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« Prise du Peñon d'Alger (1529) » : différence entre les versions

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La '''prise du Peñon d'Alger''' s'est déroulé le {{date|29 mai 1529}} quand [[Khayr ad-Din Barberousse]], a fait tomber la forteresse espagnole du ''[[Peñon d'Alger|Peñon]]'' qui était implantée sur un îlot face à la ville d'[[Alger]].
La '''prise du Peñon d'Alger''' est la [[bataille]] par laquelle la [[régence d'Alger]], dirigée par [[Khayr ad-Din Barberousse]], a fait tomber la forteresse espagnole du ''Peñon''{{note|Mot espagnol signifiant rocher ou promontoire.}} qui, implantée sur un îlot (le [[Peñon d'Alger]]), faisait face à la ville d'Alger.


==Contexte==
Barberousse est doté d'une artillerie solide ; il fait battre le fort pendant vingt deux jours. Les Espagnols répliquent par des coups d'artillerie sur la ville qui subit des dommages. Finalement, les soldats de Kheireddine finissent par investir le fort le {{date-|27 mai 1529}}{{sfn|Kaddache|2009|p=354}}.
Les Espagnols décident de bâtir une forteresse sur les îlots en face d’Alger{{sfn|Courtinat|2003|p=20}}. Considérée par Barberousse comme une « épine au cœur des Algérois »{{sfn|Mouilleseaux|Lassus|1962|p=162}}, cette forteresse gêne les mouvements des bateaux autour d'Alger. L'essor de la marine algéroise nécessite de supprimer cette menace. Le préside espagnol est lui en mauvaise posture : il est mal ravitaillé par l'[[Empire espagnol]] et commandé par un vieux capitaine, Don Martin de Vargas{{sfn|Mouilleseaux|Lassus|1962|p=162}}, vétéran des guerres d'Afrique, qui dispose de {{nobr|150 soldats}}{{sfn|Courtinat|2003|p=21}}.


== Contexte ==
==Déroulement==
Khayr ad-Din Barberousse tente de négocier la capitulation de la place en offrant aux Espagnols de les laisser partir du fort avec leur artillerie ; ces derniers refusent cette offre{{sfn|Courtinat|2003|p=20}}.
[[Fichier:Algiers and Bejaia by Piri Reis.jpg|gauche|vignette|upright=0.6|Carte historique d'[[Alger]], et de [[Béjaïa]] par [[Piri Reis]].]]
En 1510, les Espagnols s'étaient installés sur une petite île en face d'Alger et contraignaient le dirigeant local [[Salim at-Toumi|Sālim al-Tūmī]] a accepter leur présence par un traité et payer un tribut{{sfn|Ring|p=54}}. Des fortifications ont été construites sur l'îlot, et une garnison de 200 hommes a été établie{{sfn|Houtsma|p=258}}. Sālim al-Tūmī a dû se rendre en Espagne pour prêter serment d'obéissance à [[Ferdinand Ier d'Aragon|Ferdinand d'Aragon]]{{sfn|Houtsma|p=258}}.


Quelques jours avant [[Pâques]], les Espagnols recueillent deux Turcs arrivés à la nage et qui prétextent vouloir fuir des persécutions à Alger pour se convertir au catholicisme. Ces deux Turcs font mine de donner des renseignements de guerre, qui sont en fait des informations fausses ; le jour de Pâques alors que les occupants de la forteresse sont occupés à l'office, ils sont surpris à faire des signaux à l'aide d'un linge. Les Espagnols condamnent à mort ces deux Turcs et les font pendre à la vue de la ville d'Alger. En dépit de cet épisode négatif, Khayr ad-Din Barberousse tente une nouvelle approche diplomatique en demandant à la garnison de se rendre pour avoir la vie sauve et en assortissant son offre d'une menace : si celle-ci n'est pas acceptée, la garnison sera passée au fil de l'épée ; cette nouvelle offre ne rencontre pas plus de succès. Le {{date-|6 mai 1529}}, il commence à attaquer le Peñon{{sfn|Courtinat|2003|p=20}}.
En 1516, cependant, l'émir d'Alger Sālim al-Tūmī invita les frères corsaires [[Arudj Barberousse|Arudj]] et [[Khayr ad-Din Barberousse]] afin d'expulser les Espagnols. Arudj, avec l'aide de troupes ottomanes{{sfn|Ring|p=54}}, est venu à Alger, et a ordonné l'assassinat de Sālim, celui-ci complotait avec les Espagnols afin d'assassiné Arudj, et expulsé les pirates{{sfn|Meynier|2010|p=313}}, et a [[Prise d'Alger (1516)|saisi]] la ville. Des expéditions espagnoles ont été réalisées pour reprendre la ville, d'abord en 1516 sous Don Diego de Vera, puis en 1519 sous Don Ugo de Moncada, mais les deux expéditions furent un échec total{{sfn|Houtsma|p=258}}.


Barberousse fait bombarder le fort pendant vingt jours, au moyen de son artillerie. Les Espagnols répliquent par des coups de canon sur la ville, laquelle en subit des dommages{{sfn|Kaddache|2009|p=354}}.
Khair ad-Din, succéde à Arudj après que ce dernier eut été tué en bataille contre les Espagnols lors de la [[Bataille de Tlemcen (1518)|bataille de Tlemcen]] en 1518. La [[Prise d'Alger (1516)|capture d'Alger]] en 1516 est rendue possible grâce au soutien du sultan ottoman [[Sélim Ier|Sélim {{Ier}}]]. Ce soutien cesse avec la mort du sultan Sélim en 1520, ce qui a amené Barberousse à perdre la ville au profit d'un chef kabyle local en 1524{{sfn|Houtsma|p=258}}, et à se retirer vers son fief à [[Jijel|Djidjelli]]{{sfn|Garnier|2008|p=20}}.


Le commandant de la place appelle [[Charles Quint]] à la rescousse dès le début des hostilités. Celui-ci dépêche une flotte de secours, mais celle-ci est interceptée par une flotte de pirates sollicitée par Khayr ad-Din Barberousse qui s'est placée en écran à hauteur de Mostaganem. Les combats navals sont si violents que la flotte espagnole rebrousse chemin vers Carthagène. La situation du Peñon devient critique, sous l'action des boulets qui ouvrent des brèches et parce que les vivres viennent à manquer. Les archers et les arquebusiers de Khayr ad-Din montent sur tout ce qui peut flotter pour partir à l'assaut de l'îlot{{sfn|Courtinat|2003|p=20}} : ils finissent par investir le fort le {{date-|27 mai 1529}}{{sfn|Kaddache|2009|p=354}}. Dans la place, à la surprise des assaillants, il ne reste alors que 53 Espagnols, sur les 150 censés défendre la garnison{{sfn|Courtinat|2003|p=21}}.
Considérée par Barberousse comme une « épine au cœur des Algérois »{{sfn|Mouilleseaux|Lassus|1962|p=162}}, cette forteresse gênait les mouvements navals autour de la capitale de l’État des Barberousse. L'essor de la [[Forces navales algériennes|marine algéroise]] nécessite de supprimer cette menace. Le préside espagnol est lui en mauvaise posture


== Reconquête ==
== Conséquences ==
Quand [[Soliman le Magnifique]] déclare la guerre à [[Ferdinand Ier (empereur des Romains)|Ferdinand de Habsbourg]] en janvier 1529, il souhaite mener l’offensive dans la Méditerranée occidentale et choisit donc de renouveler le soutien ottoman à [[Khayr ad-Din Barberousse|Barberousse]]{{sfn|Garnier|2008|p=19-20}}.


Le marquis de Vargas est fait prisonnier et ses hommes répartis comme esclaves entre les chefs vainqueurs. Ils furent notamment employés à reconstruire la mosquée [[Djamaâ el Kebir|Djamâa el Kébir]], endommagée par les bombardements espagnols. Les restes de la forteresse furent entièrement démolis, excepté un bastion circulaire sur lequel est bâti un phare : ''bordj el Fanar''{{sfn|Courtinat|2003|p=21}}.
Barberousse reçoit de l'[[Empire ottoman]] {{unité|2000|[[janissaire]]s}}, de l'artillerie et un soutien financier important{{sfn|Garnier|2008|p=20}}. Grâce à la corruption, Barberousse obtient le ralliement du [[cheikh]] d'Alger{{sfn|Garnier|2008|p=20}}. Après avoir pris la ville , Barberousse commença alors à assiéger [[Peñon d'Alger|El Peñón de Argel]], la forteresse espagnole à l'entrée du port. Après {{nobr|22 jours}} de tirs d'artillerie, Don Martin de Vargas s'est finalement rendu le 29 mai 1529, avec seulement 25 survivants, et sans avoir reçu l'aide de l'[[Espagne péninsulaire]]{{sfn|Houtsma|p=258}}{{,}}{{sfn|Garnier|2008|p=20}}. Vargas a été condamné à mort, la forteresse a été démantelée, et la pierre a été utilisée pour construire une digue. Barberousse utilisa ses esclaves chrétiens comme main d'œuvre{{sfn|Houtsma|p=258}}{{,}}{{sfn|Garnier|2008|p=20}}.


Khayr ad-Din Barberousse, pour rendre hommage à la vaillance des Espagnols, propose au marquis de Vargas de se convertir à l'islam pour lui rendre les honneurs militaires. Ce dernier refuse avec hauteur. Khayr ad-Din Barberousse ordonne alors sa mise à mort qui aura lieu par bastonnade, un an plus tard.
== Conséquences ==

Au cours des années suivantes, [[Khayr ad-Din Barberousse|Barberousse]] fit d'[[Alger]] une base majeure afin de lancer des raids{{sfn|Garnier|2008|p=21}}<span class="mw-reflink-text">[19]</span><span class="mw-reflink-text">[19]</span><span class="mw-reflink-text">[17]</span>. L'immense [[Expédition d'Alger (1541)|expédition d'Alger]] a été entreprise par [[Charles Quint]] en 1541 pour reprendre Alger, mais cela a également été un lourd échec{{sfn|Houtsma|p=258}}. Alger est resté pendant trois siècles sous domination ottomane, jusqu'à l'[[Expédition d'Alger (1830)|expédition d'Alger]] de 1830{{sfn|Ring|p=54}}.
Quelques jours seulement après la prise du Peñon, 11 navires espagnols bien armées, pourvus de troupes et de vivres arrivent en vue d'Alger. Mais ne pouvant que constater la chute du Peñon, ils rebroussent chemin. Cette victoire permet à Khayr ad-Din Barberousse de relier les îlots, dont le Peñon, par une jetée et de constituer une rade dans un mouillage médiocre qui était jusque-là parsemé de récifs. Le port ainsi aménagè devient une base efficace pour les Turcs et les pirates barbaresques{{sfn|Courtinat|2003|p=21}}.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}


== Annexes ==
== Bibliographie ==
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
{{légende plume}}
*{{Ouvrage |auteur1=Roland Courtinat |titre=La piraterie barbaresque en Méditerranée |sous-titre={{sp-|XVI|-|XIX}} |éditeur=Serre Éditeur |année=2003 |pages totales=139 |isbn=978-2-906431-65-2 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=xcLOZOCHf4YC&pg=PA20&dq=Don+Martin+de+Vargas+1529 |consulté le=7 juillet 2017}}.
* {{Ouvrage |id=Houtsma |auteur=Martijn Theodoor Houtsma |titre=E.J. Brill's first encyclopaedia of Islam, 1913-1936 }}.
* {{Ouvrage |auteur1=Mahfoud Kaddache |titre=L'Algérie des Algériens |lieu=Alger |éditeur=[[Société nationale d'édition et de diffusion|EDIF2000]] |année=2009 |année première édition=1982 |pages totales=786 |isbn=978-9961-9662-1-1 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur=Édith Garnier |titre=L'Alliance impie |éditeur=Éditions du Félin |année=2008 |lieur=Paris |isbn=978-2-86645-678-8 |lire en ligne=https://web.archive.org/web/20090818015845/http://www.neopodia.mobi:80/20090519-histoire-renaissance-alliance-impie-francois-1er-ier-ottoman-soliman-suleyman-charles-quint-forces-en-presence }}.
*{{Ouvrage |auteur1=Louis Mouilleseaux |auteur2=Jean Lassus |titre=Histoire de l'Algérie |sous-titre=Textes de Jean Lassus (o.fl.a.) |éditeur=Imprimeries Oberthur pour le compte des Productions de Paris |date=1er janvier 1962 |isbn= |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=QcVyAAAAMAAJ&dq=barberousse+1529+epine |consulté le=1er août 2017 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur=Mahfoud Kaddache |titre=L'Algérie des Algériens |lieu=Alger |éditeur=[[Société nationale d'édition et de diffusion|EDIF2000]] |année=2009 |année première édition=1982 |pages totales=786 |isbn=978-9-961-96621-1 |plume=oui}}
* {{ouvrage |auteur=[[Gilbert Meynier]] |titre=L’Algérie, cœur du Maghreb classique |sous-titre=De l’ouverture islamo-arabe au repli (698-1518) |lieu=Paris |éditeur=La Découverte |année=2010 |pages totales=358 |isbn=9782707152312 }}.
*{{Ouvrage |auteur1=Louis Mouilleseaux |auteur2=Jean Lassus |titre=Histoire de l'Algérie : Textes de Jean Lassus (o.fl.a.). |éditeur=Imprimeries Oberthur pour le compte des Productions de Paris |date=1er janvier 1962 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=QcVyAAAAMAAJ&q=barberousse+1529+epine&dq=barberousse+1529+epine&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiKwdWk3LLRAhUC0hoKHbXSB2MQ6AEIOzAI |consulté le=1er août 2017 |plume=oui}}
* {{Ouvrage |id=Ring |auteur=Trudy Ring |titre=International Dictionary of Historic Places: Middle East and Africa }}.


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[[Catégorie:Bataille impliquant l'Espagne]]
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Dernière version du 20 juin 2024 à 19:58

Prise du Peñon d'Alger
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Peñon et son îlot dans la baie d'Alger au début du XVIe siècle
Informations générales
Date
Lieu Alger
Casus belli Volonté d'écarter toute menace espagnole
Issue Prise du Peñon par les Algérois
Changements territoriaux Prise de l’îlot du Peñon
Belligérants
Régence d'Alger Empire espagnol
Commandants
Khayr ad-Din Barberousse Don Martin de Vargas
Forces en présence
inconnues 150 combattants
Pertes
inconnues inconnues

Guerres hispano-algériennes

La prise du Peñon d'Alger est la bataille par laquelle la régence d'Alger, dirigée par Khayr ad-Din Barberousse, a fait tomber la forteresse espagnole du Peñon[1] qui, implantée sur un îlot (le Peñon d'Alger), faisait face à la ville d'Alger.

Les Espagnols décident de bâtir une forteresse sur les îlots en face d’Alger[2]. Considérée par Barberousse comme une « épine au cœur des Algérois »[3], cette forteresse gêne les mouvements des bateaux autour d'Alger. L'essor de la marine algéroise nécessite de supprimer cette menace. Le préside espagnol est lui en mauvaise posture : il est mal ravitaillé par l'Empire espagnol et commandé par un vieux capitaine, Don Martin de Vargas[3], vétéran des guerres d'Afrique, qui dispose de 150 soldats[4].

Déroulement

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Khayr ad-Din Barberousse tente de négocier la capitulation de la place en offrant aux Espagnols de les laisser partir du fort avec leur artillerie ; ces derniers refusent cette offre[2].

Quelques jours avant Pâques, les Espagnols recueillent deux Turcs arrivés à la nage et qui prétextent vouloir fuir des persécutions à Alger pour se convertir au catholicisme. Ces deux Turcs font mine de donner des renseignements de guerre, qui sont en fait des informations fausses ; le jour de Pâques alors que les occupants de la forteresse sont occupés à l'office, ils sont surpris à faire des signaux à l'aide d'un linge. Les Espagnols condamnent à mort ces deux Turcs et les font pendre à la vue de la ville d'Alger. En dépit de cet épisode négatif, Khayr ad-Din Barberousse tente une nouvelle approche diplomatique en demandant à la garnison de se rendre pour avoir la vie sauve et en assortissant son offre d'une menace : si celle-ci n'est pas acceptée, la garnison sera passée au fil de l'épée ; cette nouvelle offre ne rencontre pas plus de succès. Le , il commence à attaquer le Peñon[2].

Barberousse fait bombarder le fort pendant vingt jours, au moyen de son artillerie. Les Espagnols répliquent par des coups de canon sur la ville, laquelle en subit des dommages[5].

Le commandant de la place appelle Charles Quint à la rescousse dès le début des hostilités. Celui-ci dépêche une flotte de secours, mais celle-ci est interceptée par une flotte de pirates sollicitée par Khayr ad-Din Barberousse qui s'est placée en écran à hauteur de Mostaganem. Les combats navals sont si violents que la flotte espagnole rebrousse chemin vers Carthagène. La situation du Peñon devient critique, sous l'action des boulets qui ouvrent des brèches et parce que les vivres viennent à manquer. Les archers et les arquebusiers de Khayr ad-Din montent sur tout ce qui peut flotter pour partir à l'assaut de l'îlot[2] : ils finissent par investir le fort le [5]. Dans la place, à la surprise des assaillants, il ne reste alors que 53 Espagnols, sur les 150 censés défendre la garnison[4].

Conséquences

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Le marquis de Vargas est fait prisonnier et ses hommes répartis comme esclaves entre les chefs vainqueurs. Ils furent notamment employés à reconstruire la mosquée Djamâa el Kébir, endommagée par les bombardements espagnols. Les restes de la forteresse furent entièrement démolis, excepté un bastion circulaire sur lequel est bâti un phare : bordj el Fanar[4].

Khayr ad-Din Barberousse, pour rendre hommage à la vaillance des Espagnols, propose au marquis de Vargas de se convertir à l'islam pour lui rendre les honneurs militaires. Ce dernier refuse avec hauteur. Khayr ad-Din Barberousse ordonne alors sa mise à mort qui aura lieu par bastonnade, un an plus tard.

Quelques jours seulement après la prise du Peñon, 11 navires espagnols bien armées, pourvus de troupes et de vivres arrivent en vue d'Alger. Mais ne pouvant que constater la chute du Peñon, ils rebroussent chemin. Cette victoire permet à Khayr ad-Din Barberousse de relier les îlots, dont le Peñon, par une jetée et de constituer une rade dans un mouillage médiocre qui était jusque-là parsemé de récifs. Le port ainsi aménagè devient une base efficace pour les Turcs et les pirates barbaresques[4].

Notes et références

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  1. Mot espagnol signifiant rocher ou promontoire.
  2. a b c et d Courtinat 2003, p. 20.
  3. a et b Mouilleseaux et Lassus 1962, p. 162.
  4. a b c et d Courtinat 2003, p. 21.
  5. a et b Kaddache 2009, p. 354.

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Roland Courtinat, La piraterie barbaresque en Méditerranée : XVIe – XIXe siècle, Serre Éditeur, , 139 p. (ISBN 978-2-906431-65-2, lire en ligne).
  • Mahfoud Kaddache, L'Algérie des Algériens, Alger, EDIF2000, (1re éd. 1982), 786 p. (ISBN 978-9961-9662-1-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Louis Mouilleseaux et Jean Lassus, Histoire de l'Algérie : Textes de Jean Lassus (o.fl.a.), Imprimeries Oberthur pour le compte des Productions de Paris, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article