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« Les « Ô » en Espagne » : différence entre les versions

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[[Récarède]], héritier du royaume [[wisigoth]] et roi de [[586]] à [[601]], fut converti au [[catholicisme]] en [[587]] par [[Léandre de Séville]], et il imposa cette religion à tous ses sujets au cours du [[IIIe concile de Tolède]] de [[589]]<ref> Isidore de Tolède, ''Histoire des Goths''.</ref>{{,}}<ref>http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Wisigoths/149968et http://jalladeauj.fr/claveyrolaswisimoz/styled/index.html.</ref>.
[[Récarède]], héritier du royaume [[wisigoth]] et roi de [[586]] à [[601]], fut converti au [[catholicisme]] en [[587]] par [[Léandre de Séville]], et il imposa cette religion à tous ses sujets au cours du [[IIIe concile de Tolède]] de [[589]]<ref> Isidore de Tolède, ''Histoire des Goths''.</ref>{{,}}<ref>http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Wisigoths/149968et http://jalladeauj.fr/claveyrolaswisimoz/styled/index.html.</ref>.


La fête de l'Attente tire son origine du [[dixième concile de Tolède]] qui eut lieu peu après, en 656 : pour éviter que l'[[Annonciation]] (25 mars) ne tombe pendant le [[Carême]], les évêques décident de la déplacer huit jours avant Noël<ref name="dg">[[Dom Guéranger]] ''17 décembre, Fête de l'Expectation de l'enfantement de la Sainte Vierge'' {{lire en ligne|lien= http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/avent/061.htm}}</ref>. Selon la légende, ce concile est convoqué par [[Ildefonse de Tolède|Saint Ildefonse]], après une apparition de Marie qui lui donna une chasuble blanche (miracle de l'« imposition de la chasuble »), en remerciement pour son livre sur la [[virginité perpétuelle de Marie]].
La fête de l'Attente tire son origine du [[dixième concile de Tolède]] qui eut lieu peu après, en 656 : pour éviter que l'[[Annonciation]] (25 mars) ne tombe pendant le [[Carême]], les évêques décident de la déplacer huit jours avant Noël.Plus tard, la fête de l'Attente fêtée le 18 décembre pris le nom de fête de l'O, du nom des antiennes O<ref>{{Ouvrage|langue=espagnol|auteur1=Louis Moreri|titre=El gran diccionario histórico, 1753|passage=page 104}}</ref>.On ne trouve les antiennes O dans aucun manuscrit wisigoth.


== La Couronne des Antiennes O ==
[[Fichier:E Cajés Imposición de la casulla a San Ildefonso Museo del Prado.jpg|vignette|right|Eugène Caxés, ''Imposition de la Chasuble à saint Ildefonse'', [[Musée du Prado]] ]]

On donnait à la dernière Semaine de l'Avent, le nom de ''Hebdomada de Exceptato'', par corruption de ''expectatio'' pendant laquelle se faisait la neuvaine des O<ref>Prosper Guéranger, Avent liturgique, [http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/avent/061.htm ''Avent liturgique'']</ref>.
L'Église de [[Milan]] célébrait déjà, au sixième et dernier dimanche de l'Avent, l'Office et la Fête de l’[[Annonciation]] de la Sainte Vierge, et donnait à la dernière semaine de ce saint temps le nom de ''Hebdomada de Exceptatio'' (du latin : '' Expectatio'', Attente). La première antienne débutait en ce jour, de la fête de l'Annonciation le 17 ou le {{date-|18 décembre}}, qui fut reportée à une autre date et remplacée par la fête de l'Attente et de l'Espérance.

Cette fête était appelée {{Citation|Notre-Dame de l'Ô}}, ou la {{Citation|Fête de l’Ô}}, à cause des [[grandes antiennes « Ô » de l'Avent|grandes Antiennes]]. Pendant les huit jours de l'octave de Noël était célébrée une messe du matin solennelle à laquelle toutes les femmes enceintes assistaient, quels que soient leur rang et leur condition<ref name="dg"/>.

L'expression était souvent : {{Citation|''In festivitate Marie Virginis que dicitur de la O ''}}. C'était une {{Citation|fête de tous les siècles}} fêtant l'attente de l'incarnation du Messie, et Sauveur Jésus-Christ, fils de Dieu le Père<ref>[https://books.google.fr/books?id=Z8vMsiq-Fu4C&pg=RA11-PA51&dq=ND+de+l%27O&hl=fr&sa=X&ei=HYHFUs-uIIa10QXT0ID4CQ&ved=0CF4QuwUwBzgK#v=onepage&q=ND%20de%20l%27O&f=false ''Dans l'Attente de l'Enfantement de Notre Dame autrement appelée la fête de l'Ô'' in : ''Les Vies des saints pour tous les jours de l'année'' page 51]</ref>.

== Diffusion ==
Selon D. Trautner et T. Schnitzler un fait historique intéressant pourrait avoir causé leur diffusion : en [[799]] le pape [[Léon III (pape)|Léon III]] ayant subi une défaite à la suite d'une attaque sarrasine s'est enfui à [[Paderborn]], en Allemagne, se mit sous la protection de [[Charlemagne]]. {{quoi|L'an [[800]] correspond exactement à la lettre [[oméga]]}}. En [[846]], les [[Sarrasins]] sont aux portes de Rome, et occupent la banlieue de San Pietro. De fait les antiennes se répandirent à l'époque d'[[Alcuin]] et de [[Charlemagne]] au {{s|VIII|e}} et on leur a de ce fait parfois attribué la paternité d'Alcuin et non une origine espagnole. La [[Bataille de Roncevaux (778)|bataille de Roncevaux]] et les gestes médiévales (''Geste de Guillaume d'Orange'') correspondrait à l'époque de leur diffusion sous cette forme grégorienne liturgique. {{pas clair|Il s'agit d'une coïncidence historique puisque la lettre Oméga est incontestablement un vocatif mais on put y voir un signe invitant à leur diffusion à l'aube du {{s-|VIII}}}}.

== La Couronne des Antiennes O ==
Elles furent répandues sous le nom de « Couronne des Antiennes Ô » <ref>[http://www.trinitaires.ca/spiritualite_trinitaire/priere/couronne_des_anciennes.html ''Couronne des antiennes "o" - Trinitaire''] </ref> par [[Simon de Rojas]] et l'[[Ordre des Trinitaires]] <ref> [http://www.iberoamericadigital.net/BDPI/CompleteSearch.do;jsessionid=A68F84CC4D7CA8D21A48976A4E2BD442?languageView=en&field=autor&text=Trinitarios&pageSize=1&pageNumber=5 Sánchez, Agustín-(O.SS.T.)- ''Antífonas para Adviento y el propio de los santos, oficio y misa para la Inmaculada Concepción'']</ref> en [[Espagne]] (de la Rédemption des Captifs) ainsi que la fête de l'Expectation (de l'Attente ou de l'Espérance)<ref>Carlos Varona, Mª C de., « ''Una propuesta devocional femenina en el Madrid de comienzos del siglo XVII. Simón de Rojas y la Virgen de la Expectación , La imagen religiosa en la monarquía hispánica. Usos y espacios''», ''Casa Velázquez'', Madrid, 2008, pp.83-99.</ref>, instituée par [[Ildefonse de Tolède]]. Cette [[dévotion]] s'étendit de l'[[Espagne]] au [[Portugal]] puis en [[Amérique latine]], ainsi que la grande fête de la ''Expectación de Nuestra Señora''. Une congrégation leur fut dédiée au [[Pérou]] en la « Chapelle Notre-Dame de l'O » de [[Basilique et couvent San Pedro|Saint Pierre et Paul]] de [[Lima]] sous l'influence des [[Jésuite]]s, la Congrégation « Mariana de Nuestra Señora de la « O ».
Elles furent répandues sous le nom de « Couronne des Antiennes Ô » <ref>[http://www.trinitaires.ca/spiritualite_trinitaire/priere/couronne_des_anciennes.html ''Couronne des antiennes "o" - Trinitaire''] </ref> par [[Simon de Rojas]] et l'[[Ordre des Trinitaires]] <ref> [http://www.iberoamericadigital.net/BDPI/CompleteSearch.do;jsessionid=A68F84CC4D7CA8D21A48976A4E2BD442?languageView=en&field=autor&text=Trinitarios&pageSize=1&pageNumber=5 Sánchez, Agustín-(O.SS.T.)- ''Antífonas para Adviento y el propio de los santos, oficio y misa para la Inmaculada Concepción'']</ref> en [[Espagne]] (de la Rédemption des Captifs) ainsi que la fête de l'Expectation (de l'Attente ou de l'Espérance)<ref>Carlos Varona, Mª C de., « ''Una propuesta devocional femenina en el Madrid de comienzos del siglo XVII. Simón de Rojas y la Virgen de la Expectación , La imagen religiosa en la monarquía hispánica. Usos y espacios''», ''Casa Velázquez'', Madrid, 2008, pp.83-99.</ref>, instituée par [[Ildefonse de Tolède]]. Cette [[dévotion]] s'étendit de l'[[Espagne]] au [[Portugal]] puis en [[Amérique latine]], ainsi que la grande fête de la ''Expectación de Nuestra Señora''. Une congrégation leur fut dédiée au [[Pérou]] en la « Chapelle Notre-Dame de l'O » de [[Basilique et couvent San Pedro|Saint Pierre et Paul]] de [[Lima]] sous l'influence des [[Jésuite]]s, la Congrégation « Mariana de Nuestra Señora de la « O ».
[[File:O antienne Clavis.png|thumb|Antiphonaire dominicain]]
[[File:O antienne Clavis.png|thumb|Antiphonaire dominicain]]
L'antienne ô Clavis David (Ô ''Clef de la cité de David ... venez, faites sortir du cachot le prisonnier établi dans les ténèbres et la nuit de la mort'') ainsi que cinq autres (''ad redimendum, liberandum, salvandum nos'' ) correspondait exactement à la mission des Trinitaires de la [[rédemption]] des captifs c'est-à-dire le [[rachat]] et la [[wikt:délivrance|délivrance]] des [[prisonnier]]s en pays d'Islam<ref>cf. Mohammed El Jetti, « Tétouan, place de rachat des captifs aux {{s mini-|XVI|e}} et {{s mini-|XVII|e}} siècles », Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 87 | 2013, mis en ligne le 15 juin 2014, consulté le 15 novembre 2015. URL : http://cdlm.revues.org/7207 </ref>, du rachat des [[Esclavage|esclave]]s chrétiens enfermés dans d' obscures [[geôle]]s [[barbaresque]]s, cachots souterrains appelés [[matamore]]s, « sombres [[cachot]]s où gémissent tant d'innocents opprimés »<ref>PP. Comelin et Lafaye, ''Voyage pour la rédemption des captifs aux royaumes d'Alger et de Tunis'', 1720, page 300 </ref>{{,}}<ref> Lire à ce sujet : [http://jesuschristenfrance.fr/saints-bienheureux-et-grandes/article/l-ordre-de-la-sainte-trinite-et ''L’Ordre de la sainte Trinité et Rédemption des Captifs et l’Ordre de Notre-Dame de la Mercy'']</ref> comme le rapporte un ancien prisonnier devenu ensuite religieux, racontant son [[évasion]]<ref>PP. Comelin et Lafaye, ''Voyage pour la rédemption des captifs aux royaumes d'Alger et de Tunis'', 1720, pages 62-67, récit de l'évasion du cachot de la [[Matamore]].</ref>.
L'antienne ô Clavis David (Ô ''Clef de la cité de David ... venez, faites sortir du cachot le prisonnier établi dans les ténèbres et la nuit de la mort'') ainsi que cinq autres (''ad redimendum, liberandum, salvandum nos'' ) correspondaient à la mission des Trinitaires de la [[rédemption]] des captifs c'est-à-dire le rachat et la délivrance des prisonniers en pays d'Islam<ref>cf. Mohammed El Jetti, « Tétouan, place de rachat des captifs aux {{s2-|XVI|XVII}} », Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 87 | 2013, mis en ligne le 15 juin 2014, consulté le 15 novembre 2015. URL : http://cdlm.revues.org/7207 </ref>.
=== Articles connexes ===

Le jour de la mort du fondateur de cet ordre, [[Jean de Matha]], et donc de sa fête religieuse et liturgique, tombait précisément, le {{date-|17 décembre}}. De nos jours, au [[Guatemala]], une église trinitaire Notre-Dame du Remède récite encore la couronne des Ô.

==Annexes==
===Articles connexes===
* [[Ordre des Trinitaires]]
* [[Ordre des Trinitaires]]
* [[Grandes antiennes « Ô » de l'Avent]], [[O Virgo Virginum]]
* [[Grandes antiennes « Ô » de l'Avent]], [[O Virgo Virginum]]
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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[[Catégorie:Antiennes Ô]]
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Dernière version du 14 avril 2024 à 18:52

La fête de l'« Ô », fête de l'expectation, ou fête de l'Attente de l'Enfantement de la Sainte Vierge, était une festivité espagnole célébrée le 17 et 18 décembre, dont l'origine remonte au dixième Concile de Tolède en 656. Son nom provient des grandes antiennes « Ô » de l'Avent.

La conversion du roi Récarède (Muñoz Degrain, Senate Palace, Madrid)
La couronne du roi wisigoth Réceswinthe comportant suspendues les lettres du mot latin « REX », roi.

Récarède, héritier du royaume wisigoth et roi de 586 à 601, fut converti au catholicisme en 587 par Léandre de Séville, et il imposa cette religion à tous ses sujets au cours du IIIe concile de Tolède de 589[1],[2].

La fête de l'Attente tire son origine du dixième concile de Tolède qui eut lieu peu après, en 656 : pour éviter que l'Annonciation (25 mars) ne tombe pendant le Carême, les évêques décident de la déplacer huit jours avant Noël.Plus tard, la fête de l'Attente fêtée le 18 décembre pris le nom de fête de l'O, du nom des antiennes O[3].On ne trouve les antiennes O dans aucun manuscrit wisigoth.

La Couronne des Antiennes O

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Elles furent répandues sous le nom de « Couronne des Antiennes Ô » [4] par Simon de Rojas et l'Ordre des Trinitaires [5] en Espagne (de la Rédemption des Captifs) ainsi que la fête de l'Expectation (de l'Attente ou de l'Espérance)[6], instituée par Ildefonse de Tolède. Cette dévotion s'étendit de l'Espagne au Portugal puis en Amérique latine, ainsi que la grande fête de la Expectación de Nuestra Señora. Une congrégation leur fut dédiée au Pérou en la « Chapelle Notre-Dame de l'O » de Saint Pierre et Paul de Lima sous l'influence des Jésuites, la Congrégation « Mariana de Nuestra Señora de la « O ».

Antiphonaire dominicain

L'antienne ô Clavis David (Ô Clef de la cité de David ... venez, faites sortir du cachot le prisonnier établi dans les ténèbres et la nuit de la mort) ainsi que cinq autres (ad redimendum, liberandum, salvandum nos ) correspondaient à la mission des Trinitaires de la rédemption des captifs c'est-à-dire le rachat et la délivrance des prisonniers en pays d'Islam[7].

Articles connexes

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Notes et références

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  1. Isidore de Tolède, Histoire des Goths.
  2. http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Wisigoths/149968et http://jalladeauj.fr/claveyrolaswisimoz/styled/index.html.
  3. (es) Louis Moreri, El gran diccionario histórico, 1753, page 104
  4. Couronne des antiennes "o" - Trinitaire
  5. Sánchez, Agustín-(O.SS.T.)- Antífonas para Adviento y el propio de los santos, oficio y misa para la Inmaculada Concepción
  6. Carlos Varona, Mª C de., « Una propuesta devocional femenina en el Madrid de comienzos del siglo XVII. Simón de Rojas y la Virgen de la Expectación , La imagen religiosa en la monarquía hispánica. Usos y espacios», Casa Velázquez, Madrid, 2008, pp.83-99.
  7. cf. Mohammed El Jetti, « Tétouan, place de rachat des captifs aux XVIe et XVIIe siècles », Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 87 | 2013, mis en ligne le 15 juin 2014, consulté le 15 novembre 2015. URL : http://cdlm.revues.org/7207