/06/22/pierre-andre-taguieff-paratonnerre/ ''Le Nouvel Économiste''.fr, 22 juin 2010].</ref>. Dans ''[[La Nouvelle Propagande antijuive]]'' (2010), il écrit que « l’antisionisme radical est l’une des principales formes de racisme apparues depuis la fin du {{XXe}} siècle. En procédant à la nazification du “sionisme”, il légitime un programme raciste d’élimination d’Israël ». Or cette nouvelle propagande antijuive, poursuit-il, « n’est pas reconnue comme telle, et demeure socialement invisible. Les évidences “antisionistes” (stéréotypes, préjugés, rumeurs) se sont installées en effet dans la “doxa intellectuelle” de l’époque, ce qui les protège de la critique ».

==== Organisation de Libération de la Palestine ====

En {{date||avril|1996}}, l'[[Organisation de libération de la Palestine|OLP]] modifie sa charte qui visait un État palestinien sur l'ensemble de la Palestine. Cependant, le ralliement à la notion d'État juif chez les intellectuels et politiques palestiniens fait débat.

==== Le cas de l'Iran ====


=== Iran ===
L'[[Iran]], depuis la [[Révolution iranienne|révolution islamique]] de 1979, considère l'État d'Israël comme illégitime, et le désigne par l'expression « [[entité sioniste]] ».
L'[[Iran]], depuis la [[Révolution iranienne|révolution islamique]] de 1979, considère l'État d'Israël comme illégitime, et le désigne par l'expression « [[entité sioniste]] ».


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L'opposition à Israël en général et au sionisme en particulier vient de l'Ayatollah Khomeini qui déclare Israël « ennemi de l'islam » pendant sa campagne contre le Shah. Après la seconde phase de la révolution iranienne, l'Iran revient sur toute forme de reconnaissance de l'État hébreu et coupe toutes relations diplomatiques officielles. Des rapports attestent cependant qu'Israël continue de fournir une assistance militaire à l'Iran pendant son conflit avec l'Irak, pour un montant estimé à {{nombre|2.5|milliards}} de dollars.
L'opposition à Israël en général et au sionisme en particulier vient de l'Ayatollah Khomeini qui déclare Israël « ennemi de l'islam » pendant sa campagne contre le Shah. Après la seconde phase de la révolution iranienne, l'Iran revient sur toute forme de reconnaissance de l'État hébreu et coupe toutes relations diplomatiques officielles. Des rapports attestent cependant qu'Israël continue de fournir une assistance militaire à l'Iran pendant son conflit avec l'Irak, pour un montant estimé à {{nombre|2.5|milliards}} de dollars.


== Aujourd'hui ==

=== Du côté arabe et musulman ===

==== Pays de la Ligue Arabe ====

Les voix qui s'élèvent le plus fortement contre le sionisme viennent aujourd'hui principalement de l'ensemble des partis [[palestiniens]], et de la plupart des pays à majorité musulmane. La Jordanie, l'Égypte, la Turquie et l'Autorité palestinienne ont reconnu l'État d'Israël et son droit à l'existence. Il reste toutefois une polémique sur le fait qu'ils ne l'ont pas reconnu comme « pays du peuple juif ».

La Ligue arabe s'est déclarée prête à reconnaître Israël en échange du retrait d'Israël de tous les territoires occupés en 1967 et en échange de la création d'un État palestinien viable et dont [[Jérusalem-Est]] serait la capitale<ref>http://www.france-palestine.org/article6012.html</ref>{{,}}<ref>http://www.debriefing.org/16983.html</ref>{{,}}<ref>http://www.lapaixmaintenant.org/article1503</ref>.

Les mouvements tels que le [[Hamas]] et le [[Hezbollah]] n'admettent pas l'existence de l'État d'Israël et appellent à sa destruction dans certains communiqués.


==== L'Iran dans la période récente ====
==== L'Iran dans la période récente ====
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{{citation|Certains pays européens disent de manière insistante que pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler a brûlé des millions de juifs et les a mis dans des camps de concentration. Tout historiens, commentateur ou scientifique qui remet ceci en doute est emprisonné ou condamné. Bien que nous n'acceptons pas cette déclaration, si nous la supposons vraie, si les pays européens étaient honnêtes, ils devraient donner une partie de leur territoire en Europe - par exemple en Allemagne, en Autriche ou ailleurs - aux sionistes, et les sionistes pourraient fonder leur État en Europe. Offrez une partie de l'Europe, et nous vous soutiendrons.}}
{{citation|Certains pays européens disent de manière insistante que pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler a brûlé des millions de juifs et les a mis dans des camps de concentration. Tout historiens, commentateur ou scientifique qui remet ceci en doute est emprisonné ou condamné. Bien que nous n'acceptons pas cette déclaration, si nous la supposons vraie, si les pays européens étaient honnêtes, ils devraient donner une partie de leur territoire en Europe - par exemple en Allemagne, en Autriche ou ailleurs - aux sionistes, et les sionistes pourraient fonder leur État en Europe. Offrez une partie de l'Europe, et nous vous soutiendrons.}}


En 2006 et 2007, Mahmoud Ahmadinejad a dit, en citant Khomeiny, « que ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps. »<ref>http://www.ism-france.org/news/article.php?id=7558&type=analyse</ref> (disparition qu'il compare, par la suite, à l'écroulement de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]).
En 2006 et 2007, Mahmoud Ahmadinejad a dit, en citant Khomeiny, « que ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps. »<ref>http://www.ism-france.org/news/article.php?id=7558&type=analyse</ref> {{douteux|(disparition qu'il compare, par la suite, à l'écroulement de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]])}}{{Référence à confirmer}}.

=== En Europe ===


Aujourd'hui, le courant antisioniste en Europe se manifeste par le biais de plusieurs organisations antisionistes, communistes, altermondialistes, d’extrême-droite, pro-palestiniennes ou islamistes. Des organisations d'extrême gauche se revendiquant comme juives telles que les [[Juifs européens pour une paix juste]] (JEPJ), l'[[Union juive française pour la paix]], l'[[Union des Progressistes Juifs de Belgique]] (UPJB), le [[réseau des Juifs contre l’occupation]] (Italie) et l'organisation [[Jews for Justice for Palestinians]] (Royaume-Uni) s'opposent au sionisme le qualifiant de « politique colonialiste aux dépens du peuple palestinien ».

==== En France ====

Selon Olivier Guland,des mouvements d'extrême droite dissimulent leur antisémitisme derrière un antisionisme de circonstance : Il estime que le Front National défendra ainsi l'Irak de Saddam Hussein selon le principe « l'ennemi de mon ennemi<ref>Olivier Guland, ''Le Pen, Mégret et les Juifs, L'obsession du « complot mondialiste »'', La Découverte - Enquêtes, 2000. chapitre 9 : ''Le FN et l'Irak''. ISBN : 2-7071-3061-3 Ce chapitre évoque en particulier l'éditorial de [[François Brigneau]], dans National-Hebdo du 26 février 1998. Il cite aussi l'ouvrage de Nicolas Beau, ''Paris, capitale arabe'', Seuil, Paris, 1995, qui étudie les amitiés arabes de cadres du FN et du GUD, liés à une « obsession fondamentale, la haine d'Israël. » Olivier Guland écrit : « Dès lors que l'Irak représentait, pour l'ennemi sioniste, un adversaire plus farouche que les riches potentats de la péninsule Arabique, [Pencioleli] n'a eu aucun mal à retourner sa veste. » Le journal frontiste ''Le Choc du Mois'' titre en février 1971 à la Une, « Les Juifs ont-ils poussé à la guerre [contre l'Irak] ? »</ref>… ». Selon [[Alain Gresh]], la Liste Antisioniste, créée en mai 2009 avec à sa tête [[Dieudonné]] M'Bala M'Bala, [[Alain Soral]], et Yahia Gouasmi, n'est pas « considérée comme sérieuse par les associations antisionistes traditionnelles »<ref>[http://blog.mondediplo.net/2009-05-16-Dieudonne-rejete-par-le-mouvement-de-solidarite « Dieudonné rejeté par le mouvement de solidarité avec la Palestine »] par [Alain Gresh] ([[monde Diplomatique]])</ref>{{,}}<ref>{{lien brisé|consulté le=20130318|url=http://www.ujfp.org/modules/news/article.php?storyid=555|titre=Critique du PAS par l'UJFP}}</ref>{{,}}<ref>[http://www.europalestine.com/article.php3?id_article=1410 Distanciation entre Dieudonné et EuroPalestine]</ref>{{,}}<ref>[http://www.france-palestine.org/article11922.html Critique du PAS par l'AFPS]</ref>{{,}}<ref>[http://www.europalestine.com/spip.php?article4154 Le PAS n'a pas le soutien du Hamas comme il le prétendait]</ref>.

[[Laurent Mucchielli]], estime que l'antisémitisme sur une longue période avait diminué dans le pays. Cette information a donné lieu a la publication d'un document créé par le sociologue nommé le « retour de l’antisémitisme : discours rituel au dîner annuel du CRIF ». Dans son analyse, le sociologue tente de démontrer en effet que le pic d’actes antisémites effectivement constaté en janvier 2009 s’explique par une raison conjoncturelle : la [[guerre de Gaza]]. Ce phénomène avait déjà été observé lors de la deuxième Intifada en 2000. Selon Mucchielli, il n’y a pas d’augmentation tendancielle de l’antisémitisme en France, 90 % des Français considérant en outre les juifs comme des Français comme les autres. Il dénonce en revanche « une incapacité du [[Conseil représentatif des institutions juives de France|CRIF]] à prendre ses distances avec l’Etat israélien, ce qui est le pendant et l’amplificateur de l’incapacité de nombreux Français maghrébins à distinguer la politique israélienne de la communauté juive en général » ([http://groupeclaris.wordpress.com/2009/03/03/le-pseudo-%C2%AB-retour-de-l%E2%80%99antisemitisme-%C2%BB/ intégralité du texte ]).

Dans un billet, le directeur de [[L'Arche (revue)|l'Arche]], [[Meïr Waintrater]] répond à Laurent Mucchielli que ni les chiffres de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, ni les {{Citation|sondages d’opinion où la grande majorité des Français déclarent qu’ils ne sont pas antisémites}} ne reflètent seuls la réalité et que voir les actes [[antisémites]] comme une conséquence de la guerre de Gaza n'est pas acceptable car s'il {{Citation|est vrai que les institutions [[juives]] ont exprimé leur soutien à [[Israël]] [...] il est non moins vrai que les institutions musulmanes ont proclamé des choix inverses. Si la solidarité juive explique des attaques contre des synagogues, est-ce que la solidarité musulmane expliquerait des attaques contre des mosquées ?}}<ref>[http://www.crif.org/?page=articles_display/detail&aid=14199&artyd=10" L'intégralité du texte]</ref>.


=== En Israël ===
=== En Israël ===


Aujourd'hui, l'antisionisme en [[Israël]] est représenté par un courant juif ultra-orthodoxe minoritaire et un courant laïque d’extrême gauche tel que [[Hadash (parti politique)|Hadash]] (parti communiste) ou les intellectuels de l'appel Olga (notamment comme [[Michel Warschawski]], partisan d'un État bi-national). [[Shlomo Sand]], [[Ilan Pappé]], [[Meron Benvenisti]] ou l'organisation « [[Anarchists Against the Wall]] » tiennent des positions antisionistes. Sand remet en cause {{Référence incomplète|« la pertinence de lois fondamentales établissant une préférence pour les Juifs en Israël »<ref> ''Les Mots et la Terre: Les intellectuels en Israël''.</ref>|}}.
Aujourd'hui, l'antisionisme en [[Israël]] est représenté par un courant juif ultra-orthodoxe minoritaire et un courant laïque d’extrême gauche tel que [[Hadash (parti politique)|Hadash]] (parti communiste) ou les intellectuels de l'appel Olga (notamment comme [[Michel Warschawski]], partisan d'un État bi-national). [[Shlomo Sand]], [[Ilan Pappé]], [[Meron Benvenisti]] ou l'organisation « [[Anarchists Against the Wall]] » tiennent des positions qui sont quelquefois qualifiées d'antisionistes. Le mouvement [[La Paix maintenant]], lui aussi opposé à la poursuite de la colonisation, se définit comme sioniste, établissant une différence entre l'antisionisme qui consisterait à réfuter le droit à l'existence d'Israël, et la lutte contre la politique d'expansion, qui selon lui est un obstacle à la co-existence pacifique entre israeliens et palestiniens.


{{Loupe|Haredim#Le_sionisme}}
{{Loupe|Haredim#Le_sionisme}}


Le courant antisioniste actuel parmi les juifs [[Haredim]] se manifeste notamment par le groupe minoritaire et condamné par cette communauté ultraorhodoxe, les [[Neturei Karta]] pour leur soutien aux thèses [[Négationnisme|négationnistes]]<ref>{{en}}http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3340592,00.html</ref>. Selon leur interprétation, le [[Talmud]] (Meseches Kesuvos 111a) interdit la création d'un État pour les « fils d'Israël » tant que le [[Messiah|messie]] n'est pas arrivé. Pour les mêmes raisons ils s'opposent au sécularisme du mouvement sioniste. Ils estiment également que « l'État d'Israël est une cause d'injustices envers les Palestiniens ce qui est contraire à l'enseignement de la [[Torah]] ». Ils reprochent également au sionisme « d'instrumentaliser l'holocauste pour justifier ses actions<ref>{{en}} [http://www.jewsnotzionists.org/holocaust-zionism.htm {{lang|en|''"Spiritually and Physically Responsible" - "Israel versus Judaism Holocaust Victims Accuse"''}}]</ref> et l'antisémitisme en général »<ref>{{en}} [http://www.jewsnotzionists.org/nyt/nyt093097.html {{lang|en|''The Torah true jews have no part in the affair against the Swiss''}}]</ref> .

Il existe un fort courant antisioniste parmi les juifs [[Haredim]], dits ultraorthodoxes, avec, par exemple, le mouvement [[Neturei Karta]]. Selon leur interprétation, le [[Talmud]] (Meseches Kesuvos 111a) interdit la création d'un État pour les « fils d'Israël » tant que le [[Messiah|messie]] n'est pas arrivé. Pour les mêmes raisons ils s'opposent au sécularisme du mouvement sioniste. Ils estiment également que « l'État d'Israël est une cause d'injustices envers les Palestiniens ce qui est contraire à l'enseignement de la [[Torah]] ». Ils reprochent également au sionisme « d'instrumentaliser l'holocauste pour justifier ses actions<ref>{{en}} [http://www.jewsnotzionists.org/holocaust-zionism.htm {{lang|en|''"Spiritually and Physically Responsible" - "Israel versus Judaism Holocaust Victims Accuse"''}}]</ref> et l'antisémitisme en général »<ref>{{en}} [http://www.jewsnotzionists.org/nyt/nyt093097.html {{lang|en|''The Torah true jews have no part in the affair against the Swiss''}}]</ref> .


Lors de la création d'Israël en 1948, le pacte entre les sionistes et les Haredim est que ces derniers ne participent pas au service militaire pour ne pas cautionner cette idéologie. Ce pacte perdure encore de nos jours et crée un clivage au sein de la société israélienne entre les laïcs et certains religieux.
Lors de la création d'Israël en 1948, le pacte entre les sionistes et les Haredim est que ces derniers ne participent pas au service militaire pour ne pas cautionner cette idéologie. Ce pacte perdure encore de nos jours et crée un clivage au sein de la société israélienne entre les laïcs et certains religieux.
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{{refnec|Enfin, on trouve également des non-sionistes qui affirment que, même si la création d'Israël a pu être une erreur en raison du statut privilégié qu'elle accorda aux Juifs vis-à-vis des non-Juifs}}, le danger posé par l'antisémitisme arabe est insurmontable, et qu'un retour au {{lang|la|''statu quo ante''}} n'est pas envisageable. Les tenants de ce point de vue plaident simplement pour un règlement pacifique du conflit actuel. Pour eux, une paix véritable peut s'accompagner de concessions territoriales. C'est notamment le cas des rabbins [[Elazar Menachem Shach]]<ref>Qui avait une influence politique importante.</ref> ou [[Avigdor Miller]]<ref>Son influence d'idéologue est plus limitée.</ref>, qui ont écrit plusieurs ouvrages à ce sujet.
{{refnec|Enfin, on trouve également des non-sionistes qui affirment que, même si la création d'Israël a pu être une erreur en raison du statut privilégié qu'elle accorda aux Juifs vis-à-vis des non-Juifs}}, le danger posé par l'antisémitisme arabe est insurmontable, et qu'un retour au {{lang|la|''statu quo ante''}} n'est pas envisageable. Les tenants de ce point de vue plaident simplement pour un règlement pacifique du conflit actuel. Pour eux, une paix véritable peut s'accompagner de concessions territoriales. C'est notamment le cas des rabbins [[Elazar Menachem Shach]]<ref>Qui avait une influence politique importante.</ref> ou [[Avigdor Miller]]<ref>Son influence d'idéologue est plus limitée.</ref>, qui ont écrit plusieurs ouvrages à ce sujet.


=== Aux États-Unis ===
== Après 1967 ==
La [[guerre des Six Jours]] en 1967 est l'un des facteurs qui modifient les rapports d'Israël à un grand nombre de nations. Taguieff, reprenant d'autres analyses, note qu'elle marque un véritable tournant historique, aussi bien pour Saul Friedländer qui parle du « revirement hostile d’une fraction importante de l’opinion publique occidentale »<ref>{{harvsp|Taguieff|2010|p=167}}</ref>, pour Léon Poliakov ou pour lui-même qui date de cette période l'émergence de l'image d'un Israël belliciste<ref>{{harvsp|Taguieff,2010|p=179}}</ref>, la construction d'un amalgame « sionisme = racisme »<ref>{{harvsp|Taguieff,2010|p=169}}</ref> et « l'islamisation croissante des passions antisionistes et/ou antijuives »<ref>{{harvsp|Taguieff,2010|p=163}}</ref>. Le phénomène est amplifié avec le déclin du prestige américain qui suit la guerre du Viêt Nam et le poids croissant des nations productrices de pétrole. Tandis que des sentiments anti-occidentaux se développent en Afrique, l'Union soviétique, la Chine et Cuba prennent une place diplomatique plus importante.


=== Résolutions 3379 et 46/86 de l'ONU ===
Aujourd’hui, il n’existe plus d’opposition fondamentale des religieux orthodoxes au projet sioniste hormis quelques courants marginaux tel le courant « Neturei Karta ». Il existe en effet aux [[États-Unis]] un courant juif antisioniste<ref>[http://www.doublestandards.org/jaz1.html Listes de sites juifs antisionsites]</ref> mais très minoritaire, représenté d'une part par des organisations juives ultra-orthodoxes qui contestent le sionisme au nom des valeurs fondamentales du judaïsme ([http://www.nkusa.org/ Neturai karta], [http://www.jewsagainstzionism.com/ {{lang|en|''True Torah Jews''}}], …), et d'autre part des mouvements juifs progressistes opposés à la colonisation de la Palestine.
{{Article détaillé|Résolution 3379 de l'Assemblée générale des Nations unies}}


La tendance antisioniste se manifeste au début des [[années 1970]] à l'[[Organisation de l'unité africaine]] et le [[Mouvement des non-alignés]]. Le 10 novembre 1975 est votée la [[Résolution 3379 de l'Assemblée générale des Nations unies|résolution 3379]] où il est décrété « que le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ». Elle est adoptée par {{nombre|72|voix}} soit l'ensemble des pays arabes et des pays communistes, contre 35, et {{nombre|32|abstentions}}<ref name=Votes>Voir le résultat détaillé du vote sur {{en}} {{lien web|url=http://neohumanism.org/u/un/united_nations_general_assembly_resolution_3379.html|titre=United Nations General Assembly Resolution 3379}}</ref>.
En 2006, l'[[American Jewish Committee]] a publié un essai intitulé ''[[Progressive Jewish Thought and the New Anti-Semitism]]'' qui analyse la notion d'antisionisme. D'après ses conclusions, cette notion a fortement évolué depuis la création d'Israël en 1948, et se confond désormais avec la volonté d'éliminer l'État d'Israël<ref>{{lien web|langue=en|nom1=Rosenfeld|prénom=Alvin H.|Rosenfeld|titre='Progressive' Jewish Thought and the New Anti-Semitism|éditeur=American Jewish Committee|année=2006|url=http://www.ajc.org/atf/cf/%7B42D75369-D582-4380-8395-D25925B85EAF%7D/PROGRESSIVE_JEWISH_THOUGHT.PDF|consulté le=11 mars 2010}}.</ref>.

{{Inédit|En [[1991]], la situation internationale est modifiée par l'effondrement de l'Union soviétique, par les [[accords d'Oslo]] ainsi que par la [[Guerre du Golfe (1990-1991)|première guerre du Golfe]], qui renforce l'influence américaine}} {{Pertinence détail}}. À l'initiative d'Israël et des États-Unis, la résolution 3379 est révoquée par l’Assemblée générale qui vote la résolution 46/86 : l'Assemblée générale « décide d'annuler la décision contenue dans sa résolution 3379 du 10 novembre 1975. » Israël a exigé la révocation de la résolution 3379 comme condition à sa participation à la Conférence de paix de Madrid, qui a marqué le début du processus de paix lancé par les États-Unis<ref name=Votes/>.

Le 25 mars 1998, [[Kofi Annan]] le secrétaire général de l'ONU soulignant que l’année [[1998]] marquait le {{15e}} anniversaire de la [[Déclaration universelle des droits de l'homme]] a déclaré {{citation|Nous devons profiter de l'occasion pour dénoncer l'antisémitisme dans toutes ses manifestations. Ce qui m'amène à la résolution lamentable adoptée par l'Assemblée générale en 1975, assimilant le sionisme au racisme et à la discrimination raciale}} et a exprimé sa satisfaction que cette résolution ait été annulée par [[Assemblée générale des Nations unies|l’assemblée générale de l'ONU]] en [[1991]]<ref>{{en}}http://unispal.un.org/unispal.nsf/52b7d0e66142a40e85256dc70072b982/b0f4c3f48dba5aa3052565d40050a9a7?OpenDocument</ref>, la qualifiant de « décision particulièrement malheureuse »<ref>{{en}}[http://www.un.org/Pubs/chronicle/2004/webArticles/062104_sg_remarks.asp UN Chronicle] : {{citation| The General Assembly resolution of 1975, equating Zionism with racism, was an especially unfortunate decision. I am glad that it has since been rescinded}}.</ref>.

=== La conférence de Durban ===
Lors de la [[conférence de Durban]], des organisations anti-sionistes accusent Israël de pratiquer l'apartheid envers ses [[Arabe israélien|citoyens arabes]].
Dix ans après la résolution 4686, l'accusation de « racisme » est à nouveau portée contre Israël. [[Alain Finkielkraut]] remarque à cette occasion : « Tous les pays du monde se réunissent pour discuter du racisme et trouvent un double bouc émissaire, Israël et l'Occident. Des pays esclavagistes en toute impunité dénoncent la traite des Noirs, ou le racisme aux États-Unis. Le Soudan, la Libye, Cuba stigmatisent Israël, régime d'apartheid. »

== Les composantes de l'antisionisme ==
=== Antisionisme et antisémitisme ===
L'universitaire palestinien [[Edward Saïd]], prenant personnellement des positions antisionistes par son souhait d'un État unique sur l'ensemble de la Palestine, puis à la fin de sa vie favorable à une étape de deux États côte à côte, critique fortement ce qu'il juge comme une vague d'antisémitisme entraînée par l'antisionisme<ref>[http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/SAID/10786.html Israël-Palestine, une troisième voie, par Edward W. Saïd (Le Monde diplomatique)]</ref>, en dénonçant les intellectuels arabes fascinés par le [[négationniste]] [[Roger Garaudy]].

Le sociologue et politologue français [[Pierre-André Taguieff]] estime que l'accusation de racisme à l'égard du sionisme est une résurgence contemporaine des vieilles accusations antisémites<ref name="Paratonnerre">[http://www.lenouveleconomiste.fr/2010/06/22/pierre-andre-taguieff-paratonnerre/ ''Le Nouvel Économiste''.fr, 22 juin 2010].</ref>. Dans ''[[La Nouvelle Propagande antijuive]]'' (2010), il écrit que « l’antisionisme radical est l’une des principales formes de racisme apparues depuis la fin du {{XXe}} siècle. En procédant à la nazification du “sionisme”, il légitime un programme raciste d’élimination d’Israël ». Or cette nouvelle propagande antijuive, poursuit-il, « n’est pas reconnue comme telle, et demeure socialement invisible. Les évidences “antisionistes” (stéréotypes, préjugés, rumeurs) se sont installées en effet dans la “doxa intellectuelle” de l’époque, ce qui les protège de la critique ».


[[Sylvain Attal]], chef du service multimedia de la rédaction unifiée France24/MCD/RFI, estime que {{citation|Le glissement de la critique de la colonisation après 1967 ou du messianisme religieux vers la délégitimation d’Israël s’est opéré si pernicieusement qu’il a tout emporté. Y compris des intellectuels juifs gouvernés par le désir de plaire et d’être aimés. Parfois, ceux qui entendaient seulement exercer un droit légitime de critique de certains aspects de la politique israélienne se sont trouvés associés à leur corps défendant aux contempteurs d’Israël comme État colonial, voire raciste, oppresseur, comme une erreur de l’histoire avec laquelle il fallait en finir.}}. Selon lui « l'antisionisme total au sein de la gauche altermondialiste ressemble de plus en plus à celui des négationnistes de la [[Shoah]], qui considèrent cette dernière comme un « mythe fondateur » d’Israël ». Il donne en exemple « [[Alain Ménargues|l’affaire Ménargues]] » qui a suivi la publication par ce journaliste de son livre « Le Mur de Sharon » considéré comme « ouvertement inspiré des [[Révisionnisme|thèses révisionnistes]] », comme celle de [[Roger Garaudy]] et des « mensonges antisémites classiques ». Il note le soutien que lui ont apportés les « antisionistes » radicaux, comme entre autres [[Euro-Palestine]]. Il considère que la « thématique antisémite dans le conflit proche-oriental » est illustrée par la Conférence de Durban en 2001 assimilant le sionisme au racisme et l'occupation israélienne des [[Territoires palestiniens occupés|Territoires palestiniens]] avec celle des nazis en Europe et la diffusion des « Protocoles des sages de Sion » par des chaînes arabes et des sites Internet islamistes ou nationalistes<ref>http://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2005-2-page-57.htm#no12</ref>.
== Antisionisme et antisémitisme ==


[[Le Talmud démasqué]] — Les enseignements rabbiniques secrets concernant les chrétiens — un [[pamphlet]] rédigé à la fin du {{s-|XIX}} par le prêtre catholique lituanien [[Justin Bonaventure Pranaitis]] dans un but de polémique et de promotion de l’[[antisémitisme]], est régulièrement traduit, réédité, encore de nos jours et mis en ligne par les mouvances antisémites, négationnistes se définissant comme antisionistes tels que par exemple l'[[Association des anciens amateurs de récits de guerre et d'holocauste|AAARGH]] de [[Serge Thion]]<ref name="aaargh">http://aaargh-international.org/fran/livres/pranitis.pdf</ref> qui promeut un antisionisme radical<ref>http://www.crif.org/fr/tribune/AAARGH-une-revue-negationniste-au-confluent-des-extremismes-d-ultra-gauche-d-extreme-droite-et-islamiste-radical4448</ref>, [[Radio Islam]] d'[[Ahmed Rami (1946)|Ahmed Rami]]<ref name="aaargh" /> condamné en [[Suède]] pour incitation à la haine raciale à 6 mois de prison en 1990<ref>http://www.antisemitism.org.il/eng/Ahmed%20Rami</ref>. [[Valérie Igounet]] écrit à son sujet que sa rhétorique intègre « des thèses islamistes ultra-radicales imprégnées d'antisionisme et d'antisémitisme »<ref>Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 1999, {{p.|581}}, cité par PHDN, [http://www.phdn.org/negation/faurisson/rami.html « Les Amis de Faurisson. Ahmed Rami » 2000</ref>.», Alterinfo.net qui se présente comme un « site d'information alternative » a publié en 2006 un article reprenant des citations de ce texte<ref>http://www.alterinfo.net/Judaisme-Une-conspiration-contre-juifs-et-humanite_a4570.html</ref>. Son fondateur et directeur de publication Zeynel Cekici, a été condamné à une peine de quatre mois de prison avec sursis pour [[incitation à la haine raciale]] et contestation de [[crimes contre l'humanité]] pour la publication d'un article antisémite<ref>http://www.marianne2.fr/Effroyables-complotistes_a185045.html</ref> avait déclaré après ce jugement « on veut nous faire passer pour des antisémites, alors que nous sommes simplement antisionistes ». [[Roger Garaudy ]], [[négationniste]] lui aussi condamné en 1998 pour contestation de [[Crime contre l'humanité|crimes contre l’humanité]], diffamation raciale et provocation à la [[haine raciale]] pour la publication de son livre [[Les Mythes fondateurs de la politique israélienne]]<ref>http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-ecrivain-negationniste-roger-garaudy-est-mort_1126978.html</ref> se définissait comme un « ennemi déclaré du sionisme »<ref>http://www.liberation.fr/societe/0101553928-roger-garaudy-nie-etre-antisemite-l-ecrivain-est-accuse-de-negationnisme-et-de-provocation-a-la-haine</ref>. Judith Bokser, professeure de science politiques mexicaine et membre du [[Conseil des droits de l'homme des Nations unies]]<ref>http://jppi.org.il/researcher/?u=44</ref> estime que « S'il faut se garder d’établir une équivalence totale entre antisémitisme et antisionisme, il n’en est pas moins vrai que c’est l’antisionisme, dans sa version radicale, qui est aujourd’hui le principal vecteur de l’antisémitisme »<ref>deslegitimacion de la existencia judia contemporanea, El Antisemitismo : recurrencias y cambios historicos », Revista mexicana de Ciencias politicas y sociales, {{numéro|182/183}}, mayo-diciembre 2001, {{p.|101-132}}</ref>.
=== Similarité des deux notions ===


[[File:Cycle of Violence - ^Berd.jpg|right|250px|thumb|Pour de nombreux intellectuels, la comparaison entre le nazisme et le sionisme est une forme d'antisémitisme car elle tend à minimiser la gravité des crimes de la Shoah et à comparer les Israéliens aux Nazis alors que les situations ne sont pas comparables. Certains intellectuels anti-sionistes mettent en avant que les Palestiniens n'ont pas à payer pour les crimes commis envers les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale et que le soutien occidental à la création d'Israël en serait la conséquence.]]


==== Assimilation des deux notions ====
Des historiens et analystes comme [[Anne Grynberg]], [[Georges Bensoussan (historien)|Georges Bensoussan]] ou le professeur de sciences politiques franco-israélien {{lien|lang=pt|Ilan Greilsammer}}<ref>Anne Grynberg, {{p.}}40, Alain Michel, {{p.}}160 sq., Georges Bensoussan, « le sionisme face à ses détracteurs » {{p.}}19-20</ref>{{,}}<ref>[http://www.phdn.org/antisem/antision/greilsammer.html Greilsammer: La pente savonneuse…]</ref> estiment que l'antisionisme nie à un seul peuple, le peuple juif, le droit à une organisation politique et à une existence politique, ce qui relève selon eux de l'[[antisémitisme]]. G. Bensoussan<ref>{{opcit}}, {{p.}}23</ref>{{référence insuffisante}}<!-- « opcit + page » sans spécifier l’ouvrage = « dangereux » pour un document HTML éditable, il FAUT spécifier l’auteur et le titre dans un document éditable --> rappelle que loin de mettre fin à la [[diaspora juive|diaspora]], le mouvement national juif a au contraire contribué à la renforcer en concevant une identité juive laïcisée.

Parmi les arguments des antisionistes, on y trouve le reproche qu'Israël agirait vis-à-vis des palestiniens comme les Nazis l'avaient fait avec les juifs. Pour de nombreux intellectuels, la comparaison entre le nazisme et le sionisme est une forme d'antisémitisme car elle tend à minimiser la gravité des crimes de la Shoah et à comparer les Israéliens aux Nazis alors que les situations ne sont pas comparables. Certains intellectuels anti-sionistes mettent en avant que les Palestiniens n'ont pas à payer pour les crimes commis envers les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale et que le soutien occidental à la création d'Israël en serait la conséquence.

Des historiens et analystes comme [[Anne Grynberg]], [[Georges Bensoussan (historien)|Georges Bensoussan]] ou le professeur de sciences politiques franco-israélien {{lien|lang=pt|Ilan Greilsammer}}<ref>Anne Grynberg, {{p.}}40, Alain Michel, {{p.}}160 sq., Georges Bensoussan, « le sionisme face à ses détracteurs » {{p.}}19-20</ref>{{,}}<ref>[http://www.phdn.org/antisem/antision/greilsammer.html Greilsammer: La pente savonneuse…]</ref> estiment que l'antisionisme nie à un seul peuple, le peuple juif, le droit à une organisation politique et à une existence politique, ce qui relève selon eux de l'[[antisémitisme]]. G. Bensoussan<ref>{{opcit}}, {{p.}}23</ref>{{référence insuffisante}}<!-- « opcit + page » sans spécifier l’ouvrage = « dangereux » pour un document HTML éditable, il FAUT spécifier l’auteur et le titre dans un document éditable --> rappelle que loin de mettre fin à la [[diaspora juive|diaspora]], le mouvement national juif a au contraire contribué à la renforcer en concevant une identité juive laïcisée.


Le philosophe [[Vladimir Jankélévitch]] a estimé que l'antisionisme était une manière politiquement correcte d'être antisémite, « au nom de la démocratie » : « L'antisionisme est une incroyable aubaine, car il nous donne la permission - et même le droit, et même le devoir - d'être antisémite au nom de la démocratie ! L'antisionisme est l'antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d'être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux<ref>Cité in [[Léon Poliakov]], ''Histoire de l'antisémitisme 1945-1993'', Seuil, 1994, page 405.</ref>. »
Le philosophe [[Vladimir Jankélévitch]] a estimé que l'antisionisme était une manière politiquement correcte d'être antisémite, « au nom de la démocratie » : « L'antisionisme est une incroyable aubaine, car il nous donne la permission - et même le droit, et même le devoir - d'être antisémite au nom de la démocratie ! L'antisionisme est l'antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d'être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux<ref>Cité in [[Léon Poliakov]], ''Histoire de l'antisémitisme 1945-1993'', Seuil, 1994, page 405.</ref>. »


[[Antoine Spire]], alors membre de la direction nationale de la [[Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen|Ligue des droits de l'homme]]<ref>La position d'Antoine Spire ne représente pas celle de la Ligue des Droits de l'Homme qui est à l'origine d'appels vivement hostiles à la politique de l'Etat d'Israël comme « Trop, c'est trop », lancé par [[Madeleine Rebérioux]] et [[Pierre Vidal-Naquet]]. Antoine Spire quitte la LDH en 2006.</ref> : « Aujourd'hui, l'antisionisme, même s'il ne se veut pas antisémite, vise non seulement la politique oppressive d'Israël contre les Palestiniens, mais aussi Israël et son lien avec ses soutiens en diaspora qu'on accuse sans toujours aller y voir d'inconditionnalité ; il en vient à récuser l'existence même d'un État juif. C'est là que peut se nouer le lien entre antisionisme et antisémitisme : de l'antisionisme au vœu de disparition de l'État hébreu, il n'y a qu'un fil, et de la disparition de l'État hébreu à la haine de ceux qui militent pour le droit à l'existence de l'État d'Israël, il n'y a qu'un pas »<ref>[http://www.ldh-toulon.net/article.php3?id_article=372 [LDH-Toulon&#93; antisémitisme / antisionisme<!-- Titre généré automatiquement -->]</ref>.
[[Antoine Spire]], alors membre de la direction nationale de la [[Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen|Ligue des droits de l'homme]]<ref>La position d'Antoine Spire ne représente pas celle de la Ligue des Droits de l'Homme qui est à l'origine d'appels vivement hostiles à la politique de l'État d'Israël comme « Trop, c'est trop », lancé par [[Madeleine Rebérioux]] et [[Pierre Vidal-Naquet]]. Antoine Spire quitte la LDH en 2006.</ref> : « Aujourd'hui, l'antisionisme, même s'il ne se veut pas antisémite, vise non seulement la politique oppressive d'Israël contre les Palestiniens, mais aussi Israël et son lien avec ses soutiens en diaspora qu'on accuse sans toujours aller y voir d'inconditionnalité ; il en vient à récuser l'existence même d'un État juif. C'est là que peut se nouer le lien entre antisionisme et antisémitisme : de l'antisionisme au vœu de disparition de l'État hébreu, il n'y a qu'un fil, et de la disparition de l'État hébreu à la haine de ceux qui militent pour le droit à l'existence de l'État d'Israël, il n'y a qu'un pas »<ref>[http://www.ldh-toulon.net/article.php3?id_article=372 [LDH-Toulon&#93; antisémitisme / antisionisme<!-- Titre généré automatiquement -->]</ref>.


Selon le rapport [[Jean-Christophe Rufin|Ruffin]] de 2004, remis au Premier ministre français, il émerge une forme d'antisémitisme par procuration que constitue l'antisionisme radical […] fortement représenté au sein d'une mouvance d’extrême gauche altermondialiste et verte<ref>[http://www.col.fr/arche/article.php3?id_article=61 Chantier sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme], rapport présenté par [[Jean-Christophe Rufin]], remis à monsieur le ministre de l'Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales le 19 octobre 2004, suite à une lettre de mission en date du 29 juin 2004.</ref>.
Selon le controversé<ref>{{Lien web |auteur= Dominique Vidal|titre=Quand Jean-Christophe Rufin prône le délit d'opinion, (Le Monde diplomatique) |jour= 21|mois=octobre |année=2004 |url=http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/rufin/ |site= |en ligne le= |consulté le=30 mai 2013}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Daniel Licht |titre=Contre le racisme, le rapport Rufin prône une loi spécifique. |jour= 20|mois=octobre |année=2004 |url=http://www.liberation.fr/societe/0101505956-contre-le-racisme-le-rapport-rufin-prone-une-loi-specifique |site=www.liberation.fr |en ligne le= |consulté le=30 mai 2013}}</ref> rapport [[Jean-Christophe Rufin|Rufin]] de 2004, remis au Premier ministre français, il émerge une forme d'antisémitisme par procuration que constitue l'antisionisme radical […] fortement représenté au sein d'une mouvance d’extrême gauche altermondialiste et verte, à tel point qu'il préconise la pénalisation de l'antisionisme<ref>[http://www.col.fr/arche/article.php3?id_article=61 Chantier sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme], rapport présenté par [[Jean-Christophe Rufin]], remis à monsieur le ministre de l'Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales le 19 octobre 2004, suite à une lettre de mission en date du 29 juin 2004.</ref>.


En 2005, l'[[Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes]], qui fait partie du [[Conseil de l'Europe]], définit une relation entre anti-sionisme et antisémitisme. Il précise quelles sont selon lui les manières d'attaquer Israël ou le sionisme qui sont susceptibles de relever de l'antisémitisme<ref>{{lien brisé|consulté le=20130318|url=http://eumc.eu.int/eumc/material/pub/AS/AS-WorkingDefinition-draft.pdf|titre={{pdf}}}}</ref>.
En 2005, l'[[Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes]], qui fait partie du [[Conseil de l'Europe]], définit une relation entre anti-sionisme et antisémitisme. Il précise quelles sont selon lui les manières d'attaquer Israël ou le sionisme qui sont susceptibles de relever de l'antisémitisme<ref>{{lien brisé|consulté le=20130318|url=http://eumc.eu.int/eumc/material/pub/AS/AS-WorkingDefinition-draft.pdf|titre={{pdf}}}}</ref>.
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Le sentiment antisioniste à l'échelle internationale, de même que l'antisionisme au sein des États, suit principalement les événements du Proche-Orient. Ainsi, l'invasion américaine de l'Irak en 2003 ravive l'antisionisme dans certains pays.
Le sentiment antisioniste à l'échelle internationale, de même que l'antisionisme au sein des États, suit principalement les événements du Proche-Orient. Ainsi, l'invasion américaine de l'Irak en 2003 ravive l'antisionisme dans certains pays.

En novembre 2008, le Premier ministre belge [[Yves Leterme]] déclare à la commémoration de la [[Nuit de Cristal]] que le nouvel antisionisme cache l'antisémitisme<ref>[http://www.yvesleterme.be/nl/actua/toespraken/speech-by-the-belgian-prime-minister-yves-leterme-at-the-international-day-of-toler « Speech by the Belgian Prime Minister Yves Leterme at the International Day of Tolerance – Navigator of Jerusalem »], 10 novembre 2008</ref>.


Pour sa part, [[Pierre-André Taguieff]] écrit : « L’antisionisme radical représente aujourd’hui la seule idéologie raciste non seulement acceptable, mais encore intellectuellement respectable. C’est là l’un des principaux facteurs, d’ordre culturel, expliquant à la fois la diffusion rapide et la virulence extrême des discours de condamnation d’Israël. Les véritables “réactions disproportionnées”, c’est dans le camp des ennemis absolus d’Israël qu’on les rencontre<ref name="Paratonnerre"/>. »
Pour sa part, [[Pierre-André Taguieff]] écrit : « L’antisionisme radical représente aujourd’hui la seule idéologie raciste non seulement acceptable, mais encore intellectuellement respectable. C’est là l’un des principaux facteurs, d’ordre culturel, expliquant à la fois la diffusion rapide et la virulence extrême des discours de condamnation d’Israël. Les véritables “réactions disproportionnées”, c’est dans le camp des ennemis absolus d’Israël qu’on les rencontre<ref name="Paratonnerre"/>. »


Parmi d'autres universitaires, tel l'historien [[Walter Laqueur]], le professeur Robert S. Wistrich considère que l'antisionisme est devenu la forme la plus dangereuse et la plus réelle d'antisémitisme aujourd'hui. Dans une conférence présentée à la commission des droits de l'homme de l'ONU en février 2004 il expose que la délégitimation, la diffamation, et la diabolisation systématiques d'Israël relèvent de l'antisémitisme. De même, rappelle-t-il, les appels au démantèlement de l'Etat d'Israël sont liés aux thèmes classiques de l'antisémitisme(conspiration, lobby juif etc<ref> Robert S. Wistrich, professeur aux Universités de Londres, Harvard, Oxford, aux Pays-Bas avant d'enseigner aujourd'hui à l'Université de Jerusalem, http://www.jcpa.org/JCPA/Templates/ShowPage.asp?DBID=1&LNGID=1&TMID=111&FID=254&PID=0&IID=1064 ; {{citation étrangère|lang=en| : Anti-Zionism has become the most dangerous and effective form of anti- Semitism in our time, through its systematic delegitimization, defamation, and demonization of Israel. Although not a priori anti-Semitic, the calls to dismantle the Jewish state, whether they come from Muslims, the Left, or the radical Right, increasingly rely on an anti-Semitic stereotypization of classic themes, such as the manipulative "Jewish lobby," the Jewish/Zionist "world conspiracy," and Jewish/Israeli "warmongers." One major driving force of this anti-Zionism/anti-Semitism is the transformation of the Palestinian cause into a "holy war"; another source is anti-Americanism linked with fundamentalist Islamism. In the current context, classic conspiracy theories, such as the Protocols of the Elders of Zion, are enjoying a spectacular revival. The common denominator of the new anti-Zionism has been the systematic effort to criminalize Israeli and Jewish behavior, so as to place it beyond the pale of civilized and acceptable conduct.}} </ref>. et par exemple, il pense que la comparaison entre le sionisme et Hitler relève incontestablement de l'antisémitisme ; les antisionistes usent de cette comparaison car le nazisme est devenu le type même du mal absolu, la métaphore du diable dit-il <ref>{{citation étrangère|lang=en|"anti-Zionists" who insist on comparing Zionism and the Jews with Hitler and the Third Reich appear unmistakably to be de facto anti-Semites, even if they vehemently deny the fact! This is largely because they knowingly exploit the reality that Nazism in the postwar world has become the defining metaphor of absolute evil. For if Zionists are "Nazis" and if Sharon really is Hitler, then it becomes a moral obligation to wage war against Israel. That is the bottom line of much contemporary anti-Zionism. In practice, this has become the most potent form of contemporary anti-Semitism....Anti-Zionism is not only the historic heir of earlier forms of anti-Semitism. Today, it is also the lowest common denominator and the bridge between the Left, the Right, and the militant Muslims; between the elites (including the media) and the masses; between the churches and the mosques; between an increasingly anti-American Europe and an endemically anti-Western Arab-Muslim Middle East; a point of convergence between conservatives and radicals and a connecting link between fathers and sons.}}http://www.jcpa.org/JCPA/Templates/ShowPage.asp?DBID=1&LNGID=1&TMID=111&FID=254&PID=0&IID=1064</ref>:
Parmi d'autres universitaires, tel l'historien [[Walter Laqueur]], le professeur Robert S. Wistrich considère que l'antisionisme est devenu la forme la plus dangereuse et la plus réelle d'antisémitisme aujourd'hui. Dans une conférence présentée à la commission des droits de l'homme de l'ONU en février 2004 il expose que la délégitimation, la diffamation, et la diabolisation systématiques d'Israël relèvent de l'antisémitisme. De même, rappelle-t-il, les appels au démantèlement de l'État d'Israël sont liés aux thèmes classiques de l'antisémitisme(conspiration, lobby juif etc<ref> Robert S. Wistrich, professeur aux Universités de Londres, Harvard, Oxford, aux Pays-Bas avant d'enseigner aujourd'hui à l'Université de Jerusalem, http://www.jcpa.org/JCPA/Templates/ShowPage.asp?DBID=1&LNGID=1&TMID=111&FID=254&PID=0&IID=1064 ; {{citation étrangère|lang=en| : Anti-Zionism has become the most dangerous and effective form of anti- Semitism in our time, through its systematic delegitimization, defamation, and demonization of Israel. Although not a priori anti-Semitic, the calls to dismantle the Jewish state, whether they come from Muslims, the Left, or the radical Right, increasingly rely on an anti-Semitic stereotypization of classic themes, such as the manipulative "Jewish lobby," the Jewish/Zionist "world conspiracy," and Jewish/Israeli "warmongers." One major driving force of this anti-Zionism/anti-Semitism is the transformation of the Palestinian cause into a "holy war"; another source is anti-Americanism linked with fundamentalist Islamism. In the current context, classic conspiracy theories, such as the Protocols of the Elders of Zion, are enjoying a spectacular revival. The common denominator of the new anti-Zionism has been the systematic effort to criminalize Israeli and Jewish behavior, so as to place it beyond the pale of civilized and acceptable conduct.}} </ref> et par exemple, il pense que la comparaison entre le sionisme et Hitler relève incontestablement de l'antisémitisme ; les antisionistes usent de cette comparaison car le nazisme est devenu le type même du mal absolu, la métaphore du diable dit-il <ref>{{citation étrangère|lang=en|"anti-Zionists" who insist on comparing Zionism and the Jews with Hitler and the Third Reich appear unmistakably to be de facto anti-Semites, even if they vehemently deny the fact! This is largely because they knowingly exploit the reality that Nazism in the postwar world has become the defining metaphor of absolute evil. For if Zionists are "Nazis" and if Sharon really is Hitler, then it becomes a moral obligation to wage war against Israel. That is the bottom line of much contemporary anti-Zionism. In practice, this has become the most potent form of contemporary anti-Semitism....Anti-Zionism is not only the historic heir of earlier forms of anti-Semitism. Today, it is also the lowest common denominator and the bridge between the Left, the Right, and the militant Muslims; between the elites (including the media) and the masses; between the churches and the mosques; between an increasingly anti-American Europe and an endemically anti-Western Arab-Muslim Middle East; a point of convergence between conservatives and radicals and a connecting link between fathers and sons.}}http://www.jcpa.org/JCPA/Templates/ShowPage.asp?DBID=1&LNGID=1&TMID=111&FID=254&PID=0&IID=1064</ref>:


L'assimilation entre antisionisme et antisémitisme se rencontre occasionnellement dans des documents de conviction chrétienne. L'assimilation est ainsi absolue pour le pasteur [[Martin Luther King]] ({{citation|Quand les gens critiquent le sionisme, ne te trompe pas, ils pensent les juifs}}<ref>Martin Luther King, Jr., ''Lettre à un ami anti-sioniste'', Saturday Review XLVII, Août 1967, p. 76. Réédité in M.L. King Jr., ''This I Believe'': Selections from the Writings of Dr. Martin Luther King Jr., [http://blogs.mediapart.fr/blog/lucasmartin/310812/martin-luther-king-et-lantisionisme Accès en ligne]</ref>), ou relative dans un document conjoint entre catholiques et juifs de juillet 2004 à [[Buenos Aires]] ({{citation|L'antisionisme comme une expression la plus récente de l'antisémitisme}}<ref>{{citation|Tomamos nuestra energía de los frutos de los esfuerzos colectivos que incluyen el reconocimiento de la relación única y continua entre Dios y el Pueblo Judío y el total rechazo al antisemitismo en todas sus manifestaciones, incluyendo el antisionismo como una expresión más reciente del antisemitismo.}}, ''Déclaration conjointe de la 18ème réunion du Comité International pour les rapports catholiques-juifs'', Buenos Aires 5-8 juillet 2004, [http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/relations-jews-docs/rc_pc_chrstuni_doc_20040708_declaration-buenos-aires_sp.html Accès en ligne]</ref>).
L'assimilation entre antisionisme et antisémitisme se rencontre occasionnellement dans des documents de conviction chrétienne. L'assimilation est ainsi absolue pour le pasteur [[Martin Luther King]] ({{citation|Quand les gens critiquent le sionisme, ne te trompe pas, ils pensent les juifs}}<ref>Martin Luther King, Jr., ''Lettre à un ami anti-sioniste'', Saturday Review XLVII, août 1967, {{p.|76}}. Réédité in M.L. King Jr., ''This I Believe'': Selections from the Writings of {{Dr}} Martin Luther King Jr., [http://blogs.mediapart.fr/blog/lucasmartin/310812/martin-luther-king-et-lantisionisme Accès en ligne]</ref>), ou relative dans un document conjoint entre catholiques et juifs de juillet 2004 à [[Buenos Aires]] ({{citation|L'antisionisme comme une expression la plus récente de l'antisémitisme}}<ref>{{citation|Tomamos nuestra energía de los frutos de los esfuerzos colectivos que incluyen el reconocimiento de la relación única y continua entre Dios y el Pueblo Judío y el total rechazo al antisemitismo en todas sus manifestaciones, incluyendo el antisionismo como una expresión más reciente del antisemitismo.}}, ''Déclaration conjointe de la {{18e}} réunion du Comité International pour les rapports catholiques-juifs'', Buenos Aires 5-8 juillet 2004, [http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/relations-jews-docs/rc_pc_chrstuni_doc_20040708_declaration-buenos-aires_sp.html Accès en ligne]</ref>).


[[Alain Dieckhoff]] distingue quant à lui le non-sionisme de l'antisionisme pour désigner la non-adhésion de Juifs au projet sioniste<ref name="InventionNation">« L'invention d'une nation. Israël et la modernité politique ». Gallimard. 1993</ref>
[[Alain Dieckhoff]] distingue quant à lui le non-sionisme de l'antisionisme pour désigner la non-adhésion de Juifs au projet sioniste<ref name="InventionNation">« L'invention d'une nation. Israël et la modernité politique ». Gallimard. 1993</ref>
==== Nouvel antisémitisme ====
{{article détaillé| Nouvel antisémitisme}}


[[Irwin Cotler]], professeur de droit à l'[[université McGill]] à [[Montréal]] qui fut ministre de la Justice du [[Canada]], estime dans {{Lien|FrontPage Magazine|lang=en}} que {{citation|l'antisémitisme classique est une discrimination contre les Juifs en tant qu'individus, et que le nouvel antisémitisme implique la discrimination à l'encontre, le déni ou l'attaque du droit du peuple juif à vivre en tant que membre à part entière de la famille des nations}} et que ces deux formes d’antisémitisme ont en commun la discrimination<ref>{{en}}http://archive.frontpagemag.com/readArticle.aspx?ARTID=14162</ref>. Dans une étude sur l’antisémitisme publiée conjointement par le [[ Yad Vashem|mémorial de Yad Vashem]] et le [[Centre Simon-Wiesenthal]] il définit plusieurs variantes de l’antisémitisme dont « l’antisémitisme génocidaire » qui s'exprime par l’incitation à la destruction de l’[[État d’Israël]] ouvertement et publiquement prônée par l'[[Iran]], le [[Hezbollah]], le [[Hamas]] et le [[Jihad islamique]] et « l'antisémitisme politique » qui est constitué par la contestation du droit du peuple juif à l’autodétermination. Il cite [[Martin Luther King]] qui a déclaré que {{citation|la négation des Juifs au même droit, le droit à l'autodétermination, que nous accordons aux pays africains et tous les autres peuples de la planète est en bref de l'antisémitisme}}. Irwin Cotler souligne que ce nouvel antisémitisme est parfois « codé en antisionisme » et que si les variantes génocidaires et politiques {{citation|sont manifestes, publiques et clairement démontrables, l'antisémitisme idéologique est l'expression beaucoup plus sophistiquée et sans doute plus pernicieuse du nouvel antisémitisme}}<ref>{{en}}http://www.yadvashem.org/yv/en/education/educational_materials/strategies.pdf#page=13&zoom=auto,0,535</ref>.
=== Rejet de cette assimilation ===


[[Pascal Boniface]], directeur de l'[[Institut de relations internationales et stratégiques]], réagissant le 25 septembre 2012 dans le ''[[Nouvel observateur]]'' aux propos de [[Manuel Valls]] qui a dénoncé « un [[nouvel antisémitisme]] qui se cache derrière un antisionisme de façade » a estimé que « le ministre de l’Intérieur a mis le doigt sur une réalité. Mais il en a occulté une partie ». Il a considéré qu'{{citation|Il est vrai que dans certains discours, le terme de "sioniste" a remplacé le terme de "juif" pour des raisons qui n'ont rien de saines. Afin d'échapper à la législation qui pénalise les propos antisémites, certains entretiennent une confusion volontaire entre juifs et sionistes, espérant échapper aux foudres de la loi en utilisant le second terme à la place du premier. On ne parle plus de complot juif mais de complot sioniste. Le terme sioniste est devenu péjoratif, disqualifiant et même injurieux}} et que « cette confusion est lourde de sous-entendus, de confusion intellectuelle et de conséquences politiques. » Il considère qu'il y a {{citation|une confusion malsaine entre sionisme et hostilité à la reconnaissance des droits du peuple palestinien}} soulignant qu'ils ne sont ne sont pas incompatibles, et qu'{{citation|au final ceux qui sont favorables à la solution des deux États ne peuvent pas être antisionistes.}} Dans la même mesure il dénonce le fait que {{citation|de nombreux responsables institutionnels et intellectuels juifs français qui exhortent tous les juifs à être inconditionnellement solidaires du gouvernement d’Israël ont une grande part de responsabilité dans cette confusion. L'accusation récurrente d'antisémitisme opposée à ceux qui ne font qu'émettre une critique politique du gouvernement israélien crée un amalgame tout aussi funeste et contribue à l’importation du conflit israélo-palestinien en France}}<ref>http://leplus.nouvelobs.com/contribution/632264-antisemitisme-et-antisionisme-une-confusion-malsaine-qu-il-faut-dissiper.html</ref>.
Cette assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme suscite des démentis de la part des militants de l'antisionisme qui répondent que ce reproche ne serait qu'un moyen d'empêcher toute critique adressée à l'État d'Israël et qui, pour leur part, mettent sur le même plan la critique de la politique de l'Etat d'Israël et la dénonciation de son illégitimité<ref> ce que répondent les associations et mouvements d'extrême-gauche antisionistes, ou les écrivains engagés tels Dominique Vidal ou encore Noam Chomsky répondant à Abba Eban diplomate israélien : {{citation étrangère|lang=en|There have long been efforts to identify anti-Semitism and anti-Zionism in an effort to exploit anti-racist sentiment for political ends; "one of the chief tasks of any dialogue with the Gentile world is to prove that the distinction between anti-Semitism and anti-Zionism is not a distinction at all," Israeli diplomat Abba Eban argued, in a typical expression of this intellectually and morally disreputable position. But that no longer suffices. It is now necessary to identify criticism of Israeli policies as anti-Semitism – or in the case of Jews, as "self-hatred," so that all possible cases are covered.}} analyse l'intellectuel américain [[Noam Chomsky]] dans son livre ''Necessary Illusions. Thought Control in Democratic Societies'', South End Press, 1999, appendix V.</ref>.


==== Rejet de cette assimilation ====
L'universitaire britannique [[David Hirsh]] (Goldsmiths College, University of London) s'est penché sur la question de la proximité entre antisémitisme et antisionisme dans un ''working paper'' pour l'université Yale intitulé {{citation étrangère|lang=en|Anti-Zionism and Antisemitism: Cosmopolitan Reflections}}<ref>[[David Hirsh]] [http://www.yale.edu/yiisa/workingpaper/hirsh/David%20Hirsh%20YIISA%20Working%20Paper1.pdf {{citation étrangère|lang=en|Anti-Zionism and Antisemitism: Cosmopolitan Reflections}}] {{pdf}}</ref>. Il tire de cette étude les conclusions suivantes : « Parfois la critique d'Israël est antisémite », de même que parfois la critique d'Hillary Clinton est misogyne, et parfois la critique du Zimbabwe est raciste. À la question : « Est-ce que l'antisionisme est une forme d'antisémitisme ? », l'auteur répond : « L'antisionisme n'est pas une forme de racisme. Mais il s'agit d'une vision du monde profondément défectueuse, superficielle et peu éclairante. Les antiracistes antisionistes se présentent eux-mêmes comme les enfants légitimes de l'opposition juive socialiste au sionisme au cours du premier tiers du vingtième siècle ; mais certains suspectent son véritable père d'être l'antisémitisme soviétique. [...] Une généalogie, une analyse historique, aideraient à trancher. »
L'assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme est contestée par les militants antisionistes qui estiment que cette assimilation ne serait qu'un moyen pour « empêcher toute critique adressée à l'État d'Israël » {{Quoi|et qui, pour leur part, mettent sur le même plan la critique de la politique de l'État d'Israël et la dénonciation de son illégitimité}} {{refnec}}. Selon [[Noam Chomsky]], il existe depuis longtemps des tentatives d'assimilation des deux termes « dans le but d'exploiter les sentiments antiracistes à des fins politiques ». Il illustre cette remarque par une citation qu'il attribue à [[Abba Eban]] : « l'une des tâches principales de tout dialogue avec le monde non-juif est de prouver que la distinction entre l'antisémitisme et l'antisionisme est une fausse distinction ». Chomsky écrit « ces propos sont un exemple typique d'une position qui est intellectuellement et moralement déshonorante. Mais cela n'est plus suffisant, il est maintenant nécessaire d'identifier la critique de la politique israélienne à l'antisémitisme ou quand il s'agit de Juifs, à la « haine de soi », de sorte que tous les cas possibles soient couverts<ref>[[Noam Chomsky]], ''Necessary Illusions. Thought Control in Democratic Societies'', South End Press, 1999, appendix V.</ref>.


Pour l'historien proche des [[haredi|hareidim]] (sans en être représentatif, en particulier par ses écrits et prises de positions), Yakov M. Rabkin<ref>Rabkin qui enseigne l'histoire des sciences à l'Université de Montréal trouve une audience favorable chez les canadiens français et les pro-palestiniens.</ref>, les accusations d'antisémitisme adressées à l'antisionisme sont « cyniques [...] parce que ce sont les sionistes qui ont accepté la thèse centrale des antisémites selon laquelle les juifs constituent un corps étranger au sein des nations européennes »<ref>Yakov M. Rabkin ajoute : « Depuis le début, il existe une confluence d’intérêts entre les antisémites, qui veulent se débarrasser des juifs, et les sionistes, qui veulent les concentrer tous sur un territoire. » (Yakov M. Rabkin « L'opposition juive au sionisme », ''Revue internationale et stratégique'' 4/2004 (56), p. 17-23. {{Lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2004-4-page-17.htm}})</ref>.
Pour {{Lien|Yakov M. Rabkin|lang=en}}, professeur d'histoire canadien, les accusations d'antisémitisme adressées à l'antisionisme sont « cyniques [] parce que ce sont les sionistes qui ont accepté la thèse centrale des antisémites selon laquelle les juifs constituent un corps étranger au sein des nations européennes »<ref>Yakov M. Rabkin ajoute : « Depuis le début, il existe une confluence d’intérêts entre les antisémites, qui veulent se débarrasser des juifs, et les sionistes, qui veulent les concentrer tous sur un territoire. » (Yakov M. Rabkin « L'opposition juive au sionisme », ''Revue internationale et stratégique'' 4/2004 ({{numéro|56}}), {{p.|17-23}}. {{Lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2004-4-page-17.htm}})</ref>.


Un certain nombre de personnalités qui se définissent comme non sionistes ou antisionistes, dont certaines {{refnec|sont des militants juifs}}, rejettent toute accusation d'antisémitisme. Ainsi, le réalisateur israélien [[Eyal Sivan]] déclare-t-il que {{Citation|L’amalgame systématique entre antisionisme et antisémitisme est devenu la nouvelle arme d’intimidation des "amis d’Israël"}}<ref>« La dangereuse confusion des juifs de France », ''Le Monde'', 8 décembre 2001.</ref>, tandis que [[Rony Brauman]] parle d'un {{Citation|intolérable chantage}} à l'antisémitisme<ref>Dans le titre d'un ouvrage collectif ''Antisémitisme : l'intolérable chantage, Israël-Palestine, une affaire française ?'', aux éditions La Découverte.</ref>.
Un certain nombre de personnalités qui se définissent comme non sionistes ou antisionistes, dont certaines {{refnec|sont des militants juifs}}, rejettent toute accusation d'antisémitisme. Ainsi, le réalisateur israélien [[Eyal Sivan]] déclare-t-il que {{Citation|L’amalgame systématique entre antisionisme et antisémitisme est devenu la nouvelle arme d’intimidation des "amis d’Israël"}}<ref>« La dangereuse confusion des juifs de France », ''Le Monde'', 8 décembre 2001.</ref>, tandis que [[Rony Brauman]] parle d'un {{Citation|intolérable chantage}} à l'antisémitisme<ref>Dans le titre d'un ouvrage collectif ''Antisémitisme : l'intolérable chantage, Israël-Palestine, une affaire française ?'', aux éditions La Découverte.</ref>.


Quand [[Edgar Morin]] est accusé d'antisémitisme il a finalement été blanchi par la justice, voir l'[[Affaire Morin (France)|affaire Morin]] [[Esther Benbassa]] prend sa défense, en affirmant qu'avec ce type de procès, [[Hannah Arendt]] elle-même serait, sur les bases de cette assimilation, {{Citation|condamnée [...] pour diffamation raciale après la publication de son ''Eichmann à Jérusalem''}}<ref>[[Esther Benbassa]], [http://www.monde-diplomatique.fr/2005/10/BENBASSA/12818 « Edgar Morin, juste d’Israël ? »], ''[[Le Monde diplomatique]]'', octobre 2005.</ref>. Elle fait allusion au fait qu'[[Hannah Arendt]] osait comparer la législation israélienne sur les mariages aux [[lois de Nuremberg]]<ref>Martine Leibovici, ''Hannah Arendt, une Juive: expérience, politique et histoire'', p. 11.</ref>.
[[Esther Benbassa]], considère que lorsque [[Edgar Morin]] est [[Affaire Morin (France)|poursuivi pour antisémitisme]] pour un article intitulé « Israël-Palestine : Le cancer », cosigné par Danièle Sallenave et Sami Naïr publié le 4 juin 2002 dans le quotidien ''[[Le Monde]]'', [[Hannah Arendt]] aurait aussi être « condamnée pour diffamation raciale après la publication de son livre « Eichmann à Jérusalem » »<ref>[[Esther Benbassa]], [http://www.monde-diplomatique.fr/2005/10/BENBASSA/12818 « Edgar Morin, juste d’Israël ? »], ''[[Le Monde diplomatique]]'', octobre 2005.</ref>.

L'universitaire britannique [[David Hirsh]] (Goldsmiths College, University of London) s'est penché sur la question de la proximité entre antisémitisme et antisionisme dans un ''working paper'' pour l'université Yale intitulé {{citation étrangère|lang=en|Anti-Zionism and Antisemitism: Cosmopolitan Reflections}}<ref>[[David Hirsh]] [http://www.yale.edu/yiisa/workingpaper/hirsh/David%20Hirsh%20YIISA%20Working%20Paper1.pdf {{citation étrangère|lang=en|Anti-Zionism and Antisemitism: Cosmopolitan Reflections}}] {{pdf}}</ref>. Il tire de cette étude les conclusions suivantes : « Parfois la critique d'Israël est antisémite », de même que parfois la critique d'Hillary Clinton est misogyne, et parfois la critique du Zimbabwe est raciste. À la question : « Est-ce que l'antisionisme est une forme d'antisémitisme ? », l'auteur répond : « L'antisionisme n'est pas une forme de racisme. Mais il s'agit d'une vision du monde profondément défectueuse, superficielle et peu éclairante. Les antiracistes antisionistes se présentent eux-mêmes comme les enfants légitimes de l'opposition juive socialiste au sionisme au cours du premier tiers du vingtième siècle ; mais certains suspectent son véritable père d'être l'antisémitisme soviétique. […] Une généalogie, une analyse historique, aideraient à trancher. »


=== Aspects judiciaires ===
=== Aspects judiciaires ===
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La justice française distingue ce qui relève d'une critique permise du sionisme même si elle est outrancière<ref>par exemple lors de poursuite contre l'humoriste Dieudonné qui avait représenté un extrémiste juif faisant un salut nazi, le tribunal a considéré que « Le personnage incarné par le prévenu ne représente pas les personnes de confessions juives dans leur ensemble, mais une certaine catégorie de personnes, uniquement dans l'expression de leurs idées politiques »</ref> de ce qui relève de l'antisémitisme (interdit par la loi française).
La justice française distingue ce qui relève d'une critique permise du sionisme même si elle est outrancière<ref>par exemple lors de poursuite contre l'humoriste Dieudonné qui avait représenté un extrémiste juif faisant un salut nazi, le tribunal a considéré que « Le personnage incarné par le prévenu ne représente pas les personnes de confessions juives dans leur ensemble, mais une certaine catégorie de personnes, uniquement dans l'expression de leurs idées politiques »</ref> de ce qui relève de l'antisémitisme (interdit par la loi française).


[[Dominique Vidal]]<ref>Dans ''Le mal-être juif, Entre repli, assimilation et manipulations'', chapitre "Au nom de l'antisémitisme".</ref>, évoque assez largement les affaires qui ont opposé la [[LICRA]] (représentée par M{{e}} [[Gilles-William Goldnadel|Goldnadel]]) à [[Daniel Mermet]], à ''[[Témoignage chrétien]]'', à un candidat de la [[Ligue communiste révolutionnaire|LCR]] de Chambéry<ref>Sébastien Jolivet, militant antiraciste notoire, poursuivi pour avoir apposé dans la ville des affiches « Sharon Assassin ! Un État pour les Palestiniens ». Il était ainsi accusé d’avoir, avec les affiches en question, « incité à la haine et à la violence envers le peuple israélien », à l'initiative du parquet de Chambéry, rejoint ensuite par la [[LICRA]].<br />Au cours du procès, les avocats de la défense Florence Girard-Madoux et Antoine Comte, s'en prennent à la LICRA : « La LICRA a été gagnée par un nouveau cancer, celui de l’obsession du complot et du délire des amalgames ».</ref>. Toutes ces affaires, qui visaient l'expression d'un antisionisme, ont abouti un échec, ce qui montre que l'assimilation de l'antisionisme à un racisme, selon les termes de la [[Incitation à la haine raciale|loi du 1er juillet 1972]], n'est pas prise en compte par la justice française.
[[Dominique Vidal]]<ref>Dans ''Le mal-être juif, Entre repli, assimilation et manipulations'', chapitre "Au nom de l'antisémitisme".</ref>, évoque assez largement les affaires qui ont opposé la [[LICRA]] (représentée par M{{e}} [[Gilles-William Goldnadel|Goldnadel]]) à [[Daniel Mermet]], à ''[[Témoignage chrétien]]'', à un candidat de la [[Ligue communiste révolutionnaire|LCR]] de Chambéry<ref>Sébastien Jolivet, militant antiraciste notoire, poursuivi pour avoir apposé dans la ville des affiches « Sharon Assassin ! Un État pour les Palestiniens ». Il était ainsi accusé d’avoir, avec les affiches en question, « incité à la haine et à la violence envers le peuple israélien », à l'initiative du parquet de Chambéry, rejoint ensuite par la [[LICRA]].<br />Au cours du procès, les avocats de la défense Florence Girard-Madoux et Antoine Comte, s'en prennent à la LICRA : « La LICRA a été gagnée par un nouveau cancer, celui de l’obsession du complot et du délire des amalgames ».</ref>. Toutes ces affaires, qui visaient l'expression d'un antisionisme, ont abouti un échec, ce qui montre que l'assimilation de l'antisionisme à un racisme, selon les termes de la [[Incitation à la haine raciale|loi du {{1er}} juillet 1972]], n'est pas prise en compte par la justice française.




== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* [[Walter Laqueur]] : ''Histoire du sionisme''. ({{II}} tomes), Coll. Tel, Gallimard, 1994, .
* [[Walter Laqueur]] : ''Histoire du sionisme''. ({{II}} tomes), Coll. Tel, Gallimard, 1994, .
* [[Alain Dieckhoff]] : ''L'Invention d'une nation. Israël et la modernité politique''. Gallimard. 1993
* [[Alain Dieckhoff]] : ''L'Invention d'une nation. Israël et la modernité politique''. Gallimard. 1993
* [[Elie Barnavi]] : ''Une histoire moderne d'Israël'', Flammarion, 1998
* [[Élie Barnavi]] : ''Une histoire moderne d'Israël'', Flammarion, 1998
* [[Anne Grynberg]] : ''Vers la terre d'Israël'', Gallimard découverte, coll. histoire. 1998
* [[Anne Grynberg]] : ''Vers la terre d'Israël'', Gallimard découverte, coll. histoire. 1998
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Henry|nom1=Laurens|lien auteur1=Henry Laurens|titre=La Question de Palestine|sous-titre=Tome 2 - Une mission sacrée de civilisation (1922-1947)|éditeur=Fayard|lien éditeur = Fayard (maison d'édition)|jour=27|mois=mars|année=2002|tome=2|pages totales=704|isbn=9782213612515}}
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Henry|nom1=Laurens|lien auteur1=Henry Laurens|titre=La Question de Palestine|sous-titre=Tome 2 - Une mission sacrée de civilisation (1922-1947)|éditeur=Fayard|lien éditeur = Fayard (maison d'édition)|jour=27|mois=mars|année=2002|tome=2|pages totales=704|isbn=9782213612515}}
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==== Critiques de l'antisionisme ====
==== Critiques de l'antisionisme ====
* [[Georges Bensoussan (historien)|Georges Bensoussan]] : ''Une histoire intellectuelle et politique du sionisme. 1860-1940.'', Fayard 2002
* [[Georges Bensoussan (historien)|Georges Bensoussan]] : ''Une histoire intellectuelle et politique du sionisme. 1860-1940.'', Fayard 2002
* [[Alain Finkielkraut]], ''La Réprobation d'Israël'', Paris, Denoël/Gonthier, 1983, 181 p.
* [[Alain Finkielkraut]], ''La Réprobation d'Israël'', Paris, Denoël/Gonthier, 1983, 181 p.
* {{ouvrage|langue=|prénom1=Paul|nom1=Giniewski|lien auteur1=|titre=L'Antisionisme|sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|éditeur=Éditions
de la Librairie encyclopédique|lien éditeur=|collection=|lieu=Bruxelles|année=1973|volume=|tome=|pages totales=303|passage=|isbn=|présentation en ligne=http://www.erudit.org/revue/ei/1974/v5/n3/700485ar.pdf|consulté le=}}
* [[Paul Giniewski]], ''Antisionisme : le nouvel antisémitisme'', Paris, Cheminements, 2005, {{nombre|318|{{p.}}}}
* [[Paul Giniewski]], ''Antisionisme : le nouvel antisémitisme'', Paris, Cheminements, 2005, {{nombre|318|{{p.}}}}
* [[Joël Kotek]] et [[Dan Kotek]], ''Au nom de l'antisionisme. L'image des Juifs et d'Israël dans la caricature depuis la seconde Intifada'', Paris, Éditions Complexe, 2003, {{nombre|166|{{p.}}}} (nombreuses illustrations issus de sites et de journaux arabo-musulmans)
* [[Joël Kotek]] et [[Dan Kotek]], ''Au nom de l'antisionisme. L'image des Juifs et d'Israël dans la caricature depuis la seconde Intifada'', Paris, Éditions Complexe, 2003, {{nombre|166|{{p.}}}} (nombreuses illustrations issus de sites et de journaux arabo-musulmans)
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* [[Pierre-André Taguieff]], ''La Nouvelle Judéophobie'', éd. Mille et une nuits, 2002
* [[Pierre-André Taguieff]], ''La Nouvelle Judéophobie'', éd. Mille et une nuits, 2002
* Pierre-André Taguieff, ''Prêcheurs de haine, Traversée de la judéophobie planétaire'', éd. Mille et une nuits, 2004
* Pierre-André Taguieff, ''Prêcheurs de haine, Traversée de la judéophobie planétaire'', éd. Mille et une nuits, 2004
*{{Article |langue= |prénom1=Pierre-André |nom1=Taguieff |lien auteur1= |titre=La nouvelle propagande « ANTISIONISTE », ou la réinvention de la question juive |périodique=Controverses |éditeur= |numéro= |année=2010 |pages= |url texte=http://www.controverses.fr/pdf/n15/taguieff15.pdf |consulté le=4 juin 2013}}
* Pierre-André Taguieff, ''[[La Nouvelle Propagande antijuive]] : l'[[Affaire Mohammed al-Durah|affaire al-Dura]] en perspective'', PUF, 2010. {{ISBN|2130575765}}
* Pierre-André Taguieff, ''[[La Nouvelle Propagande antijuive]] : l'[[Affaire Mohammed al-Durah|affaire al-Dura]] en perspective'', PUF, 2010. {{ISBN|2130575765}}
* [[Shmuel Trigano]] (dir.), ''Le Sionisme face à ses détracteurs'', Paris, éditions Raphaël, 2003, {{nombre|169|{{p.}}}} (avec notamment des contributions de Frédéric Encel, [[Alain Finkielkraut]], Paul Giniewski, Daniel Sibony)
* [[Shmuel Trigano]] (dir.), ''Le Sionisme face à ses détracteurs'', Paris, éditions Raphaël, 2003, {{nombre|169|{{p.}}}} (avec notamment des contributions de Frédéric Encel, [[Alain Finkielkraut]], Paul Giniewski, Daniel Sibony)
* [[Robert Wistrich]], [http://www.jcpa.org/phas/phas-wistrich-f04.htm "Anti-Zionism and Anti-Semitism"], ''Jewish Political Studies Review'' 16:3-4, automne 2004
* [[Robert Wistrich]], [http://www.jcpa.org/phas/phas-wistrich-f04.htm "Anti-Zionism and Anti-Semitism"], ''Jewish Political Studies Review'' 16:3-4, automne 2004
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* [http://www.akadem.org/sommaire/themes/politique/1/2/module_8084.php La nouvelle propagande antijuive et l'invention du « Juif nazi »], vidéoconférence avec [[Pierre-André Taguieff]] sur le site Akadem, mai 2010
* [http://www.akadem.org/sommaire/themes/politique/1/2/module_8084.php La nouvelle propagande antijuive et l'invention du « Juif nazi »], vidéoconférence avec [[Pierre-André Taguieff]] sur le site Akadem, mai 2010


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[[Catégorie:Antisionisme|*]]
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Version du 7 juin 2013 à 13:21

L'antisionisme (ou anti-sionisme) désigne historiquement l'opposition au projet sioniste[1] d'établissement d'un foyer national juif en Palestine.

À l'époque contemporaine, il couvre plusieurs concepts et peut désigner l'opposition à certaines positions ou politiques de l'État d'Israël ainsi qu'à son extension ; dans sa forme la plus extrême, il peut marquer l'hostilité à son existence-même[2],[3],[4].

Il se manifeste à son origine auprès des populations arabes, particulièrement en Palestine mandataire; au sein de certaines communautés juives ultra-orthodoxes qui rejettent le sionisme socialiste et laïc du Yishouv ; parmi l'administration britannique, particulièrement après la Grande Révolte arabe de 1936-1939. L'opposition au projet sioniste et au Plan de partage de la Palestine culmine avec la Guerre de 1948.

Parfois l'antisionisme est considéré comme une forme voilée d'antisémitisme, qualifié de « nouvel antisémitisme », parfois cette critique est tenue pour un « amalgame » ou est dénoncée comme étant « un moyen d'empêcher toute critique d'Israël ». Dans sa « version radicale » l'antisionisme est estimé être « le principal vecteur de l’antisémitisme ». 

Histoire

Avant la création de l'État d'Israël

Antisionisme des ultra-orthodoxes juifs

À la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle, une majorité des juifs orthodoxes n'adhèrent pas au sionisme, voire lui est hostile[5], ou encore comme « une critique du sionisme ». L'hostilité des orthodoxes était justifiée par une interprétation théologique selon laquelle « la venue du Messie » est une condition pour retourner vers la « Terre d’Israël » Cependant, le sionisme trouve son défenseur en la personne du rabbin orthodoxe Abraham Isaac Kook qui articule une synthèse entre sionisme et tradition.

Les nouvelles institutions juives essentiellement socialistes et laïques sont alors mal perçues par les Juifs orthodoxes de Palestine. Selon Maurice Kriegel [6], ils appelèrent « à rompre toute relation, au prix même de déchirement des liens familiaux, avec quiconque appartient à la collectivité juive régie par les nouvelles institutions sionistes ». Leur opposition au sionisme relève principalement de raisons religieuses qu'ils considèrent comme opposées au caractère laïc, socialiste et démocratique du sionisme moderne qu'ils accusent de « détourner les Juifs du judaïsme et de corrompre leur âme »[7]. Leurs contacts avec les Juifs de la première et la deuxième vague d'immigration sont quasi inexistants. L'Ancien Yishouv parle alors de « lutte contre le sionisme lorsque celui-ci grandit jusqu'à envahir la Terre sainte »[8].

Les tentatives des représentants de l'immigration sioniste, dont Haïm Weizmann, de représenter l'ensemble des Juifs de Palestine amènent alors des tensions. Les autorités rabbiniques des Juifs palestiniens sont divisées sur les fonds apportés par l'Organisation sioniste mondiale aux yeshivot. En 1921, une assemblée crée une structure rabbinique destinée à unifier celles résultant de la présence ottomane, sous la forme de deux postes de grands rabbins, un ashkénaze et un séfarade. Mais les tensions renaissent alors avec la nomination du premier grand rabbin ashkénaze, le rabbin Abraham Isaac Kook favorable aux institutions sionistes. Le mouvement orthodoxe fondé en 1912, l'Agoudat Israel, refuse alors d'entretenir des rapports avec le Jewish National Council (en) créé par les représentants sionistes[9]. Selon l'Agoudat Israel, les Juifs pieux ne peuvent pas collaborer avec le Conseil qui aurait émis « une proclamation solennelle qui dépose Dieu et la Torah comme souverains de la nation juive »[10].

En février 1924, le rabbin Sonnenfeld soumet un mémorandum au roi Hussein, pour avoir les garanties que les Juifs orthodoxes seront légitimement consultés sur l'avenir de la Palestine. Des garanties de coexistence pacifique sont alors apportées dans le texte : « Nous assurons Sa Majesté que la population juive se rapporte à ses voisins avec une harmonie fraternelle partout où elle existe, et en Terre sainte également nous allons nous conformer à cette tradition et collaborer dans le futur avec tous les habitants dans la construction et la prospérité de la terre pour une bénédiction et une paix pour tous les groupes ethniques »[11].

Cependant, à partir des années 1930, les difficultés à trouver une terre d'accueil, pour les Juifs d'Europe persécutés et contraints à l'exil, les amènent à revoir leur position critique vis-à-vis du sionisme et du projet d'édification de l'État juif. Ils entament alors des pourparlers avec les partis sionistes pour organiser l'immigration. Ainsi Isaac Breuer, l'un des principaux dirigeants du parti religieux Agoudah, jusqu'alors adversaire du projet sioniste, crée le mouvement Poalei Agoudat Israël, dont la plupart des membres partent pour la Palestine. Mais des communautés ultra-orthodoxes refusent de partager le projet sioniste, politique, et créent un groupe à part, le Edah Aredit, littéralement les « Craignants Dieu » dont le centre est à Jérusalem[12].

À partir des années 1930, conséquence des persécutions des juifs en Europe, les mouvements orthodoxes se rallient aux thèses sionistes, un grand nombre de Haredim y restent opposés[13].

Antisionisme de l'extrême-gauche juive

Parmi les organisations sociales-démocrates, socialistes et communistes du Yiddishland, certains, comme le Bund (Union générale des travailleurs juifs), le Parti social-démocrate juif de Galicie, le Folksgrupe de Russie n'étaient pas sionistes, voire s'opposaient politiquement au sionisme[14],[15]. En Pologne, le Folkspartei (en yiddish: Yidishe folkspartay), tout en souhaitant une autonomie nationale et culturelle des Juifs, ne l'envisageait pas comme impliquant le déracinement d'un départ vers la Palestine. L'Alliance israélite universelle, organisation française, républicaine et patriote, est connue avant-guerre pour son antisionisme, positions qu'elle nuance après 1945 [16].

Selon le militant antisioniste israélien d'extrême gauche Michel Warschawski, « L’antisionisme a toujours été perçu comme une position politique parmi d’autres, qui plus est, hégémonique dans le monde juif pendant près d’un demi siècle »[17].

Antisionisme palestinien

Manifestation antisioniste à Jérusalem, Porte de Damas, 8 mars 1920.

L'Antisionisme palestinien apparaît dès la fin du XIXe siècle dans la région de la Palestine, avec le développement de l'immigration juive. En 1917, la Déclaration Balfour prévoit l'établissement d'un « foyer national pour le peuple juif », en réaction le nationalisme palestinien émerge vers 1920 sous l'impulsion du Grand Mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini qui mêle antisionisme et antisémitisme dont il devient le principal chef avec Izz al-Din al-Qassam. Al-Husseini est à l'origine d’émeutes anti-juives et du massacre de Hébron en 1929. En 1936 éclate la grande révolte arabe en Palestine mandataire. En 1937, alors qu'il est recherché par la police britannique pour son rôle dans ces émeutes il s'enfuit en Syrie. En 1941, il se réfugie en Allemagne nazie et demande à Hitler de lui apporter son soutien contre la création d'un Foyer national juif.

Après la création de l’État d’Israël les mouvements nationalistes palestiniens, le Fatah et le FPLP principalement engagent la lutte armée essentiellement sous la forme de terrorisme contre l'existence de l’État d’Israël puis, à partir des années 1990, apparaissent des organisations islamistes elles aussi vouées à la destruction de cet État. En 1996, dans le contexte du processus de paix israélo-palestinien l'OLP vote l'abrogation des articles appelant à l'anéantissement d'Israël de sa charte, le vote est entériné en 1998.

La Charte du Hamas est publiée en 1988. Elle souligne que « la lutte contre les Juifs est très importante et très sérieuse » et appelle à la création « d'un État islamique en Palestine à la place d'Israël et des Territoires palestiniens » et à l’anéantissement et la disparition de l’État d'Israël. Selon Gilles Paris, Abraham Foxman (en) de l'Anti-Defamation League, François Thual, Frédéric Encel, Benny Morris, Sari Nusseibeh entre autres, cette charte exprime un « antisémitisme outrancier » et reprend des poncifs de la propagande nazie et du « Protocoles des Sages de Sion ».

Antisionisme contemporain

L'antisionisme contemporain peut faire référence à un ou plusieurs des concepts suivants :

  • l'opposition à la politique de colonisation des territoires palestiniens occupés selon le point de vue qu'Israël et certains groupements se revendiquant du sionisme y appliqueraient une politique expansionniste dans la perpétuation du projet sioniste[18]. Certains de ceux qui s'opposent à la colonisation rejettent cependant le qualificatif d'antisionisme, car ils ne s'opposent qu'à cet aspect qui à lui seul n'est pas antinomique au sionisme qui ne demande pas l'expansion d'Israël. C'est par exemple la position de l'association La Paix Maintenant[19] ;
  • l'opposition au droit à l'existence même d'Israël ou d'un État juif, souvent dénommé entité sioniste dans ce contexte et selon le point de vue que le sionisme ne serait en rien légitime et qu'il aurait spolié les Arabes palestiniens de leur pays[20]. L'opposition peut alors aller jusqu'à réclamer l'anéantissement militaire d'Israël[21].

En Europe

À l'origine, le sionisme, mouvement politique laïc, ne fait pas l'unanimité chez les Juifs, car il rencontre une opposition forte de la part d'une partie des Juifs religieux. L'antisionisme religieux ne concerne néanmoins pas tout le judaïsme : une partie des religieux sont également sionistes[22].

Pendant le mandat britannique en Palestine, certains milieux britanniques restent hostiles au projet sioniste, en particulier par crainte d'une opposition croissante du nationalisme arabe à la Grande-Bretagne. Après la « grande révolte arabe » en Palestine (fin 1935-1939), ce courant devient majoritaire au sein du cabinet britannique. Il mènera à l'adoption du Livre Blanc de 1939. Celui-ci prévoit un État unitaire judéo-arabe en 1949. Il prévoit aussi une forte limitation de l'immigration juive. L'État qui doit être créé en 1949 sera donc à majorité arabe.

Avant la montée du fascisme en Europe dans les années 1930 et la Seconde Guerre mondiale qui voit le triomphe du nazisme et sa politique raciale, une majorité des Juifs n'adhère pas à l'idée d'un État juif. En effet, les Juifs d'Europe, avant le nazisme, se répartissent approximativement en quatre catégories :

  • les communistes et socialistes [on dit encore à l'époque sociaux-démocrates dans nombre de pays] qui attendent le dépassement du problème des persécutions envers les Juifs de la réalisation d'une égalité entre tous les peuples par le dépassement des nations réalisé par l'internationalisme communiste ou le socialisme à venir. Mouvement politique qui en Pologne fonde le Bund où se retrouvent principalement les socialistes avec aussi des communistes[23]. Ce sont aussi les Juifs qui dans les autres pays européens rejoignent les rangs des divers partis communistes.
  • les Juifs libéraux, qui croient à une viabilité de la solution politique au sein des nations démocratiques, soit l'assimilation du fait de la citoyenneté accordée aux Juifs, qui serait susceptible de mettre fin à l'antisémitisme historique. On peut compter parmi eux l'Alliance israélite universelle, groupe à l'origine français, républicain et patriote, connu avant-guerre pour son « antisionisme farouche » (Nicault, 2001 [16]).
  • les Juifs religieux qui attendent la rédemption et le salut avec la venue du Messie à la fin des temps, qui sont représentés par le judaïsme traditionnel : la réunion de tous les peuples à Jérusalem telle qu'annoncée avec la paix messianique. Une partie parmi les plus orthodoxes ne sont pas sionistes, voire antisionistes tels les Neturei Karta, cependant que beaucoup d'autres Juifs religieux, à la suite du rabbin Abraham Isaac Kook sont sionistes, du fait du lien historique des Juifs à la terre d'Israël (que décrivent les historiens : Walter Laqueur, Georges Bensoussan, Elie Barnavi, A. Gruynberg, etc.).
  • les sionistes proprement dit, dont le pôle majoritaire est socialiste[réf. nécessaire]

Aujourd'hui, le courant antisioniste en Europe se manifeste par le biais de plusieurs organisations antisionistes, communistes, altermondialistes, d’extrême-droite, pro-palestiniennes ou islamistes. Des organisations d'extrême gauche se revendiquant comme juives telles que les Juifs européens pour une paix juste (JEPJ), l'Union juive française pour la paix, l'Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB), le réseau des Juifs contre l’occupation (Italie) et l'organisation Jews for Justice for Palestinians (Royaume-Uni) s'opposent au sionisme le qualifiant de « politique colonialiste aux dépens du peuple palestinien ».

Antisionisme chrétien

Georges Bensoussan rapporte[24] que la première forme d'antisionisme est contemporaine de la naissance du sionisme et du premier Congrès sioniste organisé par Theodor Herzl :

« Les Jésuites, les premiers, lancent [le] thème [du complot sioniste] en février 1898 dans leur organe la Civiltà Cattolica. Du "complot juif", les Jésuites passent vite au « complot sioniste mondial », et ouvrent, ce faisant, la voie à la carrière fabuleuse d'un faux dont ils ne sont pourtant pas les auteurs. »

Les Protocoles des Sages de Sion paraissent cinq ans plus tard, en 1903. Il s'agit d'un faux. Ce texte a été composé par l'Okhrana, la police secrète du tsar. Ensuite la « conspiration » sioniste sera assimilée à une révolution juive, identifiée à la révolution bolchevique, dans le cadre de la propagande anticommuniste qui use à la fois des Protocoles et recourt à la vision conspirationniste de l'histoire.


Antisionisme soviétique

À partir de la fin des années 1920, le sionisme est comparé en Union soviétique à un « nationalisme bourgeois » et en faire l'éloge parmi les Juifs est interdit. Cependant après la IIe guerre mondiale l'URSS est d'abord favorable au sionisme et vote pour la création de l'État d'Israël à l'ONU. Elle reconnait de jure Israël à sa naissance, et lui livre des armes de même que la Tchécoslovaquie qui vient de passer dans le camp communiste à la suite du coup de Prague. Le , L'ambassadeur soviétique à l'ONU, Andrei Gromyko parle des « aspirations d’une partie considérable du Peuple juif vers la Palestine », il évoque les souffrances endurées pendant la guerre « qui défient toute description » et se prononce en faveur du plan de partage.

Lors de la guerre israelo-arabe de 1948, l'URSS et ses alliés du Bloc de l'Est soutiennent Israël. Puis, durant les dernières du pouvoir de Joseph Staline, de 1948 à 1953, les Juifs sont fréquemment dénoncés comme sionistes, souvent à tort.

Après la création d'Israël, de nombreux Juifs soviétiques commencent à juger favorablement Israël, ce mouvement soulevant des tensions avec le pouvoir soviétique qui voit dans le sionisme une forme de déloyauté.

Lors des dernières années de pouvoir de Joseph Staline, entre fin 1948 et 1953, l'antisémitisme et l'antisionisme s'intensifient. De plus en plus, l'URSS va laisser libre-cours à une propagande antisioniste que certains considèrent comme non dénuée des traits caractéristiques de l'antisémitisme : ainsi, l'universitaire français Pierre-André Taguieff y voit une des « sources à gauche de la haine actuelle des Juifs »[25][source insuffisante].

Aux États-Unis

Aujourd’hui, il n’existe plus d’opposition fondamentale des religieux orthodoxes au projet sioniste hormis quelques courants marginaux tel le courant « Neturei Karta ». Il existe en effet aux États-Unis un courant juif antisioniste[26] très minoritaire[27], représenté d'une part par des organisations juives ultra-orthodoxes qui contestent le sionisme « au nom des valeurs fondamentales du judaïsme » [28] et d'autre part des mouvements juifs progressistes opposés à la colonisation de la Palestine.

En 2006, l'American Jewish Committee a publié un essai intitulé Progressive Jewish Thought and the New Anti-Semitism qui analyse la notion d'antisionisme. D'après ses conclusions, cette notion a fortement évolué depuis la création d'Israël en 1948, et se confond désormais avec la volonté d'éliminer l'État d'Israël[29].

En France

Selon Olivier Guland, des mouvements d'extrême droite dissimulent leur antisémitisme derrière un antisionisme de circonstance : Il estime que le Front National défendra ainsi l'Irak de Saddam Hussein selon le principe « l'ennemi de mon ennemi[30]… ». Selon Alain Gresh, la Liste Antisioniste, créée en mai 2009 avec à sa tête Dieudonné M'Bala M'Bala, Alain Soral, et Yahia Gouasmi, n'est pas « considérée comme sérieuse par les associations antisionistes traditionnelles »[31],[32],[33],[34],[35].

Dans les pays arabes

Une partie des pays arabes présente toujours une hostilité au maintien de l'État d'Israël.

L'antisionisme plus contemporain dans le monde arabe possède différents fondements idéologiques : le nationalisme local, le pan-arabisme, l'islamisme, le socialisme, ou encore l'anti-colonialisme. Les principales objections au sionisme, communes aux différents antisionismes arabes sont que la terre palestinienne leur fut prise de façon illégale par l'Empire britannique (par l'intermédiaire de la déclaration Balfour) et en conséquence par Israël, d'abord en 1948 puis en 1967, processus qui s'est prolongé par l'occupation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie.

Les voix qui s'élèvent le plus fortement contre le sionisme viennent aujourd'hui principalement de l'ensemble des partis palestiniens, et de la plupart des pays à majorité musulmane. La Jordanie, l'Égypte, la Turquie et l'Autorité palestinienne ont reconnu l'État d'Israël et son droit à l'existence. Il reste toutefois une polémique sur le fait qu'ils ne l'ont pas reconnu comme « pays du peuple juif ».

La Ligue arabe s'est déclarée prête à reconnaître Israël en échange du retrait d'Israël de tous les territoires occupés en 1967 et en échange de la création d'un État palestinien viable et dont Jérusalem-Est serait la capitale[36],[37],[38].

Iran

L'Iran, depuis la révolution islamique de 1979, considère l'État d'Israël comme illégitime, et le désigne par l'expression « entité sioniste ».

Avant cette date, l'Iran entretient pourtant des relations diplomatiques cordiales avec Israël depuis la création de l'État, sous la dynastie Pahlavi. L'Iran est l'une des premières nations à reconnaître Israël, et est alors considéré comme l'un de ses soutiens dans le monde musulman (avec la Turquie). Cette période de bonne entente est entrecoupée par l'élection de Mohammad Mossadegh, qui revient sur cette reconnaissance. Le régime du Shah ne reconnait pas formellement Israël, mais une délégation permanente est établie à Téhéran, qui prend le rôle d'ambassade officieuse. Les relations économiques entre les deux pays sont importantes, notamment sur le marché du pétrole. Après 1967, les relations deviennent plus tendues et l'Iran vote la résolution 3379 en 1975 de l'Assemblée générale des Nations Unies qui associe le sionisme à une forme de racisme. Les deux pays gardent cependant des formes de coopération militaire.

L'opposition à Israël en général et au sionisme en particulier vient de l'Ayatollah Khomeini qui déclare Israël « ennemi de l'islam » pendant sa campagne contre le Shah. Après la seconde phase de la révolution iranienne, l'Iran revient sur toute forme de reconnaissance de l'État hébreu et coupe toutes relations diplomatiques officielles. Des rapports attestent cependant qu'Israël continue de fournir une assistance militaire à l'Iran pendant son conflit avec l'Irak, pour un montant estimé à 2,5 milliards de dollars.


L'Iran dans la période récente

L'ayatollah Khamenei, puis le réformiste Mohammad Khatami, maintiennent ce rejet de l'existence d'Israël. Le premier désigne Israël comme une « tumeur cancéreuse qui doit être écartée de la région », et le second parle d'« État illégitime ». Mohammad Khatami insiste cependant dans le même temps pour que les Juifs se sentent « en sûreté en Iran ». Aux obsèques du pape Jean-Paul II, le président israélien Moshe Katsav, d'origine iranienne, affirme avoir pu serrer la main et discuter avec Mohammad Khatami, ce que ce dernier niera.

D'autres sources[39] indiquent que l'Iran entreprend un rapprochement avec Israël, qui inclurait une reconnaissance officielle présentée aux États-Unis. Les termes de la proposition iranienne auraient été rejetés par les États-Unis.

En 2006, les relations avec Israël se durcissent avec l'élection de Mahmoud Ahmadinejad. Remettant en cause la réalité du génocide juif, Mahmoud Ahmadinejad estime que le devoir de réparation revient aux nations occidentales et refuse que la Palestine demeure le lieu pour un État juif :

« Some European countries insist on saying that during World War II, Hitler burned millions of Jews and put them in concentration camps. Any historian, commentator or scientist who doubts that is taken to prison or gets condemned. Although we don't accept this claim, if we suppose it is true, if the Europeans are honest they should give some of their provinces in Europe—like in Germany, Austria or other countries—to the Zionists and the Zionists can establish their state in Europe. You offer part of Europe and we will support it. »

« Certains pays européens disent de manière insistante que pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler a brûlé des millions de juifs et les a mis dans des camps de concentration. Tout historiens, commentateur ou scientifique qui remet ceci en doute est emprisonné ou condamné. Bien que nous n'acceptons pas cette déclaration, si nous la supposons vraie, si les pays européens étaient honnêtes, ils devraient donner une partie de leur territoire en Europe - par exemple en Allemagne, en Autriche ou ailleurs - aux sionistes, et les sionistes pourraient fonder leur État en Europe. Offrez une partie de l'Europe, et nous vous soutiendrons. »

En 2006 et 2007, Mahmoud Ahmadinejad a dit, en citant Khomeiny, « que ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps. »[40] (disparition qu'il compare, par la suite, à l'écroulement de l'Union soviétique)[Information douteuse][réf. à confirmer].

En Israël

Aujourd'hui, l'antisionisme en Israël est représenté par un courant juif ultra-orthodoxe minoritaire et un courant laïque d’extrême gauche tel que Hadash (parti communiste) ou les intellectuels de l'appel Olga (notamment comme Michel Warschawski, partisan d'un État bi-national). Shlomo Sand, Ilan Pappé, Meron Benvenisti ou l'organisation « Anarchists Against the Wall » tiennent des positions qui sont quelquefois qualifiées d'antisionistes. Le mouvement La Paix maintenant, lui aussi opposé à la poursuite de la colonisation, se définit comme sioniste, établissant une différence entre l'antisionisme qui consisterait à réfuter le droit à l'existence d'Israël, et la lutte contre la politique d'expansion, qui selon lui est un obstacle à la co-existence pacifique entre israeliens et palestiniens.

Le courant antisioniste actuel parmi les juifs Haredim se manifeste notamment par le groupe minoritaire et condamné par cette communauté ultraorhodoxe, les Neturei Karta pour leur soutien aux thèses négationnistes[41]. Selon leur interprétation, le Talmud (Meseches Kesuvos 111a) interdit la création d'un État pour les « fils d'Israël » tant que le messie n'est pas arrivé. Pour les mêmes raisons ils s'opposent au sécularisme du mouvement sioniste. Ils estiment également que « l'État d'Israël est une cause d'injustices envers les Palestiniens ce qui est contraire à l'enseignement de la Torah ». Ils reprochent également au sionisme « d'instrumentaliser l'holocauste pour justifier ses actions[42] et l'antisémitisme en général »[43] .

Lors de la création d'Israël en 1948, le pacte entre les sionistes et les Haredim est que ces derniers ne participent pas au service militaire pour ne pas cautionner cette idéologie. Ce pacte perdure encore de nos jours et crée un clivage au sein de la société israélienne entre les laïcs et certains religieux.

En revanche, dans d'autres courants religieux, Daniel Lindenberg[44] estime que « le courant ultra-orthodoxe religieux qui fut antisioniste est aujourd'hui ce "judaïsme intransigeant" […] qui manifeste dans la colonisation de la Cisjordanie, un enthousiasme pionnier dont il fait remarquer qu'il a depuis longtemps déserté le camp sioniste laïque ».

La caractère juif de l'État d'Israël est contesté par des représentants politiques arabes israéliens tels que les Palestiniens citoyens d'Israël, et Azmi Bishara ancien député devenu fugitif et accusé de par Israël de collaboration avec le Hezbollah . Ces derniers revendiquent une Constitution qui ferait d'Israël « un État de tous ses citoyens ». L'éditorialiste Avraham Tal rapporte fin 2006 que les dirigeants de la minorité arabe en Israël remettent de plus en plus en cause des fondements du caractère juif de l'État d'Israël, dans ce qu'il qualifie de « déclaration de guerre ».

« Some of the demands presented in the « visions » are new, such as the outrageous calls for granting veto power to the Arab minority on decisions of national import, and for separate representation at international institutions, and more in that vein. There are also calls for changing the flag and the national anthem, for a return to abandoned villages and equality in immigration rights to Israel[45]. »

« Certaines des demandes présentées dans ces « visions » sont neuves, comme les appels infamants à garantir à la minorité arabe le droit de véto sur des décisions d'importance nationale, une délégation séparée dans toutes les institutions internationales, et d'autres choses de ce genre. Il y a aussi des appels à changer le drapeau et l'hymne national, à un retour dans des villages abandonnés et à l'égalité dans les droits à l'immigration en Israël. »

Avraham Tal s'inquiète des conséquences démographiques de telles revendications, estimant qu'elles mènent à la renonciation à un foyer national juif.

Enfin, on trouve également des non-sionistes qui affirment que, même si la création d'Israël a pu être une erreur en raison du statut privilégié qu'elle accorda aux Juifs vis-à-vis des non-Juifs[réf. nécessaire], le danger posé par l'antisémitisme arabe est insurmontable, et qu'un retour au statu quo ante n'est pas envisageable. Les tenants de ce point de vue plaident simplement pour un règlement pacifique du conflit actuel. Pour eux, une paix véritable peut s'accompagner de concessions territoriales. C'est notamment le cas des rabbins Elazar Menachem Shach[46] ou Avigdor Miller[47], qui ont écrit plusieurs ouvrages à ce sujet.

Après 1967

La guerre des Six Jours en 1967 est l'un des facteurs qui modifient les rapports d'Israël à un grand nombre de nations. Taguieff, reprenant d'autres analyses, note qu'elle marque un véritable tournant historique, aussi bien pour Saul Friedländer qui parle du « revirement hostile d’une fraction importante de l’opinion publique occidentale »[48], pour Léon Poliakov ou pour lui-même qui date de cette période l'émergence de l'image d'un Israël belliciste[49], la construction d'un amalgame « sionisme = racisme »[50] et « l'islamisation croissante des passions antisionistes et/ou antijuives »[51]. Le phénomène est amplifié avec le déclin du prestige américain qui suit la guerre du Viêt Nam et le poids croissant des nations productrices de pétrole. Tandis que des sentiments anti-occidentaux se développent en Afrique, l'Union soviétique, la Chine et Cuba prennent une place diplomatique plus importante.

Résolutions 3379 et 46/86 de l'ONU

La tendance antisioniste se manifeste au début des années 1970 à l'Organisation de l'unité africaine et le Mouvement des non-alignés. Le 10 novembre 1975 est votée la résolution 3379 où il est décrété « que le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ». Elle est adoptée par 72 voix soit l'ensemble des pays arabes et des pays communistes, contre 35, et 32 abstentions[52].

En 1991, la situation internationale est modifiée par l'effondrement de l'Union soviétique, par les accords d'Oslo ainsi que par la première guerre du Golfe, qui renforce l'influence américaine[Interprétation personnelle ?] [pertinence contestée]. À l'initiative d'Israël et des États-Unis, la résolution 3379 est révoquée par l’Assemblée générale qui vote la résolution 46/86 : l'Assemblée générale « décide d'annuler la décision contenue dans sa résolution 3379 du 10 novembre 1975. » Israël a exigé la révocation de la résolution 3379 comme condition à sa participation à la Conférence de paix de Madrid, qui a marqué le début du processus de paix lancé par les États-Unis[52].

Le 25 mars 1998, Kofi Annan le secrétaire général de l'ONU soulignant que l’année 1998 marquait le 15e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme a déclaré « Nous devons profiter de l'occasion pour dénoncer l'antisémitisme dans toutes ses manifestations. Ce qui m'amène à la résolution lamentable adoptée par l'Assemblée générale en 1975, assimilant le sionisme au racisme et à la discrimination raciale » et a exprimé sa satisfaction que cette résolution ait été annulée par l’assemblée générale de l'ONU en 1991[53], la qualifiant de « décision particulièrement malheureuse »[54].

La conférence de Durban

Lors de la conférence de Durban, des organisations anti-sionistes accusent Israël de pratiquer l'apartheid envers ses citoyens arabes. Dix ans après la résolution 4686, l'accusation de « racisme » est à nouveau portée contre Israël. Alain Finkielkraut remarque à cette occasion : « Tous les pays du monde se réunissent pour discuter du racisme et trouvent un double bouc émissaire, Israël et l'Occident. Des pays esclavagistes en toute impunité dénoncent la traite des Noirs, ou le racisme aux États-Unis. Le Soudan, la Libye, Cuba stigmatisent Israël, régime d'apartheid. »

Les composantes de l'antisionisme

Antisionisme et antisémitisme

L'universitaire palestinien Edward Saïd, prenant personnellement des positions antisionistes par son souhait d'un État unique sur l'ensemble de la Palestine, puis à la fin de sa vie favorable à une étape de deux États côte à côte, critique fortement ce qu'il juge comme une vague d'antisémitisme entraînée par l'antisionisme[55], en dénonçant les intellectuels arabes fascinés par le négationniste Roger Garaudy.

Le sociologue et politologue français Pierre-André Taguieff estime que l'accusation de racisme à l'égard du sionisme est une résurgence contemporaine des vieilles accusations antisémites[56]. Dans La Nouvelle Propagande antijuive (2010), il écrit que « l’antisionisme radical est l’une des principales formes de racisme apparues depuis la fin du XXe siècle. En procédant à la nazification du “sionisme”, il légitime un programme raciste d’élimination d’Israël ». Or cette nouvelle propagande antijuive, poursuit-il, « n’est pas reconnue comme telle, et demeure socialement invisible. Les évidences “antisionistes” (stéréotypes, préjugés, rumeurs) se sont installées en effet dans la “doxa intellectuelle” de l’époque, ce qui les protège de la critique ».

Sylvain Attal, chef du service multimedia de la rédaction unifiée France24/MCD/RFI, estime que « Le glissement de la critique de la colonisation après 1967 ou du messianisme religieux vers la délégitimation d’Israël s’est opéré si pernicieusement qu’il a tout emporté. Y compris des intellectuels juifs gouvernés par le désir de plaire et d’être aimés. Parfois, ceux qui entendaient seulement exercer un droit légitime de critique de certains aspects de la politique israélienne se sont trouvés associés à leur corps défendant aux contempteurs d’Israël comme État colonial, voire raciste, oppresseur, comme une erreur de l’histoire avec laquelle il fallait en finir. ». Selon lui « l'antisionisme total au sein de la gauche altermondialiste ressemble de plus en plus à celui des négationnistes de la Shoah, qui considèrent cette dernière comme un « mythe fondateur » d’Israël ». Il donne en exemple « l’affaire Ménargues » qui a suivi la publication par ce journaliste de son livre « Le Mur de Sharon » considéré comme « ouvertement inspiré des thèses révisionnistes », comme celle de Roger Garaudy et des « mensonges antisémites classiques ». Il note le soutien que lui ont apportés les « antisionistes » radicaux, comme entre autres Euro-Palestine. Il considère que la « thématique antisémite dans le conflit proche-oriental » est illustrée par la Conférence de Durban en 2001 assimilant le sionisme au racisme et l'occupation israélienne des Territoires palestiniens avec celle des nazis en Europe et la diffusion des « Protocoles des sages de Sion » par des chaînes arabes et des sites Internet islamistes ou nationalistes[57].

Le Talmud démasqué — Les enseignements rabbiniques secrets concernant les chrétiens — un pamphlet rédigé à la fin du XIXe siècle par le prêtre catholique lituanien Justin Bonaventure Pranaitis dans un but de polémique et de promotion de l’antisémitisme, est régulièrement traduit, réédité, encore de nos jours et mis en ligne par les mouvances antisémites, négationnistes se définissant comme antisionistes tels que par exemple l'AAARGH de Serge Thion[58] qui promeut un antisionisme radical[59], Radio Islam d'Ahmed Rami[58] condamné en Suède pour incitation à la haine raciale à 6 mois de prison en 1990[60]. Valérie Igounet écrit à son sujet que sa rhétorique intègre « des thèses islamistes ultra-radicales imprégnées d'antisionisme et d'antisémitisme »[61].», Alterinfo.net qui se présente comme un « site d'information alternative » a publié en 2006 un article reprenant des citations de ce texte[62]. Son fondateur et directeur de publication Zeynel Cekici, a été condamné à une peine de quatre mois de prison avec sursis pour incitation à la haine raciale et contestation de crimes contre l'humanité pour la publication d'un article antisémite[63] avait déclaré après ce jugement « on veut nous faire passer pour des antisémites, alors que nous sommes simplement antisionistes ». Roger Garaudy , négationniste lui aussi condamné en 1998 pour contestation de crimes contre l’humanité, diffamation raciale et provocation à la haine raciale pour la publication de son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne[64] se définissait comme un « ennemi déclaré du sionisme »[65]. Judith Bokser, professeure de science politiques mexicaine et membre du Conseil des droits de l'homme des Nations unies[66] estime que « S'il faut se garder d’établir une équivalence totale entre antisémitisme et antisionisme, il n’en est pas moins vrai que c’est l’antisionisme, dans sa version radicale, qui est aujourd’hui le principal vecteur de l’antisémitisme »[67].


Assimilation des deux notions

Parmi les arguments des antisionistes, on y trouve le reproche qu'Israël agirait vis-à-vis des palestiniens comme les Nazis l'avaient fait avec les juifs. Pour de nombreux intellectuels, la comparaison entre le nazisme et le sionisme est une forme d'antisémitisme car elle tend à minimiser la gravité des crimes de la Shoah et à comparer les Israéliens aux Nazis alors que les situations ne sont pas comparables. Certains intellectuels anti-sionistes mettent en avant que les Palestiniens n'ont pas à payer pour les crimes commis envers les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale et que le soutien occidental à la création d'Israël en serait la conséquence.

Des historiens et analystes comme Anne Grynberg, Georges Bensoussan ou le professeur de sciences politiques franco-israélien Ilan Greilsammer (pt)[68],[69] estiment que l'antisionisme nie à un seul peuple, le peuple juif, le droit à une organisation politique et à une existence politique, ce qui relève selon eux de l'antisémitisme. G. Bensoussan[70][source insuffisante] rappelle que loin de mettre fin à la diaspora, le mouvement national juif a au contraire contribué à la renforcer en concevant une identité juive laïcisée.

Le philosophe Vladimir Jankélévitch a estimé que l'antisionisme était une manière politiquement correcte d'être antisémite, « au nom de la démocratie » : « L'antisionisme est une incroyable aubaine, car il nous donne la permission - et même le droit, et même le devoir - d'être antisémite au nom de la démocratie ! L'antisionisme est l'antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d'être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux[71]. »

Antoine Spire, alors membre de la direction nationale de la Ligue des droits de l'homme[72] : « Aujourd'hui, l'antisionisme, même s'il ne se veut pas antisémite, vise non seulement la politique oppressive d'Israël contre les Palestiniens, mais aussi Israël et son lien avec ses soutiens en diaspora qu'on accuse sans toujours aller y voir d'inconditionnalité ; il en vient à récuser l'existence même d'un État juif. C'est là que peut se nouer le lien entre antisionisme et antisémitisme : de l'antisionisme au vœu de disparition de l'État hébreu, il n'y a qu'un fil, et de la disparition de l'État hébreu à la haine de ceux qui militent pour le droit à l'existence de l'État d'Israël, il n'y a qu'un pas »[73].

Selon le controversé[74],[75] rapport Rufin de 2004, remis au Premier ministre français, il émerge une forme d'antisémitisme par procuration que constitue l'antisionisme radical […] fortement représenté au sein d'une mouvance d’extrême gauche altermondialiste et verte, à tel point qu'il préconise la pénalisation de l'antisionisme[76].

En 2005, l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes, qui fait partie du Conseil de l'Europe, définit une relation entre anti-sionisme et antisémitisme. Il précise quelles sont selon lui les manières d'attaquer Israël ou le sionisme qui sont susceptibles de relever de l'antisémitisme[77].

En 2006, les chercheurs Kaplan et Small ont analysé la prévalence de l'antisémitisme dans les milieux antisionistes[78]. Dans leur résumé ils précisent : « en se basant sur l'enquête de 500 citoyens dans chacun de 10 pays européens, les auteurs se demandent si les individus ayant des vues extrêmement anti-israéliennes ont plus de probabilité d'être antisémites », et ils contrôlent ces données « selon de nombreux facteurs perturbants potentiels ». Ils ont trouvé, au cours de l'enquête sur échantillon, que « des sentiments anti-israéliens permettent de prédire de manière consistante la probabilité que l'individu soit antisémite, cette probabilité d'antisémitisme mesuré croissant en même temps que l'étendue des sentiments anti-israéliens observés ». Ainsi, selon les auteurs, si l'on sélectionne les Européens qui pensent qu'Israël est un « État d'apartheid » et qui croient que « les forces israéliennes visent délibérément des civils Palestiniens », alors ce groupe contiendra bien plus d'antisémites que la moyenne européenne.

Le sentiment antisioniste à l'échelle internationale, de même que l'antisionisme au sein des États, suit principalement les événements du Proche-Orient. Ainsi, l'invasion américaine de l'Irak en 2003 ravive l'antisionisme dans certains pays.

Pour sa part, Pierre-André Taguieff écrit : « L’antisionisme radical représente aujourd’hui la seule idéologie raciste non seulement acceptable, mais encore intellectuellement respectable. C’est là l’un des principaux facteurs, d’ordre culturel, expliquant à la fois la diffusion rapide et la virulence extrême des discours de condamnation d’Israël. Les véritables “réactions disproportionnées”, c’est dans le camp des ennemis absolus d’Israël qu’on les rencontre[56]. »

Parmi d'autres universitaires, tel l'historien Walter Laqueur, le professeur Robert S. Wistrich considère que l'antisionisme est devenu la forme la plus dangereuse et la plus réelle d'antisémitisme aujourd'hui. Dans une conférence présentée à la commission des droits de l'homme de l'ONU en février 2004 il expose que la délégitimation, la diffamation, et la diabolisation systématiques d'Israël relèvent de l'antisémitisme. De même, rappelle-t-il, les appels au démantèlement de l'État d'Israël sont liés aux thèmes classiques de l'antisémitisme(conspiration, lobby juif etc[79] et par exemple, il pense que la comparaison entre le sionisme et Hitler relève incontestablement de l'antisémitisme ; les antisionistes usent de cette comparaison car le nazisme est devenu le type même du mal absolu, la métaphore du diable dit-il [80]:

L'assimilation entre antisionisme et antisémitisme se rencontre occasionnellement dans des documents de conviction chrétienne. L'assimilation est ainsi absolue pour le pasteur Martin Luther King (« Quand les gens critiquent le sionisme, ne te trompe pas, ils pensent les juifs »[81]), ou relative dans un document conjoint entre catholiques et juifs de juillet 2004 à Buenos Aires (« L'antisionisme comme une expression la plus récente de l'antisémitisme »[82]).

Alain Dieckhoff distingue quant à lui le non-sionisme de l'antisionisme pour désigner la non-adhésion de Juifs au projet sioniste[83]

Nouvel antisémitisme

Irwin Cotler, professeur de droit à l'université McGill à Montréal qui fut ministre de la Justice du Canada, estime dans FrontPage Magazine (en) que « l'antisémitisme classique est une discrimination contre les Juifs en tant qu'individus, et que le nouvel antisémitisme implique la discrimination à l'encontre, le déni ou l'attaque du droit du peuple juif à vivre en tant que membre à part entière de la famille des nations » et que ces deux formes d’antisémitisme ont en commun la discrimination[84]. Dans une étude sur l’antisémitisme publiée conjointement par le mémorial de Yad Vashem et le Centre Simon-Wiesenthal il définit plusieurs variantes de l’antisémitisme dont « l’antisémitisme génocidaire  » qui s'exprime par l’incitation à la destruction de l’État d’Israël ouvertement et publiquement prônée par l'Iran, le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique et « l'antisémitisme politique » qui est constitué par la contestation du droit du peuple juif à l’autodétermination. Il cite Martin Luther King qui a déclaré que « la négation des Juifs au même droit, le droit à l'autodétermination, que nous accordons aux pays africains et tous les autres peuples de la planète est en bref de l'antisémitisme ». Irwin Cotler souligne que ce nouvel antisémitisme est parfois « codé en antisionisme » et que si les variantes génocidaires et politiques « sont manifestes, publiques et clairement démontrables, l'antisémitisme idéologique est l'expression beaucoup plus sophistiquée et sans doute plus pernicieuse du nouvel antisémitisme »[85].

Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques, réagissant le 25 septembre 2012 dans le Nouvel observateur aux propos de Manuel Valls qui a dénoncé « un nouvel antisémitisme qui se cache derrière un antisionisme de façade » a estimé que « le ministre de l’Intérieur a mis le doigt sur une réalité. Mais il en a occulté une partie ». Il a considéré qu'« Il est vrai que dans certains discours, le terme de "sioniste" a remplacé le terme de "juif" pour des raisons qui n'ont rien de saines. Afin d'échapper à la législation qui pénalise les propos antisémites, certains entretiennent une confusion volontaire entre juifs et sionistes, espérant échapper aux foudres de la loi en utilisant le second terme à la place du premier. On ne parle plus de complot juif mais de complot sioniste. Le terme sioniste est devenu péjoratif, disqualifiant et même injurieux » et que « cette confusion est lourde de sous-entendus, de confusion intellectuelle et de conséquences politiques. » Il considère qu'il y a « une confusion malsaine entre sionisme et hostilité à la reconnaissance des droits du peuple palestinien » soulignant qu'ils ne sont ne sont pas incompatibles, et qu'« au final ceux qui sont favorables à la solution des deux États ne peuvent pas être antisionistes. » Dans la même mesure il dénonce le fait que « de nombreux responsables institutionnels et intellectuels juifs français qui exhortent tous les juifs à être inconditionnellement solidaires du gouvernement d’Israël ont une grande part de responsabilité dans cette confusion. L'accusation récurrente d'antisémitisme opposée à ceux qui ne font qu'émettre une critique politique du gouvernement israélien crée un amalgame tout aussi funeste et contribue à l’importation du conflit israélo-palestinien en France »[86].

Rejet de cette assimilation

L'assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme est contestée par les militants antisionistes qui estiment que cette assimilation ne serait qu'un moyen pour « empêcher toute critique adressée à l'État d'Israël » et qui, pour leur part, mettent sur le même plan la critique de la politique de l'État d'Israël et la dénonciation de son illégitimité[Quoi ?] [réf. nécessaire]. Selon Noam Chomsky, il existe depuis longtemps des tentatives d'assimilation des deux termes « dans le but d'exploiter les sentiments antiracistes à des fins politiques ». Il illustre cette remarque par une citation qu'il attribue à Abba Eban : « l'une des tâches principales de tout dialogue avec le monde non-juif est de prouver que la distinction entre l'antisémitisme et l'antisionisme est une fausse distinction ». Chomsky écrit « ces propos sont un exemple typique d'une position qui est intellectuellement et moralement déshonorante. Mais cela n'est plus suffisant, il est maintenant nécessaire d'identifier la critique de la politique israélienne à l'antisémitisme ou quand il s'agit de Juifs, à la « haine de soi », de sorte que tous les cas possibles soient couverts[87].

Pour Yakov M. Rabkin, professeur d'histoire canadien, les accusations d'antisémitisme adressées à l'antisionisme sont « cyniques […] parce que ce sont les sionistes qui ont accepté la thèse centrale des antisémites selon laquelle les juifs constituent un corps étranger au sein des nations européennes »[88].

Un certain nombre de personnalités qui se définissent comme non sionistes ou antisionistes, dont certaines sont des militants juifs[réf. nécessaire], rejettent toute accusation d'antisémitisme. Ainsi, le réalisateur israélien Eyal Sivan déclare-t-il que « L’amalgame systématique entre antisionisme et antisémitisme est devenu la nouvelle arme d’intimidation des "amis d’Israël" »[89], tandis que Rony Brauman parle d'un « intolérable chantage » à l'antisémitisme[90].

Esther Benbassa, considère que lorsque Edgar Morin est poursuivi pour antisémitisme pour un article intitulé « Israël-Palestine : Le cancer », cosigné par Danièle Sallenave et Sami Naïr publié le 4 juin 2002 dans le quotidien Le Monde, Hannah Arendt aurait dû aussi être « condamnée pour diffamation raciale après la publication de son livre « Eichmann à Jérusalem » »[91].

L'universitaire britannique David Hirsh (Goldsmiths College, University of London) s'est penché sur la question de la proximité entre antisémitisme et antisionisme dans un working paper pour l'université Yale intitulé « Anti-Zionism and Antisemitism: Cosmopolitan Reflections »[92]. Il tire de cette étude les conclusions suivantes : « Parfois la critique d'Israël est antisémite », de même que parfois la critique d'Hillary Clinton est misogyne, et parfois la critique du Zimbabwe est raciste. À la question : « Est-ce que l'antisionisme est une forme d'antisémitisme ? », l'auteur répond : « L'antisionisme n'est pas une forme de racisme. Mais il s'agit d'une vision du monde profondément défectueuse, superficielle et peu éclairante. Les antiracistes antisionistes se présentent eux-mêmes comme les enfants légitimes de l'opposition juive socialiste au sionisme au cours du premier tiers du vingtième siècle ; mais certains suspectent son véritable père d'être l'antisémitisme soviétique. […] Une généalogie, une analyse historique, aideraient à trancher. »

Aspects judiciaires

La justice française distingue ce qui relève d'une critique permise du sionisme même si elle est outrancière[93] de ce qui relève de l'antisémitisme (interdit par la loi française).

Dominique Vidal[94], évoque assez largement les affaires qui ont opposé la LICRA (représentée par Me Goldnadel) à Daniel Mermet, à Témoignage chrétien, à un candidat de la LCR de Chambéry[95]. Toutes ces affaires, qui visaient l'expression d'un antisionisme, ont abouti un échec, ce qui montre que l'assimilation de l'antisionisme à un racisme, selon les termes de la loi du 1er juillet 1972, n'est pas prise en compte par la justice française.


Notes et références

  1. Définition sur nouvelobs.com
  2. Définition sur le-dictionnaire.com
  3. Définition sur larousse.fr
  4. Définition sur dictionnaire.reverso.net
  5. Cette hostilité est décrite par les auteurs et historiens comme de l'antisionisme (Léon Poliakov, Joseph Agassi, Joseph Hodera, Yosef Salmon, les mouvements juifs antisionistes par autoqualification), comme une « opposition juive au sionisme » (Henry Laurens, Elie Barnavi, Walter Laqueur [histoire du sionisme, Tome II, chap. 8], Alain Michel, Alain Dieckhoff, Anne Grynberg, Ilan Greilsammer, Georges-Elia Sarfati, Tom Seguev)
  6. Maurice Kriegel, Orthodoxie, dans Les Juifs et le XXe siècle, p. 159
  7. Yakov Rabkin, Au nom de la Torah, une histoire de l'opposition juive au sionisme, p. 154
  8. Ruth Blau, Les gardiens de la cité : histoire d'une guerre sainte, p. 192<
  9. (en)Yakov Rabkin, Au nom de la Torah, une histoire de l'opposition juive au sionisme, p. 156
  10. (en) Jéhuda Reinharz, Zionism and Orthodoxy: A Marriage of Convenience, dans Zionism and Religion, p. 135
  11. (en) Voir Memorandum to King Hussein, The Jewish guardian, no 3 (novembre 1974)
  12. Anne Grynberg. Vers la terre d'Israël, p. 76-78
  13. Ilan Greilsammer, Le sionisme, Presses universitaires de France, Que sais-je ? no 1801, 2005, p. 58-60
  14. voir, par exemple, Nathan Weinstock, Le pain de misère, Histoire du mouvement ouvrier juif en Europe, 2 tomes, La Découverte, 2002, ou Alain Brossat et Syvia Klinberg, Le Yiddishland révolutionnaire, Syllepse, 2009, ISBN 9782849502174, ou encore Ilan Greilsammer, Le sionisme, Presses universitaires de France, Que sais-je ? no 1801, 2005, p. 60-62.
  15. voir aussi le film de Nat Lilenstein, Les révolutionnaires du Yiddishland, produit par Michel Rotman, Antenne 2, 1983
  16. a et b Nicault C., « L’Alliance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : ruptures et continuités idéologiques », Archives juives 2001/1, no 34, p. 23-53. [lire en ligne]
  17. Antisémitisme, par Michel Warschawski, sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme de Toulon : http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article179
  18. Brian Klug, No, anti-Zionism is not anti-semitism, The Guardian, 3 décembre 2003 écrit : « But Israel's occupation of the West Bank and Gaza Strip is no fantasy. Nor is the spread of Jewish settlements in these territories. Nor the unequal treatment of Jewish colonisers and Palestinian inhabitants. Nor the institutionalised discrimination against Israeli Arab citizens in various spheres of life. These are realities. It is one thing to oppose Israel or Zionism on the basis of an anti-semitic fantasy; quite another to do so on the basis of reality. »
  19. Shlomo Ben-Ami, 1948 : la mère de toutes les guerres, www.lapaixmaintenant.org, 8 septembre 2008 écrit : « Or, malheureusement, c’est sur ce point que la pensée sioniste s’est fossilisée. Ce qui avait fonctionné en 1948 n’a plus servi à rien pendant la guerre de 1973, quand les colonies du Golan ont dû être évacuées pour donner à l’armée israélienne un espace convenable pour manœuvrer. Aujourd’hui, à l’ère des missiles à longue portée, les ceintures de colonies juives en Cisjordanie le long du Jourdain et de l’ancienne ligne Verte n’offrent plus aucun avantage militaire. La tradition sioniste de soutien à la colonisation doit être aussi remise en cause sur le plan politique : après tout, un pays normal n’est pas censé occuper des territoires au-delà de ses frontières légitimes » mais l'association se définit sur sa page d'accueil comme « Shalom Akhshav, un mouvement israélien sioniste et démocrate ».
  20. Humphreys, R. Stephen, Between Memory and Desire: The Middle East in a Troubled Age, University of California Press, 2005, p. 51.
  21. Joshua Teitelbaum, The Iranian Leadership’s Continuing Declarations of Intent to Destroy Israel, Jerusalem Center for Public Affairs, 2012.
  22. (en) Anti-Zionism Among Jews
  23. http://www.ecn.org/nopasaran/mai01/bund.html
  24. Georges Bensoussan : "Négationnisme et antisionisme : récurrences et convergences des discours du rejet"
  25. Société - Lepoint.fr
  26. « Listes de sites juifs antisionsites »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  27. http://www.guardian.co.uk/world/2002/jul/21/israelandthepalestinians.features
  28. http://www.nkusa.org/ Neturai karta http://www.jewsagainstzionism.com/ True Torah Jews
  29. (en) Alvin H. Rosenfeld, « 'Progressive' Jewish Thought and the New Anti-Semitism », American Jewish Committee, (consulté le ).
  30. Olivier Guland, Le Pen, Mégret et les Juifs, L'obsession du « complot mondialiste », La Découverte - Enquêtes, 2000. chapitre 9 : Le FN et l'Irak. ISBN : 2-7071-3061-3 Ce chapitre évoque en particulier l'éditorial de François Brigneau, dans National-Hebdo du 26 février 1998. Il cite aussi l'ouvrage de Nicolas Beau, Paris, capitale arabe, Seuil, Paris, 1995, qui étudie les amitiés arabes de cadres du FN et du GUD, liés à une « obsession fondamentale, la haine d'Israël. » Olivier Guland écrit : « Dès lors que l'Irak représentait, pour l'ennemi sioniste, un adversaire plus farouche que les riches potentats de la péninsule Arabique, [Pencioleli] n'a eu aucun mal à retourner sa veste. » Le journal frontiste Le Choc du Mois titre en février 1971 à la Une, « Les Juifs ont-ils poussé à la guerre [contre l'Irak] ? »
  31. « Dieudonné rejeté par le mouvement de solidarité avec la Palestine » par [Alain Gresh] (monde Diplomatique)
  32. « Critique du PAS par l'UJFP »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  33. Distanciation entre Dieudonné et EuroPalestine
  34. Critique du PAS par l'AFPS
  35. Le PAS n'a pas le soutien du Hamas comme il le prétendait
  36. http://www.france-palestine.org/article6012.html
  37. http://www.debriefing.org/16983.html
  38. http://www.lapaixmaintenant.org/article1503
  39. Voir « Iran offered to make peace with Israel » par Gareth Porter. Asia Times, mai 2006 Asia Times Online :: Middle East News, Iraq, Iran current affairs
  40. http://www.ism-france.org/news/article.php?id=7558&type=analyse
  41. (en)http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3340592,00.html
  42. (en) "Spiritually and Physically Responsible" - "Israel versus Judaism Holocaust Victims Accuse"
  43. (en) The Torah true jews have no part in the affair against the Swiss
  44. Destins marranes, Hachette Littératures, coll. Pluriel, 1997.
  45. (en) This means war - Haaretz - Israel News
  46. Qui avait une influence politique importante.
  47. Son influence d'idéologue est plus limitée.
  48. Taguieff 2010, p. 167
  49. Taguieff,2010, p. 179
  50. Taguieff,2010, p. 169
  51. Taguieff,2010, p. 163
  52. a et b Voir le résultat détaillé du vote sur (en) « United Nations General Assembly Resolution 3379 »
  53. (en)http://unispal.un.org/unispal.nsf/52b7d0e66142a40e85256dc70072b982/b0f4c3f48dba5aa3052565d40050a9a7?OpenDocument
  54. (en)UN Chronicle : « The General Assembly resolution of 1975, equating Zionism with racism, was an especially unfortunate decision. I am glad that it has since been rescinded ».
  55. Israël-Palestine, une troisième voie, par Edward W. Saïd (Le Monde diplomatique)
  56. a et b Le Nouvel Économiste.fr, 22 juin 2010.
  57. http://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2005-2-page-57.htm#no12
  58. a et b http://aaargh-international.org/fran/livres/pranitis.pdf
  59. http://www.crif.org/fr/tribune/AAARGH-une-revue-negationniste-au-confluent-des-extremismes-d-ultra-gauche-d-extreme-droite-et-islamiste-radical4448
  60. http://www.antisemitism.org.il/eng/Ahmed%20Rami
  61. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 1999, p. 581, cité par PHDN, [http://www.phdn.org/negation/faurisson/rami.html « Les Amis de Faurisson. Ahmed Rami » 2000
  62. http://www.alterinfo.net/Judaisme-Une-conspiration-contre-juifs-et-humanite_a4570.html
  63. http://www.marianne2.fr/Effroyables-complotistes_a185045.html
  64. http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-ecrivain-negationniste-roger-garaudy-est-mort_1126978.html
  65. http://www.liberation.fr/societe/0101553928-roger-garaudy-nie-etre-antisemite-l-ecrivain-est-accuse-de-negationnisme-et-de-provocation-a-la-haine
  66. http://jppi.org.il/researcher/?u=44
  67. deslegitimacion de la existencia judia contemporanea, El Antisemitismo : recurrencias y cambios historicos », Revista mexicana de Ciencias politicas y sociales, no 182/183, mayo-diciembre 2001, p. 101-132
  68. Anne Grynberg, p. 40, Alain Michel, p. 160 sq., Georges Bensoussan, « le sionisme face à ses détracteurs » p. 19-20
  69. Greilsammer: La pente savonneuse…
  70. op. cit., p. 23
  71. Cité in Léon Poliakov, Histoire de l'antisémitisme 1945-1993, Seuil, 1994, page 405.
  72. La position d'Antoine Spire ne représente pas celle de la Ligue des Droits de l'Homme qui est à l'origine d'appels vivement hostiles à la politique de l'État d'Israël comme « Trop, c'est trop », lancé par Madeleine Rebérioux et Pierre Vidal-Naquet. Antoine Spire quitte la LDH en 2006.
  73. [LDH-Toulon] antisémitisme / antisionisme
  74. Dominique Vidal, « Quand Jean-Christophe Rufin prône le délit d'opinion, (Le Monde diplomatique) », (consulté le )
  75. Daniel Licht, « Contre le racisme, le rapport Rufin prône une loi spécifique. », sur www.liberation.fr, (consulté le )
  76. Chantier sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, rapport présenté par Jean-Christophe Rufin, remis à monsieur le ministre de l'Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales le 19 octobre 2004, suite à une lettre de mission en date du 29 juin 2004.
  77. « [PDF] »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  78. « Anti-Israel sentiment predicts anti-Semitism in Europe », Journal of Conflict Resolution, Vol 50, No. 4, 548-561, août 2006
  79. Robert S. Wistrich, professeur aux Universités de Londres, Harvard, Oxford, aux Pays-Bas avant d'enseigner aujourd'hui à l'Université de Jerusalem, http://www.jcpa.org/JCPA/Templates/ShowPage.asp?DBID=1&LNGID=1&TMID=111&FID=254&PID=0&IID=1064 ; « 
    Anti-Zionism has become the most dangerous and effective form of anti- Semitism in our time, through its systematic delegitimization, defamation, and demonization of Israel. Although not a priori anti-Semitic, the calls to dismantle the Jewish state, whether they come from Muslims, the Left, or the radical Right, increasingly rely on an anti-Semitic stereotypization of classic themes, such as the manipulative "Jewish lobby," the Jewish/Zionist "world conspiracy," and Jewish/Israeli "warmongers." One major driving force of this anti-Zionism/anti-Semitism is the transformation of the Palestinian cause into a "holy war"; another source is anti-Americanism linked with fundamentalist Islamism. In the current context, classic conspiracy theories, such as the Protocols of the Elders of Zion, are enjoying a spectacular revival. The common denominator of the new anti-Zionism has been the systematic effort to criminalize Israeli and Jewish behavior, so as to place it beyond the pale of civilized and acceptable conduct. »
  80. « "anti-Zionists" who insist on comparing Zionism and the Jews with Hitler and the Third Reich appear unmistakably to be de facto anti-Semites, even if they vehemently deny the fact! This is largely because they knowingly exploit the reality that Nazism in the postwar world has become the defining metaphor of absolute evil. For if Zionists are "Nazis" and if Sharon really is Hitler, then it becomes a moral obligation to wage war against Israel. That is the bottom line of much contemporary anti-Zionism. In practice, this has become the most potent form of contemporary anti-Semitism....Anti-Zionism is not only the historic heir of earlier forms of anti-Semitism. Today, it is also the lowest common denominator and the bridge between the Left, the Right, and the militant Muslims; between the elites (including the media) and the masses; between the churches and the mosques; between an increasingly anti-American Europe and an endemically anti-Western Arab-Muslim Middle East; a point of convergence between conservatives and radicals and a connecting link between fathers and sons. »http://www.jcpa.org/JCPA/Templates/ShowPage.asp?DBID=1&LNGID=1&TMID=111&FID=254&PID=0&IID=1064
  81. Martin Luther King, Jr., Lettre à un ami anti-sioniste, Saturday Review XLVII, août 1967, p. 76. Réédité in M.L. King Jr., This I Believe: Selections from the Writings of Dr Martin Luther King Jr., Accès en ligne
  82. « Tomamos nuestra energía de los frutos de los esfuerzos colectivos que incluyen el reconocimiento de la relación única y continua entre Dios y el Pueblo Judío y el total rechazo al antisemitismo en todas sus manifestaciones, incluyendo el antisionismo como una expresión más reciente del antisemitismo. », Déclaration conjointe de la 18e réunion du Comité International pour les rapports catholiques-juifs, Buenos Aires 5-8 juillet 2004, Accès en ligne
  83. « L'invention d'une nation. Israël et la modernité politique ». Gallimard. 1993
  84. (en)http://archive.frontpagemag.com/readArticle.aspx?ARTID=14162
  85. (en)http://www.yadvashem.org/yv/en/education/educational_materials/strategies.pdf#page=13&zoom=auto,0,535
  86. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/632264-antisemitisme-et-antisionisme-une-confusion-malsaine-qu-il-faut-dissiper.html
  87. Noam Chomsky, Necessary Illusions. Thought Control in Democratic Societies, South End Press, 1999, appendix V.
  88. Yakov M. Rabkin ajoute : « Depuis le début, il existe une confluence d’intérêts entre les antisémites, qui veulent se débarrasser des juifs, et les sionistes, qui veulent les concentrer tous sur un territoire. » (Yakov M. Rabkin « L'opposition juive au sionisme », Revue internationale et stratégique 4/2004 (no 56), p. 17-23. [lire en ligne])
  89. « La dangereuse confusion des juifs de France », Le Monde, 8 décembre 2001.
  90. Dans le titre d'un ouvrage collectif Antisémitisme : l'intolérable chantage, Israël-Palestine, une affaire française ?, aux éditions La Découverte.
  91. Esther Benbassa, « Edgar Morin, juste d’Israël ? », Le Monde diplomatique, octobre 2005.
  92. David Hirsh « Anti-Zionism and Antisemitism: Cosmopolitan Reflections » [PDF]
  93. par exemple lors de poursuite contre l'humoriste Dieudonné qui avait représenté un extrémiste juif faisant un salut nazi, le tribunal a considéré que « Le personnage incarné par le prévenu ne représente pas les personnes de confessions juives dans leur ensemble, mais une certaine catégorie de personnes, uniquement dans l'expression de leurs idées politiques »
  94. Dans Le mal-être juif, Entre repli, assimilation et manipulations, chapitre "Au nom de l'antisémitisme".
  95. Sébastien Jolivet, militant antiraciste notoire, poursuivi pour avoir apposé dans la ville des affiches « Sharon Assassin ! Un État pour les Palestiniens ». Il était ainsi accusé d’avoir, avec les affiches en question, « incité à la haine et à la violence envers le peuple israélien », à l'initiative du parquet de Chambéry, rejoint ensuite par la LICRA.
    Au cours du procès, les avocats de la défense Florence Girard-Madoux et Antoine Comte, s'en prennent à la LICRA : « La LICRA a été gagnée par un nouveau cancer, celui de l’obsession du complot et du délire des amalgames ».

Voir aussi

Articles connexes

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Bibliographie

Histoire du sionisme et de l'antisionisme

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  • Ilan Greilsammer : Israël, les hommes en noir, Presses de la Fondation nationale des Sciences Politiques, 1991
  • Walter Laqueur : Histoire du sionisme. (II tomes), Coll. Tel, Gallimard, 1994, .
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  • Georges Bensoussan : Une histoire intellectuelle et politique du sionisme. 1860-1940. Fayard 2002
  • Tom Segev : C'était la Palestine au temps des coquelicots. Liana Levi, 2000.
  • Alain Michel : Racines d'Israël, éd. Autrement, 2003.
  • Yakov M. Rabkin. Au nom de la Torah : une histoire de l'opposition juive au sionisme. Québec, Presses de l'Université Laval, 2004.
  • Martine Leibovici, Hannah Arendt, une Juive: expérience, politique et histoire

Critiques de l'antisionisme

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  • Alain Finkielkraut, La Réprobation d'Israël, Paris, Denoël/Gonthier, 1983, 181 p.
  • Paul Giniewski, L'Antisionisme, Bruxelles, Éditions

de la Librairie encyclopédique, , 303 p. (présentation en ligne)

  • Paul Giniewski, Antisionisme : le nouvel antisémitisme, Paris, Cheminements, 2005, 318 p.
  • Joël Kotek et Dan Kotek, Au nom de l'antisionisme. L'image des Juifs et d'Israël dans la caricature depuis la seconde Intifada, Paris, Éditions Complexe, 2003, 166 p. (nombreuses illustrations issus de sites et de journaux arabo-musulmans)
  • Armand Laferrère, « Est-il permis de soutenir Israël ? », Commentaire, no 104, Hiver 2003-2004, p. 933-940
  • Éric Marty, Bref Séjour à Jérusalem, Paris, Gallimard, 2003, 265 p.
  • Georges-Elia Sarfati, L'Antisionisme. Israël/Palestine aux miroirs d'Occident, Paris, Berg International, 2002, 126 p.
  • Pierre-André Taguieff, La Nouvelle Judéophobie, éd. Mille et une nuits, 2002
  • Pierre-André Taguieff, Prêcheurs de haine, Traversée de la judéophobie planétaire, éd. Mille et une nuits, 2004
  • Pierre-André Taguieff, « La nouvelle propagande « ANTISIONISTE », ou la réinvention de la question juive », Controverses,‎ (lire en ligne)
  • Pierre-André Taguieff, La Nouvelle Propagande antijuive : l'affaire al-Dura en perspective, PUF, 2010. (ISBN 2130575765)
  • Shmuel Trigano (dir.), Le Sionisme face à ses détracteurs, Paris, éditions Raphaël, 2003, 169 p. (avec notamment des contributions de Frédéric Encel, Alain Finkielkraut, Paul Giniewski, Daniel Sibony)
  • Robert Wistrich, "Anti-Zionism and Anti-Semitism", Jewish Political Studies Review 16:3-4, automne 2004
  • Elhanan Yakira, Post-sionisme, post-Shoah trois essais sur une négation, une délégitimation et une diabolisation d'Israël, PUF, collection : « Fondements de la politique », Paris, 2010. (ISBN 978-2-13-056519-2)

Liens externes

Prises de position antisionistes

Critiques de l'antisionisme