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'''Balata''' est un camp de [[réfugiés palestiniens]] aux abords de Nablus , (Naplouse) , en .Cisjordanie. Il accueille plus de 20 000 réfugiés sur 1km² et constitue à ce titre le plus peuplé des camps de réfugiés en PALESTINE.
'''Balata''' est un camp de [[réfugiés palestiniens]] aux abords de [[Naplouse]], en [[Cisjordanie]]. Il accueille près de 24 000 réfugiés sur 0.25 km² et constitue à ce titre le plus peuplé des camps de réfugiés en [[Territoires palestiniens occupés|Palestine]].
J., militant des missions civiles, est à Naplouse, dans le camp de réfugiés de Balata. Il dit l’horreur de l’occupation.


==Galerie==
<gallery>
File:Balata, 1950.png|Camp de Balata en 1950.
Image:Balata Camp circa 1950.jpg|Balata dans les années 1950.
File:Sumayya and her cat in front of her demolished home 2002, 2nd Intifada.jpg|Maison de Balata en 2002 pendant la [[Seconde intifada|Seconde Intifada]].
File:Balata Camp, Nablus, Palestine (8480618469).jpg|Ruelle de Balata, 2011
File:Balata Refugee Camp 012.jpeg|Rue de Balata, 2015
File:Balata Refugee Camp 017.jpeg|Affiches de martyrs sur les murs de Balata, 2015
File:Humanite-stw.jpg|Terrain de football de Balata (peint par l'artiste [[Seb Toussaint]])
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== Liens externes ==
C’était un jour de décembre affreusement triste, un jour pareil à un autre, au « Camp » de Balata. Les sirènes des ambulances hurlaient. Les mères hurlaient. Ceux d’entre les enfants qui n’en avaient eu que pour leur peur, avaient des mines défaites.
* [http://www.unrwa.org/etemplate.php?id=109 {{en}} Page de l'UNRWA sur le camp de Balata]
12 décembre 2003 | Thèmes (S.Cattori) : Crimes et terrorisme d’Etat israéliens Mouvements de solidarité Enfants victimes Cisjordanie sous occupation israélienne


{{Palette|Camp de réfugiés palestiniens|Villes et villages de Cisjordanie|Gouvernorat de Naplouse}}
(rafahtoday)


{{Portail|Palestine}}
La rue était terreuse. Tout paraissait étrangement triste.

Les passants, hommes pour la plupart, déambulaient en rasant les murs. Les marchands ambulants disposaient - pour la énième fois - fruits et légumes sur les étals avec des gestes empreints de lassitude.

Les femmes, jeunes, se sont mises, qui à balayer, qui à jeter des seaux d’eau devant le seuil, avec des gestes lourds. Etait-ce leur manière de reprendre possession d’un semblant de vie que les « jais », en la souillant perpétuellement, leur niaient ?

Les "jais" étaient déjà venus à cinq reprises aujourd’hui pour y commettre crimes sur crimes. Cinq fois où il avait été impossible aux mères de retenir leurs enfants.

Victimes du jeu pervers des "jais", dont les inquiétants stratagèmes avaient pour but de les attirer dans un piège mortel, les enfants paraissaient poussés hors d’eux-mêmes ; ils sursautaient dès le premier grondement des chars. Ce grondement les précipitait dans un état d’étrange fébrilité. Cela faisait peine à voir.

Les enfants parlaient des "jais", sans haine, comme s’ils parlaient de quelque chose qu’ils connaissaient mais qui demeurait irréel. [1]

C’était des enfants pris de folie qui couraient en tout sens, en perte d’eux mêmes. Et qui une fois lancés ne connaissaient plus la peur, poussés par une profonde et atavique motivation : ce besoin de dignité, ce fort désir d’exister, comme tout enfant.

Depuis leurs engins militaires, abrités derrières des vitrages grillagés, les « jais » tiraient à tout va. Les enfants, d’abord rétifs, finissaient par s’avancer vers leurs bourreaux et, ne pouvant rien, par leur jeter des pierres.

Les j« ais » savaient ce qu’il y avait lieu de faire pour pousser, méthodiquement, systématiquement, des vagues d’enfants survoltés dans leurs provocations perfides, jusqu’à ce que à la folie, ils finissent par se lancer tête baissée contre leurs engins mortels.

Vers 16 heures, quand les « jais » interrompirent leur jeu macabre, vingt petits corps gisaient sur le sol. Dont certains grièvement blessés. [2]

C’était un jour triste. C’est un jour pareil à un autre. C’est un jour de décembre au camp de réfugiés de Balata. [3]

Il y avait là des caméramans palestiniens qui ne pouvaient filmer qu’à distance et au risque de leur vie. Et une poignée d’internationaux atterrés de voir de pauvres vies humiliées, à la merci des soldats israéliens, perpétuellement livrées à l’horreur, sans que nul, au-dehors, ne s’en soucie.

Qui étaient ces soldats venus de loin, capables de blesser et de tuer des enfants ? Pourquoi faisaient-ils aux enfants de Palestine, ce qu’ils ne voudraient pas qu’on fasse aux enfants d’Israël ? Avaient-ils un cœur ?

Affamer un enfant, persécuter un enfant, tuer un enfant, est un crime ! Un crime odieux


Naplouse 18 juillet 2004 :

"J., tu vas ecrire quelque chose sur ce qui s’est passé à Balata tout-à-l’heure, n’est-ce-pas ?

"L’ambulance traverse Naplouse endormie, balayant la route de son gyrophare rouge et silencieux. Ecrire quoi. Pour qui. Je n’y avais même pas pensé. L’idée de raconter ne m’avait même pas effleuré. L’écriture est trop loin de moi en ce moment.

Firaz fixe la route de son regard noir, de son regard perdu dans le souvenir de cette après-midi à Balata, de son regard noyé dans le souvenir de toutes ces après-midi à Balata ou ailleurs. J., tu vas écrire quelque chose sur ce qui s’est passé à Balata ?

Tu te souviens, c’était la semaine dernière. Nous marchions dans la grande rue de Balata. Deux jeeps bloquaient les deux issues de la grande rue. Autour du camp, la foule turbulante avait laissé place à un désert. Entre les deux jeeps, un tronçon de rue se retrouvait prisonnier.

Alors les enfants ont commencé à jeter des pierres. Et les jeeps avaient fait rugir leur moteur. Tu étais resté immobile, fixant la jeep et tu m’avais dit : "Quelle vision pour ces enfants, cette jeep avec ses phares menaçants.". Puis de la jeep, les soldats avaient tiré une grenade et tu n’avais pas bougé.

Je comprends aujourd’hui que ces phares brillant au loin comme des projecteurs de mirador t’effrayaient plus que la grenade. Je crois que tu as raison. Ces yeux jaunes et bruyants doivent hanter toutes les nuits les cauchemars de ces petits des rues, bien plus que tout.

Ces yeux de fer, je les ai revus hier, à Balata. Dans la même rue. Au même endroit ou nous nous trouvions tous les deux il y a une semaine. A la même heure. Les moteurs ont rugi de la même façon et de la même façon, les jeunes ont commencé à jeter des pierres. Tu avais senti de la gêne à les regarder lancer leurs grenades pour grenadine, leurs bouts de pastèque et leurs cailloux trop lourds pour leurs petits bras. Tu avais dit :" partons, le spectacle est terminé". Tu étais gêné d’être spectateur.

Je t’avais dit que pour pouvoir raconter plus tard, il fallait passer par cet état déplaisant de spectateur, de voyeur, que nous n’avions pas le choix. La guerre se joue sous nos yeux, sous nos appareils photos. Les vieux ne jettent même plus un oeil sur la rue et restent accrochés à leur narguilé ou à leur partie de backgammon. Les enfants aux mains pleines de pierres rient et nous leur rendons leurs sourires un peu gênés. Reste là petit, ne t’approche pas du monstre aux yeux de feu, reste à côté de moi et pose tes pierres, reste avec moi je t’en supplie.

L’ambulance fonce dans les rues de Naplouse silencieuse. Des chats jaillissent des poubelles à notre passage. Je vais écrire, Firaz, mais comment dire ce que personne ne veut entendre. Toi, tu te moques maintenant que l’on t’entende ou pas. Ce qui est important, c’est de parler, et de parler encore et de raconter inlassablement les corps que tu as transportés dans ton ambulance, jusqu’à ce que les mots ne te viennent plus.

Même quand je ne t’ecoute plus, Firaz, tu continues à me raconter. Parce qu’il n’y a aucune raison pour que tu me racontes la mort de Taher, sans me parler de celle de Marwan, ni de me parler de la mort de Ghassan sans me raconter celle de Mohammad. Quand tu as fini de raconter, tu ne dis plus rien, pendant un long moment.

Parler te vide, je le sens bien. Mais comment reprendre le volant tous les jours sans s’être vidé jusqu’à l’épuisement. Comment continuer à charrier des cadavres en les portant tous sur ses épaules.

Je vais écrire, Firaz, je vais écrire.

C’était dans la même rue que celle ou nous étions la semaine dernière. Les mêmes jeeps, les mêmes pierres, les mêmes enfants.

Et Yasser. Une premiere raffale de mitraillette dans les jambes le jette à terre. De ses mains ouvertes, les pierres roulent sur le sol. Firaz, tu es à trois mètres du jeune homme blessé, les portes de ton ambulance sont grandes ouvertes. Le jeune medecin suédois hurle : "ne tirez plus, ne tirez plus".

Les soldats vous ordonnent de reculer. Puis l’un d’entre-eux sort de la jeep verte aux yeux jaunes et pointe son fusil sur le blessé à terre. Il tire à quinze reprises. La poitrine est transpercée, la tête vole en éclat.

Yasser avait vingt ans."

J.

== Liens externes ==
* [http://www.un.org/unrwa/refugees/westbank/balata.html Page de l'UNRWA sur le camp de Balata]

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[[Catégorie:Ville de Cisjordanie]]
[[Catégorie:Ville de Cisjordanie]]
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[[pl:Obóz Balata]]

Dernière version du 26 février 2024 à 23:00

Balata
Nom officiel
(ar) مخيم بلاطةVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom local
(ar) مخيم بلاطةVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Territoire occupé
Gouvernorat
Superficie
0,25 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Altitude
494 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Démographie
Population
24 000 hab.Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
96 000 hab./km2
Fonctionnement
Statut
Géolocalisation sur la carte : Israël
(Voir situation sur carte : Israël)
Géolocalisation sur la carte : Palestine
(Voir situation sur carte : Palestine)

Balata est un camp de réfugiés palestiniens aux abords de Naplouse, en Cisjordanie. Il accueille près de 24 000 réfugiés sur 0.25 km² et constitue à ce titre le plus peuplé des camps de réfugiés en Palestine.

Galerie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]