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« Liberty L-12 » : différence entre les versions

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{{Infobox Moteur d'avion
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Le '''Liberty L-12''' était un [[Propulsion des aéronefs#Le moteur|moteur d'avion]], [[V 12]] à 45°, de {{unité|27|litres}} de cylindrée, à refroidissement liquide, développant 400 ch (300 kW), conçu à la fois pour avoir un [[Puissance massique|rapport puissance/poids]] élevé et adapté à une production de masse.
Le '''Liberty L-12''' était un [[Propulsion des aéronefs#Le moteur|moteur d'avion]], [[Moteur V12|V 12]] à 45°, de {{unité|27|litres}} de cylindrée, à refroidissement liquide, développant {{nombre|400|ch}} ({{unité|300|kW}}), conçu à la fois pour avoir un [[Puissance massique|rapport puissance/poids]] élevé et adapté à une production de masse.
== Histoire ==
== Histoire ==
[[Image:Ford Liberty12.jpg|vignette|Ford Liberty 12]]
[[Image:Ford Liberty12.jpg|vignette|Ford Liberty 12]]
En mai 1917, un mois après que les [[États-Unis pendant la Première Guerre mondiale|États-Unis avaient déclaré la guerre à l'Allemagne]], un groupe de travail fédéral, appelé {{Lien|fr=Aircraft Board|lang=en}}, convoqua deux des meilleurs ingénieurs motoristes, Jesse Vincent (de la [[Packard Motor Car Company]] de Detroit) et E.J. Hall (de la {{Lien|fr=Hall-Scott|lang=en|trad=Hall-Scott|texte=Hall-Scott Motor Co.}} de Berkeley), à [[Washington (District de Columbia)|Washington DC]] et les a chargés de concevoir, le plus rapidement possible, un moteur d'avion qui pourrait rivaliser voire dépasser ceux de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne.
En {{date-|mai 1917}}, un mois après que les [[États-Unis dans la Première Guerre mondiale|États-Unis avaient déclaré la guerre à l'Allemagne]], un groupe de travail fédéral, appelé {{Lien|langue=en|fr=Aircraft Board}}, convoqua deux des meilleurs ingénieurs motoristes, Jesse Vincent (de la [[Packard Motor Car Company]] de Detroit) et E.J. Hall (de la [[Hall-Scott|Hall-Scott Motor Co.]] de Berkeley), à [[Washington (district de Columbia)|Washington DC]] et les a chargés de concevoir, le plus rapidement possible, un moteur d'avion qui pourrait rivaliser voire dépasser ceux de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne.
Le Conseil a précisa que le moteur devait avoir un rapport puissance/poids élevé et être facilement adaptable à la production de masse.
Le Conseil précisa que le moteur devait avoir un rapport puissance/poids élevé et être facilement adaptable à la production de masse.
Le le 29 mai 1917 le conseil installa Vincent et Hall l'Hôtel Willard, à Washington, où ils furent invités à rester jusqu'à ce qu'ils aient produit un ensemble d'épures. Après seulement cinq jours, Vincent et Hall ont quitté le Willard avec une conception achevée du nouveau moteur<ref>{{Ouvrage|langue= anglais |prénom1= Steven |nom1= Trout |lien auteur1=|titre= Cather Studies Vol. 6: History, Memory, and War |sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|lien éditeur=|éditeur= University of Nebraska Press |lieu= Lincoln |année= 2006 |tome=|volume=|pages totales=|format= poche |isbn= 978-0-8032-9464-6 |passage= 275–276 |lire en ligne=|consulté le=}}</ref>.
Le {{date-|29 mai 1917}} le conseil installa Vincent et Hall à l'Hôtel Willard, à Washington, où ils furent invités à rester jusqu'à ce qu'ils aient produit un ensemble d'épures. Après seulement cinq jours, Vincent et Hall quittèrent le Willard avec une conception achevée du nouveau moteur<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Steven |nom1=Trout |titre=Cather Studies Vol. 6 |sous-titre=History, Memory, and War |lieu=Lincoln |éditeur=[[University of Nebraska Press]] |année=2006 |pages totales=312 |format livre=poche |passage=275–276 |isbn=978-0-8032-9464-6 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=qqqVNuUDqqQC&printsec=frontcover}}</ref>.


En juillet 1917, un prototype à huit cylindres assemblé par l'usine Packard de Detroit est arrivé à Washington pour tests, et, en août, la version 12 cylindres a été testée et approuvée.
En {{date-|juillet 1917}}, un prototype à {{nombre|8|cylindres}} assemblé par l'usine Packard de Detroit arriva à Washington pour tests, et en août, la version {{nombre|12|cylindres}} fut testée et approuvée.
Ce même automne, le ministère de la Guerre a passé une commande de {{unité|22500|moteurs}} Liberty, divisant le contrat entre les industriels produisant des automobiles et des moteurs [[Buick]], [[Ford]], [[Cadillac (entreprise)|Cadillac]], [[Lincoln (automobile)|Lincoln]], Marmon, Nordyke, et Packard.
Ce même automne, le ministère de la Guerre passa une commande de {{unité|22500|moteurs}} Liberty, divisant le contrat entre différents industriels produisant des automobiles et des moteurs : [[Buick]], [[Ford]], [[Cadillac (entreprise)|Cadillac]], [[Lincoln (automobile)|Lincoln]], Marmon, Nordyke, et Packard.
Hall-Scott en Californie a été jugée trop petite pour recevoir une commande de production. La fabrication par plusieurs usines différentes a été facilitée par la conception modulaire<ref name=Yenne>{{Ouvrage|langue= anglais |prénom1= Bill |nom1= Yenne |lien auteur1=|titre= The American Aircraft Factory in World War II |sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|lien éditeur=|éditeur= Zenith Imprint |lieu=|année= 2006 |tome=|volume=|pages totales=|format= relié |isbn= 978-0-7603-2300-7 |lccn= 2006010917 |passage= 15–17 |lire en ligne=|consulté le=}}</ref>.
Hall-Scott en Californie fut jugée trop petite pour recevoir une commande de production. La fabrication par plusieurs usines différentes était facilitée par la conception modulaire<ref name=Yenne>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Bill |nom1=Yenne |titre=The American Aircraft Factory in World War {{II}} |éditeur=Zenith Imprint |année=2006 |pages totales=192 |format livre=relié |passage=15–17 |isbn=978-0-7603-2300-7 |lccn=2006010917}}</ref>.
Il a été demandé à Cadillac de produire des moteurs liberty, mais William Durant qui était un pacifiste ne voulait pas que les installations de General Motors soient utilisées pour la production de matériel de guerre. Cela a conduit Henry Leland à quitter Cadillac pour créer la société Lincoln pour fabriquer le moteur Liberty. Toutefois, plus tard Durant a changé d'avis et Cadillac et Buick ont produit des moteurs<ref>{{Ouvrage|langue= anglais |prénom1= H. Eugene |nom1= Weiss |lien auteur1=|titre= Chrysler, Ford, Durant, and Sloan |sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|lien éditeur=|éditeur= McFarland |lieu= Jefferson |année= 2003 |tome=|volume=|pages totales=|isbn= 978-0-7864-1611-0 |lccn= 2003014391 |passage= 45 |lire en ligne=|consulté le=}}</ref>.
Il fut demandé à Cadillac de produire des moteurs Liberty mais le patron de General Motors, William Durant, qui était un pacifiste, ne voulait pas que les installations de General Motors soient utilisées pour la production de matériel de guerre. Cela conduisit Henry Leland à quitter Cadillac pour créer la société Lincoln pour fabriquer le moteur Liberty. Toutefois, William Durant changea d'avis plus tard et Cadillac et Buick produisirent aussi des moteurs<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=H. Eugene |nom1=Weiss |titre=Chrysler, Ford, Durant, and Sloan |lieu=Jefferson |éditeur=[[McFarland & Company|McFarland]] |année=2003 |pages totales=196 |passage=45 |isbn=978-0-7864-1611-0 |lccn=2003014391 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=54qIumSvZSsC&printsec=frontcover}}</ref>.
[[Fichier:LibertyEngineProduction-1918.gif|vignette|Production du Liberty Engine]]
Ford, qui devait fournir les cylindres du nouveau moteur, a rapidement développé une technique améliorée pour la coupe et l'emboutissage de l'acier qui permit d'augmenter la production des cylindres de {{unité|151|pièces}} à plus de {{unité|2000}} par jour. Ford a finalement fabriqué la totalité des {{unité|433826|cylindres}} produits ainsi que {{unité|3950|moteurs}} complets<ref name=Callaghan>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Timothy J. |nom1=O'Callaghan |titre=The Aviation Legacy of Henry & Edsel Ford |lieu=Ann Arbor |éditeur=Wayne State University Press |année=2002 |numéro d'édition=1 |pages totales=208 |passage=163–164 |isbn=978-1-928623-01-4 |oclc=48229053 |lccn=00135369}}</ref>. En un temps record, Lincoln a construit une nouvelle usine, entièrement destinée à la production du moteur Liberty et a assemblé {{unité|2000|moteurs}} en {{nombre|12|mois}}. Au moment de l'[[armistice de 1918|armistice avec l'Allemagne]], les différentes sociétés avaient produit {{unité|13574|moteurs}} Liberty, atteignant une production de {{nombre|150|moteurs}} par jour. La production continua après la guerre, pour un total de {{unité|20478|moteurs}} construits entre le {{date|4|juillet|1917}} et 1919<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=John David |nom1=Anderson |titre=The Airplane |sous-titre=A History of Its Technology |lieu=Reston |éditeur=AIAA |année=2002 |passage=157 |isbn=978-1-56347-525-2 |lccn=2002153182}}</ref>.


Dessiné et construit sur une initiative publique (cas rare aux États-Unis) le V12 Liberty fut l'objet de critiques sévères et même d'une commission d'enquête parlementaire. Il souffrait de problèmes de fiabilité (flexion du vilebrequin induisant de fortes variations parasites à certains régimes). L'intervalle entre grandes révisions (TBO : {{Citation étrangère |lang=en |Time Between Overhauls}}) était initialement très court ({{unité|75|heures}}), à comparer avec le test de réception de {{unité|50|heures}} au banc en fonctionnement continu mais diverses améliorations permirent de porter le TBO à {{unité|300|heures}} par la suite<ref>{{Lien web |titre=Liberty Notes |lang=en |url=http://www.enginehistory.org/Before1925/Liberty/LibertyNotes.shtml |site=www.enginehistory.org |consulté le=2016-06-01}}</ref>
Ford, qui devait fournir les cylindres du nouveau moteur, a rapidement développé une technique améliorée pour la coupe et l'emboutissage de l'acier qui a permis de passer la production de cylindre de 151 à plus de {{formatnum:2000}} par jour, Ford a finalement fabriqué la totalité des {{unité|433826|cylindres}} produits ainsi que {{unité|3950|moteurs}} complets<ref name=Callaghan>{{Ouvrage|langue= anglais |prénom1= Timothy J. |nom1= O'Callaghan |lien auteur1=|titre= The Aviation Legacy of Henry & Edsel Ford |sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition= 1 |lien éditeur=|éditeur= Wayne State University Press |lieu= Ann Arbor |année= 2002 |tome=|volume=|pages totales=|isbn= 978-1-928623-01-4 |oclc= 48229053 |lccn= 00135369 |passage= 163–164 |lire en ligne=|consulté le=}}</ref>. En un temps record Lincoln a construit une nouvelle usine, entièrement dédiée à la production du moteur Liberty et a assemblé {{unité|2000|moteurs}} en 12 mois. Au moment de l'[[armistice de 1918|armistice avec l'Allemagne]], les différentes sociétés avaient produit {{unité|13574|moteurs}} Liberty, atteignant un taux de production de 150 moteurs par jour. La production a continué après la guerre, pour un total de {{unité|20478|moteurs}} construits entre le {{date|4|juillet|1917}} et 1919<ref>{{Ouvrage|langue=anglais|prénom1=John David|nom1=Anderson|lien auteur1=|titre=The Airplane : A History of Its Technology|sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|lien éditeur=|éditeur=AIAA|lieu= Reston |année= 2002|tome=|volume=|pages totales=|isbn= 978-156347525-2|lccn=2002153182|passage=157|lire en ligne=|consulté le=}}</ref>.


== Description ==
== Description ==


Le Liberty L-12 était une conception modulaire, où quatre ou six cylindres pouvaient être utilisés dans un ou deux bancs. Un [[Arbre à cames#Arbre .C3.A0 cames en t.C3.AAte|arbre à cames en tête]] pour chaque rangée de cylindres manœuvrait deux soupapes par cylindre, d'une manière presque identique aux moteurs six cylindres en ligne allemands {{Lien|fr=Mercedes D.III|lang=en}} et {{Lien|fr=BMW III|lang=en}}, chaque arbre à cames était entraîné par un arbre vertical placé à l'arrière de chaque rangée de cylindres, à l'identique des six cylindres en ligne Mercedes et BMW. Le poids à sec était de de 844 lb ({{unité|383|kg}}). Deux exemplaires de la version à six cylindres, le Liberty L-6, qui ressemblait beaucoup globalement aux groupes moteurs de Mercedes et BMW, ont été produits, mais non achetés par l'armée. Les deux ont été détruits par le {{Dr}} William Noël pendant les tests du chasseur "{{Lien|fr=Christmas Bullet|lang=en}}".
Le Liberty L-12 était une conception modulaire, où quatre ou six cylindres pouvaient être utilisés dans un ou deux bancs. Un [[Arbre à cames#Arbre .C3.A0 cames en t.C3.AAte|arbre à cames en tête]] pour chaque rangée de cylindres manœuvrait deux soupapes par cylindre, d'une manière presque identique aux moteurs six cylindres en ligne allemands [[Mercedes D III|Mercedes D.III]] et {{Lien|langue=en|fr=BMW III}}, chaque arbre à cames était entraîné par un arbre vertical placé à l'arrière de chaque rangée de cylindres, à l'identique des six cylindres en ligne Mercedes et BMW. Le poids à sec était de {{unité|844|lb}} ({{unité|383|kg}}). Deux exemplaires de la version à six cylindres, le Liberty L-6, qui ressemblait beaucoup globalement aux groupes moteurs de Mercedes et BMW, ont été produits, mais non achetés par l'armée. Les deux ont été détruits par le {{Dr}} William Noël pendant les tests du chasseur "{{Lien|langue=en|fr=Christmas Bullet}}".


== Variantes ==
== Variantes ==
=== V-1650 ===
=== V-1650 ===
Une version inversée du Liberty 12-A référencée V-1650 et produite jusqu'en 1926 par Packard. La même désignation a été ensuite appliquée, en raison de la [[cylindrée]] identiques, au [[Rolls-Royce Merlin]] construit par Packard pendant la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref name=Gunston>{{Ouvrage|langue= anglais |prénom1= Bill |nom1= Gunston |lien auteur1=|titre= World Encyclopaedia of Aero Engines |sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|lien éditeur=|éditeur= Patrick Stephens |lieu= Wellingborough |année= 1986 |tome=|volume=|pages totales=|isbn= 978-0-85059-717-2 |lccn= 86133110 |passage= 106 |lire en ligne=|consulté le=}}</ref>.
Une version inversée du Liberty 12-A référencée V-1650 et produite jusqu'en 1926 par Packard. La même désignation a été ensuite appliquée, en raison de la [[cylindrée]] identique, au [[Rolls-Royce Merlin]] construit par Packard pendant la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref name=Gunston>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bill|nom1=Gunston|titre=World Encyclopaedia of Aero Engines|lieu=Wellingborough|éditeur=Patrick Stephens|année=1986|pages totales=185|passage=106|isbn=978-0-85059-717-2|lccn=86133110}}</ref>.
[[Image:Liberty V12.jpg|vignette|Le major [[Henry Harley Arnold|Henry H. Arnold]] à côté du premier moteur Liberty V12 terminé]]
[[Image:Liberty V12.jpg|vignette|Le major [[Henry Harley Arnold|Henry H. Arnold]] à côté du premier moteur Liberty V12 terminé]]


=== Nuffield Liberty ===
=== Nuffield Liberty ===
Le moteur de char '''Nuffield Liberty''' a été produit pendant la Seconde Guerre mondiale par le constructeur automobile britannique {{Lien|fr=Nuffield Organisation|lang=en|trad=Nuffield Organisation|texte=Nuffield}}. C'était un moteur de 27 l d'une puissance de 340 ch (250 kW), ce qui était inadapté, et a souffert de nombreux problèmes de refroidissement et fiabilité<ref>{{Ouvrage|langue= anglais |prénom1= James |nom1= Foreman-Peck |lien auteur1=|titre= The British Motor Industry |sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|lien éditeur=|éditeur= Manchester University Press |lieu= Manchester u |année= 1995 |tome=|volume=|pages totales=|isbn= 978-0-7190-2612-6 |lccn= 94033151 |passage= 87 |lire en ligne=|consulté le=|coauteur= Sue Bowden, Alan McKinley }}</ref>. Il a été remplacé dans les chars britannique par le {{Lien|fr=Rolls-Royce Meteor|lang=en}}, dérivé du [[Rolls-Royce Merlin|Merlin]].
Le moteur de char '''Nuffield Liberty''' a été produit pendant la Seconde Guerre mondiale par le constructeur automobile britannique {{Lien|langue=en|trad=Nuffield Organisation|fr=Nuffield Organisation|texte=Nuffield}}. C'était un moteur de {{nombre|27|l}} de cylindrée et d'une puissance de {{nombre|340|ch}} ({{unité|250|kW}}), ce qui était inadapté, et il a souffert de nombreux problèmes de refroidissement et fiabilité<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=James|nom1=Foreman-Peck|auteur2=Sue Bowden|auteur3=Alan McKinley|titre=The British Motor Industry|lieu=Manchester u|éditeur=[[Manchester University Press]]|année=1995|pages totales=323|passage=87|isbn=978-0-7190-2612-6|lccn=94033151}}</ref>. Il a été remplacé dans les chars britanniques par le {{Lien|langue=en|fr=Rolls-Royce Meteor}}, dérivé du [[Rolls-Royce Merlin|Merlin]].


=== Allison VG-1410 ===
=== Allison VG-1410 ===


Le Allison VG-1410 était un Liberty L 12 inversé refroidi par air, avec suralimentation et réducteur d'hélice Allison à train épicycloïdal<ref>http://www.sil.si.edu/smithsoniancontributions/AnnalsofFlight/text/SAOF-0001.3.txt</ref>.
Le Allison VG-1410 était un Liberty L 12 inversé refroidi par air, avec suralimentation et réducteur d'hélice Allison à train épicycloïdal<ref>http://www.sil.si.edu/smithsoniancontributions/AnnalsofFlight/text/SAOF-0001.3.txt</ref>.


=== Liberty L-6 ===
=== Liberty L-6 ===
Une version 6 cylindres du Liberty : moteur à un seul banc de cylindres, entraînant une forte ressemblance extérieure avec à la fois le {{Lien|fr=Mercedes D. III|lang=en|trad=Mercedes D. III|texte=Mercedes D. III}} et le {{Lien|fr=BMW IIIa|lang=en|trad=BMW IIIa|texte=BMW IIIa}}, 6 cylindres en ligne de l'[[Luftstreitkräfte|aviation allemande de la Première Guerre mondiale]].
Une version {{nombre|6|cylindres}} du Liberty : moteur à un seul banc de cylindres, entraînant une forte ressemblance extérieure avec à la fois le {{Lien|langue=en|trad=Mercedes D. III|fr=Mercedes D. III|texte=Mercedes D. III}} et le [[BMW IIIa]], 6 cylindres en ligne de l'[[Luftstreitkräfte|aviation allemande de la Première Guerre mondiale]].


=== Liberty L-8 ===
=== Liberty L-8 ===
Un moteur 8 cylindres en V à l'aide de bancs de quatre cylindres Liberty à 90°.
Un moteur {{nombre|8|cylindres}} en V à l'aide de bancs de quatre cylindres Liberty à 90°.


== Applications ==
== Applications ==
[[Fichier:Liberty 12 cylinder engine. 3-4 front view. - NARA - 518852.jpg|vignette|Vue de face]]
=== Aéronautique ===
* [[Polikarpov]] Il-400[[Fichier:Polikarpov_I-1.jpg|vignette|Polikarpov I-1]]
* [[Airco DH.4]]
* [[Airco DH.4]]
* [[Airco DH.9]]
* [[Airco DH.9]]
* [[Caproni Ca.60]]
* [[Caproni Ca.60]]
* [[Cox-Klemin Night Hawk]]
* {{Lien|fr=Curtiss NC|lang=en|trad=Curtiss NC|texte=Curtiss NC}}
* [[Curtiss NC]]
* {{Lien|fr=Curtiss Carrier Pigeon|lang=en|trad=Curtiss Carrier Pigeon|texte=Curtiss Carrier Pigeon}}
* {{Lien|langue=en|trad=Curtiss Carrier Pigeon|fr=Curtiss Carrier Pigeon|texte=Curtiss Carrier Pigeon}}
* [[Airco DH.10]]
* [[Airco DH.10]]
* [[Douglas C-1]]
* [[Douglas C-1]]
* [[Douglas DT]]
* [[Douglas DT]]
* [[Douglas O-2]]
* {{Lien|fr=Douglas O-2|lang=en|trad=Douglas O-2|texte=Douglas O-2}}
* {{Lien|fr=Handley Page H.P.20|lang=en|trad=Handley Page H.P.20|texte=Handley Page H.P.20}}
* {{Lien|langue=en|trad=Handley Page H.P.20|fr=Handley Page H.P.20|texte=Handley Page H.P.20}}
* [[Nobile T.34 Roma]] - Dirigeable
* {{Lien|fr=Witteman-Lewis XNBL|lang=en|trad=Witteman-Lewis XNBL|texte=Witteman-Lewis XNBL}}
* {{Lien|fr=RN-1 (Zodiac)|lang=en|trad=RN-1 (Zodiac)|texte=RN-1 (Zodiac)}}
* {{Lien|langue=en|trad=Witteman-Lewis XNBL|fr=Witteman-Lewis XNBL|texte=Witteman-Lewis XNBL}}
* {{Lien|langue=en|trad=RN-1 (Zodiac)|fr=RN-1 (Zodiac)|texte=RN-1 (Zodiac)}}


=== Tanks ===
=== Tanks ===
* {{Lien|fr=Mark VIII (tank)|lang=en|trad=Tank Mark VIII|texte=Mark VIII}} Anglo-American ou Liberty World War I tank
* [[Tank Mark VIII|Mark VIII]] Anglo-American ou Liberty World War I tank
* [[BT (char)|BT-2 & BT-5]] tank soviétique de l'entre guerre (au moins un Liberty reconditionné a été installé dans un BT-5)
* [[BT (char)|BT-2 & BT-5]] tank soviétique de l'entre guerre (au moins un Liberty reconditionné a été installé dans un BT-5)
* [[Cruiser Mk III]] tank britannique de la Seconde Guerre mondiale
* [[Cruiser Mk III]] tank britannique de la Seconde Guerre mondiale
* [[Cruiser Mk IV]] tank britannique de la Seconde Guerre mondiale
* [[Cruiser Mk IV]] tank britannique de la Seconde Guerre mondiale
* [[Crusader (char)|Crusader]] British World War II Tank
* [[Crusader (char)|Crusader]] British World War II Tank
* Centaur, une première version du [[Cromwell (char)|Cromwell]], tank britannique de la Seconde Guerre mondiale
* Centaur, une première version du [[Cromwell (char)|Cromwell]], tank britannique de la Seconde Guerre mondiale


=== Anglo-American ou Liberty Tank ===
=== Anglo-American ou Liberty Tank ===
Le tank {{Lien|fr=Mark VIII (tank)|lang=en|trad=Mark VIII (tank)|texte=Mark VIII}} anglo-américain ou Liberty a été conçu en 1917-18.
Le [[tank Mark VIII]] anglo-américain ou Liberty a été conçu en 1917-18.
La version américaine a utilisé une adaptation du moteur Liberty V-12 de 300ch (220 kW), conçu pour utiliser la [[fonte (métallurgie)|fonte]] plutôt que l'[[acier]]. 100 chars ont été fabriqués au {{Lien|fr=Rock Island Arsenal|lang=en|trad=Rock Island Arsenal|texte=Rock Island Arsenal}} en 1919-20, trop tard pour la [[Première Guerre mondiale]]. Ils ont finalement été vendus au Canada pour la formation en 1940, à l'exception de deux qui ont été conservés.
La version américaine a utilisé une adaptation du moteur Liberty V-12 de {{nombre|300|ch}} ({{unité|220|kW}}), conçu pour utiliser la [[fonte (métallurgie)|fonte]] plutôt que l'[[acier]]. {{nombre|100|chars}} ont été fabriqués au [[Rock Island Arsenal]] en 1919-20, trop tard pour la [[Première Guerre mondiale]]. Ils ont finalement été vendus au Canada pour la formation en 1940, à l'exception de deux qui ont été conservés.

=== Utilisation nautique ===
Les moteurs Liberty V12 ont été produits en masse, plus de {{formatnum:13000}} avant l'armistice et plus de {{formatnum:20000}} au total, mais très peu d'avions furent équipés et expédiés au front avant la fin du conflit (moins de 200), au point qu'il en restait des quantités importantes inutilisées après l'armistice de 1918. Les usines s'étant outillées pour réduire les coûts unitaires de production, il a continué à être utilisé dans le domaine aéronautique jusqu'à la fin des années 1920 (le coût unitaire était de moins de {{unité|6000 dollars}}) alors même que des dessins plus avancés techniquement étaient disponibles, mais beaucoup plus chers.

Avec la mise en place de la [[Volstead Act|loi Volstead]] (la prohibition), la contrebande d'alcool prit des proportions fantastiques aux États-Unis au cours des années folles (les [[Roaring Twenties|roaring twenties]]).

Les principales filières d'importation des alcools étaient maritimes ou lacustres. Au nord, les alcools français qui avaient transité par [[Saint-Pierre-et-Miquelon|Saint Pierre et Miquelon]], les alcools canadiens ou le whisky écossais passaient par la voie canadienne des grands lacs et la ville de [[Chicago]] où [[Al Capone]] régnait sur la pègre.

Au sud, le Rhum, produit dans l'Arc antillais et à [[Cuba]] (où la pègre américaine était bien implantée) passait par mer vers [[Key West]] et la côte de la Floride.

Pour déjouer les douaniers, il fallait des bateaux rapides. Les constructeurs américains d'embarcations de plaisance y trouvèrent un débouché inespéré, notamment Gar Wood, Hacker et [[Chris-Craft|Chris Craft]].

Les moteurs Liberty d'une puissance encore inconnue dans le domaine motonautique étaient la motorisation de choix (en montage bimoteur) sur des coques renforcées et peintes en noir pour la furtivité nocturne.

Les embarcations de la douane étaient clairement battues. Les constructeurs, soucieux de garder leurs bons clients, répugnaient à leur fournir des machines aussi rapides. Toutefois, un responsable des douanes de Chicago finit par se faire construire une vedette sur ses propres spécifications, équipée de trois moteurs Liberty et d'une mitrailleuse lourde, ce qui donna un coup d'arrêt temporaire à la filière des grands lacs.

Ces embarcations étaient désignées sous le terme générique de Rum Runners<ref>{{Lien web|langue=en-US|titre=Rum Running: Of cigarettes, horses and hams|url=http://www.drinkingcup.net/1921-rum-running-and-the-real-mccoy/|site=Drinking Cup|date=2013-01-30|consulté le=2016-06-01}}</ref>.

=== Automobiles de Records ===
Dans les années 20 et 30 la conquête du [[Record de vitesse terrestre|record absolu de vitesse terrestre]] était un enjeu technologique très prestigieux et médiatisé.

Les maîtres du jeu étaient des pilotes-ingénieurs britanniques aussi fortunés que casse-cou, pilotant de coûteux monstres de haute technologie : [[Henry Segrave|Henry Seagrave]] et sa ''[[Golden Arrow (voiture de vitesse)|Golden Arrow]]'', [[Malcolm Campbell]] et ses "''[[Napier-Campbell Blue Bird|Oiseaux bleus]]''" . Pour les aspirants-recordmen moins fortunés et ayant moins de contacts dans l'industrie automobile, le Liberty L12 était le seul choix possible: [[J. G. Parry-Thomas|J.G. Parry Thomas]] , un mécanicien britannique détint brièvement le record après avoir remotorisé sa voiture ''[[Babs (voiture de record)|Babs]]'' (achetée au comte Zborowski) avec un Liberty modifié, avant de se tuer sur cette même voiture sur la plage de [[Pendine Sands]] au Pays de Galles.

Les américains (qui disposaient de meilleures pistes pour de tels records, comme la plage de [[Daytona Beach]] en Floride ou plus tard le [[Bonneville Salt Flats|Lac salé de Bonneville]] dans l'Utah) prirent ombrage de cette domination britannique et construisirent un monstre de puissance , la ''[[White Triplex]]'',propulsée par pas moins de trois moteurs Liberty L12 préparés (plus de 1500CV au total), assez sommairement installés sur un châssis plutôt rustique et dotée d'un carénage à l'[[Aérodynamique|aérodynamisme]] très empirique. L'engin piloté par [[Ray Keech]] détint brièvement le record en avril 1928 avant de se le voir "souffler" par la bien plus sophistiquée ''Golden Arrow'' de Seagrave, à peine dix mois plus tard. Keech, courageux mais pas téméraire, refusa de piloter pour une nouvelle tentative ce qu'il considérait comme un engin de mort.

Le chef mécanicien de l'équipe, Lee Bible le remplaça alors pour une tentative à [[Ormond Beach|Ormond beach]] ; Il espérait la gloire mais trouva la mort dans un spectaculaire accident où un cameraman - journaliste fut également tué<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La White Triplex |url=https://www.leblogauto.com/actualite/white-triplex-6988 |site=Le Blogauto |date=2010-01-03 |consulté le=2024-06-06}}</ref>.


== Caractéristiques (Liberty L-12) ==
== Caractéristiques (Liberty L-12) ==
=== caractéristiques générales ===
=== caractéristiques générales ===
* Type : moteurs d'avions à pistons {{nobr|12 cylindres}} en V à refroidissement liquide.

* Alésage : {{unité|127 mm}}
* Type: moteurs d'avions à pistons 12 cylindres en V à refroidissement liquide.
* Alésage: {{unité|127|mm}}
* Course : {{unité|177,8 mm}}
* Course: {{unité|177.8|mm}}
* Cylindrée : {{unité|27 l}}
* Longueur : {{unité|1711 mm}}
* Cylindrée: 27 l
* Longueur: {{unité|1711|mm}}
* Largeur : {{unité|686 mm}}
* Largeur: {{unité|686|mm}}
* Hauteur : {{unité|1054 mm}}
* Hauteur: {{unité|1054|mm}}
* Poids sec : {{unité|383 kg}}
* Poids sec: {{unité|383|kg}}


=== composants ===
=== composants ===
* Admission / échappement : une soupape d'admission et une soupape d'échappement par cylindre, un arbre à cames en tête par rangée.
* Admission / échappement : une soupape d'admission et une soupape d'échappement par cylindre, un arbre à cames en tête par rangée de cylindres.
* Système de refroidissement: refroidissement liquide
* Système de refroidissement : refroidissement liquide


=== performance ===
=== performance ===


* Puissance : 449 ch (335 kW) à 2 000 tr/min(décollage)
* Puissance : {{nombre|449|ch}} ({{unité|335|kW}}) à {{nombre|2000|tr/min}} (décollage)
* Puissance spécifique : 12,4 kW/L
* Puissance spécifique : {{nombre|12.4|kW/L}}
* Poids/puissance : 0,53 ch/kg (0,87 kW/kg)
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== Annèxes ==
== Annexes ==
=== Notes et références ===
=== Notes et références ===
<references />
<references />
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=== Bibliographie ===
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=== Voir aussi ===
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* [[Liste des moteurs d'avions]]
* [[Liste des moteurs d'avions]]
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* [http://www.nortfort.ru/np/foto_tbt1_e.html Récupération d'un tank motorisé Liberty]
* [http://www.nortfort.ru/np/foto_tbt1_e.html Récupération d'un tank motorisé Liberty]
* [http://www.sil.si.edu/smithsoniancontributions/AnnalsofFlight/text/SAOF-0001.3.txt ANNALS OF FLIGHT]
* [http://www.sil.si.edu/smithsoniancontributions/AnnalsofFlight/text/SAOF-0001.3.txt ANNALS OF FLIGHT]
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* [[BMW VI]]
* [[BMW VI]]


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[[Catégorie:Moteur d'avion à pistons]]
[[Catégorie:Moteur d'avion à pistons]]
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Dernière version du 7 juin 2024 à 06:22

Liberty L-12
Vue du moteur

Constructeur Ford, Packard, Marmon, Buick
Premier vol 1917
Caractéristiques
Type moteur à explosion V12
Longueur 1711 mm

Le Liberty L-12 était un moteur d'avion, V 12 à 45°, de 27 litres de cylindrée, à refroidissement liquide, développant 400 ch (300 kW), conçu à la fois pour avoir un rapport puissance/poids élevé et adapté à une production de masse.

Histoire[modifier | modifier le code]

Ford Liberty 12

En , un mois après que les États-Unis avaient déclaré la guerre à l'Allemagne, un groupe de travail fédéral, appelé Aircraft Board (en), convoqua deux des meilleurs ingénieurs motoristes, Jesse Vincent (de la Packard Motor Car Company de Detroit) et E.J. Hall (de la Hall-Scott Motor Co. de Berkeley), à Washington DC et les a chargés de concevoir, le plus rapidement possible, un moteur d'avion qui pourrait rivaliser voire dépasser ceux de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne. Le Conseil précisa que le moteur devait avoir un rapport puissance/poids élevé et être facilement adaptable à la production de masse. Le le conseil installa Vincent et Hall à l'Hôtel Willard, à Washington, où ils furent invités à rester jusqu'à ce qu'ils aient produit un ensemble d'épures. Après seulement cinq jours, Vincent et Hall quittèrent le Willard avec une conception achevée du nouveau moteur[1].

En , un prototype à 8 cylindres assemblé par l'usine Packard de Detroit arriva à Washington pour tests, et en août, la version 12 cylindres fut testée et approuvée. Ce même automne, le ministère de la Guerre passa une commande de 22 500 moteurs Liberty, divisant le contrat entre différents industriels produisant des automobiles et des moteurs : Buick, Ford, Cadillac, Lincoln, Marmon, Nordyke, et Packard. Hall-Scott en Californie fut jugée trop petite pour recevoir une commande de production. La fabrication par plusieurs usines différentes était facilitée par la conception modulaire[2]. Il fut demandé à Cadillac de produire des moteurs Liberty mais le patron de General Motors, William Durant, qui était un pacifiste, ne voulait pas que les installations de General Motors soient utilisées pour la production de matériel de guerre. Cela conduisit Henry Leland à quitter Cadillac pour créer la société Lincoln pour fabriquer le moteur Liberty. Toutefois, William Durant changea d'avis plus tard et Cadillac et Buick produisirent aussi des moteurs[3].

Production du Liberty Engine

Ford, qui devait fournir les cylindres du nouveau moteur, a rapidement développé une technique améliorée pour la coupe et l'emboutissage de l'acier qui permit d'augmenter la production des cylindres de 151 pièces à plus de 2 000 par jour. Ford a finalement fabriqué la totalité des 433 826 cylindres produits ainsi que 3 950 moteurs complets[4]. En un temps record, Lincoln a construit une nouvelle usine, entièrement destinée à la production du moteur Liberty et a assemblé 2 000 moteurs en 12 mois. Au moment de l'armistice avec l'Allemagne, les différentes sociétés avaient produit 13 574 moteurs Liberty, atteignant une production de 150 moteurs par jour. La production continua après la guerre, pour un total de 20 478 moteurs construits entre le et 1919[5].

Dessiné et construit sur une initiative publique (cas rare aux États-Unis) le V12 Liberty fut l'objet de critiques sévères et même d'une commission d'enquête parlementaire. Il souffrait de problèmes de fiabilité (flexion du vilebrequin induisant de fortes variations parasites à certains régimes). L'intervalle entre grandes révisions (TBO : « Time Between Overhauls ») était initialement très court (75 heures), à comparer avec le test de réception de 50 heures au banc en fonctionnement continu mais diverses améliorations permirent de porter le TBO à 300 heures par la suite[6]

Description[modifier | modifier le code]

Le Liberty L-12 était une conception modulaire, où quatre ou six cylindres pouvaient être utilisés dans un ou deux bancs. Un arbre à cames en tête pour chaque rangée de cylindres manœuvrait deux soupapes par cylindre, d'une manière presque identique aux moteurs six cylindres en ligne allemands Mercedes D.III et BMW III (en), chaque arbre à cames était entraîné par un arbre vertical placé à l'arrière de chaque rangée de cylindres, à l'identique des six cylindres en ligne Mercedes et BMW. Le poids à sec était de 844 lb (383 kg). Deux exemplaires de la version à six cylindres, le Liberty L-6, qui ressemblait beaucoup globalement aux groupes moteurs de Mercedes et BMW, ont été produits, mais non achetés par l'armée. Les deux ont été détruits par le Dr William Noël pendant les tests du chasseur "Christmas Bullet (en)".

Variantes[modifier | modifier le code]

V-1650[modifier | modifier le code]

Une version inversée du Liberty 12-A référencée V-1650 et produite jusqu'en 1926 par Packard. La même désignation a été ensuite appliquée, en raison de la cylindrée identique, au Rolls-Royce Merlin construit par Packard pendant la Seconde Guerre mondiale[7].

Le major Henry H. Arnold à côté du premier moteur Liberty V12 terminé

Nuffield Liberty[modifier | modifier le code]

Le moteur de char Nuffield Liberty a été produit pendant la Seconde Guerre mondiale par le constructeur automobile britannique Nuffield (en). C'était un moteur de 27 l de cylindrée et d'une puissance de 340 ch (250 kW), ce qui était inadapté, et il a souffert de nombreux problèmes de refroidissement et fiabilité[8]. Il a été remplacé dans les chars britanniques par le Rolls-Royce Meteor (en), dérivé du Merlin.

Allison VG-1410[modifier | modifier le code]

Le Allison VG-1410 était un Liberty L 12 inversé refroidi par air, avec suralimentation et réducteur d'hélice Allison à train épicycloïdal[9].

Liberty L-6[modifier | modifier le code]

Une version 6 cylindres du Liberty : moteur à un seul banc de cylindres, entraînant une forte ressemblance extérieure avec à la fois le Mercedes D. III (en) et le BMW IIIa, 6 cylindres en ligne de l'aviation allemande de la Première Guerre mondiale.

Liberty L-8[modifier | modifier le code]

Un moteur 8 cylindres en V à l'aide de bancs de quatre cylindres Liberty à 90°.

Applications[modifier | modifier le code]

Vue de face

Aéronautique[modifier | modifier le code]

Tanks[modifier | modifier le code]

  • Mark VIII Anglo-American ou Liberty World War I tank
  • BT-2 & BT-5 tank soviétique de l'entre guerre (au moins un Liberty reconditionné a été installé dans un BT-5)
  • Cruiser Mk III tank britannique de la Seconde Guerre mondiale
  • Cruiser Mk IV tank britannique de la Seconde Guerre mondiale
  • Crusader British World War II Tank
  • Centaur, une première version du Cromwell, tank britannique de la Seconde Guerre mondiale

Anglo-American ou Liberty Tank[modifier | modifier le code]

Le tank Mark VIII anglo-américain ou Liberty a été conçu en 1917-18. La version américaine a utilisé une adaptation du moteur Liberty V-12 de 300 ch (220 kW), conçu pour utiliser la fonte plutôt que l'acier. 100 chars ont été fabriqués au Rock Island Arsenal en 1919-20, trop tard pour la Première Guerre mondiale. Ils ont finalement été vendus au Canada pour la formation en 1940, à l'exception de deux qui ont été conservés.

Utilisation nautique[modifier | modifier le code]

Les moteurs Liberty V12 ont été produits en masse, plus de 13 000 avant l'armistice et plus de 20 000 au total, mais très peu d'avions furent équipés et expédiés au front avant la fin du conflit (moins de 200), au point qu'il en restait des quantités importantes inutilisées après l'armistice de 1918. Les usines s'étant outillées pour réduire les coûts unitaires de production, il a continué à être utilisé dans le domaine aéronautique jusqu'à la fin des années 1920 (le coût unitaire était de moins de 6 000 dollars) alors même que des dessins plus avancés techniquement étaient disponibles, mais beaucoup plus chers.

Avec la mise en place de la loi Volstead (la prohibition), la contrebande d'alcool prit des proportions fantastiques aux États-Unis au cours des années folles (les roaring twenties).

Les principales filières d'importation des alcools étaient maritimes ou lacustres. Au nord, les alcools français qui avaient transité par Saint Pierre et Miquelon, les alcools canadiens ou le whisky écossais passaient par la voie canadienne des grands lacs et la ville de ChicagoAl Capone régnait sur la pègre.

Au sud, le Rhum, produit dans l'Arc antillais et à Cuba (où la pègre américaine était bien implantée) passait par mer vers Key West et la côte de la Floride.

Pour déjouer les douaniers, il fallait des bateaux rapides. Les constructeurs américains d'embarcations de plaisance y trouvèrent un débouché inespéré, notamment Gar Wood, Hacker et Chris Craft.

Les moteurs Liberty d'une puissance encore inconnue dans le domaine motonautique étaient la motorisation de choix (en montage bimoteur) sur des coques renforcées et peintes en noir pour la furtivité nocturne.

Les embarcations de la douane étaient clairement battues. Les constructeurs, soucieux de garder leurs bons clients, répugnaient à leur fournir des machines aussi rapides. Toutefois, un responsable des douanes de Chicago finit par se faire construire une vedette sur ses propres spécifications, équipée de trois moteurs Liberty et d'une mitrailleuse lourde, ce qui donna un coup d'arrêt temporaire à la filière des grands lacs.

Ces embarcations étaient désignées sous le terme générique de Rum Runners[10].

Automobiles de Records[modifier | modifier le code]

Dans les années 20 et 30 la conquête du record absolu de vitesse terrestre était un enjeu technologique très prestigieux et médiatisé.

Les maîtres du jeu étaient des pilotes-ingénieurs britanniques aussi fortunés que casse-cou, pilotant de coûteux monstres de haute technologie : Henry Seagrave et sa Golden Arrow, Malcolm Campbell et ses "Oiseaux bleus" . Pour les aspirants-recordmen moins fortunés et ayant moins de contacts dans l'industrie automobile, le Liberty L12 était le seul choix possible: J.G. Parry Thomas , un mécanicien britannique détint brièvement le record après avoir remotorisé sa voiture Babs (achetée au comte Zborowski) avec un Liberty modifié, avant de se tuer sur cette même voiture sur la plage de Pendine Sands au Pays de Galles.

Les américains (qui disposaient de meilleures pistes pour de tels records, comme la plage de Daytona Beach en Floride ou plus tard le Lac salé de Bonneville dans l'Utah) prirent ombrage de cette domination britannique et construisirent un monstre de puissance , la White Triplex,propulsée par pas moins de trois moteurs Liberty L12 préparés (plus de 1500CV au total), assez sommairement installés sur un châssis plutôt rustique et dotée d'un carénage à l'aérodynamisme très empirique. L'engin piloté par Ray Keech détint brièvement le record en avril 1928 avant de se le voir "souffler" par la bien plus sophistiquée Golden Arrow de Seagrave, à peine dix mois plus tard. Keech, courageux mais pas téméraire, refusa de piloter pour une nouvelle tentative ce qu'il considérait comme un engin de mort.

Le chef mécanicien de l'équipe, Lee Bible le remplaça alors pour une tentative à Ormond beach ; Il espérait la gloire mais trouva la mort dans un spectaculaire accident où un cameraman - journaliste fut également tué[11].

Caractéristiques (Liberty L-12)[modifier | modifier le code]

caractéristiques générales[modifier | modifier le code]

  • Type : moteurs d'avions à pistons 12 cylindres en V à refroidissement liquide.
  • Alésage : 127 mm
  • Course : 177,8 mm
  • Cylindrée : 27 l
  • Longueur : 1 711 mm
  • Largeur : 686 mm
  • Hauteur : 1 054 mm
  • Poids sec : 383 kg

composants[modifier | modifier le code]

  • Admission / échappement : une soupape d'admission et une soupape d'échappement par cylindre, un arbre à cames en tête par rangée de cylindres.
  • Système de refroidissement : refroidissement liquide

performance[modifier | modifier le code]

  • Puissance : 449 ch (335 kW) à 2 000 tr/min (décollage)
  • Puissance spécifique : 12,4 kW/L
  • Poids/puissance : 0,53 ch/kg (0,87 kW/kg)

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Steven Trout, Cather Studies Vol. 6 : History, Memory, and War, Lincoln, University of Nebraska Press, , 312 p., poche (ISBN 978-0-8032-9464-6, lire en ligne), p. 275–276
  2. (en) Bill Yenne, The American Aircraft Factory in World War II, Zenith Imprint, , 192 p., relié (ISBN 978-0-7603-2300-7, LCCN 2006010917), p. 15–17
  3. (en) H. Eugene Weiss, Chrysler, Ford, Durant, and Sloan, Jefferson, McFarland, , 196 p. (ISBN 978-0-7864-1611-0, LCCN 2003014391, lire en ligne), p. 45
  4. (en) Timothy J. O'Callaghan, The Aviation Legacy of Henry & Edsel Ford, Ann Arbor, Wayne State University Press, , 1re éd., 208 p. (ISBN 978-1-928623-01-4, OCLC 48229053, LCCN 00135369), p. 163–164
  5. (en) John David Anderson, The Airplane : A History of Its Technology, Reston, AIAA, (ISBN 978-1-56347-525-2, LCCN 2002153182), p. 157
  6. (en) « Liberty Notes », sur www.enginehistory.org (consulté le )
  7. (en) Bill Gunston, World Encyclopaedia of Aero Engines, Wellingborough, Patrick Stephens, , 185 p. (ISBN 978-0-85059-717-2, LCCN 86133110), p. 106
  8. (en) James Foreman-Peck, Sue Bowden et Alan McKinley, The British Motor Industry, Manchester u, Manchester University Press, , 323 p. (ISBN 978-0-7190-2612-6, LCCN 94033151), p. 87
  9. http://www.sil.si.edu/smithsoniancontributions/AnnalsofFlight/text/SAOF-0001.3.txt
  10. (en-US) « Rum Running: Of cigarettes, horses and hams », sur Drinking Cup, (consulté le )
  11. « La White Triplex », sur Le Blogauto, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

(en) Francis H. Bradford et Ric A. Dias, Hall-Scott : The Untold Story of a Great American Engine Manufacturer, SAE International, , 401 p. (ISBN 978-0-7680-1660-4)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Moteurs Comparables[modifier | modifier le code]