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« Théorème de représentation de Riesz (Fréchet-Riesz) » : différence entre les versions

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prénom1=Heinz|
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titre=Measure and integration theory|
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numéro dans collection=26|
éditeur=Walter de Gruyter|
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Le théorème de représentation de Riesz établit sous certaines hypothèses la réciproque de cette propriété : on se donne une forme linéaire positive sur <math>C_c(X)</math>, et on veut savoir si elle peut être représentée comme intégrale par rapport à une mesure de Borel, et si oui si la mesure est unique.
Le théorème de représentation de Riesz établit sous certaines hypothèses la réciproque de cette propriété : on se donne une forme linéaire positive sur <math>C_c(X)</math>, et on veut savoir si elle peut être représentée comme intégrale par rapport à une mesure de Borel, et si oui si la mesure est unique.
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:De plus, il existe une et une seule mesure de Borel sur <math>X</math> qui représente ainsi <math>\Lambda</math> et est intérieurement régulière, et une et une seule qui est quasi-régulière.
:De plus, il existe une et une seule mesure de Borel sur <math>X</math> qui représente ainsi <math>\Lambda</math> et est intérieurement régulière, et une et une seule qui est quasi-régulière.


Plusieurs auteurs soulignent que, lorsque ces deux mesures sont distinctes, la première est la plus utile<ref>{{ouvrage|
Plusieurs auteurs soulignent que, lorsque ces deux mesures sont distinctes, la première est la plus utile<ref>Heinz Bauer, {{op. cit.}}, p. 176 ou {{Ouvrage|titre=Measure Theory|auteur=Vladimir Bogacev|éditeur=Springer|année=2007|isbn=978-3-540-34513-8}}, tome 2, p. 116.</ref> ; ainsi c'est sur ses propriétés qu'est calquée une définition courante de ce qu'on appelle une {{lien|mesure de Radon|lang=en|trad=Radon measure}}.
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éditeur=Walter de Gruyter|
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=== Utilisations ===
=== Utilisations ===

Version du 31 janvier 2012 à 15:37

Il existe en analyse fonctionnelle plusieurs théorèmes nommés théorème de représentation de Riesz, en l'honneur du mathématicien Frigyes Riesz.

Le théorème de représentation de Riesz dans les espaces de Hilbert

Ce théorème est aussi parfois appelé théorème de Fréchet-Riesz (à ne pas confondre avec le théorème de Riesz-Fréchet-Kolmogorov). Il s'apparente singulièrement au théorème de Lax-Milgram qui englobe l'énoncé ci-dessous. Pour tout vecteur y d'un espace de Hilbert H, la forme linéaire qui à x associe <y,x> est continue sur H (sa norme est égale à celle de y, d'après l'inégalité de Cauchy-Schwarz). Le théorème de Riesz énonce la réciproque : toute forme linéaire continue sur H s'obtient de cette façon[1].

Énoncé

Soient :

Alors il existe un unique dans tel que pour tout de on ait .

Démonstration

Unicité de

Soient et deux éléments de vérifiant .

Pour tout on a et en particulier d'où .

Existence de en dimension finie

Si H est de dimension finie, l'existence se déduit de l'unicité. En effet, puisque l'application de dans son espace dual (de même dimension sur R) qui à tout y associe la forme linéaire <y, > est R-linéaire (antilinéaire dans le cas complexe) et injective, elle est surjective.

Existence de en dimension quelconque

Si , il suffit de choisir .

Supposons . Le noyau de est alors distinct de . Or c'est un sous-espace vectoriel de (par linéarité de ) et il est fermé (car c'est l'image réciproque du fermé {0} par l'application continue ). D'après le théorème du supplémentaire orthogonal d'un fermé dans un espace de Hilbert on en déduit que n'est pas réduit à {0}.

Soit donc un vecteur non nul orthogonal à .

Pour tout , posons .

Ainsi et en particulier .

En développant, on obtient

D'où finalement

avec .

Extension aux formes bilinéaires

Énoncé

Si est une forme bilinéaire continue sur un espace de Hilbert réel (ou une forme sesquilinéaire complexe continue sur un Hilbert complexe), alors il existe une unique application A de dans telle que, pour tout on ait . De plus, A est linéaire et continue, de norme égale à celle de a.

Démonstration

Démontrons-le dans le cas réel (le cas complexe est analogue). Pour un vecteur fixé de , le théorème de représentation de Riesz assure de l'existence d'un unique vecteur dans tel que : pour tout ,

On pose défini tel que décrit ci-dessus. Pour tous de et tout réel on a

donc est linéaire.

Soit la norme de l'application bilinéaire continue . Pour tous vecteurs on a :

.

Pour , on en déduit . Donc l'application linéaire A est continue, et sa norme - notons-la d - est inférieure ou égale à c.

Montrons l'inégalité inverse. Pour tous vecteurs on a :

,

donc c est inférieure ou égale à d, d'où l'égalité.

Le théorème de représentation de Riesz en théorie de la mesure

Partant d'une mesure de Borel (positive) sur un espace topologique , on peut l'utiliser pour intégrer toutes les fonctions numériques continues à support compact. L'application ainsi définie sur l'espace vectoriel composé de toutes ces fonctions est clairement une forme linéaire positive (au sens où elle envoie toute fonction à valeurs positives sur un réel positif)[3].

Le théorème de représentation de Riesz établit sous certaines hypothèses la réciproque de cette propriété : on se donne une forme linéaire positive sur , et on veut savoir si elle peut être représentée comme intégrale par rapport à une mesure de Borel, et si oui si la mesure est unique.

Il en existe un grand nombre de variantes, et il s'agit plutôt aujourd'hui d'une collection de théorèmes[4] dont quelques énoncés sont présentés ci-dessous. Les hypothèses utiles à la preuve de l'existence sont bien stabilisées d'une source à l'autre (on requiert locale compacité et séparation de ) ; il existe en revanche plusieurs variantes de technicité variable permettant d'écrire des résultats d'unicité.

Un énoncé assez général

Dans l'énoncé[5] ci-dessous :

  • la notation désigne l'espace vectoriel des fonctions continues à support compact définies sur et à valeurs réelles ;
  • dire qu'une forme linéaire définie sur est « positive » signifie que pour toute de à valeurs positives, ≥ 0 ;
  • on entend par « mesure de Borel » une mesure borélienne (positive) finie sur les compacts ;
  • on entend par « mesure intérieurement régulière » une mesure borélienne qui vérifie la condition suivante :
pour tout borélien , =Sup{ | est compact et inclus dans } ;
  • enfin on entend par « mesure quasi-régulière » une mesure borélienne qui vérifie les deux conditions suivantes (la première est une condition de régularité extérieure, la deuxième une condition de régularité intérieure, mais qui n'est requise que pour les ouverts) :
pour tout borélien , =Inf{ | est un ouvert contenant },
pour tout ouvert , =Sup{ | est compact et inclus dans }.

Avec toutes ces conventions de vocabulaire, on peut énoncer :

Théorème : Soit un espace topologique localement compact et séparé, et soit une forme linéaire positive sur . Il existe une mesure de Borel sur qui représente au sens suivant :
pour toute appartenant à , = d.
De plus, il existe une et une seule mesure de Borel sur qui représente ainsi et est intérieurement régulière, et une et une seule qui est quasi-régulière.

Plusieurs auteurs soulignent que, lorsque ces deux mesures sont distinctes, la première est la plus utile[6] ; ainsi c'est sur ses propriétés qu'est calquée une définition courante de ce qu'on appelle une mesure de Radon.

Utilisations

Il est possible de construire la mesure de Lebesgue à partir d'une théorie élémentaire d'intégration des fonctions continues en s'appuyant sur ce théorème, plutôt que de se baser sur le volume des parallélépipèdes pour initier la construction.

Notes et références

  1. Walter Rudin, Analyse réelle et complexe [détail des éditions] p. 77
  2. Dans le cas complexe, deux conventions coexistent (voir l'article Forme sesquilinéaire complexe) : produit scalaire linéaire par rapport à et semi-linéaire par rapport à , comme dans les articles Espace préhilbertien et Espace de Hilbert, ou l'inverse, comme ici et dans l'article Dual topologique. Les formules sont à adapter en fonction de la convention choisie.
  3. Heinz Bauer, Measure and integration theory, Walter de Gruyter, coll. « De Gruyter studies in mathematics » (no 26), (ISBN 9783110167191), p. 170
  4. Charalambos D. Aliprantis et Kim C. Border, Infinite Dimensional Analysis: A Hitchhiker's Guide, Springer, (ISBN 9783540326960), p. 487
  5. (en) H. L. Royden, Real Analysis, Prentice Hall, , 3e éd. (ISBN 978-0-02-946620-9), p. 352 sous le nom de "Théorème de Riesz-Markov"
  6. Heinz Bauer, op. cit., p. 176 ou Vladimir Bogacev, Measure Theory, Springer, (ISBN 978-3-540-34513-8), tome 2, p. 116.