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« Bataille de Liège » : différence entre les versions

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La '''Bataille de Liège''' en [[Belgique]] fut la première bataille menée par l'[[Empire allemand |empire allemand]] durant la [[Première Guerre mondiale]]. Le siège de la ville débuta le [[5 août]] [[1914]] et se termina le [[16 aout]] [[1914]] lors de la prise du dernier fort de la ville.
La '''bataille de Liège''' en [[Belgique]] fut la première bataille menée par l'[[Empire allemand]] durant la [[Première Guerre mondiale]]. Le siège commença le {{date|5 août 1914|guerre mondiale}} par l'attaque des intervalles entre les [[Position fortifiée de Liège|forts situés tout autour de Liège]], et se termina le {{date-|16 août 1914}} par la reddition du dernier d'entre eux.


Les troupes allemandes entrèrent dans l'agglomération dès le {{date-|6 août 1914-}}, la ville de [[Liège]] proprement dite n'ayant pas de défenses.
==Le plan Schlieffen==
Le [[Plan Schlieffen|plan Schlieffen]] fut élaboré en raison de la peur de l'empire allemand de voir s'installer une longue guerre l'opposant à la [[France]] et à l'[[Empire russe]]. Le plan prévoyait une victoire rapide sur la [[France]] comme en [[1870]] lors de la [[Guerre franco-allemande de 1870]]. Pour y arriver, le plan prévoyait d'envahir la [[Belgique]] (Pays neutre) en quelques jours pour contourner par le nord les défenses de l'est de la [[France]].


Le plan avait deux inconvénients:
== Le plan Schlieffen ==
{{article détaillé|Plan Schlieffen}}
* Tout d'abord, il violait la neutralité de la [[Belgique]] ce qui poussait la [[Grande-Bretagne]] à rentrer rapidement en guerre au côté de la [[France]].
Le [[plan Schlieffen]] fut élaboré en raison de la peur de l'Empire allemand de voir s'installer une longue guerre l'opposant à la [[Troisième République (France)|République française]] et à l'[[Empire russe]]. Le plan prévoyait une victoire rapide sur la France comme lors de la [[guerre franco-allemande de 1870]]. Pour y arriver, le plan prévoyait d'envahir la [[Belgique]] (pays neutre) pour contourner par le nord les [[Système Séré de Rivières|défenses de l'Est de la France]].
* Ensuite, la ville hautement fortifiée de [[Liège]] se trouvait sur la route menant à la [[France]].


Le plan avait deux inconvénients :
==Fortifications==
* tout d'abord, il violait la [[Neutralité (relations internationales)|neutralité]] de la Belgique ce qui donnait au [[Royaume-Uni]] un ''{{lang|la|[[casus belli]]}}'' pour entrer immédiatement en guerre ;
[[Image:Festungsring Luettich Karte.png|left|thumb|250px|Positions des forts autour de Liège.]]
* ensuite, la ville hautement fortifiée de Liège se trouvait sur la route menant à la France.
La ville de Liège se situe à la confluence de la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] et de la rivière [[Ourthe (rivière)|Ourthe]]. Elle est bordée au sud par le massif belge de l'[[Ardenne]] et au nord par la ville néerlandaise de [[Maastricht]]. La vallée de la Meuse forme un goulot plus étroit au niveau de [[Liège]] ce qui rendait le passage bien plus difficile.
Liège se trouve sur la ligne principale de chemin de fer reliant la capitale belge [[Bruxelles]] à l'[[Allemagne]]. Ligne qui se poursuit ensuite jusque [[Paris]]. Le plan prévoyait d'utiliser cette voie pour pénétrer plus facilement en [[France]]. La ville de [[Liège]] disposait aussi d'énormes installations industrielles qui facilitaient également sa défense.


== Forces en présence ==
Pour finir, une [[Ceinture fortifiée de Liège|enceinte composée de 12 forts entourait la ville]]. Ces fortifications, basées sur des méthodes de défenses allemandes, entouraient la ville sur un rayon de 6 à 10 km depuis [[1892]]. Chaque fort était protégé par la zone de feu provenant des autres forts. Lorsqu'un fort tombait, le passage entre les deux forts adjacents intacts étaient toujours protégés par ceux-ci.
La ville de Liège se situe au confluent de la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] et des rivières [[Ourthe (rivière)|Ourthe]] (venant du sud) et [[Vesdre]] (venant de l'est). Elle est bordée au sud par le massif forestier de l'[[Ardenne]] belge et au nord par la ville néerlandaise de [[Maastricht]]. La vallée de la Meuse forme un goulot plus étroit au niveau de Liège ce qui rendait le passage bien plus difficile. Liège compte de nombreux ponts routiers et ferroviaires permettant de relier l'Allemagne à la France d'une part, à [[Bruxelles]] d'autre part. Le plan allemand prévoyait d'utiliser ces voies pour pénétrer plus facilement en France.


=== Fortifications belges ===
Six des forteresses étaient des forts primaires. Ils dessinaient un pentagone. Fait en béton armé, ils étaient équipés de 2 mortiers de 200 mm, de 2 canons de 150 mm et de 4 canons de 125 mm. Ces canons étaient disposés sur une coupole amovible qui pouvait monter au moment du tir et se rabaisser en autres temps. Les forts étaient aussi reliés par des souterrains. Ils disposaient de stocks de munitions, de systèmes de ventilation et de quartiers pour les soldats. Entre 2 forts primaires se trouvait à chaque fois un fort secondaire (appelé fortin). Ils étaient équipés de 2 canons de 150 mm, de 2 canons de 100 mm, de 3 mitraillettes et d'un mortier de 200 mm.
{{article détaillé|Position fortifiée de Liège}}
[[Fichier:Map of Liege defences (en).svg|gauche|vignette|Positions des [[Position fortifiée de Liège|forts autour de Liège]]. La ceinture de forts rapprochés construite pour la Première Guerre mondiale (en bleu) fut complétée pour la Seconde Guerre mondiale par une seconde ceinture avancée vers l'Allemagne (en rouge).]]
Une [[Position fortifiée de Liège|ceinture de {{nobr|12 forts}}]] entourait la ville. Ces fortifications, basées sur des méthodes de défense allemandes, protégeaient la ville à une distance de {{unité/2|6|à=10|km}} depuis leur construction de 1888 à 1892. Chaque fort était couvert par le feu provenant des autres forts. Si un fort tombait, le passage entre les deux forts adjacents intacts était toujours protégé par ceux-ci. Six des forteresses étaient des grands forts de forme triangulaire ou quadrangulaire. Construits en béton, malheureusement non-armé, ils étaient équipés de deux [[obusier]]s de {{Unité|210|mm}}, de deux canons de {{Unité|150|mm}} et de quatre canons de {{Unité|120|mm}}. Quatre coupoles à éclipse avec un canon de {{Unité|57|mm}} pouvant monter au moment du tir et se rabaisser entre-temps, pour la défense rapprochée, plus des canons de {{Unité|57|mm}} pour la défense des fossés et de la rampe d'accès. Tous disposaient de stocks de munitions, de quartiers pour les soldats. Entre les grands forts se trouvait à chaque fois un petit fort (parfois deux). Ces derniers étaient équipés d'un obusier de {{Unité|210|mm}}, de deux canons de {{Unité|150|mm}}, de deux canons de {{Unité|120|mm}} et de canons de {{Unité|57|mm}}.


{| class="wikitable gauche"
Au total, les forts disposaient de 400 pièces d'artillerie bien que ceux-ci étaient légèrement obsolètes pour l'époque. L'armée allemande était très au courant de l'armement présent car une entreprise allemande du nom de
! Grands forts
[[Krupp Arms Works]] était sous contrat pour remplacer les canons. Une autre faiblesse des forts était le manque de pièces d'artilleries permettant de couvrir les passages entre les forts mais également la qualité du béton utilisé n'aurait pas été optimale d'après les rapports allemands une fois la bataille terminée.
! Petits forts

Le [[Lieutenant général|lieutenant général]] [[Gérard Leman|Gérard Mathieu Leman]] a été personnellement choisi pour commander les fortifications de [[Liège]]. Il était sous les ordres du [[Albert Ier de Belgique|roi Albert Ier]]. Il disposait d'environ 25.000 hommes pour défendre les forts.

{| class="wikitable" align="right"
! Forts principaux
! Fortins
|-
|-
| align="center" |[[Loncin]] || align="center" |[[Lantin]]
| align="center" |[[Fort de Pontisse|Pontisse]] || align="center" |[[Fort de Liers|Liers]]
|-
|-
| align="center" |[[Barchon]] || align="center" |[[Évegnée|Evegnée]]
| align="center" |[[Fort de Barchon|Barchon]] || align="center" |[[Fort d'Évegnée|Evegnée]]
|-
|-
| align="center" |[[Fléron]] || align="center" |[[Chaudfontaine]]
| align="center" |[[Fort de Fléron|Fléron]] || align="center" |[[Fort de Chaudfontaine|Chaudfontaine]]
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|-
| align="center" |[[Boncelles]] || align="center" |[[Embourg]]
| align="center" |[[Fort de Boncelles|Boncelles]] || align="center" |[[Fort d'Embourg|Embourg]]
|-
|-
| align="center" |[[Flémalle]] || align="center" |[[Hollogne-aux-Pierres|Hollogne]]
| align="center" |[[Fort de Flémalle|Flémalle]] || align="center" |[[Hollogne-aux-Pierres|Hollogne]]
|-
|-
| align="center" |[[Pontisse]] || align="center" |[[Liers]]
| align="center" |[[Fort de Loncin|Loncin]] || align="center" |[[Fort de Lantin|Lantin]]
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|-
|}
|}


L'armée allemande était bien informée sur l'armement présent dans les forts car l'entreprise allemande [[Krupp (entreprise)|Krupp]] était sous contrat pour remplacer les canons. Une autre faiblesse des forts était le nombre insuffisant des pièces d'artillerie permettant de couvrir les passages entre les forts et l'absence d'observatoire. D'autre part, la qualité du béton utilisé n'aurait pas été optimale d'après les rapports allemands établis après la bataille.
==La bataille==
[[Image:Siege of liege.jpg|left|thumb|240px|Début de la bataille, avance de la première et seconde armées allemande. A noter, le cercle de défense autour de Liège.]]
Pour réduire à néant les fortifications de Liège, une force composée de 30.000 soldats fut déployées. (6 brigades d'infanterie et 3 divisions de cavalerie). Le commandement de l'opération fut remis au [[Général|général]] [[Otto von Emmich|Otto von Emmich]]. Il était secondé comme observateur par l'officier [[Erich Ludendorff]]. La guerre fut déclarée à la [[Belgique]] le [[4 août]] [[1914]] et les allemands traversèrent la frontière quelques heures plus tard. En direction de la [[Meuse (fleuve)|Meuse]], ils découvrirent que le pont avait déjà été détruit pour ralentir leur progression. Les allemands traversèrent la Meuse le 5 août au nord de [[Visé]].


=== Troupes belges ===
La 3ème division belge gardait la ville et elle réussit à repousser les attaques allemandes passant entre les forts. Une attaque contre le [[fort de Barchon]] fut lourdement repoussée grâce aux canons et aux mitraillettes. Les allemands ont alors changé de tactique en utilisant la première attaque aérienne de la guerre en utilisant des [[Zeppelin]]s pour bombarder la ville de Liège. En même temps, la cavalerie encercla la ville par le sud. Lorsque la ville fut presque conquise, le général Leman ordonna le repli de sa division pour rejoindre le reste des forces armées belges cantonnées plus à l'ouest.
{{article détaillé|Armée belge en 1914}}
Le [[lieutenant-général]] [[Gérard Leman]] a été choisi pour commander la position fortifiée de Liège. La garnison de la place comprenait des troupes de campagne et des troupes de forteresse. Les troupes de campagne, la {{3e|division}} d’armée, étaient constituées de {{unité|34500|hommes}} (environ) et étaient dotées de 72 canons. Les troupes de forteresse (incluant l’infanterie, l’artillerie, le génie et la cavalerie) se composaient de {{unité|15000|hommes}} (dont {{unité|5000}} dans les forts), et disposaient des {{nobr|207 pièces}} d’artillerie des forts, auxquelles il faut ajouter les {{nobr|114 pièces}} mobiles anciennes affectées à la défense des intervalles.


Cela donne pour la défense de Liège un total de {{unité|50000|hommes}} et de 393 bouches à feu<ref>{{Ouvrage |auteur1=R. Deguent |titre=Cours de fortification |sous-titre=guerre de sièges |tome=II |titre volume=Sièges de 1914-1918 |lieu=Bruxelles |éditeur=École militaire |année=1923 |passage=36 |id=Deguent}}.</ref>. (Horne et Kramer avancent un nombre moins important et l'estiment à {{nombre|32000|hommes}})<ref>{{Ouvrage |auteur1=J. Horne et A. Kramer |titre=1914 |sous-titre=Les atrocités allemandes |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallandier]] |année=2005 |passage=31 |isbn= |id=Horne}}.</ref>. À la {{3e|division}}, comprenant déjà quatre brigades mixtes, fut adjoint la {{15e|brigade}} mixte, venue de [[Namur]], et des troupes de la [[Garde civique]]. Toutes ces unités se retrouvaient sous le commandement du général Leman.
Ludendorff pris le commandement de la 14ème brigade qui était capable de s'infiltrer entre les forts. La brigade pris le contrôle de la ville le [[7 août]]. Par contre, les forts continuaient à tenir bon ce qui bloquait l'avance des allemands avec notamment l'utilisation de la voie ferrée… Seul le [[fort de Fléron]] fut conquis suite à un tir d'artillerie qui détruisit le mécanisme de sa coupole. Le fort de Barchon fut le seul conquis par l'infanterie le [[10 août]]. Pour détruire les fortifications, les allemands durent déployer leur super [[Obusier|obusier]] de 420 mm nommé "[[Grosse Bertha]]" et quelques canons autrichiens de type Škoda de 305 mm. Au moment de la construction, il fut décidé de construire des fortifications pouvant résister à des canons de 210 mm et non pas à des calibres supérieurs. Les forts furent bombardés un par un jusqu'au dernier ([[Fort de Boncelles]]) qui capitula le [[16 août]]. Le 15 août, le général Leman fut blessé et capturé par les allemands dans le [[fort de Loncin]].


=== Empire allemand ===
La résistance de Liège a permis de ralentir l'armée allemande de deux jours sur son planning initial. Ce temps fut précieux pour la préparation des alliés plus à l'ouest. La ville reçut plus tard de la [[France]] la [[Légion d'honneur|légion d'honneur]] pour sa résistance.
{{article détaillé|Ordre de bataille de l'armée allemande en 1914}}
Le corps d'attaque, appelé « armée de la Meuse », sous les ordres du général [[Otto von Emmich]], comptait, d'après le major Deguent{{sfn|Deguent |1923 |p=37 |id=Deguent }}, {{nombre|55000|hommes}} environ (dont {{nombre|15000|cavaliers}}, les ''[[Uhlan]]s''), {{nobr|80 canons}}, une escadrille d’avions de reconnaissance et un [[Dirigeable militaire|dirigeable]] (le [[Zeppelin|Z VI ''Köln'']]). Ces troupes, prélevées sur cinq [[corps d'armée]] différents, étaient divisées en six brigades mixtes ({{11e}}, {{14e}}, {{27e}}, {{34e}}, {{38e}} et {{43e|brigades}}).


Ces brigades sont renforcées par des batteries d'artillerie lourde (du {{unité|210|mm}}) et le {{2e|corps}} de cavalerie.
===Forces belges impliquées dans la bataille===
Il y avait au total environ 30,000 soldats, 500 chevaliers et 250 pièces d’artillerie pour faire face à l’armée impériale allemande (six brigades d'environ 39.000 soldats au début, renforcées ensuite par une armée de siège de 60.000 hommes).


==Références==
== La bataille ==
[[Image:Siege of liege.jpg|thumb|240px|Début de la bataille, avance de la première et seconde armées allemandes. À noter, le cercle de défense autour de Liège.]]
* Paul Hamelius, ''The Siege of Liège: A Personal Narrative'' (Londres, 1914)
La guerre fut déclarée à la Belgique le {{date-|4 août 1914}} et les Allemands traversèrent la frontière quelques heures plus tard. En direction de la Meuse, ils découvrirent que le pont avait déjà été détruit pour ralentir leur progression. Les Allemands traversèrent la Meuse le {{date-|5 août 1914-}} au nord de [[Visé]].
* J. M. Kennedy, "The Campaign around Liège, " dans le ''Daily Chronicle War Books'' (Londres, 1914)
* Griess, Thomas E., ''The Great War'', Avery Publishing, 1986.
* Marshall, S.L.A., ''World War I'', American Heritage, 1964.
* Reynolds, F. J., ''The Story of the Great War'', Vol. III, P.F. Collier & Son, New York, 1916.


=== Échec du coup de main ===
== Liens internes==
[[Fichier:Les forts de liege ont resite.jpg|thumb|{{citation|Les forts de Liège ont résisté}}, une de ''[[La Dernière Heure/Les Sports|La Dernière Heure]]'', vendredi 7 août 1914.]]
* [[Liste de forts, fortifications, citadelles et places fortes en Belgique]]
L'[[Grand État-Major général|État-Major allemand]] avait sous-estimé les effectifs de la garnison de Liège, qu'il pensait forte de {{unité|9000|hommes}} seulement{{sfn|Horne et Kramer |2005 |p=30 |id=Horne }}. C’est cette erreur qui explique l’échec de la tactique qu’il appliqua la nuit du 5 au {{date-|6 août 1914-}} : il espérait pouvoir faire tomber la place de Liège grâce à un coup de main audacieux, c’est-à-dire par une attaque surprise en force, sans réelle préparation d’artillerie. Sur les six brigades envoyées à l'assaut dans les intervalles entre les forts, une seule, la {{14e}} commandée par le général [[Erich Ludendorff]] (chef d'état-major de la {{2e|armée}}, présent en tant qu'observateur) qui remplaçait par hasard le général Wüssow mortellement blessé au début de l’attaque, parvient à passer en force par l’intervalle entre les forts d’Évegnée et de Fléron. Sans l'énergie et l'audace de Ludendorff, l'attaque par surprise aurait abouti à un échec complet.
* [[Ceinture fortifiée de Liège]]

* [[Ceinture fortifiée de Namur]]
À Liège, la ville proprement dite ne possède aucune défense. Aussi, un bataillon de chasseurs allemands qui était parvenu à se faufiler entre les forts de Liers et de Pontisse tente-t-il un coup de main sur le quartier général de la [[position fortifiée de Liège]]. La population voit passer une troupe allemande en rang et au pas, attitude adoptée pour donner le change aux civils. Aussi, des Liégeois incapables de comprendre qu'il s'agit de soldats allemands car ils n'ont aucune information permettant de les différencier par rapport aux alliés, applaudissent-ils au passage de l'envahisseur. Mais, rapidement, l'erreur est comprise et quand les Allemands parviennent au quartier général [[Rue du Commandant Marchand (Liège)|rue Sainte-Foy]], ils sont accueillis par la garde et mis en fuite<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=PAR LILY |nom=PORTUGAELS |titre=Souvenir du 6 août 1914 et de «l'affaire » de Sainte-Foy |url=https://www.lalibre.be/regions/liege/2004/09/27/souvenir-du-6-aout-1914-et-de-laffaire-de-sainte-foy-KBIU33DQBFD53HXLA64HY6LLQM/ |site=La Libre.be |consulté le=2023-03-20}}.</ref>, laissant derrière eux une quinzaine de morts sur les quatre-vingts hommes composant le détachement. Le général Leman décide de se replier le {{date-|6 août 1914-}} sur le [[fort de Loncin]] dont il fait son nouveau quartier général<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=PAR LILY |nom=PORTUGAELS |titre=Des Liégeois de la " Grande Guerre " |url=https://www.lalibre.be/regions/liege/2004/11/08/des-liegeois-de-la-grande-guerre-FHYQWNULUJCPLO7USUJRC2KXI4/ |site=La Libre.be |consulté le=2023-03-20}}.</ref>. Cette initiative a malheureusement pour effet d’interrompre, à ce moment critique entre tous, les liaisons téléphoniques entre les forts de Liège (il n'y avait pas de réseau téléphonique militaire, et toutes les communications devaient transiter par le réseau civil, centralisé rue Sainte-Foy.

Le {{date-|6 août 1914-}}, la situation est chaotique dans les deux camps. L'État-Major allemand, surpris par la résistance belge à laquelle il ne s'attendait pas, a dû retirer des troupes étrillées par les Belges lors des premiers combats et les Belges eux-mêmes sont épuisés. Cependant, la brigade allemande commandée par Ludendorff s’empare du [[fort de la Chartreuse]], non défendu et déclassé depuis 1891. L'armée belge de campagne, qui a combattu dans les intervalles entre les forts, se retire vers [[Hannut]]. Les intervalles entre les forts sont désormais ouverts à l’ennemi, qui fait venir des renforts considérables.

Le {{date-|7 août 1914-}}, deux brigades allemandes parviennent à rejoindre celle de Ludendorff. Dépourvue de défenses, la [[Citadelle de Liège|citadelle]] (qui avait été déclassée en même temps que le fort de la Chartreuse, en 1891) est prise. Les Allemands proclament alors qu'ils ont pris la ville bien qu'aucun fort ne se soit encore rendu.

=== Siège en règle ===
À la suite de cet échec allemand, que les Belges ne peuvent exploiter, le commandement suprême de l'armée de terre allemande décide alors d'envoyer des renforts aux premiers {{unité|39000|hommes}} engagés, formant une armée de siège de {{unité|60000|hommes}}{{sfn|Horne et Kramer |2005 |p=31 |id=Horne }}, renforcée en artillerie lourde. Cette armée est opérationnelle à partir du {{date-|10 août 1914-}}, les [[grosse Bertha|obusiers de {{unité|420|mm}}]] tirent à partir du 12, en commençant par le fort de Pontisse : les forts belges sont bombardés à raison d'un par jour jusqu'à reddition. Impuissants car aveugles, les observatoires étant tous dans les intervalles tenus par les forces allemandes, les forts sont obligés de se rendre. Le général Leman est fait prisonnier dans le fort de Loncin le 15. Le dernier fort, celui de Hollogne, se rend le {{date-|16 août 1914-}}.

<gallery caption="Artillerie lourde allemande déployée contre les [[position fortifiée de Liège|forts de Liège]]" mode="packed" heights="160">
Fichier:Victoria-Barracks-21-cm-Morser-10-1.jpg |alt= |Mortier de {{unité|210|mm}} (Krupp {{unité|21|cm}} Mörser 10). Celui-ci, capturé en 1918, est exposé à [[Melbourne]].
Fichier:Skoda 305 mm Model 1911 side.jpg |alt= |Mortier de {{unité|305|mm}} ([[Skoda 305 mm Model 1911|Škoda {{unité|30.5|cm}} Mörser M. 11]]). Exemplaire du [[musée militaire de Belgrade]].
Fichier:Dicke Bertha.Big Bertha.jpg |alt= |Obusier de {{unité|420|mm}} (Krupp {{unité|42|cm}} Kurze Marine-Kanone 14, M-Gerät), surnommée « [[grosse Bertha]] ».
</gallery>

== Propagandes et commémorations ==
La bataille pour Liège se déroulant au tout début de la guerre, les propagandes française et allemande se sont emparées du sujet pour en faire dans les deux camps leur première victoire du conflit. L'importance de cette bataille fait depuis l'objet d'un débat [[Historiographie|historiographique]].

=== Point de vue allemand ===
Le {{date-|7 août}}, les journaux allemands annoncent la prise de la ville de Liège et la décoration du général von Emmich avec la croix [[Pour le Mérite]]. Les comptes rendus allemands affirment que la résistance belge à Liège n'a provoqué aucun retard : les troupes allemandes sont en [[Mobilisation allemande de 1914|pleine mobilisation]] du 2 au {{date-|17 août}}. Selon le [[Plan Schlieffen|plan de mobilisation]], les unités des {{1re}} et {{2e|armées}} doivent terminer leur déploiement au {{date-|15 août}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre-Yves|nom1=Hénin|lien auteur1=Pierre-Yves Hénin|titre=Le Plan Schlieffen|sous-titre=Un mois de guerre - deux siècles de controverses|lieu=Paris|éditeur=[[Economica]]|collection=Campagne & stratégies|numéro dans collection=99|année=2012|pages totales=572|passage=345|isbn=978-2-7178-6447-2|présentation en ligne=http://guerres-et-conflits.over-blog.com/article-un-plan-mythique-111548643.html}}.</ref>.

L'historien américain Holger Herwig estime le retard à seulement deux jours<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Holger H. Herwig |titre=The Marne, 1914 |sous-titre=The Opening of World War I and the Battle That Changed the World |éditeur=Random House Trade Paperbacks |année=2011 |pages totales=432 |passage=157 |isbn=978-0-8129-7829-2}}.</ref>, tandis que le Britannique Eric Brose monte jusqu'à quatre jours<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Eric Dorn Brose |titre=The Kaiser's Army |sous-titre=the politics of Military Technology in Germany During the Machine Age, 1870-1918 |lieu=Oxford |éditeur=OUP |année=2001 |pages totales=336 |passage=189 |isbn=978-0-19-517945-3 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=T6xZ05jS3CgC&printsec=frontcover}}.</ref>. Selon l'historien belge Jean-Claude Delhez, ce qui compte vraiment n'est pas un hypothétique retard dans l'ordre de marche en avant, mais le fait que les troupes allemandes capturent intacts presque tous les ponts routiers et ferroviaires de Liège<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Claude |nom1=Delhez |titre=Douze mythes de l'année 1914 |lieu=Paris |éditeur=[[Economica]] |collection=Mystères de guerre |numéro dans collection=2 |année=2013 |pages totales=140 |passage=35 |isbn=978-2-7178-6594-3}}.</ref>, leur permettant de se déployer sur la rive gauche à partir du {{date-|7 août}} et de se ravitailler facilement.

=== Point de vue allié ===
Évoquant le retard pris par les Allemands dans l'exécution du plan Schlieffen, retard causé par la résistance liégeoise :
{{Citation bloc|Ce retard équivaut à une grande défaite.|''[[Le Soir]]'', {{date|20 août 1914}}.}}
Horne et Kramer écrivent que {{citation|Là où Schlieffen, révisant son plan en 1912, n'avait prévu qu'une seule division pour investir Liège et Namur, il en fallu huit pour uniquement réduire Liège, au prix d'un temps précieux et de pertes évaluées à {{unité|5300|morts}} environ}}{{sfn|Horne et Kramer |2005 |p=33 |id=Horne}}. Cinq armées allemandes d'invasion (environ un million d'hommes) devaient traverser le Limbourg, Liège, le Hainaut, le Brabant, Namur et le Luxembourg en quelques jours, ce qu'elles firent en trois semaines. {{référence souhaitée|La résistance belge exacerba la psychose allemande des francs-tireurs, les [[atrocités allemandes]] étant commises dès les premières résistances à Liège et autour de Liège soit le {{date-|5 août}} à [[Berneau]], [[Micheroux]], [[Poulseur]] et [[Soumagne]].}}

Au sujet de la résistance du [[fort de Loncin]] :
{{Citation bloc|Passant !... Va dire à la Belgique et à la France qu'ici {{nobr|550 Belges}} se sont sacrifiés pour le triomphe de la Liberté et le Salut du Monde...|Général [[Gabriel Malleterre]].}}

=== Commémorations ===
{{Article détaillé|Commémoration de la Première Guerre mondiale}}À [[Paris]], dès 1914, on débaptisa le [[café viennois]] pour le renommer [[café liégeois]]. La [[Liège (métro de Paris)|station de métro « Berlin »]] et la [[Rue de Liège|rue du même nom]] connurent le même sort.
Après la guerre, Liège accueillit le [[Mémorial Interallié]] sur la colline de [[Cointe]].

Une commémoration majeure pour le centenaire du début de la Première Guerre mondiale se déroula le {{date-|4 août 2014}} au Mémorial Interallié, à laquelle participèrent de nombreux chefs d'État et représentants des anciens belligérants<ref>[http://www.lameuse.be/778091/article/regions/liege/actualite/2013-08-01/60-chefs-d-etat-sont-invites-a-liege-pour-commemorer-le-centenaire-de-la-guerr 60 chefs d'État sont invités à Liège pour célébrer le centenaire de la guerre 14-18] - [[La Meuse (Belgique)|La Meuse]], {{date|1er|août|2013}}</ref>.

==== Rues ====
* [[Rue Joffre]]
* [[Place de la République française]]
* [[Place du Général Leman]]
* [[Place du XX août]]
* [[Place de l'Yser (Liège)|Place de l'Yser]]
* [[Rue Sergent Merx]]
* [[Rue Georges Clemenceau (Liège)|Rue Georges-Clemenceau]]
* [[Boulevard Gustave Kleyer]]
* [[Boulevard Raymond Poincaré]], appelé communément ''boulevard de l'Automobile''
* [[Pont Atlas]]
* [[Abbaye du Val des Écoliers de Liège|Caserne Fonck]]<ref>[https://be.ambafrance.org/spip.php?action=api_docrestreint&arg=4598/bafabe0784344c2e48de02f758ccafd598cde901/pdf/programme-14-18-definitif-mai2014-07-05-14_03_web.pdf#page=3 le lancier Antoine Fonck éait le premier soldat belge tué en WWI]. Il est mort à [[Thimister-Clermont]].</ref>

==== Statues, sculptures et monuments ====
* La [[Sculptures_à_Liège#Statue du Général Bertrand|Statue du Général Bertrand]], [[Place Théodore Gobert]]
* La plaque [[Walthère Dewé]], [[Rue de l'Université (Liège)|rue de l'Université]]
* Le [[Place_Saint-Barthélemy#Fontaine_Lambrecht|Monument Dieudonné Lambrecht]], [[place Saint-Barthélemy]]
* La plaque [[Constant le Marin]], [[rue Puits-en-Sock]]
* La ''Statue équestre du roi Albert {{Ier}}'', [[Pont Albert Ier]]

==== Poèmes ====
*''Ceux de Liège'', [[Émile Verhaeren]].

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets|Commons=Category:Battle of Liège}}

=== Bibliographie ===
*{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Paul|nom1=Hamelius|titre=The siege of Liège, a personal narrative|lieu=Londres|éditeur=T. W. Laurie, ltd|année=1914|pages totales=108|oclc=8102913|lire en ligne=https://archive.org/stream/siegeofligeper00hamerich#page/n7/mode/2up}}
*{{en}} J. M. Kennedy, « The Campaign around Liège », dans le ''Daily Chronicle War Books'' (Londres, 1914)
*{{en}} Thomas E. Griess, ''The Great War'', Avery Publishing, 1986.
*{{Ouvrage|langue=en|titre=World War I|prénom1=S. L. A.|nom1=Marshall|lieu=New York Boston|éditeur=American Heritage Distributed by Houghton Mifflin|année=1985|pages totales=512|isbn=978-0-828-10434-0}}.
*{{en}} F. J. Reynolds, ''The Story of the Great War'', Vol. III, P.F. Collier & Son, New York, 1916.
*{{Ouvrage|langue=French|prénom1=A. de|nom1=Schrijver|titre=La bataille de Liège (août 1914)|éditeur=Vaillant-Carmanne|date=1922|oclc=902004823}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jean-Claude Delhez |titre=L'assaut contre les forts de Liège (1914) |lieu=Paris |éditeur=[[Economica]] |collection=Campagnes & stratégies |numéro dans collection=132 |année=2018 |pages totales=151 |isbn=978-2-7178-7015-2}}.


==Liens externes==
=== Liens externes ===
* {{en}} [http://www.firstworldwar.com/battles/liege.htm La bataille de Liège, 1914]
* {{en}} [http://www.firstworldwar.com/battles/liege.htm La bataille de Liège, 1914]
* {{en}} [http://www.historyofwar.org/articles/battles_liege.html Le siège de Liège, 1914]
* {{en}} [http://www.historyofwar.org/articles/battles_liege.html Le siège de Liège, 1914]
* {{lien web |url=http://www.cgsc.edu/CARL/nafziger/914GHCA.pdf |format=pdf |lang=en |titre=German and Belgian Forces, Engagement at Lüttich, 3-7 August 191 |site=cgsc.edu }}.
* {{en}} [http://www.geocities.com/~brialmont/forts.html Les forts de Liège, 1914]

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=== Articles connexes ===
* [[Liste de forts, fortifications, citadelles et places fortes en Belgique]]
* [[Ceinture fortifiée de Liège]]
* [[Ceinture fortifiée de Namur]]
* [[Armée belge en 1914]]
* [[Ordre de bataille de l'armée allemande en 1914]]
* [[Bataille de Rabosée]]
* [[Bataille de Dinant (1914)]]
* [[Bataille de Charleroi]]
* [[Relations entre l'Allemagne et la Belgique]]
* [[Mémorial Interallié]] de Liège
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Dernière version du 27 octobre 2023 à 14:11

Bataille de Liège
Description de cette image, également commentée ci-après
Tour d'aération du fort de Boncelles.
Informations générales
Date du 5 août au
Lieu Liège, Belgique
Issue Victoire allemande
Belligérants
Drapeau de la Belgique Belgique Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Commandants
Drapeau de la Belgique Général Gérard Leman Drapeau de l'Allemagne Général Otto von Emmich
Drapeau de l'Allemagne Erich Ludendorff
Forces en présence
3e division belge (30 000 hommes) Ire et IIe armées allemandes (60 000 hommes)
Pertes
2 000 à 3 000 tués ou blessés
4 000 prisonniers
2 000 tués ou blessés

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Coordonnées 50° 28′ 26″ nord, 5° 34′ 20″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Bataille de Liège
Géolocalisation sur la carte : province de Liège
(Voir situation sur carte : province de Liège)
Bataille de Liège

La bataille de Liège en Belgique fut la première bataille menée par l'Empire allemand durant la Première Guerre mondiale. Le siège commença le par l'attaque des intervalles entre les forts situés tout autour de Liège, et se termina le par la reddition du dernier d'entre eux.

Les troupes allemandes entrèrent dans l'agglomération dès le , la ville de Liège proprement dite n'ayant pas de défenses.

Le plan Schlieffen[modifier | modifier le code]

Le plan Schlieffen fut élaboré en raison de la peur de l'Empire allemand de voir s'installer une longue guerre l'opposant à la République française et à l'Empire russe. Le plan prévoyait une victoire rapide sur la France comme lors de la guerre franco-allemande de 1870. Pour y arriver, le plan prévoyait d'envahir la Belgique (pays neutre) pour contourner par le nord les défenses de l'Est de la France.

Le plan avait deux inconvénients :

  • tout d'abord, il violait la neutralité de la Belgique ce qui donnait au Royaume-Uni un casus belli pour entrer immédiatement en guerre ;
  • ensuite, la ville hautement fortifiée de Liège se trouvait sur la route menant à la France.

Forces en présence[modifier | modifier le code]

La ville de Liège se situe au confluent de la Meuse et des rivières Ourthe (venant du sud) et Vesdre (venant de l'est). Elle est bordée au sud par le massif forestier de l'Ardenne belge et au nord par la ville néerlandaise de Maastricht. La vallée de la Meuse forme un goulot plus étroit au niveau de Liège ce qui rendait le passage bien plus difficile. Liège compte de nombreux ponts routiers et ferroviaires permettant de relier l'Allemagne à la France d'une part, à Bruxelles d'autre part. Le plan allemand prévoyait d'utiliser ces voies pour pénétrer plus facilement en France.

Fortifications belges[modifier | modifier le code]

Positions des forts autour de Liège. La ceinture de forts rapprochés construite pour la Première Guerre mondiale (en bleu) fut complétée pour la Seconde Guerre mondiale par une seconde ceinture avancée vers l'Allemagne (en rouge).

Une ceinture de 12 forts entourait la ville. Ces fortifications, basées sur des méthodes de défense allemandes, protégeaient la ville à une distance de 6 à 10 km depuis leur construction de 1888 à 1892. Chaque fort était couvert par le feu provenant des autres forts. Si un fort tombait, le passage entre les deux forts adjacents intacts était toujours protégé par ceux-ci. Six des forteresses étaient des grands forts de forme triangulaire ou quadrangulaire. Construits en béton, malheureusement non-armé, ils étaient équipés de deux obusiers de 210 mm, de deux canons de 150 mm et de quatre canons de 120 mm. Quatre coupoles à éclipse avec un canon de 57 mm pouvant monter au moment du tir et se rabaisser entre-temps, pour la défense rapprochée, plus des canons de 57 mm pour la défense des fossés et de la rampe d'accès. Tous disposaient de stocks de munitions, de quartiers pour les soldats. Entre les grands forts se trouvait à chaque fois un petit fort (parfois deux). Ces derniers étaient équipés d'un obusier de 210 mm, de deux canons de 150 mm, de deux canons de 120 mm et de canons de 57 mm.

Grands forts Petits forts
Pontisse Liers
Barchon Evegnée
Fléron Chaudfontaine
Boncelles Embourg
Flémalle Hollogne
Loncin Lantin

L'armée allemande était bien informée sur l'armement présent dans les forts car l'entreprise allemande Krupp était sous contrat pour remplacer les canons. Une autre faiblesse des forts était le nombre insuffisant des pièces d'artillerie permettant de couvrir les passages entre les forts et l'absence d'observatoire. D'autre part, la qualité du béton utilisé n'aurait pas été optimale d'après les rapports allemands établis après la bataille.

Troupes belges[modifier | modifier le code]

Le lieutenant-général Gérard Leman a été choisi pour commander la position fortifiée de Liège. La garnison de la place comprenait des troupes de campagne et des troupes de forteresse. Les troupes de campagne, la 3e division d’armée, étaient constituées de 34 500 hommes (environ) et étaient dotées de 72 canons. Les troupes de forteresse (incluant l’infanterie, l’artillerie, le génie et la cavalerie) se composaient de 15 000 hommes (dont 5 000 dans les forts), et disposaient des 207 pièces d’artillerie des forts, auxquelles il faut ajouter les 114 pièces mobiles anciennes affectées à la défense des intervalles.

Cela donne pour la défense de Liège un total de 50 000 hommes et de 393 bouches à feu[1]. (Horne et Kramer avancent un nombre moins important et l'estiment à 32 000 hommes)[2]. À la 3e division, comprenant déjà quatre brigades mixtes, fut adjoint la 15e brigade mixte, venue de Namur, et des troupes de la Garde civique. Toutes ces unités se retrouvaient sous le commandement du général Leman.

Empire allemand[modifier | modifier le code]

Le corps d'attaque, appelé « armée de la Meuse », sous les ordres du général Otto von Emmich, comptait, d'après le major Deguent[3], 55 000 hommes environ (dont 15 000 cavaliers, les Uhlans), 80 canons, une escadrille d’avions de reconnaissance et un dirigeable (le Z VI Köln). Ces troupes, prélevées sur cinq corps d'armée différents, étaient divisées en six brigades mixtes (11e, 14e, 27e, 34e, 38e et 43e brigades).

Ces brigades sont renforcées par des batteries d'artillerie lourde (du 210 mm) et le 2e corps de cavalerie.

La bataille[modifier | modifier le code]

Début de la bataille, avance de la première et seconde armées allemandes. À noter, le cercle de défense autour de Liège.

La guerre fut déclarée à la Belgique le et les Allemands traversèrent la frontière quelques heures plus tard. En direction de la Meuse, ils découvrirent que le pont avait déjà été détruit pour ralentir leur progression. Les Allemands traversèrent la Meuse le au nord de Visé.

Échec du coup de main[modifier | modifier le code]

« Les forts de Liège ont résisté », une de La Dernière Heure, vendredi 7 août 1914.

L'État-Major allemand avait sous-estimé les effectifs de la garnison de Liège, qu'il pensait forte de 9 000 hommes seulement[4]. C’est cette erreur qui explique l’échec de la tactique qu’il appliqua la nuit du 5 au  : il espérait pouvoir faire tomber la place de Liège grâce à un coup de main audacieux, c’est-à-dire par une attaque surprise en force, sans réelle préparation d’artillerie. Sur les six brigades envoyées à l'assaut dans les intervalles entre les forts, une seule, la 14e commandée par le général Erich Ludendorff (chef d'état-major de la 2e armée, présent en tant qu'observateur) qui remplaçait par hasard le général Wüssow mortellement blessé au début de l’attaque, parvient à passer en force par l’intervalle entre les forts d’Évegnée et de Fléron. Sans l'énergie et l'audace de Ludendorff, l'attaque par surprise aurait abouti à un échec complet.

À Liège, la ville proprement dite ne possède aucune défense. Aussi, un bataillon de chasseurs allemands qui était parvenu à se faufiler entre les forts de Liers et de Pontisse tente-t-il un coup de main sur le quartier général de la position fortifiée de Liège. La population voit passer une troupe allemande en rang et au pas, attitude adoptée pour donner le change aux civils. Aussi, des Liégeois incapables de comprendre qu'il s'agit de soldats allemands car ils n'ont aucune information permettant de les différencier par rapport aux alliés, applaudissent-ils au passage de l'envahisseur. Mais, rapidement, l'erreur est comprise et quand les Allemands parviennent au quartier général rue Sainte-Foy, ils sont accueillis par la garde et mis en fuite[5], laissant derrière eux une quinzaine de morts sur les quatre-vingts hommes composant le détachement. Le général Leman décide de se replier le sur le fort de Loncin dont il fait son nouveau quartier général[6]. Cette initiative a malheureusement pour effet d’interrompre, à ce moment critique entre tous, les liaisons téléphoniques entre les forts de Liège (il n'y avait pas de réseau téléphonique militaire, et toutes les communications devaient transiter par le réseau civil, centralisé rue Sainte-Foy.

Le , la situation est chaotique dans les deux camps. L'État-Major allemand, surpris par la résistance belge à laquelle il ne s'attendait pas, a dû retirer des troupes étrillées par les Belges lors des premiers combats et les Belges eux-mêmes sont épuisés. Cependant, la brigade allemande commandée par Ludendorff s’empare du fort de la Chartreuse, non défendu et déclassé depuis 1891. L'armée belge de campagne, qui a combattu dans les intervalles entre les forts, se retire vers Hannut. Les intervalles entre les forts sont désormais ouverts à l’ennemi, qui fait venir des renforts considérables.

Le , deux brigades allemandes parviennent à rejoindre celle de Ludendorff. Dépourvue de défenses, la citadelle (qui avait été déclassée en même temps que le fort de la Chartreuse, en 1891) est prise. Les Allemands proclament alors qu'ils ont pris la ville bien qu'aucun fort ne se soit encore rendu.

Siège en règle[modifier | modifier le code]

À la suite de cet échec allemand, que les Belges ne peuvent exploiter, le commandement suprême de l'armée de terre allemande décide alors d'envoyer des renforts aux premiers 39 000 hommes engagés, formant une armée de siège de 60 000 hommes[7], renforcée en artillerie lourde. Cette armée est opérationnelle à partir du , les obusiers de 420 mm tirent à partir du 12, en commençant par le fort de Pontisse : les forts belges sont bombardés à raison d'un par jour jusqu'à reddition. Impuissants car aveugles, les observatoires étant tous dans les intervalles tenus par les forces allemandes, les forts sont obligés de se rendre. Le général Leman est fait prisonnier dans le fort de Loncin le 15. Le dernier fort, celui de Hollogne, se rend le .

Propagandes et commémorations[modifier | modifier le code]

La bataille pour Liège se déroulant au tout début de la guerre, les propagandes française et allemande se sont emparées du sujet pour en faire dans les deux camps leur première victoire du conflit. L'importance de cette bataille fait depuis l'objet d'un débat historiographique.

Point de vue allemand[modifier | modifier le code]

Le , les journaux allemands annoncent la prise de la ville de Liège et la décoration du général von Emmich avec la croix Pour le Mérite. Les comptes rendus allemands affirment que la résistance belge à Liège n'a provoqué aucun retard : les troupes allemandes sont en pleine mobilisation du 2 au . Selon le plan de mobilisation, les unités des 1re et 2e armées doivent terminer leur déploiement au [8].

L'historien américain Holger Herwig estime le retard à seulement deux jours[9], tandis que le Britannique Eric Brose monte jusqu'à quatre jours[10]. Selon l'historien belge Jean-Claude Delhez, ce qui compte vraiment n'est pas un hypothétique retard dans l'ordre de marche en avant, mais le fait que les troupes allemandes capturent intacts presque tous les ponts routiers et ferroviaires de Liège[11], leur permettant de se déployer sur la rive gauche à partir du et de se ravitailler facilement.

Point de vue allié[modifier | modifier le code]

Évoquant le retard pris par les Allemands dans l'exécution du plan Schlieffen, retard causé par la résistance liégeoise :

« Ce retard équivaut à une grande défaite. »

— Le Soir, .

Horne et Kramer écrivent que « Là où Schlieffen, révisant son plan en 1912, n'avait prévu qu'une seule division pour investir Liège et Namur, il en fallu huit pour uniquement réduire Liège, au prix d'un temps précieux et de pertes évaluées à 5 300 morts environ »[12]. Cinq armées allemandes d'invasion (environ un million d'hommes) devaient traverser le Limbourg, Liège, le Hainaut, le Brabant, Namur et le Luxembourg en quelques jours, ce qu'elles firent en trois semaines. La résistance belge exacerba la psychose allemande des francs-tireurs, les atrocités allemandes étant commises dès les premières résistances à Liège et autour de Liège soit le à Berneau, Micheroux, Poulseur et Soumagne.[réf. souhaitée]

Au sujet de la résistance du fort de Loncin :

« Passant !... Va dire à la Belgique et à la France qu'ici 550 Belges se sont sacrifiés pour le triomphe de la Liberté et le Salut du Monde... »

— Général Gabriel Malleterre.

Commémorations[modifier | modifier le code]

À Paris, dès 1914, on débaptisa le café viennois pour le renommer café liégeois. La station de métro « Berlin » et la rue du même nom connurent le même sort.

Après la guerre, Liège accueillit le Mémorial Interallié sur la colline de Cointe.

Une commémoration majeure pour le centenaire du début de la Première Guerre mondiale se déroula le au Mémorial Interallié, à laquelle participèrent de nombreux chefs d'État et représentants des anciens belligérants[13].

Rues[modifier | modifier le code]

Statues, sculptures et monuments[modifier | modifier le code]

Poèmes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. R. Deguent, Cours de fortification : guerre de sièges, t. II : Sièges de 1914-1918, Bruxelles, École militaire, , p. 36.
  2. J. Horne et A. Kramer, 1914 : Les atrocités allemandes, Paris, Tallandier, , p. 31.
  3. Deguent 1923, p. 37.
  4. Horne et Kramer 2005, p. 30.
  5. PAR LILY PORTUGAELS, « Souvenir du 6 août 1914 et de «l'affaire » de Sainte-Foy », sur La Libre.be (consulté le ).
  6. PAR LILY PORTUGAELS, « Des Liégeois de la " Grande Guerre " », sur La Libre.be (consulté le ).
  7. Horne et Kramer 2005, p. 31.
  8. Pierre-Yves Hénin, Le Plan Schlieffen : Un mois de guerre - deux siècles de controverses, Paris, Economica, coll. « Campagne & stratégies » (no 99), , 572 p. (ISBN 978-2-7178-6447-2, présentation en ligne), p. 345.
  9. (en) Holger H. Herwig, The Marne, 1914 : The Opening of World War I and the Battle That Changed the World, Random House Trade Paperbacks, , 432 p. (ISBN 978-0-8129-7829-2), p. 157.
  10. (en) Eric Dorn Brose, The Kaiser's Army : the politics of Military Technology in Germany During the Machine Age, 1870-1918, Oxford, OUP, , 336 p. (ISBN 978-0-19-517945-3, lire en ligne), p. 189.
  11. Jean-Claude Delhez, Douze mythes de l'année 1914, Paris, Economica, coll. « Mystères de guerre » (no 2), , 140 p. (ISBN 978-2-7178-6594-3), p. 35.
  12. Horne et Kramer 2005, p. 33.
  13. 60 chefs d'État sont invités à Liège pour célébrer le centenaire de la guerre 14-18 - La Meuse,
  14. le lancier Antoine Fonck éait le premier soldat belge tué en WWI. Il est mort à Thimister-Clermont.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Paul Hamelius, The siege of Liège, a personal narrative, Londres, T. W. Laurie, ltd, , 108 p. (OCLC 8102913, lire en ligne)
  • (en) J. M. Kennedy, « The Campaign around Liège », dans le Daily Chronicle War Books (Londres, 1914)
  • (en) Thomas E. Griess, The Great War, Avery Publishing, 1986.
  • (en) S. L. A. Marshall, World War I, New York Boston, American Heritage Distributed by Houghton Mifflin, , 512 p. (ISBN 978-0-828-10434-0).
  • (en) F. J. Reynolds, The Story of the Great War, Vol. III, P.F. Collier & Son, New York, 1916.
  • A. de Schrijver, La bataille de Liège (août 1914), Vaillant-Carmanne, (OCLC 902004823).
  • Jean-Claude Delhez, L'assaut contre les forts de Liège (1914), Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies » (no 132), , 151 p. (ISBN 978-2-7178-7015-2).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]