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« Tonnelier » : différence entre les versions

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[[Fichier:Jean-François Millet - Cooper Tightening Staves on a Barrel - 17.1500 - Museum of Fine Arts.jpg|vignette|<center>''Tonnelier resserrant un cordage sur un tonneau''<br>[[Jean-François Millet]], 1848-1852<br>[[Musée des Beaux-Arts (Boston)]].</center>]]
[[Image:TonnelierNormandie.jpg|thumb|Le tonnelier et son univers, dans une [[cidre]]rie en [[Normandie]]]]
Le '''tonnelier''' est un [[artisanat|artisan]] qui confectionne des [[Tonneau (récipient)|tonneaux]] (fûts en bois). Tout le [[savoir-faire]] du tonnelier est réuni dans cet objet pratique et nécessaire. Son coup de main et son coup d'œil feront la bonne barrique qui permettra le vieillissement du [[vin]], de la [[bière]] ou de l'[[boisson alcoolisée|alcool]].
[[Fichier:Kuiperij Zuiderzeemuseum.jpg|thumb|Le tonnelier au Zuiderzeemuseum, à [[Enkhuizen]] aux [[Pays-Bas]]]]


Il travaille dans une tonnellerie, et se fournit en bois auprès d'un [[merrandier]].
Le '''tonnelier''' est un [[artisanat|artisan]] qui confectionne des [[Tonneau (récipient)|fûts en bois]]. Tout le savoir-faire du tonnelier est réuni dans cet objet pratique et nécessaire. Son coup de main et son coup d'œil feront la bonne barrique qui permettra le vieillissement du [[vin]], de la [[bière]] ou de l'[[boisson alcoolisée|alcool]].

{{début citation}}Comment a-t-on pu imaginer de faire tenir un liquide dans un montage de morceaux de bois fort difficile à assembler ? La plus grande partie des inventions humaines figurait déjà dans la nature : la maison, c'est la grotte, le bateau, c'est le tronc d'arbre qui flotte, même la roue, c'est le soleil qui roule dans l'espace. Le récipient naturel, c'est l'amphore, le vase fabriqué à l'image d'une pierre creuse, en moulant l'argile humide, ou bien c'est l'outre que l'on trouve toute faite en creusant la peau d'un bouc. Mais la barrique est bien une invention de poètes, l'imagination d'un peuple de rêveurs, insoucieux du temps et de la vie pratique, nos ancêtres les Celtes<ref>Pierre Boujut, tonnelier, dans ''Des métiers et des hommes au village'', de Bernard Henry, 1975</ref>.{{fin citation}}


== Histoire ==
== Histoire ==
{{début citation}}Comment a-t-on pu imaginer de faire tenir un liquide dans un montage de morceaux de bois fort difficile à assembler ? La plus grande partie des inventions humaines figurait déjà dans la nature : la maison, c'est la grotte, le bateau, c'est le tronc d'arbre qui flotte, même la roue, c'est le soleil qui roule dans l'espace. Le récipient naturel, c'est l'amphore, le vase fabriqué à l'image d'une pierre creuse, en moulant l'argile humide, ou bien c'est l'outre que l'on trouve toute faite en creusant la peau d'un bouc. Mais la barrique est bien une invention de poètes, l'imagination d'un peuple de rêveurs, insoucieux du temps et de la vie pratique, nos ancêtres les [[Celtes]]<ref>Pierre Boujut, tonnelier, dans ''Des métiers et des hommes au village'', de Bernard Henry, 1975</ref>.{{fin citation}}Le tonneau est connu en Europe depuis plus de {{nombre|2000|ans}}, inventé par les [[Gaulois (peuples)|Gaulois]]. Il servit d'abord à stocker des produits solides comme les grains, les salaisons ou même les clous, mais également des liquides par la suite (vin, bière, cidre, eau) ; l'étanchéité du récipient s'étant améliorée avec le savoir-faire<ref name="soyez">Les ébénistes du vin, J-M Soyez, 1991, {{ISBN|2-87938-000-6}}</ref>.[[Fichier:Composition d'un tonneau.svg|vignette|redresse=2|Descriptif des parties composantes d'un tonneau.]]
[[Fichier:Porte de tonnelier.JPG|thumb|left|Porte de tonnelier à [[Viens]] ({{s|XV}})]]
[[Image:Buetner-1568.png|thumb|Fabrication de tonneaux (gravure de [[1568]], [[Allemagne]])]]
[[File:Cellar Door.jpg|thumb|Porte de grand cellier à [[Saint-Tropez]] datée du {{s|XVIII}}]]
Le tonneau est connu en Europe depuis plus de {{formatnum:2000}} ans, inventé par les [[Gaulois (peuples)|Gaulois]]. Il servit d'abord à stocker des produits solides comme les grains, les salaisons ou même les clous, mais également des liquides par la suite (vin, bière, cidre, eau) ; l'étanchéité du récipient s'étant améliorée avec le savoir-faire<ref name="soyez">Les ébénistes du vin, J-M Soyez, 1991, ISBN 2-87938-000-6</ref>.
D'abord appelé charpentier de tonneau, les maîtres tonneliers « tonloiers » ou « barilliers » étaient déjà réunis en corporation au {{s-|IX|e}}. Au {{s-|XIII|e}}, ils remirent leurs statuts pour approbation en même temps que 121 autres corps de métiers. En [[1444]], [[Charles VII de France]] confirma les statuts des tonneliers ou barilliers (les tonneliers charpentiers ou [[foudrier]]s ont pour leur part été rattachés à la corporation des charpentiers dès le {{s-|X|e}}). Il donne par la même occasion aux tonneliers barilliers le privilège de déchargeurs de [[vin]] : ils sont les seuls à avoir le droit de débarquer le [[vin]] qui arrive par [[bateau]].
D'abord appelé charpentier de tonneau, les maîtres tonneliers « tonloiers » ou « barilliers » étaient déjà réunis en corporation au {{s-|IX|e}}. Au {{s-|XIII|e}}, ils remirent leurs statuts pour approbation en même temps que 121 autres corps de métiers. En [[1444]], [[Charles VII de France]] confirma les statuts des tonneliers ou barilliers (les tonneliers charpentiers ou [[foudrier]]s ont pour leur part été rattachés à la corporation des charpentiers dès le {{s-|X|e}}). Il donne par la même occasion aux tonneliers barilliers le privilège de déchargeurs de [[vin]] : ils sont les seuls à avoir le droit de débarquer le [[vin]] qui arrive par [[bateau]].


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Les [[maître brasseur|maîtres brasseurs]], alors organisés en corporation avaient également le métier de tonnelier pendant la saison chaude, durant laquelle le brassage était interdit.
Les [[maître brasseur|maîtres brasseurs]], alors organisés en corporation avaient également le métier de tonnelier pendant la saison chaude, durant laquelle le brassage était interdit.


Les fabrications des tonneliers étaient nombreuses : [[baquet]]s, bailles, [[baignoire]]s, [[baratte]]s, [[baril]]s, barillets, cuveaux, [[seau]]x, seillons, [[hotte]]s et bien sûr tonneaux. Le tonnelier de village était pratiquement le seul à fabriquer des tonneaux ou à réparer les vieux [[Fût (récipient)|fûts]] des [[viticulteur|vignerons]]. Il était payé à la pièce.
Les fabrications des tonneliers étaient nombreuses : [[baquet]]s, bailles, [[baignoire]]s, [[baratte]]s, [[baril]]s, barillets, cuveaux, [[seau]]x, seillons, hottes et bien sûr tonneaux. Le tonnelier de village était pratiquement le seul à fabriquer des tonneaux ou à réparer les vieux [[Fût (récipient)|fûts]] des [[viticulteur|vignerons]]. Il était payé à la pièce.

[[File:Halage sur la Durance Amphores et tonneaux gallo-romains.jpg|thumb|Bas-relief de [[Cabrières-d'Aigues]] avec la première représentation connue de tonneaux. Exposé au [[Musée Calvet]] d'[[Avignon]], la scène montre deux esclaves halant une barque dirigée par un nautonier, dans celle-ci deux barriques cerclées et, positionnées au-dessus, quatre amphores à fond plat avec trois autres récipients ressemblant à des bonbonnes]]
La barrique a été inventée par les [[Celtes]] et adoptée par les [[Romains]] comme l'attestent des bas-reliefs de scènes de [[halage]] avec les tonneaux bien visibles sur les embarcations datant du {{-s-|I|er}} Et depuis plus de {{formatnum:2000}} ans, les tonneaux ont servi de contenant à diverses denrées.
La barrique a été inventée par les [[Celtes]] et adoptée par les [[Romains]] comme l'attestent des bas-reliefs de scènes de [[halage]] avec les tonneaux bien visibles sur les embarcations datant du {{-s-|I|er}} Et depuis plus de {{nombre|2000|ans}}, les tonneaux ont servi de contenant à diverses denrées.


<gallery style="text-align:center" mode="packed" heights="200px" caption="Portes de tonneliers">
Porte de tonnelier.JPG|<center>[[Viens]] ({{s|XV}})</center>
Cellar Door.jpg|<center>Grand cellier, {{s|XVIII}}<br>[[Saint-Tropez]]</center>
</gallery>


<gallery style="text-align:center" mode="packed" heights="200px" caption="Fabrication des tonneaux">
Buetner-1568.png|<center>Gravure de [[1568]]<br>[[Allemagne]]</center>
Jean Frédéric Wentzel-Le tonnelier-Der Küfer.jpeg|<center>Le tonnelier et ses outils<br>([[Jean Frédéric Wentzel]], 1847<ref>[[Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg]]</ref>).</center>
TonnelierNormandie.jpg|<center>Le Tonnelier et son univers<br>[[cidre]]rie en [[Normandie]]</center>
</gallery>

Actuellement, le tonneau est principalement utilisé pour l’[[élevage du vin]] et des alcools en fûts de chêne.

Bien qu'aucune machine n'ait pu remplacer complètement l'homme dans la fabrication des barriques, il reste aujourd'hui de nombreuses tonnelleries dans le monde, notamment en France, dont la majorité allient une fabrication mécanique et manuelle.

== Chiffres de fabrication ==
=== France ===

Il existe plus de 150 entreprises de tonnellerie en France, ce qui représente environ {{nombre|1500 personnes}} employées dans le monde de la tonnellerie et {{unité|600 000 tonneaux}} produits. Cela fait de la France le leader mondial<ref name="boisvin">Dubrion Roger-Paul, ''Le bois & le vin'', Éditions France Agricole, 2014, p. 91-101, {{ISBN|979-10-90213-265}}</ref>. Cinquante d'entre elles sont regroupées dans la [[fédération française de la tonnellerie]], créée en 1978 et représentent 90% de la production<ref>{{Lien web |format=pdf |titre=Tonnellerie française : une notoriété mondiale |url=https://www.tonneliersdefrance.fr/wp-content/uploads/2019/05/01-06-2016-la-marne-viticole.pdf |site=tonneliersdefrance.fr |date=2016 }}</ref>.

Elles sont principalement situées sur les cinq bassins viticoles majeurs<ref name="boisvin"/>{{,}}<ref>Fédération française de tonnellerie, ''Répartition géographique'', [http://www.tonneliersdefrance.fr/fr/adherents Page internet sur tonneliersdefrance.fr], consulté en 2016</ref> :

* [[Aquitaine (ancienne région)|Aquitaine]] : une douzaine de tonnelleries dont : Allary, Boutes, Bel Air, Charloi, Demptos, Doreaux, Nadalie, Saury, Sylvain;
* [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]] : une quinzaine de tonnelleries dont Berthomieu, Billon, Cadus, Cavin, Chassin, Damy, Dargaud et Jaegle, François Frères, Gillet, Remond, Rousseau, Seguin-Moreau, Sirugue, Taransaud, Tonnellerie de Marsannay, Tonnellerie de Mercurey, ;
* [[Charente (département)|Charente]] : une douzaine de tonnelleries dont Boutes, Radoux, Seguin-Moreau, Taransaud, Vicard;
* [[Loire (département)|Loire]] : Tonnellerie du val de Loire, Baron ;
* [[Rhône-Alpes|Rhône]] : Bouyoud, Vallaurine, Villard.


{| class="wikitable sortable mw-collapsible mw-collapsed"
Actuellement, le tonneau est principalement utilisé pour les vins et les alcools « vieillis en futs de chêne ».
|+Principales unités de production<ref>{{Lien web|titre=APE 1624Z|url=https://www.verif.com/liste-entreprises/search=v/1/ca/d/|site=www.verif.com|date=|consulté le=2020-02-29}}</ref>
!Tonnellerie
!Chiffre d'affaires en milliers d'euros
!Appartenance à un groupe
!Date des données
|-
|Société Seguin Moreau et Compagnie
|61 371
|Oeneo
|2018
|-
|Tonnellerie Taransaud
|53 682
|
|2018
|-
|Tonnellerie François Fréres
|37 686
|Groupe TFF
|2019
|-
|Dargaud et Jaegle
|29 244
|
|2019
|-
|Tonnellerie Ludonnaise (Nadalié)
|27 526
|
|2018
|-
|Tonnellerie Sylvain
|26 810
|
|2018
|-
|Tonnellerie Boutes
|26 536
|
|2019
|-
|Tonnellerie Vicard
|26 033
|
|2010
|-
|Tonnellerie de France
|24 927
|
|2018
|-
|Tonnellerie Demptos
|22 871
|Groupe TFF
|2018
|-
|Tonnellerie Radoux
|22 006
|Groupe TFF
|2018
|-
|Merrain International (ex Tonnellerie de Marsannay)
|18 167
|
|2018
|-
|Tonnellerie du Monde
|17 870
|
|2015
|-
|Dargaud et Jaegle
|16 091
|
|2019
|-
|Tonnellerie Doreau
|12 372
|
|2017
|-
|Tonnellerie Rousseau Père et Fils
|12 131
|
|2019
|-
|Tonnellerie Damy Père et Fils
|12 183
|
|2018
|-
|Cadus
|11 532
|
|2018
|-
|Tonnellerie de Mercurey
|11 350
|
|2018
|-
|Maison Charlois
|11 470
|
|2009
|-
|Tonnelerie Remond
|11 055
|
|2011
|-
|Brive Tonneliers
|10 584
|Groupe TFF
|2018
|-
|Tonnellerie Baron
|9 402
|
|2018
|-
|Tonnellerie Vincent Darnajou
|6 491
|Groupe TFF
|2019
|-
|Tonnellerie Allary
|6 387
|
|2015
|-
|Tonnelerie Bel Air
|6 325
|
|2018
|-
|Bouyoud
|6 114
|Groupe TFF
|2019
|-
|Tonnellerie Billon
|5 856
|
|2018
|-
|Atelier Centre France Tonnellerie
|4 767
|
|2018
|-
|Tonnellerie Berger et Fils
|4 449
|Groupe TFF
|2018
|-
|Tonnellerie Bossuet
|4 244
|
|2018
|-
|Tonnellerie Siruge
|4 211
|
|2016
|-
|Tonnellerie de l'Adour
|4 116
|
|2018
|-
|Tonnellerie Cavin
|3 870
|
|2018
|-
|Tonnelerie Gilet
|3 928
|
|2015
|-
|Tonnellerie de Jarnac
|3 786
|
|2019
|-
|Tonnellerie Meyrieux
|3 636
|
|2018
|-
|Tonnellerie Darnajou
|3 581
|
|2019
|-
|Chassin Père et Fils
|3 532
|
|2015
|}
Ces entreprises sont aujourd'hui prospères, et exportent 75 % de leur fabrication dans le monde entier, dont la moitié aux États-Unis d'Amérique. Certaines tonnelleries sont cotées en [[Bourse des valeurs|Bourse]], ce qui en fait un des métiers les plus dynamiques de l'[[industrie du bois]]. La tonnellerie représente le premier marché du bois de chêne français, avec {{unité|300000|m|3}} de [[grume]]s achetées en 2014<ref name="boisvin"/>.


{| class="wikitable sortable center"
Bien qu'aucune machine n'ait pu remplacer complètement l'homme dans la fabrication des barriques, il reste aujourd'hui une centaine d'entreprises de tonnellerie en France, ce qui représente environ 400 tonneliers et 500 000 tonneaux. Ces entreprises sont aujourd'hui florissantes, exportent dans le monde entier 80 % de leur fabrication, et certaines sont même cotées en [[Bourse des valeurs|Bourse]], ce qui en fait un des métiers les plus dynamiques de l'[[industrie du bois]].
|+ Production annuelle de fûts en France
|-
! Année !! Nombre de fûts
|-
|2018
|670 000
|-
| 2015 || {{nb|592300}}
|-
| 2013 || {{nb|550000}}
|-
| 2012|| {{nb|525100}}
|-
| 2011 || {{nb|500000}}
|}


=== Monde ===
D'immenses tonnelleries mécanisées existent aux États-Unis pour la fabrication des fûts à whisky.
Il existe des tonnelleries au [[Portugal]], en [[Espagne]], en [[Italie]], en [[Irlande (île)|Irlande]], en [[Suisse]], en [[Autriche]], en [[Hongrie]], et dans la plupart des régions vinicoles traditionnelles.
D'immenses tonnelleries mécanisées existent aux États-Unis pour la fabrication des fûts à whisky. Il existe des tonnelleries au [[Portugal]], en [[Espagne]], en [[Italie]], en [[Irlande (île)|Irlande]], en [[Suisse]], en [[Autriche]], en [[Hongrie]], et dans la plupart des régions vinicoles traditionnelles.


== Fabrication ==
== Fabrication ==
{{Article détaillé|Fabrication d'un tonneau}}
{{Article détaillé|Fabrication d'un tonneau}}
Le tonnelier utilise le plus fréquemment du [[chêne]] pour la fabrication d'un tonneau.
Le tonnelier utilise le plus fréquemment du [[chêne]] pour la fabrication d'un tonneau.
Le bois est d'abord préparé par un [[merrandier]] en douelles, qui seront assemblées, chauffées et resserrées à l'aide de cercles en fer. Sont ensuite insérées les pièces de fond, puis le trou de bonde et de broquereau percés.
Le bois est d'abord préparé par un [[merrandier]] en douelles, qui seront assemblées, chauffées et resserrées à l'aide d'un cable et de cercles en fer. Sont ensuite insérées les fonds , puis le trou de bonde et de broquereau percés. Les principales étapes de la fabrication d'un tonneau sont ainsi le ''dressage'', le ''trempage'', le ''cintrage'', le ''cerclage'', le ''rognage-rainurage'', la ''pose de la bonde''<ref>« Le tonnelier, un artisan du passé », article de Jean Coquillat paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 153 de mars 2008, pages 2 et 3.</ref>.


== Capacités des fûts ==
== Capacités des fûts ==
[[File:Hotel duc Bourgogne Beaune 36.jpg|thumb|Pièce de {{unité|228|litres}}, [[feuillette]] de {{unité|114|litres}} et [[quartaut]] de {{unité|57|litres}} exposés au [[Hôtel des ducs de Bourgogne de Beaune|musée du vin de Bourgogne de Beaune]].]]
[[Fichier:Hotel duc Bourgogne Beaune 36.jpg|vignette|Pièce de {{unité|228|litres}}, [[feuillette]] de {{unité|114|litres}} et [[quartaut]] de {{unité|57|litres}} exposés au [[Hôtel des ducs de Bourgogne de Beaune|musée du vin de Bourgogne de Beaune]].]]
{{Article détaillé|Contenance des tonneaux}}
{{Article détaillé|Contenance des tonneaux}}
L'histoire et la géographie des régions viticoles ont donné naissance à une grande diversité de contenances. Les capacités varient ainsi en fonction de l'utilisation, de quelques dizaines à plusieurs centaines de litres. Ces volumes sont cependant standardisés à l'intérieure même des régions, mais on retrouve des dénominations différentes, et des variations de volumes d'une région à l'autre.
L'histoire et la géographie des régions viticoles ont donné naissance à une grande diversité de contenances. Les capacités varient ainsi en fonction de l'utilisation, de quelques dizaines à plusieurs centaines de litres. Ces volumes sont cependant standardisés à l'intérieur même des régions, mais on retrouve des dénominations différentes, et des variations de volumes d'une région à l'autre.


== Références et bibliographie ==
== Références et bibliographie ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* R. Brunet, ''Manuel de tonnellerie'', Bibliothèque professionnelle, Librairie J-B Bailliere & Fils, Paris, 1925
* R. Brunet, ''Manuel de tonnellerie'', Bibliothèque professionnelle, Librairie J-B Bailliere & Fils, Paris, [[1925]].
* Bernard Henry, « M. Picard, tonnelier dans le Sancerre », dans ''Des métiers et des hommes au village'', Le Seuil, [[1975]]
* Bernard Henry, « M. Picard, tonnelier dans le Sancerre », dans ''Des métiers et des hommes au village'', Le Seuil, [[1975]].
* Pierre Boujut, ''Célébration de la barrique'', [[1970]].
* Gérard Boutet, « Moïse Bertrand, tonnelier aux Ruelles », dans ''Les gagnes-misère'', Jean-Cyrille Godefroy, [[1986]].
* Gérard Boutet, « Moïse Bertrand, tonnelier aux Ruelles », dans ''Les gagnes-misère'', Jean-Cyrille Godefroy, [[1986]].
* Jean Taransaud (maître tonnelier de Cognac), ''Le Livre de la tonnellerie'', [[1993]]
* Jean Taransaud (maître tonnelier de Cognac), ''Le Livre de la tonnellerie'', [[1993]].
* John Seymour ''Métiers oubliés'', éditions du Chêne, [[1985]].
* Pierre Boujut, ''Célébration de la barrique''. [[1970]]
* Nicolas Vivas, ''Manuel de tonnellerie'', Féret, [[2002]]
* Nicolas Vivas, ''Manuel de tonnellerie'', Féret, [[2002]].
* Gilles Bousquet, ''La noblesse du tonneau'', escargot savant, [[2019]].


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Tonneau (récipient)]]
* [[Tonneau (récipient)]]
* [[Fabrication d'un tonneau]]
* [[Contenance des tonneaux]]
* [[Fendeur de bois]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [http://www.radegonde.fr/ Le site du Musée de la Vigne et du Vin avec en tout plus de 400 objets consacrés à la tonnellerie]
* [http://www.radegonde.fr/ Le site du Musée de la Vigne et du Vin avec en tout plus de 400 objets consacrés à la tonnellerie].
* [http://www.tonnellerie-berger.com/fr/rub_2/fabrication.htm Une vidéo explicative sur la fabrication d'un tonneau]
* [http://www.tonnellerie-berger.com/fr/rub_2/fabrication.htm Une vidéo explicative sur la fabrication d'un tonneau].
* [http://www.vin-terre-net.com/autour-du-vin/243-tonnellerie-francois-freres-fut-barrique-elevage-vin L'art de la tonnellerie, l'exemple chez François Frères]
* [http://www.vin-terre-net.com/autour-du-vin/243-tonnellerie-francois-freres-fut-barrique-elevage-vin L'art de la tonnellerie, l'exemple chez François Frères].


{{portail|vin|bière|Bois et forêt}}
{{portail|vin|bière|Bois et forêt}}


[[Catégorie:Ancien métier]]
[[Catégorie:Métier de la vigne et du vin]]
[[Catégorie:Métier de la vigne et du vin]]
[[Catégorie:Artisanat du bois]]
[[Catégorie:Artisanat du bois]]
[[Catégorie:Tonnelier]]
[[Catégorie:Tonnelier|*]]
[[Catégorie:Tonnellerie]]
[[Catégorie:Tonnellerie]]

Dernière version du 11 mars 2024 à 00:04

Tonnelier resserrant un cordage sur un tonneau
Jean-François Millet, 1848-1852
Musée des Beaux-Arts (Boston).

Le tonnelier est un artisan qui confectionne des tonneaux (fûts en bois). Tout le savoir-faire du tonnelier est réuni dans cet objet pratique et nécessaire. Son coup de main et son coup d'œil feront la bonne barrique qui permettra le vieillissement du vin, de la bière ou de l'alcool.

Il travaille dans une tonnellerie, et se fournit en bois auprès d'un merrandier.

« Comment a-t-on pu imaginer de faire tenir un liquide dans un montage de morceaux de bois fort difficile à assembler ? La plus grande partie des inventions humaines figurait déjà dans la nature : la maison, c'est la grotte, le bateau, c'est le tronc d'arbre qui flotte, même la roue, c'est le soleil qui roule dans l'espace. Le récipient naturel, c'est l'amphore, le vase fabriqué à l'image d'une pierre creuse, en moulant l'argile humide, ou bien c'est l'outre que l'on trouve toute faite en creusant la peau d'un bouc. Mais la barrique est bien une invention de poètes, l'imagination d'un peuple de rêveurs, insoucieux du temps et de la vie pratique, nos ancêtres les Celtes[1]. »

Le tonneau est connu en Europe depuis plus de 2 000 ans, inventé par les Gaulois. Il servit d'abord à stocker des produits solides comme les grains, les salaisons ou même les clous, mais également des liquides par la suite (vin, bière, cidre, eau) ; l'étanchéité du récipient s'étant améliorée avec le savoir-faire[2].

Descriptif des parties composantes d'un tonneau.

D'abord appelé charpentier de tonneau, les maîtres tonneliers « tonloiers » ou « barilliers » étaient déjà réunis en corporation au IXe siècle. Au XIIIe siècle, ils remirent leurs statuts pour approbation en même temps que 121 autres corps de métiers. En 1444, Charles VII de France confirma les statuts des tonneliers ou barilliers (les tonneliers charpentiers ou foudriers ont pour leur part été rattachés à la corporation des charpentiers dès le Xe siècle). Il donne par la même occasion aux tonneliers barilliers le privilège de déchargeurs de vin : ils sont les seuls à avoir le droit de débarquer le vin qui arrive par bateau.

Au Moyen Âge, les rois avaient leurs propres tonneliers, chargés d'entretenir les barils et les muids. Ils faisaient aussi fonction d'échanson (fonction historiquement avérée du règne de Charlemagne à celui de saint Louis).

Les maîtres brasseurs, alors organisés en corporation avaient également le métier de tonnelier pendant la saison chaude, durant laquelle le brassage était interdit.

Les fabrications des tonneliers étaient nombreuses : baquets, bailles, baignoires, barattes, barils, barillets, cuveaux, seaux, seillons, hottes et bien sûr tonneaux. Le tonnelier de village était pratiquement le seul à fabriquer des tonneaux ou à réparer les vieux fûts des vignerons. Il était payé à la pièce.

La barrique a été inventée par les Celtes et adoptée par les Romains comme l'attestent des bas-reliefs de scènes de halage avec les tonneaux bien visibles sur les embarcations datant du Ier siècle av. J.-C. Et depuis plus de 2 000 ans, les tonneaux ont servi de contenant à diverses denrées.



Actuellement, le tonneau est principalement utilisé pour l’élevage du vin et des alcools en fûts de chêne.

Bien qu'aucune machine n'ait pu remplacer complètement l'homme dans la fabrication des barriques, il reste aujourd'hui de nombreuses tonnelleries dans le monde, notamment en France, dont la majorité allient une fabrication mécanique et manuelle.

Chiffres de fabrication

[modifier | modifier le code]

Il existe plus de 150 entreprises de tonnellerie en France, ce qui représente environ 1 500 personnes employées dans le monde de la tonnellerie et 600 000 tonneaux produits. Cela fait de la France le leader mondial[4]. Cinquante d'entre elles sont regroupées dans la fédération française de la tonnellerie, créée en 1978 et représentent 90% de la production[5].

Elles sont principalement situées sur les cinq bassins viticoles majeurs[4],[6] :

  • Aquitaine : une douzaine de tonnelleries dont : Allary, Boutes, Bel Air, Charloi, Demptos, Doreaux, Nadalie, Saury, Sylvain;
  • Bourgogne : une quinzaine de tonnelleries dont Berthomieu, Billon, Cadus, Cavin, Chassin, Damy, Dargaud et Jaegle, François Frères, Gillet, Remond, Rousseau, Seguin-Moreau, Sirugue, Taransaud, Tonnellerie de Marsannay, Tonnellerie de Mercurey, ;
  • Charente : une douzaine de tonnelleries dont Boutes, Radoux, Seguin-Moreau, Taransaud, Vicard;
  • Loire : Tonnellerie du val de Loire, Baron ;
  • Rhône : Bouyoud, Vallaurine, Villard.
Principales unités de production[7]
Tonnellerie Chiffre d'affaires en milliers d'euros Appartenance à un groupe Date des données
Société Seguin Moreau et Compagnie 61 371 Oeneo 2018
Tonnellerie Taransaud 53 682 2018
Tonnellerie François Fréres 37 686 Groupe TFF 2019
Dargaud et Jaegle 29 244 2019
Tonnellerie Ludonnaise (Nadalié) 27 526 2018
Tonnellerie Sylvain 26 810 2018
Tonnellerie Boutes 26 536 2019
Tonnellerie Vicard 26 033 2010
Tonnellerie de France 24 927 2018
Tonnellerie Demptos 22 871 Groupe TFF 2018
Tonnellerie Radoux 22 006 Groupe TFF 2018
Merrain International (ex Tonnellerie de Marsannay) 18 167 2018
Tonnellerie du Monde 17 870 2015
Dargaud et Jaegle 16 091 2019
Tonnellerie Doreau 12 372 2017
Tonnellerie Rousseau Père et Fils 12 131 2019
Tonnellerie Damy Père et Fils 12 183 2018
Cadus 11 532 2018
Tonnellerie de Mercurey 11 350 2018
Maison Charlois 11 470 2009
Tonnelerie Remond 11 055 2011
Brive Tonneliers 10 584 Groupe TFF 2018
Tonnellerie Baron 9 402 2018
Tonnellerie Vincent Darnajou 6 491 Groupe TFF 2019
Tonnellerie Allary 6 387 2015
Tonnelerie Bel Air 6 325 2018
Bouyoud 6 114 Groupe TFF 2019
Tonnellerie Billon 5 856 2018
Atelier Centre France Tonnellerie 4 767 2018
Tonnellerie Berger et Fils 4 449 Groupe TFF 2018
Tonnellerie Bossuet 4 244 2018
Tonnellerie Siruge 4 211 2016
Tonnellerie de l'Adour 4 116 2018
Tonnellerie Cavin 3 870 2018
Tonnelerie Gilet 3 928 2015
Tonnellerie de Jarnac 3 786 2019
Tonnellerie Meyrieux 3 636 2018
Tonnellerie Darnajou 3 581 2019
Chassin Père et Fils 3 532 2015

Ces entreprises sont aujourd'hui prospères, et exportent 75 % de leur fabrication dans le monde entier, dont la moitié aux États-Unis d'Amérique. Certaines tonnelleries sont cotées en Bourse, ce qui en fait un des métiers les plus dynamiques de l'industrie du bois. La tonnellerie représente le premier marché du bois de chêne français, avec 300 000 m3 de grumes achetées en 2014[4].

Production annuelle de fûts en France
Année Nombre de fûts
2018 670 000
2015 592 300
2013 550 000
2012 525 100
2011 500 000

D'immenses tonnelleries mécanisées existent aux États-Unis pour la fabrication des fûts à whisky. Il existe des tonnelleries au Portugal, en Espagne, en Italie, en Irlande, en Suisse, en Autriche, en Hongrie, et dans la plupart des régions vinicoles traditionnelles.

Fabrication

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Le tonnelier utilise le plus fréquemment du chêne pour la fabrication d'un tonneau. Le bois est d'abord préparé par un merrandier en douelles, qui seront assemblées, chauffées et resserrées à l'aide d'un cable et de cercles en fer. Sont ensuite insérées les fonds , puis le trou de bonde et de broquereau percés. Les principales étapes de la fabrication d'un tonneau sont ainsi le dressage, le trempage, le cintrage, le cerclage, le rognage-rainurage, la pose de la bonde[8].

Capacités des fûts

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Pièce de 228 litres, feuillette de 114 litres et quartaut de 57 litres exposés au musée du vin de Bourgogne de Beaune.

L'histoire et la géographie des régions viticoles ont donné naissance à une grande diversité de contenances. Les capacités varient ainsi en fonction de l'utilisation, de quelques dizaines à plusieurs centaines de litres. Ces volumes sont cependant standardisés à l'intérieur même des régions, mais on retrouve des dénominations différentes, et des variations de volumes d'une région à l'autre.

Références et bibliographie

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Références

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  1. Pierre Boujut, tonnelier, dans Des métiers et des hommes au village, de Bernard Henry, 1975
  2. Les ébénistes du vin, J-M Soyez, 1991, (ISBN 2-87938-000-6)
  3. Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
  4. a b et c Dubrion Roger-Paul, Le bois & le vin, Éditions France Agricole, 2014, p. 91-101, (ISBN 979-10-90213-265)
  5. « Tonnellerie française : une notoriété mondiale » [PDF], sur tonneliersdefrance.fr,
  6. Fédération française de tonnellerie, Répartition géographique, Page internet sur tonneliersdefrance.fr, consulté en 2016
  7. « APE 1624Z », sur www.verif.com (consulté le )
  8. « Le tonnelier, un artisan du passé », article de Jean Coquillat paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 153 de mars 2008, pages 2 et 3.

Bibliographie

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  • R. Brunet, Manuel de tonnellerie, Bibliothèque professionnelle, Librairie J-B Bailliere & Fils, Paris, 1925.
  • Bernard Henry, « M. Picard, tonnelier dans le Sancerre », dans Des métiers et des hommes au village, Le Seuil, 1975.
  • Pierre Boujut, Célébration de la barrique, 1970.
  • Gérard Boutet, « Moïse Bertrand, tonnelier aux Ruelles », dans Les gagnes-misère, Jean-Cyrille Godefroy, 1986.
  • Jean Taransaud (maître tonnelier de Cognac), Le Livre de la tonnellerie, 1993.
  • John Seymour Métiers oubliés, éditions du Chêne, 1985.
  • Nicolas Vivas, Manuel de tonnellerie, Féret, 2002.
  • Gilles Bousquet, La noblesse du tonneau, escargot savant, 2019.

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Articles connexes

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Liens externes

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