Aller au contenu

« Rue des Noyers (Paris) » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
StarusBot (discuter | contributions)
m En français
Karldupart (discuter | contributions)
 
(13 versions intermédiaires par 11 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{voir homonymes|Rue des Noyers}}
{{voir homonymes|Rue des Noyers}}
{{ébauche|Paris}}
{{ébauche|Paris}}
[[Fichier:Plan de Paris vers 1550 place Maubert.jpg|vignette|La rue des Noyers sur le [[plan de Truschet et Hoyau]] (milieu du {{XVIe siècle}}).]]
[[Fichier:Plan de Paris vers 1550 place Maubert.jpg|vignette|redresse|La rue des Noyers sur le [[plan de Truschet et Hoyau]] (milieu du {{s-|XVI}}).]]
La '''rue des Noyers''' est une ancienne rue de [[Paris]]. Elle était située dans l'[[Ancien 12e arrondissement de Paris|ancien {{12e|arrondissement}}]] (actuel [[5e arrondissement de Paris|{{5e|arrondissement}}]]). Elle a disparu lors du percement du [[boulevard Saint-Germain]].
La '''rue des Noyers''' est une ancienne rue de [[Paris]]. Elle était située dans l'[[Ancien 12e arrondissement de Paris|ancien {{12e|arrondissement}}]] (actuel [[5e arrondissement de Paris|{{5e|arrondissement}}]]). Elle a disparu lors du percement du [[boulevard Saint-Germain]].


== Situation ==
== Situation ==
La rue était située dans le quartier Saint-Jacques (ancienne [[section du Panthéon-Français]])<ref name=cadastre>''Cadastre de Paris par îlot (1810-1836)'', plan {{45e|quartier}} « Saint-Jacques », îlot {{numéro|17}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0906&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B017&cote=%20F/31/96/41&collec=4&refstats=1 F/31/96/41], îlot {{numéro|18}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0907&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B018&cote=%20F/31/96/42&collec=4&refstats=1 F/31/96/42], îlot {{numéro|19}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0908&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B019&cote=%20F/31/96/43&collec=4&refstats=1 F/31/96/43], îlot {{numéro|20}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0909&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B020&cote=%20F/31/96/44&collec=4&refstats=1 F/31/96/44], îlot {{numéro|22}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0911&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B022&cote=%20F/31/96/46&collec=4&refstats=1 F/31/96/46] et îlot {{numéro|23}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0912&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B023&cote=%20F/31/96/47&collec=4&refstats=1 F/31/96/47].</ref>. Elle appartenait juste avant la [[Révolution française]] à la [[Église Saint-Étienne-du-Mont|paroisse Saint-Étienne-du-Mont]], à la [[Église Saint-Benoît-le-Bétourné|paroisse Saint-Benoît]] et à la [[Église Saint-Séverin|paroisse Saint-Séverin]]<ref>Jean Junié, ''Plan des paroisses de Paris avec la distinction des parties éparses qui en dépendent dressé par J. Junié, ingénieur géographe de Monseigneur l’Archevêque et géomètre des Eaux et forêts de France en 1786'', Service des travaux historiques de la Ville de Paris, 1904 {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53062351d/f1.item}}.</ref>.


La rue partait de la [[rue de la Montagne-Sainte-Geneviève]] et de la [[place Maubert]] et se terminait [[Rue Saint-Jacques (Paris)|rue Saint-Jacques]]. Elle était longue de {{unité|258|m}}<ref name=dico_rue>Félix et Louis Lazare, ''[[Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments]]'', édition de 1844, {{p.|496}} {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200946t/f502.image}}.</ref>. En 1851, elle est prolongée de {{unité|171|m}}<ref>{{ibid.}}, {{p.|224}} {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200946t/f230.image}}.</ref> jusqu'à la [[rue de la Harpe]] lorsque la [[Rue du Foin-Saint-Jacques|rue du Foin]] lui est réunie<ref name=arrete_1851_05_10>{{ouvrage|titre=Ville de Paris|sous-titre=Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques|prénom1=Adolphe|nom1=Alphand|lien auteur1=Jean-Charles Alphand|directeur1=oui|prénom2=Adrien|nom2=Deville|prénom3=Émile|nom3=Hochereau|lieu=Paris|année=1886|éditeur=Imprimerie nouvelle (association ouvrière)|titre chapitre=Arrêté du 10 mai 1851|passage=257|url=https://archive.org/stream/villedeparisrec00fragoog#page/n265/mode/1up}}.</ref>.
La rue était située dans le quartier Saint-Jacques (ancienne [[section du Panthéon-Français]])<ref name=cadastre>''Cadastre de Paris par îlot (1810-1836)'', plan {{45e|quartier}} « Saint-Jacques », îlot {{numéro|17}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0906&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B017&cote=%20F/31/96/41&collec=4&refstats=1 F/31/96/41], îlot {{numéro|18}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0907&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B018&cote=%20F/31/96/42&collec=4&refstats=1 F/31/96/42], îlot {{numéro|19}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0908&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B019&cote=%20F/31/96/43&collec=4&refstats=1 F/31/96/43], îlot {{numéro|20}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0909&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B020&cote=%20F/31/96/44&collec=4&refstats=1 F/31/96/44], îlot {{numéro|22}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0911&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B022&cote=%20F/31/96/46&collec=4&refstats=1 F/31/96/46] et îlot {{numéro|23}}, [http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/visu_zoomify.php?id_ark=AD075CA_AN0912&titre=%2012e%20arr.%20ancien,%20Saint-Jacques,%20%EElot%20n%B023&cote=%20F/31/96/47&collec=4&refstats=1 F/31/96/47].</ref>. Elle appartenait juste avant la [[Révolution française]] à la [[Église Saint-Étienne-du-Mont|paroisse Saint-Étienne-du-Mont]], à la [[Église Saint-Benoît-le-Bétourné|paroisse Saint-Benoît]] et à la [[Église Saint-Séverin|paroisse Saint-Séverin]]<ref>Jean Junié, ''Plan des paroisses de Paris avec la distinction des parties éparses qui en dépendent dressé par J. Junié, ingénieur géographe de Monseigneur l’Archevêque et géomètre des Eaux et forêts de France en 1786'', Service des travaux historiques de la Ville de Paris, 1904 {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53062351d/f1.item}}.</ref>.

La rue partait de la [[rue de la Montagne-Sainte-Geneviève]] et de la [[place Maubert]] et se terminait [[Rue Saint-Jacques (Paris)|rue Saint-Jacques]]. Elle était longue de {{unité|258|m}}<ref name=dico_rue>Félix et Louis Lazare, ''[[Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments]]'', édition de 1844, {{p.|496}} {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200946t/f502.image}}.</ref>. En 1851, elle est prolongée de {{unité|171|m}}<ref>{{ibid.}}, {{p.|224}} {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200946t/f230.image}}.</ref> jusqu'à la [[rue de la Harpe]] lorsque la [[Rue du Foin-Saint-Jacques|rue du Foin]] lui est réunie<ref name=arrete_1851_05_10>{{ouvrage|titre=Ville de Paris|sous-titre=Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques|prénom1=Adolphe|nom1=Alphand|lien auteur1=Jean-Charles Alphand|directeur1=oui|prénom2=Adrien|nom2=Deville|prénom3=Émile|nom3=Hochereau|lieu=Paris|année=1886|éditeur=Imprimerie nouvelle (association ouvrière)|titre chapitre=Arrêté du 10 mai 1851|passage=257|url=https://archive.org/stream/villedeparisrec00fragoog#page/n265/mode/1up}}.</ref>.


Aboutissaient dans la rue<ref name=cadastre/> :
Aboutissaient dans la rue<ref name=cadastre/> :
Ligne 15 : Ligne 14 :
* la [[rue Jean-de-Beauvais]] ;
* la [[rue Jean-de-Beauvais]] ;
* la [[rue des Anglais]].
* la [[rue des Anglais]].
[[Fichier:Rue des Noyers.png|centré|vignette|360x360px|La Rue des Noyers sur le Plan de [[Plan de Gomboust|Paris en 1652]] de Jacques Gomboust. On distingue à gauche (vers la Seine) la rue des Lavandières et la rue des Anglois; et à droite la rue des Carmes et la rue Jean-de-Beauvais.]]

== Origine du nom ==
Elle porte ce nom car c'était à l'origine une [[allée]] de [[Noyer|noyers]] qui séparait le [[clos Bruneau]] du [[clos de Garlande]].


== Historique ==
== Historique ==
[[Fichier:53 boulevard Saint-Germain.jpg|vignette|[[Hôtel particulier]] du {{XVIIIe siècle}} au 53, boulevard Saint-Germain, autrefois sur la rue des Noyers.]]
[[Fichier:53 boulevard Saint-Germain.jpg|vignette|redresse|[[Hôtel particulier]] du {{s-|XVIII}} au 53, [[boulevard Saint-Germain]], autrefois sur la rue des Noyers.]]


Vers 1215, une [[allée]] de [[Noyer|noyers]] qui séparait le [[clos Bruneau]] du [[clos de Garlande]] est lotie pour devenir une rue. En 1348, elle est nommée « rue Saint-Yves » en référence à l'[[ancienne chapelle Saint-Yves]] située à l'angle nord-est<ref name=cadastre/> avec la [[Rue Saint-Jacques (Paris)|rue Saint-Jacques]]. Un arrêt du conseil du {{date-|7 décembre 1680}} ordonne l'élargissement de la rue<ref name=dico_rue/>.
Vers 1215, une [[allée]] de [[Noyer|noyers]] qui séparait le [[clos Bruneau]] du [[clos de Garlande]] est lotie pour devenir une rue. En 1348, elle est nommée « rue Saint-Yves » en référence à l'[[Ancienne chapelle Saint-Yves (Paris)|ancienne chapelle Saint-Yves]] située à l'angle nord-est<ref name=cadastre/> avec la [[Rue Saint-Jacques (Paris)|rue Saint-Jacques]]. Un arrêt du conseil du {{date-|7 décembre 1680}} ordonne l'élargissement de la rue<ref name=dico_rue/>.


La chapelle dédiée à [[Yves Hélory de Kermartin]] est construite en 1348 aux frais d'écoliers bretons. Les [[Procureur|procureurs]] et [[Avocat (métier)|avocats]] y établissent une [[confrérie]]. Devenue [[bien national]] en 1790, elle est vendue le 6 mai 1793. Elle est démolie en 1796<ref>Félix et Louis Lazare, {{opcit}}, {{p.|344}} {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200946t/f350.image}}.</ref>.
La chapelle dédiée à [[Yves Hélory de Kermartin]] est construite en 1348 aux frais d'écoliers bretons. Les [[Procureur|procureurs]] et [[Avocat (métier)|avocats]] y établissent une [[confrérie]]. Devenue [[bien national]] en 1790, elle est vendue le {{date-|6 mai 1793}}. Elle est démolie en 1796<ref>Félix et Louis Lazare, {{opcit}}, {{p.|344}} {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200946t/f350.image}}.</ref>.


En 1310, le roi autorise les [[Ordre du Carmel|Carmes]] à reconstruire un monastère. L'église du [[carmel de la place Maubert|couvent des Carmes]], dédicacée en 1353, était située à l'angle sud-est de la rue des Carmes et de la rue des Noyers<ref>[[Albert Lenoir]] et [[Adolphe Berty]], ''Plan archéologique de Paris. Feuille XIV'', Paris, Martin et Fontet {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8445864d/f1.item}}.</ref>. L'église est démolie en 1811 et un [[Halle (construction)|marché couvert]] est construit par [[Antoine Vaudoyer]] à son emplacement entre 1813 et 1818<ref>Félix et Louis Lazare, {{opcit}}, {{p.|103}} {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200946t/f109.image}}.</ref>.
En 1310, le roi autorise les [[Ordre du Carmel|Carmes]] à reconstruire un monastère. L'église du [[carmel de la place Maubert|couvent des Carmes]], dédicacée en 1353, était située à l'angle sud-est de la rue des Carmes et de la rue des Noyers<ref>[[Albert Lenoir]] et [[Adolphe Berty]], ''Plan archéologique de Paris. Feuille XIV'', Paris, Martin et Fontet {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8445864d/f1.item}}.</ref>. L'église est démolie en 1811 et un [[Halle (construction)|marché couvert]] est construit par [[Antoine Vaudoyer]] à son emplacement entre 1813 et 1818<ref>Félix et Louis Lazare, {{opcit}}, {{p.|103}} {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200946t/f109.image}}.</ref>.


[[Rues de Paris en 1636|Elle est citée sous le nom]] de « rue des Noyers » dans un [[manuscrit]] de 1636.
En 1851, la [[Rue du Foin-Saint-Jacques|rue du Foin]] est rattachée à la rue des Noyers<ref name=arrete_1851_05_10/>. La rue des Noyers est supprimée lors du percement du [[boulevard Saint-Germain]]<ref>{{ibid.}}, « Décret du 11 août 1855 », {{p.|291-292}} {{lire en ligne|url=https://archive.org/stream/villedeparisrec00fragoog#page/n299/mode/1up}}.</ref>. L'[[hôtel particulier]] du {{XVIIIe siècle}} au {{numéro|53}}, boulevard Saint-Germain et l'immeuble au {{numéro|65}} sont les derniers vestiges de cette rue.

En 1851, la [[Rue du Foin-Saint-Jacques|rue du Foin]] est rattachée à la rue des Noyers<ref name=arrete_1851_05_10/>. La rue des Noyers est supprimée lors du percement du [[boulevard Saint-Germain]]<ref>{{ibid.}}, « Décret du 11 août 1855 », {{p.|291-292}} {{lire en ligne|url=https://archive.org/stream/villedeparisrec00fragoog#page/n299/mode/1up}}.</ref>. L'[[hôtel particulier]] du {{s-|XVIII}} au {{numéro|53}}, boulevard Saint-Germain et l'immeuble au {{numéro|65}} sont les derniers vestiges de cette rue.


La rue des Noyers eut son heure de célébrité en 1860 lorsqu'un cas de hantise inexpliqué s'y produisit.
La rue des Noyers eut son heure de célébrité en 1860 lorsqu'un cas de hantise inexpliqué s'y produisit.
{{Citation bloc|
{{Citation bloc|
Un fait des plus étranges se passe en ce moment rue des Noyers. M. Lesage, économe du Palais de Justice, occupe un appartement dans cette rue. Depuis quelque temps ''des projectiles, partis d'on ne sait d'où, viennent briser ses vitres'', et, pénétrant dans son logement, atteignent les personnes, les blessent plus ou moins grièvement : ce sont des fragments assez considérables de bûches à demi carbonisées, des morceaux de charbon de terre très pesants, etc. La domestique de M. Lesage en a reçu plusieurs sur la poitrine, et il en est résulté de fortes contusions. M. Lesage s'est décidé à requérir l'assistance de la police. Des agents furent placés en surveillance ; mais ils ne tardèrent pas eux-mêmes à être atteints par l'artillerie invisible et il leur fut impossible de savoir d'où venaient ces coups.<br/>
Un fait des plus étranges se passe en ce moment rue des Noyers. {{M.|Lesage}}, économe du Palais de Justice, occupe un appartement dans cette rue. Depuis quelque temps ''des projectiles, partis d'on ne sait d'où, viennent briser ses vitres'', et, pénétrant dans son logement, atteignent les personnes, les blessent plus ou moins grièvement : ce sont des fragments assez considérables de bûches à demi carbonisées, des morceaux de charbon de terre très pesants, etc. La domestique de {{M.|Lesage}} en a reçu plusieurs sur la poitrine, et il en est résulté de fortes contusions. {{M.|Lesage}} s'est décidé à requérir l'assistance de la police. Des agents furent placés en surveillance ; mais ils ne tardèrent pas eux-mêmes à être atteints par l'artillerie invisible et il leur fut impossible de savoir d'où venaient ces coups.<br/>
L'existence lui étant devenue insupportable dans une maison où il fallait être sur le qui-vive, M. Lesage sollicita du propriétaire ''la résiliation de son bail''. Cette demande fut accordée et l'on fit venir pour rédiger l'acte {{Me}} Vaillant, huissier, dont le nom convenait parfaitement en cette circonstance.<br/>
L'existence lui étant devenue insupportable dans une maison où il fallait être sur le qui-vive, {{M.|Lesage}} sollicita du propriétaire ''la résiliation de son bail''. Cette demande fut accordée et l'on fit venir pour rédiger l'acte {{Me|Vaillant}}, huissier, dont le nom convenait parfaitement en cette circonstance.<br/>
En effet, à peine l'officier ministériel était-il en train de rédiger son acte, qu'un énorme morceau de charbon, lancé avec une force extrême, entra par la fenêtre et alla frapper la muraille en se réduisant en poudre. Sans se déconcerter, {{Me}} Vaillant se servit de cette poudre, comme autrefois Junot de la terre soulevée par un boulet, pour la répandre sur la page qu'il venait d'écrire.<br/>
En effet, à peine l'officier ministériel était-il en train de rédiger son acte, qu'un énorme morceau de charbon, lancé avec une force extrême, entra par la fenêtre et alla frapper la muraille en se réduisant en poudre. Sans se déconcerter, {{Me|Vaillant}} se servit de cette poudre, comme autrefois Junot de la terre soulevée par un boulet, pour la répandre sur la page qu'il venait d'écrire.<br/>
On n'a trouvé aucune explication de ces lancements d'objects variés. Mais on espère que l'enquête poursuivie par M. Hubaut, commissaire du quartier de la Sorbonne, éclaircira ce mystère.|« Scène de sorcellerie au {{s-|XIX|e}} », ''Le Droit'', juin 1860, in [[Camille Flammarion]], ''Les Maisons hantées'', Paris, Ernest Flammarion, 1923.}}
On n'a trouvé aucune explication de ces lancements d'objects variés. Mais on espère que l'enquête poursuivie par {{M.|Hubaut}}, commissaire du quartier de la Sorbonne, éclaircira ce mystère.|« Scène de sorcellerie au {{s-|XIX|e}} », ''Le Droit'', juin 1860, in [[Camille Flammarion]], ''Les Maisons hantées'', Paris, Ernest Flammarion, 1923.}}


== Bâtiments remarquables et lieux de mémoire ==
== Personnalités ==
* L'écrivain [[Louis-Sébastien Mercier]] vécut rue des Noyers avant son départ pour [[Neuchâtel]] en {{date-|juillet 1781}}<ref>Béclard, p. 453</ref>.
Les graveurs [[François Robert Ingouf]], [[Jean-Baptiste Scotin]] et [[Louis Surugue]] vécurent rue des Noyers.
* Les graveurs [[Émile Giroux]], [[François Robert Ingouf]], [[Jean-François Ribault]], [[Jean-Baptiste Scotin]] et [[Louis Surugue]] vécurent rue des Noyers.
<!-- (anecdotique) * La [[Confrérie Saint-Yves de Paris|confrérie Saint-Yves]] possédait dans cette rue une maison à l'enseigne ''Á l'image de saint Étienne'', et plus tard à l'enseigne ''Au Dauphin'', avec une représentation de saint Yves sur la porte<ref>http://infobretagne.com/confrerie-saint-yves.htm Confrérie Saint-Yves à Paris et sa chapelle], ''infobretagne.com''.</ref>.
-->


== Références ==
== Notes et références ==
{{références}}
{{références|taille=30}}


==Articles connexes==
== Articles connexes ==
* [[Liste des anciens noms de voies de Paris]]
* [[Liste des anciens noms de voies de Paris]]
* [[Transformations de Paris sous le Second Empire]]
* [[Transformations de Paris sous le Second Empire]]
Ligne 47 : Ligne 55 :


{{DEFAULTSORT:Noyers}}
{{DEFAULTSORT:Noyers}}

[[Catégorie:Ancien nom de voie parisienne]]
[[Catégorie:Ancien nom de voie parisienne]]
[[Catégorie:Lieu réputé hanté en France]]
[[Catégorie:Lieu réputé hanté en France]]
[[Catégorie:Poltergeist (Phénomène paranormal)]]
[[Catégorie:Voie de Paris disparue]]
[[Catégorie:Voie de Paris disparue]]
[[Catégorie:Voie citée dans rues de Paris vers 1450]]
[[Catégorie:Voie citée dans rues de Paris vers 1450]]
[[Catégorie:Voie citée dans rues de Paris en 1636]]

Dernière version du 11 janvier 2023 à 12:58

La rue des Noyers sur le plan de Truschet et Hoyau (milieu du XVIe siècle).

La rue des Noyers est une ancienne rue de Paris. Elle était située dans l'ancien 12e arrondissement (actuel 5e arrondissement). Elle a disparu lors du percement du boulevard Saint-Germain.

Situation[modifier | modifier le code]

La rue était située dans le quartier Saint-Jacques (ancienne section du Panthéon-Français)[1]. Elle appartenait juste avant la Révolution française à la paroisse Saint-Étienne-du-Mont, à la paroisse Saint-Benoît et à la paroisse Saint-Séverin[2].

La rue partait de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève et de la place Maubert et se terminait rue Saint-Jacques. Elle était longue de 258 m[3]. En 1851, elle est prolongée de 171 m[4] jusqu'à la rue de la Harpe lorsque la rue du Foin lui est réunie[5].

Aboutissaient dans la rue[1] :

La Rue des Noyers sur le Plan de Paris en 1652 de Jacques Gomboust. On distingue à gauche (vers la Seine) la rue des Lavandières et la rue des Anglois; et à droite la rue des Carmes et la rue Jean-de-Beauvais.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Elle porte ce nom car c'était à l'origine une allée de noyers qui séparait le clos Bruneau du clos de Garlande.

Historique[modifier | modifier le code]

Hôtel particulier du XVIIIe siècle au 53, boulevard Saint-Germain, autrefois sur la rue des Noyers.

Vers 1215, une allée de noyers qui séparait le clos Bruneau du clos de Garlande est lotie pour devenir une rue. En 1348, elle est nommée « rue Saint-Yves » en référence à l'ancienne chapelle Saint-Yves située à l'angle nord-est[1] avec la rue Saint-Jacques. Un arrêt du conseil du ordonne l'élargissement de la rue[3].

La chapelle dédiée à Yves Hélory de Kermartin est construite en 1348 aux frais d'écoliers bretons. Les procureurs et avocats y établissent une confrérie. Devenue bien national en 1790, elle est vendue le . Elle est démolie en 1796[6].

En 1310, le roi autorise les Carmes à reconstruire un monastère. L'église du couvent des Carmes, dédicacée en 1353, était située à l'angle sud-est de la rue des Carmes et de la rue des Noyers[7]. L'église est démolie en 1811 et un marché couvert est construit par Antoine Vaudoyer à son emplacement entre 1813 et 1818[8].

Elle est citée sous le nom de « rue des Noyers » dans un manuscrit de 1636.

En 1851, la rue du Foin est rattachée à la rue des Noyers[5]. La rue des Noyers est supprimée lors du percement du boulevard Saint-Germain[9]. L'hôtel particulier du XVIIIe siècle au no 53, boulevard Saint-Germain et l'immeuble au no 65 sont les derniers vestiges de cette rue.

La rue des Noyers eut son heure de célébrité en 1860 lorsqu'un cas de hantise inexpliqué s'y produisit.

« Un fait des plus étranges se passe en ce moment rue des Noyers. M. Lesage, économe du Palais de Justice, occupe un appartement dans cette rue. Depuis quelque temps des projectiles, partis d'on ne sait d'où, viennent briser ses vitres, et, pénétrant dans son logement, atteignent les personnes, les blessent plus ou moins grièvement : ce sont des fragments assez considérables de bûches à demi carbonisées, des morceaux de charbon de terre très pesants, etc. La domestique de M. Lesage en a reçu plusieurs sur la poitrine, et il en est résulté de fortes contusions. M. Lesage s'est décidé à requérir l'assistance de la police. Des agents furent placés en surveillance ; mais ils ne tardèrent pas eux-mêmes à être atteints par l'artillerie invisible et il leur fut impossible de savoir d'où venaient ces coups.
L'existence lui étant devenue insupportable dans une maison où il fallait être sur le qui-vive, M. Lesage sollicita du propriétaire la résiliation de son bail. Cette demande fut accordée et l'on fit venir pour rédiger l'acte Me Vaillant, huissier, dont le nom convenait parfaitement en cette circonstance.
En effet, à peine l'officier ministériel était-il en train de rédiger son acte, qu'un énorme morceau de charbon, lancé avec une force extrême, entra par la fenêtre et alla frapper la muraille en se réduisant en poudre. Sans se déconcerter, Me Vaillant se servit de cette poudre, comme autrefois Junot de la terre soulevée par un boulet, pour la répandre sur la page qu'il venait d'écrire.
On n'a trouvé aucune explication de ces lancements d'objects variés. Mais on espère que l'enquête poursuivie par M. Hubaut, commissaire du quartier de la Sorbonne, éclaircira ce mystère. »

— « Scène de sorcellerie au XIXe siècle », Le Droit, juin 1860, in Camille Flammarion, Les Maisons hantées, Paris, Ernest Flammarion, 1923.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 45e quartier « Saint-Jacques », îlot no 17, F/31/96/41, îlot no 18, F/31/96/42, îlot no 19, F/31/96/43, îlot no 20, F/31/96/44, îlot no 22, F/31/96/46 et îlot no 23, F/31/96/47.
  2. Jean Junié, Plan des paroisses de Paris avec la distinction des parties éparses qui en dépendent dressé par J. Junié, ingénieur géographe de Monseigneur l’Archevêque et géomètre des Eaux et forêts de France en 1786, Service des travaux historiques de la Ville de Paris, 1904 [lire en ligne].
  3. a et b Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, édition de 1844, p. 496 [lire en ligne].
  4. Ibid., p. 224 [lire en ligne].
  5. a et b Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris : Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), (lire en ligne), « Arrêté du 10 mai 1851 », p. 257.
  6. Félix et Louis Lazare, op. cit., p. 344 [lire en ligne].
  7. Albert Lenoir et Adolphe Berty, Plan archéologique de Paris. Feuille XIV, Paris, Martin et Fontet [lire en ligne].
  8. Félix et Louis Lazare, op. cit., p. 103 [lire en ligne].
  9. Ibid., « Décret du 11 août 1855 », p. 291-292 [lire en ligne].
  10. Béclard, p. 453

Articles connexes[modifier | modifier le code]