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« Henrietta Lacks » : différence entre les versions

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'''Henrietta Lacks''' née le [[1er août|{{1er}} août]] [[1920]] et morte {{date|4 octobre 1951}}, parfois appelée à tort Henrietta Lakes, Helen Lane ou Helen Larson, est une femme [[Afro-Américains|afro-américaine]] morte d'une [[cancer|tumeur cancéreuse]] à développement très rapide. Ses cellules, dotées de la particularité de se développer à l'infini, sont les premières à avoir pu être cultivées ''[[in vitro]]'' et ont pour cette raison été utilisées dans le monde entier sous le nom de « [[HeLa]] ». Elles ont permis en particulier la mise au point du vaccin contre la [[poliomyélite]] et une meilleure connaissance des tumeurs et des virus, ainsi que des avancées comme le [[clonage]] ou la [[thérapie génique]].
'''Henrietta Lacks''' (née '''Loretta Pleasant''' le [[1er août|{{1er}} août]] [[1920]] et morte {{date|4 octobre 1951}}) est une femme [[Afro-Américains|afro-américaine]] morte d'un [[cancer du col de l'utérus]] à développement très rapide.

Les cellules tumorales isolées d'une biopsie de sa tumeur sont les premières cellules humaines à avoir pu être cultivées ''[[in vitro]]'' avec succès. La [[Lignée cellulaire (médecine)|lignée cellulaire]] qui en est issue s'est révélée particulièrement stable et prolifique et a été utilisée sous le nom de « [[HeLa]] » dans les laboratoires de recherche du monde entier. Les cellules HeLa ont permis en particulier la mise au point du vaccin contre la [[poliomyélite]] et une meilleure connaissance des tumeurs et des virus, ainsi que des avancées comme le [[clonage]] ou la [[thérapie génique]]. Bien que des informations à propos des origines des cellules HeLa étaient connues des chercheurs après 1970, la famille Lacks n'a pas été mise au courant de l'existence de ces cellules avant 1975. La connaissance de la provenance génétique de la lignée cellulaire étant devenue publique, son utilisation pour la recherche médicale et à des fins commerciales continue de susciter des inquiétudes quant à la vie privée et aux droits des patients.


== Biographie ==
== Biographie ==
Henrietta Lacks est née (sous le nom Loretta Pleasant) le {{date|1|août|1920}} à [[Roanoke (Virginie)]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Henrietta Lacks {{!}} Biography & Facts |url=https://www.britannica.com/biography/Henrietta-Lacks |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2020-08-05}}</ref>. Sa mère est morte en donnant naissance à son dixième enfant en 1924<ref>{{en}} http://www.oprah.com/world/Excerpt-From-The-Immortal-Life-of-Henrietta-Lacks_1</ref>. Son père s'est retrouvé incapable d'élever tous ses enfants, et s'est fait aider par sa famille. La petite Henrietta a été élevée par son grand-père Tommy Lacks. Elle partageait sa chambre avec son cousin David "Day" Lacks (1915–2002). Le {{date-|10 avril 1941}} elle se marie avec lui, ils ont eu cinq enfants: Lawrence Lacks, Elsie Lacks, David "Sonny" Lacks (né en 1947), Jr., Deborah Lacks Pullum (1949–2009), et Zakariyya Bari Abdul Rahman (né Joseph Lacks en {{date-|septembre 1950}}). Elle travaillait dans les champs de [[tabac]].


=== Jeunesse et formation ===
Le {{date-|29 janvier 1951}}, à la suite d'une boule dans le ventre et de saignements, elle se rend à l'[[hôpital Johns-Hopkins]] pour se faire examiner dans ce seul grand hôpital de la région qui accueille les patients noirs. Elle n'avait aucune anomalie du [[col de l'utérus]] lors de la visite de contrôle après son accouchement, ce qui indique un développement très rapide de la [[tumeur]]. Après avoir donné naissance à son cinquième enfant, Joseph, elle avait saigné abondamment. Les médecins avaient suspecté la [[syphilis]], mais le test était négatif. Un médecin préleva un échantillon de la tumeur localisé sur son [[col de l'utérus]], qui se révéla être une tumeur maligne très invasive. Elle a été traitée avec des [[Curiethérapie|tubes de radium]]. Pendant son traitement, deux échantillons ont été prélevés, sans son consentement<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Henrietta Lacks, star des labos malgré elle grâce à ses cellules |url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/une-vie-infinie-henrietta-lacks-star-des-labos-malgre-elle_145904 |site=Sciences et Avenir |consulté le=2020-07-20}}</ref>. Elle retourne à l'hôpital le {{date-|8 août}} pour un nouveau traitement, et y meurt le {{date-|4 octobre 1951}} à l'âge de 31 ans. Une autopsie a montré qu'elle avait des [[Métastase (médecine)|métastase]]s dans tout le corps<ref>{{en}} http://hamptonroads.com/2010/05/cancer-cells-killed-her-then-they-made-her-immortal</ref>. Son mari a refusé l'autorisation de prélèvement.

Henrietta Lacks est née (sous le nom Loretta Pleasant) le {{date|1|août|1920}} à [[Roanoke (Virginie)]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Henrietta Lacks {{!}} Biography & Facts |url=https://www.britannica.com/biography/Henrietta-Lacks |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2020-08-05}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur= |titre=Henrietta Lacks, MSA SC 3520-16887 |url=https://msa.maryland.gov/megafile/msa/speccol/sc3500/sc3520/016800/016887/html/16887bio.html |site=msa.maryland.gov |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref> d’Eliza Pleasant (née Lacks) (1886-1924) et John « Johnny » Randall Pleasant (1881-1969). On se souvient d’elle comme ayant des yeux noisette, une petite taille, chaussant du 37 et toujours portant une robe impeccablement plissée et des ongles vernis rouges<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur=Tracie White |titre=Descendants of Henrietta Lacks discuss her famous cell line |url= https://med.stanford.edu/news/all-news/2018/05/descendants-of-henrietta-lacks-discuss-her-famous-cell-line.html|site= |date= 2018-05-02| consulté le=2022-11-26}}</ref>. Sa famille ne sait pas clairement comment son nom a été modifié de Loretta à Henrietta, mais elle était surnommée Hennie<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur=Denise Watson Batts |titre= Cancer cells killed Henrietta Lacks - then made her immortal |url= https://web.archive.org/web/20100513065957/http://hamptonroads.com/2010/05/cancer-cells-killed-her-then-they-made-her-immortal |site= |date= 2010-05-10| consulté le=2022-11-26}}</ref>. Sa mère meurt lorsqu’elle a 4 ans en [[1924 aux États-Unis|1924]], en donnant naissance à son dixième enfant<ref>{{en}} http://www.oprah.com/world/Excerpt-From-The-Immortal-Life-of-Henrietta-Lacks_1</ref>. Incapable d’élever tous ses enfants seuls après le décès de sa femme, son père déménage la famille à [[Clover, Virginia|Clover]], en [[Virginie (États-Unis)|Virginie]], où les enfants sont répartis entre d’autres membre de la famille<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=Henrietta Lacks Bigraphy: The Immortal Woman |url=https://biographics.org/henrietta-lacks-bigraphy-the-immortal-woman/ |site=Biographics |date=2018-03-28 |consulté le=2020-08-05}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-US |auteur= |prénom=Clarence |nom=Spigner |titre=Henrietta Lacks and the Debate Over the Ethics of Bio-Medical Research • |url=https://www.blackpast.org/african-american-history/henrietta-lacks-and-debate-over-ethics-bio-medical-research/ |site=Black Past |date=2012-11-19 |consulté le=2020-08-05}}</ref>. La petite Henrietta a été élevée par son grand-père maternel, Thomas « Tommy » Henry Lacks<ref name=":0">{{Lien web |langue=en-US |titre=Who was Henrietta Lacks? Everything You Need to Know |url=https://www.thefamouspeople.com/profiles/henrietta-lacks-9979.php |site=www.thefamouspeople.com |consulté le=2020-08-05}}</ref>. Elle partageait sa chambre avec son cousin David "Day" Lacks (1915–2002)<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=Henrietta Lacks |url=https://www.biography.com/scientist/henrietta-lacks |site=Biography |consulté le=2020-08-05}}</ref>.

Comme la plupart des membres de sa famille vivant à Clover, Lacks travaille comme cultivatrice dans les champs de [[tabac]] dès son plus jeune âge. Elle nourrit les animaux, s’occupe du jardin et travaille dans les champs de tabac. Elle fréquente l’école noire à trois kilomètres de son habitation, jusqu’à ce qu’elle doive abandonner en sixième année pour aider sa famille <ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=Henrietta Lacks |url= https://www.biography.com/scientist/henrietta-lacks |site=Biography |consulté le=2020-08-05}}</ref>. En 1935, quand elle a 14 ans, Lacks donne naissance à son fils, Lawrence Lacks. En 1939, sa fille Elsie Lacks (1939-1955) nait. Les deux enfants sont de Day Lacks. Elsie souffre d'[[épilepsie]] et d'une [[infirmité motrice cérébrale]], et est décrite par la famille comme « différente » ou « sourde et muette »<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre= Cancer cells killed Henrietta Lacks - then made her immortal |url= https://web.archive.org/web/20100513065957/http://hamptonroads.com/2010/05/cancer-cells-killed-her-then-they-made-her-immortal |site= |consulté le=2022-11-26}}</ref>.

=== Famille ===
Le {{date-|10 avril 1941}} elle épouse son cousin David "Day" Lacks, avec qui elle a cinq enfants : Lawrence Lacks, Elsie Lacks, David "Sonny" Lacks (né en 1947), Jr., Deborah Lacks Pullum (1949–2009) et Zakariyya Bari Abdul Rahman (né Joseph Lacks en {{date-|septembre 1950}})<ref name=":0" />.

=== Maladie ===

====Diagnostic et traitement====

Le {{date-|29 janvier 1951}}, à la suite d'une boule dans le ventre, elle se rend à l'[[hôpital Johns-Hopkins]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Tracing The 'Immortal' Cells Of Henrietta Lacks |url=https://www.npr.org/2011/03/18/134622044/tracing-the-immortal-cells-of-henrietta-lacks |site=NPR.org |consulté le=2020-08-05}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur= |prénom=Benjamin |nom=Butanis |titre=The Legacy of Henrietta Lacks |url=https://www.hopkinsmedicine.org/henriettalacks/ |site=www.hopkinsmedicine.org |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref> pour se faire examiner dans le seul grand hôpital de la région qui accueille les patients noirs. Elle avait par le passé parlé de cette « boule » à son cousin et ils avaient supposé qu’elle était enceinte. Après avoir donné naissance à Joseph, son cinquième enfant, en septembre 1950, elle avait une grave [[hémorragie]]. Son premier médecin traitant suspecte une [[syphilis]], mais le test revient négatif, et elle est renvoyée à Johns Hopkins. Elle n'avait aucune anomalie du [[col de l'utérus]] lors de la visite de contrôle après son accouchement, ce qui indique un développement très rapide de la [[tumeur]].

Un médecin préleva un échantillon de la tumeur localisé sur son [[col de l'utérus]], qui se révéla être une tumeur maligne très invasive. Elle a été traitée avec des [[Curiethérapie|tubes de radium]]. Pendant son traitement, deux échantillons ont été prélevés, sans son consentement<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Henrietta Lacks, star des labos malgré elle grâce à ses cellules |url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/une-vie-infinie-henrietta-lacks-star-des-labos-malgre-elle_145904 |site=Sciences et Avenir |consulté le=2020-07-20}}</ref>. Elle retourne à l'hôpital le {{date-|8 août}} pour un nouveau traitement et y meurt le {{date-|4 octobre 1951}} à l'âge de 31 ans. Une autopsie a montré qu'elle avait des [[Métastase (médecine)|métastase]]s dans tout le corps<ref>{{en}} http://hamptonroads.com/2010/05/cancer-cells-killed-her-then-they-made-her-immortal</ref>. Son mari n'a pas autorisé de prélèvement post-mortem.

Henrietta Lacks est enterrée au petit cimetière familial, le ''{{Langue|en|Lacks Family Cemetery}}'', situé dans la petite ville du [[Comté de Halifax (Virginie)|comté de Halifax]], {{Lien|langue=en|trad=Clover, Virginia|fr=}}<ref>{{Lien web |langue=en |auteur= |titre=Henrietta Pleasant Lacks (1920-1951) - Mémorial... |url=https://fr.findagrave.com/memorial/11698761/henrietta-lacks |site=fr.findagrave.com |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur= |titre=The Time I Visited Henrietta Lacks' Grave and Toured Her Childhood House before Baby Vultures Chased Me Away |url=http://epiphanyinbmore.blogspot.com/2017/08/last-year-three-teacher-friends-and-i.html |site= |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur= |titre=A Historic Day: Henrietta Lacks’s Long Unmarked Grave Finally Gets a Headstone « Rebecca Skloot |url=http://rebeccaskloot.com/2010/05/a-historic-day-henrietta-lackss-long-unmarked-grave-finally-gets-a-headstone/ |site= |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref>.

=== Controverse ===
La question de savoir si et comment son origine ethnique a influencé son traitement, l'absence de consentement et sa non-reconnaissance, continue à être controversée<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Coats, Ta-Neshi |titre=Henrietta Lacks And Race |périodique=The Atlantic |date=15, 2018 |issn= |lire en ligne=https://www.theatlantic.com/entertainment/archive/2010/02/henrietta-lacks-and-race/35286/ |pages= }}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Lynch, Holly Fernandez; Joffe, Steven |titre="A Lesson From the Henrietta Lacks Story: Science Needs Your Cells" |périodique=New York Times |date=21 Avril 2017 |issn= |lire en ligne=https://www.nytimes.com/2017/04/21/opinion/henrietta-lacks-why-science-needs-your-cells.html |pages= }}</ref>. L'étude est encore citée comme un exemple tristement célèbre de manifestation de racisme dans la recherche scientifique<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Anne |nom1=Pichon |titre=Funding a more equitable research community |périodique=Nature Chemistry |date=2021-04-30 |issn=1755-4349 |doi=10.1038/s41557-021-00703-4 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41557-021-00703-4 |consulté le=2021-05-03 |pages=1–3 }}</ref>.

=== Dans la culture populaire ===
Le lien entre la ligne cellulaire HeLa et Henrietta Lacks a été porté à l'attention du public pour la première fois en mars 1976 avec deux articles du [[Detroit Free Press]]<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Rogers, Michael "The HeLa Strain". Detroit Free Press. p. 47. Retrieved 2017-03-02 – via Newspapers.com. |titre=The HeLa Strain |périodique=Detroit Free Press |date=1976-03-21 |issn= |lire en ligne=https://www.newspapers.com/newspage/98224087/ |pages=47 }}</ref> et de [[Rolling Stone]] écrits par le reporter {{Lien|Michael A. Rogers}}<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Rogers, Michael |titre=The Double-Edged Helix |périodique=Rolling Stone |date=1976-03-25 |issn= |lire en ligne=https://www.rollingstone.com/culture/culture-news/the-double-edged-helix-231322/ |pages= }}</ref>. En 1998, [[Adam Curtis]] a réalisé un documentaire de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] à propos d’Henrietta Lacks intitulé ''The Way of All Flesh''<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Curtis, Adam |titre=The Undead Henrietta Lacks And Her Immortal Dynasty |périodique=bbc.co.uk |date=2010-06-25 |issn= |lire en ligne=https://www.bbc.co.uk/blogs/adamcurtis/entries/cc9e5db9-5b2f-3297-bb17-dbc119c4ad8d |pages= }}</ref>. [[Rebecca Skloot]] a documenté l'histoire approfondie de la lignée cellulaire HeLa et de la famille Lacks dans deux articles publiés en 2000<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Skloot, Rebecca |titre=Henrietta's Dance |périodique=Johns Hopkins Magazine |date=April 2000 |issn= |lire en ligne=https://pages.jh.edu/~jhumag/0400web/01.html |pages= }}</ref> et 2001<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1= |titre=Cells That Save Lives are a Mother's Legacy |périodique=New York Times |date=November 17, 2001 |issn= |lire en ligne=https://www.nytimes.com/2001/11/17/arts/cells-that-save-lives-are-a-mother-s-legacy.html |pages= }}</ref> et dans son livre de 2010, ''The Immortal Life of Henrietta Lacks''. [[HBO]] a annoncé en 2010 qu'[[Oprah Winfrey]] et [[Alan Ball (football)|Alan Ball]] développaient un projet de film basé sur le livre de Skloot<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Batts, Denise Watson |titre=After 60 years of anonymity, Henrietta Lacks has a headstone |périodique=The Virginian-Pilot |date=2010-05-30 |issn= |lire en ligne=https://www.tribpub.com/gdpr/pilotonline.com/ |pages= }}</ref> et en 2016 le tournage a commencé<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Britto, Brittany |titre=Oprah Winfrey spotted in Baltimore as 'Henrietta Lacks' movie films in city |périodique=Baltimore Sun |date=2016-09-21 |issn= |lire en ligne=https://www.tribpub.com/gdpr/baltimoresun.com/ |pages= }}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Stanhope, Kate |titre=Oprah Winfrey to Star in HBO Films' 'The Immortal Life of Henrietta Lack |périodique=The Hollywood Reporter |date=2016-05-02 |issn= |lire en ligne= |pages= }}</ref> avec Winfrey dans le rôle principal de Deborah Lacks, la fille d'Henrietta<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Jordan, Tina |titre=See the first photos of Oprah Winfrey in HBO's Henrietta Lacks movie |périodique=Entertainment Weekly |date=2016-12-22 |issn= |lire en ligne=https://ew.com/tv/2016/12/22/oprah-winfrey-hbo-henrietta-lacks-movie/ |pages= }}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Blas, Lorena |titre=Oprah Winfrey to star in HBO's 'Henrietta Lacks' movie |périodique=USA Today |date=2016-05-02 |issn= |lire en ligne=https://eu.usatoday.com/story/life/tv/2016/05/02/oprah-winfrey-hbo-the-immortal-life-of-henrietta-lacks/83833298/ |pages= }}</ref>. Le film ''The Immortal Life of Henrietta Lacks'' est sorti en 2017, avec [[Renée Elise Goldsberry]] dans le rôle d’Henrietta Lacks. La chaîne ''Law & Order'' de NBC a diffusé sa propre version fictive de l'histoire de Lacks dans l'épisode de 2010 "Immortal", que [[Slate (magazine)|Slate]] a qualifié de "terriblement proche de la vérité"<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Thomas, June |titre=Ripped From Which Headline? "Immortal |périodique=Slate |date=2010-05-19 |issn= |lire en ligne=https://slate.com/gdpr?redirect_uri=%2Fcontent%2Fslate%2Fblogs%2Fbrowbeat%2F2010%2F05%2F19%2Fripped_from_which_headline_immortal.html%3Fvia%3Dgdpr-consent&redirect_host=http%3A%2F%2Fwww.slate.com |pages= }}</ref> et les groupes musicaux [[Jello Biafra And The Guantanamo School Of Medicine|Jello Biafra and the Guantanamo School of Medicine]] et [[Yeasayer]] ont tous deux publié des chansons sur Henrietta Lacks et son héritage<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Kamen, Jess |titre=Holiday In Baltimore |périodique=Baltimore City Paper |date=June 23, 2014 |issn= |lire en ligne= |pages= }}</ref>. Les membres de la famille Lacks ont écrit leurs propres histoires pour la première fois en 2013 lorsque le fils aîné d’Henrietta Lacks et sa femme, Lawrence et Bobbette Lacks, ont écrit un court mémoire numérique intitulé "Hela Family Stories : Lawrence et Bobbette" avec des témoignages sur leurs souvenirs d'Henrietta Lacks et sur leurs propres efforts pour protéger les plus jeunes enfants de l’environnement dangereux après la mort de leur mère. Le projet HeLa, une exposition multimédia en l'honneur de Lacks, a été inaugurée en 2017 à Baltimore au Reginald F. Lewis Museum of Maryland African American History & Culture. Elle comprenait un portrait de Kadir Nelson et un poème de [[Saul Williams]]<ref>"HeLa". Sideshow Theatre Company. 2018. Retrieved 2018-09-27.</ref>.

En 2013, au [[Edinburgh Festival Fringe|Festival Fringe]] d'[[Édimbourg]], [[Adura Onashile]] tient un rôle principal dans ''HeLa'', sa pièce sur Henrietta Lacks<ref name = "Onashile"> {{Lien web |langue=en |titre=Nightclub that let men watch women in bathroom inspires Fringe play |url=https://www.scotsman.com/whats-on/arts-and-entertainment/nightclub-let-men-watch-women-bathroom-inspires-fringe-play-621231 |série=www.scotsman.com |date=2016-04-30 | consulté le = 2022-11-22}} </ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=University of Glasgow - University events - Event listings |url = https://www.gla.ac.uk/events/listings/index.html/event/11538 |série=www.gla.ac.uk |consulté le=2022-11-22}}</ref>. {{Référence nécessaire|"''HeLa''" du dramaturge de Chicago [[J. Nicole Brooks]]|date=9 janvier 2023|bloc=|background=}} est commandée par la Sideshow Theatre Company en 2016, avec une lecture publique mise en scène le 31 juillet 2017. La pièce sera finalement produite par Sideshow, au Greenhouse Theater Center de Chicago du 18 novembre au 23 décembre 2018. La pièce utilise l'histoire de la vie de Lacks comme point de départ pour une conversation plus large sur l'afrofuturisme, le progrès scientifique et l'autonomie corporelle<ref>""The HeLa Project" Exhibition Travels to NY, ATL to Honor Mortal Life of Henrietta Lacks Before Premiere of HBO Film". Good Black News. 2017. Retrieved 2017-04-05.</ref>. Dans la série ''[[El ministerio del tiempo|El Ministerio del Tiempo]]'', l'immortalité de ses cellules en laboratoire est citée comme le précédent pour le personnage d'Arteche, "une résistance extrême aux infections, aux blessures et à la dégénérescence cellulaire. En d'autres termes, au vieillissement" : ses cellules sont immortelles<ref>''El Ministerio Del Tiempo episode 11, season 3'', HBO</ref>.


== Usage des cellules ==
== Usage des cellules ==
Les cellules cancéreuses d'Henrietta Lacks se révèlent avoir la particularité inédite de se multiplier sans limites lorsque placées dans les bonnes conditions, ce qui fait d'elles des cellules dites "immortelles" très utiles pour la recherche scientifique.
Les cellules cancéreuses d'Henrietta Lacks se révèlent avoir la particularité inédite de se multiplier sans limites lorsque placées dans les bonnes conditions, ce qui fait d'elles des cellules dites "immortelles" très utiles pour la recherche scientifique notamment pour la finalisation du vaccin antipoliomyélitique<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=The Amazing Henrietta Lacks {{!}} The Official Henrietta Lacks Legacy Group |url=https://henriettalackslegacygroup.org/about-henrietta/ |consulté le=2020-08-05}}</ref>. En particulier, les cellules HeLa ont aidé les scientifiques à mieux comprendre une multitude d’infections virales. Les chercheurs infectent les cellules au moyen d’un virus qui ressemble à celui de la rougeole ou des oreillons, et observent comment les cellules réagissent. Ils ont ainsi réussi à mettre au point des vaccins contre des infections comme le [[Papillomavirus humain|virus du papillome humain (VPH)]], mais aussi des avancées dans le domaine de la chimiothérapie et la fécondation in vitro.


Dans les années qui suivirent l'expédition de cellules HeLa à différents laboratoires du monde, beaucoup de ceux-ci arrivèrent à établir ''in vitro'' des lignées de cellules d'autres cancers (poumon, gorge, foie…), alors que cette opération échouait jusque-là. Il s'est avéré par la suite que certaines de ces lignées cellulaires, nouvellement établies, étaient [[Contamination (toxicologie)|contaminées]] par des cellules HeLa (à la suite d'erreurs de manipulations). Celles-ci avaient réussi à prendre le dessus en proliférant mieux et plus vite que les cellules originelles. Il s'agit là d'une erreur fréquente en [[culture cellulaire]] due à un manque de rigueur<ref>{{article|url=http://www.pnas.org/content/98/14/7656|titre=Cell culture forensics|prénom=Stephen J.|nom=O'Brien|date=3 juillet 2001|éditeur=|périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences|numéro=14|pages=7656–7658|via=www.pnas.org|doi=10.1073/pnas.141237598|pmid=11438719}}</ref>.
Dans les années qui suivirent, les cellules HeLa - nommées d'après Henrietta Lacks - ont été expédiées à différents laboratoires du monde. Beaucoup de ceux-ci arrivèrent à établir ''in vitro'' des lignées de cellules d'autres cancers (poumon, gorge, foie…), alors que cette opération échouait jusque-là. Il s'est avéré par la suite que certaines de ces lignées cellulaires, nouvellement établies, étaient [[Contamination (toxicologie)|contaminées]] par des cellules HeLa<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur= |prénom=Sarah |nom=Zielinski |titre=Henrietta Lacks’ ‘Immortal’ Cells |url=https://www.smithsonianmag.com/science-nature/henrietta-lacks-immortal-cells-6421299/ |site=Smithsonian Magazine |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref> (à la suite d'erreurs de manipulations). Celles-ci avaient réussi à prendre le dessus en proliférant mieux et plus vite que les cellules originelles. Il s'agit là d'une erreur fréquente en [[culture cellulaire]] due à un manque de rigueur<ref>{{article|url=http://www.pnas.org/content/98/14/7656|titre=Cell culture forensics|prénom=Stephen J.|nom=O'Brien|date=3 juillet 2001|périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences|numéro=14|pages=7656–7658|doi=10.1073/pnas.141237598|pmid=11438719}}</ref>.


Les cellules d’Henrietta Lacks ont fait l’objet de tant d’études que les scientifiques en connaissent les moindres secrets. Pourtant, très peu de gens connaissent la contribution d’Henrietta et lui accordent la reconnaissance qu’elle mérite. Sans les cellules d’Henrietta Lacks, la recherche médicale aurait continué de progresser, mais beaucoup plus lentement. Un grand nombre des traitements que les gens tiennent pour acquis aujourd’hui n’auraient peut-être pas encore vu le jour. En conséquence, les cellules HeLa ont aidé à sauver d’innombrables vies, ce qui fait d’Henrietta Lacks une personne très importante en médecine<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=WAX Science {{!}} Immortelle… malgré elle : Henrietta Lacks |url=https://www.wax-science.fr/immortelle-malgre-elle-henrietta-lacks/ |consulté le=2020-10-16}}</ref>.
Ses enfants n'ont appris que tardivement ce prélèvement, et ont exprimé publiquement leur désapprobation, déplorant que le service rendu ''[[Œuvre posthume en droit de la propriété intellectuelle|post-mortem]]'' à la science par leur mère ne lui ait même pas valu, en retour, une [[Tombe|sépulture]] décente. Plus globalement, ce cas soulève de nombreuses questions éthiques dont le consentement, absent ici, n'est pas la moindre.

À l’époque, il était courant de prélever, sans le consentement des intéressés, des cellules sur les tumeurs cancéreuses pour la recherche. Mais, à un moment donné, la famille d’Henrietta Lacks s’est fâchée. Les cellules HeLa ont été utilisées dans d’innombrables études médicales. De fait, elles faisaient partie d’une industrie dont la valeur s’élevait à plusieurs millions de dollars. Et pendant des dizaines d’années, la famille d’Henrietta n’a pas touché un sou et n’a bénéficié d’aucune reconnaissance. Aujourd’hui, les règles d’éthique qui régissent la recherche biomédicale sont beaucoup plus strictes. Pour tous les prélèvements de tissus, les gens doivent donner un consentement éclairé. Le donneur ou son plus proche parent doivent comprendre toutes les conséquences susceptibles de découler du don de tissu<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Pourquoi est-ce que Henrietta Lacks est-elle importante ? |url=https://parlonssciences.ca/ressources-pedagogiques/les-stim-en-contexte/pourquoi-est-ce-que-henrietta-lacks-est-elle |site=Parlons sciences |consulté le=2020-10-16}}</ref>.

Ses enfants n'ont appris que tardivement ce prélèvement, et ont exprimé publiquement leur désapprobation, déplorant que le service rendu ''[[Œuvre posthume en droit de la propriété intellectuelle|post-mortem]]'' à la science par leur mère ne lui ait même pas valu, en retour, une [[Tombe|sépulture]] décente<ref>{{Article |langue=en-us |auteur1= |prénom1=Stacie |nom1=Bloom |titre=The immortal life of Henrietta Lacks |périodique=The Journal of Clinical Investigation |volume=120 |numéro=7 |date=2010-07-01 |issn=0021-9738 |pmcid=2898613 |doi=10.1172/JCI43410 |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2898613/ |consulté le=2020-08-05 |pages=2252 }}</ref>. En 2013, la famille Lacks a obtenu le pouvoir d'exercer un peu de contrôle sur l’utilisation de son ADN. En outre, dans les articles scientifiques futurs portant sur des études utilisant ses cellules, une mention devra reconnaître l’apport d’Henrietta Lacks. Plus globalement, ce cas soulève de nombreuses questions éthiques dont le consentement, absent ici, n'est pas la moindre.

== Hommages ==

* [[2013 aux États-Unis|2013]] : inauguration d'un établissement d'études secondaire (High School) à [[Vancouver (Washington)|Vancouver]] dans l'[[Washington (État)|État de Washington]] baptisé la ''{{Lien|langue=en|trad=Henrietta Lacks Health and Bioscience High School|fr=}}''<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=Clark Asks: How did Vancouver come to have a Henrietta Lacks high school? |url=https://www.columbian.com/news/2019/oct/19/clark-asks-how-did-vancouver-come-to-have-a-henrietta-lacks-high-school/ |site=The Columbian |consulté le=2020-08-05}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Special to The |nom=Oregonian |titre=New Vancouver high school will focus on health and medical careers |url=https://www.oregonlive.com/clark-county/2012/10/new_vancouver_high_school_will.html |site=oregonlive |date=2012-10-03 |consulté le=2020-08-05}}</ref>.
* [[2014 aux États-Unis|2014]] : cérémonie d’inscription au {{Lien|langue=en|trad=Maryland Women's Hall of Fame|fr=}}<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=Henrietta Lacks {{!}} Maryland Women's Heritage Center |url=https://mdwomensheritagecenter.org/2018/01/henrietta-lacks/ |consulté le=2020-08-05}}</ref>.
* [[2018 aux États-Unis|2018]] : le [[National Portrait Gallery (États-Unis)]] et le [[Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaines]] font l’acquisition du portrait d'Henrietta Lacks peint par l’artiste [[Kadir Nelson]]<ref>{{Lien web |langue=en-US |prénom=Allison C. |nom=Meier |titre=Henrietta Lacks, Immortalized |url=https://daily.jstor.org/henrietta-lacks-immortalized/ |site=JSTOR Daily |date=2018-05-17 |consulté le=2020-08-05}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur= |titre=Henrietta Lacks (HeLa): The Mother of Modern Medicine |url=https://nmaahc.si.edu/object/nmaahc_2018.25 |site=National Museum of African American History and Culture |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur= |titre=Henrietta Lacks (HeLa): The Mother of Modern Medicine |url=https://npg.si.edu/object/npg_NPG.2018.9 |site=npg.si.edu |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref>.
* [[2018]] : l'[[université Johns-Hopkins]] nomme son nouveau centre de recherche Henrietta Lacks et crée le ''{{Langue|en|Henrietta Lacks Memorial Award}}''<ref>{{Article |langue=en-us |auteur1=DeNeen L. Brown |titre=https://www.washingtonpost.com/history/2018/10/08/johns-hopkins-names-building-honor-henrietta-lacks-her-immortal-cells/ |périodique=The Washington Post |date=8 octobre 2018 |issn= |lire en ligne=https://www.washingtonpost.com/history/2018/10/08/johns-hopkins-names-building-honor-henrietta-lacks-her-immortal-cells/ |pages= }}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur= |prénom=Benjamin |nom=Butanis |titre=Honoring Henrietta Lacks {{!}} Johns Hopkins Medicine |url=https://www.hopkinsmedicine.org/henriettalacks/honoring-henrietta-lacks.html |site=www.hopkinsmedicine.org |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |auteur= |prénom=Kelly |nom=Driver |prénom2=JH Bloomberg School of Public |nom2=Health |titre=index.html |url=http://urbanhealth.jhu.edu/what-we-do/henrietta-lacks-award/index.html |site=Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health |date= |consulté le=2020-08-05}}</ref>.
* [[2020]] : [[National Women's Hall of Fame]]<ref>{{lien web|url=https://www.womenofthehall.org/wp-content/uploads/2020/11/Lacks-Henrietta-11.11.2020-Press-Release.pdf|titre=National Women's Hall of Fame Virtual Induction Series Inaugural Event December 10, 2020|date=11 novembre 2020|consulté le=12 novembre 2020}}</ref>.


== Fondation Henrietta Lacks ==
== Fondation Henrietta Lacks ==
La journaliste américaine [[Rebecca Skloot]], après avoir consacré plusieurs années à la rédaction d'un livre racontant la vie d'Henrietta Lacks, a créé la fondation Henrietta Lacks<ref>{{Lien web|langue=en-US|titre=Henrietta Lacks Foundation™|url=http://henriettalacksfoundation.org/|site=henriettalacksfoundation.org|consulté le=2017-07-15}}</ref>. Cette fondation a pour objet d'aider financièrement ses descendants, qui vivent pauvrement et n'ont pas de protection sociale alors que les cellules d'Henrietta ont fait la fortune de certains professionnels de santé<ref>{{lien web|url=http://www.lefigaro.fr/sciences/2013/08/12/01008-20130812ARTFIG00342-pourquoi-les-cellules-d-henrietta-lacks-sont-immortelles.php|titre=Pourquoi les cellules d'Henrietta Lacks sont immortelles|date=13 août 2013}}</ref>.
La journaliste américaine [[Rebecca Skloot]], après avoir consacré plusieurs années à la rédaction d'un livre racontant la vie d'Henrietta Lacks, a créé la fondation Henrietta Lacks<ref>{{Lien web|langue=en-US|titre=Henrietta Lacks Foundation™|url=http://henriettalacksfoundation.org/|site=henriettalacksfoundation.org|consulté le=2017-07-15}}</ref>. Cette fondation a pour objet d'aider financièrement ses descendants, qui vivent pauvrement et n'ont pas de protection sociale alors que les cellules d'Henrietta ont fait la fortune de certains professionnels de santé<ref>{{lien web|url=http://www.lefigaro.fr/sciences/2013/08/12/01008-20130812ARTFIG00342-pourquoi-les-cellules-d-henrietta-lacks-sont-immortelles.php|titre=Pourquoi les cellules d'Henrietta Lacks sont immortelles|date=13 août 2013}}</ref>. Elle vient également en aide aux autres personnes qui ont contribué à la science médicale sans leur consentement.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Annexes ==
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===

* {{Ouvrage |langue=fr |prénom={{nobr|Rebecca L.}} |nom=Skloot |lien auteur=Rebecca Skloot |traducteur=de l'{{abréviation discrète|angl. am.|anglais américain}} par {{nobr|Isabelle {{abréviation discrète|D.|Dominique}}}} Taudière et [[Raymond Clarinard]] |titre=La Vie immortelle d'Henrietta Lacks |titre original={{langue|en|texte=The Immortal Life of Henrietta Lacks}} |lieu=Paris |éditeur=[[Calmann-Lévy]] |collection=Documents, actualités, société |mois={{date-|janvier|compact=oui}} |année=2011 |numéro d'édition=1 |pages={{unité|1|{{abréviation discrète|vol.|volume(s)}}}}, 435-[8] |format={{dunité|15|23|cm}} |isbn10=2-7021-4174-9 |isbn1=978-2-7021-4174-8 |ean=9782702141748 |oclc=718705804 |bnf=42343934m |sudoc=149580029 |présentation en ligne=https://calmann-levy.fr/livre/la-vie-immortelle-dhenrietta-lacks-9782702141748 |consulté le=27 janvier 2019 |libellé=Skloot 2011}}.
==== Anglophone ====

===== Essais =====
* {{Ouvrage|langue=|auteur1=Rebecca Skloot|titre=The Immortal Life of Henrietta Lacks|passage=|lieu=|éditeur=Crown Publishing Group|date=2 février 2010|pages totales=400|isbn=9781400052172|lire en ligne=https://archive.org/details/rebecca-skloot-the-immortal-life-of-henrietta-lacks-crown-publishers-2010_202007/mode/2up}},
* {{Ouvrage|langue=|auteur1=Nishi Singh|titre=HeLa Cells of Henrietta Lacks|passage=|lieu=|éditeur=Createspace Independent Publishing Platform|date=9 septembre 2014|pages totales=58|isbn=9781502839572|lire en ligne=}},
* {{Ouvrage|langue=|auteur1=Naven Johnson|titre=Henrietta Lacks|passage=|lieu=|éditeur=CreateSpace Independent Publishing Platform|date=16 février 2018|pages totales=40|isbn=9781985421196|lire en ligne=}},
* {{Ouvrage|langue=|auteur1=Ron Lacks|titre=Henrietta Lacks: The Untold Story|passage=|lieu=|éditeur=CreateSpace|date=6 février 2020|pages totales=146|isbn=9781659638172|lire en ligne=}},

===== Articles =====

* {{Article |langue= |auteur1= |titre=Genetic Characteristics of the HeLa Cell |périodique=Science, Vol. 191, No. 4225 |date=30 janvier 1976 |issn= |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/1741942 |pages=392-394 (3 pages) }},
* {{Article |langue= |auteur1=Lisa S. Parker |titre=The Immortal Life of Henrietta Lacks Rebecca Skloot |périodique=International Journal of Feminist Approaches to Bioethics, Vol. 5, No. 1 |date=printemps 2012 |issn= |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/10.2979/intjfemappbio.5.1.159 |pages=159-165 (7 pages) }},
* {{Article |langue= |auteur1=Priscilla Wald |titre=American Studies and the Politics of Life |périodique=American Quarterly, Vol. 64, No. 2 |date=juin 2012 |issn= |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/23273512 |pages=185-204 (20 pages) }},
* {{Article |langue= |auteur1=Carl Zimmer |titre=A Family Consents to a Medical Gift, 62 Years Later |périodique=The New York Times |date=7 août 2013 |issn= |lire en ligne=https://www.nytimes.com/2013/08/08/science/after-decades-of-research-henrietta-lacks-family-is-asked-for-consent.html |pages= }},
* {{Article |langue= |auteur1=Michael McCarthy |titre=Family of Henrietta Lacks reaches agreement on access to HeLa genome |périodique=BMJ: British Medical Journal, Vol. 347, No. 7921 |date=17 août 2013 |issn= |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/23495508 |pages=4 (1 page) }},
* {{Article |langue= |auteur1=Jessica L. Stump |titre=Henrietta Lacks and The HeLa Cell: Rights of Patients and Responsibilities of Medical Researchers |périodique=The History Teacher, Vol. 48, No. 1 |date=novembre 2014 |issn= |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/43264385 |pages=127-180 (54 pages) }},
* {{Article |langue= |auteur1=Vincent Bruyere |titre=The Lived Exemplarity of HeLa: A Matter of Lifedeath |périodique=Mosaic: An Interdisciplinary Critical Journal, Vol. 48, No. 4 |date=décembre 2015 |issn= |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/44030411 |pages=123-136 (14 pages) }},
* {{Article |langue= |auteur1=Robert Klitzman, M.D |titre=Should You Worry About Being the Next Henrietta Lacks? |périodique=The New York Times |date=21 avril 2017 |issn= |lire en ligne=https://www.nytimes.com/2017/04/21/well/should-you-worry-about-being-the-next-henrietta-lacks.html |pages= }},
* {{Article |langue= |auteur1=Adeel Hassan |titre=Henrietta Lacks |périodique=The New York Times |date=8 mars 2018 |issn= |lire en ligne=https://www.nytimes.com/interactive/2018/obituaries/overlooked-henrietta-lacks.html |pages= }},
* {{Article |langue= |auteur1=DeNeen L. Brown |titre=Can the ‘immortal cells’ of Henrietta Lacks sue for their own rights? |périodique=The Washington Post |date=25 juin 2018 |issn= |lire en ligne=https://www.washingtonpost.com/news/retropolis/wp/2018/06/25/can-the-immortal-cells-of-henrietta-lacks-sue-for-their-own-rights/ |pages= }},

==== Francophone ====
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=|prénom={{nobr|Rebecca L.}} |nom=Skloot |lien auteur=Rebecca Skloot |traducteur=de l'{{abréviation discrète|angl. am.|anglais américain}} par {{nobr|Isabelle {{abréviation discrète|D.|Dominique}}}} Taudière et [[Raymond Clarinard]] |titre=La Vie immortelle d'Henrietta Lacks |titre original={{langue|en|texte=The Immortal Life of Henrietta Lacks}} |passage=|lieu=Paris |éditeur=[[Calmann-Lévy]] |collection=Documents, actualités, société |mois={{date-|janvier|compact=oui}} |année=2011 |date=|numéro d'édition=1 |pages={{unité|1|{{abréviation discrète|vol.|volume(s)}}}}, 435-[8] |format={{dunité|15|23|cm}} |isbn10=2-7021-4174-9 |isbn1=9782702141748 |bnf=42343934m |lire en ligne=|présentation en ligne=https://calmann-levy.fr/livre/la-vie-immortelle-dhenrietta-lacks-9782702141748 |consulté le=27 janvier 2019 |libellé=Skloot 2011}}.


=== Filmographie ===
=== Filmographie ===
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* [http://www.biopsci.com/2009/01/20/henrietta-lacks-du-cancer-a-limmortalite/ Henrietta Lacks, du cancer à l’immortalité]
* [http://www.biopsci.com/2009/01/20/henrietta-lacks-du-cancer-a-limmortalite/ Henrietta Lacks, du cancer à l’immortalité]


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[[Catégorie:Décès à Baltimore]]
[[Catégorie:Inscrite au National Women's Hall of Fame]]

Dernière version du 12 février 2024 à 23:05

Henrietta Lacks
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Clover (Virginie) (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Loretta PleasVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinction
Maryland Women's Hall of Fame (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Plaque commémorative en hommage à Henrietta Lacks.

Henrietta Lacks (née Loretta Pleasant le 1er août 1920 et morte ) est une femme afro-américaine morte d'un cancer du col de l'utérus à développement très rapide.

Les cellules tumorales isolées d'une biopsie de sa tumeur sont les premières cellules humaines à avoir pu être cultivées in vitro avec succès. La lignée cellulaire qui en est issue s'est révélée particulièrement stable et prolifique et a été utilisée sous le nom de « HeLa » dans les laboratoires de recherche du monde entier. Les cellules HeLa ont permis en particulier la mise au point du vaccin contre la poliomyélite et une meilleure connaissance des tumeurs et des virus, ainsi que des avancées comme le clonage ou la thérapie génique. Bien que des informations à propos des origines des cellules HeLa étaient connues des chercheurs après 1970, la famille Lacks n'a pas été mise au courant de l'existence de ces cellules avant 1975. La connaissance de la provenance génétique de la lignée cellulaire étant devenue publique, son utilisation pour la recherche médicale et à des fins commerciales continue de susciter des inquiétudes quant à la vie privée et aux droits des patients.

Jeunesse et formation

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Henrietta Lacks est née (sous le nom Loretta Pleasant) le à Roanoke (Virginie)[1],[2] d’Eliza Pleasant (née Lacks) (1886-1924) et John « Johnny » Randall Pleasant (1881-1969). On se souvient d’elle comme ayant des yeux noisette, une petite taille, chaussant du 37 et toujours portant une robe impeccablement plissée et des ongles vernis rouges[3]. Sa famille ne sait pas clairement comment son nom a été modifié de Loretta à Henrietta, mais elle était surnommée Hennie[4]. Sa mère meurt lorsqu’elle a 4 ans en 1924, en donnant naissance à son dixième enfant[5]. Incapable d’élever tous ses enfants seuls après le décès de sa femme, son père déménage la famille à Clover, en Virginie, où les enfants sont répartis entre d’autres membre de la famille[6],[7]. La petite Henrietta a été élevée par son grand-père maternel, Thomas « Tommy » Henry Lacks[8]. Elle partageait sa chambre avec son cousin David "Day" Lacks (1915–2002)[9].

Comme la plupart des membres de sa famille vivant à Clover, Lacks travaille comme cultivatrice dans les champs de tabac dès son plus jeune âge. Elle nourrit les animaux, s’occupe du jardin et travaille dans les champs de tabac. Elle fréquente l’école noire à trois kilomètres de son habitation, jusqu’à ce qu’elle doive abandonner en sixième année pour aider sa famille [10]. En 1935, quand elle a 14 ans, Lacks donne naissance à son fils, Lawrence Lacks. En 1939, sa fille Elsie Lacks (1939-1955) nait. Les deux enfants sont de Day Lacks. Elsie souffre d'épilepsie et d'une infirmité motrice cérébrale, et est décrite par la famille comme « différente » ou « sourde et muette »[11].

Le elle épouse son cousin David "Day" Lacks, avec qui elle a cinq enfants : Lawrence Lacks, Elsie Lacks, David "Sonny" Lacks (né en 1947), Jr., Deborah Lacks Pullum (1949–2009) et Zakariyya Bari Abdul Rahman (né Joseph Lacks en )[8].

Diagnostic et traitement

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Le , à la suite d'une boule dans le ventre, elle se rend à l'hôpital Johns-Hopkins[12],[13] pour se faire examiner dans le seul grand hôpital de la région qui accueille les patients noirs. Elle avait par le passé parlé de cette « boule » à son cousin et ils avaient supposé qu’elle était enceinte. Après avoir donné naissance à Joseph, son cinquième enfant, en septembre 1950, elle avait une grave hémorragie. Son premier médecin traitant suspecte une syphilis, mais le test revient négatif, et elle est renvoyée à Johns Hopkins. Elle n'avait aucune anomalie du col de l'utérus lors de la visite de contrôle après son accouchement, ce qui indique un développement très rapide de la tumeur.

Un médecin préleva un échantillon de la tumeur localisé sur son col de l'utérus, qui se révéla être une tumeur maligne très invasive. Elle a été traitée avec des tubes de radium. Pendant son traitement, deux échantillons ont été prélevés, sans son consentement[14]. Elle retourne à l'hôpital le pour un nouveau traitement et y meurt le à l'âge de 31 ans. Une autopsie a montré qu'elle avait des métastases dans tout le corps[15]. Son mari n'a pas autorisé de prélèvement post-mortem.

Henrietta Lacks est enterrée au petit cimetière familial, le Lacks Family Cemetery, situé dans la petite ville du comté de Halifax, Clover, Virginia (en)[16],[17],[18].

Controverse

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La question de savoir si et comment son origine ethnique a influencé son traitement, l'absence de consentement et sa non-reconnaissance, continue à être controversée[19],[20]. L'étude est encore citée comme un exemple tristement célèbre de manifestation de racisme dans la recherche scientifique[21].

Dans la culture populaire

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Le lien entre la ligne cellulaire HeLa et Henrietta Lacks a été porté à l'attention du public pour la première fois en mars 1976 avec deux articles du Detroit Free Press[22] et de Rolling Stone écrits par le reporter Michael A. Rogers (en)[23]. En 1998, Adam Curtis a réalisé un documentaire de la BBC à propos d’Henrietta Lacks intitulé The Way of All Flesh[24]. Rebecca Skloot a documenté l'histoire approfondie de la lignée cellulaire HeLa et de la famille Lacks dans deux articles publiés en 2000[25] et 2001[26] et dans son livre de 2010, The Immortal Life of Henrietta Lacks. HBO a annoncé en 2010 qu'Oprah Winfrey et Alan Ball développaient un projet de film basé sur le livre de Skloot[27] et en 2016 le tournage a commencé[28],[29] avec Winfrey dans le rôle principal de Deborah Lacks, la fille d'Henrietta[30],[31]. Le film The Immortal Life of Henrietta Lacks est sorti en 2017, avec Renée Elise Goldsberry dans le rôle d’Henrietta Lacks. La chaîne Law & Order de NBC a diffusé sa propre version fictive de l'histoire de Lacks dans l'épisode de 2010 "Immortal", que Slate a qualifié de "terriblement proche de la vérité"[32] et les groupes musicaux Jello Biafra and the Guantanamo School of Medicine et Yeasayer ont tous deux publié des chansons sur Henrietta Lacks et son héritage[33]. Les membres de la famille Lacks ont écrit leurs propres histoires pour la première fois en 2013 lorsque le fils aîné d’Henrietta Lacks et sa femme, Lawrence et Bobbette Lacks, ont écrit un court mémoire numérique intitulé "Hela Family Stories : Lawrence et Bobbette" avec des témoignages sur leurs souvenirs d'Henrietta Lacks et sur leurs propres efforts pour protéger les plus jeunes enfants de l’environnement dangereux après la mort de leur mère. Le projet HeLa, une exposition multimédia en l'honneur de Lacks, a été inaugurée en 2017 à Baltimore au Reginald F. Lewis Museum of Maryland African American History & Culture. Elle comprenait un portrait de Kadir Nelson et un poème de Saul Williams[34].

En 2013, au Festival Fringe d'Édimbourg, Adura Onashile tient un rôle principal dans HeLa, sa pièce sur Henrietta Lacks[35],[36]. "HeLa" du dramaturge de Chicago J. Nicole Brooks[réf. nécessaire] est commandée par la Sideshow Theatre Company en 2016, avec une lecture publique mise en scène le 31 juillet 2017. La pièce sera finalement produite par Sideshow, au Greenhouse Theater Center de Chicago du 18 novembre au 23 décembre 2018. La pièce utilise l'histoire de la vie de Lacks comme point de départ pour une conversation plus large sur l'afrofuturisme, le progrès scientifique et l'autonomie corporelle[37]. Dans la série El Ministerio del Tiempo, l'immortalité de ses cellules en laboratoire est citée comme le précédent pour le personnage d'Arteche, "une résistance extrême aux infections, aux blessures et à la dégénérescence cellulaire. En d'autres termes, au vieillissement" : ses cellules sont immortelles[38].

Usage des cellules

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Les cellules cancéreuses d'Henrietta Lacks se révèlent avoir la particularité inédite de se multiplier sans limites lorsque placées dans les bonnes conditions, ce qui fait d'elles des cellules dites "immortelles" très utiles pour la recherche scientifique notamment pour la finalisation du vaccin antipoliomyélitique[39]. En particulier, les cellules HeLa ont aidé les scientifiques à mieux comprendre une multitude d’infections virales. Les chercheurs infectent les cellules au moyen d’un virus qui ressemble à celui de la rougeole ou des oreillons, et observent comment les cellules réagissent. Ils ont ainsi réussi à mettre au point des vaccins contre des infections comme le virus du papillome humain (VPH), mais aussi des avancées dans le domaine de la chimiothérapie et la fécondation in vitro.

Dans les années qui suivirent, les cellules HeLa - nommées d'après Henrietta Lacks - ont été expédiées à différents laboratoires du monde. Beaucoup de ceux-ci arrivèrent à établir in vitro des lignées de cellules d'autres cancers (poumon, gorge, foie…), alors que cette opération échouait jusque-là. Il s'est avéré par la suite que certaines de ces lignées cellulaires, nouvellement établies, étaient contaminées par des cellules HeLa[40] (à la suite d'erreurs de manipulations). Celles-ci avaient réussi à prendre le dessus en proliférant mieux et plus vite que les cellules originelles. Il s'agit là d'une erreur fréquente en culture cellulaire due à un manque de rigueur[41].

Les cellules d’Henrietta Lacks ont fait l’objet de tant d’études que les scientifiques en connaissent les moindres secrets. Pourtant, très peu de gens connaissent la contribution d’Henrietta et lui accordent la reconnaissance qu’elle mérite. Sans les cellules d’Henrietta Lacks, la recherche médicale aurait continué de progresser, mais beaucoup plus lentement. Un grand nombre des traitements que les gens tiennent pour acquis aujourd’hui n’auraient peut-être pas encore vu le jour. En conséquence, les cellules HeLa ont aidé à sauver d’innombrables vies, ce qui fait d’Henrietta Lacks une personne très importante en médecine[42].

À l’époque, il était courant de prélever, sans le consentement des intéressés, des cellules sur les tumeurs cancéreuses pour la recherche. Mais, à un moment donné, la famille d’Henrietta Lacks s’est fâchée. Les cellules HeLa ont été utilisées dans d’innombrables études médicales. De fait, elles faisaient partie d’une industrie dont la valeur s’élevait à plusieurs millions de dollars. Et pendant des dizaines d’années, la famille d’Henrietta n’a pas touché un sou et n’a bénéficié d’aucune reconnaissance. Aujourd’hui, les règles d’éthique qui régissent la recherche biomédicale sont beaucoup plus strictes. Pour tous les prélèvements de tissus, les gens doivent donner un consentement éclairé. Le donneur ou son plus proche parent doivent comprendre toutes les conséquences susceptibles de découler du don de tissu[43].

Ses enfants n'ont appris que tardivement ce prélèvement, et ont exprimé publiquement leur désapprobation, déplorant que le service rendu post-mortem à la science par leur mère ne lui ait même pas valu, en retour, une sépulture décente[44]. En 2013, la famille Lacks a obtenu le pouvoir d'exercer un peu de contrôle sur l’utilisation de son ADN. En outre, dans les articles scientifiques futurs portant sur des études utilisant ses cellules, une mention devra reconnaître l’apport d’Henrietta Lacks. Plus globalement, ce cas soulève de nombreuses questions éthiques dont le consentement, absent ici, n'est pas la moindre.

Fondation Henrietta Lacks

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La journaliste américaine Rebecca Skloot, après avoir consacré plusieurs années à la rédaction d'un livre racontant la vie d'Henrietta Lacks, a créé la fondation Henrietta Lacks[55]. Cette fondation a pour objet d'aider financièrement ses descendants, qui vivent pauvrement et n'ont pas de protection sociale alors que les cellules d'Henrietta ont fait la fortune de certains professionnels de santé[56]. Elle vient également en aide aux autres personnes qui ont contribué à la science médicale sans leur consentement.

Notes et références

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Bibliographie

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Francophone

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Filmographie

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Liens externes

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