Aller au contenu

« Piquier » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Matpib (discuter | contributions)
Ræmiël (discuter | contributions)
 
(43 versions intermédiaires par 27 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
Les '''piquiers''' sont des fantassins du [[Moyen Âge tardif]] et de la [[Renaissance]] armés d'une [[lance]] très longue appelée [[pique (arme)|pique]]. Ils forment la base des armées de ces deux époques au sein desquelles ils sont secondés par des [[hallebardier]]s, plus mobiles. Au {{XVIIIe siècle}}, les piquiers sont progressivement remplacés par des soldats munis de fusils à [[Baïonnette (arme)|baïonnette]].
{{ébauche|militaire}}
[[Image:Diebold schilling pikemen from zurich.jpg|vignette|Piquiers de [[Zurich]], chronique de [[Diebold Schilling le Vieux]]]]
Les '''piquiers''' sont des fantassins de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]] armés d'une lance très longue appelée [[pique (arme)|pique]].

[[Image:Diebold schilling pikemen from zurich.jpg|thumb|Piquiers de [[Zurich]], chronique de [[Diebold Schilling le Vieux]]]]
== Origines ==
== Origines ==
Les piquiers sont les héritiers des porteurs de [[sarisse]]s macédoniens qui forment les [[phalange (Antiquité)|phalanges]] de [[Philippe II (roi de Macédoine)|Philippe II de Macédoine]] et d'[[Alexandre le Grand]] ainsi que de tous les souverains de l'[[époque hellénistique]].
[[Infanterie|Fantassins]] armés d'une [[pique (arme)|pique]] longue de plusieurs mètres, ils constituaient la base des armées de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]] et de la fin du [[Moyen Âge]]. Ils sont apparus dès le début du {{XIVe siècle}} chez les [[Écossais]] et les [[Flamands]]. Mais les plus réputés furent certainement les [[Garde suisse|Suisses]].


Héritiers des [[hoplite]]s Macédoniens qui formaient les [[phalange (Antiquité)|phalanges]] de [[Philippe II de Macédoine]] ainsi que d'[[Alexandre le Grand]] et de tous les rois hellénistiques. Leur principale fonction était de bloquer les charges de cavalerie.
[[Infanterie|Fantassins]] armés d'une [[pique (arme)|pique]] longue de plusieurs mètres, ils constituent la base des armées de la fin du [[Moyen Âge]] et de la [[Renaissance]]. Ils sont apparus dès le début du {{s-|XIV}} chez les [[Écossais (peuple)|Écossais]] et les [[Flamands]]. Mais les plus réputés furent certainement les [[Garde suisse|Suisses]]. Leur principale fonction est de bloquer les charges de cavalerie.


== Renaissance ==
== Renaissance ==
[[Fichier:tercio piquiers.jpg|vignette|La [[bataille de Flodden Field]] (9 septembre 1513) a montré l'inadéquation des piquiers sur un terrain escarpé, et la supériorité des hallebardiers dans ces conditions.]]
Ils sont alors au centre de l'évolution militaire qui caractérise la Renaissance : les généraux s'inspirant de l'Antiquité et des formations suisses provoquent un retour de l'[[infanterie]] comme base de la puissance militaire, au détriment des [[Chevalerie|gendarmes]] (homme d'arme à cheval formant la [[cavalerie]] lourde des armées). En effet, les formations compactes de fantassins armés de piques sont désormais capables de mettre en échec les charges de cavalerie lourde, qui restaient à l'époque un des atouts majeurs des batailles.


Deux éléments sont à l'origine de l'adoption des tactiques suisses comme fondement de l'infanterie nouvelle qui s'ébauchait dans toute l'[[Europe]]. D'une part, à partir de la fin du {{s-|XV}}, certains observateurs et réformateurs humanistes remarquèrent le lien entre le carré de piquiers [[suisse]] et ses équivalents antiques, [[phalange (Antiquité)|phalanges]] grecque ou formation romaines. D'autre part, les [[Suisses]] se firent les ambassadeurs de ce qui était devenu, notamment après leurs victoires de [[Bataille de Grandson|Grandson]] ({{date-|mars 1476}}) et de [[bataille de Morat|Morat]] ({{date-|juin 1476}}) contre les [[État bourguignon|Bourguignons]], une référence en matière de combat : venant d'un pays pauvre, des milliers de mercenaires helvétiques gagnaient leur vie en combattant à l'étranger.
Ils sont alors au centre de l'évolution militaire qui caractérise la Renaissance : les généraux s'inspirant de l'Antiquité et des formations suisses provoquent un retour de l'[[infanterie]] comme base de la puissance militaire, au détriment des [[Chevalerie|gendarmes]] (homme d'arme à cheval formant la [[cavalerie]] lourde des armées). En effet, les formations compactes de fantassins armés de piques sont désormais capables de mettre en échec les charges de cavalerie lourde, qui restaient à l'époque un des atouts majeurs des batailles.


Au printemps de [[1480]], [[Louis XI]] réunit en [[Picardie (province)|Picardie]] {{unité|10000|[[aventurier]]s}} et {{unité|2500|[[pionnier (militaire)|pionniers]]}}, destinés à remplacer la [[milice]] des [[Franc-archer|francs-archers]] et à être entretenus d'une manière permanente<ref name="LS">Histoire de l'ancienne infanterie française par le général Louis Susane volume 8 pages</ref>.<br />
Deux éléments sont à l'origine de l'adoption des tactiques suisses comme fondement de l'infanterie nouvelle qui s'ébauchait dans toute l'[[Europe]]. D'une part, à partir de la fin du {{XVe siècle}}, certains observateurs et réformateurs humanistes remarquèrent le lien entre le carré de piquiers [[suisse]] et ses équivalents antiques, [[phalange (Antiquité)|phalanges]] grecque ou formation romaines. D'autre part, les [[Suisses]] se firent les ambassadeurs de ce qui était devenu, notamment après leurs victoires de [[Bataille de Grandson|Grandson]] et de [[bataille de Morat|Morat]], une référence en matière de combat : venant d'un pays pauvre, des milliers de mercenaires helvétiques gagnaient leur vie en combattant à l'étranger.
Ce sont les [[bandes françaises]], une nouvelle infanterie commandée par [[Philippe de Crèvecœur d'Esquerdes|Philippe de Crèvecœur, sire d'Esquerdes]], copiées sur le modèle des [[bandes suisses]], composées de [[hallebardier]]s et de piquiers<ref name="LS"/>.


Ainsi naîtront, par mimétisme des pratiques suisses, les premières ébauches d'armées nationales.
Ainsi naîtront, par mimétisme des pratiques suisses, les premières ébauches d'armées nationales.
{{François Ier de France}} réorganise son infanterie par l'ordonnance du 24 juillet 1534; sur une base territoriale ([[Bourgogne]], [[Champagne (province)|Champagne]], [[Guyenne]], [[Languedoc]], [[Normandie]], [[Picardie]], [[Dauphiné]] et [[Provence]] doivent chacun fournir {{formatnum:6000}} recrues destinées à la formation d'une "légion"; terme directement repris de l'antiquité romaine)
Ainsi, {{François Ier}} réorganise son infanterie sur une base territoriale par l'ordonnance du {{date-|24 juillet 1534}}. [[Duché de Bourgogne|Bourgogne]], [[Champagne (province)|Champagne]], [[Guyenne]], [[Languedoc]], [[Normandie]], [[Picardie (province)|Picardie]], [[Dauphiné]] et [[Provence]] doivent chacun fournir {{unité|6000|recrues}} destinées à la formation d'une « légion » (terme directement repris de l'antiquité romaine).


Au cours du {{XVIe siècle}} on adjoint aux formations de piquiers des unités d'[[arquebusiers]] (les plus célèbre sont les [[tercios]] espagnols).
Au cours du {{s-|XVI}} on adjoint aux formations de piquiers des unités d'[[Arquebuse|arquebusiers]] (les plus célèbres sont les [[tercio]]s espagnols).


== Évolution ==
== Évolution ==


Ils disparaissent à partir du {{XVIIIe siècle}} notamment à cause de l'invention de la [[Baïonnette (arme)|baïonnette à douille]] qui permet au fantassin de tirer tout en disposant d'une arme équivalente à la pique. Plus polyvalents et moins complexes à déployer, les régiments de [[fusiliers]] supplantent les anciennes formations de mousquetaires et de piquiers.
Ils disparaissent à partir du {{XVIIIe siècle}} notamment à cause de l'invention de la [[Baïonnette (arme)|baïonnette à douille]] qui permet au fantassin de tirer tout en disposant d'une arme équivalente à la pique. Plus polyvalents et moins complexes à déployer, les régiments de [[fusilier]]s supplantent les anciennes formations de mousquetaires et de piquiers.
<!-- Suggestion de présentation des annexes. Aide : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:Notes et références -->

== Notes et références de l'article ==


== Bibliographie ==
* Thomas F.Arnold, ''les Guerres de la Renaissance'', Autrement, coll Atlas des Guerres,
* Thomas F.Arnold, ''les Guerres de la Renaissance'', Autrement, coll Atlas des Guerres,
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Les guerres en Europe, 1494-1792|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Bois|lien auteur1=Jean-Pierre Bois|lieu=Paris|éditeur=Belin|lien éditeur=Belin éditeur|année=2003|pages totales=303|isbn=978-2-701-13698-1|isbn2=978-2-701-13698-1|isbn10=2-701-13698-9|oclc=300399370}}
* [[Jean-Pierre Bois|J.P Bois]], ''Les Guerres en Europe'', 1494-1792, 1994
== Notes et références ==
<references />


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets|wiktionary=piquier}}
* [[Tercios]]
* [[Mousquetaires]]
* [[Tercio]]
* [[Fusiliers]]
* [[Mousquetaire]]
* [[Fusilier]]
* [[Bandes françaises]]
* [[Bandes suisses]]


{{Portail histoire militaire}}
{{Portail|histoire militaire}}


[[Catégorie:Unité militaire]]
[[Catégorie:Unité militaire]]
[[Catégorie:Glossaire militaire]]
[[Catégorie:Glossaire militaire]]

[[cs:Pikenýr]]
[[de:Pikenier]]
[[en:Pikiner]]
[[he:נושא רומח]]
[[nl:Piekenier]]
[[no:Pikener]]
[[pl:Pikinierzy]]
[[ru:Пикинёры]]
[[uk:Пікінерські полки]]

Dernière version du 14 décembre 2023 à 13:05

Les piquiers sont des fantassins du Moyen Âge tardif et de la Renaissance armés d'une lance très longue appelée pique. Ils forment la base des armées de ces deux époques au sein desquelles ils sont secondés par des hallebardiers, plus mobiles. Au XVIIIe siècle, les piquiers sont progressivement remplacés par des soldats munis de fusils à baïonnette.

Piquiers de Zurich, chronique de Diebold Schilling le Vieux

Origines[modifier | modifier le code]

Les piquiers sont les héritiers des porteurs de sarisses macédoniens qui forment les phalanges de Philippe II de Macédoine et d'Alexandre le Grand ainsi que de tous les souverains de l'époque hellénistique.

Fantassins armés d'une pique longue de plusieurs mètres, ils constituent la base des armées de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Ils sont apparus dès le début du XIVe siècle chez les Écossais et les Flamands. Mais les plus réputés furent certainement les Suisses. Leur principale fonction est de bloquer les charges de cavalerie.

Renaissance[modifier | modifier le code]

La bataille de Flodden Field (9 septembre 1513) a montré l'inadéquation des piquiers sur un terrain escarpé, et la supériorité des hallebardiers dans ces conditions.

Ils sont alors au centre de l'évolution militaire qui caractérise la Renaissance : les généraux s'inspirant de l'Antiquité et des formations suisses provoquent un retour de l'infanterie comme base de la puissance militaire, au détriment des gendarmes (homme d'arme à cheval formant la cavalerie lourde des armées). En effet, les formations compactes de fantassins armés de piques sont désormais capables de mettre en échec les charges de cavalerie lourde, qui restaient à l'époque un des atouts majeurs des batailles.

Deux éléments sont à l'origine de l'adoption des tactiques suisses comme fondement de l'infanterie nouvelle qui s'ébauchait dans toute l'Europe. D'une part, à partir de la fin du XVe siècle, certains observateurs et réformateurs humanistes remarquèrent le lien entre le carré de piquiers suisse et ses équivalents antiques, phalanges grecque ou formation romaines. D'autre part, les Suisses se firent les ambassadeurs de ce qui était devenu, notamment après leurs victoires de Grandson () et de Morat () contre les Bourguignons, une référence en matière de combat : venant d'un pays pauvre, des milliers de mercenaires helvétiques gagnaient leur vie en combattant à l'étranger.

Au printemps de 1480, Louis XI réunit en Picardie 10 000 aventuriers et 2 500 pionniers, destinés à remplacer la milice des francs-archers et à être entretenus d'une manière permanente[1].
Ce sont les bandes françaises, une nouvelle infanterie commandée par Philippe de Crèvecœur, sire d'Esquerdes, copiées sur le modèle des bandes suisses, composées de hallebardiers et de piquiers[1].

Ainsi naîtront, par mimétisme des pratiques suisses, les premières ébauches d'armées nationales. Ainsi, François Ier réorganise son infanterie sur une base territoriale par l'ordonnance du . Bourgogne, Champagne, Guyenne, Languedoc, Normandie, Picardie, Dauphiné et Provence doivent chacun fournir 6 000 recrues destinées à la formation d'une « légion » (terme directement repris de l'antiquité romaine).

Au cours du XVIe siècle on adjoint aux formations de piquiers des unités d'arquebusiers (les plus célèbres sont les tercios espagnols).

Évolution[modifier | modifier le code]

Ils disparaissent à partir du XVIIIe siècle notamment à cause de l'invention de la baïonnette à douille qui permet au fantassin de tirer tout en disposant d'une arme équivalente à la pique. Plus polyvalents et moins complexes à déployer, les régiments de fusiliers supplantent les anciennes formations de mousquetaires et de piquiers.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Histoire de l'ancienne infanterie française par le général Louis Susane volume 8 pages

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :