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« Germaine de Staël » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Staël}}
{{Voir homonymes|Staël}}
{{Infobox Biographie2
| charte = écrivain
| nom = Germaine de Staël
| image = Marie Eléonore Godefroid - Portrait of Mme de Staël.jpg
| légende = Portrait de Germaine de Staël par [[Marie-Éléonore Godefroid]] d'après [[François Gérard]], [[château de Versailles]].
| nom de naissance = Anne-Louise Germaine Necker
| surnom = Madame de Staël
| activités = [[écrivain]]e
| date de naissance = {{Date de naissance|22|avril|1766}}
| lieu de naissance = [[Paris]], {{France monarchie}}
| date de décès = {{Date de décès|14|juillet|1817|22|avril|1766}}
| lieu de décès = [[Paris]], {{France (1815-1830)}}
| langue = [[français]]
| mouvement = [[Romantisme français|romantisme]]
| genre = [[Roman (littérature)|roman]], [[Philosophie politique]], [[essai]]
| distinctions =
| adjectifs dérivés = staëlien
| œuvres principales = * ''De la littérature'', 1798-1800
*''[[Delphine (roman)|Delphine]]'', 1802
* ''[[Corinne ou l'Italie]]'', 1807
* ''[[De l'Allemagne]]'', 1810-1813
| blason = Armoiries_de_Stael.svg
| signature =
}}
'''Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein''', connue sous le nom de '''Madame de Staël''' ({{API|/stal/}})<ref>Jean-Marie Pierret, [https://books.google.ca/books?id=mP4JUXoFLBoC&pg=PA104&lpg=PA104&source=bl&ots=gK5OFBl_cC&sig=ziOB5JAkx8vzmsmoyaBbn1n1fuA&hl=fr&ei=nYGjTJzCOYS8lQfal-WkBA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=8&ved=0CD4Q6AEwBw#v=onepage&f=false ''Phonétique historique du français et notions de phonétique générale''], 1994.</ref>, est une [[romancière]], [[épistolier (littérature)|épistolière]] et [[philosophe]] [[République de Genève|genevoise]]<ref>[http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F16051.php Staël, Germaine de] dans le [[Dictionnaire historique de la Suisse]].</ref> et [[France|française]]<ref>[http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Sta%C3%ABl/177169 Notice] sur ''larousse.fr''.</ref> née le {{Date de naissance|22|avril|1766}} à [[Paris]] où elle est morte le {{Date de décès|14|juillet|1817}}<ref>{{Lien web|titre=Germaine de Staël|url=http://data.bnf.fr/11925397/germaine_de_stael-holstein/|site=BNF DATA|date=}}</ref>.


Issue d'une famille de protestants [[Genève|valdo-genevois]]<ref>{{DHS|16051|Staël, Germaine (de)|auteur=Etienne Hofmann|date=11 février 2014}}</ref> particulièrement aisée, elle est la fille du ministre des finances de Louis XVI [[Jacques Necker]], et de [[Suzanne Curchod]] qui tient salon littéraire et lui donne accès à un savoir encyclopédique. Elle épouse, en 1786, le baron [[Erik Magnus Staël von Holstein]], ambassadeur du roi [[Gustave III|Gustave III de Suède]] auprès de la cour de France à Versailles. Le couple se séparera en 1800. Devenue baronne de Staël, elle mène une vie sentimentale agitée et entretient en particulier une relation orageuse avec [[Benjamin Constant]], écrivain et [[Personnalité politique|homme politique]] franco-vaudois rencontré en 1794.
[[Image:Madame de Staël.jpg|200px|right|thumb|Madame de Staël, portrait par Gérard. (musée de [[Versailles]])]]
'''Anne-Louise Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein''', connue sous le nom de '''Madame de Staël''', ([[Paris]], {{Date|22|avril|1766}} - {{Date|14|juillet|1817}}), romancière et essayiste [[suisse romande]].


Entretemps, sa réputation littéraire et intellectuelle s'est affirmée grâce à trois essais philosophiques que sont les ''Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau'' (1788), ''De l'influence des passions sur le bonheur de l'individu et des nations'' (1796) et ''De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales'' (1800)<ref group="alpha">Dans l'essai ''De la littérature…'', elle présente [[Ossian]] comme « l'[[Homère]] du Nord ».</ref>.
Fille du banquier genevois [[Jacques Necker]], ministre de [[Louis XVI]], et de la Vaudoise [[Suzanne Curchod]], elle est élevée dans un milieu d'intellectuels, qui fréquentent notamment le salon de sa mère ([[Georges Louis Leclerc, comte de Buffon|Buffon]], [[Jean-François Marmontel|Marmontel]], [[Melchior Grimm|Grimm]], [[Edward Gibbon]], l'[[abbé Raynal]] et [[Jean-François de La Harpe]]). Elle épouse en 1786 le baron [[Erik Magnus Staël von Holstein|Erik Magnus de Staël-Holstein]] (1749-1802), ambassadeur de [[Suède]], son aîné de dix-sept ans. Madame de Staël mène une vie sentimentale agitée, et entretient en particulier une relation orageuse avec [[Benjamin Constant]], écrivain et homme politique franco-suisse, rencontré en 1794.


Favorable à la [[Révolution française]] et aux idéaux de 1789, elle adopte une position critique dès 1791 et ses idées d'une monarchie constitutionnelle la font considérer comme une opposante gênante par les maîtres de la révolution. Malgré le statut de diplomate de son mari, elle doit se réfugier auprès de son père en Suisse à plusieurs reprises. Interdite de séjour sur le sol français par [[Napoléon Ier|Napoléon Bonaparte]] qui la considère comme un obstacle à sa politique, elle s'installe en Suisse dans le château familial de [[Château de Coppet|Coppet]] qui sert de lieu principal de rencontres au [[Groupe de Coppet|groupe]] du même nom, et d'où elle fait paraître ''[[Delphine (roman)|Delphine]]'' (1802), ''[[Corinne ou l'Italie]]'' (1807)<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Enzo|nom1=Neppi|titre chapitre=Corinne ou l’Italie de Germaine de Staël. Les impasses de la rencontre culturelle et amoureuse entre les "nations" dans l’Europe du XIXe siècle|titre ouvrage=La pensée de la race en Italie|lieu=Besançon|éditeur=Presses universitaires de Franche-Comté|date=2018|passage=23-38|isbn=978-2-84867-621-0|doi=10.4000/books.pufc.5153|lire en ligne=http://books.openedition.org/pufc/5153|consulté le=2024-01-24}}</ref> et ''[[De l'Allemagne]]'' (1810/1813<ref group="alpha">Mais en octobre 1810, la censure ayant été renforcée en France napoléonienne, ''De l'Allemagne'' est envoyé au pilon avant sa parution. Un jeu d'épreuves est sauvé par A.W. Schlegel et mis en sûreté à Vienne en mai 1811, tandis que Madame de Staël commence les ''Dix années d'exil''. ''De l'Allemagne'' paraît en français à Londres en 1813. Voir la « Chronologie » de Simone Balayé dans Madame de Staël, ''De l'Allemagne'', Paris, [[Groupe Flammarion|GF-Flammarion]], 1968.</ref>).
Sa réputation littéraire s'affirme avec trois ouvrages :
* ''Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau'' (1788),
* ''De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations'' (1796),
* ''De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales'' (1800)


Veuve en 1802, elle se remarie en 1811 avec un jeune officier genevois, [[Albert de Rocca]], et rouvre son salon parisien à la faveur de la [[Restauration (histoire de France)|Restauration de la maison de Bourbon]].
Chassée de France par [[Napoléon Ier|Napoléon Bonaparte]] qui la considère comme une redoutable intrigante, elle s'installe dans le château familial de [[Château de Coppet|Coppet]] d'où elle fait paraître ''Delphine'' ([[1802]]), ''Corinne ou l'Italie'' ([[1807]]) et ''De l'Allemagne'' ([[1810]]/[[1813]]<ref>Mais en octobre 1810, la censure ayant été renforcée en France napoléonienne, ''De l'Allemagne'' est pilonné avant sa parution. Un jeu d’épreuves est sauvé par A. W. Schlegel et mis en sûreté à Vienne en mai 1811, tandis que Madame de Staël commence les ''Dix années d’exil''. ''De l’Allemagne'' paraît en français à Londres en 1813. Voir la « Chronologie » de Simone Balayé dans Madame de Staël, ''De l'Allemagne'', Paris, [[Flammarion|GF-Flammarion]], 1968.</ref>).


Grâce à la publication de ''[[De l'Allemagne]]'' (1813-14), elle popularise en France les œuvres des auteurs de langue allemande, jusqu'alors relativement méconnues. Elle ouvre ainsi la voie au [[romantisme]] français, directement inspiré des premiers romantiques allemands et anglais. Ses œuvres fictionnelles majeures, dans lesquelles elle représente des femmes victimes des contraintes sociales qui les enchaînent, sont ''Delphine'' (1802) et ''Corinne ou l'Italie'' édité à Londres en 1807 et 1808 par [[Jean-Gabriel Peltier]].
Veuve en [[1802]], elle se remarie en [[1811]] avec un jeune officier genevois, [[Albert de Rocca]], et rouvre son salon parisien sous la [[Restauration française|Restauration]]. Elle meurt en [[1817]] peu de temps après l'attaque de [[paralysie]] qui la terrasse durant un bal chez le duc [[Élie Decazes|Decazes]], laissant inachevées ses ''Considérations sur les principaux événements de la Révolution française'', ouvrage posthume publié en 1818.

Elle meurt en 1817, peu de temps après une attaque de [[paralysie]] qui la terrasse au cours d'un bal que donnait le duc [[Élie Decazes|Decazes]], laissant inachevées ses ''Considérations sur les principaux événements de la Révolution française'', ouvrage posthume publié en 1818, ainsi que ses ''Dix années d'exil'', parues à titre posthume en 1821.

== Biographie ==


==Biographie==
=== Jeunesse ===
=== Jeunesse ===
[[Fichier:Duplessis - Suzanne Curchod, Madame Necker.jpg|vignette|Suzanne Curchod (Madame Jacques Necker), mère de Germaine Necker.]]
Élevée par sa mère, fille d'un pasteur calviniste, aux conceptions religieuses dévotes, Germaine reçoit une éducation opposée au système de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], qui considérait que le développement moral devait suivre le perfectionnement des organes de perception, M{{me}} Necker considérant qu'il faut exercer l'intelligence par un afflux précoce d'idées<ref>« Notice sur le caractère et les écrits de Madame de Staël », ''Œuvres complètes de Madame la baronne de Staël-Holstein'', Paris, Firmin Didot frères, 1836, tome 2, [http://books.google.fr/books?id=Y5oGAAAAQAAJ&pg=RA1-PA5&dq=Germaine+de+Sta%C3%ABl+enfance&lr= p. 5].</ref>. De ce point de vue, celle qui est encore Mademoiselle Necker appartient à la Suisse romande.

Germaine Necker naît à Paris, dans l'ancien [[hôtel d'Hallwyll]], [[rue Michel-le-Comte]], le {{date-|22 avril 1766}}. Élevée par sa mère [[Suzanne Curchod]], fille d'un pasteur calviniste, aux conceptions religieuses dévotes, Germaine reçoit une éducation opposée au système de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], qui considérait que le développement moral devait suivre le perfectionnement des organes de perception, {{Mme}} Necker considérant qu'il faut exercer l'intelligence par un afflux précoce d'idées<ref>« Notice sur le caractère et les écrits de Madame de Staël », ''Œuvres complètes de Madame la baronne de Staël-Holstein'', Paris, Firmin Didot frères, 1836, tome 2, [https://books.google.fr/books?id=Y5oGAAAAQAAJ&pg=RA1-PA5&dq=Germaine+de+Sta%C3%ABl+enfance&lr= {{p.|5}}].</ref>. Elle lui donne une instruction encyclopédique et l'enfant suscite rapidement la curiosité des hôtes de ses parents par l'étendue de son érudition. Son père est le financier [[Jacques Necker]] qui a fait fortune comme banquier à Paris. Il sera ministre des finances du roi de France [[Louis XVI]] de 1776 à 1781.

Elle est élevée dans un milieu de gens de lettres, qui fréquentent assidûment le salon de sa mère ([[Georges-Louis Leclerc de Buffon|Buffon]], [[Jean-François Marmontel|Marmontel]], [[Friedrich Melchior Grimm|Grimm]], [[Edward Gibbon]], l'[[Guillaume-Thomas Raynal|abbé Raynal]] et [[Jean-François de La Harpe]]).

Le goût de la vie sociale parisienne et l'intérêt de sa famille pour la politique la lient cependant davantage à la France. Très jeune, à quatorze ans à peine, elle tient son cercle et sait converser avec les hôtes du salon de sa mère. Elle a appris l'anglais et le latin, l'art de la danse et la musique, la récitation et la diction, est souvent allée au théâtre. Tout fait d'elle une jeune fille différente, par son érudition et sa culture, des jeunes filles de son milieu, élevées de façon plus traditionnelle, qui étonne ses contemporains par la vivacité de son intelligence<ref>{{Ouvrage |auteur1=Béatrix d'Andlau |titre=La Jeunesse de Madame de Staël (de 1766 à 1786) |éditeur=[[Librairie Droz]] |année=1970 |pages totales=165 |isbn=}}</ref>.

=== Mariage ===
[[Fichier:Erik Magnus Staël von Holstein.jpg|vignette|Erik de Staël, premier mari de Germaine Necker vers 1782.]]


Le prestige de son père lui ouvre les portes de ce que l'Europe compte à la fois d'aristocrates et d'intellectuels éclairés. Ses parents ne veulent pas d'un gendre catholique, mais il y a fort peu de protestants dans la noblesse française, et les amis suisses qu'ils fréquentent sont jugés trop provinciaux. Elle rejette inlassablement ses nombreux prétendants : [[Axel de Fersen]], ambassadeur de Suède, [[Georges-Auguste de Mecklembourg]], pourtant beau-frère du roi [[Georges III du Royaume-Uni]], [[Louis Marie de Narbonne-Lara]], réputé fils naturel de Louis XV<ref name="slut1">{{Ouvrage |langue=fr |titre=Annales historiques de la révolution française |sous-titre=organe de la Société des études robespierristes |éditeur=Firmin-Didot & Cie |année=1982 |passage=308 |isbn= |lire en ligne={{Google Livres|page=308|IU4jAQAAIAAJ}} |titre chapitre=247 à 250}}.</ref>, qui devient un de ses amants par la suite, et même [[William Pitt le Jeune|William Pitt]]<ref name="slut2">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=J. Christopher Herold |titre=Germaine Necker de Staël |lieu=Paris |éditeur=[[Plon]] |année=1962 |pages totales=517 |passage=69 |lire en ligne={{Google Livres|page=69|sNwmAAAAMAAJ}}}}.</ref>, premier ministre britannique, sont parmi les plus connus.
Le goût de la vie sociale parisienne et l’intérêt de sa famille pour la politique la lie cependant davantage à la France. Très jeune, à quatorze ans à peine, elle tient son cercle et sait converser avec les hôtes du salon de sa mère. Elle a appris l’anglais et le latin, l’art de la danse et la musique, la récitation et la diction, est souvent allée au théâtre. Tout fait d’elle une jeune fille différente par son érudition et sa culture des jeunes filles de son milieu, élevées de façon plus traditionnelle, qui étonne ses contemporains par la vivacité de son intelligence.


À dix-neuf ans, obéissant au projet de ses parents, elle se marie avec [[Erik Magnus Staël von Holstein|le baron de Staël-Holstein]], ambassadeur de Suède, de dix-sept ans son aîné, en 1786<ref name="Lanson874">Gustave Lanson, [[wikisource:fr:Livre:Lanson - Histoire de la littérature française, 1920.djvu|« Histoire de la Littérature française »]], dans ''Madame de Stael'', Hachette, 1920, {{p.|874}}</ref>. S'étant porté candidat alors qu'elle n'a que treize ans, il sait attendre, et leur mariage est célébré le {{date-|17 janvier 1786}} dans la chapelle luthérienne de l'ambassade de Suède. Le soir de son mariage, en changeant de nom, elle décide d'utiliser son troisième prénom, devenant Germaine de Staël<ref>{{Ouvrage |auteur1=Laurence de Cambronne |titre=Madame de Staël, la femme qui faisait trembler Napoléon |éditeur=Allary Éditions |année=2015 |passage=14 |isbn=}}.</ref>.
Le prestige de son père lui ouvre les portes de ce que l’Europe compte à la fois d’aristocrate et d’éclairé. Ses parents ne veulent pas d’un gendre catholique, mais il y a fort peu de protestants dans la noblesse française. Et les amis suisses qu’ils fréquentent sont tenus pour trop provinciaux. Des prétendants aux noms prestigieux sont avancés : [[Hans Axel de Fersen|Axel de Fersen]], ambassadeur de Suède, Monsieur de Mecklembourg, [[Louis Marie Narbonne Lara|Louis de Narbonne]] qui devient un de ses amants par la suite, et même [[William Pitt le Jeune|William Pitt]] (mais elle n’en veut pas), sont parmi les plus connus. Finalement, le baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède, de dix-sept ans son aîné, l’emporte. S’étant porté candidat alors qu’elle n’a que treize ans, il sait attendre, et leur mariage est célébré dans la chapelle luthérienne de l'ambassade de Suède. De lui elle a quatre enfants : Gustavine ([[1787]] - [[1789]]), Auguste ([[1790]] - [[1827]]), Albert ([[1792]] - [[1813]]) et Albertine, future duchesse de Broglie ([[1797]] - [[1838]]).


=== Jeune femme ===
=== Jeune femme ===
[[Fichier:Paris Hôtel de Salm-Dyck 42.JPG|vignette|L'Ambassade de Suède à l’hôtel de Ségur, devenu hôtel de Salm-Dyck.]]
Ce mariage arrangé n’est pas un mariage d’amour, pas même un mariage heureux, et la jeune femme cherche ailleurs un bonheur qu’elle n’a pas. Sa vie entière est d’ailleurs une quête perpétuelle d’un bonheur, qu’elle ne trouve guère.


Ce mariage arrangé avec un homme de 17 ans son aîné n'est pas un mariage d'amour, pas même un mariage heureux, et la jeune femme cherche ailleurs un bonheur qu'elle n'a pas. Sa vie entière est d'ailleurs une quête perpétuelle d'un bonheur, qu'elle ne trouve guère. Son mari de noblesse immémoriale mais désargenté est parvenu à se faire nommer ambassadeur de Suède auprès de la cour de France, ce qui lui procure une pension confortable de {{nombre|25000|livres}} alors que sa femme lui apporte une dot de {{nombre|25000|livres}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=Charlotte Julia von Leyden Blennerhassett |titre=Madame de Staël et son temps |éditeur=[[Éditions Slatkine|Slatkine]] |année=2002 |pages totales=586 |passage=236 |isbn=978-2-05-101738-1 |lire en ligne={{Google Livres|page=|mtJnAAAAMAAJ}}}}.</ref>{{,}}<ref name="dot">{{Ouvrage |auteur1=Jean Serruys |titre=De Colbert au Marché commun |sous-titre=la princesse de Chalais, les Talleyrand et quelques autres |lieu=Paris |éditeur=Émile-Paul |année=1970 |pages totales=305 |passage=154 |isbn= |oclc=977237476 |lire en ligne={{Google Livres|page=154|H_OFAAAAIAAJ}}}}.</ref>. La fortune de son épouse permet au diplomate scandinave de mener un train de vie qui rehausse l'éclat de sa patrie aux yeux des Français.
À la suite de sa mère, elle ouvre un salon, où elle reçoit les représentants d’une nouvelle génération professant les idées neuves qui sont proches des siennes, contemporains de la [[guerre d'indépendance américaine|guerre d’indépendance en Amérique]], qui y ont participé parfois d'ailleurs — [[Gilbert du Motier de La Fayette|La Fayette]], [[Louis Marc Antoine de Noailles|Noailles]], [[Stanislas de Clermont-Tonnerre|Clermont-Tonnerre]], [[Nicolas de Condorcet|Condorcet]], et les trois hommes qu’elle aime le plus à cette époque : [[Louis Marie Narbonne Lara|Louis de Narbonne]], sa première grande passion, [[Mathieu de Montmorency-Laval|Mathieu de Montmorency]], l’ami de toute sa vie, [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand]], le traître à l’amitié.


À la suite de sa mère, elle ouvre un salon à l'hôtel de Suède, rue du Bac, en 1795, où elle reçoit les représentants d'une nouvelle génération professant les idées neuves qui sont proches des siennes, contemporains de la [[Guerre d'indépendance des États-Unis|guerre d'indépendance en Amérique]], qui y ont participé parfois d'ailleurs – [[Gilbert du Motier de La Fayette|La Fayette]], [[Louis Marc Antoine de Noailles|Noailles]], [[Stanislas de Clermont-Tonnerre|Clermont-Tonnerre]], [[Nicolas de Condorcet|Condorcet]], [[François de Pange]] et les trois hommes qu'elle aime le plus à cette époque : [[Louis Marie de Narbonne-Lara]], sa première grande passion, [[Mathieu de Montmorency-Laval|Mathieu de Montmorency]], l'ami de toute sa vie, [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand]], le traître à l'amitié. Elle favorisera notamment le retour d'exil aux États-Unis d'Amérique de ce dernier. Ils entretiendront une relation épistolaire fournie tout au long de leur vie.
Elle favorisera notamment le retour de ce dernier d'exil aux États-Unis d'Amérique. Ils entiendront une relation épistolaire fournie tout au long de leur vie.


=== La Révolution ===
=== La Révolution ===
[[Fichier:Couder Stati generali.jpg|vignette|Le 5 mai 1789, Germaine de Staël assiste à l'ouverture des États généraux à Versailles où elle rencontre le jeune Mathieu de Montmorency.]]
Voyant dans l’[[Angleterre]] la meilleure expression de la liberté, lectrice passionnée de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], marquée par les idées des [[Philosophie des Lumières|Lumières]], elle accueille favorablement la [[Révolution française|Révolution]] et, le [[5 mai]] [[1789]], assiste à l’ouverture des [[États généraux de 1789|États généraux]]. Cependant, à partir de [[1792]], sa situation devient difficile. Soutenant l’idée d'une monarchie constitutionnelle, elle se coupe tant des partisans d'une République que des tenants de l'[[Absolutisme]], et doit s’exiler, en [[1793]], en Angleterre, où elle séjourne quelques mois avec les amis qui fréquentaient son salon. Sa vie est par la suite souvent marquée par l’exil.


Voyant dans l'[[Angleterre]] la meilleure expression de la liberté, lectrice passionnée de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], marquée par les idées des [[Lumières (philosophie)|Lumières]], elle accueille favorablement la [[Révolution française|Révolution]] et, le {{date-|5 mai 1789}}, assiste à l'ouverture des [[États généraux de 1789|États généraux]]. Son père doit démissionner en {{date-|août 1790}}, contraint de laisser au Trésor royal deux millions de livres qu'il lui avait prêtés, et que sa fille s'efforcera en vain de réclamer toute sa vie. À partir de 1792, la situation devient difficile. Elle déploie une grande énergie dans les dernières semaines de la monarchie s'efforçant de sauver proches et amis. Soutenant l'idée d'une monarchie constitutionnelle, elle se coupe tant des partisans d'une République que des tenants de l'[[absolutisme]], et doit s'exiler, en 1793, en Angleterre, où elle séjourne quelques mois avec les amis qui fréquentaient son salon. Sa vie est par la suite souvent marquée par l'exil.
Revenue en France après [[Chute de Robespierre|Thermidor]], elle publie en septembre des ''Réflexions sur le procès de la Reine'', plaidoyer en faveur de [[Marie-Antoinette d'Autriche|Marie-Antoinette]] à l'adresse des autres femmes<ref>Voir l'avertissement des ''Réflexions'' dans le volume des ''Œuvres de Madame la baronne de Staël-Holstein'', Paris, Lefèvre, 1838, [http://books.google.fr/books?id=PJIGAAAAQAAJ&pg=PA49&dq=Mme+de+sta%C3%ABl+R%C3%A9flexions+sur+le+proc%C3%A8s+de+la+Reine+aux+femmes#PPA49,M1 p. 50-51].</ref> où elle dénonce les misères de la [[condition féminine]]. Désormais, elle fait publier elle-même ses œuvres littéraires, rejetant d’une part le merveilleux et l’allégorique des [[conte]]uses d’antan, ainsi que le roman historique et le décor antique, mettant en scène, d’une manière moderne pour l’époque, les caractères et les conditions sociales de son temps.


En Suisse, elle s'éprend de [[François de Pange]], qui a émigré dans des conditions difficiles et qui, devenu imprimeur pour survivre, publiera ses œuvres ''La Paix'' puis ''Zulma''. Ami sincère, il se montrera un critique objectif et sévère. En revanche, nature délicate et droite, il ne répond pas aux sentiments passionnés de Germaine. Ayant appris que sa cousine [[Anne-Louise de Domangeville]] avait échappé de peu à la guillotine et avait été libérée après la [[chute de Robespierre]], il retourne en France et l'épouse, au grand dam de Germaine. Lorsqu’il meurt, quelques mois plus tard, Anne-Louise de Domangeville se résout, pour faire face à ses créanciers, à convoler pour la troisième fois, suscitant les remarques amères de Germaine de Staël.
=== Napoléon ===
Le {{Date|3|janvier|1798}}, Talleyrand lui ménage une entrevue avec le général [[Napoléon Ier|Bonaparte]], en qui elle voit un libéral appelé à faire triompher le véritable idéal de la Révolution; elle le rencontre plusieurs fois par la suite. Impressionnée, elle l’assaille de questions : « — Général, quelle est pour vous la première des femmes ? — Celle qui fait le plus d'enfants, Madame » lui aurait-il répondu.


Revenue à son tour en France, Germaine publie, en septembre, des ''Réflexions sur le procès de la Reine'', plaidoyer en faveur de [[Marie-Antoinette d'Autriche|Marie-Antoinette]] à l'adresse des autres femmes<ref>Voir l'avertissement des ''Réflexions'' dans le volume des {{Ouvrage |langue=fr |titre=Œuvres de Madame la baronne de Staël-Holstein |lieu=Paris |éditeur=Lefèvre |année=1838 |passage=50-51 |lire en ligne={{Google Livres|page=PA49|PJIGAAAAQAAJ}}}}.</ref> où elle dénonce les misères de la [[condition féminine]]. Désormais, elle fait publier elle-même ses œuvres littéraires, rejetant d'une part le merveilleux et l'allégorique des contes, et d'autre part le roman historique et le décor antique, mettant en scène, d'une manière moderne pour l'époque, les caractères et les conditions sociales de son temps.
Madame de Staël perd ses illusions après le [[coup d'État du 18 Brumaire]] et la promulgation de la [[Constitution de l'an VIII]]. Beaucoup doivent commencer à vivre dans la clandestinité, et c'est dans l’interdit qu’elle continue son œuvre de philosophie politique. Plutôt que se réfugier dans le silence, elle publie les romans qui lui valent une grande célébrité, mais elle commence aussi un exil qui ne ferait que s’accentuer.


=== L’exil ===
=== Le Directoire et Napoléon ===
[[Fichier:Château de Chantilly, François Gérard, portrait of Napoleon Bonaparte.JPG|vignette|Bonaparte en 1803 par [[François Gérard]].]]
En [[1803]], l'exemple de Madame de Staël, éloignée de Paris dont elle ne doit pas s’approcher de moins de « quarante lieues », est représentatif du combat inégal, que peuvent se livrer le pouvoir absolu et l'individualité d'un écrivain. Avec la publication de ''Delphine'', roman où se mêlent les questions politiques et sociales de son temps, l'anglophilie de l'époque, la supériorité du protestantisme sur le catholicisme, le divorce, qui dénonce ouvertement la régression à tous points de vue de la condition féminine, malgré la Révolution, les malheurs des femmes auxquelles les condamne leur position dans la famille patriarcale. Cela n’est évidemment pas pour plaire à Napoléon, devenu empereur, à qui on doit un [[Code civil (France)|Code civil français]] répressif à l’égard des femmes, mises sous tutelle, perdant les droits et les acquis de la Révolution qu’elles vont mettre plus d’un siècle à recouvrer.


{{Citation bloc|Un seul homme de moins et le monde serait en repos<ref>{{Mme}} de Staël, lettre à James Galiffe, 20 mars 1813.</ref>.}}
Cela lui vaut, en revanche, un immense succès dans toute l’Europe — également des critiques, virulentes, attisées par l’hostilité de l’Empereur à son encontre.
Veuve en [[1802]], elle entretient une longue relation avec [[Benjamin Constant]], rencontré en [[1794]], qui l'accompagne dans son exil. Vaudois comme elle, il est en définitive issu de la même région et protestant comme elle, mais il aime vivre seulement à Paris. Il ne parvient à se fixer ni auprès d’elle ni ailleurs. Cette liaison, longue et orageuse, est l’une des plus surprenantes que nous ait laissée l’histoire du monde littéraire. « Je n’avais rien vu de pareil au monde » écrit-il, « J’en devins passionnément amoureux ». Mais la volonté de tout régenter de Madame de Staël, et les tromperies de Benjamin Constant, font qu'ils se séparent après une demande en mariage que Madame de Staël refuse. Elle se remarie en [[1811]], avec Albert de Rocca, jeune officier suisse beaucoup plus jeune qu'elle.


Elle est de retour en France pendant le [[Directoire]], elle parvient à se mettre à dos aussi bien royalistes que jacobins, ces derniers dénonçant l'aide qu'elle apporte aux émigrés et les deux partis étant agacés par la prétention de Germaine et de Benjamin Constant de devenir les mentors de la vie politique parisienne. Lorsque le Directoire envisage d'envahir les cantons suisses, elle s'efforce d'en dissuader [[Napoléon Ier|Bonaparte]], par crainte que la France n’y abroge les droits féodaux dont jouit son père à [[Coppet]].
Benjamin Constant s'éprend de [[Juliette Récamier|Madame Récamier]], dans une passion malheureuse. Son ancienne amante écrit de lui : « Un homme qui n’aime que l’impossible ».


Elle est fascinée par le jeune général, mais celui-ci répond par une grande froideur à ses avances. Le {{date-|3 janvier 1798}}, Talleyrand lui ménage une entrevue avec Bonaparte, en qui elle voit un [[Libéralisme classique|libéral]] appelé à faire triompher le véritable idéal de la Révolution ; elle le rencontre plusieurs fois par la suite. Impressionnée, elle l'assaille de questions : « — Général, quelle est pour vous la première des femmes ? — Celle qui fait le plus d'enfants, Madame » lui aurait-il répondu. C'est le début d'une longue animosité.
De la fin de l'année [[1803]] au printemps [[1804]], Madame de Staël fait avec Benjamin Constant un voyage de plusieurs mois en [[Allemagne]], où elle est reçue dans les cours princières comme un chef d’État. Elle y apprend l’allemand, et rencontre [[Friedrich von Schiller|Schiller]], [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]], et tout ce que l’Allemagne compte alors d’artistes. Elle y découvre une littérature inconnue en France, qu’elle fait connaître aux Français avec son ouvrage ''De l’Allemagne'', où elle dépeint une Allemagne sentimentale et candide, image qui eu une grande influence sur le regard que les Français ont porté sur l'Allemagne durant tout le {{XIXe siècle}}. Elle entreprend également un voyage en [[Italie]] à la fin de la même année. Il faut, dit elle, avoir « l’esprit européen ».


Madame de Staël achève de perdre ses illusions, après le [[coup d'État du 18 Brumaire]] et la promulgation de la [[Constitution du 22 frimaire an VIII|Constitution de l'an VIII]]. Elle devient l'une des pierres angulaires de la résistance contre le régime de plus en plus dictatorial de Bonaparte. [[Victor Hugo]] cite Madame de Staël parmi les rares qui ne se sont pas agenouillés devant [[Napoléon Ier|Napoléon]]<ref>{{Lien web |titre=Discours de réception de Victor Hugo {{!}} Académie française |url=https://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-victor-hugo |site=www.academie-francaise.fr |date=3 juin 1841 |consulté le=2023-02-08}}</ref>. Beaucoup d'intellectuels doivent opter pour une vie dans la clandestinité, et c'est dans l'interdit qu'elle poursuit son œuvre de philosophie politique. Plutôt que de se réfugier dans le silence, elle publie les romans qui lui valent une grande célébrité, mais ne tardent pas à lui valoir un exil – de Paris d'abord, puis de France.
De retour au château de Coppet, le seul endroit où elle peut vivre dans l’Europe napoléonienne, elle y commence ''Corinne ou l’Italie'', roman dans lequel l’héroïne, à la recherche de son indépendance, meurt de cette recherche.


=== L'exil ===
Après la parution de ''De l’Allemagne'', imprimé en [[1810]], saisi sur ordre de Napoléon, et publié en France seulement en [[1814]], commencent véritablement pour Madame de Staël les « années d’exil », provoquées par la parution de son violent pamphlet contre l'Empereur, qui la pourchasse et la fait espionner sans trêve, lui interdisant toute publication. Elle s'enfuit avec ses deux enfants encore en vie et son mari, Albert de Rocca. Espérant rallier l’Angleterre, elle est contrainte de passer par la Russie et séjourne à Saint-Pétersbourg, où elle est accueillie par [[Alexandre Pouchkine|Pouchkine]]<ref>Selon Robert Ouvrard, [http://www.histoire-empire.org/persos/madame_de_stael.htm « Anne Louise Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, Madame de Staël »], et Richard Miller, [http://www.millerrichard.be/conf_destael.htm « Germaine de Staël, une femme aux origines du Libéralisme »], qui cite l'« introduction » de Jacques Godechot à Germaine de Staël, ''Considérations sur la révolution française'', Paris, Tallandier, 2000, p. 22.</ref>. Là, elle prend des notes pour le futur ''De la Russie et des royaumes du Nord'' — qui ne paraît qu’après sa mort. Elle parvient enfin à se réfugier à Stockholm, auprès de [[Charles XIV Jean de Suède|Bernadotte]], devenu prince héritier du trône de Suède, où elle devient l’inspiratrice d’une alliance antinapoléonienne, acquérant ainsi une stature politique. Elle rejoint l’Angleterre en 1813, rencontre à Londres le futur [[Louis XVIII de France|Louis XVIII]], en qui elle souhaite voir un souverain capable de réaliser la monarchie constitutionnelle. Elle rentre en France au printemps [[1814]], après avoir publié outre-Manche ''Sapho'', où reparaît le thème de la femme géniale et incomprise qui finit par mourir de douleur et d’amour, ainsi que ses ''Réflexions sur le suicide''.
[[Fichier:Henri-Benjamin Constant de Rebecque.png|vignette|Benjamin Constant.]]

En {{date-|octobre 1803}}, Madame de Staël est chassée de Paris dont elle ne doit pas s'approcher de moins de « quarante lieues »<ref name="Lanson875">Gustave Lanson, « Histoire de la Littérature française », {{opcit}}, {{p.|875}}.</ref>. Avec la publication de ''[[Delphine (roman)|Delphine]]'', roman où se mêlent les questions politiques et sociales de son temps, l'anglophilie de l'époque, la supériorité du protestantisme sur le catholicisme, le divorce, qui dénonce ouvertement la régression à tous points de vue de la condition féminine, malgré la Révolution, les malheurs auxquels leur position dans la famille patriarcale condamne les femmes. Cela n'est évidemment pas pour plaire à Napoléon, devenu empereur, à qui on doit un [[Code civil (France)|Code civil français]] qui fait perdre aux femmes certains acquis de la Révolution qu'elles vont mettre plus d'un siècle à recouvrer.

Cela lui vaut, en revanche, un immense succès dans toute l'Europe — également des critiques, virulentes, attisées par l'hostilité de l'Empereur à son encontre.

Veuve en 1802, elle entretient une longue relation avec [[Benjamin Constant]], rencontré en 1794, qui l'accompagne dans son exil. Vaudois comme elle, il est en définitive issu de la même région et protestant comme elle, mais il aime vivre seulement à Paris. Il ne parvient à se fixer ni auprès d'elle ni ailleurs. Cette liaison, longue et orageuse, est l'une des plus surprenantes qu’ait laissée l'histoire du monde littéraire. « Je n'avais rien vu de pareil au monde » écrit-il, « J'en devins passionnément amoureux ». Mais la volonté de tout régenter de Madame de Staël, et les tromperies de Benjamin Constant, font qu'ils se séparent après une demande en mariage que Madame de Staël refuse.

[[Fichier:Goethe (Stieler 1828).jpg|vignette|Johann Wolfgang von Goethe.]]

De la fin de l'année 1803 au printemps 1804, Madame de Staël fait avec Benjamin Constant un voyage de plusieurs mois en [[Allemagne]], où elle est reçue dans les cours princières comme un chef d'État. Sur le chemin de l'exil, elle s'arrête plus d'une semaine à Metz, pour y rencontrer [[Charles de Villers]] avec qui elle entretenait une importante correspondance, et qui se rendait à Paris<ref>Monique Bernard, "Une rencontre historique. Charles de Villers et Germaine de Stael à Metz en 1803", in ''Les Cahiers lorrains'', 1-2, 2018, p.. 61-71</ref>. Elle a appris l'allemand auprès du précepteur de ses enfants, ce qui est une curiosité originale à l'époque alors que la plupart de ses contemporains tiennent les États allemands pour des nations arriérées. Elle rencontre [[Friedrich von Schiller|Schiller]], [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]] et, de façon générale, la majeure partie de l'intelligentsia allemande. Elle y découvre une littérature inconnue en France, qu'elle révèle aux Français dans son ouvrage ''[[De l'Allemagne]]'', où elle dépeint une Allemagne sentimentale et candide, image qui eut une grande influence sur le regard que les Français ont porté sur ce pays durant tout le {{s-|XIX}}. Elle entreprend également un voyage en [[Italie]] à la fin de la même année : il faut, dit-elle, avoir « l'esprit européen » ; elle ne cessera, de sa vie, de défendre cette position.

Benjamin Constant s'éprend de [[Juliette Récamier]], dans une passion malheureuse. Son ancienne amante écrit de lui : « Un homme qui n'aime que l'impossible ».

[[Fichier:Coppet Schloss.jpg|vignette|Le château de Coppet.]]

En 1805, de retour au [[château de Coppet]]<ref name="Lanson875" />, le seul endroit où elle peut vivre dans l'Europe napoléonienne, elle y commence ''[[Corinne ou l'Italie]]'', roman dans lequel l'héroïne, à la recherche de son indépendance, meurt de cette recherche. Elle s'inspire du défunt [[François de Pange]] pour créer le personnage d'Oswald. En ce lieu, elle reçoit également nombre de personnalités et d'intellectuels européens gravitant autour du [[Groupe de Coppet]].

[[Fichier:Madame de Staël en Corinne 1807.jpg|vignette|Germaine de Staël en Corinne (1807), [[Firmin Massot]], huile sur bois, 61 x {{unité|52|cm}} - Collection du château de Coppet (Suisse).]]

Elle se remarie, en 1811, avec [[Albert de Rocca]], jeune officier d'origine suisse, de {{nombre|22|ans}} son cadet, dont elle a un fils.

[[Fichier:Albert Jean Michel Rocca.jpg|vignette|Albert Jean Michel Rocca, deuxième mari de Germaine de Staël.]]

À la parution de ''[[De l'Allemagne]]'', en 1810, où elle appelle explicitement à l'unité allemande, l'ouvrage est immédiatement saisi et mis au pilon<ref name="Lanson875" /> sur ordre de Napoléon. Cela marque pour Madame de Staël le début des années d'exil. Le {{date-|5 octobre 1810}}, le ministre de la Police, [[Anne Jean Marie René Savary|Savary, duc de Rovigo]], lui envoie un courrier : « ''Votre dernier ouvrage n’est point français. Il m’a paru que l’air de ce pays-ci ne vous convenait point, et nous n’en sommes pas encore réduits à chercher des modèles dans les peuples que vous admirez''<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Simone Balayé |titre=Madame de Staël |sous-titre=Lumières et Liberté |lieu=Paris |éditeur=[[Klincksieck]] |année=1979 |pages totales=271 |passage=196 |isbn=978-2-252-02082-1 |lire en ligne={{Google Livres|page=PA196|vmpfAAAAMAAJ}}}}</ref>. » L'assignant à résidence dans son château de [[Coppet]], l'Empereur la fait espionner sans trêve, lui interdisant toute publication et punissant d'exil toutes les personnes ayant souhaité adoucir ses souffrances en lui rendant visite, parmi lesquelles Juliette Récamier. En {{date-|mai 1812}}, elle quitte Coppet avec ses deux enfants et son époux, Albert de Rocca. Espérant rallier l'Angleterre, elle est contrainte de passer par la [[Empire russe|Russie]] et séjourne à [[Saint-Pétersbourg]]. Là, elle prend des notes pour le futur ''De la Russie et des royaumes du Nord'' — les futures ''Dix années d'exil''.

[[Fichier:Carl XIV John of Sweden & Norway c 1840.jpg|vignette|Charles XIV Jean de Suède.]]

Elle rencontre aussi à Saint-Pétersbourg le [[Heinrich Friedrich Karl vom Stein|baron vom Stein]], fervent opposant de Napoléon. Elle parvient enfin à se réfugier à [[Stockholm]], auprès de [[Charles XIV Jean|Bernadotte]], devenu prince héritier du trône de Suède, où elle devient l'inspiratrice d'une alliance anti-napoléonienne, acquérant ainsi une stature politique plus marquée. Elle se rend en Angleterre en 1813, et rencontre à Londres le futur [[Louis XVIII]], en qui elle souhaite voir un souverain capable de réaliser la monarchie constitutionnelle.

Elle rentre en France au printemps 1814, après avoir publié outre-Manche ''Sapho'', où reparaît le thème de la femme géniale et incomprise qui finit par mourir de douleur et d'amour, ainsi que ses ''Réflexions sur le suicide''.

=== Retour à Paris ===
[[Fichier:François Gérard - Portrait of Josephine - WGA08595.jpg|vignette|Joséphine de Beauharnais.]]

De retour à Paris, Germaine de Staël reçoit rois, ministres et généraux. Madame de Staël se démarque par une réelle ambition politique ; combative et passée à l'opposition, elle est une propagandiste très active. Durant le premier exil de Napoléon, bien qu'alliée avec circonspection aux Bourbons<ref>''Revue nationale et étrangère, politique, scientifique et littéraire'', Paris, Bureau de la Revue nationale, 1862, {{t.|10}}, [https://books.google.fr/books?id=tzccAAAAMAAJ&pg=PA65&dq=Mme+de+sta%C3%ABl+Bourbons+premi%C3%A8re+restauration {{p.|65}}].</ref>, elle fait prévenir l'empereur d'une tentative d'assassinat<ref>[[Joseph Bonaparte]], Albert Du Casse, ''Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph publiés'', Paris, Perrotin, 1854, {{t.|10}}, [https://books.google.fr/books?id=vLYFAAAAQAAJ&pg=PA226&dq=Mme+de+sta%C3%ABl+Napol%C3%A9on+1815+Elbe+assassinat {{p.|226-227}}].</ref>, et celui-ci, pour la rallier à sa cause, lui fait promettre le remboursement d'une somme jadis prêtée par son père au trésor<ref>« Staël-Holstein (Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de) » dans Philippe Le Bas, Augustin-François Lemaitre, ''France, dictionnaire encyclopédique'', Paris, Firmin Didot frères, 1845, tome 12, [https://books.google.fr/books?id=rjcvAAAAMAAJ&pg=PA543&dq=Mme+de+sta%C3%ABl+napol%C3%A9on+remboursement+tr%C3%A9sor {{p.|543}}].</ref>. Cette thèse est vue différemment par l'historien Jean Tulard. En effet Madame de Staël aurait offert ses services à l'Empereur en échange de deux millions de francs. Elle était disposée à ''lui offrir sa plume et ses principes''. Napoléon répondit qu'il n'était pas assez riche pour les payer tout ce prix<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean|nom1=Tulard|titre=Le monde selon Napoléon|sous-titre=maximes, pensées, réflexions, confidences et prophéties|lieu=Paris/61-Lonrai|éditeur=Éditions Tallandier / Normandie roto impr.|date=DL 2018|pages totales=314|isbn=979-10-210-3123-4|isbn2=979-10-210-4128-8|oclc=1028634826|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1028634826|consulté le=2021-04-24}}</ref>.

Elle visite [[Joséphine de Beauharnais|Joséphine]], très malade, au [[château de Malmaison]] pour lui demander ce qu'a été sa vie avec l'empereur.

Affligée, depuis quelque temps, d’un gonflement œdémateux des jambes, elle consulte, à son retour à Paris, le {{Dr}} Portal, son médecin depuis l’enfance, ainsi que celui de son père<ref name="NEJM">{{Ouvrage |langue=en |auteur1=John Ware |directeur1=oui |auteur2=Walter Channing |titre=The New-England Journal of Medicine and Surgery |sous-titre=And Collateral Branches of Science |tome=7 |lieu=Londres |éditeur=Wells and Lilly |année=1818 |pages totales=417 |passage=95 |lire en ligne={{Google Livres|page=95|JHoRZI8cX6cC}}}}.</ref>. Celui-ci constate, outre l’aggravation de l’œdème, que son teint, naturellement sombre, est devenu encore plus sombre, que ses yeux ont même pris une couleur jaune et que sa digestion était douloureuse<ref name="NEJM"/>.

Éprouvant une grande agitation et un manque de sommeil, elle avait longtemps été incapable de les soulager à l’aide d’un ou plusieurs grains d’opium, qu’elle prenait tous les soirs<ref name="NEJM"/>. L’ennui qui la consumait en Suisse l’a amenée à trop user de l’opium, qui soutenait son génie<ref name="NEBS">{{Article|langue=en|auteur=Bonnie G. Smith|titre=History and Genius|sous-titre=The Narcotic, Erotic, and Baroque Life of Germaine de Stael|périodique=French Historical Studies|volume=19|numéro=4, Special Issue: Biography|date=Autumn, 1996|pages=1059-1081|éditeur=Duke University Press|doi=10.2307/286664|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/286664|consulté le=2018-10-12}}</ref>, mais dont elle a fini par devenir dépendante<ref name="MSDE">{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Angelica Goodden |titre=Madame de Staël |sous-titre=The Dangerous Exile |lieu=Oxford |éditeur=OUP Oxford |année=2008 |pages totales=344 |passage=181 |isbn=978-0-19-152877-4 |lire en ligne={{Google Livres|page=PA181|pdrHG_EhufMC}}}}.</ref>.

Elle succombe, le {{Date-|14|juillet|1817|en France}}, à une [[hémorragie cérébrale]], s'écroulant dans les bras de son gendre [[Victor de Broglie (1785-1870)|Victor de Broglie]].

On lui prête ce mot que lui aurait inspiré la vue du vignoble de Coppet : « Je préfère le vin d'ici à l'eau de là ».

Elle est inhumée conformément à ses vœux auprès de ses parents dans la chapelle funéraire qu'avait fait édifier sa mère, fille d'un pasteur vaudois, en 1793-1794 (architecte Jean-Pierre Noblet, marbrier Jean-François Doret) à peu de distance du château de Coppet<ref>{{Ouvrage |auteur1=Claude Mossé |titre=Ces belles en leur demeure : George Sand à Nohant, {{Mme|de Staël}} à Grignan, Joséphine de Beauharnais à la Malmaison, Mme de Staël à Coppet, Agnès Sorel à Loches, Francine Weissweiller à Santo-Sospir |éditeur=Rocher |année=2005 |passage=74 |isbn=}}</ref>.


=== La postérité ===
=== La postérité ===
[[Fichier:Germaine de Staël by Vladimir Borovikovsky.png|vignette|Portrait de Germaine de Staël en 1812 par [[Vladimir Borovikovski]].]]
De retour à Paris, elle reçoit rois, ministres et généraux. Dans une Europe qui n’a encore connu, en fait de femme influente, que quelques souveraines et favorites (à l'image de la [[Madame de Pompadour|marquise de Pompadour]]), Madame de Staël a une réelle ambition politique, après avoir espéré jouer le rôle de conseillère de Napoléon. Combative et passée à l’opposition, elle est une activiste et une propagandiste. Durant le premier exil de Napoléon, bien qu'alliée avec circonspection aux Bourbons<ref>''Revue nationale et étrangère, politique, scientifique et littéraire'', Paris, Bureau de la Revue nationale, 1862, tome 10, [http://books.google.fr/books?id=tzccAAAAMAAJ&pg=PA65&dq=Mme+de+sta%C3%ABl+Bourbons+premi%C3%A8re+restauration p. 65].</ref>, elle fait prévenir l'empereur d’une tentative d’assassinat<ref>[[Joseph Bonaparte]], Albert Du Casse, ''Mémoires et correspandance politique et militaire du roi Joseph publiés '', Paris, Perrotin, 1854, tome 10, [http://books.google.fr/books?id=vLYFAAAAQAAJ&pg=PA226&dq=Mme+de+sta%C3%ABl+Napol%C3%A9on+1815+Elbe+assassinat p. 226-227].</ref>, et celui-ci, pour la rallier à sa cause, lui fait promettre le remboursement d’une somme jadis prêtée par son père au trésor<ref>« Staël-Holstein (Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de) » ''in'' Philippe Le Bas, Augustin François Lemaitre, ''France, dictionnaire encyclopédique'', Paris, Firmin Didot frères, 1845, tome 12, [http://books.google.fr/books?id=rjcvAAAAMAAJ&pg=PA543&dq=Mme+de+sta%C3%ABl+napol%C3%A9on+remboursement+tr%C3%A9sor p. 543].</ref>. Elle visite [[Joséphine de Beauharnais|Joséphine]], pourtant très malade, au [[château de Malmaison]] pour lui demander ce qu’a été sa vie avec l’empereur.


L’histoire littéraire laisse d’elle l’image d’une femme mijaurée<ref>Catherine Rihoit, ''La nuit de Varennes, ou L'impossible n'est pas français'', Éditions Ramsay, 1982, 312 pages, p. 14 {{ISBN|2859562605}}.</ref>, excessivement sentimentale<ref>''Correspondance avec Madame de Staël'', Éditions Montaigne, 1928, 230 pages, p. 16.</ref>, possessive et tyrannique en amitié et en amour<ref>''Revue des sciences humaines'', Faculté des lettres de l'Université de Lille, deuxième série 81-84, 1956, p. 134</ref>. C'est surtout une pionnière dans bien des domaines ; en littérature, elle popularise en France le mot de « [[romantisme]] »<ref>[[Albert Sorel]], ''M{{me}} de Staël'', Paris, Hachette, 1890, 216 pages, p. 171</ref>, introduit par Pierre Le Tourneur<ref>Michel Brix, ''Le romantisme français : esthétique platonicienne et modernité littéraire'', Éditions Peeters, 1999, 302 pages, introduction, p. 17 {{ISBN|904290738X}}.</ref>. Dans ses romans elle présente les femmes comme les victimes des contraintes sociales les empêchant d’affirmer leur personnalité. Elle revendique le droit au bonheur pour toutes, et pour elle-même. Cette revendication de droit au bonheur qui se confondait avec le droit d’aimer est reprise par [[George Sand]]. Madame de Staël est une femme moderne dans une Europe qu’elle parcourt et décrit en tous sens.
L'histoire littéraire laisse d'elle l'image d'une femme curieuse de tout, à la conversation brillante et aux écrits avant-gardistes. Car Germaine de Staël est une pionnière dans bien des domaines, ayant touché dans ses écrits tant à l'histoire qu'à la théorie littéraire, en passant par le roman. Si on lui doit notamment (ainsi qu'à [[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]]) l'introduction du romantisme en littérature française, c'est également elle qui popularise en France le terme de « [[romantisme]] »<ref>[[Albert Sorel]], ''{{Mme|de Staël}}'', Paris, Hachette, 1890, 216 pages, {{p.|171}}.</ref>, introduit par [[Pierre Le Tourneur]]<ref>[[Michel Brix]], ''Le Romantisme français : Esthétique platonicienne et modernité littéraire'', Éditions Peeters, 1999, 302 pages, introduction, {{p.|17}} {{ISBN|904290738X}}.</ref>, et celui de « [[littérature]] », qui se substitue dès lors à celui de « [[Belles-lettres (littérature)|belles-lettres]] », achevant de consacrer l'émancipation de la littérature vis-à-vis des sciences normatives notamment. Dans ses romans, elle présente les femmes comme les victimes des contraintes sociales les empêchant d'affirmer leur personnalité, et ne pouvant vivre de leur talent qu'au prix de la renonciation à l'amour. Elle revendique le droit au bonheur pour toutes, et pour elle-même. Cette revendication de droit au bonheur (qui se confondait avec le droit d'aimer) sera reprise, bien que sous des modalités différentes, par [[George Sand]]. Égérie, par sa place centrale dans le Groupe de Coppet, d'un cosmopolitisme en avance sur son temps, Germaine de Staël est une femme moderne dans une Europe qu'elle parcourt en tous sens et décrit abondamment. La première édition d'oeuvres complètes est publié par son fils dans la maison [[Treuttel et Würtz]], 1820-1821<ref>{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Annika|nom1=Haß|titre=Europäischer Buchmarkt und Gelehrtenrepublik: Die transnationale Verlagsbuchhandlung Treuttel & Würtz, 1750–1850|éditeur=Heidelberg University Publishing|date=2023-08-10|isbn=978-3-96822-073-4|doi=10.17885/heiup.817|lire en ligne=https://heiup.uni-heidelberg.de/catalog/download/817/1349/110228|consulté le=2024-07-01}}</ref>.


À Paris, sa mémoire est honorée par une [[rue Germaine-de-Staël|rue]] et une [[Liste des statues des façades de l'hôtel de ville de Paris|statue]], donnant sur le [[Jardin des Combattants-de-la-Nueve|jardin]] du côté sud de l'[[Hôtel de ville de Paris|hôtel de ville]]. A [[Genève]], une rue porte son nom depuis le {{date-|6 juillet 1988}}, la ''Rue Madame-De-Staël''<ref>[http://ge.ch/noms-geographiques/voie/geneve/rue-madame-de-stael Noms géographiques du canton de Genève]</ref>. La [[Bibliothèque de Genève]] possède un [[buste]] de Germaine de Staël, ce qui fait d'elle une des rares femmes à avoir été portraiturée de cette manière à Genève au {{s-|XIX}}<ref>{{Lien web |auteur=Nicolas Schaetti |titre=Les bustes de la Bibliothèque: une collection de sculptures à Genève. |sous-titre=#5 Pourquoi si peu de portraits sculptés de femmes dans les collections de la Bibliothèque de Genève? |url=https://www.bge-geneve.ch/blog/les-bustes-de-la-bibliotheque-une-collection-de-sculptures-geneve-5-pourquoi-si-peu-de |site=[[Bibliothèque de Genève]] Le Blog |date=19 décembre 2022 |consulté le=21 décembre 2022}}</ref>.
==Oeuvres==

*''Journal de Jeunesse'', 1785
== Descendance ==
*''Sophie ou les sentiments secrets''
[[Fichier:Mme de Staël avec sa fille Albertine.png|vignette|Germaine de Staël et sa fille Albertine en 1805, par [[Marguerite Gérard]].]]
*''Lettres sur les ouvrages et le caractère de J.-J. Rousseau'', 1788 (rééd. augmentée en 1789)

*''Jane Gray'' (tragédie en cinq actes et en vers), 1790
De son mariage avec son premier époux [[Erik Magnus Staël von Holstein]] Germaine de Staël a quatre enfants :
*''Éloge de M. de Guibert''

*''À quels signes peut-on reconnaître quelle est l'opinion de la majorité de la nation?''
* Gustavine de Staël (1787-1789), dont le roi de Suède [[Gustave III]] est le parrain ;
*''Réflexions sur le procès de la Reine'', 1793
* Auguste de Staël (1790-1827) ;
*''Zulma : fragment d'un ouvrage'', 1794
* Albert de Staël (1792-1813) ;
*''Réflexions sur la paix adressées à M. Pitt et aux Français'', 1795
* Albertine de Staël (1797-1838) épouse en 1816 [[Victor de Broglie (1785-1870)]], [[Maison de Broglie|duc de Broglie]], d'où une nombreuse postérité<ref>{{Ouvrage |auteur1=Bernard de Larquier Rochefort |titre=Dictionnaire de Broglie et du Vaisseau "La Victoire" |lieu=Sans lieu |éditeur=l'auteur |année=1984 |pages totales=527 |passage=1-527 |isbn=}}</ref>.
*''Réflexions sur la paix intérieure''

*''Recueil de morceaux détachés'' (comprenant : ''Épître au malheur ou Adèle et Édouard'', ''Essai sur les fictions'' et trois nouvelles : ''Mirza ou lettre d'un voyageur'', ''Adélaïde et Théodore'' et ''Histoire de Pauline''), 1795
De son second mariage, avec [[Albert de Rocca]] Germaine de Staël a, à [[Grossesse tardive|{{nombre|46|ans}}]], un fils :
*''De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations'', 1796
* Louis-Alphonse Rocca (1812-1842).
*''Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France''

*''De la littérature dans ses rapports avec les institutions sociales'', 1799
== Hommages ==
*''Delphine'', 1802
[[Fichier:Plaque Hôtel de Galliffet-Mme de Stael, 50 rue de Varenne, Paris 7.jpg|vignette|Plaque à l'hôtel de Gallifet (Paris).]]
*''Épîtres sur Naples''
[[Fichier:Germaine Necker (3985407672).jpg|vignette|[[Blue Plaque|Plaque commémorative]] à Londres (Soho).]]
*''Corinne ou l'Italie'', 1807

*''Agar dans le désert''
* '''Botanique'''
*''Geneviève de Brabant''
** Une [[Rose (fleur)|rose]] porte son nom<ref>[http://photos.plantes-et-jardins.com/450x450/madame-de%20stael.jpg La rose « Madame de Staël »].</ref>.
*''La Sunamite''
* '''Philatélie'''
*''Le capitaine Kernadec ou sept années en un jour'' (comédie en deux actes et en prose)
** [[Timbres de France 1960#Madame de Staël 1766-1817|Un timbre postal]] français à l'effigie de Madame de Staël a été émis le {{date-|24 octobre 1960}}.
*''La signora Fantastici''
* '''Toponymes'''
*''Le mannequin'' (comédie)
** [[Rue Germaine-de-Staël]] à [[Paris]] ;
*''Sapho''
** Rue Germaine de Staël à [[Plaisir (Yvelines)]]
*''De l'Allemagne'', 1810/1813
** Rue Madame-de-Staël, à [[Genève]] ;
*''Réflexions sur le suicide'', 1813
** Collège Madame de Staël, à [[Carouge]] ([[Suisse]]) ;
*''De l'esprit des traductions''
** Collège Madame de Staël, à Paris ;
*''Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, depuis son origine jusques et compris le 8 juillet 1815'', 1818 (posthume)
** Lycée Madame de Staël, à [[Montluçon]] ;
*''Œuvres complètes de Mme la Bonne de Staël, publiées par son fils, précédées d'une notice sur le caractère et les écrits de Mme de Staël, par Mme Necker de Saussure'', 1820-1821
** Lycée Madame de Staël, à [[Grenoble]] ;
** Lycée Madame de Staël, à [[Saint-Julien-en-Genevois]] ;
** [[De Staël (cratère)|de Staël]], [[Cratère d'impact|cratère]] sur [[Vénus (planète)|Vénus]]<ref>{{Lien web|titre=Planetary Names: Crater, craters: de Staël on Venus|url=https://planetarynames.wr.usgs.gov/Feature/1446|site=planetarynames.wr.usgs.gov|consulté le=2020-05-04}}</ref>.
* '''Bateau'''
** Canot de sauvetage de Coppet [http://www.sauvetage-coppet.ch/index.php/la-flotille/canot-a-rames "Madame de Staël"] de 1920
* '''Transports publics'''
** Un train [[ICN (train)|ICN]] porte son nom en Suisse.

== Postérité ==
=== Littérature ===
Germaine de Staël apparaît, en compagnie de [[Benjamin Constant]], de [[Charles de Villers]] et de [[Dorothea von Rodde-Schlözer|Dorothea von Rodde]], dans un roman d'[[Anne Villemin Sicherman]], ''1803 la nuit de la sage-femme'', 2023.

=== Littérature jeunesse ===
* {{Ouvrage |auteur1=Bridget Dommen |auteur2=Caroline Dommen |illustrateur=[[Ingrid Godon]] |titre=Madame de Staël prend sa plume |éditeur=[[La Joie de lire (maison d'édition)|La Joie de lire]] |collection=Traces d'histoire |année=2015 |isbn=978-2-88908-274-2 |présentation en ligne=http://www.lajoiedelire.ch/livre/madame-de-stael-prend-sa-plume/}}.

=== Filmographie ===
==== Cinéma ====
* 1965 : ''[[Le Salon de l'Europe/Madame de Staël]]'', court métrage de [[Jacques de Casembroot]]
* 1993 : ''[[Belle van Zuylen - Madame de Charrière]]'' jouée par [[Carla Hardy]]
* 1994 : ''[[Du fond du cœur]]'' de [[Jacques Doillon]] jouée par [[Anne Brochet]]

==== Télévision ====
*[[Avant 1930 à la télévision|1922]] : ''[[A Prince of Lovers]]'' jouée par [[Saba Raleigh]]
*[[Avant 1930 à la télévision|1923]] : ''[[Madame Recamier. Or, The Price of Virtue]]'' jouée par [[Margaret Yarde]]
*[[1962 à la télévision|1962]] : ''[[Heroische Komödie]]'' jouée par [[Maria Wimmer]]
*[[1972 à la télévision|1972]] : ''[[Talleyrand ou Le sphinx incompris]]'' jouée par [[Frédérique Meininger]]
*[[1987 à la télévision|1987]] : ''[[Napoléon et Joséphine]]'' jouée par [[Leigh Taylor-Young]]
*[[2002 à la télévision|2002]] : ''[[Napoléon (mini-série)|Napoléon]]'' jouée par [[Fabienne Babe]]
*[[2016 à la télévision|2016]] : Émission ''[[Secrets d'Histoire]]'', intitulée ''[[Saison 10 (2016) de Secrets d'Histoire#Les femmes de la Révolution|Les femmes de la Révolution]]''. Documentaire présenté par Stéphane Bern et diffusé le {{date-|12 juillet 2016}} sur [[France 2]]<ref>{{Article |auteur1= |titre=Les femmes de la Révolution à l’honneur dans « Secrets d'Histoire » sur France 2 |périodique=La Dépêche du Midi |date=12 juillet 2016 |lire en ligne=https://www.ladepeche.fr/article/2016/07/12/2383449-femmes-revolution-honneur-secrets-histoire-france-2-2.html |pages= }}.</ref>

== Œuvres ==
[[Fichier:Delphine, Madame de Staël, Paris, 1803 04.jpg|vignette|''Delphine'', par Madame de Staël, édition de 1803 en plusieurs volumes.]]
[[Fichier:Germaine de Staël - De l'Allemagne.jpg|vignette|page de titre de ''De l'Allemagne'', édition de 1813 à Londres.]]

* ''Journal de Jeunesse'', 1785.
* ''Sophie ou les sentiments secrets'', pièce en trois actes et en vers, 1786, publiée en 1790.
* ''Jane Gray'' (tragédie en cinq actes et en vers), 1787 (publié en 1790).
* ''Lettres sur les ouvrages et le caractère de J.-J. Rousseau'', 1788 ({{Gallica |id=btv1b8614612b}}), rééd. & augmentée en 1789.
* ''Éloge de M. de Guibert''.
* ''À quels signes peut-on reconnaître quelle est l'opinion de la majorité de la nation ?''
* ''Réflexions sur le procès de la Reine'', 1793.
* ''Zulma : fragment d'un ouvrage'', 1794, {{Gallica |id=bpt6k1056812c}}
* ''Réflexions sur la paix adressées à M. Pitt et aux Français'', 1795, {{Gallica |id=bpt6k10567581}}.
* ''Réflexions sur la paix intérieure''.
* ''Recueil de morceaux détachés'' (comprenant : ''Épître au malheur ou Adèle et Édouard'', ''Essai sur les fictions'' et trois nouvelles : ''Mirza ou lettre d'un voyageur'', ''Adélaïde et Théodore'' et ''Histoire de Pauline''), 1795.
* ''De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations'', 1796, {{Gallica |id=btv1b8615752h}}.
* ''Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France''.
* ''De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales'', 1800, {{Gallica |id=bpt6k10400965}}.
* ''[[Delphine (roman)|Delphine]]'', 1802, {{Gallica |id=btv1b8612021m}}.
* ''Épîtres sur Naples''.
* ''[[Corinne ou l'Italie]]'', 1807, {{Gallica |id=bpt6k1040720f}}.
* ''Agar dans le désert''.
* ''Geneviève de Brabant''.
* ''La Sunamite''<ref>Par référence à [[Sunem]].</ref>.
* ''Le Capitaine Kernadec ou sept années en un jour'' (comédie en deux actes et en prose).
* ''La Signora Fantastici''.
* ''Le Mannequin'', comédie.
* ''Sapho'', 1811.
* ''[[De l'Allemagne]]'', publié à Londres en 1813 et à Paris en 1814, André Lagarde, Laurent Michard, ''{{s-|XIX}}'' (Les Grands auteurs du programme français - Anthologie et histoire littéraire), Paris, Bordas, 1985, {{p.|13}}.{{Commentaire biblio|L’ouvrage était déjà prêt en 1810, mais les épreuves en ont été détruites sur ordre de Napoléon.}}
* ''Réflexions sur le suicide'', 1813 ,{{Gallica |id=btv1b8618412w}}.
* ''De l'esprit des traductions''.
* ''Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, depuis son origine jusques et compris le {{date-|8 juillet 1815}}'', ouvrage posthume publié par M. le duc de Broglie et M. le baron de Staël, 1818, 3 volumes, Paris, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3056628z tome premier], [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3053721g tome second], [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k42319208 tome troisième] ;
* ''Œuvres complètes de {{Mme|la Baronne de Staël}}, publiées par son fils, précédées d'une notice sur le caractère et les écrits de {{Mme|de Staël}}, par {{Mme|Necker de Saussure}}'', 1820-1821, {{Gallica |id=bpt6k6521065m}}.
* ''Dix années d'exil'', 1821 (posthume).

=== Éditions modernes ===
{{biblio|date=décembre 2010}}
* ''Lettres de Madame de Staël à Madame de Récamier'', première édition intégrale, présentées et annotées par [[Emmanuel Beau de Loménie]], éditions Domat, Paris, 1952.
* '''''Œuvres complètes''''' de Madame de Staël, en cours de publication aux [[éditions Honoré Champion]] :
*# '''Série I. Œuvres critiques''' :
*#* Tome I. ''Lettres sur les écrits et le caractère de J.-J. [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]]. - De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations. - De l'éducation de l'âme par la vie./Réflexions sur le suicide. '' - Sous la direction de Florence Lotterie. Textes établis et présentés par Florence Lotterie. Annotation par Anne Amend Söchting, Anne Brousteau, Florence Lotterie, Laurence Vanoflen. 2008. {{ISBN|978-2-7453-1642-4}}.
*#* Tome II. ''De la littérature'' et autres essais littéraires. En préparation
*#* Tome III. ''De l'Allemagne''. En préparation
*# '''série II. Œuvres littéraires''' :
*#* Tome I. ''Écrits autobiographiques. Nouvelles. Œuvres poétiques. '' En préparation
*#* Tome II. ''Delphine''. Texte établi par Lucia Omacini et annoté par Simone Balayé. 2004. {{ISBN|978-2-7453-0957-0}}.
*#* Tome III. ''Corinne ou l'Italie''. Édition critique par Simone Balayé. Prix Chartier 2001. 2000. {{ISBN|978-2-7453-0288-5}}.
*#* Tome IV. ''Œuvres dramatiques''. En préparation
*# '''Série III. Œuvres historiques''' :
*#* Tome I. ''Des circonstances actuelles'' et autres essais politiques sous la Révolution. 2009. {{ISBN|978-2-7453-1905-0}}.
*#* Tome II. ''Considérations sur la Révolution française''. En préparation
*#* Tome III. ''Dix années d'exil'' et autres essais politiques sous l'Empire et la Restauration. En préparation
* '''''Correspondance générale'''''. Texte établi et présenté par Béatrice W. Jasinski et Othenin d'Haussonville. [[Éditions Slatkine|Slatkine]] (Réimpression), 2008-2009.
*# ''Tome I. 1777-1791''. {{ISBN|978-2-05-102081-7}}.
*# ''Tome II. 1792-1794''. {{ISBN|978-2-05-102082-4}}.
*# ''Tome III. 1794-1796''. {{ISBN|978-2-05-102083-1}}.
*# ''Tome IV. 1796-1803''. {{ISBN|978-2-05-102084-8}}.
*# ''Tome V. 1803-1805''. {{ISBN|978-2-05-102085-5}}.
*# ''Tome VI. 1805-1809''. {{ISBN|978-2-05-102086-2}}.
*# ''Tome VII. {{date-|15 mai 1809}}–{{date-|23 mai 1812}}''. {{ISBN|978-2-05-102087-9}}.
* ''La passion de la liberté'', Préface de Michel Winock, Paris, [[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]], 2017 {{ISBN|9782221191996}}. Le livre contient:
** ''De l'influence des passions sur le bonheur''
** ''Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution''
** ''Considérations sur la Révolution française''
** ''Dix années d'exil''
* ''Madame de Staël ou l'intelligence politique. Sa pensée, ses amis, ses amants, ses ennemis…'', textes de présentation et de liaison de [[Michel Aubouin]], Omnibus, 2017, 576 {{p.}} {{ISBN|978-2-258-14267-1}} {{commentaire biblio|Lettres de Mme de Staël, extraits de ses textes politiques et de ses romans, textes et extraits de lettres de Chateaubriand, Talleyrand, Napoléon, Benjamin Constant…}}


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{références|groupe=alpha}}

=== Références ===
{{références}}
{{références}}


==Voir aussi==
== Voir aussi ==
{{Autres projets
===Liens internes===
| commons = Category:Madame de Staël
{{wikisource}}
| wikisource = Germaine de Staël
* [[Timbres de France 1960#Madame de Staël 1766-1817 | Un timbre postal]] à l'effigie de Madame de Staël a été émis le 24 octobre [[1960]].
}}
*[[Club de Salm]]
=== Bibliographie ===
* [[Albertine Necker de Saussure]], ''Notice sur le caractère et les écrits de Mme de Staël,'' 1820.
* Simone Balayé, ''Madame de Staël. Lumières et Liberté'', Paris, Klincksieck, 1979.
* [[Jean-Denis Bredin]], ''Une singulière famille : Jacques Necker, Suzanne Necker et Germaine de Staël'', Paris, [[Librairie Arthème Fayard|Fayard]], 1999 {{ISBN|2-213-602-80-8}}.
* Laurence de Cambronne, ''Madame de Staël, la femme qui faisait trembler Napoléon'', Paris, Allary, 2015, 243{{nb p.}} {{ISBN|978-2-37073-045-9}}.
* [[Ghislain de Diesbach]], ''Madame de Staël''. Perrin, 1983 (rééd. 2008) {{ISBN|978-2-26200-284-8|978-2-26601-426-7|978-2-26202-811-4}}.
* [[Françoise d'Eaubonne]], ''Une femme témoin de son siècle, Germaine de Staël'', Paris, Flammarion, 1966, 285{{nb p.}}
* {{en}} Maria Fairweather, ''Madame de Staël'', Londres, Constable, 2005, {{rom|xxii}}, 522{{nb p.}} {{ISBN|978-0-78671-339-4}}.
* Claire Garry-Boussel, ''Statut et fonction du personnage masculin chez Madame de Staël'', Paris, [[Honoré Champion]], 2002 {{ISBN|978-2-7453-0647-0}}.
* [[Jacques Godechot]], introduction, bibliographie, chronologie (reproduite de Simone Balayé) et notes dans {{Mme}} de Staël, ''Considérations sur la Révolution française'', Paris, Tallandier, {{coll|In-Texte}}, 1983 (première réédition depuis 1881), {{p.|7-55}}.
* [[Henri Guillemin]], ''Madame de Staël et Napoléon'', Bienne, éditions du Panorama, 1966, 268{{nb p.}}
* J. Christopher Herold, ''Germaine Necker de Staël'', Paris, Plon, 1962, 517{{nb p.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Étienne Hofmann (réd.)|titre=Benjamin Constant, Madame de Staël et le Groupe de Coppet|champ libre=actes du deuxième congrès de Lausanne à l'occasion du {{150e}} anniversaire de la mort de Benjamin Constant et du troisième colloque de Coppet, 15-19 juillet 1980|lieu=Oxford/Lausanne/Paris|éditeur=Oxford, The [[Voltaire Foundation]] and Lausanne, Institut Benjamin Constant|année=1982|pages totales=574|isbn=0-7294-0280-0}}.
* [[Annie Jourdan]], ''Le Rendez-vous manqué. Germaine de Staël une femme d’influence face à Napoléon'', Flammarion, 2023.
* André Lang, ''Une vie d'orages, Germaine de Staël'', Paris, Calmann-Lévy, 1958, 320{{nb p.}}
* [[Marcel Laurent (écrivain)|Marcel Laurent]], ''Prosper de Barante et Madame de Staël'', Saint-Laure, M. Laurent, 1972.
* {{Article|langue=fr|prénom1=Maurice|nom1=Levaillant|titre=Le grand amour de Madame de Staël|périodique=Le Figaro|lien périodique=Le Figaro|jour=24|mois=octobre|année=1924|pages=|url texte=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k273556f}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Mohamed Mahmoud|nom1=Mohamedou|lien auteur1=Mohamed Mahmoud Ould Mohamedou|prénom2=Davide|nom2=Rodogno|titre=Temps, espaces et histoires|sous-titre=monuments et héritage raciste et colonial dans l'espace public genevois : état des lieux historique|lieu=Genève|éditeur=[[Institut de hautes études internationales et du développement]]|année=2022|pages totales=179|passage=116-118|isbn=978-2-940600-32-8|lire en ligne=https://www.geneve.ch/sites/default/files/2022-03/monuments-heritage-raciste-colonial-espace-public-etude-2022-ville-geneve.pdf}}.
* [[Liesel Schiffer]], ''Femmes remarquables au {{s-|XIX}}'' (préface de [[Jean Tulard]]), Paris, [[Vuibert]], 2008, 305 p. {{ISBN|978-2-71174-442-8}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Georges Solovieff|titre=Madame de Staël. Choix de textes. Thématique et actualité|lieu=Paris|éditeur=[[Klincksieck]]|année=1974|pages totales=278|isbn=}}{{Commentaire biblio|Avec une notice biographique, un résumé de chaque ouvrage et des commentaires.}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Chinatsu Takeda|titre=Mme de Staël and political liberalism in France|lieu=Singapour|éditeur=[[Palgrave Macmillan]]|année=2018|pages totales=366|isbn=978-981-10-8086-9}}.
* [[Henri Troyat]], ''Alexandre {{Ier}} : Le Sphinx du Nord'', Flammarion, Paris, 1981, {{p.|208-209}}.
* Annika Haß, Europäischer Buchmarkt und Gelehrtenrepublik: Die transnationale Verlagsbuchhandlung Treuttel & Würtz, 1750–1850, Heidelberg: Heidelberg University Publishing, 2023 (Pariser Historische Studien, Band 127). https://doi.org/10.17885/heiup.817
* [[Michel Winock]], ''Madame de Staël'', Paris, Fayard, 2010.
* Winfried Wehle, « Trauma et Éruption : La Littérature comme mise en scène de l'inconscient. Réflexions sur ''Corinne ou l’Italie'' de Madame de Staël », ''Revue d'histoire littéraire de la France : revue trimestrielle'', {{n°|110}}, 2010, {{p.|35-64}} ([http://edoc.ku-eichstaett.de/4245/1/Trauma_31.pdf lire en ligne]).
* {{Chapitre|langue=fr|auteur1=Enzo Neppi|titre chapitre=Corinne ou l’Italie de Germaine de Staël. Les impasses de la rencontre culturelle et amoureuse entre les « nations » dans l’Europe du XIXe siècle|auteurs ouvrage=Aurélien Aramini et Elena Bovo (dir.)|titre ouvrage=La pensée de la race en Italie|sous-titre ouvrage=Du romantisme au fascisme|lieu=Besançon|éditeur=Presses universitaires de Franche-Comté|année=2018|passage=23-38|isbn=978-2-84867-621-0|doi=10.4000/books.pufc.5153|accès doi=libre|lire en ligne=https://books.openedition.org/pufc/5153}}.


===Bibliographie===
=== Articles connexes ===
* Famille [[Staël von Holstein]]
*Françoise d' Eaubonne, ''Une femme témoin de son siècle, Germaine de Staël'', Flammarion, 1966
* [[Club de Salm]]
*Henri Guillemin, ''Madame de Staël et Napoléon'', Éditions du Panorama, 1966
* [[Groupe de Coppet]]
*J. Christopher Herold, ''Germaine Necker de Staël'', Plon, 1962
* [[François de Pange]]
*André Lang, ''Une vie d'orages, Germaine de Staël'', Calmann-Lévy, 1958
*[[Marcel Laurent]], ''Prosper de Barante et Madame de Staël'', 1972.
*Ghislain de Diesbach, ''Madame de Staël'', Perrin, 1983 (rééd. 2008) {{ISBN|978-2262002848|978-2266014267|978-2262028114}}
*{{biblio|auteur=Georges Solovieff|titre=Madame de Staël. Choix de textes. Thématique et actualité|commentaire=Avec une notice biographique, un résumé de chaque ouvrage et des commentaires|éditeur=Klincksieck|années=1974|pages=278}}


===Liens externes===
=== Liens externes ===
* {{Cite archive|fonds=Staël (Anne-Louise-Germaine de) (1812-1834)|cote=P Staël (de)|institution=Archives cantonales vaudoises|présentation en ligne=https://davel.vd.ch/detail.aspx?ID=32158}}
{{Commons | Madame_de_Staël}}
* {{Cite archive |dossier=Affaire de Coppet, de Madame de Staël et de ses héritiers, 1794.07.28-1817 |importance=1 enveloppe |fonds=Secretan (Louis) |cote=PP 32/17-30 |institution=[[Archives cantonales vaudoises]] |présentation en ligne=https://davel.vd.ch/detail.aspx?ID=122983}}
*[http://www.stael.org/ Société des études staëliennes]
* [http://www.stael.org/ Société des études staëliennes]
*[http://www.museeprotestant.org/Pages/Notices.php?noticeid=364&scatid=71&lev=1 Musée virtuel du protestantisme français]
* [http://www.museeprotestant.org/notice/germaine-de-stael-1766-1817/ Germaine de Staël (1766-1817)], notice publiée sur le [[Musée protestant|Musée virtuel du protestantisme]]
* [http://gallica.bnf.fr/scripts/catalog.php?Mod=i&Titre=&FondsTout=on&FondsTxt=on&FondsImp=on&FondsPer=on&FondsImg=on&FondsAud=on&FondsMan=on&Auteur=germaine+de+sta%EBl&Sujet=&RPT= Œuvres de Germaine de Staël] {{Gallica}}
* [https://gallica.bnf.fr/Search?idArk=&n=10&p=1&lang=fr&adva=1&adv=1&reset=&urlReferer=%2Fadvancedsearch%3Flang%3Dfr&enreg=&ope1=MUST&catsel1=f_creator&cat1=Germaine+de+Sta%C3%ABl&catpar1=tou&ope2=MUST&catsel2=f_title&cat2=&catpar2=tou&ope3=MUST&catsel3=f_content&cat3=&catpar3=tou&ope4=MUST&catsel4=f_tdm&cat4=&catpar4=tou&ope5=MUST&catsel5=f_metadata&cat5=&catpar5=tou&date=daEx&daFr=&toutesLangues=toutes&tousTypes=tous&toutTheme=Tous&allAccessType=Tous&allProvenances=Tous&sel_provenance_Part=toutPartenaires&sel_provenance_Edist=toutSNE&firstIndexationDateDebut=&firstIndexationDateFin= Œuvres de Germaine de Staël] {{Gallica}}
*[http://www.catallaxia.org/index.php?title=Germaine_de_Stael Textes sur Catallaxia]
* Mariage célébré le 17 janvier 1786 à la chapelle de l'ambassadeur de Suède [https://sok.riksarkivet.se/bildvisning/A0059668_00081#?c=&m=&s=&cv=80&xywh=-358%2C-404%2C6600%2C3729 (en ligne, image 81)].


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[[es:Madame de Staël]]
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[[it:Madame de Staël]]
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[[lt:Anne Louise Germaine de Staël]]
[[nl:Madame de Staël]]
[[no:Germaine de Staël]]
[[pt:Anne Louise Germaine de Staël]]
[[ro:Madame de Staël]]
[[ru:Сталь, Анна де]]
[[sv:Germaine de Staël]]
[[tr:Anne Louise Germaine de Staël]]

Dernière version du 13 août 2024 à 19:07

Germaine de Staël
Portrait de Germaine de Staël par Marie-Éléonore Godefroid d'après François Gérard, château de Versailles.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Anne-Louise Germaine Necker
Surnom
Madame de Staël
Nationalités
Activité
Père
Mère
Conjoints
Erik Magnus Staël von Holstein (de à )
Albert de Rocca (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Auguste-Louis de Staël-Holstein
Albertine de Broglie (en)
Louis Alphonse de Rocca (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Louis Necker (oncle)
Jacques Necker (d) (cousin)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Propriétaire de
Mouvement
Genre artistique
Adjectifs dérivés
staëlien
Prononciation
Blason
Œuvres principales
signature de Germaine de Staël
Signature de Germaine de Staël.
Plaque commémorative de la rencontre entre Germaine de Staël et Napoléon.

Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, connue sous le nom de Madame de Staël (/stal/)[1], est une romancière, épistolière et philosophe genevoise[2] et française[3] née le à Paris où elle est morte le [4].

Issue d'une famille de protestants valdo-genevois[5] particulièrement aisée, elle est la fille du ministre des finances de Louis XVI Jacques Necker, et de Suzanne Curchod qui tient salon littéraire et lui donne accès à un savoir encyclopédique. Elle épouse, en 1786, le baron Erik Magnus Staël von Holstein, ambassadeur du roi Gustave III de Suède auprès de la cour de France à Versailles. Le couple se séparera en 1800. Devenue baronne de Staël, elle mène une vie sentimentale agitée et entretient en particulier une relation orageuse avec Benjamin Constant, écrivain et homme politique franco-vaudois rencontré en 1794.

Entretemps, sa réputation littéraire et intellectuelle s'est affirmée grâce à trois essais philosophiques que sont les Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau (1788), De l'influence des passions sur le bonheur de l'individu et des nations (1796) et De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800)[a].

Favorable à la Révolution française et aux idéaux de 1789, elle adopte une position critique dès 1791 et ses idées d'une monarchie constitutionnelle la font considérer comme une opposante gênante par les maîtres de la révolution. Malgré le statut de diplomate de son mari, elle doit se réfugier auprès de son père en Suisse à plusieurs reprises. Interdite de séjour sur le sol français par Napoléon Bonaparte qui la considère comme un obstacle à sa politique, elle s'installe en Suisse dans le château familial de Coppet qui sert de lieu principal de rencontres au groupe du même nom, et d'où elle fait paraître Delphine (1802), Corinne ou l'Italie (1807)[6] et De l'Allemagne (1810/1813[b]).

Veuve en 1802, elle se remarie en 1811 avec un jeune officier genevois, Albert de Rocca, et rouvre son salon parisien à la faveur de la Restauration de la maison de Bourbon.

Grâce à la publication de De l'Allemagne (1813-14), elle popularise en France les œuvres des auteurs de langue allemande, jusqu'alors relativement méconnues. Elle ouvre ainsi la voie au romantisme français, directement inspiré des premiers romantiques allemands et anglais. Ses œuvres fictionnelles majeures, dans lesquelles elle représente des femmes victimes des contraintes sociales qui les enchaînent, sont Delphine (1802) et Corinne ou l'Italie édité à Londres en 1807 et 1808 par Jean-Gabriel Peltier.

Elle meurt en 1817, peu de temps après une attaque de paralysie qui la terrasse au cours d'un bal que donnait le duc Decazes, laissant inachevées ses Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, ouvrage posthume publié en 1818, ainsi que ses Dix années d'exil, parues à titre posthume en 1821.

Suzanne Curchod (Madame Jacques Necker), mère de Germaine Necker.

Germaine Necker naît à Paris, dans l'ancien hôtel d'Hallwyll, rue Michel-le-Comte, le . Élevée par sa mère Suzanne Curchod, fille d'un pasteur calviniste, aux conceptions religieuses dévotes, Germaine reçoit une éducation opposée au système de Rousseau, qui considérait que le développement moral devait suivre le perfectionnement des organes de perception, Mme Necker considérant qu'il faut exercer l'intelligence par un afflux précoce d'idées[7]. Elle lui donne une instruction encyclopédique et l'enfant suscite rapidement la curiosité des hôtes de ses parents par l'étendue de son érudition. Son père est le financier Jacques Necker qui a fait fortune comme banquier à Paris. Il sera ministre des finances du roi de France Louis XVI de 1776 à 1781.

Elle est élevée dans un milieu de gens de lettres, qui fréquentent assidûment le salon de sa mère (Buffon, Marmontel, Grimm, Edward Gibbon, l'abbé Raynal et Jean-François de La Harpe).

Le goût de la vie sociale parisienne et l'intérêt de sa famille pour la politique la lient cependant davantage à la France. Très jeune, à quatorze ans à peine, elle tient son cercle et sait converser avec les hôtes du salon de sa mère. Elle a appris l'anglais et le latin, l'art de la danse et la musique, la récitation et la diction, est souvent allée au théâtre. Tout fait d'elle une jeune fille différente, par son érudition et sa culture, des jeunes filles de son milieu, élevées de façon plus traditionnelle, qui étonne ses contemporains par la vivacité de son intelligence[8].

Erik de Staël, premier mari de Germaine Necker vers 1782.

Le prestige de son père lui ouvre les portes de ce que l'Europe compte à la fois d'aristocrates et d'intellectuels éclairés. Ses parents ne veulent pas d'un gendre catholique, mais il y a fort peu de protestants dans la noblesse française, et les amis suisses qu'ils fréquentent sont jugés trop provinciaux. Elle rejette inlassablement ses nombreux prétendants : Axel de Fersen, ambassadeur de Suède, Georges-Auguste de Mecklembourg, pourtant beau-frère du roi Georges III du Royaume-Uni, Louis Marie de Narbonne-Lara, réputé fils naturel de Louis XV[9], qui devient un de ses amants par la suite, et même William Pitt[10], premier ministre britannique, sont parmi les plus connus.

À dix-neuf ans, obéissant au projet de ses parents, elle se marie avec le baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède, de dix-sept ans son aîné, en 1786[11]. S'étant porté candidat alors qu'elle n'a que treize ans, il sait attendre, et leur mariage est célébré le dans la chapelle luthérienne de l'ambassade de Suède. Le soir de son mariage, en changeant de nom, elle décide d'utiliser son troisième prénom, devenant Germaine de Staël[12].

Jeune femme

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L'Ambassade de Suède à l’hôtel de Ségur, devenu hôtel de Salm-Dyck.

Ce mariage arrangé avec un homme de 17 ans son aîné n'est pas un mariage d'amour, pas même un mariage heureux, et la jeune femme cherche ailleurs un bonheur qu'elle n'a pas. Sa vie entière est d'ailleurs une quête perpétuelle d'un bonheur, qu'elle ne trouve guère. Son mari de noblesse immémoriale mais désargenté est parvenu à se faire nommer ambassadeur de Suède auprès de la cour de France, ce qui lui procure une pension confortable de 25 000 livres alors que sa femme lui apporte une dot de 25 000 livres[13],[14]. La fortune de son épouse permet au diplomate scandinave de mener un train de vie qui rehausse l'éclat de sa patrie aux yeux des Français.

À la suite de sa mère, elle ouvre un salon à l'hôtel de Suède, rue du Bac, en 1795, où elle reçoit les représentants d'une nouvelle génération professant les idées neuves qui sont proches des siennes, contemporains de la guerre d'indépendance en Amérique, qui y ont participé parfois d'ailleurs – La Fayette, Noailles, Clermont-Tonnerre, Condorcet, François de Pange et les trois hommes qu'elle aime le plus à cette époque : Louis Marie de Narbonne-Lara, sa première grande passion, Mathieu de Montmorency, l'ami de toute sa vie, Talleyrand, le traître à l'amitié. Elle favorisera notamment le retour d'exil aux États-Unis d'Amérique de ce dernier. Ils entretiendront une relation épistolaire fournie tout au long de leur vie.

La Révolution

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Le 5 mai 1789, Germaine de Staël assiste à l'ouverture des États généraux à Versailles où elle rencontre le jeune Mathieu de Montmorency.

Voyant dans l'Angleterre la meilleure expression de la liberté, lectrice passionnée de Rousseau, marquée par les idées des Lumières, elle accueille favorablement la Révolution et, le , assiste à l'ouverture des États généraux. Son père doit démissionner en , contraint de laisser au Trésor royal deux millions de livres qu'il lui avait prêtés, et que sa fille s'efforcera en vain de réclamer toute sa vie. À partir de 1792, la situation devient difficile. Elle déploie une grande énergie dans les dernières semaines de la monarchie s'efforçant de sauver proches et amis. Soutenant l'idée d'une monarchie constitutionnelle, elle se coupe tant des partisans d'une République que des tenants de l'absolutisme, et doit s'exiler, en 1793, en Angleterre, où elle séjourne quelques mois avec les amis qui fréquentaient son salon. Sa vie est par la suite souvent marquée par l'exil.

En Suisse, elle s'éprend de François de Pange, qui a émigré dans des conditions difficiles et qui, devenu imprimeur pour survivre, publiera ses œuvres La Paix puis Zulma. Ami sincère, il se montrera un critique objectif et sévère. En revanche, nature délicate et droite, il ne répond pas aux sentiments passionnés de Germaine. Ayant appris que sa cousine Anne-Louise de Domangeville avait échappé de peu à la guillotine et avait été libérée après la chute de Robespierre, il retourne en France et l'épouse, au grand dam de Germaine. Lorsqu’il meurt, quelques mois plus tard, Anne-Louise de Domangeville se résout, pour faire face à ses créanciers, à convoler pour la troisième fois, suscitant les remarques amères de Germaine de Staël.

Revenue à son tour en France, Germaine publie, en septembre, des Réflexions sur le procès de la Reine, plaidoyer en faveur de Marie-Antoinette à l'adresse des autres femmes[15] où elle dénonce les misères de la condition féminine. Désormais, elle fait publier elle-même ses œuvres littéraires, rejetant d'une part le merveilleux et l'allégorique des contes, et d'autre part le roman historique et le décor antique, mettant en scène, d'une manière moderne pour l'époque, les caractères et les conditions sociales de son temps.

Le Directoire et Napoléon

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Bonaparte en 1803 par François Gérard.

« Un seul homme de moins et le monde serait en repos[16]. »

Elle est de retour en France pendant le Directoire, elle parvient à se mettre à dos aussi bien royalistes que jacobins, ces derniers dénonçant l'aide qu'elle apporte aux émigrés et les deux partis étant agacés par la prétention de Germaine et de Benjamin Constant de devenir les mentors de la vie politique parisienne. Lorsque le Directoire envisage d'envahir les cantons suisses, elle s'efforce d'en dissuader Bonaparte, par crainte que la France n’y abroge les droits féodaux dont jouit son père à Coppet.

Elle est fascinée par le jeune général, mais celui-ci répond par une grande froideur à ses avances. Le , Talleyrand lui ménage une entrevue avec Bonaparte, en qui elle voit un libéral appelé à faire triompher le véritable idéal de la Révolution ; elle le rencontre plusieurs fois par la suite. Impressionnée, elle l'assaille de questions : « — Général, quelle est pour vous la première des femmes ? — Celle qui fait le plus d'enfants, Madame » lui aurait-il répondu. C'est le début d'une longue animosité.

Madame de Staël achève de perdre ses illusions, après le coup d'État du 18 Brumaire et la promulgation de la Constitution de l'an VIII. Elle devient l'une des pierres angulaires de la résistance contre le régime de plus en plus dictatorial de Bonaparte. Victor Hugo cite Madame de Staël parmi les rares qui ne se sont pas agenouillés devant Napoléon[17]. Beaucoup d'intellectuels doivent opter pour une vie dans la clandestinité, et c'est dans l'interdit qu'elle poursuit son œuvre de philosophie politique. Plutôt que de se réfugier dans le silence, elle publie les romans qui lui valent une grande célébrité, mais ne tardent pas à lui valoir un exil – de Paris d'abord, puis de France.

Benjamin Constant.

En , Madame de Staël est chassée de Paris dont elle ne doit pas s'approcher de moins de « quarante lieues »[18]. Avec la publication de Delphine, roman où se mêlent les questions politiques et sociales de son temps, l'anglophilie de l'époque, la supériorité du protestantisme sur le catholicisme, le divorce, qui dénonce ouvertement la régression à tous points de vue de la condition féminine, malgré la Révolution, les malheurs auxquels leur position dans la famille patriarcale condamne les femmes. Cela n'est évidemment pas pour plaire à Napoléon, devenu empereur, à qui on doit un Code civil français qui fait perdre aux femmes certains acquis de la Révolution qu'elles vont mettre plus d'un siècle à recouvrer.

Cela lui vaut, en revanche, un immense succès dans toute l'Europe — également des critiques, virulentes, attisées par l'hostilité de l'Empereur à son encontre.

Veuve en 1802, elle entretient une longue relation avec Benjamin Constant, rencontré en 1794, qui l'accompagne dans son exil. Vaudois comme elle, il est en définitive issu de la même région et protestant comme elle, mais il aime vivre seulement à Paris. Il ne parvient à se fixer ni auprès d'elle ni ailleurs. Cette liaison, longue et orageuse, est l'une des plus surprenantes qu’ait laissée l'histoire du monde littéraire. « Je n'avais rien vu de pareil au monde » écrit-il, « J'en devins passionnément amoureux ». Mais la volonté de tout régenter de Madame de Staël, et les tromperies de Benjamin Constant, font qu'ils se séparent après une demande en mariage que Madame de Staël refuse.

Johann Wolfgang von Goethe.

De la fin de l'année 1803 au printemps 1804, Madame de Staël fait avec Benjamin Constant un voyage de plusieurs mois en Allemagne, où elle est reçue dans les cours princières comme un chef d'État. Sur le chemin de l'exil, elle s'arrête plus d'une semaine à Metz, pour y rencontrer Charles de Villers avec qui elle entretenait une importante correspondance, et qui se rendait à Paris[19]. Elle a appris l'allemand auprès du précepteur de ses enfants, ce qui est une curiosité originale à l'époque alors que la plupart de ses contemporains tiennent les États allemands pour des nations arriérées. Elle rencontre Schiller, Goethe et, de façon générale, la majeure partie de l'intelligentsia allemande. Elle y découvre une littérature inconnue en France, qu'elle révèle aux Français dans son ouvrage De l'Allemagne, où elle dépeint une Allemagne sentimentale et candide, image qui eut une grande influence sur le regard que les Français ont porté sur ce pays durant tout le XIXe siècle. Elle entreprend également un voyage en Italie à la fin de la même année : il faut, dit-elle, avoir « l'esprit européen » ; elle ne cessera, de sa vie, de défendre cette position.

Benjamin Constant s'éprend de Juliette Récamier, dans une passion malheureuse. Son ancienne amante écrit de lui : « Un homme qui n'aime que l'impossible ».

Le château de Coppet.

En 1805, de retour au château de Coppet[18], le seul endroit où elle peut vivre dans l'Europe napoléonienne, elle y commence Corinne ou l'Italie, roman dans lequel l'héroïne, à la recherche de son indépendance, meurt de cette recherche. Elle s'inspire du défunt François de Pange pour créer le personnage d'Oswald. En ce lieu, elle reçoit également nombre de personnalités et d'intellectuels européens gravitant autour du Groupe de Coppet.

Germaine de Staël en Corinne (1807), Firmin Massot, huile sur bois, 61 x 52 cm - Collection du château de Coppet (Suisse).

Elle se remarie, en 1811, avec Albert de Rocca, jeune officier d'origine suisse, de 22 ans son cadet, dont elle a un fils.

Albert Jean Michel Rocca, deuxième mari de Germaine de Staël.

À la parution de De l'Allemagne, en 1810, où elle appelle explicitement à l'unité allemande, l'ouvrage est immédiatement saisi et mis au pilon[18] sur ordre de Napoléon. Cela marque pour Madame de Staël le début des années d'exil. Le , le ministre de la Police, Savary, duc de Rovigo, lui envoie un courrier : « Votre dernier ouvrage n’est point français. Il m’a paru que l’air de ce pays-ci ne vous convenait point, et nous n’en sommes pas encore réduits à chercher des modèles dans les peuples que vous admirez[20]. » L'assignant à résidence dans son château de Coppet, l'Empereur la fait espionner sans trêve, lui interdisant toute publication et punissant d'exil toutes les personnes ayant souhaité adoucir ses souffrances en lui rendant visite, parmi lesquelles Juliette Récamier. En , elle quitte Coppet avec ses deux enfants et son époux, Albert de Rocca. Espérant rallier l'Angleterre, elle est contrainte de passer par la Russie et séjourne à Saint-Pétersbourg. Là, elle prend des notes pour le futur De la Russie et des royaumes du Nord — les futures Dix années d'exil.

Charles XIV Jean de Suède.

Elle rencontre aussi à Saint-Pétersbourg le baron vom Stein, fervent opposant de Napoléon. Elle parvient enfin à se réfugier à Stockholm, auprès de Bernadotte, devenu prince héritier du trône de Suède, où elle devient l'inspiratrice d'une alliance anti-napoléonienne, acquérant ainsi une stature politique plus marquée. Elle se rend en Angleterre en 1813, et rencontre à Londres le futur Louis XVIII, en qui elle souhaite voir un souverain capable de réaliser la monarchie constitutionnelle.

Elle rentre en France au printemps 1814, après avoir publié outre-Manche Sapho, où reparaît le thème de la femme géniale et incomprise qui finit par mourir de douleur et d'amour, ainsi que ses Réflexions sur le suicide.

Retour à Paris

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Joséphine de Beauharnais.

De retour à Paris, Germaine de Staël reçoit rois, ministres et généraux. Madame de Staël se démarque par une réelle ambition politique ; combative et passée à l'opposition, elle est une propagandiste très active. Durant le premier exil de Napoléon, bien qu'alliée avec circonspection aux Bourbons[21], elle fait prévenir l'empereur d'une tentative d'assassinat[22], et celui-ci, pour la rallier à sa cause, lui fait promettre le remboursement d'une somme jadis prêtée par son père au trésor[23]. Cette thèse est vue différemment par l'historien Jean Tulard. En effet Madame de Staël aurait offert ses services à l'Empereur en échange de deux millions de francs. Elle était disposée à lui offrir sa plume et ses principes. Napoléon répondit qu'il n'était pas assez riche pour les payer tout ce prix[24].

Elle visite Joséphine, très malade, au château de Malmaison pour lui demander ce qu'a été sa vie avec l'empereur.

Affligée, depuis quelque temps, d’un gonflement œdémateux des jambes, elle consulte, à son retour à Paris, le Dr Portal, son médecin depuis l’enfance, ainsi que celui de son père[25]. Celui-ci constate, outre l’aggravation de l’œdème, que son teint, naturellement sombre, est devenu encore plus sombre, que ses yeux ont même pris une couleur jaune et que sa digestion était douloureuse[25].

Éprouvant une grande agitation et un manque de sommeil, elle avait longtemps été incapable de les soulager à l’aide d’un ou plusieurs grains d’opium, qu’elle prenait tous les soirs[25]. L’ennui qui la consumait en Suisse l’a amenée à trop user de l’opium, qui soutenait son génie[26], mais dont elle a fini par devenir dépendante[27].

Elle succombe, le , à une hémorragie cérébrale, s'écroulant dans les bras de son gendre Victor de Broglie.

On lui prête ce mot que lui aurait inspiré la vue du vignoble de Coppet : « Je préfère le vin d'ici à l'eau de là ».

Elle est inhumée conformément à ses vœux auprès de ses parents dans la chapelle funéraire qu'avait fait édifier sa mère, fille d'un pasteur vaudois, en 1793-1794 (architecte Jean-Pierre Noblet, marbrier Jean-François Doret) à peu de distance du château de Coppet[28].

La postérité

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Portrait de Germaine de Staël en 1812 par Vladimir Borovikovski.

L'histoire littéraire laisse d'elle l'image d'une femme curieuse de tout, à la conversation brillante et aux écrits avant-gardistes. Car Germaine de Staël est une pionnière dans bien des domaines, ayant touché dans ses écrits tant à l'histoire qu'à la théorie littéraire, en passant par le roman. Si on lui doit notamment (ainsi qu'à Chateaubriand) l'introduction du romantisme en littérature française, c'est également elle qui popularise en France le terme de « romantisme »[29], introduit par Pierre Le Tourneur[30], et celui de « littérature », qui se substitue dès lors à celui de « belles-lettres », achevant de consacrer l'émancipation de la littérature vis-à-vis des sciences normatives notamment. Dans ses romans, elle présente les femmes comme les victimes des contraintes sociales les empêchant d'affirmer leur personnalité, et ne pouvant vivre de leur talent qu'au prix de la renonciation à l'amour. Elle revendique le droit au bonheur pour toutes, et pour elle-même. Cette revendication de droit au bonheur (qui se confondait avec le droit d'aimer) sera reprise, bien que sous des modalités différentes, par George Sand. Égérie, par sa place centrale dans le Groupe de Coppet, d'un cosmopolitisme en avance sur son temps, Germaine de Staël est une femme moderne dans une Europe qu'elle parcourt en tous sens et décrit abondamment. La première édition d'oeuvres complètes est publié par son fils dans la maison Treuttel et Würtz, 1820-1821[31].

À Paris, sa mémoire est honorée par une rue et une statue, donnant sur le jardin du côté sud de l'hôtel de ville. A Genève, une rue porte son nom depuis le , la Rue Madame-De-Staël[32]. La Bibliothèque de Genève possède un buste de Germaine de Staël, ce qui fait d'elle une des rares femmes à avoir été portraiturée de cette manière à Genève au XIXe siècle[33].

Descendance

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Germaine de Staël et sa fille Albertine en 1805, par Marguerite Gérard.

De son mariage avec son premier époux Erik Magnus Staël von Holstein Germaine de Staël a quatre enfants :

De son second mariage, avec Albert de Rocca Germaine de Staël a, à 46 ans, un fils :

  • Louis-Alphonse Rocca (1812-1842).
Plaque à l'hôtel de Gallifet (Paris).
Plaque commémorative à Londres (Soho).

Postérité

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Littérature

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Germaine de Staël apparaît, en compagnie de Benjamin Constant, de Charles de Villers et de Dorothea von Rodde, dans un roman d'Anne Villemin Sicherman, 1803 la nuit de la sage-femme, 2023.

Littérature jeunesse

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Filmographie

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Télévision

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Delphine, par Madame de Staël, édition de 1803 en plusieurs volumes.
page de titre de De l'Allemagne, édition de 1813 à Londres.
  • Journal de Jeunesse, 1785.
  • Sophie ou les sentiments secrets, pièce en trois actes et en vers, 1786, publiée en 1790.
  • Jane Gray (tragédie en cinq actes et en vers), 1787 (publié en 1790).
  • Lettres sur les ouvrages et le caractère de J.-J. Rousseau, 1788 (lire en ligne sur Gallica), rééd. & augmentée en 1789.
  • Éloge de M. de Guibert.
  • À quels signes peut-on reconnaître quelle est l'opinion de la majorité de la nation ?
  • Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.
  • Zulma : fragment d'un ouvrage, 1794, lire en ligne sur Gallica
  • Réflexions sur la paix adressées à M. Pitt et aux Français, 1795, lire en ligne sur Gallica.
  • Réflexions sur la paix intérieure.
  • Recueil de morceaux détachés (comprenant : Épître au malheur ou Adèle et Édouard, Essai sur les fictions et trois nouvelles : Mirza ou lettre d'un voyageur, Adélaïde et Théodore et Histoire de Pauline), 1795.
  • De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations, 1796, lire en ligne sur Gallica.
  • Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France.
  • De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, 1800, lire en ligne sur Gallica.
  • Delphine, 1802, lire en ligne sur Gallica.
  • Épîtres sur Naples.
  • Corinne ou l'Italie, 1807, lire en ligne sur Gallica.
  • Agar dans le désert.
  • Geneviève de Brabant.
  • La Sunamite[38].
  • Le Capitaine Kernadec ou sept années en un jour (comédie en deux actes et en prose).
  • La Signora Fantastici.
  • Le Mannequin, comédie.
  • Sapho, 1811.
  • De l'Allemagne, publié à Londres en 1813 et à Paris en 1814, André Lagarde, Laurent Michard, XIXe siècle (Les Grands auteurs du programme français - Anthologie et histoire littéraire), Paris, Bordas, 1985, p. 13.
    L’ouvrage était déjà prêt en 1810, mais les épreuves en ont été détruites sur ordre de Napoléon.
  • Réflexions sur le suicide, 1813 ,lire en ligne sur Gallica.
  • De l'esprit des traductions.
  • Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, depuis son origine jusques et compris le , ouvrage posthume publié par M. le duc de Broglie et M. le baron de Staël, 1818, 3 volumes, Paris, tome premier, tome second, tome troisième ;
  • Œuvres complètes de Mme la Baronne de Staël, publiées par son fils, précédées d'une notice sur le caractère et les écrits de Mme de Staël, par Mme Necker de Saussure, 1820-1821, lire en ligne sur Gallica.
  • Dix années d'exil, 1821 (posthume).

Éditions modernes

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  • Lettres de Madame de Staël à Madame de Récamier, première édition intégrale, présentées et annotées par Emmanuel Beau de Loménie, éditions Domat, Paris, 1952.
  • Œuvres complètes de Madame de Staël, en cours de publication aux éditions Honoré Champion :
    1. Série I. Œuvres critiques :
      • Tome I. Lettres sur les écrits et le caractère de J.-J. Rousseau. - De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations. - De l'éducation de l'âme par la vie./Réflexions sur le suicide. - Sous la direction de Florence Lotterie. Textes établis et présentés par Florence Lotterie. Annotation par Anne Amend Söchting, Anne Brousteau, Florence Lotterie, Laurence Vanoflen. 2008. (ISBN 978-2-7453-1642-4).
      • Tome II. De la littérature et autres essais littéraires. En préparation
      • Tome III. De l'Allemagne. En préparation
    2. série II. Œuvres littéraires :
      • Tome I. Écrits autobiographiques. Nouvelles. Œuvres poétiques. En préparation
      • Tome II. Delphine. Texte établi par Lucia Omacini et annoté par Simone Balayé. 2004. (ISBN 978-2-7453-0957-0).
      • Tome III. Corinne ou l'Italie. Édition critique par Simone Balayé. Prix Chartier 2001. 2000. (ISBN 978-2-7453-0288-5).
      • Tome IV. Œuvres dramatiques. En préparation
    3. Série III. Œuvres historiques :
      • Tome I. Des circonstances actuelles et autres essais politiques sous la Révolution. 2009. (ISBN 978-2-7453-1905-0).
      • Tome II. Considérations sur la Révolution française. En préparation
      • Tome III. Dix années d'exil et autres essais politiques sous l'Empire et la Restauration. En préparation
  • Correspondance générale. Texte établi et présenté par Béatrice W. Jasinski et Othenin d'Haussonville. Slatkine (Réimpression), 2008-2009.
    1. Tome I. 1777-1791. (ISBN 978-2-05-102081-7).
    2. Tome II. 1792-1794. (ISBN 978-2-05-102082-4).
    3. Tome III. 1794-1796. (ISBN 978-2-05-102083-1).
    4. Tome IV. 1796-1803. (ISBN 978-2-05-102084-8).
    5. Tome V. 1803-1805. (ISBN 978-2-05-102085-5).
    6. Tome VI. 1805-1809. (ISBN 978-2-05-102086-2).
    7. Tome VII. . (ISBN 978-2-05-102087-9).
  • La passion de la liberté, Préface de Michel Winock, Paris, Robert Laffont, 2017 (ISBN 9782221191996). Le livre contient:
    • De l'influence des passions sur le bonheur
    • Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution
    • Considérations sur la Révolution française
    • Dix années d'exil
  • Madame de Staël ou l'intelligence politique. Sa pensée, ses amis, ses amants, ses ennemis…, textes de présentation et de liaison de Michel Aubouin, Omnibus, 2017, 576 p.  (ISBN 978-2-258-14267-1)
    Lettres de Mme de Staël, extraits de ses textes politiques et de ses romans, textes et extraits de lettres de Chateaubriand, Talleyrand, Napoléon, Benjamin Constant…

Notes et références

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  1. Dans l'essai De la littérature…, elle présente Ossian comme « l'Homère du Nord ».
  2. Mais en octobre 1810, la censure ayant été renforcée en France napoléonienne, De l'Allemagne est envoyé au pilon avant sa parution. Un jeu d'épreuves est sauvé par A.W. Schlegel et mis en sûreté à Vienne en mai 1811, tandis que Madame de Staël commence les Dix années d'exil. De l'Allemagne paraît en français à Londres en 1813. Voir la « Chronologie » de Simone Balayé dans Madame de Staël, De l'Allemagne, Paris, GF-Flammarion, 1968.

Références

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  1. Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, 1994.
  2. Staël, Germaine de dans le Dictionnaire historique de la Suisse.
  3. Notice sur larousse.fr.
  4. « Germaine de Staël », sur BNF DATA
  5. Etienne Hofmann, « Staël, Germaine (de) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  6. Enzo Neppi, « Corinne ou l’Italie de Germaine de Staël. Les impasses de la rencontre culturelle et amoureuse entre les "nations" dans l’Europe du XIXe siècle », dans La pensée de la race en Italie, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2-84867-621-0, DOI 10.4000/books.pufc.5153, lire en ligne), p. 23-38
  7. « Notice sur le caractère et les écrits de Madame de Staël », Œuvres complètes de Madame la baronne de Staël-Holstein, Paris, Firmin Didot frères, 1836, tome 2, p. 5.
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Bibliographie

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  • Georges Solovieff, Madame de Staël. Choix de textes. Thématique et actualité, Paris, Klincksieck, , 278 p.
    Avec une notice biographique, un résumé de chaque ouvrage et des commentaires.
  • (en) Chinatsu Takeda, Mme de Staël and political liberalism in France, Singapour, Palgrave Macmillan, , 366 p. (ISBN 978-981-10-8086-9).
  • Henri Troyat, Alexandre Ier : Le Sphinx du Nord, Flammarion, Paris, 1981, p. 208-209.
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  • Enzo Neppi, « Corinne ou l’Italie de Germaine de Staël. Les impasses de la rencontre culturelle et amoureuse entre les « nations » dans l’Europe du XIXe siècle », dans Aurélien Aramini et Elena Bovo (dir.), La pensée de la race en Italie : Du romantisme au fascisme, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2-84867-621-0, DOI 10.4000/books.pufc.5153 Accès libre, lire en ligne), p. 23-38.

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