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« Résilience (physique) » : différence entre les versions

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La '''résilience''' est la capacité d'un matériau à absorber l'énergie d'un [[Choc mécanique|choc]] en se [[Déformation d'un matériau|déformant]] (déformation rapide). On distingue les matériaux [[Fragilité|fragiles]] (céramiques, certains aciers et plastiques), des matériaux [[Ductilité|ductiles]] (beaucoup de métaux et de plastiques). Les matériaux fragiles, comme le verre, peuvent avoir un [[Déformation élastique|domaine élastique]] (déformation réversible) plus ou moins important, mais pas de [[Déformation plastique|domaine plastique]] (déformation permanente). Beaucoup de matériaux (mais pas les céramiques) possèdent un domaine élastique et un domaine plastique. Il en est ainsi des aciers de construction (bâtiment, machines, appareils à pression) qui sont normalement exploités dans leur domaine élastique mais peuvent se déformer au maximum jusqu'à 20 % (aciers de charpentes) ou 30 % (cas des [[Acier inoxydable|aciers inoxydables]] [[Austénite|austénitiques]]) avant de se [[Rupture (matériau)|rompre]]. D'autres aciers spéciaux utilisés en mécanique n'ont pas de domaine plastique et cassent « comme du verre » dès que leur [[limite d'élasticité]] est atteinte. L'étendue de ces domaines est très fortement liée aux conditions de température, tel un caramel selon qu'il sort du [[congélateur]] ou qu'il a chauffé sur un radiateur. Un acier donné n'aura pas la même résilience à {{tmp|50|°C}} qu'à {{tmp|-50|°C}}. Ainsi, on associe toujours une valeur de résilience (on parle plus précisément de résistance à la [[Flexion (matériau)|flexion]] par choc) à une température donnée ({{ex}} {{nb|27 J}} à {{tmp|-20|°C}}).
La '''résilience''' est la capacité d'un matériau à absorber de l'énergie quand il se déforme sous l'effet d'un choc (déformation rapide). Il est utile de distinguer les matériaux métalliques, ou fragiles, des matériaux de type élastomères.


Dans le cas des matériaux "cassants" (aciers par exemple), la résilience est caractérisée par l'énergie nécessaire pour déformer et rompre le matériau lors d'un choc par un objet percuteur. Dans le cas des matériaux de type élastomères, l'éprouvette n'est pas rompue, la résilience est caractérisée par la proportion d'énergie restituée à l'objet percuteur qui rebondit à la suite du choc.
Dans le cas des matériaux fragiles, la résilience est caractérisée par l'énergie nécessaire pour déformer et rompre le matériau lors d'un choc par un objet [[percuteur]]. Dans le cas des matériaux [[élastomère]]s, l'[[Éprouvette (matériau)|éprouvette]] n'est pas rompue, la résilience est caractérisée par la proportion d'énergie restituée à l'objet percuteur qui rebondit à la suite du choc.


== Résilience des aciers ==
== Résilience des aciers ==

=== Norme ===
=== Norme ===
Pendant longtemps, il y a eu en France deux normes distinctes pour l{{'}}''essai de résilience Charpy de l'acier''<ref>NF A 03-56, novembre 1978</ref> et l'''essai de flexion par choc de l'acier sur éprouvette bi-appuyée (entaille en V)''<ref>NF A 03-161, juin 1978</ref>. Depuis {{date-|octobre 1990}}, il n'y a plus qu'une seule norme, valable dans toute l'Union européenne, ''Matériaux métalliques – Essai de flexion par choc sur éprouvette Charpy''<ref>NF EN 10045-1, indice de classement A 03-011</ref>. À l'occasion de la procédure de révision périodique, cette norme a été confirmée récemment. Son texte est à la base de la norme internationale {{nobr|ISO 148-1}}.


On peut aussi citer la norme ASTM E23-96 qui, en plus de l’essai Charpy classique, décrit l’essai de résilience Izod. Dans l’essai Izod, l’éprouvette a une longueur de {{nb|75|mm}} (au lieu de {{nb|55|mm}} pour l’éprouvette Charpy) et l’entaille en V est pratiquée à {{nb|28|mm}} de l’une des extrémités. L’autre extrémité est encastrée verticalement jusqu’au niveau de l’entaille (d’où la désignation de ''{{Langue|en|texte=cantilever-beam}}''). Un couteau de choc spécial vient frapper la face entaillée à l’extrémité libre.
Pendant longtemps, il y a eu en France deux normes distinctes pour ''l'essai de résilience Charpy de l'acier''<ref>NF A 03-56, novembre 1978</ref> et ''l'essai de flexion par choc de l'acier sur éprouvette bi-appuyée (entaille en V)''<ref>NF A 03-161, juin 1978</ref>. Depuis octobre 1990, il n'y a plus qu'une seule norme, valable dans toute l'Union européenne, ''Matériaux métalliques – Essai de flexion par choc sur éprouvette Charpy''<ref>NF EN 10045-1, indice de classement A 03-011</ref>. À l'occasion de la procédure de révision périodique, cette norme a été confirmée récemment. Son texte est à la base de la norme internationale ISO 148-1.

On peut aussi citer la norme ASTM E23-96 qui, en plus de l’essai Charpy classique, décrit l’essai de résilience Izod. Dans l’essai Izod, l’éprouvette a une longueur de 75 mm (au lieu de 55 mm pour l’éprouvette Charpy) et l’entaille en V est pratiquée à 28 mm de l’une des extrémités. L’autre extrémité est encastrée verticalement jusqu’au niveau de l’entaille (d’où la désignation de ''cantilever-beam''). Un couteau de choc spécial vient frapper la face entaillée à l’extrémité libre.


=== Essai de résilience ===
=== Essai de résilience ===
Le tableau suivant liste quelques exemples d'essai de résilience :
Le tableau suivant liste quelques exemples d'essai de résilience :


{| class="wikitable"
{| class="wikitable" style="text-align:center;"
! Technique !! Méthode !! Répartition des<br>contraintes !! Vitesse<br>(m/s) !! Longueur de<br>l'éprouvette<br>(mm) !! Position de<br>l'éprouvette
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|align="left"| Pendulaire || align="left"| [[Choc-traction]]||Uniaxiale|| || ||
! Technique !! Méthode !! Répartition des contraintes !! Vitesse (m/s) !! Longeur de l'éprouvette (mm) !! Position de l'éprouvette
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| align="left"| || align="left"| [[Essai de flexion par choc sur éprouvette entaillée Charpy|Charpy]] ||Triaxiale||3||55||Sur deux appuis
| Pendulaire || [[Choc-traction]] || <center>Uniaxiale || || ||
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| || [[Essai de flexion par choc sur éprouvette entaillée Charpy|Charpy]] || <center>Triaxiale || <center>3 || <center>55 || <center>Sur deux appuis
| align="left"| || align="left"| [[Essai de résistance au choc Izod|Izod]] ||Triaxiale||2 - 44||75||Encastrée
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|-
| align="left"| Non pendulaire || align="left"| [[Chute d'une masse]]||Biaxiale||1 - 4|| ||
| || [[Essai de résistance au choc Izod|Izod]] || <center>Triaxiale || <center>2 - 44 || <center>75 || <center>Encastrée
|-
| Non-pendulaire || [[Chute d'une masse]] || <center>Biaxiale || <center>1 - 4 || ||
|}
|}


==== Essai Charpy ====
==== Essai Charpy ====
Source<ref>D’après le Courrier technique de l’OTUA {{n°}}64</ref>.
Source<ref>D’après le ''Courrier technique de l’[[OTUA]]'', {{n°}}64.</ref>.


{{Article détaillé|Essai de flexion par choc sur éprouvette entaillée Charpy}}
{{Article détaillé|Essai de flexion par choc sur éprouvette entaillée Charpy}}


La définition de l'essai Charpy, encore communément appelé l'« essai de résilience », a eu 100 ans en 2001. Dès l'origine, il s'agissait de caractériser le comportement des métaux dans un essai de flexion par choc sur barreaux entaillés. [[Georges Charpy]] a contribué à rendre l'essai quantitatif et reproductible et a développé la machine d'essai correspondante. Les moutons-pendules actuels sont toujours construits sur le modèle décrit par Charpy en 1904, avec quelques variantes il est vrai.
La définition de l'essai Charpy, encore communément appelé l'« essai de résilience », a eu {{nb|100|ans}} en 2001. Dès l'origine, il s'agissait de caractériser le comportement des métaux dans un essai de flexion par choc sur barreaux entaillés. [[Georges Charpy]] a contribué à rendre l'essai quantitatif et reproductible et a développé la machine d'essai correspondante. Les moutons-pendules actuels sont toujours construits sur le modèle décrit par Charpy en 1904, avec quelques variantes.


Officiellement le terme de ''résilience'' est réservé à l'énergie de rupture obtenue avec une [[éprouvette]] à entaille en U et divisée par la section sous entaille. Après avoir été exprimée en kg.m/cm{{2}}, elle a été notée KCU et exprimée en J/cm{{2}}. Actuellement, cette notion et cette notation sont complètement abandonnées au profit de la notion d'''énergie de rupture'', une manière abrégée de désigner l' ''énergie absorbée par la rupture en flexion par choc sur éprouvette Charpy''.
Officiellement le terme de ''résilience'' est réservé à l'énergie de rupture obtenue avec une éprouvette à entaille en U et divisée par la section sous entaille. Après avoir été exprimée en {{nb|kg m/cm2}}, elle a été notée KCU et exprimée en {{nb|J/cm2}}. {{Quand|Actuellement|date=8 octobre 2022}}, cette notion et cette notation sont complètement abandonnées au profit de la notion d{{'}}''énergie de rupture'', une manière abrégée de désigner l'''énergie absorbée par la rupture en flexion par choc sur éprouvette Charpy''.


Certains puristes voulaient réserver l'appellation Charpy à l'éprouvette avec entaille en U, mais les normes actuelles considèrent que cette appellation s'applique aussi bien aux éprouvettes avec entaille en U qu'en V. Malgré cela, parler de résilience quand il s'agit d'une valeur en joules obtenue avec une éprouvette entaillée en V est un abus de langage. Pour éviter tout malentendu il vaut donc mieux renoncer à employer le terme de ''résilience''. C'est loin d'être le cas dans la pratique, où du fait de la généralisation de l'essai sur éprouvette à entaille en V, on parle encore beaucoup d'essai de ''résilience Charpy V'' et de ''résilience KV''. Pour réconcilier les « anciens » et les « modernes », on peut considérer que la ''résilience'' est une qualité de l'acier, dont le synonyme était la ''ténacité'' avant l'avènement de la mécanique de la rupture, et que sa mesure est l'''énergie de rupture''.
Certains puristes voulaient réserver l'appellation Charpy à l'éprouvette avec entaille en U, mais les normes actuelles considèrent que cette appellation s'applique aussi bien aux éprouvettes avec entaille en U qu'en V. Malgré cela, parler de résilience quand il s'agit d'une valeur en joules obtenue avec une éprouvette entaillée en V est un abus de langage. Pour éviter tout malentendu il vaut donc mieux renoncer à employer le terme de ''résilience''. C'est loin d'être le cas dans la pratique, où du fait de la généralisation de l'essai sur éprouvette à entaille en V, on parle encore beaucoup d'essai de ''résilience Charpy V'' et de ''résilience KV''. Pour réconcilier les « anciens » et les « modernes », on peut considérer que la ''résilience'' est une qualité de l'acier, dont le synonyme était la ''ténacité'' avant l'avènement de la mécanique de la rupture, et que sa mesure est l'''énergie de rupture''.


Une éprouvette entaillée est placée sur deux appuis. Le pendule est lâché d’une hauteur déterminée de façon à frapper l’éprouvette avec une vitesse entre 1 et 4 m/s. La hauteur de remontée du pendule après le choc permet de déterminer l’énergie nécessaire pour rompre l’éprouvette.
Une éprouvette entaillée est placée sur deux appuis. Le pendule est lâché d’une hauteur déterminée de façon à frapper l’éprouvette avec une vitesse entre {{nb|1 et 4 m/s}}. La hauteur de remontée du pendule après le choc permet de déterminer l’énergie nécessaire pour rompre l’éprouvette.


[[Image:Eprouvette Charpy.jpg|thumb|center|300px|Éprouvette Charpy normalisée.]]
[[Image:Eprouvette Charpy.jpg|thumb|center|300px|Éprouvette Charpy normalisée.]]
[[Image:Essai Charpy.jpg|thumb|center|300px|Essai Charpy.]]
[[Image:Essai Charpy.jpg|thumb|center|300px|Essai Charpy.]]


==Désignation des aciers en fonction de leur résilience==
== Désignation des aciers en fonction de leur résilience ==
La norme NF EN 10025 définit la désignation des aciers de construction non alliés.
La norme NF EN 10025 définit la désignation des aciers de construction non alliés.


Elle a la forme : Lettre - Nombre - Symbole {{n°}}1 - Symbole {{n°}}2.
Elle a la forme : Lettre - Nombre - Symbole {{n°}}1 - Symbole {{n°}}2.


Exemple : S 275 J2 désigne un acier de construction générale ayant une résistance élastique de {{unité/2|275|MPa}} et une résilience minimale garantie de {{unité/2|27|J}} à {{tmp|-20|°C}}.
Exemple : S 275 J2 désigne un acier de construction générale ayant une résistance élastique de {{nb|275|MPa}} et une résilience minimale garantie de {{nb|27|J}} à {{tmp|-20|°C}}.

Le symbole {{n°}}1 définit la résilience minimale garantie de l'acier à une température donnée.
Le symbole {{n°}}1 définit la résilience minimale garantie de l'acier à une température donnée.


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== Résilience et hystérésis d'un élastomère ==
== Résilience et hystérésis d'un élastomère ==
{{Article connexe|Viscoélasticité}}
{{Article connexe|Viscoélasticité}}
La résilience, souvent exprimée en pourcent, d'un [[élastomère]] soumis à des efforts périodiques est égale, d'après la norme ASTM, au rapport de l'énergie restituée après déformation, à l'énergie fournie pour déformer l'élastomère<ref name="DP"/>.
La résilience, souvent exprimée en pourcentage, d'un [[élastomère]] soumis à des efforts périodiques est égale, d'après la norme ASTM, au rapport de l'énergie restituée après déformation, à l'énergie fournie pour déformer l'élastomère<ref name="DP"/>.


L'[[hystérésis]], en %, est le taux d'énergie perdu par période de déformation, soit 100 moins le taux de résilience<ref name="DP">[[DuPont|Du Pont de Nemours International S.A.]], Elastomer Chemicals Department, ''Le langage du caoutchouc'', 1963, 178{{nb p.}}, Genève, {{p.}}23</ref>.
L'[[hystérésis]], en %, est le taux d'énergie perdu par période de déformation, soit 100 moins le taux de résilience<ref name="DP">[[DuPont|Du Pont de Nemours International S.A.]], Elastomer Chemicals Department, « Le langage du caoutchouc », 1963, 178{{nb p.}}, Genève, {{p.|23}}</ref>.


== Voir aussi ==
== Références ==
* [[Essai mécanique]]

== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
{{Début de colonnes|nombre=3}}
* [[Cindyniques]]
* [[Vulnérabilité (sécurité)]]
* [[Sécurité]]
* [[Risque]]
* [[Risque majeur]]
{{Fin de colonnes}}

=== Autres ===
{{Palette|Essais mécaniques}}
{{Portail|physique|matériaux}}
{{Portail|physique|matériaux}}


{{DEFAULTSORT:Resilience}}
[[Catégorie:Résistance des matériaux]]
[[Catégorie:Résistance des matériaux]]
[[Catégorie:Essai mécanique]]
[[Catégorie:Essai mécanique]]

Dernière version du 14 janvier 2023 à 17:05

La résilience est la capacité d'un matériau à absorber l'énergie d'un choc en se déformant (déformation rapide). On distingue les matériaux fragiles (céramiques, certains aciers et plastiques), des matériaux ductiles (beaucoup de métaux et de plastiques). Les matériaux fragiles, comme le verre, peuvent avoir un domaine élastique (déformation réversible) plus ou moins important, mais pas de domaine plastique (déformation permanente). Beaucoup de matériaux (mais pas les céramiques) possèdent un domaine élastique et un domaine plastique. Il en est ainsi des aciers de construction (bâtiment, machines, appareils à pression) qui sont normalement exploités dans leur domaine élastique mais peuvent se déformer au maximum jusqu'à 20 % (aciers de charpentes) ou 30 % (cas des aciers inoxydables austénitiques) avant de se rompre. D'autres aciers spéciaux utilisés en mécanique n'ont pas de domaine plastique et cassent « comme du verre » dès que leur limite d'élasticité est atteinte. L'étendue de ces domaines est très fortement liée aux conditions de température, tel un caramel selon qu'il sort du congélateur ou qu'il a chauffé sur un radiateur. Un acier donné n'aura pas la même résilience à 50 °C qu'à −50 °C. Ainsi, on associe toujours une valeur de résilience (on parle plus précisément de résistance à la flexion par choc) à une température donnée (ex. : 27 J à −20 °C).

Dans le cas des matériaux fragiles, la résilience est caractérisée par l'énergie nécessaire pour déformer et rompre le matériau lors d'un choc par un objet percuteur. Dans le cas des matériaux élastomères, l'éprouvette n'est pas rompue, la résilience est caractérisée par la proportion d'énergie restituée à l'objet percuteur qui rebondit à la suite du choc.

Résilience des aciers

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Pendant longtemps, il y a eu en France deux normes distinctes pour l'essai de résilience Charpy de l'acier[1] et l'essai de flexion par choc de l'acier sur éprouvette bi-appuyée (entaille en V)[2]. Depuis , il n'y a plus qu'une seule norme, valable dans toute l'Union européenne, Matériaux métalliques – Essai de flexion par choc sur éprouvette Charpy[3]. À l'occasion de la procédure de révision périodique, cette norme a été confirmée récemment. Son texte est à la base de la norme internationale ISO 148-1.

On peut aussi citer la norme ASTM E23-96 qui, en plus de l’essai Charpy classique, décrit l’essai de résilience Izod. Dans l’essai Izod, l’éprouvette a une longueur de 75 mm (au lieu de 55 mm pour l’éprouvette Charpy) et l’entaille en V est pratiquée à 28 mm de l’une des extrémités. L’autre extrémité est encastrée verticalement jusqu’au niveau de l’entaille (d’où la désignation de cantilever-beam). Un couteau de choc spécial vient frapper la face entaillée à l’extrémité libre.

Essai de résilience

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Le tableau suivant liste quelques exemples d'essai de résilience :

Technique Méthode Répartition des
contraintes
Vitesse
(m/s)
Longueur de
l'éprouvette
(mm)
Position de
l'éprouvette
Pendulaire Choc-traction Uniaxiale
Charpy Triaxiale 3 55 Sur deux appuis
Izod Triaxiale 2 - 44 75 Encastrée
Non pendulaire Chute d'une masse Biaxiale 1 - 4

Essai Charpy

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Source[4].

La définition de l'essai Charpy, encore communément appelé l'« essai de résilience », a eu 100 ans en 2001. Dès l'origine, il s'agissait de caractériser le comportement des métaux dans un essai de flexion par choc sur barreaux entaillés. Georges Charpy a contribué à rendre l'essai quantitatif et reproductible et a développé la machine d'essai correspondante. Les moutons-pendules actuels sont toujours construits sur le modèle décrit par Charpy en 1904, avec quelques variantes.

Officiellement le terme de résilience est réservé à l'énergie de rupture obtenue avec une éprouvette à entaille en U et divisée par la section sous entaille. Après avoir été exprimée en kg m/cm2, elle a été notée KCU et exprimée en J/cm2. Actuellement[Quand ?], cette notion et cette notation sont complètement abandonnées au profit de la notion d'énergie de rupture, une manière abrégée de désigner l'énergie absorbée par la rupture en flexion par choc sur éprouvette Charpy.

Certains puristes voulaient réserver l'appellation Charpy à l'éprouvette avec entaille en U, mais les normes actuelles considèrent que cette appellation s'applique aussi bien aux éprouvettes avec entaille en U qu'en V. Malgré cela, parler de résilience quand il s'agit d'une valeur en joules obtenue avec une éprouvette entaillée en V est un abus de langage. Pour éviter tout malentendu il vaut donc mieux renoncer à employer le terme de résilience. C'est loin d'être le cas dans la pratique, où du fait de la généralisation de l'essai sur éprouvette à entaille en V, on parle encore beaucoup d'essai de résilience Charpy V et de résilience KV. Pour réconcilier les « anciens » et les « modernes », on peut considérer que la résilience est une qualité de l'acier, dont le synonyme était la ténacité avant l'avènement de la mécanique de la rupture, et que sa mesure est l'énergie de rupture.

Une éprouvette entaillée est placée sur deux appuis. Le pendule est lâché d’une hauteur déterminée de façon à frapper l’éprouvette avec une vitesse entre 1 et 4 m/s. La hauteur de remontée du pendule après le choc permet de déterminer l’énergie nécessaire pour rompre l’éprouvette.

Éprouvette Charpy normalisée.
Essai Charpy.

Désignation des aciers en fonction de leur résilience

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La norme NF EN 10025 définit la désignation des aciers de construction non alliés.

Elle a la forme : Lettre - Nombre - Symbole no 1 - Symbole no 2.

Exemple : S 275 J2 désigne un acier de construction générale ayant une résistance élastique de 275 MPa et une résilience minimale garantie de 27 J à −20 °C.

Le symbole no 1 définit la résilience minimale garantie de l'acier à une température donnée.

Symbole no 1
Résilience/Température 20 °C °C −20 °C −30 °C −40 °C −50 °C −60 °C
27 J JR J0 J2 J3 J4 J5 J6
40 J KR K0 K2 K3 K4 K5 K6
60 J LR L0 L2 L3 L4 L5 L6

Résilience et hystérésis d'un élastomère

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La résilience, souvent exprimée en pourcentage, d'un élastomère soumis à des efforts périodiques est égale, d'après la norme ASTM, au rapport de l'énergie restituée après déformation, à l'énergie fournie pour déformer l'élastomère[5].

L'hystérésis, en %, est le taux d'énergie perdu par période de déformation, soit 100 moins le taux de résilience[5].

Références

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  1. NF A 03-56, novembre 1978
  2. NF A 03-161, juin 1978
  3. NF EN 10045-1, indice de classement A 03-011
  4. D’après le Courrier technique de l’OTUA, no 64.
  5. a et b Du Pont de Nemours International S.A., Elastomer Chemicals Department, « Le langage du caoutchouc », 1963, 178 p., Genève, p. 23

Articles connexes

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