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« Marie-Adélaïde de Bourbon » : différence entre les versions

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{{Infobox Politicien
{{Infobox Rôle monarchique
| charte = Princesse consort
| fonction1 =
| charte = Princesse
| nom = Marie-Adélaïde de Bourbon
| nom =
| image = Portrait of Louise Marie Adélaïde de Bourbon by Vigée Lebrun.jpg
| image = Rioult after Lepeintre - Louise Marie Adélaïde de Bourbon, Versailles.png
| légende = ''Portrait de la duchesse d'Orléans'' d'après [[Élisabeth Vigée Le Brun]], XVIII{{e}} siècle.
| fonction1 =
| légende = Portrait de Marie-Adélaïde de Bourbon, duchesse douairière d'Orléans.
| à partir du fonction1 =
| titulature = Mademoiselle d'Ivry<br /> Mademoiselle de Penthièvre<br />[[Liste des comtes et ducs de Chartres|Duchesse de Chartres]]<br />[[Liste des reines, duchesses et comtesses d'Orléans|Duchesse d'Orléans]]<br />[[Duchesse]] douairière d'[[Orléans]]<br/>[[Prince du sang|Princesse du sang par mariage]]
| jusqu'au fonction1 =
| dynastie = [[Maison de Bourbon]]
| distinctions =
| durée1 =
| autres fonctions =
| prédécesseur1 =
| nom de naissance = Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon
| successeur1 =
| titulature = [[Princesse du sang]]<br />[[Liste des comtes et ducs de Chartres|Duchesse de Chartres]]<br />[[Liste des reines, duchesses et comtesses d'Orléans|Duchesse d'Orléans]]
| surnom =
| dynastie = [[Maison capétienne de Bourbon|Maison de Bourbon]]
| date de naissance = 13 mars 1753
| distinctions =
| lieu de naissance = [[Hôtel de Toulouse]], [[Paris]] ([[Royaume de France|France]])
| date de décès = 23 juin 1821
| autres fonctions =
| lieu de décès = [[Ivry-sur-Seine]] ([[Seconde Restauration|France]])
| nom de naissance = Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon
| père = [[Louis-Jean-Marie de Bourbon]]
| surnom = Mademoiselle d'Ivry<br />Mademoiselle de Penthièvre
| date de naissance = {{Date|13|mars|1753}}
| mère = [[Marie-Thérèse-Félicité d'Este]]
| lieu de naissance = [[Hôtel de Toulouse]] ([[Royaume de France]])
| conjoint = [[Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793)|Louis-Philippe d'Orléans]]
| date de décès = {{Date de décès|23|juin|1821|13|mars|1753}}
| enfants = {{souverain2|Louis-Philippe Ier}} [[Fichier:Red crown.png|13px|Roi des Français]] <br />[[Antoine d'Orléans (1775-1807)|Antoine d’Orléans]] <br />[[Adélaïde d'Orléans (1777-1847)|Adélaïde d’Orléans]] <br /> [[Louis-Charles d'Orléans]]
| lieu de décès = [[Château d'Ivry (Ivry-sur-Seine)|Château d'Ivry]] ([[Royaume de France]])
| résidence =
| sépulture = [[Chapelle royale de Dreux]]
| père = [[Louis de Bourbon (1725-1793)|Louis de Bourbon]]
| religion = [[Catholicisme]]
| mère = [[Marie-Thérèse-Félicité d'Este]]
| fratrie =
| signature = Signature of Louise Marie Adélaïde de Bourbon on 28 August 1785.jpg
| blason = Armoiries d'Orléans et de Condé.svg
| conjoint = [[Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793)|Louis-Philippe d'Orléans]]
| enfants = {{souverain2|Louis-Philippe Ier}} [[Fichier:Red crown.png|13px|Roi des Français]] <br />[[Antoine d'Orléans (1775-1807)|Antoine d’Orléans]] <br />[[Adélaïde d'Orléans (1777-1847)|Adélaïde d’Orléans]] <br /> [[Louis-Charles d'Orléans]]
| liste =
| résidence =
|liaison=[[Jacques-Marie Rouzet]]}}
| sépulture = [[Chapelle royale de Dreux]]
'''Louise-''Marie-Adélaïde'' de Bourbon''', dite « Mademoiselle d'Ivry » puis « Mademoiselle de Penthièvre », duchesse de Chartres (1769-1785) puis '''duchesse d'Orléans''' (1785-1821), est une princesse française membre de la [[maison de Bourbon]] née le {{date de naissance|13|mars|1753}} à [[Paris]] à l'[[Hôtel de Toulouse]] et morte le {{date de décès|23|juin|1821}} au [[Château d'Ivry (Ivry-sur-Seine)|château d'Ivry-sur-Seine]].
| religion = [[Catholicisme]]
| signature = Signature of Louise Marie Adélaïde de Bourbon on 28 August 1785.jpg
| blason = Arms of Louise Marie Adélaïde de Bourbon as Duchess of Orléans.png
| liste = [[Liste des reines, duchesses et comtesses d'Orléans|Duchesse d'Orléans]]
}}
'''Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon''', dite '''Mademoiselle d'Ivry''' puis '''Mademoiselle de Penthièvre''', est née à l'[[hôtel de Toulouse]] le {{date de naissance|13|mars|1753}} et est morte au [[Château d'Ivry (Ivry-sur-Seine)|château d'Ivry]] le {{date de décès|23|juin|1821}}. Fille de [[Louis de Bourbon (1725-1793)|Louis-Jean-Marie de Bourbon]] et de [[Marie-Thérèse-Félicité d'Este]], elle fut duchesse de [[Famille de Chartres|Chartres]] puis duchesse d'[[Quatrième maison d'Orléans|Orléans]] par son mariage avec [[Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793)|Louis-Philippe d'Orléans]], futur « Philippe-Égalité ». Elle est également la mère du futur roi des Français, [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{Ier}}]].


== Biographie ==
== Biographie ==
[[Fichier:La famille du Duc de Penthièvre dit la tasse de chocolat.jpg|vignette|283x283px|La Famille du Duc de Penthiévre dit A la tasse de chocolat]]
[[Fichier:Louise Marie Adélaïde de Bourbon with her husband Louis Philippe Joseph d'Orléans by an unknown artist.jpg|vignette|277x277px|Portrait de Marie-Adélaide de Bourbon avec son époux Louis-Philippe-Joseph d'Orléans]]

=== Jeunesse ===
=== Jeunesse ===
Louise Marie-Adélaïde est la fille de [[Louis-Jean-Marie de Bourbon]] (1725-1793), [[duc de Penthièvre]] branche bâtarde des Bourbons, et de [[Marie-Thérèse-Félicité d'Este]] (1726-1754). La jeune fille est un membre d'une branche légitimée de la [[maison de Bourbon]].
Louise-Marie-Adélaïde est la fille de [[Louis de Bourbon (1725-1793)|Louis-Jean-Marie de Bourbon]], duc de [[Penthièvre]], et de son épouse [[Marie-Thérèse-Félicité d'Este]], princesse de [[Modène]]. Son père étant le fils du comte de [[Toulouse]], [[Louis-Alexandre de Bourbon]], elle est un membre d'une branche légitimée de la [[Maison capétienne de Bourbon|maison de Bourbon]]. Sa mère étant morte en couches, elle est rapidement confiée aux bénédictines de la réputée [[Abbaye de Montmartre|abbaye royale de Montmartre]] où elle reste pensionnaire pendant 14 ans<ref>H. M. Delsart, ''La dernière abbesse de Montmartre: Marie-Louise de Montmorency-Laval, 1723-1794'', Paris, 1921, p. 25. Numérisé sur [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6471155q/f33.item.texteImage gallica].</ref>.
Sa mère étant morte en couches, elle est confiée aux bénédictines de l'[[Église Saint-Pierre de Montmartre|abbaye royale de Montmartre]] où elle reste pensionnaire pendant 14 ans<ref>H. M. Delsart, ''La dernière abbesse de Montmartre: Marie-Louise de Montmorency-Laval, 1723-1794'', Paris, 1921, p. 25. Numérisé sur [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6471155q/f33.item.texteImage gallica].</ref>. En {{date-|mai 1768}}, la mort de son frère aîné, le [[Louis-Alexandre de Bourbon (1747-1768)|prince de Lamballe]], en fait la dernière descendante du [[Louis-Alexandre de Bourbon|comte de Toulouse]], bâtard légitimé de {{souverain2|Louis XIV}}, et la plus riche héritière de France.


Âgée de {{nobr|15 ans}}, elle est présentée à la Cour le {{date-|8 décembre 1768-}} de la même année. Pendant qu'elle salue et s'incline devant le roi puis le dauphin, personne n'ignore que la jeune fille est la plus riche héritière du royaume. L'héritage potentiel suscite l'intérêt du [[Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793)|duc de Chartres]], prince du sang et ancien compagnon de débauche du frère de Mademoiselle de Penthièvre. Au mépris des convenances, il ne craint pas de la demander en mariage. Le duc de Penthièvre accepte cet honneur qui fait de sa fille une princesse de sang. En 1785, la mort de son beau-père l'élève au titre de duchesse d'Orléans.
La mort de son frère, [[Louis-Alexandre de Bourbon (1747-1768)|Louis-Alexandre de Bourbon]], survenue en mai 1768, fait de la jeune fille la dernière descendante du comte de Toulouse, bâtard légitimé du roi {{souverain2|Louis XIV}}, et fait d'elle la plus riche héritière de [[France]]. Âgée de {{nobr|15 ans}}, elle est présentée à la cour le {{date-|8 décembre 1768-}} de la même année. Pendant qu'elle s'incline devant le roi puis le dauphin, personne n'ignore que la jeune fille est alors la plus riche héritière du royaume. Sa fortune en intéresse grandement certains.


Ainsi, son héritage suscite l'intérêt de [[Louis-Philippe d'Orléans (1725-1785)|Louis-Philippe d'Orléans]], [[prince du sang]], qui propose alors son fils, [[Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793)|Philippe d'Orléans]], ancien compagnon de débauche de son défunt frère. Au mépris des convenances, il ne craint pas de demander sa main. Le duc de Penthièvre accepte ce très grand honneur qui fait de sa fille une princesse du sang. En 1785, la mort de son beau-père fait d'elle la nouvelle duchesse d'[[Quatrième maison d'Orléans|Orléans]], succédant donc à [[Louise-Henriette de Bourbon-Conti]].
[[Image : Monsieur de Penthièvre and his daughter, Jean-Baptiste Charpentier le Vieux.jpg|thumb|left|Mademoiselle de Penthièvre et son père.]]

La Révolution et l'Empire affecteront durement la duchesse d'Orléans. Outre l'exécution du roi et de la reine, sa belle-sœur, la princesse de Lamballe est massacrée par la foule, son fils déserte et émigre, son mari est guillotiné et son neveu, le duc d'Enghien, fusillé. Ses deux fils cadets mourront prématurément des suites de leur incarcération.

Sous la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]], elle tentera de reconstituer une partie de cette fortune, ce qui l'amènera à intenter de nombreux procès.


=== Mariage ===
=== Mariage ===
Cette richesse ne laisse pas indifférent [[Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793)|Louis-Philippe d'Orléans]], duc de Chartres. Fils aîné du duc d'Orléans, âgé de {{nobr|20 ans}}, il est chef de la branche cadette de la famille royale. C'est un cousin éloigné de Marie-Adélaïde, issue d'une branche illégitime. Pour lui, ce mariage est une mésalliance. L'union est néanmoins consacrée à [[Versailles]] le {{date-|5 avril 1769}}. L'épouse est dotée par son père des duchés de [[Châteauvillain#Histoire|Châteauvillain]], d'[[Arc-en-Barrois]] et de [[Carignan (Ardennes)#Histoire|Carignan]].
L'important héritage de Mademoiselle de Penthièvre ne laisse donc pas Louis-Philippe d'Orléans, duc de [[Famille de Chartres|Chartres]], indifférent. Àgé de vingt ans, il est le chef de la bande cadette de la famille. C'est un cousin éloigné de Marie-Adélaïde, issue d'une branche illégitime. Pour son parti, cette alliance est une mésalliance. Elle est néanmoins consacrée au [[château de Versailles]] le {{date-|5 avril 1769}}. Elle est dotée par son père des duchés de [[Châteauvillain]], d'[[Arc-en-Barrois]] et de [[Carignan (Ardennes)|Carignan]].


Louis-Philippe d'Orléans et Marie-Adélaïde de Bourbon auront six enfants :
[[Fichier:The Duke and Duchess of Chartres with Louis Philippe d'Orléans (1773-1850).jpg|vignette|''Le duc de Chartres et sa famille'', 1776, par [[Édouard Cibot]] et [[Charles Lepeintre]], châteaux de Versailles et de Trianon.]]


# Une fille anonyme (mort-née le {{date-|10 octobre 1771}}) ;
Le couple aura six enfants :
# [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{Ier}}]], duc de Chartres, puis duc d'Orléans et roi des Français sous le nom de « Louis-Philippe {{Ier}} » ;
* une fille (morte-née le {{date-|10 octobre 1771}}) ;
# [[Antoine d'Orléans (1775-1807)|Antoine d'Orléans]], duc de [[Montpensier]] ;
* [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]] ({{date-|6 octobre 1773}}–{{date-|26 août 1850}}), duc de Chartres, puis duc d'Orléans et roi des Français sous le nom de {{souverain-|Louis-Philippe Ier}} ;
# [[Adélaïde d'Orléans (1777-1847)|Adélaïde d'Orléans]], dite « Mademoiselle de Chartres », « Mademoiselle d'Orléans », puis « Mademoiselle » et « Madame Adélaïde » ;
* [[Antoine d'Orléans (1775-1807)|Antoine-Philippe]] ({{date-|3 juillet 1775}}–{{date-|18 mai 1807}}), duc de Montpensier ;
* [[Adélaïde d'Orléans (1777-1847)|Eugène-Adélaïde-Louise]] ({{date-|23 août 1777}}{{date-|31 décembre 1847}}), dite « Mademoiselle de Chartres » (1777), « Mademoiselle d'Orléans » ([[1782]]), puis Mademoiselle (1783-1812) et Madame Adélaïde (1830) ;
# Françoise-Caroline-Auguste d'Orléans ({{date-|23 août 1777}}-{{date-|6 février 1782}}), dite « Mademoiselle d'Orléans » ;
# [[Louis-Charles d'Orléans]], comte de [[Beaujolais]].
* une fille ({{date-|23 août 1777}}-{{date-|6 février 1782}}), dite « Mademoiselle d'Orléans » ;
* [[Louis-Charles d'Orléans|Louis-Charles]] ({{date-|7 octobre 1779}}–{{date-|30 mai 1808}}), comte de Beaujolais.


Le mariage s'avère très tôt malheureux. Le duc prend rapidement pour maîtresse la [[Félicité de Genlis|comtesse de Genlis]], dame d'honneur de sa femme, qu'il nomme préceptrice de leurs enfants<ref>Stéphanie-Félicité du Crest de Saint Aubin, comtesse de Genlis, fut à la fois la maîtresse du duc d'Orléans [[Philippe-Égalité]] et gouvernante des enfants d'Orléans. Elle a trente-six ans en 1792, lorsqu'elle fut chargée de l'éducation des princes. Dans ses ''Mémoires'', le roi Louis-Philippe détaille longuement l'éducation spartiate que lui, ses frères et sa sœur reçurent de {{Mme|de Genlis}}.</ref>. Pendant vingt ans, Marie-Adélaïde supporte avec naïveté puis résignation les frasques de son mari. Elle souffre également de l'influence de Madame de Genlis sur ses enfants, qui adopteront une attitude révolutionnaire heurtant ses convictions royalistes<ref>[[Michel de Decker]], ''Le Duchesse d'Orléans, épouse de Philippe-Égalité, mère de Louis-Philippe'', {{opcit}}, {{p.|136-146}}.</ref>. Cependant, Marie-Adélaïde aurait été elle-même infidèle au point que la légitimité de son fils Louis-Philippe (futur roi des Français) a été mise en doute par [[Victor Hugo]] dans ''[[Le roi s'amuse]]'' quand il fait dire à [[Triboulet]] : « Vos mères aux laquais se sont prostituées : / Vous êtes tous bâtards ». Louis Philippe fera d'ailleurs interdire la pièce en 1832 dès le lendemain de la première.
Le mariage s'avère très tôt malheureux. Le duc prend rapidement pour maitresse la [[Félicité de Genlis|comtesse de Genlis]], dame d'honneur de sa femme, qu'il nomme préceptrice de leurs enfants<ref>Stéphanie-Félicité du Crest de Saint Aubin, comtesse de Genlis, fut à la fois la maîtresse du duc d'Orléans [[Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793)|Philippe-Égalité]] et gouvernante des enfants d'Orléans. Elle a trente-six ans en 1792, lorsqu'elle fut chargée de l'éducation des princes. Dans ses ''Mémoires'', le roi Louis-Philippe détaille longuement l'éducation spartiate que lui, ses frères et sa sœur reçurent de {{Mme|de Genlis}}.</ref>. Ainsi, pendant vingt ans, Marie-Adélaïde supporte avec naïveté puis résignation les frasques de son mari. Elle souffre également de l'influence de la comtesse sur ses enfants, qui adopteront alors une attitude révolutionnaire heurtant les convictions profondément royalistes de leur mère{{sfn|Decker|2001|p=136-146}}.
[[Fichier:The Duke and Duchess of Chartres with Louis Philippe d'Orléans (1773-1850).jpg|vignette|''Le Duc de Chartres et sa famille'' d'après [[Charles Lepeintre]], 1776.]]
Cependant, Marie-Adélaïde aurait été elle-même infidèle au point que la légitimité de son fils Louis-Philippe, le futur roi des Français, a été remise en doute par [[Victor Hugo]] dans ''[[Le roi s'amuse]]'' quand il fait dire à [[Triboulet]] : «'' Vos mères aux laquais se sont prostituées : / Vous êtes tous bâtards ''»''.'' Louis-Philippe fera d'ailleurs interdire la pièce en 1832 dès le lendemain de la première. Sous l'[[Ancien Régime|Ancien-Régime]], la duchesse d'Orléans protège [[Élisabeth Vigée Le Brun]] et présente [[Rose Bertin]], dont elle est cliente, à [[Marie-Antoinette d'Autriche|Marie-Antoinette]].


=== Retrait en Normandie ===
=== Retrait en Normandie ===
En {{date-|avril 1791}}, accompagnée de sa fidèle dame d'honneur, la marquise de [[Chastellux-sur-Cure|Chastellux]], Marie-Adélaïde se retire alors en [[Normandie]] auprès de son père, le duc de Penthièvre, dernier survivant des petits-fils du roi {{Louis XIV}}. Le lendemain de la [[fuite de Varennes]], la duchesse et son père sont détenus au [[château d'Eu]] mais la mesure est levée au bout de dix-neuf jours{{sfn|Decker|2001|p=150}}. Ils résideront ensuite au [[château d'Anet]] puis au [[château de Bizy]]. La duchesse se sépare officiellement de son époux, le duc Philippe d'Orléans, le {{date-|25 juillet 1792}}.
[[Image : Princesse de lamballe.jpg|vignette|La princesse de Lamballe.]]
En {{date-|avril 1791}}, accompagnée de sa fidèle dame d'honneur la marquise de Chastellux, Marie-Adélaïde se retire en [[Normandie]] auprès de son père, le duc de Penthièvre, dernier survivant des petits-fils de {{Louis XIV}}.

Le lendemain de la [[fuite de Varennes|fuite manquée de {{Louis XVI}} à Varennes]], Marie-Adélaïde et son père sont détenus au [[château d'Eu]] mais la mesure sera levée au bout de {{nobr|19 jours}}<ref>Michel de Decker, {{op. cit.}} {{p.|150}}.</ref>. Ils résideront ensuite aux châteaux [[château d'Anet|d'Anet]] et de [[château de Bizy|Bizy]].
Elle se sépare officiellement de son époux le {{date-|25 juillet 1792}}.

[[Fichier:Louise Marie Adélaïde de Bourbon by Louise Élisabeth Vigée Lebrun.jpg|gauche|vignette|La duchesse d'Orléans par [[Élisabeth Vigée Le Brun]] ([[Musée des beaux-arts de Marseille]]).]]
Marie-Adélaïde et son père sont épouvantés par la fin atroce de leur belle-sœur et belle-fille, la [[Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan|princesse de Lamballe]], victime des [[massacres de Septembre]]. Le duc de Penthièvre considérait la princesse comme sa seconde fille et avait proposé la moitié de son immense fortune en échange de sa vie. De plus, le rôle de son gendre [[Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793)|Philippe-Égalité]] dans la condamnation à mort de [[Procès de Louis XVI|{{Louis XVI}}]] l'a scandalisé. Il ne se remettra pas de l'exécution du souverain, le {{date-|21 janvier 1793}}. Il meurt deux mois plus tard, respecté de tous pour sa droiture et sa charité.

Après la désertion du général [[Charles François Dumouriez|Dumouriez]], qui entraîne dans sa fuite le jeune [[Louis-Philippe Ier|duc de Chartres]], tous les Orléans sont arrêtés. [[Antoine d'Orléans (1775-1807)|Montpensier]] et [[Louis-Charles d'Orléans|Beaujolais]] sont emprisonnés à [[Marseille]] avec leur père. Déclarée suspecte, Marie-Adélaïde est assignée à résidence à [[Château de Bizy|Bizy]].

Le duc d'Orléans est guillotiné le {{date-|6 novembre 1793}}. Surnommée la « veuve Égalité », Marie-Adélaïde est incarcérée à la [[prison du Luxembourg]]. Elle impressionne ses geôliers par sa piété et son courage{{refnec}}.


Marie-Adélaïde et son père sont épouvantés par la fin atroce de la [[Madame de Lamballe|princesse de Lamballe]], belle-sœur et belle-fille de la fille et du père, victime des [[massacres de Septembre]]. Le duc de Penthièvre la considérait comme sa seconde fille et avait proposé la moitié de son immense fortune en échange de sa vie. De plus, le rôle de son gendre Philippe-Égalité dans la condamnation à mort de [[Louis XVI]] l'a scandalisé. Il ne se remettra jamais de l'exécution du souverain, le matin du {{date-|21 janvier 1793}}. Le duc meurt deux mois plus tard, respecté de tous pour sa droiture et sa charité.
Libérée en 1794 après la [[chute de Robespierre]], elle trouve refuge dans la pension de [[Jacques Belhomme]], où elle rencontre le conventionnel [[Jacques-Marie Rouzet]]. En 1796, ses fils Montpensier et Beaujolais sont libérés mais doivent s'expatrier aux [[États-Unis]]. Elle ne les reverra plus. Sa fille [[Adélaïde d'Orléans (1777-1847)|Adélaïde]], naguère réfugiée en [[Suisse]] auprès de {{Mme|de Genlis}}, a trouvé asile en [[Allemagne]] auprès de sa grand-tante maternelle, la [[Marie-Fortunée d'Este|princesse de Conti]].
[[Fichier:Monsieur de Penthièvre and his daughter, Jean-Baptiste Charpentier le Vieux.jpg|vignette|''Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre et sa fille, Louise-Adelaïde, représentés dans un jardin'' par [[Jean-Baptiste Charpentier le Vieux]], 1768.]]
Après la désertion du [[Charles François Dumouriez|général Dumouriez]], qui entraîne dans sa fuite le jeune Louis-Philippe, les membres de la famille d'Orléans sont arrêtés. Antoine d'Orléans et Louis-Charles d'Orléans sont emprisonnés à [[Marseille]] avec leur père. Déclarée suspecte, Marie-Adélaïde est assignée à résidence au château de Bizy. Le duc d'Orléans est guillotiné le {{date-|6 novembre 1793}}. Surnommée la « veuve Égalité », Marie-Adélaïde est alors emprisonnée au [[palais du Luxembourg]]. La ci-devant duchesse impressionne ses geôliers par sa piété et son courage.


Libérée en 1794 après la [[Maximilien de Robespierre|chute de Robespierre]], elle trouve refuge dans la pension de [[Jacques Belhomme]], elle y rencontre le conventionnel [[Jacques-Marie Rouzet]], qui devient son amant. En 1796, ses fils sont libérés mais ils doivent s'expatrier aux [[États-Unis]], elle ne les reverra plus. Sa fille Adélaïde trouve asile en [[Allemagne]] auprès de sa grand-tante maternelle, la [[Marie-Fortunée d'Este|princesse de Conti]]. À Paris, Jean-Marie Rouzet est devenu un membre du [[Conseil des Cinq-Cents]], chambre basse, et Marie-Adélaïde vit ainsi dans une certaine aisance.
À Paris, Rouzet est devenu membre du [[Conseil des Cinq-Cents]] et Marie-Adélaïde vit dans une certaine aisance.


=== Exil en Espagne ===
=== Exil en Espagne ===
Après le [[coup d'État du 18 fructidor an V|coup d'État du {{date républicaine-|18 fructidor an V}}]] ({{date-|4 septembre 1797}}), un décret oblige tous les Bourbons à quitter la France. Marie Adélaïde se réfugie en [[Espagne]] avec sa belle-sœur, [[Bathilde d'Orléans]], duchesse de Bourbon. Rouzet l'y retrouve secrètement et tous deux vivent à [[Sarrià]], puis à [[Figueras]] où sa fille Adélaïde les rejoindra pour quelque temps.
Après le [[coup d'État du 18 fructidor an V|coup d'État du {{date républicaine-|18 fructidor an V}}]] ({{date-|4 septembre 1797}}), un décret oblige tous les membres de la famille de Bourbon à quitter le pays. Marie-Adélaïde se réfugie en [[Espagne]] avec sa belle-sœur, [[Bathilde d'Orléans]], qui est duchesse de Bourbon. Rouzet l'y retrouve secrètement et tous deux vivent à [[Sarrià]], puis à [[Figueras]] où sa fille Adélaïde les rejoindra pour quelque temps. C'est en exil qu'elle apprend le décès prématuré de ses deux fils cadets, morts de maladie. Finalement, la [[guerre d'indépendance espagnole]] oblige la fille du feu duc de Penthièvre et Rouzet à fuir aux [[Îles Baléares]], un archipel, en {{date-|décembre 1808}}.


Après une séparation de seize ans, son fils Louis-Philippe vient demander son autorisation d'épouser [[Marie-Amélie de Bourbon-Siciles]]. Marie-Adélaïde accepte cette union et l'accompagne à [[Palerme]], où le mariage est célébré le {{date-|25 novembre 1809}}. Mais après un séjour commun de deux ans, la relation entre la mère et le fils est devenue orageuse. Marie-Adélaïde et Rouzet partent pour [[Minorque]], à [[Port Mahon|Mahon]].
C'est en exil que Marie Adélaïde apprend le décès prématuré de ses deux fils cadets, morts de maladie.


=== Retour en France et décès ===
Le [[guerre d'indépendance espagnole|conflit entre la France et l'Espagne]] oblige Marie Adélaïde et Rouzet à fuir aux [[Îles Baléares]] en {{date-|décembre 1808}}. Après une séparation de {{nobr|16 ans}}, son fils [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]] vient demander son autorisation d'épouser [[Marie-Amélie de Bourbon-Siciles]]. Marie Adélaïde accepte cette union et l'accompagne à [[Palerme]], où le mariage est célébré le {{date-|25 novembre 1809}}. Mais après un séjour commun de deux ans, les relations entre mère et fils sont devenues orageuses. Marie-Adélaïde et Rouzet partent pour [[Minorque]], à [[Port Mahon|Mahon]].
[[Fichier:1776 painting of Louise Marie Adélaïde de Bourbon (Duchess of Orléans) by Charles Lepeintre.jpg|vignette|''Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon en 1776'' par [[Charles Lepeintre]], 1776.]]
À la suite de la chute de l'[[Premier Empire|Empire]], Marie-Adélaïde et Rouzet regagnent la France le {{date-|28 juin 1814}}. Ils ne sont alors pas inquiétés pendant les [[Cent-Jours]]. Cette année-là, Marie-Adélaïde projette de restaurer la sépulture de sa famille dont les restes ont été abandonnés dans une fosse commune. Elle fait bâtir la partie haute de l'actuelle [[chapelle royale de Dreux]] du [[château de Dreux]], où son père avait fait déposer les cercueils de ses parents, de sa femme et de ses six enfants après avoir dû céder le [[château de Rambouillet]] à la reine en 1783.


Louis-Philippe agrandira la nécropole en creusant des cryptes. Rouzet meurt en 1820. En 1821, Marie-Adélaïde succombe à un cancer du sein, après une longue et douloureuse agonie. Elle est ainsi inhumée dans la chapelle royale de Dreux. Elle ne verra alors pas l'avènement comme roi des Français de son fils Louis-Philippe, en {{date-|juillet 1830}}. La [[Révolution française]] et le premier Empire affecteront durement la duchesse d'Orléans.
=== Retour en France - Décès ===
Après la chute de l'Empire, Marie-Adélaïde et Rouzet regagnent la France le {{date-|28 juin 1814}}. Ils ne sont pas inquiétés pendant les [[Cent-Jours]]. Cette année-là, Marie-Adélaïde projette de restaurer la sépulture de sa famille, dont les restes ont été abandonnés dans une fosse commune. Elle fait bâtir la partie haute de l'actuelle [[chapelle royale de Dreux|chapelle royale Saint-Louis]] du [[château de Dreux]], où son père avait fait déposer les cercueils de ses parents, de sa femme et de ses enfants après avoir dû céder Rambouillet à la reine en 1783. [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]] agrandira la nécropole en faisant creuser des cryptes.


Outre l'exécution du roi et de la reine, sa belle-sœur, la princesse de [[Lamballe]] est massacrée par la foule, son fils déserte et émigre, son mari est guillotiné et son neveu, le duc d'Enghien, est fusillé. Ses deux fils cadets mourront prématurément des suites de leur incarcération. Héritière d'une immense fortune, elle tentera sous la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]] d'en reconstituer une part, ce qui l'amènera à intenter de nombreux procès.
Rouzet meurt en 1820. En 1821, Marie-Adélaïde succombe à un cancer du sein, après une longue et douloureuse agonie. Elle est inhumée à Dreux.


== Titulature ==
Elle ne verra pas l'avènement comme roi des Français de son fils [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]], en {{date-|juillet 1830}}.
* {{date-|13 mars 1753}} – {{date-|26 septembre 1753}} : Mademoiselle d'[[Ivry-sur-Seine|Ivry]] ;
* {{date-|26 septembre 1753}} — {{date-|5 avril 1769}} : Mademoiselle de [[Penthièvre]] ;
* {{date-|5 avril 1769}} — {{date-|18 novembre 1785}} : La duchesse de [[Famille de Chartres|Chartres]], [[Prince du sang|princesse du sang]] de [[France]] ;
* {{date-|18 novembre 1785}} — {{date-|23 juin 1790}} : La duchesse d'[[Quatrième maison d'Orléans|Orléans]], princesse du sang de France ;
* {{date-|23 juin 1790}} — {{date-|14 septembre 1791}} : Madame Louise-Marie-Adélaïde d'Orléans ;
* {{date-|14 septembre 1791}} — {{date-|15 septembre 1792}} : Louise-Marie-Adélaïde, princesse française ;
* {{date-|15 septembre 1792}} — {{date-|6 novembre 1793}} : ''Citoyenne'' Louise-Marie-Adélaide Égalité ;
* {{date-|6 novembre 1793}} — {{date-|6 avril 1814}} : ''Veuve'' Louise-Marie-Adélaïde Égalité ;
* {{date-|6 avril 1814}} — {{date-|23 juin 1821}} : La duchesse douairière d'Orléans.


=== Mécénat ===
== Ascendance ==
Marie-Adélaïde de Bourbon est l'une des premières protectrices de la peintre [[Élisabeth Vigée Le Brun]] (1755-1842). Elle fut aussi cliente de la modiste [[Rose Bertin]], qu'elle présente à la reine [[Marie-Antoinette d'Autriche|Marie-Antoinette]].

=== Titulature ===
* {{date-|13 mars 1753}} – {{date-|26 septembre 1753}} : ''Son Altesse Sérénissime'' mademoiselle d'Ivry
* {{date-|26 septembre 1753}} — {{date-|5 avril 1769}} : ''Son Altesse Sérénissime'' mademoiselle de Penthièvre
* {{date-|5 avril 1769}} — {{date-|18 novembre 1785}} : ''Son Altesse Sérénissime'' la duchesse de Chartres, princesse du sang de France
* {{date-|18 novembre 1785}} — {{date-|23 juin 1790}} : ''Son Altesse Sérénissime'' la duchesse d'Orléans, princesse du sang de France
* {{date-|23 juin 1790}} — {{date-|14 septembre 1791}} : ''madame'' Louise-Marie-Adélaïde d'Orléans
* {{date-|14 septembre 1791}} — {{date-|15 septembre 1792}} : Louise-Marie-Adélaïde, princesse française
* {{date-|15 septembre 1792}} — {{date-|6 novembre 1793}} : ''citoyenne'' Louise-Marie-Adélaide Égalité
* {{date-|6 novembre 1793}} — {{date-|6 avril 1814}} : ''veuve'' Louise-Marie-Adélaïde Égalité
* {{date-|6 avril 1814}} — {{date-|23 juin 1821}} : ''Son Altesse Sérénissime'' la duchesse douairière d'Orléans

=== Ascendance ===
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== Notes ==
== Filmographie ==

* Dans le film ''[[Marie-Antoinette (film, 2006)|Marie-Antoinette]]'' (2006) de [[Sofia Coppola]], son rôle est interprété par [[Aurore Clément]].

== Références ==
<references />
<references />


== Pour approfondir ==
== Pour approfondir ==

=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===

* E. Delille, ''Journal de la vie de S.A.S. la duchesse d'Orléans'', Paris, 1822 (ouvrage écrit par son secrétaire particulier) en ligne [https://books.google.fr/books?id=qBqT6aeVqaUC&dq=Journal+de+la+vie+de+S.A.S.+la+duchesse+d%27Orl%C3%A9ans&hl=fr&source=gbs_navlinks_s]
* E. Delille, ''Journal de la vie de S.A.S. la duchesse d'Orléans'', Paris, 1822 (ouvrage écrit par son secrétaire particulier) en ligne [https://books.google.fr/books?id=qBqT6aeVqaUC&dq=Journal+de+la+vie+de+S.A.S.+la+duchesse+d%27Orl%C3%A9ans&hl=fr&source=gbs_navlinks_s]
*André de Maricourt, ''Louise'' ''Marie'' ''Adélaïde'' de ''Bourbon''-''Penthièvre'', ''duchesse d'Orléans'', Paris, Emile Paul, 1913-1914, 2 volumes. 1e volume: ''La jeunesse, le duc de Penthièvre, le Palais-Royal, la séparation (1753-1791)'', 1913; 2nd volume: ''La duchesse d'Orleans, mere du roi Louis-Philippe (1791-1821)'', 1914.
*André de Maricourt, ''Louise'' ''Marie'' ''Adélaïde'' de ''Bourbon''-''Penthièvre'', ''duchesse d'Orléans'', Paris, Emile Paul, 1913-1914, 2 volumes. 1e volume: ''La jeunesse, le duc de Penthièvre, le Palais-Royal, la séparation (1753-1791)'', 1913; 2nd volume: ''La duchesse d'Orleans, mere du roi Louis-Philippe (1791-1821)'', 1914.
* [[Michel de Decker]], ''La Veuve Égalité'', Librairie Académique Perrin, Paris, 1981 ; réédité sous le titre ''La Duchesse d'Orléans, épouse de Philippe-Égalité, mère de Louis-Philippe'', Pygmalion, Paris, 2001 {{ISBN|2-85704-693-6}}
* {{Ouvrage |langue=fr|prénom1=Michel de |nom1=Decker |lien auteur1=Michel de Decker |titre=La Duchesse d'Orléans, épouse de Philippe-Égalité, mère de Louis-Philippe |sous-titre= |lieu=Paris |éditeur=Pygmalion |collection= |année=2001|année première édition=1981 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn=2-85704-693-6 |lire en ligne= }}.

=== Pages connexes ===


=== Articles connexes ===
* [[Château d'Eu]]
* [[Château d'Eu]]

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Marie-Adélaïde de Bourbon
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de la duchesse d'Orléans d'après Élisabeth Vigée Le Brun, XVIIIe siècle.
Biographie
Titulature Princesse du sang
Duchesse de Chartres
Duchesse d'Orléans
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon
Surnom Mademoiselle d'Ivry
Mademoiselle de Penthièvre
Naissance
Hôtel de Toulouse (Royaume de France)
Décès (à 68 ans)
Château d'Ivry (Royaume de France)
Sépulture Chapelle royale de Dreux
Père Louis de Bourbon
Mère Marie-Thérèse-Félicité d'Este
Conjoint Louis-Philippe d'Orléans
Enfants Louis-Philippe Ier Roi des Français
Antoine d’Orléans
Adélaïde d’Orléans
Louis-Charles d'Orléans
Religion Catholicisme

Signature

Signature de Marie-Adélaïde de Bourbon

Description de cette image, également commentée ci-après

Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon, dite Mademoiselle d'Ivry puis Mademoiselle de Penthièvre, est née à l'hôtel de Toulouse le et est morte au château d'Ivry le . Fille de Louis-Jean-Marie de Bourbon et de Marie-Thérèse-Félicité d'Este, elle fut duchesse de Chartres puis duchesse d'Orléans par son mariage avec Louis-Philippe d'Orléans, futur « Philippe-Égalité ». Elle est également la mère du futur roi des Français, Louis-Philippe Ier.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Louise-Marie-Adélaïde est la fille de Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, et de son épouse Marie-Thérèse-Félicité d'Este, princesse de Modène. Son père étant le fils du comte de Toulouse, Louis-Alexandre de Bourbon, elle est un membre d'une branche légitimée de la maison de Bourbon. Sa mère étant morte en couches, elle est rapidement confiée aux bénédictines de la réputée abbaye royale de Montmartre où elle reste pensionnaire pendant 14 ans[1].

La mort de son frère, Louis-Alexandre de Bourbon, survenue en mai 1768, fait de la jeune fille la dernière descendante du comte de Toulouse, bâtard légitimé du roi Louis XIV, et fait d'elle la plus riche héritière de France. Âgée de 15 ans, elle est présentée à la cour le de la même année. Pendant qu'elle s'incline devant le roi puis le dauphin, personne n'ignore que la jeune fille est alors la plus riche héritière du royaume. Sa fortune en intéresse grandement certains.

Ainsi, son héritage suscite l'intérêt de Louis-Philippe d'Orléans, prince du sang, qui propose alors son fils, Philippe d'Orléans, ancien compagnon de débauche de son défunt frère. Au mépris des convenances, il ne craint pas de demander sa main. Le duc de Penthièvre accepte ce très grand honneur qui fait de sa fille une princesse du sang. En 1785, la mort de son beau-père fait d'elle la nouvelle duchesse d'Orléans, succédant donc à Louise-Henriette de Bourbon-Conti.

Mariage[modifier | modifier le code]

L'important héritage de Mademoiselle de Penthièvre ne laisse donc pas Louis-Philippe d'Orléans, duc de Chartres, indifférent. Àgé de vingt ans, il est le chef de la bande cadette de la famille. C'est un cousin éloigné de Marie-Adélaïde, issue d'une branche illégitime. Pour son parti, cette alliance est une mésalliance. Elle est néanmoins consacrée au château de Versailles le . Elle est dotée par son père des duchés de Châteauvillain, d'Arc-en-Barrois et de Carignan.

Louis-Philippe d'Orléans et Marie-Adélaïde de Bourbon auront six enfants :

  1. Une fille anonyme (mort-née le ) ;
  2. Louis-Philippe Ier, duc de Chartres, puis duc d'Orléans et roi des Français sous le nom de « Louis-Philippe Ier » ;
  3. Antoine d'Orléans, duc de Montpensier ;
  4. Adélaïde d'Orléans, dite « Mademoiselle de Chartres », « Mademoiselle d'Orléans », puis « Mademoiselle » et « Madame Adélaïde » ;
  5. Françoise-Caroline-Auguste d'Orléans (-), dite « Mademoiselle d'Orléans » ;
  6. Louis-Charles d'Orléans, comte de Beaujolais.

Le mariage s'avère très tôt malheureux. Le duc prend rapidement pour maitresse la comtesse de Genlis, dame d'honneur de sa femme, qu'il nomme préceptrice de leurs enfants[2]. Ainsi, pendant vingt ans, Marie-Adélaïde supporte avec naïveté puis résignation les frasques de son mari. Elle souffre également de l'influence de la comtesse sur ses enfants, qui adopteront alors une attitude révolutionnaire heurtant les convictions profondément royalistes de leur mère[3].

Le Duc de Chartres et sa famille d'après Charles Lepeintre, 1776.

Cependant, Marie-Adélaïde aurait été elle-même infidèle au point que la légitimité de son fils Louis-Philippe, le futur roi des Français, a été remise en doute par Victor Hugo dans Le roi s'amuse quand il fait dire à Triboulet : « Vos mères aux laquais se sont prostituées : / Vous êtes tous bâtards ». Louis-Philippe fera d'ailleurs interdire la pièce en 1832 dès le lendemain de la première. Sous l'Ancien-Régime, la duchesse d'Orléans protège Élisabeth Vigée Le Brun et présente Rose Bertin, dont elle est cliente, à Marie-Antoinette.

Retrait en Normandie[modifier | modifier le code]

En , accompagnée de sa fidèle dame d'honneur, la marquise de Chastellux, Marie-Adélaïde se retire alors en Normandie auprès de son père, le duc de Penthièvre, dernier survivant des petits-fils du roi Louis XIV. Le lendemain de la fuite de Varennes, la duchesse et son père sont détenus au château d'Eu mais la mesure est levée au bout de dix-neuf jours[4]. Ils résideront ensuite au château d'Anet puis au château de Bizy. La duchesse se sépare officiellement de son époux, le duc Philippe d'Orléans, le .

Marie-Adélaïde et son père sont épouvantés par la fin atroce de la princesse de Lamballe, belle-sœur et belle-fille de la fille et du père, victime des massacres de Septembre. Le duc de Penthièvre la considérait comme sa seconde fille et avait proposé la moitié de son immense fortune en échange de sa vie. De plus, le rôle de son gendre Philippe-Égalité dans la condamnation à mort de Louis XVI l'a scandalisé. Il ne se remettra jamais de l'exécution du souverain, le matin du . Le duc meurt deux mois plus tard, respecté de tous pour sa droiture et sa charité.

Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre et sa fille, Louise-Adelaïde, représentés dans un jardin par Jean-Baptiste Charpentier le Vieux, 1768.

Après la désertion du général Dumouriez, qui entraîne dans sa fuite le jeune Louis-Philippe, les membres de la famille d'Orléans sont arrêtés. Antoine d'Orléans et Louis-Charles d'Orléans sont emprisonnés à Marseille avec leur père. Déclarée suspecte, Marie-Adélaïde est assignée à résidence au château de Bizy. Le duc d'Orléans est guillotiné le . Surnommée la « veuve Égalité », Marie-Adélaïde est alors emprisonnée au palais du Luxembourg. La ci-devant duchesse impressionne ses geôliers par sa piété et son courage.

Libérée en 1794 après la chute de Robespierre, elle trouve refuge dans la pension de Jacques Belhomme, elle y rencontre le conventionnel Jacques-Marie Rouzet, qui devient son amant. En 1796, ses fils sont libérés mais ils doivent s'expatrier aux États-Unis, elle ne les reverra plus. Sa fille Adélaïde trouve asile en Allemagne auprès de sa grand-tante maternelle, la princesse de Conti. À Paris, Jean-Marie Rouzet est devenu un membre du Conseil des Cinq-Cents, chambre basse, et Marie-Adélaïde vit ainsi dans une certaine aisance.

Exil en Espagne[modifier | modifier le code]

Après le coup d'État du 18 fructidor an V (), un décret oblige tous les membres de la famille de Bourbon à quitter le pays. Marie-Adélaïde se réfugie en Espagne avec sa belle-sœur, Bathilde d'Orléans, qui est duchesse de Bourbon. Rouzet l'y retrouve secrètement et tous deux vivent à Sarrià, puis à Figueras où sa fille Adélaïde les rejoindra pour quelque temps. C'est en exil qu'elle apprend le décès prématuré de ses deux fils cadets, morts de maladie. Finalement, la guerre d'indépendance espagnole oblige la fille du feu duc de Penthièvre et Rouzet à fuir aux Îles Baléares, un archipel, en .

Après une séparation de seize ans, son fils Louis-Philippe vient demander son autorisation d'épouser Marie-Amélie de Bourbon-Siciles. Marie-Adélaïde accepte cette union et l'accompagne à Palerme, où le mariage est célébré le . Mais après un séjour commun de deux ans, la relation entre la mère et le fils est devenue orageuse. Marie-Adélaïde et Rouzet partent pour Minorque, à Mahon.

Retour en France et décès[modifier | modifier le code]

Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon en 1776 par Charles Lepeintre, 1776.

À la suite de la chute de l'Empire, Marie-Adélaïde et Rouzet regagnent la France le . Ils ne sont alors pas inquiétés pendant les Cent-Jours. Cette année-là, Marie-Adélaïde projette de restaurer la sépulture de sa famille dont les restes ont été abandonnés dans une fosse commune. Elle fait bâtir la partie haute de l'actuelle chapelle royale de Dreux du château de Dreux, où son père avait fait déposer les cercueils de ses parents, de sa femme et de ses six enfants après avoir dû céder le château de Rambouillet à la reine en 1783.

Louis-Philippe agrandira la nécropole en creusant des cryptes. Rouzet meurt en 1820. En 1821, Marie-Adélaïde succombe à un cancer du sein, après une longue et douloureuse agonie. Elle est ainsi inhumée dans la chapelle royale de Dreux. Elle ne verra alors pas l'avènement comme roi des Français de son fils Louis-Philippe, en . La Révolution française et le premier Empire affecteront durement la duchesse d'Orléans.

Outre l'exécution du roi et de la reine, sa belle-sœur, la princesse de Lamballe est massacrée par la foule, son fils déserte et émigre, son mari est guillotiné et son neveu, le duc d'Enghien, est fusillé. Ses deux fils cadets mourront prématurément des suites de leur incarcération. Héritière d'une immense fortune, elle tentera sous la Restauration d'en reconstituer une part, ce qui l'amènera à intenter de nombreux procès.

Titulature[modifier | modifier le code]

  •  : Mademoiselle d'Ivry ;
  •  : Mademoiselle de Penthièvre ;
  •  : La duchesse de Chartres, princesse du sang de France ;
  •  : La duchesse d'Orléans, princesse du sang de France ;
  •  : Madame Louise-Marie-Adélaïde d'Orléans ;
  •  : Louise-Marie-Adélaïde, princesse française ;
  •  : Citoyenne Louise-Marie-Adélaide Égalité ;
  •  : Veuve Louise-Marie-Adélaïde Égalité ;
  •  : La duchesse douairière d'Orléans.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. H. M. Delsart, La dernière abbesse de Montmartre: Marie-Louise de Montmorency-Laval, 1723-1794, Paris, 1921, p. 25. Numérisé sur gallica.
  2. Stéphanie-Félicité du Crest de Saint Aubin, comtesse de Genlis, fut à la fois la maîtresse du duc d'Orléans Philippe-Égalité et gouvernante des enfants d'Orléans. Elle a trente-six ans en 1792, lorsqu'elle fut chargée de l'éducation des princes. Dans ses Mémoires, le roi Louis-Philippe détaille longuement l'éducation spartiate que lui, ses frères et sa sœur reçurent de Mme de Genlis.
  3. Decker 2001, p. 136-146.
  4. Decker 2001, p. 150.

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • E. Delille, Journal de la vie de S.A.S. la duchesse d'Orléans, Paris, 1822 (ouvrage écrit par son secrétaire particulier) en ligne [1]
  • André de Maricourt, Louise Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, duchesse d'Orléans, Paris, Emile Paul, 1913-1914, 2 volumes. 1e volume: La jeunesse, le duc de Penthièvre, le Palais-Royal, la séparation (1753-1791), 1913; 2nd volume: La duchesse d'Orleans, mere du roi Louis-Philippe (1791-1821), 1914.
  • Michel de Decker, La Duchesse d'Orléans, épouse de Philippe-Égalité, mère de Louis-Philippe, Paris, Pygmalion, (1re éd. 1981) (ISBN 2-85704-693-6).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]